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The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast)

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Wyatt Forbes
Première génération

Wyatt Forbes


Date de naissance : 10/08/1987
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MessageSujet: Re: The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast)  The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast) - Page 3 EmptyJeu 29 Juil - 19:45

he wanted her for himself
so he took her, selfishly
La Belle & La Bête

L'atmosphère changeait. De manière infime, quasiment imperceptible. Mais je le sentais, jour après jour. Comme si la lumière réussissait enfin à percer des trous dans les murs, à traverser l'épais vitrage des fenêtres. Comme si les couloirs reprenaient vie, se gorgeaient à nouveau de couleurs. Subrepticement, elle transformait cet endroit. Elle en imprégnait les fondements sur son passage, laissant un parfum de roses et des murmures extasiés dans son sillage. De toutes les pièces de ce domaine, seul les accès à mes quartiers et à la forêt étaient interdits. Tout le reste lui était ouvert et il n'était pas inhabituel d'apercevoir sa silhouette aller et venir entre certains étages. Quand elle n'était pas à l'extérieur, longeant les plates-bandes, humant le parfum des roses. Je savais pertinemment qu'elle n'avait rien à faire là, qu'elle avait été injustement arrachée à sa famille. Qu'elle ne pouvait pas vivre indéfiniment sans le moindre but, à errer de corridor en corridor, loin des siens. Mais l'idée même de la laisser partir créait une sensation incroyablement désagréable dans ma poitrine, une oppression douloureuse que je chassais d'un mouvement de tête et d'un grognement agacé. Je ne voulais pas qu'elle s'en aille. Parce que cet endroit renaissait, parce qu'il retrouvait sa splendeur d'antan. Comme si elle jetait une poudre enchantée sur son chemin, comme si sa simple présence suffisait à illuminer la moindre parcelle de pierre et de bois qui composaient la bâtisse. Et même si nos routes ne se croisaient pas régulièrement, je ne pouvais pas nier que cette sensation de solitude qui m'accompagnait d'habitude s'estompait. J'étais conscient de ne plus être seul et le poids qui pesait sur mon coeur s'allégeait petit à petit. Même si je ressentais encore une certaine forme de honte à m'être laissé aller de la sorte, confier les tourments qui me hantaient depuis si longtemps avait été quelque peu salvateur. Je n'espérais pas qu'elle me comprenne et ça n'était en rien un argument pour justifier mes gestes. Elle était là parce que je l'avais voulu. Pourtant, cet équilibre instauré depuis qu'elle avait accepté la trêve était agréable.

Rien n'avait fondamentalement changé dans mon existence mais elle me semblait plus supportable à vivre depuis qu'elle y était entrée.  

Mes pas me mènent dans les couloirs à la nuit tombée, pour ne pas changer. J'aimais me promener à travers les étages après le repas, dans le silence. Observer les cadres qui s'étalaient ici et là contre les murs, m'arrêter au détour d'une fenêtre pour observer le paysage nocturne. Et je finissais presque toujours par rejoindre la bibliothèque. Mon havre de paix. Un lieu rempli de souvenirs d'un passé où j'arrivais encore à appréhender le monde avec des yeux pleins d'innocence. Mais je m'arrête à quelques mètres en apercevant de minuscules silhouettes se glisser dans l'entrebâillement de la pièce, les sourcils froncés. Je n'aimais pas que les autres en foulent le sol, quels qu'ils soient. J'avais déjà laissé l'opportunité à Alexa de s'y rendre parce que j'avais remarqué son goût pour la lecture et que c'était l'un des seuls divertissements à la ronde. Je me fige sur le seuil quand sa voix résonne à la suite des leurs, avant de me remettre en mouvement. Apparaissant dans la pièce, observant tous les êtres qui entouraient la jeune femme sur le tapis. Des êtres qui reculent vivement à mon approche, qui disparaissent dans le plus petit recoin qui saura leur offrir un refuge. « Cet endroit a toujours eu cet effet. » je souffle, à voix basse. J'y passé d'innombrables heures à lire dans la bibliothèque, à m'immerger dans les manuscrits au point d'en oublier de me nourrir. Jusqu'à ce que ma mère ne vienne me tirer par une oreille pour me réprimander et m'entraîner jusqu'aux cuisines, veillant à ce que je finisse avec le ventre plein. La pulpe de mes doigts effleure les arabesques de la table, les petites aspérités qui en font un meuble unique, baissant les yeux vers la rose qui trône en son centre. Coupée du monde, protégée par son dôme de verre, à l'abri des malheurs. Me cherchiez-vous ? Ma tête pivote dans sa direction et je la regarde intensément. Des boucles brunes qui disparaissent dans le creux de son dos à la finesse des broderies sur sa robe de facture pourtant plus simple. Jusqu'à son visage, son nez mutin et la profondeur de ses iris qui m'observaient avec curiosité. « Si je vous cherchais, je me serais dirigé ici bien plus tôt. » je souffle, en détournant les yeux. Même si une partie de moi, enfouie bien profondément, aurait peut-être souhaité répondre par l'affirmative. Mais j'avais déjà assez dévoilé de faiblesses pour le moment. « Je sais très bien où vous trouver, la plupart du temps. » je rajoute, à demi-mots. Je commençais à avoir compris son fonctionnement et ses habitudes, à force de l'étudier. Je me retourne, le coeur battant, faisant quelques pas pour atteindre les étagères qui s'alignent dans un coin de la pièce. « Je me promenais dans le château et j'ai entendu des voix, c'est tout. » J'aurais pu passer mon chemin. Néanmoins, mon intérêt avait été piqué et j'avais fini à ses côté alors que nous n'avions rien à partager, en dehors des repas.

Et je secoue la tête, trouvant cet instant ridicule. Qu'est-ce que j'étais venu chercher, ici ? Je n'en savais strictement rien. Je commence à faire demi-tour, ma cape virevoltant dans mon dos. Mais une musique commence à résonner tout autour de moi, sortant de nulle part. Des violons qui résonnent, qui vibrent, qui remplissent l'atmosphère. Et mon corps se fige, incapable de se mouvoir davantage. Indépendamment de ma volonté, je sens mes membres s'agiter et un souffle me pousser de plus belle au centre de la pièce. Dans sa direction à elle, incapable de résister à cette magie qui investit la moindre cellule de mon corps. Je me retrouve face à face avec Alexa, le souffle court, seulement séparés par quelques infimes centimètres. Mes yeux plongés dans les siens, incroyablement perturbé par les notes qui résonnent, par sa proximité presque dangereuse et cette brise enchanteresse qui me transcende, qui me dirige inexorablement vers la source de toutes mes pensées.

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MessageSujet: Re: The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast)  The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast) - Page 3 EmptyLun 9 Aoû - 19:24

he wanted her for himself
so he took her, selfishly
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Etais-je toujours en colère ? Oui. Lui en voulais-je encore ? Je n’en étais plus si certaine qu’auparavant. Les fissures de son être, les cassures de son âme, semblaient être une excuse valable à mon errance entre ces murs froids, et plein de morosité. Je n’étais pas sûre que ça valait vraiment de justifier un kidnapping en bonne et due forme. Car ce n’était ni plus ni moins que cela, dans le fond. Une vie pour une vie. Il avait laissé la vie sauve à mon père, qui lui, n’avait pas hésité à m’envoyer ici, comme une punition pour je ne savais quel méfait. Mais lui, n’avait-il jamais cherché que de la compagnie, dans une présence qu’il pensait bienveillante. Je ne lui avais pas donné le quart de ce qu’il avait demandé, seulement des portes qui claquent, et une haine presque viscérale. Il avait fallu que sa carapace s’ouvre pour que je comprenne. Qu’il s’effondre pour que la lumière se fasse. Que tout semble s’éclairer un peu. Il fallait que je l’entende, cette vérité. Que je sache. Il fallait que je comprenne. Errer comme une âme en peine entre les quatre même murs d’une chambre sans savoir pourquoi allait finir par me rendre folle à force. Mais j’étais la seule, à m’être enfermée là. Recluse dans mon silence, et dans ma colère, sans même chercher à comprendre. M’apitoyant sur mon sort comme une pauvre petite fille égoïste. Incapable d’entendre que je pouvais faire plus que ça, ici. Que je n’étais peut-être pas simplement l’otage d’un homme sans cœur.  La vie me manquait. Voguer le matin tôt, dans le village. Sentir l’odeur du pain qui s’élève dans le four du boulanger. Entendre le fer et le métal être battu. La vie, se faire au gré des gens. Sentir l’odeur de la plaine quand on quittait les sentiers du village. C’était ce qui me manquait le plus. L’agitation. Ici, tout était calme, comme endormi. Comme si le soleil, ne s’était plus levé depuis bien longtemps entre les murs de la bâtisse. Pourtant, chaque matin j’observais l’aurore, prenant une longue inspiration, en espérant que la journée sera plus belle. Plus douce. Meilleure. Un pas de plus vers une paix durable entre le maître des lieux et moi. Qu’un nouveau soleil, me permettrait d’avancer, et d’apporter un peu plus de douceur dans ce château. Devenir la chaleur dont toute cette imposante structure et leurs habitants avaient tant besoin. L’ambiance était moins pesante, et c’était presque intriguant, de voir à quel point, ça chamboulait quelque chose dans le fond de mon cœur.

Une fois de plus, ce soir, je me suis glissée dans la bibliothèque, rendez-vous de plus en plus fréquent, des objets animés et de ma personne. Assise au milieu des tapis à conter des histoires aussi fabuleuses les unes que les autres. Glissée dans une robe de princesse, digne de l’habitat dans lequel j’étais vouée à évoluer maintenant. Pas certaine de retrouver les chemins d’un pays qui m’avait vu grandir. Je m’évade entre les pages. Leur raconter des histoires, leur faire vivre les histoires, c’était presque comme m’évader moi. J’étais bien, sous l’ombre d’une douce lumière, au milieu de tout cela. Comme si j’avais toujours été faite pour ça. J’étais détendue, à l’aise. Je n’avais plus peur. Là, sous les yeux fasciné de ceux habités par la magie. Le monde change autour de moi. Je le sais, je le sens. Mais d’un coup, ce sont mes spectateurs qui m’échappent, soudainement inquiets, avant que je ne tombe nez à nez avec Wyatt, sa haute stature et sa silhouette recouverte d’une longue cape noire. Je jette un œil à ce qui m’entoure, avant qu’il ne réponde à mes mots. Je me redresse sur mes jambes rapidement, le livre serré entre mes mains. Je me fais curieuse, alors que je l’observe du bout des doigts, imprimer la moindre texture de la table, dans la pulpe de sa main. Il me tourne le dos, l’espace d’un instant. Ma question, cependant, ramène son attention à moi. Son regard me transperce, m’observe, m’analyse, réchauffe ma poitrine d’une légère chaleur, aussi rapidement que le rose ne me monte aux joues. Sa réponse me fige cependant sur place. « Je vois. » Je souffle, avant qu’il ne se détourne et qu’il n’aille entre les allées, se poster proche d’une bibliothèque. Je me rends à mon tour vers l’étagère où le livre que j’avais entre les mains, se retrouve à nouveau. Je reviens vers le centre de la pièce, à l’attente de sa voix. « Ils m’ont entendu lire à voix haute, ici, un soir. Je racontais une histoire à Zip… » Je confesse, dans une esquisse de sourire. Nous avions pris une certaine habitude, malgré tout. La douceur d’un moment, qui me mettais du baume au cœur, et qui m’apaisait. Il allait s’en aller, quand autour de nous, une musique sélève sortie de nulle part, comme par magie. Je me retourne plusieurs fois, cherchant tout autour de moi, la source de la mélodie, sans la trouver, avant de me retrouver à nouveau à quelques centimètres de lui, de sa chaleur et de sa posture. Ma poitrine se soulève rapidement, dans sa cage de tissus. Tandis que nos regards se captent, sans se lâcher. « J’ai une requête. Stupide peut-être, mais… » Ma voix reste en suspens. Animée par un désir qui se noue dans tout mon corps. « ...Faites moi valser. S'il vous plait.» Je murmure, le regard presque suppliant, comme une envie qui me tordait les entrailles, seulement attirée par une magie que je ne savais pas définir. Le cœur battant. L’une de mes mains vient trouver la sienne, tandis que l’autre sur glisse sur son épaule. Le contact de sa peau me fait tressailler, comme une immense décharge électrique qui me secoue de part en part, avant qu’enfin, la mélodie nous guide, tout autour de cette pièce. Dans une symbiose, une alchimie, qui fait battre mon coeur à une vitesse sans nom. La douceur de son contact, qui contrastait avec la rigidité de sa stature. Je voyais dans son regard la surprise, et l'intensité de ce que nous étions en train de vivre. Malgré la surprise du moment, je comprenais que malgré la haine, la tristesse, la curiosité, il n'avait jamais quitté le creux de mes pensées.



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MessageSujet: Re: The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast)  The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast) - Page 3 EmptyJeu 16 Sep - 15:34

he wanted her for himself
so he took her, selfishly
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Je vois. Je savais ce qu'elle faisait, où elle se trouvait. Pratiquement à chaque heure du jour et de la nuit. Il suffisait de la voir sortir de ses quartiers chaque fois à la même heure. Pour se rendre discrètement aux cuisines et manger un peu de brioche, lisant en touillant distraitement sa cuillère dans sa tisane. Errer autour de l'entrée comme une souris prise en faute avant de s'enfuir à l'extérieur, longeant les jardins avant de s'y enfoncer pour humer le parfum des roses. Partager un repas en ma compagnie, malgré le silence qui composait la plupart de ce temps passé ensemble. Avant de rentrer à nouveau dans sa chambre pour n'en ressortir qu'un certain moment après, marchant à pas mesurés pour rejoindre la bibliothèque. Elle y passait la plupart de son temps et j'étais passé de nombreuses fois devant, apercevant sa silhouette recroquevillée dans un fauteuil, les yeux plongés sur les lignes du roman qu'elle dévorait. Le feu crépitait dans l'âtre et il n'y avait rien d'autre que le bruissement des pages qui se tournaient pour troubler le calme ambiant. J'avais eu le temps de l'observer silencieusement, depuis l'encadrement de la porte. Dissimulé dans l'ombre, invisible à son regard, alors que le mien refusait de se détacher de son air serein. Avant de m'échapper dans les tréfonds du château, pour fuir ce besoin avide et incessant qui me traversait quand il s'agissait d'elle. Pourtant, je ne pouvais pas m'empêcher d'y penser, de le vouloir. De la vouloir. Alors que je n'avais rien à lui apporter. Rien d'autre que la mort et la désolation, la solitude et un avenir sombre. Mais quand je voyais la lumière revenir entre les murs, traverser les vitres et gorger l'air d'un souffle nouveau, j'étais incapable de la laisser partir. J'avais l'impression que la vie renaissait sur son passage, que les ombres refluaient et ça me remplissait d'une flamme qui avait cessé de brûler depuis longtemps.

L'espoir.

Je m'écarte, préférant la sécurité d'une étagère pour reprendre le fil de la conversation. Ils m’ont entendu lire à voix haute, ici, un soir. Je racontais une histoire à Zip. Il y a tellement de tendresse sur son visage, à cet instant. Et ça me serre le coeur, parce qu'elle ne m'est pas adressée, parce que ça me rappelle que je voudrais quelque chose que je ne peux pas avoir. Alors je fais demi-tour, atteignant presque la porte en quelques rapides enjambées. Mais une harmonie s'élève dans l'air et je me fige net, incapable d'avancer d'un pas de plus. Je ne maîtrise plus mes propres membres et je me sens pivoter à nouveau, cette fois contre mon gré. Je me sens marcher à contre-sens, revenir sur le chemin emprunté quelques secondes auparavant, pour me retrouver à nouveau devant elle. Les sens engourdis par la musique qui se joue tout autour de nous, qui vibre dans ma cage thoracique. Par son visage sous mes yeux, ses pommettes rosies et son souffle un peu plus court. J’ai une requête. Mon coeur bat furieusement dans ma poitrine et c'est une sensation qui me paraît presque nouvelle, tant je ne l'ai pas ressentie depuis longtemps. Je suis terrifié par le maelström qui rugit en moi. Par toutes ces envies qui s'entremêlent et qui menacent de me submerger. Les lèvres sèches et la gorge nouée, j'attends la suite de sa demande. Je hoche imperceptiblement la tête pour l'inciter à continuer. Incapable de produire le moindre son, comme si la plus petite parole de ma part était capable de briser ce moment si particulier. Faites moi valser. S'il vous plait. Je me raidis devant la supplication qui remplit son regard. Et je me débats contre moi-même pendant de courtes minutes qui me paraissent être des heures, déglutissant violemment avant de sentir ses bras se mouvoir pour venir se poser sur moi. « Très bien. » je souffle, dénué de toute animosité. Je retiens à peine le frisson de surprise qui me dévale de haut en bas, fermant les paupières un instant avant de glisser un bras autour de sa taille. Ma main droite reposant dans le creux de son dos, légèrement crispée alors que l'autre approche maladroitement de sa propre paume. Je me sens comme hors de mon corps, transporté ailleurs. Je savais danser, c'était l'une des choses que l'on m'avait appris alors que je n'étais encore qu'un jeune garçon. Mais là, je me faisais l'effet d'un agneau encore incapable de tenir sur ses propres pattes. Et j'essaye de ne pas me laisser envahir par la honte, de peur de gâcher tout ce qui est en train d'arriver, aussi improbable soit-il.

Puis la mélodie s'approfondit et nous valsons, emportés par les notes saisissantes. Il n'y a plus rien d'autre qu'elle, que les violons, que la chaleur de la pièce et celle qui diffusait à l'intérieur de mon corps. Transperçant toutes les couches qui m'entouraient et me protégeaient pour atteindre mon âme. Cette forme gisant sur le sol, roulée en boule, qui attendait son heure pour disparaître. C'est comme si je voyais une main tiède se tendre vers lui, pour le relever. Ce garçon a qui on a tout arraché. Je tourne, je tourne et je tourne encore, incapable de détacher mon regard des iris d'Alexa. De faire fi de la douceur de sa peau pour ses mains, de son souffle léger, de ses yeux qui ne semblaient voir que moi, au delà du monstre que j'avais pu lui inspirer à notre première rencontre. Je n'arrive pas pleinement à me détendre mais je savoure la fragilité et la douceur de cet instant, son côte unique et surréaliste. J'ai du mal à croire que ce qui se passe n'est pas le fruit de mon imagination. Ou d'une illusion destinée à me faire souffrir. Pourtant, je ressens quelque chose qui grandit, à deux doigts d'exploser dans mon entrailles.

Quelque chose que je n'ai jamais ressenti jusqu'à maintenant.  

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MessageSujet: Re: The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast)  The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast) - Page 3 EmptyMer 22 Sep - 22:53

he wanted her for himself
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Il était comme une ombre derrière moi. La plupart du temps caché, pour que je n’aie pas la capacité de le voir, mais sa présence était partout. Jamais loin de moi. Je sentais son regard, quand arpenter les allées des jardins, emmitouflée sous un épais manteau, me paraissait suffisamment distrayant, ou encore que l’air frais, était venu à me manquer, en haut de ma tour. J’entendais parfois le plancher grincer, ou craquer, à l’angle d’un couloir, m’informant qu’il était tout proche. Mais plus le temps passait, moins cette sensation se faisait désagréable. Il faut croire que j’avais peut-être dû m’y habituer. Le seul endroit, où j’échappais encore au joug de son regard, était ma chambre. Cette chambre que j’avais arpenter de fond en comble sans m’en lasser. Je la connaissais par cœur, mais elle était peut-être le dernier endroit qui me raccrochais à qui j’étais. Il y avait une part de moi ici. Peut-être était-ce ces larmes, que je n’avais cessé de verser, la haine, que les murs avaient épongés. Entre les allées du château, les longs corridors, les salles immenses, je n’avais plus l’impression d’être prisonnière. Parfois, je me demandais si je ne commençais pas à sombrer dans la folie. Je voulais encore voir le monde, vivre des milliers d’aventures aux quatre coins du vaste monde. Mais je ne me sentais plus condamnée. J’apprenais à vivre, normalement, ici. A ma faire à cet environnement, qui n’était pas le mien, mais qui m’avait accepté comme une âme familière. Comme si la bâtisse, et la magie qui y résidait, m’avais ouvert les bras, reconnue. Je n’étais pas chez moi, ça manquait de chaleur, d’amour, de tendresse, mais j’étais de plus en plus à l’aise à l’idée de me balader dans les couloirs, de passer des heures au coin du feu à observer les flammes dansantes dans l’âtre de la cheminée, à me gorger encore et encore d’ouvrages plus incroyables les uns que les autres. Puis, plus étonnant encore, à guetter sa présence. Derrière une fenêtre, dans l’entrebâillement d’une porte, à toujours se faire l’ombre de mon ombre, hormis lors de ces dîners que nous partagions. Parfois même, la traitrise d’un cœur qui bats trop vite, trop fort, quand nos regards se croisent, mais qu’aucun mot n’est prononcé. De simples regards. Comme deux animaux, qui s’apprennent et se découvrent. J’apprenais à ne pas voir en lui, celui qui m’avait pris ma liberté. J’apprenais à regarder à travers les fissures de sa carapace. Pour me faufiler toujours plus proche ce qu’il était vraiment.

Renouer avec un semblant de vie normale. Je le faisais en retrouvant des habitudes que j’avais prises auparavant. Lire aux enfants du village. Apprendre aux petites filles à déchiffrer consones et voyelles à travers les lignes. Zip, et les histories qu’il me demandait, me rappelait ces longues heures, assise près de la fontaine, à lire encore et encore, à voix hautes. A faire vivre, dans différentes intonations, hommes et femmes. Princesses et pirates, aventuriers et déserteurs. Il n’y avait rien de plus beau à mes yeux, qu’un enfant qui s’émerveille. Il n’avait pourtant jamais été question de maternité de ma part. Une union à mon âge me semblait déjà si soudaine, et ce n’était pas faute d’avoir reçu quelques sollicitations, et questionnements de la part de mes parents. Les jeunes femmes de mon âge étaient déjà toutes mères, mariées à des époux ingrats et rustres que seules la bière et la chasse animent. Trop peu pour moi. J’avais soif de vie. Pourtant, j’aimais l’innocence des enfants, leur manière de voir le monde, et j’étais curieuse, de savoir quelle serait l’apparence humaine, de la petite tasse, qui était mon seul ami véritable entre ces murs. Je gardais un pied dans une réalité que j’avais presque toujours connu avec lui, et c’était rassurant, dans un monde où rien n’est plus vraiment rationnel pour moi ces derniers temps. Pas même ces sentiments contraires et déroutants, qui n’animaient de plus en plus. Cette douce chaleur enveloppante, aussi effrayante que réconfortante qui venait m’étreindre de plus en plus souvent, lorsqu’il posait les yeux sur moi. Ce soir, entre ses bras, alors que le feu crépite dans la cheminée, c’est entre ses bras que je veux valser, poussée par un instinct, remuée par cette mélodie qui virevolte autour de nous. Comme pour nous pousser l’un vers l’autre. Je le supplie de me faire danser. Je veux danser entre ses bras. Il accède finalement à ma requête, et pose ses grandes mains sur moi. Ma main à l’air ridiculement petite, à l’intérieur de la sienne. Et nous dansons.

Nous dansons jusqu’à en perdre haleine. Tournons autour de l’arrondi du tapis central. Je me tiens droite entre ses bras, me laisse aller à quelques fantaisies, lorsqu’il me fait tourner, avant de replacer sa mains dans mon dos. Et je ne vois que lui. Lui et les traits irréguliers de son visage, les infinis tâches brunes des grains de beautés qui parsèment ses joues, de l’immense balafre qui court sur son visage d’un côté à l’autre. Une beauté particulière, brute, et presque fragile, qui menaçait de s’effriter, peu à peu. Au-delà du bourreau de ma liberté, de la bête, je voyais l’homme, blessé, brisé. Celui qui ne demandait qu’à être sauvé. Puis au bout de longues et intenses minutes, la musique s’arrête, tout aussi vite, et brutalement que nos pas. Je suis si proche de lui. Nos souffles sont courts, saccadés, comme si nous venions de courir pendant des heures. Mon cœur est secoué d’innombrables battements. Il menace de s’échapper à tout moment, tandis que je ne quitte pas son regard, jamais. Ma main quitte son épaule, pour venir parcourir son visage, presque le frôler, m’attardant lentement sur cette cicatrice qui le caractérise. « Montres-moi qui tu es… » Je murmure, avide de connaître l’homme, juste l’homme qu’il était. Curieuse de comprendre pourquoi je ressentais toute cette furieuse vague incontrôlable de sentiments. Je voulais voir, savoir. Laisser tout exploser dans mon être, quitte à regretter un jour, ce que je m’apprêtais à laisser me submerger.



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MessageSujet: Re: The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast)  The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast) - Page 3 EmptyJeu 7 Oct - 14:27

he wanted her for himself
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J'ai pensé tellement de fois à en finir. À rayer ma misérable existence de la carte. Parce que je n'avais plus de raison d'exister, sans eux. On m'avait arraché les personnes qui comptaient le plus à mes yeux, celles qui avaient su faire germer le bonheur dans ma poitrine. Alors à quoi bon continuer d'arpenter les couloirs du château ? À quoi bon regarder d'autres soleils se lever ? Il y a tellement de jours où je me suis réveillé avec la conviction qu'il fallait que je le fasse, que je ne manquerais à personne. Qu'il n'y aurait pas une seul âme pour pleurer ma mort, parce que les seules pour qui j'importais n'étaient déjà plus là. Pourtant, il y avait toujours ce souffle sournois dans un coin de ma tête. Une brise insidieuse qui venait me murmurer que c'était trop facile, que ça leur donnerait raison, qu'il valait mieux affronter la réalité au lieu de la fuir. Mais j'avais préféré l'écouter, pour une raison qui m'était encore inconnue. J'avais décidé de vivre, finalement. Cependant, au lieu de faire face à ceux qui m'avaient tout enlevé, j'avais pris la décision de me couper du reste du monde. De me retrancher entre les murs épais de ma demeure pour ne pas avoir à me rappeler leur présence. Et ma détresse immense, vibrante, s'était mêlée à la magie des lieux. Les hautes grilles qui donnaient accès à la propriété s'étaient refermées, créant une barrière avec l'extérieur. Il n'y avait plus que moi, les violons qui jouaient des airs incessants et la porcelaine douée d'une vie propre. Moi et les roses sanguines héritées de ma mère, l'odeur du parchemin dans le bureau de mon père et cette solitude qui s'était muée en avenir. Rien d'autre. Jusqu'à ce que je pose les yeux sur elle. Jusqu'à ce que je comprenne que tous les êtres humains n'étaient pas mauvais, qu'ils n'étaient pas tous animés par la violence. Qu'il restait une lueur d'espoir, là, toute proche. À partir de cet instant, j'ai pensé que j'avais une chance de pouvoir toucher à nouveau les rayons du soleil du bout des doigts.

Et c'est comme une déflagration qui me traverse, qui détruit toutes les couches dont je me suis couvert pour ne pas avoir à ressentir quoi que ce soit. Une lame qui transperçait tous les murs érigés autour de moi avec une facilité presque douloureuse. Faites moi valser. Alors nous valsons, nous tournoyons autour du tapis sous nos pieds, emportés par la musique. Par cet air enchanteur qui guide mes pas, qui m'étourdit presque, qui m'emporte ailleurs, hors du temps. Ma peau me démange là où elle se trouve en contact avec la sienne, peu importe le tissu qui nous sépare. Mes yeux sont incapables de se détourner d'elle, de ses traits délicats, de son cou gracile et de sa peau laiteuse. Je ne vois que ses yeux dans les miens, la courbe de ses lèvres et les légères éphélides qui parsèment ses pommettes ainsi que son petit nez mutin. Il y a son parfum et ses mains qui resserrent parfois contre moi, pression éphémère. Et l'impression que cet instant ne va jamais s'arrêter. Puis l'harmonie s'amenuise et nos pas décélèrent jusqu'à s'arrêter, ma poitrine secouée par mon ma respiration saccadée. Je suis figé sur le sol, le souffle court, incapable de regarder ailleurs. Mon visage se crispant en voyant sa main se lever à hauteur de mon visage, la gorge nouée. Mes paupières se ferment, par réflexe. Un frisson m'ébranlant tout entier à la sensation de ses doigts frôlant ma joue, le contour de ma mâchoire, survolant ma cicatrice avec une lenteur presque insupportable.

Montre-moi qui tu es. Je rouvre les yeux pour les poser à nouveau dans les siens, mes lèvres s'incurvant en un triste sourire. C'était lancinant et se répercutait partout à l'intérieur de moi. « Tu ne sais pas ce que tu me demandes. » je souffle, sans la lâcher du regard. « Et tu n'en voudrais certainement pas. » Je n'avais rien d'autre que de la désolation à lui confier. « Il n'y a rien d'autre que de la solitude et la rancoeur. » je murmure d'une voix faible, détournant finalement les yeux. « La mort et la douleur. » Tout ça à cause de croyances infondées. À cause de murmures dans les ruelles. Et de la peur qui flottait sans cesse, qui empêchait les humains de réfléchir correctement. La pression de ses doigts était infime sur ma peau mais j'avais l'impression qu'elle me brûlait, qu'elle réchauffait tout sur son passage. « Celui que tu vois, c'est celui que j'ai du me construire pour ne pas flancher, pour garder la tête haute alors qu'on m'a pris tout ce qui m'était cher. » Je me fichais de tout ce qui m'entourait. J'aurais pu claquer des doigts et vendre le château au plus offrant sans le moindre remord, si on m'avait laissé ma famille. Mais cet endroit, c'était la seule chose qu'il me restait d'eux. Des pièces remplies de souvenirs, d'instants remplis d'une joie indicible. « Ce n'est pas une façade. C'est le résultat de la cruauté de l'être humain, de ses conséquences sur ceux qui y survivent. » je rajoute, platement. « Ma famille a été massacrée sur de fausses accusations et j'ai été abandonné dans la forêt, en proie à une créature effroyable. » Ma voix s'approfondit, remplie d'une souffrance où se mêlaient quelques notes de rage. « C'est ça que tu veux savoir ? » je l'interroge, ma voix se brisant sur les dernières notes. « Ils sont venus du village et ils ont exterminé les miens, ils ont détruit ma vie sans le moindre regret. » je termine, dans un souffle, avant de reculer d'un pas par réflexe.

Pour me protéger, pour tenter d'éloigner ce vent glacial qui cherchait à m'enlacer de nouveau, à m'étreindre douloureusement, à me rappeler que je n'avais plus rien.

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MessageSujet: Re: The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast)  The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast) - Page 3 EmptyJeu 21 Oct - 21:19

he wanted her for himself
so he took her, selfishly
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Je ne comprenais pas. J’avais du mal à mettre mes idées en place. Je n’avais pas idée de ce qui était en train de se passer dans ma tête et tout autour de moi en cet instant. Tout ce que j’avais dans mon champ de vision, c’était lui. Son visage anguleux et particulier. C’était perturbant, déroutant, de me trouver si proche de sa haute stature. Il me surplombait de toute sa grandeur, et je me sentais ridiculement petite entre ses bras, et en même temps, j’avais l’impression d’être immense. Son regard était dardé sur ma peau, et je pouvais sentir mon cœur battre partout il où avait posé les yeux. Je n’étais plus sur terre, j’étais ailleurs. Je ne touchais plus le sol. J’étais transportée. Il n’existait plus que lui, et moi. Nos silhouettes, si proches l’une de l’autre, sa main, qui serrait la mienne, comme s’il se raccrochait à un espoir fou. Espoir que je ne comprenais pas. Comme s’il avait l’impression que j’allais m’envoler. Disparaitre. Je ne voyais que lui. A cet instant, j’avais la sensation d’être sienne. D’être en harmonie. D’avoir enfin trouvé un équilibre qui depuis si longtemps m’avais paru flou, presque inatteignable. J’aurais voulu que ça ne cesse jamais. Comme si la magie enfin prenait tout son sens autour de nous. Ma présence aussi. Si je m’étais habituée, je n’avais toujours pas intégré pourquoi il me gardait là. Mais ce soir, enfin, je comprenais. Quand j’ai croisé son regard. J’avais ce sentiment d’appartenir. D’être. Puis soudainement, tout a cessé, la musique, nos pas. Mon souffle était rapide, et les battements de mon cœur, ne voulaient pas ralentir. C’était une folle bataille qui se livrait sous ma poitrine. Ca irradiait tout mon être d’une chaleur presque palpable, et j’étais incapable de me détacher de lui. De ses défauts, de ce qui faisait qu’il était cet homme singulier. Il n’était pas qu’une brute qui parle fort, et qui faisait verser à mes yeux, un flot de larmes que j’aurais voulu contrôler. Il semblait plus que ça. Je voulais savoir. Je voulais l’apprendre. Le comprendre. Qui était-il derrière cette balafre dont tout le monde parlait comme de celle d’un monstre ? Était-il vraiment celui que l’on dépeignait pour faire obéir les enfants ? Je n’en étais pas certaine. Il ne m’avait jamais fait de mal, j’étais nourrie, chauffée, logée, et traiter presque comme une princesse. J’avais le droit à des parures plus précieuses que je n’aurais jamais pu me permettre de voir, si j’étais restée au village toute ma vie. Je pouvais aller et venir. Je n’étais pas torturée, ou dans un cachot, comme on aurait pu le croire. Qui était-il, alors ?

J’observais son regard, je traçais les contours de cette marque indélébile sur sa peau. Montres-moi qui tu es. L’avais-je supplié dans un souffle presque désespéré. Je voulais qu’il m’ouvre les portes, encore et encore. Il savait tout de moi, du moins il semblait tout savoir. Moi, de lui, je ne connaissais rien. Rien de plus que ce qu’il m’autorisait à voir. A savoir.  Ses yeux se ferment, l’espace d’un instant, puis enfin, je pouvais apercevoir à nouveau son regard profond. « Je t’en prie. » Soufflais-je à ses mots. Il n’y a rien d’autre que de la solitude et de la rancœur. Mon cœur s’effrite, tout doucement. J’étais là désormais. Il n’était plus seul entre la magie de la vaisselle animée, et le silence. Et je n’étais pas certaine de vouloir être ailleurs, en cet instant précis. Ses mots étaient l’équivalence d’un brise cœur. L’image qu’il avait de lui-même, était déplorable, triste et sans couleurs. Il s’épanche, et m’explique ö combien il est seul depuis que l’univers lui avait pris les siens. « Wyatt… » Je souffle, presque inaudible. C’était la première fois que son nom franchissait la barrière de mes lèvres. Une créature avait entaillé sa peau, s’en prenant à lui, alors que déjà, son âme se brisait d’un deuil trop lourd à porter pour un homme. Je n’osais me mettre à sa place. J’avais les miens, là-bas, dans la vallée. Un père qui avait préféré sa vie à la mienne, certes, mais qui restait encore vivant. Il s’éloigne, et il fait soudain froid. Je n’avais pas réalisé avant qu’un écart se creuse, que sa chaleur était presque apaisante. Maintenant, j’ai envie de serrer mes bras autour de moi, mais je n’en fis rien. Je m’avance, une main tendue. « Je ne suis pas eux… Tu le sais, n’est-ce-pas ? » Je demande, en avançant lentement, pour l’approcher de nouveau. « Qui étais-tu avant que le deuil, et la rage ne viennent noircir ton regard. Je sais que tu es là. Caché. » Je murmure, en venant déposer l’aplat de ma main sur le haut de son buste. « Si tu n’étais plus cet homme. Tu ne m’aurais pas gardée vivante. C’est l’espoir que tu cherchais, la lumière ? » J’ajoute, en dardant mes yeux dans les siens. « Je ne pourrais pas aider la lumière à entrer, si tu ne laisse pas la porte ouverte. » Et je ne parlais pas des portes du château, à ce moment-là. Ma liberté me paraissait futile. « Ils sont rustres et barbares, hommes ou femmes, je le sais. Ils cognent femmes et enfants, quand la bière n’est pas servie. Ils sont ignorants, et ingrats. Incapables de voir, ou de comprendre. Mais je ne suis pas eux. Et je sais que tu n’es pas tout ce que tu prétends. Qu’il y a un homme, et un cœur, sous toute ta colère. » Je ne le savais pas en réalité, mais j’en étais intimement persuadée. Mon cœur ne saurait battre pour quelqu’un qui ne sait pas ce qu’est un être humain.




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MessageSujet: Re: The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast)  The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast) - Page 3 EmptyVen 17 Déc - 11:24

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 Montre-moi qui tu es. Je sentais ses doigts effleurer ma peau, tracer des lignes brûlantes autour de ma cicatrice. Ce stigmate immense et noirâtre, qui me rappelait tous les jours ce qu'il était advenu de ma vie, depuis ce jour. Ce sillon maléfique, aussi sombre que le membre palpitant dans ma poitrine. Et c'était douloureux, d'éprouver une telle douceur après tant de brutalité, après des années de souffrance. Montre-moi qui tu es. Je ne voulais pas qu'elle puisse voir le miasme orageux qui tempêtait continuellement à l'intérieur de ma cage thoracique. Les ombres mouvantes et terrifiantes qui m'accompagnaient depuis si longtemps. Mes paupières se referment momentanément et je prends une profonde inspiration. Je marchais en équilibre sur un fil, au bord du précipice. Et j'étais terrifié à l'idée de chuter dans le vide. Il n'y avait rien de plaisant en moi. Rien d'autre qu'un mélange d'émotions ténébreuses qui s'entremêlaient, qui se combattaient férocement, qui grignotaient mon âme petit à petit. De la colère, de la rancoeur, une amertume et un désespoir tellement grands qu'ils menaçaient de me faire suffoquer à n'importe quel moment. Alors j'avais appris à cloisonner ces sentiments dans des cages pour éviter qu'elles ne me détruisent, à les ranger quelque part et à tenter de les oublier. J'ai essayé de ne plus rien ressentir. Mais elles finissaient toujours par trouver une faille où se glisser, s'enroulant autour de mon coeur et resserrant leur étau sordide. Pourtant, il y a Alexa. Et son regard qui tente de percer le mien, de s'infiltrer aussi à l'intérieur. Les contours de son visage délicat et ses mains pâles qui flottent près du mien, semblables à une douce torture. Soudain, les barrières retombent brutalement et les mots s'échappent d'entre mes lèvres, comme doués d'une vie propre. J'essaye de ne pas me figer quand mon prénom flotte entre nous, comme un lointain souvenir. Wyatt avait cessé d'exister à la minute où je m'étais retrouvé dans la forêt. Wyatt était synonyme de joie, de rires, de courses poursuites effrénées dans les jardins. D'une famille paisible. Wyatt était mort avec moi, lorsque je m'étais retrouvé face à face avec cette créature aux yeux rougeoyants, lorsque ses griffes avaient labouré ma joue. Pourtant, dans sa bouche, j'arrivais presque à croire qu'il était là, quelque part, sous les couches de détresse.

Je recule, sentant le froid glacial m'envahir à nouveau malgré la chaleur du feu qui ronronne dans la cheminée. Ce souffle polaire et désagréable qui m'enlaçait lorsque je me laissais aller à penser aux miens. À ceux que je n'avais plus, qui m'avaient été enlevés. À cette macabre nuit, à toute l'horreur dont j'avais été spectateur, à ces images qui ne disparaîtraient jamais. Mais elle s'avance à nouveau, avec une main tendue. Mes yeux se baissent sur cette offre qu'elle est la seule et unique au monde à m'avoir faite. Je ne suis pas eux. Tu le sais, n’est-ce-pas ? Je plisse les lèvres, sans quitter sa main du regard. « Tu ne serais pas là, si c'était le cas. » je souffle, d'une voix enrouée. Elle n'était pas comme les autres. Et c'est pour ça qu'elle se trouvait entre les murs de mon château. Parce que j'avais vu quelque chose chez elle, que je n'avais rencontré nulle part ailleurs. Qui étais-tu avant que le deuil, et la rage ne viennent noircir ton regard ? J'étais quelqu'un d'autre. Je n'étais qu'un enfant plein de naïveté sur le monde qui m'entourait, incapable de penser que l'Homme pouvait faire preuve d'autant de barbarie. Mes mâchoires sont douloureusement contractées et je me sens pareil à un animal approché par un prédateur. Alors que ce rôle était habituellement le mien. Mais face à Alexa, je me sentais toujours démuni. Je sais que tu es là. Caché. Sa paume se pose contre ma poitrine et je sens la chaleur qui en émane, à travers le tissu. Je me crispe à la simple pensée qu'elle puisse éprouver le rythme infernal de mon coeur battant dans ma poitrine. C’est l’espoir que tu cherchais, la lumière ? Je ferme les yeux un instant, essayant vainement de me reprendre. Ses paroles étaient semblables à des boulets de canon qui éclataient la muraille érigée tout autour de moi. Les briques étaient balayées, retombant au sol et il n'y avait plus rien pour me protéger. Ses iris rencontrent les miens et je me noie dans leur intensité, dans leurs nuances chaleureuses. « Oui. » je murmure, dans un souffle. J'ai pourtant l'impression de l'avoir crié, de l'entendre rebondir entre les murs. Je ne pourrais pas aider la lumière à entrer, si tu ne laisse pas la porte ouverte. Je redresse la tête, mon visage se plissant légèrement. « Ne me demande pas de la laisser grande ouverte alors que j'ai passé ces dernières années à la garder fermée à clé. » je rajoute, toujours sur ce ton bas. Elle n'avait jamais été aussi entrouverte qu'à cet instant, même si elle ne s'en rendait peut-être pas compte. J'avais passé tellement de temps seul, que je m'étais renfermé sur moi-même, débordant de méfiance.

Ouvrir la voie, c'était me risquer à souffrir encore et je ne savais si j'étais capable d'en supporter davantage.

Ils sont ignorants, et ingrats. Incapables de voir, ou de comprendre. Mais je ne suis pas eux. Et je sais que tu n’es pas tout ce que tu prétends, qu’il y a un homme et un cœur, sous toute ta colère. Je secoue légèrement la tête, expirant un souffle désabusé avant de la pencher sur le côté. « Pour quoi faire ? » je l'interroge. « Cette colère, elle m'a aidé à survivre. À me lever tous les matins. À ne pas me jeter d'un balcon parce que j'avais l'impression d'être constamment submergé par la tristesse. » Ma voix vibre à nouveau, ma poitrine bouillonnant d'émotions difficilement contenues. « J'ai perdu les personnes qui m'étaient les plus chères au monde et ça m'a presque anéanti. » je susurre faiblement, mes lèvres s'étirant en un infime et triste sourire. « Pourtant, il y a une part de moi qui n'a jamais vu une lumière si éblouissante, qui brûle d'envie d'ouvrir les portes. Mais tu finiras par partir aussi, un jour. Parce que je vais forcément te faire du mal, à un moment ou à un autre. » je lâche, en détournant le regard. Ma main, serrée le long de mon flanc, s'anime et je plie le bras pour détacher la sienne de ma poitrine, la gardant néanmoins prisonnière. D'un geste délicat, je fais jouer ses doigts de simples pressions, observant les lignes de sa paume. « Et je ne mérite pas tant d'égards, tant de gentillesse. Je suis égoïste. Opportuniste. Je te voulais pour moi tout seul et je t'ai prise, comme les roses que ma mère cueillait dans son jardin. » je murmure, mon pouce lissant le contour de sa ligne de vie.

Oui, je sentais encore quelques miettes d'espoir résonner à l'intérieur de moi. Oui je voulais qu'elle ramène de la chaleur dans cette demeure si froide, qu'elle en ravive les couleurs. Mais j'avais tellement peur d'avoir mal, tellement peur de voir quelqu'un d'autre m'être arraché que j'essayais de me soustraire à cette attraction immense, à ce magnétisme envoûtant. Il me semblait si facile de céder à la tentation que ça me poussait à rester sur mes gardes, à battre la défense pour ne plus ressentir la mort m'envahir. Pourtant, il suffisait d'un geste, d'une parole et les mots me brûlaient les lèvres, pareils à de la lave en fusion.

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MessageSujet: Re: The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast)  The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast) - Page 3 EmptySam 8 Jan - 10:12

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Je craignais qu’il ne change encore. Que mes suppliques et mes demandes, n’emportent le reflet torturé que j’avais sous les yeux, pour ne laisser place qu’au noir qui flottait autour de lui. Ces orbes sombres et menaçantes qui planaient au-dessus de nos tête pour mettre à mal les efforts que nous faisions l’un l’autre pour s’apprendre. Je n’étais pas certaine que l’homme colérique et odieux qu’il eût été ne revienne jamais poindre pour mettre à mal mon cœur. S’il ne s’ouvrait pas à moi. S’il me refusait son véritable visage, serais-je réellement apte à l’aider ? A lui offrir ce dont il avait besoin. Comment saurais-je ce qu’il nécessitait vraiment, s’il ne me laissait pas apercevoir le véritable lui. La lumière ne peut envahir un espace dissimulé. Il fallait qu’il s’ouvre. Il fallait que je sache, pour prendre enfin toute la mesure de ce que je lui avais promis. Seulement, je ne pouvais pas être la seule à fournir des efforts. Je comprenais sa méfiance et sa détresse pourtant. J’avais entendu ses complaintes et ses peurs, lorsque le masque qu’il s’était forgé avait éclaté en morceaux devant mes yeux. Loin de lui l’image sombrement fascinante. Rien que de la peine et une immense incompréhension face à un homme, dont le poids de l’univers se faisait immense sur ses épaules. Je voulais que sous le toucher de mes mains il se révèle, que sous la douceur de mon taux, la vérité éclate. Je voulais savoir. Réellement. Pas cette description triste et sans espoir qui avait franchi la barrière de ses lèvres. C’était ce qu’il avait toujours vu et imaginé de lui-même. Le reflet factice d’une homme qui souffrait pour dix. Je le savais, il était là, quelque part. Je ferais tout ce qui était en mon pouvoir pour le tirer hors de cette enveloppe de peine et détresse.

Le froid m’étreint quand il recule, tandis que ma main retombe platement sur mon jupon. J’aurais voulu rester près de lui, m’éprendre encore de sa chaleur, qui c’était avouée bien trop réconfortante. Reviens. Garde-moi encore près de toi Me surpris-je à penser, avant d’avancer à nouveau. J’avais besoin d’une certaine proximité, comme pour le rassurer. Comme si, par ma présence, je lui promettais de ne pas fuir. Je tends lentement ma main vers lui, l’invitant à la prendre, mais il n’en fait rien, se contentant de la regarder comme si je lui tendais un véritable trésor. « Et je ne partirais pas. Alors montres-moi. » Soufflais-je à mon tour. Je laisse mes paroles l’entourer, le questionner, l’attirer à moi. Je vois les traits de son visage changer, son être entier lutter contre une énième chute. J’observe la moindre contraction de ses muscles. La douleur dans son regard. Je voudrais avoir le pouvoir d’apaiser ses maux. Qu’il puisse fleurir d’une nouvelle essence de vie plus douce et agréable. Mais je ne suis ni mage, ni faiseuse de miracle. Je n’ai que mes mots pour seule arme. Mon cœur pour seul allié. Celui-ci bat pourtant si vite. Si fort. Il mène sa bataille lui aussi et s’emballe lorsque ma paume vient se poser sur le buste de l’homme qui me fait face. « Je ne te demande pas de la laisser grande ouverte, simplement de me laisser m’y glisser. » Je souffle  Rien qu’une petite ouverture, je saurais faire ce qu’il fallait pour entrer et y rester. Il suffisait d’un petit jour pour que la lumière s’infiltre et envahisse la pièce. Il devait simplement me laisser entrer. Pour ça, si je devais me battre, alors le combat était loin de m’effrayer. Je saurais faire. Rien ne me faisait plus peur que moi-même en cet instant. Si franchir la barrière semblait simple, comment en reviendrais-je ? Etais-je vraiment assez forte pour plonger sans me retourner. A tout abandonner pour lui ? Pour lui rendre douceur et humanité ? Dehors, il ne me restait rien. Ici, j’étais presque chez moi et la chaleur qu’il émanait lorsque j’étais toute proche, me semblait presque rassurante et familière. Le même sentiment que pouvait provoquer un foyer. D’être là où il fallait être.

Puis il reprend la parole, ses mots vibrent et frappent contre ma poitrine. Ils faisaient tellement sens. Ses sentiments étaient purement légitimes. Il avait tout perdu. L’amour d’une famille. La confiance d’un peuple qui ne voyait en lui, que l’ombre d’un monstre sans âme ni cœur. Le poids de ses paroles vient se déposer sur mon palpitant, l’enserrant d’un milliard d’émotions différentes. « Je ne veux pas y croire. » Je souffle doucement avant d’ajouter quelques mots. « Tu ne me feras pas de mal. Tu l’aurais déjà fait. » Je lui avais donné mille raisons de me blesser, ou même pire. Je m’étais montrée froide, malpolie et peu coopérative. Plus d’une fois, il aurait pu m’ôter au confort qu’il m’avait offert, me donner en pâture aux loups qui rodaient, ou encore m’ôter la vie de ses propres mains, mais il n’en était rien. Mon corps entier frissonne quand il manipule ma main, ridiculement petite entre ses longs doigts. La moindre de ses pressions envoyait de petites décharges dans ma poitrine. « Et elles ne fanent jamais. Alors gardes-moi. Je ne veux pas m’en aller. Je veux essayer. Je te l’ai promis. » Je murmure finalement, en venant presser ma paume contre la sienne.

Long fût encore l’instant partagé dans cette pièce chaleureuse, avant que la lune ne brille trop haut dans le ciel, signe qu’il était l’heure de prendre du repos et du recul. Il fallait que toute les paroles murmurés ce soir fassent leur chemin, mais je ne perdais pas espoir. Je l’avais aperçu. J’aurais voulu l’étreindre, et il me faudra m’armer de patience. Nous nous séparons tard dans la nuit. Je rejoins alors mes appartement, le cœur battant. Demain sera un nouveau jour, une nouvelle occasion de lui prouver qu’il n’avait pas fait le mauvais choix.





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MessageSujet: Re: The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast)  The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast) - Page 3 EmptyVen 3 Juin - 21:55

when it's christmas time
and he's not in the mood
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Quelques semaines plus tard, en décembre.

Je détestais Noël. Et plus j'observais la course lente des flocons jusqu'au sol, plus je haïssais cette période de l'année. Les couloirs du château sentaient le pain d'épices et le clou de girofle, les violons avaient changé de mélodie pour un air plus festif. Il n'y avait plus un endroit qui n'en respirait pas la magie. Où que j'aille, résonnait le caquètement des objets autrefois inanimés, qui trépignaient d'impatience. Pourtant, ils étaient conscients de la sentence, en ce qui concernait ce moment fatidique. Je ne fêtais pas cet événement si chers à notre contrée. Je ne le faisais plus, depuis longtemps. Pas depuis que ces instants étaient reliés à ma plus grande perte, à ce creux béant qui gisait dans ma poitrine. La veille de Noël, mes parents étaient morts. Ils avaient été froidement assassinés, quelques heures à peine avant de pouvoir le célébrer. Le vingt-quatre décembre, je perdais ma famille. Et en guise de cadeau des cieux, je finissais avec cette balafre noirâtre sur la joue, comme rappel de la malédiction qui avait touché les Forbes. Depuis lors, ces quelques semaines ne faisaient que me replonger dans l'obscurité qui était la mienne, dans ces souvenirs douloureux qui continuaient de grignoter mon âme, jour après jour. Alors je fuyais les célébrations, autant que possible, préférant me cloîtrer dans mes quartiers ou me perdre dans les jardins. Tout ce qui pouvait m'empêcher de penser à eux, à ce bonheur oublié, à ces instants de quiétude qui n'étaient plus rien d'autre que des cendres, sur le point de s'envoler au loin. Je détestais Noël et je ne voulais pas en entendre parler en ces lieux, alors que je peinais à me recueillir sur les tombes que j'avais fait construire en leur hommage, près de la roseraie. Tous les êtres vivants dans l'enceinte du château savaient qu'il n'était pas question de le fêter, de quelque manière que ce soit.

Et je n'allais pas changer d'avis.

Le lendemain, le soleil se lève timidement et ses rayons viennent chatouiller mon visage. Mais celui-ci vient s'enfouir sous les draps, accompagné d'un geignement d'irritation. Je ne voulais pas me lever, je ne voulais pas marcher dans les corridors et voir ma famille dans le moindre petit objet accroché au mur. Je ne voulais pas entendre le rire de ma mère, le nez saupoudré de farine pendant qu'elle préparait des biscuits au gingembre. Je ne voulais pas me revoir sur les épaules de mon père, qui se balançait de gauche à droite au rythme de la musique, ses mains fermement arrimées à mes jambes. Je ne voulais pas être à nouveau étreint par ce sentiment d'absence qui me lacérait la poitrine, en me rappelant année après année qu'ils n'étaient plus là pour le vivre à mes côtés. Il n'y avait pas un endroit, pas un instant qui ne me ramenait pas à eux. Ils me manquaient. Si fort, que ça m'en faisait un mal de chien. Mais je suis le châtelain et je ne peux pas rester au lit jusqu'au lendemain. Je me devais de veiller sur les sujets qui vivaient dans ma propriété. Surtout sur la jeune femme qui demeurait là, quelques pièces plus loin. Parce que les choses avaient changé, petit à petit. Je sentais l'air se transformer, perdre de son épaisseur. Elle acceptait ce que j'étais, elle ne cherchait pas à me changer, à effacer la noirceur qui m'entourait. Elle restait là, malgré tout. Et je sentais ma poitrine se réchauffer à cette simple pensée. Mais je me souvenais de son air contrit quand j'avais énoncé l'interdiction de festoyer. Du froncement de ses sourcils et de la plissure de sa bouche couleur cerise. J'en connaissais suffisamment à son propos pour imaginer qu'elle n'allait pas s'en contenter et accepter sagement.

Pourtant, la journée se passe sous le signe de la tranquillité. Les cuisines sont calmes, si ce n'est quelques brioches dorées servies pour le quatre-heures et un thé aux épices qui m'arrache une légère grimace, ainsi qu'une bouffée de nostalgie. L'orchestre continue de jouer son air, incessant, mais rien ne bouge, pas un mouvement ne sort de l'ordinaire. Et je me dis que tout va se finir aussi vite que ça a commencé, comme si ça allait permettre de faire instantanément refluer ma peine. Néanmoins, le repas est trop silencieux et mes yeux ne cessent d'aller et venir en direction d'Alexa. Mais elle dîne paisiblement, distribuant quelques banalités avant de converser avec Madame Samovar, toujours aussi bavarde. L'esprit parasité par ce miasme infernal, je finis par aller me promener dans l'orangeraie, observant à nouveau le balai de la neige qui recouvre les jardins. Une parfaite couche de neige, d'une blanc virginal, comme un épais tapis que rien ne saurait troubler. Mes pas me ramènent à l'intérieur, un moment plus tard et je m'arrête soudainement, la gorge serrée. Il y avait de la lumière dans la salle de bal. Pièce dans laquelle j'avais refusé de mettre les pieds, avec les quartiers de mes parents. Cependant, je suis incapable de passer mon chemin et mon corps se met en mouvement de son propre chef. Mon coeur se met à battre sourdement dans ma poitrine, à mesure de mes enjambées et je me rapproche des hautes portes sur lesquels sont frappées nos armoiries. Une rose aux épines recourbées et une épée, entrecroisés. Je pouvais sentir l'angoisse me prendre aux tripes, incertain quant à ce que j'allais trouver de l'autre côté. Mais j'inspire profondément avant de pousser avec force les deux battants pour m'en donner l'accès. Puis je me fige, incapable de prononcer le moindre mot.

Tout ce que je voyais, c'était l'immense sapin richement décoré qui traînait au centre de la pièce, les décorations qui pendaient aux murs et sertissaient les fenêtres. Et Lexa, vêtue d'une robe couleur carmin, entourée de tout le mobilier enchanté, le dos légèrement courbé par l'inquiétude.



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Lexa Forbes
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Lexa Forbes


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MessageSujet: Re: The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast)  The creature who plucked the most beautiful of roses. (UA!Beauty & The Beast) - Page 3 EmptyMar 7 Juin - 18:09

he wanted her for himself
so he took her, selfishly
La Belle & La Bête

Les semaines s’étaient lentement écoulées depuis cette soirée dans la bibliothèque. Nous avions partagé de beaux moments, quelques balades dans les jardins, des dîners plus animés qu’à l’ordinaire. Le manteau brumeux entre nous se dissipait lentement. Mais depuis quelques semaines pourtant, alors que le soleil déclinait pour laisser place aux nuages cotonneux et un épais tapis de neige sur le sol. Mais tout comme la météo, son moral semblait lui aussi décliner. Le maître des lieux était plus distant, plus froid, plus secret. Il s’isolait, parlait à peine, son regard était teinté d’une certaine tristesse, que personne ne semblait être en capacité d’éteindre, ou d’apaiser. Je tâchais de rester tout près, d’être là. Je m’occupais dans la bibliothèque, je cuisinais avec Madame Samovar, je jouais avec Zip. Parfois, je croisais son regard, je lui offrais un sourire, et il passait son chemin. Mais l’essentiel, c’était de lui montrer qu’il n’était plus seul. Quelque part j’aimais à croire que ça ne faisait pas du bien qu’à lui. Avoir de la compagnie amenait un peu de joie dans le château. Tout le monde semblait plus ouvert, plus joyeux. Même Leonard, s’autorisait parfois à sourire, de manière discrète, mais je pouvais l’apercevoir. J’osais croire que c’était ma présence ici, mêlée aux fêtes de Noël qui approchaient, qui redonnait cette joie aux objets. La fête de la nativité était l’une de mes périodes favorites, avec l’arrivée du printemps. Parce que l’ambiance se chargeait d’une douceur que j’aimais tout particulièrement, les odeurs d’épices qui se dégageaient des maisons, les chants qui emplissaient les rues. Les légendes, les histoires, tout était passionnant et fédérateur. Mais tout le monde, dans la vallée, savait que cette nuit là avait été tragique pour nos régnants. C’était de cette soirée, qu’était née la légende de la Bête. Celle que l’on racontait aux enfants. Celle qui avait nourrit la haine autour du maitre des lieux. Si la réalité était toute autre que ce que l’on voulait faire croire, une autre était une évidence. J’allais passer mon premier Noël ici, loin des traditions si chères à mon cœur. Et je n’avais pas le droit de le fêter. Il me l’avait interdit lorsque j’avais osé aborder le sujet. Mais est-ce que j’écoutais réellement ce qu’il me disait ? Pas seulement pour moi, mais je voulais aussi offrir une belle soirée de répit aux habitants de ce château, tout en espérant lui aussi, le faire changer d’avis. Peut-être qu’en lui montrant que la vie continuait ici, nous arriverons à lui mettre un peu de baume au cœur.

Alors j’avais établi un plan, pour décorer une seule et unique pièce du château, et festoyer quand même le soir du réveillon. Ce faisait des jours que je ne pensais qu’à cette soirée. Mais je ne devais rien laisser transparaître, pour ne semer aucun doute dans son esprit. J’avais réussi à gagner sa confiance, son respect, au fur et à mesure, je ne voulais pas prendre le risque de le contrarier, s’il découvrait que tout le château s’était mis à l’œuvre pour cette soirée. Leonard m’avait accompagnée dans la préparation, s’éclipsant parfois dans les jardins pour repérer le plus bel arbre que l’on pourrait décorer. Il m’avait emmené dans une pièce où débordaient des boites pleines de décorations plus belles que je n’en avais jamais vues. Elles étaient si précieuses que les effleurer me faisaient peur. Certaines étaient forgées par d’anciens artisans du village. Je pouvais reconnaître le sceau de certains sur les pièces. Tout ça se faisait lors des longues balades de Wyatt dans les jardins. Il semblait y trouver une sorte d’apaisement. La froideur de la neige qui ne cessait de tomber sur les étendues de verdure, semblaient l’aider à passer ces mauvaises semaines. Le voir si triste, si distant, me serrait le cœur. J’avais la sensation de revenir des semaines en arrière. Lorsque nous agissions comme de parfaits inconnus, et je détestais cette situation. Cependant, je devais absolument me montrer patiente, un jour, il ira peut-être mieux, et je retrouverais l’homme que j’ai peiné à découvrir, et dont l’absence, maintenant, me recouvrait d’un certain froid.

Lors du dîner, j’agis comme à la normale, tentant d’échanger quelque parole avec cet hôte qui se mure dans le silence. Wyatt… Mais c’était la théière de porcelaine qui me tenais par la conversation, avant qu’il ne s’éclipse, sans rien dire, dans un simple soupire. Je lance un regard de tristesse à la théière. « Il ira bientôt mieux, ne vous en faites pas. Son chagrin est seulement trop puissant. » M’avoue-t-elle dans un soupire. « J’aimerais pouvoir apaiser sa peine. Je n’aime pas le savoir ainsi. » Je lui réponds dans un soupire, lançant un regard vers la porte de la salle à manger, qui s’est refermée sur lui. « Et si la soirée de ce soir était une mauvaise idée ? » Je lance, à l’intention de mon amie de porcelaine. « Tout ira bien mademoiselle. » Me rassure l’objet, avant de me sourire tendrement. « Cela fait si longtemps que Noël n’est plus célébré ici. Tout le monde est ravi. » Et c’était même assez impressionnant qu’ils aient tous gardé le secret, tout en sachant que leur maître refusait catégoriquement d’entendre parler de cette fête. Quoi qu’il en était, après avoir terminé de dîner, j’étais remontée dans mes appartements, changer ma robe d’une couleur et d’une forme banale, pour un habit bien plus festif. Un nœud doré, plus grand que celui qui tenait mes boucles, reposait dans le bas de mon dos, et s’assortissait parfaitement avec le rouge du vêtement. Je me hâtais de rejoindre la salle de bal. Il n’allait jamais dans cette pièce, et ce qu’il ne savait pas, ne pourrait pas créer de discorde entre nous. Lorsque je pousse les portes pour entrer dans la salle je suis fascinée par l’immensité de cette dernière, fascinée par le décor sublime, les couleurs chaudes qui résident dans la pièce. Elle émane cette bonne odeur de sapin et de ce parfum si significatif des biscuits disposés sur une grande table. « Ce que tu es belle ! » Lance la petite tasse en accourant vers moi, me tirant un immense sourire. « Et toi tu es très classe. » Je lui rends, de la joie dans la voix. Quelques paquets étaient disposés sous le sapin, et nous échangeons un regard entendu avec le serviteur principal. Il avait répondu à ma requête. Une boite de velours noire entourée d’un ruban de satin blanc, était là. Cette boîte sera mon cadeau à Wyatt. Il refermait quelque chose de cher à mon cœur et des mots, que j’avais été incapable de lui dire jusqu’à présent. Je m’avance, pour prononcer quelques mots quand la porte s’ouvre dans notre dos, surprenant tout le monde. Le silence se fait, et un vent glacial s’engouffre. Lorsque je me retourne, Wyatt est là, sur le pas de la porte, figé. Son regard teinté de bien trop d’émotions pour que je ne comprenne. Son regard se pose sur le sapin, derrière moi, sur les objets qui m’entouraient, puis sur moi. Pitié, ne m’en veux pas… Je lance un regard inquiet à la petite tasse qui me regarde de la même manière, ainsi que sa mère, avant d’aller confronter son regard, et de m’avancer vers lui. « Bonsoir… » Je lance d’une petite voix, en m’arrêtant à quelques pas de lui. Il n’avait pas dit un mot, et je craignais, finalement qu’il parle, bien sur son silence, était terriblement assassin. « Wyatt, est-ce-que je peux t’ex… » Mais je m’interromps, en observant son regard changé. Loin était son regard plein de fascination lorsqu’il me regardais, si bien que j’en venais à me dire que tout cela, était l’idée la plus stupide du monde.






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