A strange and magical night with you. (Les gueux 2.0)

Le bal de fin d’année, cette soirée attendue de tous et que j’appréhendais depuis plusieurs semaines maintenant. J’ignorais si j’avais envie d’y aller ou si je préférais rester chez moi, caché sous mes draps. Mais ma mère, mes sœurs et même mon père s’étaient ligués contre moi, m’affirmant que rater ce jour si spécial ne m’aiderait en rien à aller de l’avant. Et sur le principe, j’étais d’accord avec eux, mais c’était toujours plus facile à dire qu’à faire. J’avais tout de même fini par accepter, parce que je voulais passer ces derniers instants au lycée avec tous mes amis, faire plaisir à Hadlee qui ne rêvait que de ça depuis la rentrée. Mais surtout, je souhaitais offrir une danse, une vraie, à Tamsin et tirer définitivement une croix sur le dernier bal que nous avions vécu et tout ce que nous avions vécu ces derniers mois.

Pour la cinquième fois depuis que nous sommes partis, je réajuste le col de ma chemise, me dandinant sur mon siège. Non seulement j’avais l’impression de ressembler à un clown, mais en plus je me sentais vraiment ridicule, assis dans cette limousine. Une idée d’Hadlee, à ne pas en douter. Mais j’avais promis à mes acolytes de toujours de ne pas ronchonner alors j’allais faire un effort. Un tout petit. Notre luxueux véhicule s’arrête devant la maison d’Hadz, là où nous attendent nos cavalières. La brune avait insisté pour qu’elles se préparent toutes ensemble, impatiente de faire profiter de ses dons de maquillages à qui le souhaiterait et nous avions ainsi décidé de faire de même. Après avoir regagné le perron, la porte s’ouvre sur sa mère qui nous invite à entrer, prévenant les filles de notre arrivée. Et mon souffle se coupe quand la silhouette de Tamsin apparaît dans mon champ de vision.Quand elle me rejoint, nos doigts s’entremêlent et mes lèvres viennent trouver les siennes. « Tu es sublime. » je souffle.

Le bal de fin d'année. Un frisson parcourt mon échine, au souvenir de celui d'Halloween et je secoue la tête pour chasser ces pensées. Des coups sont portés contre le bois et je me retourne, lissant machinalement les sequins de ma robe. Tout va bien ? « Oui oui, tout va bien ! J'arrive. » je réponds à la brunette, en jetant un dernier coup d'oeil à mon reflet dans le miroir. Puis j'expire lentement avant d'ouvrir la porte, me dévoilant aux autres filles, qui se préparent également dans la chambre d'Hadlee. « J'en connais un qui va nous faire une crise d'asphyxie. » glousse cette dernière et un sourire amusé étire mes lèvres. Mes doigts s'entortillent entre eux et je jette un regard à mes amies, toutes les trois superbes dans leurs tenues respectives. « J'en ai trop fait ? » je les interroge, mon regard passant de leurs visages à ma robe. Tu es magnifique, Tamsin. Neven va être époustouflé. La simple mention du prénom du brun faisait voler une nuée de papillons dans mon ventre et j'attendais avec impatience le moment où j'allais pouvoir le retrouver, afin de créer de nouveaux souvenirs scintillants qui sauraient éclipser les autres.

Un bruit de klaxon nous indique que la limousine - parce que oui, nous n'avions pas fait les choses à moitié - est arrivée devant la maison des Portters. La voix de Pia résonne dans les escaliers et nous vérifions une dernière fois nos tenues avant de descendre pour rejoindre nos cavaliers. Mes yeux ne ratent pas une seule miette de la silhouette de Neven lorsque j'arrive à sa hauteur, incroyablement séduisant dans son costume assorti. Ses lèvres s'arriment aux miennes et je presse sa main dans la mienne, la paume de l'autre posée contre sa joue. « Tu n'es pas mal non plus, Walters. » je réponds, en souriant contre sa bouche. Je l'embrasse une nouvelle fois, furtivement avant de reculer, gardant néanmoins ses doigts entortillés dans les miens. J'étais particulièrement impatiente de vivre cette soirée avec eux, avec lui.

Une dernière vérification à mon veston, et un dernier passage dans mes cheveux, et je suis fin prêt. Un petit costume trois pièces, et un superbe nœud que j’avais emprunté à mon père. J’étais plus classe que jamais, peut-être un peu trop pour un bal de promo, mais ma foi. La veste aura bien vite fait de débrasser le plancher. Ca avait fait bien rire mes sœurs de me voir habillé comme ça. On était loin du Gigi habituel. Mais pour Lilah, je voulais bien faire un effort. Puis il fallait être à la hauteur de mes acolytes. Lox est charismatique à en crever. Noen brille de mille feu, et Nev a revêtu un costume dans les teintes de rouge, autant dire que fallait faire le poids à côté. Sortir le grand jeu. Puis ça ne s’arrêtais même pas à nos vêtements puisque nous avions loué une limousine pour ce soir, à la demande de notre princesse de meilleure amie. Autant dire que personne n’avait su lui dire non. Elle nous parlait du bal depuis au moins le jardin d’enfant.

Lorsqu’on débarque devant la maison des Portters, je sens bien que Neven est à deux doigts de l’arrêt cardiaque. « Tu voudrais pas respirer un peu avant de finir aussi rouge que ton costume, Nev ? » Je lance en venant lui tapoter l’épaule. Ca allait bien se passer. Ce n’était qu’une soirée puis on savait tous qu’on allait préférer s’isoler et rester entre nous. Une vraie meute sauvage. On entre dans la maison après avoir dit bonjour à Pia et Bash, pas très loin. Les filles ne tardent pas à descendre, et quand chacune à rejoins son petit ami, c’est moi qui vais rejoindre Lilah. Plus jolie que jamais. « Tu es à couper le souffle. » Je lui souffle en venant embrasser sa joue rosie. J’aurais eu un nombre incalculable de punchline à sortir, mais j’avais décidé de faire quelques efforts. Même si ce n’était pas l’envie qui me manquait de faire une remarque sur la mièvrerie de ces retrouvailles.

C'est fou ce qu'un an peut nous apporter. On allait quitter le lycée sur une note plus douce, cachant l'amertume de ce qu'avait été ces derniers mois.

Il y a quelques semaines encore, jamais je n’aurais imaginé mon bal de promo se dérouler ainsi. En fait, je ne l’aurais pas imaginé tout court. Tabatha m’aurait sûrement supplié pour que je l’accompagne, mais ma soirée se serait déroulée loin du gymnase du lycée redécoré pour l’occasion. Je serais sans doute restée chez moi à regarder un film en mangeant du pop-corn, le tout en ouvrant les quelques stories Instagram que ma meilleure amie aurait posté pour l’occasion. Et finalement, aujourd’hui ; tout était bien différent que ce que j’avais prévu. J’avais encore du mal à réaliser, malgré la robe, le maquillage somptueux qu’Hadlee avait prit le temps de réaliser et la disparition presque totale de mes cheveux frisés. Et plus je me regardais, plus je me demandais si il s’agissait bien de mon reflet dans le miroir. Mais ce n’était définitivement pas le pire dans tout ça. Non, le plus grand changement résidait dans le fait que je ne pouvais pas m’empêcher de me demander si j’allais lui plaire. Gino n’avait pas quitté mon esprit depuis le début de la soirée et je me maudissais en silence d’être aussi guimauve. Mais à en croire l’ambiance générale qui règne dans la chambre, je n’étais pas la seule à être dans cet état.

Alors que je termine d’attacher mon collier, la voix de Pia résonne depuis le bas des escaliers, nous informant que nos cavaliers sont arrivés. Un mélange d’appréhension et d’excitation viennent me nouer l’estomac et nous descendons les unes après les autres pour rejoindre le hall. Je laisse mes amies rejoindre partenaire avant de m’avancer d’un pas en direction de Gino, lorsque celui-ci fait de même. Je prends le temps de l’observer, mon coeur battant à s’en rompre dans ma poitrine. « Le costume te va à ravir. » je souffle à mon tour. La vérité, c’est qu’il resplendissait à l’intérieur et que je n’étais même plus capable de connecter deux de mes neurones entre eux. Ses lèvres viennent se poser sur ma joue et je hausse les sourcils d’étonnement. « C’est tout ? » je demande d’un air faussement déçue. « Je n’ai pas le droit à un vrai baiser, Sinclair ? » Mes yeux pétillent d’une lueur malicieuse, celle qui ne disparaissait jamais quand il était question de lui.

La vie est belle, les oiseaux chantent, je shine bright like a diamond et Neven est à deux doigt de nous faire une crise d'hyperventilation. La routine, somme toute. Le garçon est un peu mal à l'aise dans son costume et je ne vous parle même pas du jour où il a fait sa proposition à Tamsin. J'ai cru que j'allais devoir le réanimer. « Je suis là s'il y a besoin de te faire du bouche à bouche, tu sais. » je roucoule, en jouant des sourcils. De mon côté, c'était la vie de star, étalé de tout mon long sur la banquette de la limousine. Parce que oui, on ne se refusait rien. Une limo, bitches. Mes cheveux sont désormais pourvus d'une incroyable teinte turquoise, assortie au fard qui encadre mes yeux. Ma chemise est garnie de moult perles qui scintillent, des chaînes dorées pendent à mon cou, je suis un coffre à trésor sur pattes. Parfait pour rembourser un prêt ou aveugler les voisins.

Mais avant ça, nous allons récupérer les demoiselles qui acceptent bien volontiers de supporter les êtres étranges que nous sommes, tant les uns que les autres. Ma mâchoire inférieure décide d'aller faire un tour lorsque Naia apparaît en bas des marches, resplendissante et je file à sa rencontre. Mes bras s'enroulent autour de sa taille et je nous fais pivoter sur nous-même, avant d'aller presser furtivement mes lèvres contre les siennes. « On est vraiment obligés d'y aller, en fait ? » je murmure, contre l'arête de sa mâchoire. « Je connais un autre moyen d'aller festoyer... » je rajoute, avec un petit gloussement avant de me faire chasser d'une légère tape de sa part. La remarque de Lilah me tire un rire gras et je croise les bras sur mon torse. « Je suis également très déçu, Gino. Tu m'as habitué à mieux, tu sais ? » Le retour de l'air théâtral, faussement désabusé. « Je suis d'accord avec la dame, ça mérite un roulage de patin en bonne et due forme. » Petit mouvement de sourcils pour accompagner le tout et je retourne auprès de ma douce, glissant mon bras autour de sa taille.

Le bal de promo. Le fameux. La robe de princesse, la demande, le date pour la soirée, les photos, et les souvenirs d’une vie entière. C’était ce soir, et j’étais plus sereine que jamais. Dans cette chambre avec ces filles qui étaient doucement devenues des copines, à nous préparer pour cet évènement qui importait tellement. J’en avais rêvé, moi aussi. Les films, les posts sur les réseaux sociaux, puis toute la légende que l’on se fait autour de ça, m’avait donné envie de le vivre moi aussi un jour. Je n’aurais pas pensé être en aussi bonne compagnie pour autant. Et tout c’était passé mieux que prévu. Les conversations étaient allées de bons train, j’étais passée sous les mains experte d’Hadlee qui avait souligné mon visage de jolies couleurs. J’étais ravie, et j’espérais vraiment, que Noen allait me trouver jolie. J’avais tenté d’accorder ma tenue à la sienne. Le dessus de ma robe était fait de voile noir et de fleurs brodées aux fils scintillants. Nous allons briller de mille feux. Je nous imaginais déjà.

Mais c’est encore mieux de le voir en vrai. Il scintille plus que tout, et je suis encore émerveillée d’à quel point, il est beau. Il me serre dans ses bras, et je ne sais retenir un petit rire quand il nous fait tournoyer. Je m’accroche à sa nuque en lui rendant son baiser. « Oui, on doit y aller. » Je réponds avant de glousser à ses paroles. « Gardes ces joyeuses promesses pour plus tard, veux-tu ? » J’ajoute après avoir déposé une petite tape sur son buste. C’est à ce moment-là qu’il décide d’aller embêter Gino, qui joue les pudiques pour une fois. La réflexion de Noen me tire un sourire, avant qu’il ne me reprenne dans ses bras. « Moi j’en veux bien un autre, ça t’évitera d’embêter tes copains. » Je lui lance dans un petit sourire amusé. Je lui vole un nouveau baiser plein de douceur. Le bonheur, c'est vraiment chouette. « En tout cas, messieurs, vous êtes tous très beaux. »

Gniiiih ! C'était enfin le jour J, le soir du bal de promo que j'attendais avec tellement d'impatience depuis des mois, si ce n'était des années. J'étais tellement excitée que je me demandais très sincèrement comment je parvenais à garder mon calme. Je voulais sauter partout, hurler ma joie et mon bonheur de la passer avec mes meilleurs amis et surtout d'avoir le plus beau des cavaliers. Parce que Lox allait forcément être splendide. Il l'était déjà, de toute façon. Et en ce début de soirée, j'avais la chance d'être entourée des copines les plus cool de la planète et de pouvoir faire ce que j’aimais le plus au monde ; maquiller. Tout le monde était passé sous mes pinceaux et j’étais plus que ravie du résultat. Même si, je devais bien l'admettre, mon modèle préféré restait Noen et j’éprouvais une pointe de déception de ne pas avoir eu l’occasion de lui faire essayer mes nouveaux phares pailletés. Mais je me faisais la promesse de nous organiser une après-midi comme il se doit.

Naia, Lilah et Tamsin resplendissent, je mettrais ma main à couper qu’elles vont faire tourner la tête de leur petit-ami et il se pourrait que ça m’émeut un tout petit peu. J’essuie furtivement mes yeux tandis que la sonnerie de la porte d’entrée retentit et que ma mère nous appelle depuis le bas des escaliers. J’ouvre la marche, descendant prudemment avant de me jeter dans les bras de Loxley en arrivant au rez-de-chaussé. « J’ai vraiment le meilleur copain de la terre… » je souffle contre ses lèvres avant d’y poser les miennes. Ma tête vient se poser contre son torse et j’observe mes meilleurs amis, un sourire naissant sur le visage. « Je suis d’accord avec Naia, vous êtes tous très beaux. Surtout toi, Nev. Tu devrais laisser Noen choisir tes vêtements plus souvent. » Pour toute réponse, un majeur est levé dans ma direction et je laisse échapper un léger gloussement.

Juste avant de partir, ma mère, qui avait sûrement dû promettre à celle de mes amis d’immortaliser ce moment, se transforme en photographe. Personne n’y échappe. Une fois les photos de couples et de groupes effectués, on se dirige joyeusement vers notre véhicule et je crois que je pourrais m’évanouir. J’avais l’impression d’être une princesse. Tous installés à l’intérieur, mon bras enroulé autour de celui de mon petit-ami, mon regard pivote en direction de Noen. « J’imagine que tu n’es pas venu les mains vides ? » je demande, innocemment.

Le moment tant attendu par Hadlee était enfin arrivé. Le bal de fin d'année. Je pense que j'en entends parler des mois, si ce n'est des années. Mais je n'avais jamais ses yeux briller autant qu'en cet instant. Son visage resplendit de joie et je ne vois qu'elle, pendant de longues secondes. Puis son parfum familier vient chatouiller mes narines et mes bras s'enroulent autour de sa taille, sa bouche venant rencontrer la mienne. « Ça fait des années que je te le dis... » je souffle, en souriant contre ses lèvres. Avant d'aller lui voler un rapide baiser, mon coeur battant rapidement dans ma poitrine. Un léger rire m'échappe, aux remarques de mes amis et je penche la tête sur le côté. « Une seule boule à facette suffit, merci bien. Je voudrais éviter de devenir aveugle avant mes vingt-cinq ans. » je lâche, avec un rictus. Noen était suffisamment extravagant pour le groupe tout entier, avec ses sequins et ses paillettes à foison. Même si ça lui allait comme un gant, je ne pouvais pas le nier. Avant de partir, Pia nous retient pour une séance photo et je passe une main dans mes cheveux avant de sourire à l'objectif, le bras glissé autour de la taille de ma petite-amie. Puis autour des épaules de Neven, tout le groupe réuni pour créer des souvenirs en papier glacé.

Une fois installés dans la limousine - oui, vous avez bien lu, ils n'ont pas fait les choses à moitié -, Hadlee interroge l'arc-en-ciel sur pattes et je hausse un sourcil, mes lèvres s'étirant à nouveau. « Comme s'il allait attendre d'être sur place pour picoler. » je souffle, amusé. Puis je désigne son fidèle sac à dos du menton. « Du punch ? Ou tu as innové, cette année ? » je demande, à mon tour. « Vends-moi du rêve, Whitfield. »

J’aimais autant que je détestais mes amis, mais ça, ils le savaient très bien. Je crois qu’ils l’avaient tous entendu une bonne dizaine de fois aujourd’hui, au milieu de toutes leurs remarques quant à mon léger stress et ma tenue bien plus coloré que d’habitude. Je roule des yeux pour la centième fois au commentaire de Gino avant de foudroyer Noen du regard. « Lâchez-moi, ok ? » je grommelle tout en levant mon majeur dans leur direction. Ils avaient de la chance que j’ai promis à ma mère de ne pas fuir en courant et que je sois bien trop amoureux (oui oui) pour planter Tamsin le soir du bal de promo, mais si ça ne tenait qu’à moi, j’irais me terrer profondément sous terre. Mais mes angoisses s’apaisent légèrement quand la silhouette de ma petite-amie apparaît dans mon champ de vision. Elle resplendissait. Je mesurais un peu plus chaque jour la chance que j’avais de l’avoir à mes côtés.

Une fois la séance photo de Pia terminée, nous reprenons place dans la limousine en priant pour qu’on cesse de m’enquiquiner sur mon costume – parfaitement assortie à la robe de ma copine, notons l’effort et le fait qu’il soit légèrement scintillant. La faute de Noen. Et de ma mère. Les deux s’étaient ligués contre moi pour que je prenne celui-ci et pas un autre. J’apprécie donc le changement de discussion et le fait que celle-ci s’oriente sur la fidèle boisson ramenée par mon meilleur ami. Il était notre fournisseur officiel depuis nos quinze ans et je ne comptais même plus le litre d’alcool que nous avions ingérés grâce à lui. Je crois que ma mère l’aimerait un peu moins si elle savait qu’il était le responsable de ma première cuite. « Je me demande encore comment mes parents ont fait pour ne rien cramer… » En vrai, je les soupçonnais d’avoir compris notre petit subterfuge, mais d’avoir laissé couler. Ou en tout cas, que mon père ait réussi à convaincre ma mère de ne rien dire. Pour ce soir, du moins.

Le bal de promo, ce n'était pas spécialement un passage obligatoire, un achèvement dans ma vie de lycéenne. Pas d'étoiles dans les yeux, d'envie frénétique d'acquérir la plus belle robe et de devenir la reine. Mais j'avais tenu à y aller, en fin de compte. Parce que je voulais pouvoir effacer définitivement le souvenir de celui d'Halloween, terminer mes études sur une jolie note. Et j'y tenais vraiment. Mais ça s'annonçait bien, malgré l'appréhension qui m'avait noué l'estomac pendant les préparatifs chez Hadlee. Pourtant, lorsque mes yeux se posent sur Neven, tout s'estompe. Je sais que je suis en sécurité. Et l'effort qu'il faisait en étant mon cavalier prouvait la valeur de ses sentiments. Mon coeur pulsait sourdement dans ma poitrine et je sens une profonde allégresse me remplir, seconde après seconde.  

Accompagnée du garçon qui faisait battre mon coeur et de mes amis les plus chers, je voulais une trace indélébile de cette soirée, en faire un moment magique et éternel.   

Je me sens sourire pour la millième fois depuis nos retrouvailles, rien qu'à la vision de nos tenues assorties. Il était terriblement séduisant et ses cheveux recourbés en arrière me laissaient profiter de son visage dégagé. Mes sourcils se froncent légèrement quand la discussion s'oriente sur Noen avant de me rappeler qu'il était le barman officiel de la petite bande. « Je pense que tu as des parents incroyablement compréhensifs, surtout. » je souffle, avec un petit sourire amusé. Je refusais de croire qu'ils n'en avaient la moindre idée, le plus petit soupçon. On parlait d'agents du SWAT, tout de même. Un rictus digne du chat de Cheshire étire les lèvres de la diva du groupe avant qu'il ne se déleste de son fidèle sac à dos pour l'ouvrir.

Et je m'attends à tout, avec lui.