High by the beach | Sammy & Mina

Ça aurait pu me passer, au fond, j’aurais eu toutes les raisons de la détester, et de juste passer à autre choses, sans demander mon reste, mais je savais qu’elle m’avait toujours plu, et que peut-être qu’elle me plairait toujours un peu. Puis nos relations n’étaient plus tout à fait les mêmes, et on arrivait parfaitement à se parler sans que ça ne dégénère, et que ça prenne des sales tournures, parce que je lui aurais tapé sur le crâne. On était deux adultes, conscients de ce qu’ils faisaient, et surtout, bien plus matures qu’à 17 ans. Nous n’étions plus des enfants, et on avait appris à agir de la sorte Mais je ne pouvais décemment pas nier toute l’attraction que j’avais encore pour elle, malgré les années passées. Ce serait mentir que de prétendre le contraire. Et c’était vraiment agréable, de pouvoir se parler simplement, même de plaisanter, ensemble, sur les vieux moments, et les instants présents. Elle n’avait pas tant changé pourtant, elle restait cette femme sûre d’elle, de ce qu’elle à dire, et de ce qu’elle peut apporter, et surtout, physiquement, si elle avait mûri, elle était encore plus attirante que lorsque nous étions des ados. Cette parenthèse, si elle était la bienvenue, nous permettrais peut-être de repartir sur des bases nouvelles, et je prenais ça pour une bonne chose. Je crois, qu’il était nécessaire ce souffle nouveau entre nous, pour remettre toutes nos pendules à l’heure, pour un nouveau départ, plus serein, pas seulement avec les vielles rengaines du passé. Du moins, moi je n’en voulais plus, j’avais appris à ne plus lui en vouloir pour les nombreux vents que j’avais pu prendre auparavant. J’avais bien pris un malin plaisir à la tourmenter, quand c’est a moi qu’elle a fait appel, pour jouer les amoureux transis, mais ce petit jeu ça allait bien 5 minutes, au fond. Parce que moi, je n’ai jamais caché vouloir plus qu’un jeu, ou qu’une image pour faire joli dans un cadre sur la table de sa mère. On avait vraiment besoin, de repartir, de s’isoler, pour remettre les choses en place.

Et on en vient même à jouer.

C’est tellement surprenant, et pourtant si naturel. Il y a la farine qui tâche mon pull, et son air tout à fait innocent, alors qu’elle ne l’est pas, le sourire amusé qui parsème son visage, et qui me tire un sourire, alors que je lui rends la pareille. A voir cette face d’elle-même que je n’avais jamais vu auparavant, et qui semblait tellement plus légère et relâchée, que je la trouve encore mieux comme ça, sans qu’elle ne se préoccupe de rien d’autre que ce petit moment de relâchement. Et on se retrouve là, à tourner autour du plan de travail, comme des enfants, les ricanements au bord des lèvres, et les mains pleines de munition, prêtes à dégainer, pour aller attaquer l’autre. Et je crois, ne m’être jamais senti aussi léger qu’à cet instant. Rapidement, on se retrouve l’un et l’autre couvert, de poudre blanche, et de divers ingrédients, Je ne me formalise pas, je trouve ça même plutôt drôle dans le fond. N’avoir aucune emprise sur le temps, juste, savourer la légèreté du moment. Juste se sentir libres, et n’avoir de compte à rendre à personnes, n’être là, que pour profiter. Je finis par feinter, et venir l’attraper par la taille pour la coller au plan de travail, mon corps si près du sien. Mon regard automatiquement attiré par le puissant aimant que représentait les siens. J’ai le cœur qui tambourine fort dans ma poitrine, et qui menace d’exploser, alors que la distance se réduit. Elle ne m’avait jamais porté un tel regard, et je crois que c’est ce qui me marque le plus, en dehors des quelques centimètres qui séparent nos lèvres. La proximité qui se fait de plus en plus fine, et je meurs d’envie de plonger la tête la première dans cette envie qui me tords l’estomac. Mais je n’ose pas bouger, sans trop savoir pourquoi. Et quand enfin, le déclic se fait dans ma tête, la sienne pivote, et quelques mots s’échappent de ses lèvres. « Huh ? Ah oui… mince. Je- Okay. » Je baragouine, avant de reculer et de la lâcher, pour aller mettre à chauffer ce semblant de pizza, que nous avions préparé. L’esprit totalement ailleurs.


Il aurait fallu d’un rien, de quelques secondes pour que tout bascule, et pourtant, j’ai la sensation que plus rien ne sera jamais pareil. J’étai certain, que mon cœur n’avait jamais cessé de battre pour elle, aussi fou que ça puisse paraitre. 17 ans après, les choses n’ont pas changé. Il n’empêche que j’ai toujours peur d’un refus, de ce retour de bâton que j’avais toujours pris. Peur de faire les choses de travers.
Ce séjour a suivi son court, dans la simplicité, sans jamais faire état vraiment de ce qui s’était passé, mais nous en sommes rentrés changés, un peu plus proches, mais sûrement un peu plus perdus. Du moins, moi je l’étais. Après être retombé à nouveau sous le charme de ces grands yeux clairs, et de ce caractère bien trempé.