Sujet: Welcome to the party, Newbie | Jaelee #1 Lun 6 Mai - 13:58
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Jaesang & Leslee
« Ton examen s’est bien passé ? » Demande ma mère en versant un peu de bouillon dans le fond de mon bol. J’étais rentré sur le temps de midi pour prendre le déjeuner en famille, avant de partir au travail. « Évidemment qu’il s’est bien passé. Tu vas avoir la meilleure note, hein ! » Réenchérit mon père, en me jetant un regard appuyé. Autrement dit, dans le langage de mon père : Si tu n’as pas la meilleure note, je vais encore me faire l’immense plaisir de te rappeler que tes études ne servent à rien et que tu aurais dû continuer en médecine, comme prévu. Une question d’habitude. « Oui, tout s’est bien passé. » Ce n’était pas comme si, malgré le bruit tonitruant de mon petit frère dans cette maison, j’avais du passer des heures à travailler sur ce compte rendu. L’analyse de plusieurs peintures remontant aux premiers siècles de l’histoire de notre pays. Un cas assez complexe, mais qui en disait long sur les prémices de ce que nous étions aujourd’hui. « Quand est le prochain ? » Je manque de m’étouffer avec mes udons à cette question. « Je viens à peine de terminer ceux de ce semestre, maman. J’ai encore le temps avant les prochains. » Un peu de répit n’allait pas me faire de mal. La semaine avait été assez difficile. Rythmé par les phrases incessantes que j’entendais chaque jour avant de partir à l’université et qui n’avait fait que me rajouter un peu plus de pression. Ne pas décevoir. Ne pas leur donner raison. J’avais toujours tout fait selon leur dire, j’avais toujours donné le meilleur de moi-même, pour ne pas voir de déception dans leurs yeux. Toute ma vie avait été organisée, millimétrée depuis le début. Mon père était artisan, avait toujours vécu de ses mains et ma mère l’aidait, autant que possible. Alors on attendait de moi que je sois le meilleur des fils. Toujours a être encouragé à être le meilleur, sinon je voyais la déception dans le regard de mon père. Je me souviendrais toujours de cette fois où je lui ai annoncé que je n’aimais pas médecine, que je ne voulais pas être médecin. Je voulais faire de l’histoire. Il avait fallu que je leur explique longuement, avant qu’ils acceptent finalement, à la seule condition que je me paie mes études seul. Je ne m’attendais pas vraiment à ça, mais si c’était le prix à payer pour faire ce que j’aimais, alors j’allais m’en donner les moyens. J’avais passé des soirées à chercher des petits boulots. J’étais prêt à tout pour prouver que j’en étais capable. Je m’étais pointé avec ma bonne bouille et mon immense sourire en espérant que l’on m’engage quelque part, avec mon pauvre CV à peine rempli. Je comptais uniquement sur mon charme naturel pour que qu’on me donne une chance. J’avais épluché tous les quartiers, fait toutes les rues. Les restaurants, les cafés, les pop up store, tout, pour que finalement je m’arrête sur Myeongdong. En parallèle de la rue principale, il y avait une petite avenue remplie de cafés. C’était ma dernière chance, avant de renoncer et de continuer à contre cœur, les études de médecine. C’était dans une boutique du coin de la rue, que c’était dessiné mon avenir. Le patron avait accepté par je ne sais quel miracle de m’engager. J’avais pu donner mon inscription en études d’histoire et chaque mois, je donnais tout pour mes études.
Malgré tout, j’adorais mon travail ici. L’entente dans l’équipe était vraiment géniale et surtout, tout le monde pouvait s’entraider. Depuis quelques temps, on recevait un nombre croissant de touristes. C’était fou ce qu’on pouvait voir de nouvelles têtes franchir la porte du café. L’expansion était telle que nous avions dû agrandir l’équipe et j’avais hâte de voir quelle nouvelle personne avait intégré notre team de choc.
« Jae ! Ca fait plaisir de te voir ! » Lance mon manager dans un grand sourire, quand je passe la porte du café, pour prendre mon poste. Tout est déjà bondé, toutes les tables sont prises et il y a une foule monstre. « Je suis bien content d’être de retour. Merci encore pour m’avoir donné ma semaine, Hyung. » J’avais pu prendre du temps entre les examens pour me reposer et étudier tranquillement, mais qu’est ce que j’étais heureux de revenir. J’allais pouvoir dépenser tout mon trop plein d’énergie. Ce qui allait nous être bien utile, vu le monde. Je retrouve avec joie tous mes petits camarades et prends mon poste sans attendre. Il y a aussi cette nouvelle tête derrière le comptoir, plutôt grande et un peu perdue. Mais j’ai à peine le temps d’aller me présenter, qu’on m’appelle pour venir filer un coup de main. « Voici pour vous, votre Americano. Bonne journée, merci. » Phrase que je répète inlassablement pendant de longues minutes, à mesure que les gens défilent au comptoir. J’avais l’impression de jongler avec les gobelets, tant ils passaient à une vitesse folle entre mes mains. Toujours avec le sourire, je m’affairais ensuite sur la machine à café, quelques pompes de sirop, un shot d’expresso et le voilà qu’il part déjà entre les mains du client. Un ballet qui satisfait mon esprit quelque peu hyperactif. Cependant sur ma droite, quelque chose cloche au niveau de la caisse. Un client commence à hausser doucement la voix et à parler de plus en plus vite quand j’entends la voix de la nouvelle s’élever par-dessus le brouhaha. Personne ne parle anglais ici ? Oh misère. Je m’avance sans même attendre quoi que ce soit, ni ordre ni rien. Je me mets à sa hauteur. « Annyeonghaseyo, nous vous préparons votre latte monsieur, veuillez patienter au bout du comptoir. Merci de votre patience.» Une chance pour elle, que j’avais les oreilles partout et que je tapais plus vite que mon ombre, la commande est envoyée directement et le reste de l’équipe s’affaire à la préparer aussi vite que possible. « Les gens ne font malheureusement pas vraiment d’effort ici. Tu finiras par t’y habituer » Je lance pour la rassurer, si tant est que ça allait la rassurer. J’aurais eu le mérite d’avoir essayé. « En tout cas bienvenue parmi nous. Je m’appelle Jaesang ! » Dis-je rapidement pour me présenter et lui souhaiter la bienvenue, dans un anglais bancal certes, mais qui avait le mérite d’exister. « C’est ton premier jour ? Tu as besoin de quelque chose ? » Je l’interroge, alors qu’on a quelques instants de répit dans cette folle journée.
Dernière édition par Ryu Jaesang le Mer 8 Mai - 18:49, édité 1 fois
Leslee Hurst
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Sujet: Re: Welcome to the party, Newbie | Jaelee #1 Mar 7 Mai - 10:40
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« C'est tout ? Je peux y aller ? » Mon dédain doit se sentir à des milliers de kilomètres à la ronde. Peut-être qu'il allait réussir à voyager jusqu'à Los Angeles ? En tout cas, il parvient très bien à atteindre Sun Min-Kyung, le responsable du café où je me trouvais en cet instant. Ses yeux sombres m'observent et ses lèvres frémissent, ses bras se croisant contre son torse. Mais aucun mot ne sort de sa bouche et je pivote pour sortir de son bureau, resserrant mes doigts sur la lanière de ma sacoche. Sa voix rompt le silence au moment où mes doigts frôlent le clenche de la porte. « Tu es consciente que tu n'auras pas le moindre traitement de faveur ? Ce n'est pas parce que tu es la fille d'une amie que tu seras privilégiée. » Je hausse un sourcil, ma langue claquant contre mon palais. « Et ? Si ça vous dérange de prendre une yegugin, dites-le tout de suite. Je me débrouillerai pour trouver autre chose. » La vérité étant que ce n'était pas le premier établissement auquel je venais frapper pour obtenir un job étudiant. Autant dire que les opportunités ne se bousculaient pas au portillon quand on était une étrangère. Encore moins quand on alignait trois mots de coréen pour se défendre. Mais je ne voulais pas de traitement de faveur. J'étais déjà suffisamment blasée de me retrouver à des milliers de bornes de chez moi. Néanmoins, je n'avais pas le choix. Personne n'acceptait une fille dans mon genre, dans le coin. J'avais du me rabattre sur l'option de dernière nécessité. Min-Kyung soupire, passant une main dans ses cheveux pour les repousser en arrière. « Leslee...Ne le prends pas comme ça. Je sais que ce n'est pas facile pour toi d'être ici. Mais il faut que tu y mettes un peu du tien, si tu veux t'intégrer plus facilement. » Je ferme les yeux un instant, prenant une grande inspiration. « Et si je ne veux pas m'intégrer ? » je cingle, avant d'ouvrir la porte pour quitter son bureau.
Personne n'avait l'air de comprendre qu'on m'avait arrachée à ma vie pour me glisser dans une autre, qui m'était totalement inconnue. Je n'avais connu que la douceur de mon foyer à Los Angeles, le bord de mer et la liberté. D'un seul coup, on m'avait demandé de traverser l'océan et les nuages pour rejoindre un pays dont je ne connaissais rien et dont la culture était à l'opposé de la mienne. Comprendre une langue qui n'avait aucune familiarité à mon oreille, m'adapter à des règles qui venaient télescoper ma propre vision des choses. Deux ans. Je devais survivre ici pendant deux ans, si je n'arrivais pas à gagner suffisamment d'argent pour repartir. Sunmi était une belle-mère des plus agréables, à mon plus grand dam. J'aurais vraiment préféré avoir quelque chose d'autre à lui reprocher que sa mutation à Séoul mais il s'avérait qu'elle s'était toujours incroyablement bien comporté avec moi. Je ne pouvais en vouloir qu'à son travail, qui avait décidé de la faire revenir sur ses terres. Mais on ne m'avait pas particulièrement demandé mon avis et j'avais du quitter tout ce que je connaissais pour un univers nouveau, où je n'avais pas le moindre repère. Tout me poussait à me renfermer sur moi-même et les regards des coréens ne m'aidaient pas à vouloir nouer un contact avec eux. Ils me donnaient soit l'impression d'être un animal de foire, soit une menace pour la société et ce n'était pas ce qu'il y avait de plus chaleureux comme accueil. J'étais complètement paumée et la saveur amère du désespoir n'avait pas quitté ma bouche depuis notre arrivée. Je n'avais pas envie de faire le moindre effort. Surtout pas pour des blancs-becs incapables d'accepter qu'il existait autre chose en dehors des limites de leur territoire.
Tu commences lundi à huit heures. Ne soit pas en retard. Et essaye de sourire un peu. MK
Un café était un lieu d'effervescence constante. Depuis que j'avais débuté la journée, il n'avait pas cessé de se remplir régulièrement et je ne comptais plus le nombre de visages qui avaient défilé devant le comptoir. Ma présentation à l'équipe m'avait donné l'impression de passer un scanner à rayons X et je m'étais forcée à rester droite, le menton relevé. Mon absence de maîtrise de la langue restait le problème principal et même si j'avais les bases grâce à Sunmi - et de l'aide d'un hibou vert à peine insistant - je n'étais pas franchement à l'aise. Min-Kyung avait décidé de me laisser en observation pour la matinée et j'étais restée aux côtés de deux baristas qui faisaient pratiquement partie des murs. Fascinée, j'avais observé le mouvement des mains de Jungwoo pendant qu'il préparait certaines boissons et ça s'apparentait pratiquement à de la danse. Une chorégraphie parfaitement exécutée. Et tout se passe sans trop d'anicroche, jusqu'au moment où je suis envoyée au comptoir pour prendre les commandes. J'ai le malheur de demander au client de répéter à de nombreuses reprises, incapable de le comprendre et je le vois s'énerver aussitôt. Sa langue claque contre son palais et je le vois murmurer quelque chose dans sa barbe. Mon sang ne fait qu'un tour et mes poings se resserrent sur le comptoir. « English ? » je tente à nouveau de lui demander mais il me répond en coréen et je sens toute l'irritation qui le gagne. Et qui se propage jusqu'à moi, par extension. « Putain mais personne ne parle anglais, ici ? » je siffle, foudroyant le client du regard. L'air se meut sur ma gauche et une seconde plus tard, un jeune homme est à mes côtés, me surplombant de sa haute taille. Il prend le relai sans même avoir besoin de comprendre la situation et je m'écarte avec un soupir agacé quand il se fraye un chemin pour prendre ma place derrière le comptoir. « Ah, c'est moi qui dois m'habituer à votre impolitesse. C'est la meilleure, celle là. » je grommelle, avant de relever les yeux vers lui quand il se présente. Son anglais n'était pas le meilleur mais au moins, il faisait un effort. Et je prends quelques secondes pour le regarder, effleurant son visage des yeux. Il n'y avait qu'un seule chose qui me venait à l'esprit. Ourson en guimauve. Craquant à l'extérieur et moelleux à l'intérieur. En tout cas, c'est l'aura qu'il dégageait avec ce visage aux traits délicats et les mèches qui venaient caresser ses pommettes. L'agitation se réduit avec le départ des étudiants pour leurs cours de l'après-midi et je m'adosse au comptoir, les mains agrippées au rebord de celui-ci. « Leslee. » je souffle, du bout des lèvres en lui jetant un nouveau coup d'oeil. Est-ce que c'était même humain d'être aussi beau ? C'en était presque rageant pour le commun des mortels. « Ouais. » Ne pas se laisser embobiner, Lee. Sa gentillesse apparente ne voulait rien dire. « De quoi j'ai besoin ? » je marmonne, faisant mine de réfléchir. « De cours de boxe pour évacuer la tension provoquée par ces gens malpolis ? J'ai ressenti une soudaine envie de frapper dans quelque chose. Est-ce que c'était trop lui demander que d'articuler ce qu'il vouoait boire ? » C'était si difficile de répéter son choix pour aider une pauvre serveuse à prendre la commande ? Je ne crois pas. Mais ça semblait hors de leur portée, apparemment. « Et d'une explication concrète sur les vertus de l'americano, pendant qu'on y est. Parce que c'est tout simplement dégueulasse et que je ne comprends pas comment vous arrivez à adorer ça. » je rajoute, croisant finalement les bras contre ma poitrine. Avant de le voir froncer les sourcils et de me répéter plus lentement, les lèvres pincées. « Tu n'étais pas là ce matin, toi. » je finis par déclarer, en l'étudiant de toute sa hauteur. « Tu sors d'où ? » Je l'aurais remarqué s'il avait été là, avec son air de membre d'un boys band.
Sujet: Re: Welcome to the party, Newbie | Jaelee #1 Mar 7 Mai - 20:33
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La Corée voyait avec l’explosion de la culture et surtout de la musique, un nombre croissant de touristes arriver. La plupart ne parlaient pas un seul mot de notre langue. Pendant longtemps il avait été assez compliqué de communiquer avec eux. D’autant plus que la plupart ne faisaient aucuns efforts pour se faire comprendre, générant une grande frustration pour la plupart de la population. Maintenant avec l’expansion de tout ça et l’ouverture de notre pays sur le reste du monde, ça devenait un peu plus simple, mais il restait quelques – pour ne pas dire beaucoup – récalcitrants. J’étais de ceux qui étaient pour cette évolution. Je n’avais pas eu la chance de voyager, parce que mes parents passaient leur vie à travailler. L’île de Jeju, était la destination la plus lointaine que nous ayons fait. Puis mon père n’aimait pas forcément voyager, alors nous avions fait selon ce qu’il voulait. Je n’avais jamais passé les frontières, mais ma curiosité, elle, à de trop nombreuses fois. Il y avait plein de choses à apprendre sur l’histoire du monde, par-delà les lignes. C’était comme ça que j’avais appris l’anglais. Il n’était pas du tout parfait, j’en avais conscience, mais ce n’était pas simple. A l’école, mes parents avaient refusé que j’en fasse une option, prétendant que ça ne me servirait à rien, que je n’allais jamais quitter la Corée de toute façon. Apprendre une autre langue, c’était une perte de temps. Comme toutes les heures que j’avais passé le nez plongé dans des livres sur l’histoire du monde. Ça ne m’avait pas découragé pour autant de tenter d’apprendre par moi-même. Tous les jours, je ne remerciais d’avoir été un peu têtu. Parce que même avec ma conjugaison approximative, mon cheveu sur la langue et mon vocabulaire bancal, j’arrivais à me faire comprendre et à comprendre à peu près les autres. Ca m’étais plus utile que jamais. Le café était idéalement situé, Un quartier vivant, prisé des jeunes, à proximité des plus grands magasins. Autant dire qu’on avait tout d’une bonne attraction. C’était encore pire sur la pause méridienne. Tout le monde se donnait rendez-vous ici, pour prendre un café, pour déjeuner sur le pouce autre chose que des ramyeon ou des tteokbokki des petits stands de street food que l’on trouvait tous les trois mètres. J’avais vu un sacré paquet de jeune venir travailler ici, de nombreux rendez-vous aussi. Mais ce qui était plaisant, c’était cette effervescence permanente, Le fait d’être sans cesse en mouvement, sans cesse actif. Je crois que je mourrais d’ennui, à rester statique pendant des heures.
Alors je crois que c’est la joie qui illumine mon regard, tandis que je rentre dans le café et que je vois toute cette foule. C’était jour de fête pour moi. Tout se passe à merveille, jusqu’à ce que la pauvre nouvelle se retrouve dans la tourmente à cause d’un client. Un petit souci de compréhension de ce que je semble capter. C’est plein de bonne intention que je me dirige vers elle pour lui venir en aide et gérer ce client. Un matcha latte pour le monsieur. Quelques gestes me permettent de taper sa commande et de l’envoyer tout de suite. Derrière moi j’avais bien capté son soupir agacé, ce qui me pousse à tenter de la rassurer autant que possible. Cependant ça ne fonctionne absolument pas. Chouette. « Notre, on est pas tous comme ça. Ne généralise pas. » Je lui réponds presque vexé, je dis bien presque parce que je ne me mettais pas dans le même panier. Elle relève finalement les yeux vers moi, et j’ai le plaisir d’y découvrir deux jolies iris. Un regard de chat d’une superbe couleur claire. On s’y perdrait. « Les…Lee. Okay. » Je réponds presque pour moi, pour enregistrer et m’assurer que je n’allais pas mal le prononcer. Ça donnerait une encore plus mauvaise image que celle qu’elle avait sûrement déjà. C’avait même l’air de l’avoir mise sacrément en rogne. Un tempérament de feu, très bien. On ne va pas s’ennuyer avec elle, tiens. « Ce n’était pas de l’impolitesse, simplement un manque de volonté. Il a dû voir que tu étais nouvelle. » Je réponds en haussant les épaules. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit des nouvelles têtes ici. Puis ça se voyait à des kilomètres. Il faut aussi dire que la plupart de coréens, surtout à partir d’une certaine tranche d’âge, n’aiment pas beaucoup les occidentaux, comme ils les appels. « Appelles l’un d’entre nous, si tu as besoin, la prochaine fois. » Je lui conseille simplement. Personne n’allait rechigner pour quelques secondes prise pour l’aider à s’intégrer. Elle continue à parler et je crois capter qu’elle insulte l’americano. Mais je ne suis pas tout à fait sûr. J’allais devoir faire quelques efforts moi aussi « Attends, attends. Parles moins vite s’il te plais. » Elle répète finalement et je lui lance un regard presque choqué. « Comment tu ne peux pas aimer l’americano ? Tu vas te faire des ennemis ici. C’est presque une boisson nationale, si on oublie l’alcool. » Je lui réponds, avant de me pencher vers elle, pour lui faire une confidence. « Gardes ça pour toi, mais je déteste ça aussi. » Honte à moi je sais. Surtout quand on fait soixante-quinze pourcents de notre chiffre grâce à cette boisson. Elle finit par m’interroger à mon tour et je cherche mes mots pendant quelques secondes. « De la fac, j’avais un examen ce matin. » Je réponds, complètement premier degré. « Min m’avait donné ma semaine pour que je passe mes examens tranquillement. » Heureusement ce calvaire était terminé et je pouvais revenir sereinement à ma vie ordinaire. « Mais toi, tu sors d’où ? Qu’est-ce qui t’amènes ici ? » Je demande à mon tour, en me tournant pour me servir un peu d’eau, et lui tendre un gobelet aussi. « Parler ça dessèche et je me voyais mal te proposer un americano. » Oui, je m’amuse, ça va, elle a pas l’air méchante pour deux sous. Un peu mordante, mais je suppose que ça fait partie de sa personnalité. En tout cas, elle avait quelque chose de profondément intéressant, sous ses longues boucles et ses yeux océans. Quelque chose qui donnait envie de discuter. Après tout on allait être collègues, autant rendre ça aussi agréable que possible. Quelqu'un entre finalement dans le café et je me redresse. « Je suis à toi dans deux secondes. Ou tu peux t’entrainer si tu veux.» Je me tourne de nouveau pour prendre le poste derrière la caisse. « Bu-in, hwan-yeonghabnida. Que pouvons-nous vous servir ?” Je demande dans un sourire. La cliente annonce sa commande, tandis que mon regard tourne vers Leslee. « Tu veux taper sa commande ? » Dis-je avant de m’excuser envers la dame, lui expliquant poliment que c’était le premier jour de ma collègue et que je l’aidais simplement à s’entrainer un petit peu.
Sujet: Re: Welcome to the party, Newbie | Jaelee #1 Mer 8 Mai - 0:07
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Jaesang & Leslee
Tout m'était insupportable, ici. Les valeurs inculquées par ce pays qui dataient du siècle dernier et l'oppression silencieuse qui secouait la population. L'interdiction de rire à gorge déployée dans le métro, de traverser au feu rouge alors qu'il n'y avait strictement personne sur la route. La vision qu'ils avaient des pays occidentaux et cette méfiance qu'ils ressentaient pour les étrangers. Depuis mon arrivée, je n'avais pas cessé de subir des regards à chaque pas que je faisais dans la rue. Curieux pour certains, débordants de jugement pour le reste. Mes moindres faits et gestes étaient étudiés et j'avais l'impression de devoir constamment me justifier si je faisais le moindre écart. Parce que je ne convenais clairement pas aux principes coréens et qu'ils ne manquaient jamais une occasion de me le rappeler. Mais je n'avais jamais demandé à être là et à subir cette ségrégation qu'ils étaient les premiers à signaler quand ils sortaient de leur territoire. Tout ce je voulais, c'était rentrer à Los Angeles et retrouver ma vie. Mes amis, mes lieux favoris, le confort de mes petites habitudes. Rien ne m'était familier. Ni même chaleureux. Je n'avais aucun endroit auquel me raccrocher, aucune personne à qui me confier sur ce sentiment de détresse qui me prenait souvent à la gorge. On ne m'avait pas demandé mon avis et on m'avait simplement forcée à me détacher de tout ce qui composait mon existence pour m'en créer une nouvelle ailleurs, sans la moindre base pour m'aider à réussir. Et j'en voulais à la terre entière pour être aussi perdue, aussi incapable de me défaire de cette sensation de détresse qui me collait à la peau depuis que j'avais posé les pieds ici.
Ma confrontation avec le client ne fait que me mettre face à l'évidence une nouvelle fois et mes ongles s'enfoncent dans les paumes de mes mains. Ma première journée s'annonçait comme un fiasco monumental et je voyais déjà Min-Kyung venir me chercher pour me dire de prendre la porte. Mais la présence d'un des employés à mes côtés désamorce la bombe qui menaçait d'exploser à tout instant. Même si son initiative m'agace un instant, je n'ai pas d'autre choix que de le laisser faire, faute de pouvoir m'en charger toute seule. Sur le côté, je l'observe apaiser la tension et prendre la commande de mon détracteur. Puis la situation se calme dans le café et nous laisse l'opportunité de souffler un peu. Ma langue claque contre mon palais à sa réflexion et je hausse un sourcil. « Alors donnez moi des raisons de ne pas généraliser, dans ce cas. » je cingle, sur la défensive. « Pour l'instant, l'occasion ne s'est pas présentée. » Preuve en était le fait que pratiquement personne ne m'avait adressé la parole à l'université. Ou seulement pour me demander des photos, histoire de se vanter d'avoir croisé une étrangère. « Tu peux m'appeler Lee. » C'était plus simple à prononcer et ça m'évitait d'entendre mon prénom se faire écorcher cinquante fois par jour. Même si la manière qu'il avait eu de le prononcer avait fait tressaillir quelque chose dans ma poitrine. Comme s'il s'agissait d'un objet fascinant. Je secoue subitement la tête pour chasser ces pensées avant de prendre une profonde inspiration à ses paroles. « Et alors ? Qu'est-ce que ça change ? Est-ce qu'il n'aurait pas du être gentil et compréhensif, justement ? » je rétorque, la lèvre retroussée par le dédain. « Vraiment, je ne comprends pas comment réfléchissent les gens d'ici. » Je finis par pousser un soupir, hochant à peine la tête pour acquiescer à ses paroles. Avant de poursuivre sur un sujet qui me préoccupe réellement depuis mon arrivée sur le sol coréen. L'Americano. Oui, parlons-en. Parce que c'était une boisson dégueulasse et qu'ils semblaient en raffoler dans ce pays. Qu'est-ce qu'ils trouvaient de bon là-dedans ? Le goût était tout bonnement abject. Mon souffle s'étrangle ma gorge quand il se penche en avant. Le sien échoue contre ma joue et mes yeux sont rivés sur son visage, glissant sur les mèches couleur argent qui effleurent l'arête de son nez. « Traître à ta nation. » je réponds, en faisant exprès de détacher chaque syllabe pour qu'il comprenne bien le sens de ma phrase. Après tout, il tendait le bâton pour se faire battre. Et ça me permettait de m'arracher à ma contemplation. Enfin, plutôt à mon observation involontaire de mon interlocuteur due à son invasion de mon espace vital. Voilà, ce n'était rien d'autre que ça.
J'enchaîne en le questionnant sur sa présence au café, ne l'ayant pas vu au meeting du matin. Je n'aurais pas pu le louper, si ça avait été le cas. Entre la couleur lunaire de ses cheveux, sa haute taille et son sourire à dix mille watts, difficile de le manquer. « Je vois. » je réponds, les lèvres frémissantes face à sa réponse. Carrément premier degré, le mec. Mais je notais l'information dans un coin de ma tête. « Los Angeles ? Et...l'argent ? » j'explique, sans donner plus de détails. J'accepte le gobelet rempli d'eau qui m'est tendu, faisant jouer le liquide à l'intérieur. Un ricanement m'échappe à sa réflexion. « Effectivement. À moins que ton but ne soit de m'assassiner. » Pour moi, ça s'apparentait à du poison. Ni plus ni moins. Je le regarde se déplacer pour rejoindre le comptoir quand la clochette tinte, annonçant une nouvelle arrivée. Mes dents grignotent ma lèvre inférieure à sa proposition et je zieute la personne de l'autre côté du meuble, avisant une jeune femme aux cheveux parés de mèches d'un rose pâle. Je fais un pas en avant, tirant sur le bas de mon tee-shirt à fleurs et après un coup d'oeil dans sa direction, je hoche la tête. « Ouais, je vais le faire. » j'annonce, après avoir secoué la tête pour reprendre mes esprits. Je n'allais pas laisser un vieux péquenaud ruiner ma journée. J'étais parfaitement capable de prendre une foutue commande. « Yongseohae juseyo, jeoneun hangug-eoleul baeugo iss-eoyo. » je débute, sentant Jaesang pivoter à mes côtés pour se glisser du côté des machines à café. C'était bien une des seules phrases que je connaissais par coeur et qui me permettait le seuil minimum de tolérance de la part des habitants. Savoir que j'apprenais le coréen, même si ce n'était pas exactement la réalité, semblait être un bon compromis pour eux. Et ça justifiait ma maladresse. Elle décrit sa commande et je la fais répéter pour être sûre que tout est bon. « Est-ce que tu peux juste lui demander si c'est bien deux pompes de vanille qu'elle veut ? » je souffle à Jaesang quand elle se rapproche à nouveau, son bras frôlant le mien quand il tapote sur l'écran pour vérifier les données. « J'ai un doute sur le nombre. » Les dents serrées, j'attends la réponse de la jeune femme et il s'avère que c'était bien deux pompes. Mais pas de vanille. Misère. Je corrige piteusement mon erreur, m'excusant par la même occasion mais elle s'avère aimable et je sens un poids s'ôter de ma poitrine. « Putain... » je murmure, quand la cliente se dirige vers les tables disposées de l'autre côté après avoir récupéré sa commande. « Je ne vais jamais y arriver. » Ma voix n'est qu'un souffle mais il est teinté de désespoir. J'avais le sentiment d'être dans un calvaire sans fin et sans aucune moyen de m'en échapper.
Sujet: Re: Welcome to the party, Newbie | Jaelee #1 Mer 8 Mai - 18:46
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Jaesang & Leslee
Venir à son secours m’avait semblé presque naturel. Pas que j’avais un pseudo syndrome du sauveur ou autre, hein. C’était presque une nécessité ici de s’entraider tout autant qu’on le pouvait. Arriver pendant un jour d’effervescence n’avait rien de simple et encore moins quand on ne venait pas du coin. A sa place, j’aurais apprécié qu’on vienne me filer un coup de main, pour ne pas me sentir complètement lâché dans la fosse aux lions. Surtout chez nous, les gens pouvaient se montrer un peu tatillons et compliqués. Ça fait partie de notre identité, bien que nous ayons tous le cœur sur la main. Pour preuve, un simple sourire et un peu de courbettes avaient complètement désamorcé la situation. « Tu trouveras sûrement une occasion de défaire cette fausse idée. Rien qu’avec l’équipe, avec un peu de temps. » Il lui fallait simplement un petit temps pour se faire une place parmi nous, mais tout allait rouler comme sur des roulettes. Du moins je l’espérais pour elle. Les présentations se font et je m’assure de bien prononcer son nom, je ne voulais pas en plus commettre un impair en écorchant son nom. Elle allait vraiment croire qu’on ne faisait aucun effort sinon. « Lee. Ca marche. Beaucoup plus simple. » Et j’allais m’éviter des nombreux s qui ressemblent à des z. Je n’étais aucunement complexé par ce petit cheveu qui s’était posé sur le bout de ma langue, mais si je ne disais pas non à l’éviter de temps à autre. « Tu sais, tu devrais pas t’attarder sur un seul client. Ils savent avec qui ils peuvent tester ou pas. Ce n’est pas très logique, je sais. » Parfois, il fallait juste éviter de chercher des excuses aux gens. Certains n’ont pas envie de prendre le temps, d’autre d’être aimable. Ne pas se formaliser pour si peu semble plus facile à dire qu’à faire, mais on s’y habitue à force. On apprend à passer au-dessus. Le sujet dévie rapidement sur le bestseller de tous les coffee shop de Seoul, l’américano. Le saint café allongé. Presque plus d’eau que de café. Apprécié de beaucoup parce qu’il est peu fort et peu cher. Personnellement, j’en avais une sainte horreur. Si je consommais énormément de matcha, le café me dégoûtais profondément. Je me penche pour lui faire la confidence et elle me répond lentement pour que je puisse comprendre les mots qu’elle prononce. Ce qui me tire un rire quand je comprends. « Je pense être effectivement retiré du pays, si on l’apprenait. » Quelle tristesse, tout ça pour un truc au gout de jus de chaussettes. Trop peu pour moi. « Tu as une boisson de prédilection ? » Je l’interroge, un peu curieux. La carte ici était très fournie, mais pas sûre qu’on soit aussi riche en boissons que de là où elle venait. J’avais entendu dire qu’ils avaient de sacrées bizarreries.
Tu sors d’où ? J’aurais eu beaucoup de réponses à lui donner, mais tout de même. De ma maison ? Du métro ? Mais je décide de donner la réponse la moins stupide qu’il me passe par l’esprit. Je lui retourne la question, en souhaitant en apprendre un petit peu plus. Après tout, il n’y avait personne pour le moment au comptoir et les tables étaient toutes pleines, alors autant combler le temps. Puis c’était sympa de discuter. D’autant qu’elle avait l’air d’avoir des choses à raconter, du moins, je pensais. Il y avait quelque chose de tout à fait intriguant dans ses yeux, une sorte de mélancolie. Un éclat qui donnait envie d’en savoir un peu plus sur elle. « Los Angeles ? Aux États-Unis c’est ça ? » J’avais entendu tout un tas d’histoires sur cette ville, sur la concentration folle de stars qu’il pouvait y avoir là-bas. Une culture bien différente, il parait. « Rassures-toi, je pense que 95% des gens ici, sont là pour l’argent. On a tous des trucs à payer. » Je réponds en haussant les épaules. Si je n’étais pas là, je serais encore derrière une table à déchiqueter des organes pour la science. Rien que cette idée me tirait un frisson de dégout. « Ce serait parfaitement embêtant de t’empoisonner. Min ne serait pas super content. » Je cache à peine l’amusement dans ma voix. Une cliente fini par entrer et j’y vois une belle occasion de lui permettre de s’entrainer un petit peu, à prendre les commandes. Quoi de mieux que de la mettre en condition tout en lui offrant mon aide en cas de besoin. Elle s’excuse auprès de la jeune femme qui semble tout à fait compréhensive. Je la remercie d’un sourire, observant Leslee faire. Seulement elle bute sur un détail, l’arôme souhaité dans la boisson. Je me rapproche légèrement pour interroger la jeune femme qui me confirme que c’était bien deux pompes de sirop qu’elle souhaitait, mais pas de vanille. « Deux oui, mais de noisette. » Je l’informe, dans un sourire rassurant. C’était normal de se tromper. A qui il n’était pas arrivé de commettre une erreur le premier jour d’une prise de poste ? Personne. Je n’osais pas imaginer ce que ça donnerait, si moi je prenais son poste dans un pays que je ne connais pas avec une langue que je ne maitrise pas tout à fait. On envoie la commande en remerciant la cliente, avant de la regarder s’installer, satisfaite. « Je te trouve dure avec toi-même. » Je lance en entendant qu’elle soufflait à mes côtés. « C’est ton premier jour. Personne ne va t’en vouloir de te tromper. » Le patron était suffisamment compréhensif pour savoir que ce n’était pas volontairement de sa faute. Elle faisait de son mieux, pour quelqu’un qui débute. J’en avais fais des erreurs, moi aussi et j’étais toujours là. « Si jamais, la vanille, c’est presque pareille. Banilla. Ca te permettra de le reconnaître facilement. » On avait de la chance d’avoir des mots, qui à l’oreille sonnait un tout petit peu pareil. Quand on trouvait des similitudes on semblait un peu plus à l’aise. « Tu as pris quelques cours ? Ta phrase n’était pas si mal, tout à l’heure ! » C’était un compliment, promis. Je baisse les yeux sur son regard, terriblement attirant. Presque comme un aimant, c’était fascinant une telle teinte. Je tentais de ne pas trop la fixer, n’ayant pas envie de la mettre mal à l’aise, mais en même temps c’était foutrement malpoli de pas la regarder en lui parlant. « Tu fais des études ici ? Ou juste pour le travail ? » Je demande. Une part de moi ne pouvant pas s’empêcher de se dire qu’elle était peut-être là aussi pour tout ce que la Corée inspirait au reste du monde dernièrement. Même si à première vue, elle n’avait rien de ces nouveaux expatriés qu’on avait l’habitude de voir.
Sujet: Re: Welcome to the party, Newbie | Jaelee #1 Ven 10 Mai - 15:40
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Jaesang & Leslee
Lee. Ça marche. Beaucoup plus simple. Mes lèvres frémissent. J'avais remarqué le petit cheveu sur sa langue quand il s'exprimait en anglais et c'est terriblement agaçant. Pourquoi ? Parce que supprimait toute envie d'être en colère. Il faisait l'effort de parler dans un langage qui m'était familière et il avait ce petit zozotement tout à fait adorable. Misère. Ne pas se laisser attendrir par l'adversaire, Leslee. Je secoue la tête avant de lui démontrer par A plus B que ce n'était pas parce que j'étais nouvelle que j'étais la victime tout désignée pour un bizutage. Au contraire, à leur place j'aurais essayé d'être compréhensive et patiente pour éviter de stresser la personne en face de moi. Mais ça ne semblait pas être le cas des gens d'ici, qui semblaient indifférents à tout. « C'est justement ça le problème : ils ne devraient pas tester du tout. » je rétorque, mes yeux roulant dans leurs orbites. C'est bien ce qu'ils ne comprenaient pas, dans ce pays. « Et oui, vous êtes des spécimens incompréhensibles. » Même si je savais qu'il fallait s'y habituer, je n'avais pas envie de banaliser le manque de respect des êtres humains envers leurs congénères. Si ça m'était arrivé aux States, j'aurais agi de la même façon parce que l'impolitesse était quelque chose qui me rendait furieuse. Là, c'était plus particulier parce que ça se passait dans un endroit où les moeurs n'étaient pas très ouverts sur le monde. Si j'avais été une stagiaire tout ce qu'il y a de plus coréenne, il n'aurait pas été aussi virulent. Mais j'étais une étrangère et j'avais le malheur de ne pas parler couramment leur langue. Déjà deux défauts de trop pour leurs âmes étriquées. Pour ne pas envenimer la conversation, je dévie sur un autre sujet. Toutefois aussi fâcheux que le premier. Le best-seller des boissons du pays. Ou le truc le plus infâme qu'il m'aie été donné de goûter. Ils arrivaient à s'en enfiler des litres tout au long de la journée alors que la simple idée d'en siroter deux gorgées me donnait envie de m'arracher la peau avec les ongles. Dégueulasse. Il remonte un poil dans mon estime quand il affirme ne pas l'apprécier non plus. Juste un peu. Il n'avait pas trop des goûts de chiotte, semblait-il. « Pas particulièrement. Ça dépend de mon humeur. » je lui explique, en haussant les épaules. Puis je mime un sourire d'un geste des doigts. « Contente ? Un vanilla latte avec plein de chantilly. » Aussitôt, j'esquisse un air mécontent, les sourcils froncés. « Pas contente ? Un expresso bien noir comme mon âme de bad girl. » Je n'avais pas de boisson favorite à proprement parler. Et j'aimais bien essayer de nouvelles choses. Même si je restais relativement classique, comme cliente. Pas de grosses folie ou de saveurs décalées. La simplicité me convenait très bien. « Et toi ? » je demande, la tête penchée sur le côté. J'étais curieuse de savoir ce qui pouvait bien trouver grâce à ses yeux s'il n'était pas friand du saint americano.
J'essaye de ne pas trop penser à Los Angeles et tout ce qui était resté là-bas, sous peine d'être envahie par une vague de nostalgie. Ma ville me manquait. Mes amis me manquaient. Mes points de repère. Ma stabilité. Tout. Alors j'abrège rapidement, désireuse d'en finir au plus vite avec les questions à ce sujet. Et je l'observe tout en jouant avec mon verre d'eau, un rictus au bord des lèvres. « Je crois qu'il s'enlèverait une épine du pied, à mon avis. » je grommelle. Avant d'échouer à réprimer un éclat de rire devant son air complètement perdu. Ah oui, l'utilisation des expressions. En effet. Je visualise la scène qu'il doit avoir en tête et je glousse à nouveau. « Je pense qu'il s'en porterait mieux si je n'étais pas là, si tu préfères. » je rajoute, les lèvres encore frémissantes. Je me pointe du doigt. « Lee, gyeolseoghan. » Puis je désigne le couloir qui mène au bureau du responsable. « Min-Kyung, haengboghada. » Voilà à quoi j'en étais réduite, faute de plus de connaissances. Après ça, je finis par retenter l'expérience de la caisse. Et j'ai une lueur d'espoir, l'espace d'un instant. Très vite éteinte par une nouvelle incompréhension de ma part. Je te trouve dure avec toi-même. Je lève les yeux vers lui, sans pouvoir m'empêcher de le contempler une nouvelle fois. Il avait des traits d'une finesse presque indécente, qui le rendaient délicat sans lui enlever sa masculinité. Un mélange d'une justesse troublante, presque irréelle. « Si je ne le suis pas, les autres se feront un plaisir de l'être pour moi. » je siffle, entre mes dents serrées. Avant de hausser un sourcil. « Tu as déjà oublié ce qui s'est passé il y a dix minutes ? Tu as la mémoire courte. » Je fronce les sourcils à ses paroles, les lèvres ourlées en une moue dubitative. « Banilla ? Juste une lettre qui change ? » Ils ne se foulaient pas, ceux là. « Mouais. » Pas convaincue. Mais au moins, ce n'était pas bien compliqué à reconnaître, il avait raison. Je détourne le regard quand il se met à me fixer intensément, subitement embarrassée. « Non. C'est ma belle-mère qui m'a appris quelques phrases utiles. » j'avoue timidement, les pommettes en feu. Hors de question de lui dire que j'utilisais une application pour apprendre sa langue. C'était trop la honte. Tu fais des études ici ? Mes ongles tapotent doucement contre le vernis du comptoir et je passe une main dans mes cheveux pour les repousser en arrière. « Je suis à l'université. » je réponds avant de terminer mon verre d'eau d'une seule traite, tout à coup déshydratée. « Ça veut dire que je vais peut-être tomber sur toi dans les couloirs ? » je l'interroge, les lèvres plissées. Et même si je faisais la fine bouche, une partie de moi espérait que ça serait le cas. Croiser une tête familière avait quelque chose de rassurant, dans cette jungle hostile. La clochette tinte à nouveau, me faisant sursauter et je me tourne, avisant un groupe d'adolescents qui s'avancent gaiement jusqu'au comptoir. Et je lui intime de reprendre sa juste place derrière celui-ci, au niveau de la caisse. « Prends la commande. Je n'ai pas envie de me ridiculiser à nouveau. » Je me redresse, lissant le tablier noué autour de ma taille et je pointe les machines de la main. « Je m'occupe des boissons, d'accord ? Toi tu fais des sourires et tu prends l'argent. »
Sujet: Re: Welcome to the party, Newbie | Jaelee #1 Ven 10 Mai - 23:52
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« Des spécimens incompréhensibles ? On est parfaitement compréhensibles. On n’a juste pas vraiment la même manière de fonctionner qu’ailleurs, c’est tout. » Je réponds à peine sur la défensive. Je voulais parfaitement bien entendre que c’était compliqué de se faire à notre culture, parce que nous n’avions pas les mêmes rites et coutumes qu’ailleurs, mais ça ne faisait pas de nous des gens incompréhensibles. Ici, les gens se fichaient de tout, mais pas vraiment des étrangers. C’était malheureux, mais c’était la réalité. Et bien que je ne sois pas d’accord avec ça, pas du tout, on ne pouvait pas nier que l’atmosphère n’était pas toujours au beau ciel bleu pour tout le monde. Il fallait que les mentalités changent, mais c’était difficile. Rome ne s’était pas faite en un jour. Je savais que des deux côtés il y avait des choses à déconstruire. Mais prôner la paix et le bonheur pour tous, sonnait un peu trop cheesy. Elle s’attaque à l’americano et je la toise quelques secondes. Elle cherchait à se faire des ennemis ici, c’était certain. Je ne ferais pas parti de ceux-là, mais je craignais pour sa vie. Il n’existait rien de pire sur terre que le jus de chaussettes. Je l’interroge finalement sur ses goûts en matière de boissons, parce que quitte à savoir ce qu’elle n’aime pas, autant aussi savoir ce qu’elle aime, ça pouvait être utile pour lui préparer quelque chose, un matin où tout le monde est en réunion et qu’il faut faire distribution de ration de survie. Elle mime ses paroles et ça me tire un vif sourire. Au moins, avec ça, je comprenais ce qu’elle voulait dire. « Une âme de bad girl, je note. » Dis-je en sursaut à ses paroles. Elle n’avait pas l’air de faire de mal à un chat, elle avait simplement l’air un peu blasé de temps à autre, mais ça n’enlevait rien à son charme, bien au contraire. « J’adore le matcha, je pourrais en boire des litres et des litres. C’est ce que je bois la plupart du temps. » Je réponds, salivant rien qu’à l’évocation de cette boisson des dieux. On en avait une version ici, qui consistait à de la poudre de thé noir aux notes de chocolat et de cacahuètes, mais j’étais bien moins friand de cette variante. « Sinon j’aime bien de temps en temps un latte caramel, pour un peu de fantaisie et beaucoup de sucre. » Une tasse de trop et on me voyait arpenter la ville en courant à toute vitesse. Un esprit joyeux mais une résistance au sucre terriblement réduite.
Elle ne s’épanche pas sur sa ville d’origine et je respecte ça. Ça ne devait pas être simple de quitter un endroit qu’on a toujours connu, qu’importe la raison. Je pense que loin de Séoul, je serais parfaitement perdu. Je n’insiste pas et on passe à d’autre questions. Elle en parlera si elle en a envie. Je crois qu’il s’enlèverait une épine du pied, à mon avis. Error 404. Attendez, on peut rembobiner ? Une épine ? Dans son pied ? Comment ça pouvait être possible ? Je lui jette un regard terriblement perplexe. Ils avaient des expressions vraiment étranges, par-delà l’océan. Je comprends finalement ce qu’elle veut dire après qu’elle ait répété et imagé ses paroles. « C’est quand même étrange cette histoire d’épine ! » Je commente, les sourcils froncés. « Et je suis pas sûr. Attends quelques jours avant de dire ça. » Notre petite discussion est entrecoupée d’une nouvelle tentative de prise de commande et j’essaie tant bien que mal de relativiser. « C’était un idiot. Puis si tu te focalises que sur le négatif, tu vas te démoraliser encore plus. » ET personne n’allait la blâmer. C’était fou de penser comme ça, je pensais qu’il n’y avait que les coréens pour se mettre autant la pression pour des choses qui ne sont pas de leur ressort. « Oui ! C’est fou. On a quelques mots comme ça, qui sonnent de la même manière. Je trouve ça intéressant. Comme keopi, ça veut dire café. » Et c’était dans le contexte de notre journée. Apprends le coréen avec Jaesang. Néanmoins, il y avait quelque chose qui n’avait pas besoin de traduction et c’était la délicatesse de son visage. Elle avait quelque chose de magnétique, envoûtant. Comme une petite fée un peu mécontente, mais qui a une certaine douceur. « Oh je vois ! Au moins tu ne te retrouve pas complètement perdue. » Quelques phrases utiles, c’était déjà assez pour se débrouiller un temps soit peu. Elle allait continuer d’apprendre à mesure. Le rose était monté à ses joues, les faisant ressortir délicatement sur son visage. Je suis presque fasciné. Ici les filles sont tellement maquillées, qu’il est rare de voir rougir quelqu’un de manière naturelle. C’est presque attendrissant. « Ah oui ? Tu étudies quoi ? » Je la voyais bien en quelque chose d’artistique ou de littéraire, ça me semblait bien aller avec la personnalité qu’elle dépeignait. « Probablement oui, si on est sur le campus en même temps, on risque de se croiser ! » Et ce serait même très chouette. Elle avait vraiment l’air sympa de se croiser là-bas. Un cadre un peu plus détente que le travail, en tout cas. Cinq adolescents finissent par entrer vêtus encore de leurs vestes d’école. La même que moi j’avais porté, tiens donc. A l’invitation de Leslee je reprends ma place derrière le comptoir., mais sa phrase m’offusque. « Prendre l’argent ? Mais je ne vais pas voler le café !! Vous prenez l’argent des clients vous ?? » Je demande perplexe, avant d’accueillir les jeunes gens qui venaient d’entrer. J’écoute et tape rapidement les commandes sur la machine et étiquettes les gobelets au fur et à mesure, avant de les envoyer vers Leslee. « Il y a 3 americano, un latte nature et un golden cappucino. » Je lui indique en les mettant dans l’ordre et lui lançant un sourire qui se voulait rassurant. J’invite les clients à passer de l’autre côté et à patienter tranquillement. Mais très vite, je comprends qu’elle est complètement perdue. Cinq boissons en même temps et trois process différents, elle avait du s’embrouiller les pinceaux. « Je vais t’aider ! » Je lui indique en passant derrière elle, tout proche. Je m’arrête quelques millisecondes à cette idée. C’était vraiment très proche, quand même et je suis particulièrement réchauffé à cette idée. Dans le bon sens du terme, bien sur. Qu'on ne s'imagine des choses peu respectable. « Regarde, c’est dans cet ordre plutôt. » Dis-je en attrapant le gobelet. Je le remplis d’abord de la dose de sirop recommandée, j’ajoute le lait mousseux et ensuite l’expresso. Je décore le tout d’une poudre de cacao dorée, avant de poser le gobelet sur le côté et d’attaquer avec la suite, en tentant de lui expliquer au fur et à mesure comme je le pouvais. C’était parfois plus simple à faire qu’à expliquer, surtout quand on n’a pas tout le vocabulaire. Je termine par préparer les trois americanos et toute la commande est ensuite envoyée. « And voilà ! » Mon ton est tout à fait théâtral, mais c’est fait exprès. « Pour les americano c’est le plus simple. Mais je dois bien reconnaître que le reste était assez spécifique. » Je commente. Non parce que j’avais cerné la dame, elle allait potentiellement se braquer parce qu’elle n’avait pas réussi. Ce qui était particulièrement frustrant, parce qu’on ne peut pas savoir tout faire sur le bout des doigts, après quelques heures de travail seulement. « Si tu veux, il y a un cahier avec tous les process, à l’arrière. Ou tu peux te faire le tiens aussi. Comme tu préfères. » Je lui propose. Avoir un support ça pouvait aider à retenir. « Tu as demandé à Min, qu’il te donne un binôme pour le travail ? Ca te permettrais de pouvoir apprendre tranquillement et d’être moins embêtée, les premiers temps. » Un peu comme un parrainage, pour qu’elle puisse s’adapter à son rythme.
Sujet: Re: Welcome to the party, Newbie | Jaelee #1 Mer 15 Mai - 20:37
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Jaesang & Leslee
Je n'avais pas toujours voué une adoration sans bornes au café. Pendant plus de la moitie de ma courte vie, je l'avais même détesté. Pour moi, ça se résumait à la boisson forte et amère que mon père buvait tous les matins avant d'aller fumer sa clope sur la terrasse. Je n'y avais jamais trouvé un quelconque intérêt. Puis j'ai grandi, j'ai fais mes expériences et j'ai découvert un autre monde. D'abord avec une ou deux cuillères de sucres, pour transitionner. Tout ça pour finir par siroter mon café noir la plupart du temps, sans la moindre trace de glucose. Comme quoi, la vie était étonnante. Et ça prouvait à quel point on pouvait changer avec le temps. Ça ne m'empêchait pas d'opter pour un immense latte à la vanille avec une tonne de chantilly quand l'envie m'en prenait mais j'avais fait un long chemin avant d'arriver sur la Sainte Voie de la Caféine. J'explique à Jaesang que tout dépend de mon humeur, à renfort de gestes et de mimiques pour décrire mes paroles. Une âme de bad girl, je note. Il n'avait pas l'air bien convaincu, le bougre. Pourtant il ne savait même pas dans quoi il venait de se fourrer, avec moi. Je l'interroge à mon tour et je fronce les sourcils. « Jamais goûté. » je souffle, avec une petite moue dubitative. « Mais je veux bien te faire l'honneur d'essayer. » Je n'avais jamais vraiment prêté attention à cette boisson verdâtre mais je ne voulais pas mourir bête. Un rictus étire néanmoins mes lèvres à la suite de ses explications et je hausse les épaules. « Je me disais bien que tu ne pouvais pas être aussi parfait. » je lâche, avant de me figer en me rendant compte de la portée de mes paroles. Merdemerdemerde. « Enfin, je veux dire que ça me rassure. Il y a au moins quelqu'un ici qui aime des trucs normaux. Et comestibles. » je rajoute à toute allure, les joues cramoisies. Mes fonctions cérébrales semblaient avoir drastiquement diminué en sa présence. Ce garçon était une réelle menace. La conversation se poursuit et je ne m'épanche pas particulièrement sur ma ville d'origine, peu désireuse d'enfoncer le couteau dans la plaie. Et j'enchaîne en expliquant au brun que Min-Kyung serait sûrement plus tranquille si je n'étais pas dans les parages. Un problème de moins à gérer. Mais j'aperçois son air perplexe et je reprends avec des paroles plus simples pour qu'il comprenne là où je voulais en venir. « Une expression, rien de plus. Les vôtres sont carrément mystiques, à côté. » je renchéris, croisant les bras sur ma poitrine. « On verra bien. Mais je n'ai pas trop d'espoir. » Si ça continuais comme ça, j'allais vite me retrouver à devoir arpenter les rues pour trouver un autre job. Autant dire que j'allais devoir errer un sacré moment avant de voir une porte s'ouvrir pour quelqu'un comme moi.
Nous sommes interrompus par l'arrivée d'une cliente et je me retrouve à nouveau dans le pétrin à cause d'un problème de communication. Je grommelle, dépitée et je n'arrive pas à me satisfaire des encouragements de Jaesang. « Parce qu'il y a quelque chose de positif sur lequel se baser, là ? » je cingle, en esquissant une moue boudeuse. Cependant, il ne s'en formalise pas et j'arque un sourcil quand il m'explique les similitudes de phonétique entre certains mots. Vanilla, banilla. Coffee, keopi. Ils ne s'étaient pas emmerdés, ceux-là. J'acquiesce, les lèvres plissées avant de détourner les yeux à sa remarque. Non, je n'avais pas encore pris de cours. Et je repoussais ce moment autant que possible. Je préférais me débrouiller toute seule. « Ouais. » Si on pouvait dire ça comme ça. Ce n'était pas grand chose et ça ne m'aidait pas toujours. Mais ça suffisait à me faire retomber sur mes pattes. Dans un sens, c'était agréable de pouvoir parler anglais avec quelqu'un d'autre que mon père et ma belle-mère. Et plus que trois mots pour demander un Coca ou mon chemin en sortant du métro. Celui de Jaesang était plein d'imperfection mais ça ne le rendait que plus authentique. Qu'il s'efforce de poursuivre était comme une main tendue dans ma direction, que je ne pouvais pas m'empêcher d'apprécier à sa juste valeur. Intérieurement, du moins. « Arts appliqués...Jang-injeongsin et Seolgye ? » je tente maladroitement, me rappelant du nombre incalculable de fois où j'avais pu l'entendre depuis que j'étais arrivée à l'université. Quand j'avais vu leur spécialisation en Artisanat et Design, je n'avais pas hésité une seule seconde. J'attendais sa réponse quand à son domaine d'études quand des adolescents investissent le café, nous forçant à reprendre notre travail. Je l'enjoins à tenir la caisse pendant que je m'occupe de préparer les boissons avant de laisser échapper un éclat de rire sonore en le voyant s'offusquer. « Tout à fait. On prend leur argent, leurs objets de valeur et leur numéro de téléphone. Au minimum. » j'explique, faussement sérieuse. Avant de rire à nouveau, poursuivre aussitôt malgré les trémolos dans ma voix. « Une expression, Jaesang. C'est une expression. » je lâche, des larmes au bord des yeux. « Tu nous prends pour des sauvages ou quoi ? » je ronchonne, pivotant pour reprendre mes petites affaires du côté des machines à café.
Mais je me rends compte très vite que ce n'est pas si facile de s'improviser barista et j'essaye de refaire les recettes les plus simples de tête, me remémorant la manière dont mon collègue les avait préparés le matin même. Néanmoins, c'est approximatif et je vois les aiguilles de l'horloge tourner, augmentant mon stress par la même occasion. D'un seul coup, je sens la présence de Jaesang derrière moi et je me raidis quand le bas de son pull effleure mon dos par inadvertance. Ses paroles me semblent lointaines, l'espace d'une seconde et je secoue la tête pour chasser les pensées bizarres qui affluent dans le creux de ma tête. Puis il continue son chemin pour passer de l'autre côté et je me rappelle de respirer, baissant les yeux sur ses mains pour observer la manière dont il manipulait les différents composants de la boisson. « Merci. » je murmure du bout des lèvres, honteuse. Il prenait même le temps de m'expliquer les choses avec patience, étape par étape. Silencieuse, je l'écoute et j'essaye d'enregistrer les informations dans un coin de ma tête. Quand il n'arrivait pas à se faire comprendre par la parole, il imageait par des gestes et j'arrivais quand même à saisir l'essentiel. Mes lèvres frémissent à son geste théâtral et je m'empare du plateau pour le porter précautionneusement jusqu'au comptoir. Je m'incline légèrement en remerciant les clients avant de le rejoindre. « J'ai encore foiré mais je vais faire comme si je te croyais, ok ? » je soupire, avant de m'appuyer de nouveau contre le comptoir. Je fais la moue, songeant à ce fameux cahier quand il m'interroge à nouveau et je lève les yeux dans sa direction. Nom d'un chien, c'était presque douloureux de le regarder tellement il avait l'air gentil. Il avait l'air de sortir tout droit d'une série télévisée. « Non. » je réponds entre mes dents. « Et je ne pense pas que quelqu'un se dévouerait pour moi. » Je voyais déjà la perte de temps et d'énergie que ça allait engendrer. « Je me débrouillerai toute seule. » Je l'avais toujours fait jusqu'à maintenant et j'avais toujours réussi à m'en sortir. Mais ça ne semble pas le convaincre et je le vois déjà ouvrir la bouche pour me répondre. « Quoi ? Tu te portes volontaire c'est ça ? » Je crois que ma raillerie doit s'entendre depuis Santa Monica. Je me détache du meuble pour faire un pas dans sa direction, réduisant la distance. « Réfléchis deux fois à ce que tu vas dire. Parce que je peux être vraiment insupportable, quand je m'y mets. » Un rictus de défi ourle mes lèvres et je le regarde sans ciller. « L'Enfer c'est les vacances, à côté. »
Sujet: Re: Welcome to the party, Newbie | Jaelee #1 Jeu 16 Mai - 10:09
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Jaesang & Leslee
« Je me ferais l’immense honneur de te faire déguster cette boisson des dieux. » J’en ferais même une mission. Le matcha était une boisson beaucoup trop parfaite pour qu’elle ne puisse pas en tester le goût et les bienfaits. J’avais découvert ça en commençant la fac et je n'avais su m’en passer depuis. Cependant, dans les jours où je me sentais un peu plus gourmand, je n’hésitais jamais sur quelque chose de bien plus sucré qui me vaudrait sûrement un peu de diabète plus tard. Je fais part de ce petit écart de consommation qui me vaut une phrase qui me fait écarquiller grand les yeux. Parfait ? Elle a bien dit ce que j’ai bien entendu ? Elle se rattrape ensuite et ça me tire un grand sourire. « Ah tu sais, on a pas tous des pannes de palais. Je pense que certains ont les papilles brûlées par excès de kimchi. » Et si seulement il n’y avait que le kimchi pour annuler nos sens gustatif. Les trois quarts de la nourriture ici était fortement épicée. Mais ça valait le coup. Un bon coup de chaud, ça vivifie. On avait rapidement le visage bien rouge, mais ça valait le coup. Elle, n’avait visiblement pas besoin de piment pour rougir et ça lui allait terriblement bien. C’était rare de voir des filles rougir naturellement ici. Pas que j’avais quelque chose contre ça, mais c’était un fait. Il y avait parfois un peu trop de maquillage sur le visage de certaines. En tout cas, cette petite teinte rosée lui allait fort bien. C’était plaisant à regarder et ça faisait quelque chose à l’intérieur de moi, de me dire que j’allais peut-être être spectateur de ça plusieurs fois par semaines, si elle ne prenait pas la fuite ou que Min ne la mettait pas à la porte. Ce qui, entre vous et moi, ne risquait pas d’arriver, parce que c’est un homme indulgent et qu’il devait bien être conscient qu’elle démarrait seulement. Dans ma tête tourne encore cette histoire d’épines dans le pied, les images absurdes qui vont avec. Je secoue la tête pour effacer ces idées saugrenues, avant de m’insurger à l’entente de ses paroles. « On a des expressions très claires nous. Je ne vois pas de quoi tu parles. On ne se mets pas des épines dans le pied, en tout cas. » Oui, j’allais probablement bloquer là-dessus un petit moment. « C’est dommage. On fait beaucoup de choses avec un peu d’espoir. »
Si c’était facile de taper sur un écran rapidement une boisson avec le supplément, ça l’est beaucoup moins quand le dialecte n’est pas familier. Ce qui s’entends parfaitement. Je trouvais qu’elle faisait déjà beaucoup d’effort et c’était tout à son honneur. A sa place, je serais sûrement dans le même état et j’aurais vraiment apprécié un peu d’indulgence. « Elle n’est pas partie en courant, ne t’as pas crier dessus et a été compréhensive sur le fait que ce soit ton premier jour. Mieux, elle a même répété plus lentement pour que tu puisses comprendre. » J’énonce. Autant de faits positifs qu’elle ne voyait pas, parce qu’elle ne retenait que le négatif. Typique du pessimisme, mais pas chez moi. Je savais les Coréens exigeants, mais les américains ça semblait être un tout autre niveau. Mais je me mettais à sa place, tout ça ne devait pas être simple. D’autant plus si personne n’avait fais ‘effort de lui parler un minimum dans sa langue pour la mettre à l’aise. Je n’avais pas du tout la prétention d’être expert, loin de là. Mais je tentais de tenir la conversation comme je le pouvais avec mes erreurs de langage et mes accents un peu foireux. Le tout c’était d’essayer. C’était le premier pas vers l’amélioration. Puis ça me faisait de l’entrainement pour un possible voyage un jour. « J’étais sûr que tu faisais de l’art ! » Je lâche, joyeux, quand elle m’annonce sa filière. J’aurais pu le parier. « Enfin, je trouve que ça te corresponds bien ! » J’ajoute, dans un sourire avant de poursuivre. « Moi j’étudie l’Histoire, avec une spécialisation dans la civilisation coréenne et un peu de sociologie. Rien d’exceptionnel. » Mais c’était terriblement intéressant. D’autant plus que maintenant, je savais qu’on allait sûrement pouvoir se croiser à la fac, puisque l’histoire et l’art étaient dans les mêmes bâtiments. C’était plutôt une bonne nouvelle. Je suis interrompu dans mon flot de pensées par la cloche qui tinte et je reprends gentiment mon poste derrière le comptoir, avant de m’insurger à nouveau. « Je ne viendrais jamais dans un café en Amérique !! » Je lâche, avant de froncer les sourcils et de lui lancer un regard noir. Elle se moquait, la saleté. C’était une expression, encore une tournure de phrase bien étrange. « Non, non pas du tout. Mais vous avez des manières de parler bizarres, quand même. » Je finis par me concentrer à nouveau et de prendre la commande.
Finalement, je me rends à ses côtés en la voyant se compliquer la tâche plus que de raison et commencer à s’embrouiller les pinceaux. Je passe dans son dos et la frôle sans le vouloir. Ce qui me déconcentre quelques micros secondes. D’autant plus quand je la vois se raidir. Au secours, promis j’ai pas fait exprès. Je me place à ses côtés pour lui montrer les étapes aussi doucement que possible pour qu’elle ait le temps d’enregistrer et de se souvenir. A son merci, je lui réponds par un sourire, avant de continuer l’assemblage des boissons. Elle dépose finalement le plateau devant les clients et se tourne à nouveau vers moi. Je désamorce tout de suite les choses, mais ça n’est pas aussi concluant qu’espéré. Un soupire m’échappe. « Tu n’as pas foirée, tu apprends. » Je lâche finalement, d’un ton un peu plus appuyé. Elle devait vraiment souffler un coup et se détendre. Je ne pense pas que quelqu’un se dévouerait pour moi. J’hausse un sourcil curieux, avant qu’elle ne me coupe la parole. Tu te portes volontaire, c’est ça ? Elle s’avance à ma hauteur, enfin presque, puisque je la dépasse facilement d’une tête, avec un air de défi sur le visage. Il n’en faut pas plus pour me faire rire et me décider. « J’ai pas peur des défis et encore moins de l’enfer. » J’allais déjà probablement y aller pour tous les affronts que j’avais fais à mes parents. « Je ne vais pas te lâcher, je te préviens. » Si je proposais à Min de l’aider à faire son intégration et sa formation, c’était vraiment de bon cœur. « J’irai voir Min, en terminant tout à l’heure. » C’était pas comme si elle avait le choix de toute manière. Je n’allais pas la laisser dans le grand bain, sans l’aider, sinon elle allait clairement déprimer non-stop. C’était quand même plus sympa de l’entendre rire. C’était comme un joli tintement à mes oreilles et surtout ça sonnait terriblement naturel chez elle. « Puis tu sais, si moi, je ne te l’avais pas proposé, quelqu’un l’aurait fait. On n’est pas des monstres. » Du moins, j’avais espoir que quelqu’un se soit dévoué pour l’aider. « Et je suis sûr que tu n’es pas si pire que tu le prétends. C’est pour te donner un air de bad girl » Dis-je en reprenant son expression de plus tôt. Mais si je devais etre honnete, elle ne trompait personne. J'etais sur, qu'elle n'etait pas ce qu'elle voulait bien pretendre, les apparences, c'est facile à tromper. Je savais de quoi je parlais. « Sinon, Séoul te plais ? Tu as pu visiter un peu depuis que tu es arrivée ? » Je la questionne un peu, curieux. La ville était si riche que c’était presque dommage de ne pas l’arpenter. Toute la Corée avait des paysages magnifiques. On avait beaucoup de chance de vivre dans un tel pays, sur ce plan.
Sujet: Re: Welcome to the party, Newbie | Jaelee #1 Mer 22 Mai - 15:27
americano tastes like shit and nobody speaks english
Jaesang & Leslee
Elle n’est pas partie en courant, ne t’as pas crié dessus et a été compréhensive sur le fait que ce soit ton premier jour. Je plisse les lèvres, boudeuse. Certes. Mais ça ne faisait pas tout. Et ça ne changeait rien au fait que je n'avais pas réussi à gérer une seule commande toute seule et sans erreur. De toute manière, la problème principal restait la barrière de la langue. Ils étaient nombreux à ne pas parler anglais - chose ahurissante vu la quantité astronomique de mots anglophones dans leur vocabulaire - et je n'avais pas assez de connaissances en coréen pour équilibrer. Nous étions donc dans une impasse. Chouette. « Whatever, Jessica. » je souffle, dépitée. Avant d'aviser son air perplexe. Ah. Oui. La barrière de la langue. Qu'est-ce que je disais ? « Laisse tomber. » je rajoute, en lui faisant signe de passer à autre chose avec la main. Pour l'instant, je savourais juste le fait de pouvoir parler avec quelqu'un dans ma langue maternelle. Mais je savais que je n'allais pas pouvoir échapper à quelques cours pour remonter mon niveau, sans quoi ça allait devenir vraiment problématique. Je finis par avouer mon cursus universitaire et je vois ses yeux scintiller d'un seul coup. Je baisse les yeux sur ma tenue avant de les relever dans sa direction. Est-ce que ça se voyait tant que ça ? Il poursuit et ses paroles font frémir mes lèvres. En effet, je n'avais pas vraiment la dégaine de la bio-chimiste en devenir. Encore que ça aurait été badass, en plus de faire son petit effet. Je l'interroge à mon tour et je retiens à peine un gloussement en découvrant son propre domaine. Il lui allait comme un gant. « Rien d'exceptionnel ? Tu déconnes ? » je m'insurge, en pinçant l'arête de mon nez entre deux doigts. « Tu vas devenir une encyclopédie vivante et tu trouves ça banal ? » Je finis par croiser les bras à nouveau, désarçonnée par leur manière de voir les choses. Si ça ce n'était pas exceptionnel, alors qu'est-ce qui l'était ? Néanmoins, je ne peux pas m'empêcher de ricaner quant à sa spécialisation. « En tout cas, tu as trouvé un moyen de te rattraper pour ta traîtrise à la nation. Des études patriotiques. C'est plutôt malin. » En tout cas, on avait la possibilité de se croiser sur le campus. En théorie, du moins. Parce qu'en pratique, il était immense et que même si nos cursus étaient regroupés dans le même bâtiment, il y avait une faible probabilité de se voir. Néanmoins, je ne pouvais pas nier que ça avait quelque chose de rassurant.
Même si je préférais être écartelée plutôt que de l'avouer.
Mes épaules tressautent à nouveau en l'entendant s'indigner et je finis par mettre fin à ma farce. En fait, ne pas être linguistiquement sur la même longueur d'onde avait quelques avantages. Et je n'allais pas me priver de m'en servir. « Je dirais plutôt qu'on a un langage fleuri. » je réponds, avec un sourire amusé. Mon Dieu, les possibilités étaient infinies. Cependant je poursuis en apercevant ses sourcils froncés. « Pour résumer, je dirais qu'on est plutôt créatifs, en Occident. » Puis je pivote pour me mettre à la confection des boissons. Mais je m'arrête très vite, submergée par la confusion. Où est-ce qu'il fallait ajouter de la chantilly ? Est-ce qu'elle était même incluse dans la préparation ? Je n'en savais foutrement rien et je n'avais aucun guide sous les yeux pour m'aider à en venir à bout. Tout était écrit en coréen et je ne savais, aux dernières nouvelles, toujours pas le lire. Jaesang finit par venir encore à ma rescousse et je l'observe faire, silencieuse. Si j'avais à le décrire avec un seul mot, celui qui me venait immédiatement en tête était délicat. Dans les traits de son visage, presque androgynes. Presque. Dans la douceur de sa voix ou dans la manière élégante qu'il avait de manier les ustensiles pour achever les derniers détails, les traits plissés par la concentration. Étonnement, ça atténuait la frustration que je pouvais ressentir face à ma propre impuissance. Il y avait quelque chose d'apaisant dans ses gestes, de consciencieux. Il prenait chaque étape avec un soin tout particulier, comme si tout avait une importance capitale. Mais la commande prend vite forme, disposée joliment sur un plateau et je m'empresse de l'amener au comptoir pour dissiper le sentiment de fascination qui s'était créée l'espace d'un instant. Pourtant, je n'arrive pas à me défaire de cette sensation d'insatisfaction. Il avait beau chercher à arrondir les angles, ça ne me suffisait pas. Je n'aimais pas l'échec. Et encore moins dans un pays qui semblait me mettre constamment au défi. « C'est compliqué d'apprendre quand on a pas tous les outils en main. » je bougonne, avant de lui assurer que personne ne se dévouera pour me prendre sous son aile. Autant se rejouter un poids sur les épaules.
Je vois déjà ses lèvres remuer et je prends de l'avance sur lui, remettant son volontariat en question. Il ne savait même pas dans quoi il mettait un pied. Je m'approche, l'observant sans ciller. Mais il fait approximativement trois mètres cinquante et je dois lever la tête pour le regarder dans les yeux. Foutus géants. Que la personne qui a dit que les asiatiques sont tous des nains vienne répondre de ses actes parce que c'est un mensonge. Balivernes. « Tu ne viendras pas pleurer quand tu te rendras compte que je suis insupportable. » je susurre, impertinente. « J'ai une capacité d'attention d'un enfant de deux ans drogué au sucre et je m'ennuie très vite. Bonne chance, camarade. » je rajoute pour l'enquiquiner, mimant un salut militaire pour accompagner mes paroles. Je donnerais cher pour voir la tête de Min-Kyung quand Jaesang allait lui en toucher deux mots. Il allait très certainement lui souhaiter la même chose que moi. « Je n'en suis pas sûre. Ils ont d'autres chats à fouetter. Ou alors ils l'auraient fait par pitié. Et ça, c'est hors de question. » je réplique, les sourcils froncés. Je n'étais pas un cas de conscience et je ne voulais l'être pour personne. Je hausse les sourcils à ses paroles, mes poings venant se poser dans le creux de mes hanches déjà quasi inexistantes. « Et tu te bases sur quoi pour dire ça ? Tu ne me connais pas. Peut-être que je suis vraiment une bad girl et que tu es déjà sous mon emprise. » je poursuis, en hochant la tête pour appuyer mes mots. Même si je ne devais pas être terriblement crédible avec mon petit haut à fleurs et mes ongles couleur lilas. Peu importe. On dit que l'habit ne fait pas le moine. Et il allait l'apprendre à ses dépends. Néanmoins, Jaesang change de sujet et je plisse les lèvres à sa question. « Tu veux vraiment mon avis ? Ça sent les égouts et il y a des boîtes de nuits qui sont interdites aux étrangers. Et je n'ai jamais vu des métros aussi silencieux de toute ma vie. » je commence, rattrapant le bord du comptoir et tapotant le vernis du bout des ongles. « Mais non, je n'ai pas vraiment visité. Je ne sais même pas où aller, vu que je ne peux pas lire vos panneaux et qu'il n'y pas la moindre traduction nulle part. J'ai surtout traîné aux alentours du campus mais je ne suis pas allée bien loin. » je finis par avouer, la tête rentrée dans les épaules. « Quand je ne mets pas trois heures pour rentrer parce que je me suis perdue en chemin. » Puis je lève le nez vers lui, penchant la tête sur le côté. « Pourquoi ? Tu fais aussi guide touristique pendant ton temps libre ? Est-ce que tu sais ce que c'est de dormir, au moins ? »