Sujet: Brain malfunctions | Seajoon #1 Mar 4 Juin - 11:52
Uh-Uh. This can't be happening.
Seahan & Taejoon
« Tu aurais du voir la tête de Chungee hier soir, elle était complètement à l’ouest la pauvre. Eh-Oh, Sea ? Tu m’écoutes ? » Me hèle ma petite sœur, de l’autre côté de la table. Je relève une tête un peu perdue dans sa direction, décrochant de mon énorme mug de café. « Ca fait plaisir de prendre le petit déjeuner avec toi ! » Dit-elle en fronçant les sourcils. Un soupire s’échappe de mes lèvres, tandis que je me reprends pour reprendre pied sur la réalité. Je crois que si ça n’avait tenu qu’à moi, je serais bien restée au fond de mon lit. « Pardon, Li, naneun nappeun bam-eul bonaessda. Mwolago malhaess-eo? » Je l’invite à reprendre, tandis que j’entame grandement ce café dont j’avais tant besoin. J’avais cogité toute la nuit. Aujourd’hui était un jour important et surtout, il sonnait aussi un renouveau dont j’avais terriblement besoin ces derniers temps. « Je te parlais de Chungee ! Mais visiblement c’est de tes problèmes dont t’as besoin qu’on parles ! Tu vas finir par t’en remettre Sea, ta vie va reprendre son cours ! » Tiens donc. Je fronce les sourcils avant de m’enfoncer dans mon siège. « J’aimerais bien t’y voir à ma place. Je connaissais Rie-Min depuis toute petite. » Ma récente rupture avec mon premier petit ami était un sujet qui restait sensible malgré le temps qui avait passé. J’étais peut-être passé à autre chose, certains moments se rappelaient à ma mémoire, que je le souhaite ou non, d’ailleurs. Ce que je trouvais particulièrement désagréable, cela dit en passant. « Ca veut pas dire que tu vas pas refaire ta vie. T’as plein d’opportunités qui t’ouvrent les bras. Comme l’autre soir au bar. » Elle ajout, avant de plonger les yeux dans sa tasse. Je me souvenais de cette soirée comme d’un lointain souvenir. Malgré quelques flashs me rappelant ma débauche, je préférais la reléguer dans un coin de ma tête. Pas par regret, bien au contraire. La conversation suit gentiment son cours tandis que nos tasses se vident et qu’il vient déjà l’heure pour moi, de fuir et de suivre mes responsabilités.
En parallèle de tout le reste de mon travail, j’avais accepté un rôle d’intervenante pour le semestre à l’université de Séoul. Il y a quelques années qu’un cursus musical avait ouvert là-bas et il était en plein essor, malgré ce qu’on pouvait dire sur le milieu de la musique dans notre pays. Je travaillais pour les deux. J’avais composé et écrit de nombreuses chansons et mélodies pour des groupes de filles, parmi lesquels sortaient de grands noms. La lumière que ça m’avait apporté, était énorme, j’avais eu la chance de passer par beaucoup de boite de production, pour vendre mes morceaux. Tout ça, cependant, ne m’empêchait absolument pas d’adorer travailler avec de petits artistes indépendants. J’adorais faire mille et une chose de ma vie. Être toujours occupée, inspirée, stimulée, ça valait le coup d’être vécu. Le campus est absolument immense et il me faut quelques minutes pour trouver les bureaux dans lesquels j’étais sensée me rendre. Une petite réunion avec le directeur de la licence pour que je puisses me remettre en tête les objectifs et qu’il me remette la liste des élèves dont j’allais devoir m’occuper une à deux fois par semaine. Je n’étais là qu’à titre optionnel, mon intervention n’allait pas vraiment compter dans leur note finale, mais j’avais plein de choses à partager et j’espérais qu’on allait pouvoir faire un peu de musique aussi. Tout le rendez-vous se passe à merveille et me conforte dans le fait que ç’allait être de très bonnes semaines. « Merci encore, mademoiselle Gim. Vous allez voir, c’est un groupe super que vous allez avoir. » Dit-il dans un sourire, avant de m’ouvrir la porte. « Merci à vous de me faire confiance Professeur Hyin. » Il m’indique rester à ma disposition en cas de question ou de souci quelconque. L’accueil était génial, plus qu’à espérer que le cours, le soit lui aussi.
A l’aide du plan qui m’avait été remis, je me rends jusqu’à ma salle, où tous sont déjà présents. Je ne peux refreiner la petite sensation de stress qui vient se loger tout autour de mon estomac. Je n’avais jamais vraiment donné de cours sur le long terme. Tout ce, sur quoi je m’étais basée, c’était ceux que j’avais pu suivre, à titre personnel. Je prends quelques seconde pour respirer, avant d’entrer dans la salle, offrant un sourire à tous ceux présents. « yeoleobun, annyeonghaseyo. Dis-je en sortant mon petit fichier, préparé bien en amont. « Je me présente rapidement, Gim Sea-Han, je suis votre intervenante pour le semestre. On va passer quelques heures ensemble pour discuter de plein de choses. » Dis-je avant de relever les yeux et de remarquer un visage que je connaissais dans le fond. J’en ai presque instantanément le souffle coupé. Cette teinte rouge, ce visage anguleux… Devant mes yeux s’imposent les flashs de cette soirée passée en sa compagnie. Cette fameuse soirée. C’est la panique instantanée dans mon cerveau. Tous les voyants s’allument au rouge. WAE ???. Je peux démissionner ? Okay, Sea, respire. Ce n’est rien, si ça se trouve, lui, il ne se souvient même pas de toi ! J’essaie de faire abstraction de ce léger détail toute l’heure. Même quand je passe distribuer les fiches de renseignements pour en savoir un petit plus sur leurs attentes et ce qu’ils pratiquaient comme instruments. J’ai la sensation de retenir mon souffle dès que je m’approche. Un élève. Pourquoi fallait-il que ce soit un élève ? J’établi un dialogue avec eux, je fais des tours de table pour apprendre à les connaitre. C’allait me permettre d’affiner mon programme des prochaines semaines. Je parle aussi de mon métier, de comment je l’exerce, où et avec qui. Tout se passe finalement bien, même si je tente de fuir une certaine paire d’yeux, avec toute la volonté du monde. « Okay, super ! Alors pour la prochaine fois, j’aimerais que vous apportiez avec vous quelque chose d’une chanson que vous aimez, n’importe laquelle, même une composition personnelle. Une partition, ou simplement des paroles. On pourra essayer de voir un peu comment on construit tout ça, dans le but de le soumettre à une maison de disque ou une boite de production. cham-yeohae jusyeoseo gamsahabnida. » Je les remercie d’un sourire, avant de filer rassembler mes affaires et de les laisser sortir. Je les salue au fur et à mesure, avant de capter qu’ils n’étaient pas tous sortis… « Je peux faire quelque chose pour toi ? Tu as une question ? » Je demande, en osant à peine relever les yeux dans sa direction. Il allait falloir que j’apprenne à prendre sur moi pour le reste du semestre. Ce n’était rien. Ca ne signifiait rien.
Park Taejoon
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Sujet: Re: Brain malfunctions | Seajoon #1 Mer 5 Juin - 15:33
houston, we have a problem
Seahan & Taejoon
« La nouvelle intervenante pour le semestre viendra se présenter demain en début de matinée. Vous aurez la chance de pouvoir profiter de son expérience alors je compte sur votre présence pour l'accueillir. » Une épaule vient cogner la mienne et je détourne mon regard de la fenêtre pour le porter sur Mika, qui m'observe en jouant des sourcils. « Est-ce que tu penses à ce que je pense, Taejoon ? » Pas besoin d'aller chercher bien loin pour deviner le chemin qu'avaient pris ses réflexions. « Que tu as besoin d'aller tirer un coup de toute urgence ? » je réponds, avec un rictus. Cette fois, c'est son poing qui vient malmener mon épaule avec force et je laisse échapper un gloussement. « Je t'emmerde, Park. » Un signe de tête en direction de notre professeur. « Il a parlé d'une intervenante. On aura peut-être autre chose à se mettre sous la dent que des vieux quadras déjà dégarnis. » Je pouffe à nouveau. « Qui sait ? Peut-être qu'elle sera encore plus vieille. » Je le vois frissonner. « C'est sûr qu'elle sera croustillante à point, si c'est le cas. » Mikasa fait mine de glisser deux doigts dans son bouche, l'air sur le point de rendre son déjeuner et quelques têtes se retournent quand je n'arrive plus à retenir mon fou rire. Mika détruisait tous les standards japonais les uns après les autres et je m'émerveillais chaque jour de son caractère si jovial et de son humour à la frontière de l'indécence. À défaut d'être en cours avec Jae, j'avais trouvé un compagnon quotidien à la hauteur de mes espérances. Ce qui ne m'empêchait pas de retrouver mon meilleur ami pour le repas de midi et lorsque nos emplois du temps avaient le chance de coïncider. Dans tous les cas, j'étais curieux de découvrir celle qui allait venir pimenter notre semestre. Il semblait qu'elle soit connue pour ses compositions et ses arrangements, utilisées par de grandes agences pour des groupes désormais célèbres dans le pays. J'avais des questions à lui poser concernant mes propres créations et j'espérais qu'elle saurait mettre le doigt sur ce qui me posait des problèmes. « Tu fais quoi après les cours ? » Je plisse les lèvres, mordillant l'intérieur de ma joue. « Je dois finir de monter le dernier cover que j'ai enregistré. Mais dans ma grande mansuétude, je peux me libérer du temps pour t'accompagner au music store. Je sais que tu meurs d'envie d'aller chercher ton vinyle. » je souffle, dans un sourire. Il avait lorgné dessus pendant un temps considérable et c'était une édition limitée alors elle n'allait pas rester longtemps en rayon. « Mon prince est trop bon. Je te payerai un café, pour la peine. » raille-t-il, avec une révérence volontairement exagérée. « C'est le minimum syndical. » Je me prends un coup de coude en guise de réponse. On ne se demandait plus pourquoi je finissais avec des bleus toutes les semaines, preuve étant que je me faisais brutaliser par mes petits camarades. Néanmoins c'est l'esprit léger que je sors de la pièce, accompagné par le japonais à la crinière couleur corail.
Le lendemain, je suis à nouveau avachi sur la banquette de l'amphithéâtre. Capuche sur la tête et main dans les poches, mes oreillettes diffusant en boucle ma dernière composition. Je m'étais enregistré tard dans la nuit après une envie subite et j'essayais de déterminer ce que je pouvais en tirer après une courte nuit de sommeil. Mes dents triturent ma lèvre inférieure et mes doigts finissent par s'extirper de leur prison pour tapoter en rythme sur le bord de la table. J'avais l'impression qu'il manquait quelque chose. À chaque fois. Comme un plat qui n'aurait besoin que d'une épice supplémentaire pour devenir infiniment savoureux. Laquelle ? Je n'arrivais pas à trouver. Ce n'était pas mauvais. Certains diraient même que c'était très bon. Mes abonnés sur Instagram en étaient le parfait exemple et ça me remplissait toujours d'une douce euphorie. Mais ça ne me suffisait pas. Je me sentais frustré. Et je continuais d'expérimenter en me disant que j'allais peut-être finir par mettre le doigt dessus au bout d'un moment. Un coup dans mon biceps me fait lever les yeux de la table que je contemplais mollement pour glisser vers Mika. Son doigt pointe en direction de l'avant de l'amphithéâtre et j'enlève mes écouteurs, haussant un sourcil. « L'intervenante est là. Tu devrais jeter un oeil, akage. » Son air surpris me fait pivoter la tête et je finis par apercevoir la personne qui vient nous enseigner pour le semestre. Mon souffle s'étrangle dans ma gorge en reconnaissant une figure familière. Enfin "familière" était un bien grand mot. Est-ce qu'on pouvait y inclure l'inconnue dont j'avais fait amplement connaissance, ivre, lors de ma dernière sortie en boîte de nuit ? Disons que la discrète courbe de ses hanches et la douceur de sa bouche ne m'étaient pas inconnues, pour être plus précis. Je suis sa silhouette des yeux jusqu'au pupitre derrière lequel elle s'installe et je sens mes propres lèvres s'assécher. Gim Sea-Han. Le visage aux contours brumeux et le parfum fleuri inscrits dans ma mémoire étaient désormais associés à un nom. D'un seul coup, son regard croise le mien malgré les dizaines de mètres qui nous séparent et je capte la surprise qui fait scintiller ses iris. Un sourire étire subitement mes lèvres, mon menton venant se poser sur le dos de ma main. Comme on se retrouve. La seconde d'après, son visage s'est déjà détourné. « Je t'avais dit qu'on aurait quelque chose à se mettre sous la dent, cette fois. » Mon rictus s'agrandit davantage aux paroles de Mikasa. « C'est le cas de le dire. » je souffle, sans perdre ma cible de vue. Il n'avait pas idée de la justesse de ses mots. Sauf que moi, j'avais déjà pu en avoir un petit aperçu.
Elle parcourt les rangées pour distribuer des papiers et je sens mon cœur batifoler dans ma poitrine. J'étais rempli par une excitation toute particulière, comme un frémissement dont je n'arrivais pas à me défaire depuis son arrivée dans la pièce. Ainsi qu'une satisfaction toute particulière quant au petit secret qui nous liait. C'était exaltant. Et vu la teinte rosée de ses pommettes quand elle était passée près de nous, je n'allais pas m'arrêter en si bon chemin. Je ne saurais dire ce qui m'a attiré vers elle, entre toutes les autres. Des femmes prêtes à passer du bon temps, l'espace d'une soirée, ce n'était pas ce qui manquait à Séoul. Mais elle avait eu quelque chose dans les yeux, ce soir là. Une sorte de lueur différente, une expression lointaine. Et une maturité que n'avaient pas les filles de mon âge. J'avais vite saisi qu'elle avait quelques années de plus que moi, mais je n'avais pas imaginé que l'écart entre nous serait plus grand. L'alcool n'avait pas aidé non plus. Une femme séduisante, avec une aura des plus intrigantes s'était présentée devant moi et il ne m'en avait pas fallu plus pour céder à la tentation. De toute façon, ce n'est pas comme si nous avions compté nous revoir. Ces retrouvailles étaient une surprise pour tous les deux. Une surprise plutôt intéressante, de mon point de vue. Mes lèvres se plissent à ses explications concernant le prochain cours. Est-ce que je tentais d'apporter une composition personnelle ? Qu'est-ce que je perdais à essayer, au final ? Je note quelques mots sur un coin de ma feuille pendant qu'elle achève son cours. La sonnerie tinte une poignée de secondes plus tard et la foule commence à se mouvoir en direction de la sortie. « Tu fais quoi ? » Je range mes affaires avec une lenteur délibérée, désignant la porte à Mika d'un geste du menton. « J'ai un truc à lui demander pour le prochain cours. Pars devant, je te rejoins. » je marmonne, hissant la lanière de ma sacoche sur mon épaule. Le japonais m'observe une seconde avant de hausser les siennes avec une moue, pivotant pour suivre le flot d'élèves. Sa chevelure finit par disparaître dans la masse et je me traîne derrière les derniers pour rejoindre le pupitre où se trouve encore notre invitée d'honneur. Ses cheveux forment un rideau brillant devant son visage pendant qu'elle range ses papiers dans son sac et je recule d'un pas pour déposer mes fesses sur le bord d'un bureau au premier rang. « Enchanté de te re-rencontrer. » je déclare, avec un sourire amusé. « Je peux te tutoyer ? Après tout, on a eu l'occasion d'être plutôt proches, toi et moi. » Est-ce que je faisais exprès pour la voir piquer un fard ? Absolument. Mon index joue avec un pins accroché à mon sac et je fais mine de jeter un regard aux alentours avant de reporter mon attention sur elle. « Compositrice de renom, alors. Si j'avais su. Je me sens étrangement flatté, d'un seul coup. » je murmure, sans perdre mon sourire. « Tu es encore plus intéressante que ce que je pensais. »
Sujet: Re: Brain malfunctions | Seajoon #1 Jeu 6 Juin - 22:33
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Seahan & Taejoon
Je m’en souvenais comme si c’était hier. Cette soirée avait été organisée sans que j’en sache quoi que ce soit. Ma petite sœur s’était pointée chez moi, les yeux brillants. Rien qu’à la voir, je pouvais détecter l’éclat de malveillance qui la caractérisait. Li-Chyun était l’être le plus malveillant du monde. Beaucoup trop énergique et surtout, qui ne perdait pas une occasion de m’entraîner dans ses petites dérives. Vingt-huit ans à son compteur et elle se comportait toujours comme une adolescente. « Oh allez, Sea ! Viens avec nous. Tu vas t’amuser et puis ce serait l’occasion de l’oublier. » Elle m’a suppliée de cette manière pendant des heures jusqu’à ce que je cède. « Okay, mais on ne rentre pas tard ! J’ai une réunion demain matin. » J’ai soupiré en acceptant finalement. Ce n’était pas vraiment une grosse réunion, mais c’était l’excuse pour que je ne rentre pas à des heures indues. « Promis ! File dans ton dressing, on a une table de réservée. » Je lui lance un regard plein d’interrogations avant qu’elle ne me réponde par un immense sourire tout à fait innocent. Il n’en était rien si on devait être tout à fait honnête. On finit par entrer quelques heures plus tard, dans une boîte de nuit, pleine de monde. Je pouvais déjà sentir les litres d’alcool ingurgité, la sueur des gens qui dansent, et surtout le taux indécent d’hormones dans un si petit espace. Assise dans ce coin de pièce, je m’était résignée à ne pas en faire plus. Je n’allais pas aller me ridiculiser sur la piste de danse, j’avais passé ce step. Mais il avait suffi de quelques verres pour que je me dise que j’avais passé trop d’année enfermée dans une relation et que ça ne me ferait peut-être pas tant de mal que ça d’aller prendre un bon de bon temps. De me sentir vivante, humaine, et peut-être, un peu désirée. Sacré litre de Soju dans mes veines. Je l’avais repéré finalement, au milieu des gens, une chevelure d’une flamboyante teinte, on ne pouvait pas le louper. L’esprit embué, je n’avais pas vraiment fait la distinction de son âge, bien que la fraicheur de son comportement, m’avait mis la puce à l’oreille. Mais pas au point de l’avoir là devant mes yeux, pendant un cours, que j’allais animer tout un semestre.
Le voir, ne faisait que remonter certaines images à mon esprit, la sensation de son corps pressé contre le mien, de ces notes de bois et de mure, qui avaient chatouillées mes sens. Dans ma mémoire s’imposait encore le doux souvenir de ce sentiment grisant de se sentir en vie. De m’être à nouveau sentie humaine et vue comme une femme à part entière et pas comme acquise. Mais ce n’était rien. Un simple flirt qui m’avait amusée le temps d’une soirée. Pourtant, rien que le fait de croiser son regard plein d’un éclat si singulier à nouveau, me fait piquer un fard. Je me maudissais de réagir comme une adolescente prise sur le fait. Mes yeux se détournent et j’essaie piteusement de me concentrer sur mon cours, en tentant au maximum d’oblitérer son regard. C’était un piteux comportement, je le savais, pourtant, c’était plus fort que moi. J’avais l’impression d’avoir un néon géant au-dessus de la tête. De ceux qui clignotaient bien fort et qui mettait tout a fait en lumière les mots A flirté avec son élève. C’était comme si le destin s’était décidé à mettre un peu de challenge et de piment dans ma vie. Je ne devais pas oublier ce pourquoi j’étais là, la musique. Transmettre, partager, avec de jeunes artistes les petites facettes cachées de ce métier que je connaissais très bien. Certains avaient l’ambition de faire une carrière en tant qu’interprètes, d’autre en tant que musiciens puis il y avait ceux dont la palette était déjà large. A première vue, il semblait y avoir du potentiel. J’étais certaine que ce semestre allait être tout à fait intéressant, sur le plan professionnel. Ils avaient beaucoup à apprendre et j’avais tellement à transmettre. C’était un monde riche, complexe et je ne manquais pas d’échecs et de leçon que j’avais pu en tirer.
La fin du cours arrive plus vite que je ne l’aurais cru. Je lance des petites consignes pour la prochaine fois. Ce n’était pas des devoir à proprement parler, simplement les inviter à venir dans ce cours avec une implication personnelle. Leur demander de travailler sur quelque chose qu’ils aimaient, allait probablement être plus incitateur à la participation que de leur faire apprendre bêtement des choses dont ils n’auront pas l’utilité. La sonnerie tinte comme une délivrance, quand je jette un dernier regard vers celui que je ne m’attendais pas à revoir. Quelques secondes avant que je ne puisse prendre pleinement mon souffle à nouveau. Je remets à la hâte les fichiers dans mon sac, quand je l’aperçois, du coin de l’œil, prendre un chemin différent de celui de ses camarades. J’hésite pendant un instant, à ne pas relever la tête, mais en adulte mature responsable, je me redresse pour lui adresser quelques mots. Il avait peut-être simplement une question… Enchanté de te re-rencontrer Il se souvenait. Aoutch. Mes joues se tintent d’un rouge proche du carmin, tant je les sens chauffer. « Je ne suis pas certaine que ce soit vraiment approprié, dans ces lieux. » Je lance, rejetant une mèche de cheveux derrière mon oreille. « Flatté ? Vraiment ? C’est une question d’égo ? Tu tiens une liste, peut-être ?» Je l’interroge, intriguée par la manière dont son sourire satisfait, habillait son visage. Ce visage que je découvrait sous une autre lumière, celui d’un jeune homme d’une beauté bien trop singulière. Je pourrais aller en prison pour cette pensée, tant elle n’avait pas lieu d’être. « Je suis surtout ton intervenante et je peux t’assurer que ce n’est pas vraiment une bonne idée. » Je prononce, en croisant mes bras sur mon buste. Mon cœur s’était emballé, et j’espérais réellement que mes bras pouvait cacher la vitesse qu’avait pris mon rythme cardiaque. « Tu ne dois parler à personne, de ce qu’il s’est passé. » Nous nous exposions à quelques petits problèmes, si ça se savait. Moi je risquais de perdre mon poste. Quant à lui, probablement un renvoi. Et je ne parlais même pas des regards et autre remarques que l’on pourrait me lancer. « Pourquoi tu es resté ? Tu n’as pas d’autres cours auxquels assister ? » Oui je tentais la solution de repli, pour éviter de suffoquer plus longtemps, mais à en juger l’expression sur son visage, c’allait être plus compliqué que ça.
Park Taejoon
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Sujet: Re: Brain malfunctions | Seajoon #1 Mar 11 Juin - 10:58
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Quand je sors, toutes les soirées se ressemblent plus ou moins. Parfois, Jaesang me faisait le plaisir de m'accompagner et on finissait dans le coin d'un bar à rire en observant la foule. Avant d'aller emprunter des vélos et parcourir la ville avec les joues roses. Ou de se poser dans un parc quand nous avions nos instruments sur le dos et de jouer pour les rares passants qui foulaient encore les lieux à cette heure de la nuit. À d'autres moments, mes virées étaient solitaires mais ça ne me dérangeait pas outre mesure. Je n'avais jamais eu le moindre mal à me sociabiliser mais la solitude ne me mettait pas mal à l'aise. Au contraire. J'étais libre d'aller où je le voulais, quand je le voulais et avec qui je le voulais. Je n'avais aucune contrainte et pas la moindre limite. Alors je laissais mon instinct me porter et je profitais de l'instant. J'engloutissais des shots de soju jusqu'à sentir mon sang chauffer dans mes veines et la piste de danse m'appeler à ses côtés. Et je dansais. Je chantais à plein poumons. Je vivais. Le temps filait et les responsabilités d'adultes se rapprochaient petit à petit. Trouver un travail, respecter des horaires, trimer pour réussir sa vie. Des conditions imposées par la société que je n'avais pas hâte de respecter. En attendant, je menais la mienne comme je l'entendais, avec intensité. Ça passait par des soirées en boîte et de sombres inconnues embrassées dans des coins encore plus obscurs. De toute façon, je n'étais pas là pour trouver le grand amour. Je n'avais même pas la certitude qu'il existe.
Je cherchais seulement des âmes avec la même optique. Savourer le moment présent, sans lendemain. Sans réfléchir. Sans culpabiliser. Simplement se faire plaisir et ne pas regretter plus tard, quand je serai enfermé dans une case.
Néanmoins, je ne m'attendais pas à recroiser ma dernière rencontre en plein milieu de l'université. Qui plus est, dans ma propre classe. Pour me donner cours. Je ne sais pas si je dois rire de dépit ou d'amusement. Peut-être des deux, tout compte fait. Parce que même si notre passade était déjà reléguée au passé, il y avait un goût d'interdit à l'idée de la connaître plus amplement que le reste de mes petits camarades. Ça n'avait pas lieu d'être dans ce contexte mais c'était grisant et ça m'amusait plus que je ne l'aurais pensé. Surtout en voyant son regard fuyant dès qu'il avait le malheur de croiser le mien. Elle se souvenait. Est-ce que j'étais une mauvaise personne pour vouloir la taquiner davantage ? Avec un peu d'habileté, j'étais capable de me divertir en toute impunité. Surtout qu'elle semblait tellement plus sage que la femme qui s'était pressée contre moi et avait rejeté la tête en arrière pour me laisser le champ libre contre la peau tendre de son cou. Celle avec qui j'avais flirté sur le dancefloor, nos corps lovés l'un contre l'autre au rythme des basses. Là, elle jouait parfaitement son rôle d'intervenante. Le dos droit, les paroles mesurées. Ses yeux étaient limpides, dénués de l'aspect hagard que j'avais pu apercevoir sous les néons. Son bagage était impressionnant et elle me rendait d'autant plus intéressé. Si bien que je reste après la fin du cours pour aller à sa rencontre, incapable de partir sans me retourner.
J'attends que mes comparses évacuent la pièce, prenant le temps de voir les derniers se mettre en chemin pour me mouvoir à mon tour. J'approche tranquillement du pupitre derrière lequel elle se trouve, rangeant ses affaires dans son sac. Son visage était dissimulé derrière le rideau de ses cheveux et je souris, reculant d'un pas en arrière pour m'appuyer contre un des bureaux du premier rang. Mes paroles ont l'effet escompté et une jolie rougeur apparaît sur ses pommettes. Touché. « Qu'est-ce qui n'est pas approprié ? Je n'ai rien dit de particulier. » je rétorque, avec un rictus amusé. Je faisais attention à la portée de mes mots. Tout finissait par se savoir, ici. Et je ne comptais pas risquer ma place à l'université. Je passe une main dans mes cheveux couleur cerise, dont la teinte commençait déjà à s'affadir. « Je ne suis pas aussi prétentieux. » je raille. « Mais plutôt honoré d'avoir capté l'attention d'une prodige de la musique. » je poursuis, la tête penchée sur le côté. Parmi toute la foule amassée dans cette boîte ce soir là, elle avait posé son dévolu sur moi. Je n'étais pas peu fier. En même temps, je ne lésinais pas sur les moyens. J'avais conscience de mes charmes. Je savais me regarder dans un miroir et je n'étais pas aveugle à ceux qui m'étaient adressés sur mon passage. Je suis surtout ton intervenante et je peux t’assurer que ce n’est pas vraiment une bonne idée. Je vois ses traits se plisser et j'arque les sourcils. Mon sourire n'avait pas quitté mes lèvres et je l'observe intensément. « Ce n'est pas moi qui imagine des choses déplacées jusqu'à présent, madame l'intervenante. » je réponds, en haussant les épaules. « Mais puisque tu as lancé le sujet sur le tapis... » Elle croise les bras sur sa poitrine et les paroles qui s'échappent de ses lèvres ne m'étonnent pas le moins du monde. Je me décolle du bureau pour avancer dans sa direction, suffisamment près pour que son parfum emplisse complètement mes narines. Mais pas assez pour que ce soit considéré comme problématique. « Est-ce que j'ai l'air d'un si mauvais garçon ? » je souffle, en baissant les yeux sur elle. Mes lèvres frémissent avant d'esquisser un rictus des plus provocants. Puis c'est à mon tour de croiser les bras sur mon torse. « Il se trouve que j'ai un peu de temps devant moi. Et certains atomes crochus avec notre invitée pour le semestre. » j'explique, sans la quitter du regard. « Je n'ai pas le droit de venir poser quelques questions sur le prochain cours ? Je dois avouer que je n'ai pas bien écouté...J'étais fasciné par autre chose. » je rajoute, avec une moue faussement boudeuse. Je finis par reculer d'un pas, contournant le pupitre pour m'accouder derrière celui-ci. Ma tête finit sa course dans le creux de ma main. « Qu'est-ce qui rend un texte unique ? » je l'interroge finalement, les lèvres plissées. « Comment est-ce qu'on sait que c'est le bon ? » Peut-être qu'elle saurait me donner la solution au problème qui s'imposait à moi, qu'elle aurait la clé pour me permettre de trouver la pièce manquante à mon puzzle.
Sujet: Re: Brain malfunctions | Seajoon #1 Ven 14 Juin - 23:03
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Seahan & Taejoon
Rester professionnelle, c’était tout ce qu’il me restait en cet instant, pour garder la face. Présenter mes milles palettes, parler de ce que j’aimais, de ce qui faisait que j’étais là. Pourquoi on m’avait demandé d’intervenir dans ce cours. Je me raccrochais à ces bagages que j’avais porté toute ma vie, pour me pas laisser mes yeux se balader au fond de l’amphithéâtre. Si j’osais appuyer le regard plus d’une milliseconde, je pouvais encore me rappeler du contact de sa mains sur mes hanches, de sa voix profonde au creux de mon oreille. C’était un tout un frisson qui parcourait ma peau et je n’avais pas le droit de m’adonner à de telles pensées. Je parle musique, composition, des groupes et artistes avec qui j’ai eu l’honneur de collaborer. J’utilise le moindre stratagème pour garder un chemin de réflexion sain tout en maudissant la moindre personne qui avait osé me faire un coup pareil. Je redoutais terriblement la fin de ce cours, je n’avais qu’une envie, sortir au plus vite et aller respirer un grand coup. Potentiellement aller poser ma démission aussi, mais ce serait terriblement dramatique, comme situation, et je n’étais pas à ce point non plus. J’étais une adulte responsable, qui allait tout simplement passer ce très léger détail sous le tapis. Mais malheur pour moi, le bougre semble parfaitement se souvenir de qui je suis et de ce petit écart de conduite, lors de cette soirée. Qu’est ce qui m’avait pris de boire autant ? Je crois que si ça ne tenait qu’à moi, je serais probablement en train de m’enfiler un ou deux shots de soju, pour m’aider à affronter la situation. Je ne peux pas rester en face de lui plus d’une seconde sans devenir rouge comme une adolescente. C’était vraiment puéril de ma part. « Le tutoiement. Je ne crois pas qu’il soit bien réglementaire ici. Mais je ne vais probablement pas y échapper. » Je lance, dans un léger soupir. Pourquoi mentir ? Ce n’était pas comme si nous étions des inconnus. Pas quand tourne encore dans ma tête certaines images ou sensations. Mais je ne voulais pas risquer ma place ici. Encore moins la sienne, nous allions devoir mesurer nos paroles, se faire discret sur cet évènement qui ne regardait que nous.
« Ils le sont tous. Tu pourrais l’être. » Je réponds, du tac au tac, avant d’esquisser un sourire à ses mots. Prodige Je n’avais rien de véritablement prodigieux. J’avais travaillé d’arrache-pied, sans jamais compter mes heures pour en arriver où j’étais aujourd’hui. Tout ça ne m’était pas tombé dans les mains, directement des cieux. « Ne sois pas si flatteur. Je suis loin d’une prodige. J’ai simplement fait mes armes, avec un peu de détermination et beaucoup de courage. » Et c’était aussi ce que j’avais envie de transmettre à ces futurs artistes. On n’a rien sans rien, pour se faire une place, un nom, il ne suffisait pas d’être bon. Il fallait être intelligent. Savoir saisir sa chance quand elle se présentait. Lui, n’allait certainement pas louper la sienne. Avec sa belle gueule et ses attitudes, il allait rapidement se faire une place, ça ne faisait aucun doute. Il ne me restait qu’à juger, ce que je n’avais pas encore eu l’occasion de voir : son talent. Cependant, je ne pouvais pas me montrer imprudente et me faire avoir par son sourire, aussi beau soit-il. Je le préviens alors que rien ne doit se savoir, que ça ne doit jamais sortir d’ici. Pour réponse je n’ai que son regard qui me fixe avec une intensité si particulière, que je me fais l’impression d’une glace au soleil. Que l’on me vienne en aide. « Je n’imagine rien du tout. Tu ne devrais pas prendre tes rêveries pour des réalités. » Je ne sais pas m’empêcher d’être sur la défensive, comme si c’était un moyen de garder la face. Tout chez lui était terriblement déstabilisant. Pire encore quand les effluves de son parfum me parviennent, tandis qu’il s’approche. Je me revois, lascive entre ses bras, désinhibée et presque offerte. Malheur. Est-ce que j’ai l’air d’un si mauvais garçon ? Que l’on me pardonne pour toutes les pensées qui me traversent en cet instant, tandis que je soutiens son regard tant bien que mal. « Ne joues surtout pas à ce petit jeu… » Je lui murmure. Parce que je ne suis pas certaine de survivre. Il croise ses bras sur son buste à son tour et je dois me retenir de ne pas baisser les yeux sur la légère contraction de ses biceps. Je suis absolument foutue. Un semestre Sea. Rien qu’un semestre. Il m’explique les raisons qui font qu’il reste encore après le cours et un bref sourire m’échappe. Il savait y faire, le petit malin. « Manque d’attention dès le premier cours. Je vais tâcher de m’en souvenir. » Je lance avec un regard appuyé en sa direction, moi aussi je pouvais jouer. Je finis par me réinstaller derrière le bureau, jambes croisées, tandis qu’il s’accoude derrière le pupitre. Ses questions me vont droit au cœur. Je me les suis posées, moi aussi, à son âge. Débuter n’est jamais simple, surtout quand on ne sait pas où on va. « Un texte est unique, à partir du moment où il est personnel. Où il compte pour la personne qui l’écrit. » Il y avait tellement de subtilité à l’écriture. On y mettait forcément un peu de nous. « Il doit te parler, t’évoquer une vraie émotion. » Je continue, sans jamais le lâcher du regard. « Les premiers ne seront jamais les bons. Je crois que le bon, c’est celui que l’on déteste d’abord. Parce que justement, il nous parle un peu trop. Il faut le laisser mûrir. Un jour tu y reviendras, tu sauras. » Je lance, avec appuis. J’avais détesté mes premiers écrits. Mes premières compositions étaient bancales, à peine équilibrées, trop dissonantes. Je les avait laissées vivre, avant de leur faire prendre vie véritablement. Avec un œil plus mûr, j’avais corrigé les faussetés, gardé le meilleur pour faire ressortir la pépite du brouillon. Il ne payait pas de mine, mais les mots semblaient universels. Parler à plus d'une personne. S'étaient ajoutés mélodies et interprétation par la suite, pour le rendre meilleur. Un texte n'était rien, sans un interprète, aussi bon soit-il. « Tu composes ? D’où ça te vient ? » Je demande, curieuse. Il avait le charme de l’art, mais je voulais savoir s’il en avait l’âme. Qu’est ce qui le poussait à être là ? Avec quelle hargne, est-ce qu’il souhaitait qu’on l’entende ? « La vraie question que tu dois te poser, c’est pourquoi tu les écris ces textes ? Qu’est ce qu’ils veulent dire pour toi ? Quelle intention est-ce que tu y mets ? » Je commençais tout doucement à me rendre impatiente de voir ce qu’il allait ramener au prochain cours. « Faire chavirer les jolies filles de ce cours, de Séoul ou du pays, n'est pas une intention valable, si jamais. » J'ajoute en papillonant légèrement des cils en toute innocence.
Je croyais au destin. Pour moi, si les choses devaient se faire, elles finissaient par arriver un jour ou l'autre. Et si des gens étaient mis sur notre chemin, c'était pour une raison. Quelle qu'elle soit. Ils faisaient partie de notre apprentissage de là, en bons comme en mauvais termes. Concernant Sea-Han, ce que je ressentais était passablement positif pour le moment. Même plus que ça, je dirais. Elle dégageait quelque chose qui m'attirait inévitablement, qui me poussait dans sa direction pour en découvrir plus à son propos. Et dans un sens, c'était amusant de voir la tournure qu'avaient pris les événements. Moi qui n'avait pas espéré la revoir, je me retrouvais à l'avoir comme professeur, à pouvoir l'approcher de plus près. Dans les limites du raisonnable, compte tenu de nos positions respectives. Je n'étais pas stupide et encore moins inconscient. Alors je choisissais soigneusement mes mots, les faisant rouler sur le creux de ma langue. Savourant la nuance de rose qui s'étalait sur ses pommettes à cause de mes paroles, faisant battre mon coeur un peu plus vite. « Non, en effet. Mais je serai sage comme image pendant vos cours, professeur. Promis. » je souffle, avec un air tout ce qu'il y a de plus effronté. Il m'était impossible de décrire le sentiment qui me traversait en cet instant. Peut-être que j'étais un peu inconscient, finalement. Parce que je me sentais dévoré par une envie de tester ses limites, de voir jusqu'où je pouvais aller. Il y avait quelque chose d'exaltant dans cette situation. Dans ce goût d'interdit qui persistait sur ma langue depuis que nos regards s'étaient croisés au début du cours. Je n'avais pas le droit, mais je le prenais quand même. Parce qu'il n'y avait rien de plus satisfaisant pour moi que de voir que ses pensées se dirigeaient au même endroit que les miennes, en direction des souvenirs qui nous liaient l'un à autre. Je retiens les paroles qui me brûlent les lèvres, à sa réflexion. Parce que j'ai promis de bien me tenir. Et que je ne savais pas qui pouvait nous entendre à notre insu. « Peut-être que je le suis un peu. Mais n'ai-je pas une bonne raison de l'être ? » je murmure, les lèvres ourlées par un rictus ravageur.
Après tout, c'est moi qu'elle avait choisi parmi tous les prétentieux de la pièce. C'était ma nuque à laquelle elle s'était agrippée quand mes lèvres s'étaient écrasées sur les siennes, ses doigts tirant sur des mèches de mes cheveux. C'est à mon oreille qu'elle avait soupiré quand mes mains avaient effleuré sa taille, glissant dans le creux de son dos pour la presser contre moi. C'était mon prénom qu'elle avait fini par murmurer quand mes dents avaient effleuré la ligne de sa jugulaire. Taejoon, Taejoon, Taejoon. Je m'en souvenais dans les moindres détails. « Beaucoup ne réussissent pas. C'est bien ce qui distingue les gens talentueux du reste. » je rétorque, avant de passer une main dans mes cheveux colorés. Puis je souris, devant sa mise en garde. Je n’imagine rien du tout. Tu ne devrais pas prendre tes rêveries pour des réalités. Je me déplace, approchant davantage alors que tout m'interdit de le faire. Parce que je ne pouvais rien faire d'autre que d'être tenté. Tout en elle était attrayant. Son visage, son air défensif, son talent. Elle me donnait envie de la tourmenter jusqu'à ce qu'elle se mette à bégayer. Jusqu'à ce que son visage tout entier prenne une jolie couleur cerise. Je savais qu'il suffirait d'un rien pour la mettre dans tout ses états. Et c'était grisant. En y réfléchissant, je n'étais sûrement pas un gentil garçon. Nos regards se croisent, s'arrimant l'un à l'autre et je la fixe sans ciller. Je pouvais pratiquement lire en elle et ce que j'y voyais avait le don de me satisfaire. « Quel jeu ? » je souffle sur le même ton. « Celui où tu fais semblant de ne pas te souvenir de quoi que ce soit alors qu'on sait tous les deux que ce n'est pas le cas ? » je rajoute, me délectant de sa surprise. Puis je croise les bras sur mon torse, retrouvant mon sérieux. Un petit peu, du moins. Manque d’attention dès le premier cours. Je souris, passant ma langue sur mes lèvres. « La faute à qui ? » J'avais trouvé plus intéressant que le sujet du cours en lui-même.
Sea-Han se réinstalle derrière son bureau pendant que je contourne celui-ci pour lui faire face, accoudé au meuble. Et je cesse de la torturer. Pour le moment. Des questionnements ne cessaient jamais de tournoyer dans ma tête depuis que j'avais commencé à composer de la musique. Comme j'avais une professionnelle face à moi, il était peut-être temps de demander de l'aide. De chercher comment combler la faille qui persistait dans mes écrits, de comprendre pourquoi je n'arrivais pas à être pleinement satisfait de mon travail. Alors je l'écoute me répondre, observant les mouvements de son visage au fil de ses paroles. Ses traits étaient terriblement expressifs et un sourire attendri étire les coins de ma bouche. « Mmhh... » je marmonne, la tête penchée sur le côté. Je crois que le bon, c’est celui que l’on déteste d’abord. Mes sourcils se froncent mais je la laisse poursuivre, profondément intrigué par son point de vue. Parce que je pense à tous les textes abandonnés dans un classeur, lui-même à moitié dissimulé dans ma bibliothèque. Ceux que j'avais pu griffonner en pleine nuit, incapable de trouver le sommeil. Ceux qui s'étaient déversés sans même m'en rendre compte, après une peine de coeur ou un éclat de colère. Ceux qui me venaient en tête après avoir lu, vu, entendu quelque chose. Qui faisait vibrer une corde à l'intérieur de ma poitrine. Des mélodies que j'avais joué dans ma tête avant de chercher à leur faire prendre vie sous mes doigts avec une guitare ou un piano. « Je vois. » Ma voix n'est qu'un souffle et je la regarde sans vraiment la voir, plongé dans mes pensées. Jusqu'à ce que celle de Sea-Han me parvienne d'un seul coup, se frayant un chemin au milieu de mes réflexions. Je sursaute à peine, relevant la tête vers elle. « Ça m'arrive. » je murmure, en haussant les épaules. « Est-ce que c'est une mauvaise chose de dire que je ne réfléchis pas quand je les écris ? Je ne compose pas avec une idée précise en tête. » je réponds, en essayant de chercher les mots justes. « Je laisse juste les choses se faire ? Enfin...Je ne sais pas. Ça me vient comme ça, c'est tout. » je rajoute en plissant les lèvres. J'avais tout simplement des idées qui se bousculaient dans le crâne et un besoin irrépressible de les sortir de celui-ci, sous peine de devenir barge. Mais ma bouche s'étire vers le haut à sa remarque, mes yeux pétillant de plus belle devant son insinuation. Une main se pose à l'emplacement de mon coeur et je fais mine d'être blessé par ses paroles. « J'ai été percé à jour...Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire maintenant ? » je plaisante avant de mordiller la lèvre inférieure. « Même si je n'ai pas autant d'ambition, à vrai dire. Si j'arrive à en faire chavirer une, j'aurais déjà atteint mon objectif. » je susurre, avec un clin d'oeil à son attention. Avant de me redresser, m'appuyant du plat des mains contre le bureau. « Mais je ne fais pas de la musique dans un but particulier. J'aime ça et ça apporte un équilibre dans ma vie. C'est tout. Après, j'en partage une partie principalement parce que mon meilleur ami m'a dit que ça serait honteux de garder ça pour moi. Et tant mieux si ça plait. Mais je n'ai jamais voulu devenir une rockstar. » je termine, avec un petit sourire amusé.
« Je préfèrerais que tu le sois. Je m’en voudrais de devoir te mettre dehors pour comportement inapproprié. » J’ajoute. Dans quoi est-ce que j’étais en train de m’embarquer ? Une part de moi souhaitait réellement plonger les deux mains en avant dans son petit jeu. Un jeu dangereux, mais qui m’attirait un peu trop fort. Je ne devais pas. C’était trop risqué. Pourtant, subsistait encore les images de cette soirée, passée dans le creux de ses bras. Je sentais encore la chaleur de son souffle sur chaque centimètre de ma peau. J’entendais encore sa respiration dans le creux de mon cou. De ces souvenirs subsiste une envie d’y retourner, de goûter encore à la fraicheur de ces sentiments nouveaux. Ceux que j’ai retrouvé, après avoir trop longtemps été mise de côté, négligée. Je m’étais sentie femme à nouveau dans son étreinte, dans la manière dont ses mains s’étaient baladées sur les courbes de mon être. J’aurais pu donner n’importe quoi pour le retrouver après cette soirée et prolonger cet état cotonneux qu’il avait insinué dans mon esprit. Les retrouvailles étaient loin de celles que j’avais espérées. J’étais là, à tenter de refreiner la moindre réminiscence de souvenir que son portrait m’évoquait. Lui qui jouait les Don Juan, à me regarder de toute la profondeur de ses yeux. Comment ne pas être tentée quand il agit de la sorte ? Une once de petit sourire faisait pétiller quelque chose dans mes entrailles. Le pire était de voir combien il se délectait. Il savait ce qu’il faisait et il exécutait son petit jeu à merveille. Je devais me débattre comme une acharnée avec moi-même pour pas me laisser entraîner par la candeur de son regard ou la manière dont il se mouvait devant mes yeux. Il plonge son regard dans le mien et je m’encre dans le fond de leur couleur brune pour ne pas perdre pied. Je sentait pourtant la chaleur grimper dans mes pommettes. Surtout, il se souvenait. Tout autant que je pouvais me souvenir et c’était encore plus déstabilisant. Pourtant, je garde contenance. « Ce n’est pas un jeu si tu connais les cartes dans les mains de l’adversaire. » Je croise mes mains sur mes genoux, pour garder une posture droite et sereine, ce que je n’étais pas du tout. « J’aimerais bien jouer avec toi, mais tu sais, je ne suis pas certaine que ça en vaille la chandelle. » Un léger sourire s’insinue sur mes lèvres. J’aimerais bien jouer avec toi. Sea, reprends-toi. Je note son manque d’attention, mais qu’en était-il de moi ? N’avais-je pas passé le cours l’esprit ailleurs ? « Parce que je suis fautive de tes divagations d’esprit ? Ne me donne pas des raisons supplémentaires de me montrer plus ferme… » Je regrette presque aussi vite mes mots. Dans notre prédisposition, il allait forcément interpréter mes mots autrement.
Finalement, on termine par parler musique et enfin, ce petit moment semble s’apaiser et j’ai l’impression de respirer un tant soit peu à nouveau. Je crois que je ne m’étais même pas rendue compte que j’avais retenu ma respiration si longtemps. Parler des textes, de musique, c’est ce que je sais faire de mieux. Je suis née pour la musique, ça a toujours fait parti de moi. Je ne sais pas l’expliquer. C’est arrivé dans ma vie quand j’en avais besoin. J’ai toujours aimé coucher sur le papier, les notes, les mots, qui traversaient mon esprit. C’était ce que j’avais de plus parlant. La musique. Mes textes, à l’époque, je trouvais qu’ils ne me correspondaient pas. Je les détestais. C’est en les ressortant du tiroir, des années plus tard, que je me suis rendue compte qu’ils étaient vraiment bons, la seule chose qui leur manquait, c’était un peu de travail de forme. Mais ce qu’ils voulaient dire faisait sens. « Laisse à ta musique le temps de mûrir. Trop jeune, elle sera pleine de faussetés. Elle a besoin d’être forgée, travaillée. Elle n’en sera que meilleure. » J’ajoute à mes réflexions. Mes mots ne lui parleront peut-être pas. Mais j’espérais qu’ils fassent écho. Je voulais qu’il puisse sortir de ce semestre avec les appuis les plus solides possibles, s’il voulait se lancer sur cette voie. Je l’interroge finalement sur ses compositions, curieuse. « Au contraire. Je trouve que c’est une bonne chose. » Je commence, en tentant de capter son regard. « A trop réfléchir, on se censure. Parfois, il faut simplement laisser se déverser l’inspiration. Tant pis si c’est faux, tant pis, si ça ne sonne pas bien. On aura le temps qu’il faut de retravailler plus tard. » Le temps, il fallait cesser de lui courir après, savoir souffler. Laisser faire le flot, c’était la meilleure manière de créer un art véritable et sincère. Mais s’il a tout du bon compositeur, il n’en est pas moins très bon acteur. Ses manière me tire un léger rire. « Les artistes.. Tous les mêmes. Séduire avec une sérénade. Vous ne trompez personne. » Plaisantais-je à mon tour, en haussant les yeux, amusée. « Je crois qu’il va falloir que tu te lèves tôt pour la faire chavirer celle-ci. » Je réponds, me laissant tout de même avoir par le petit clin d’œil qui m’est lancé. « Ce n’est pas parce que tu as de joli yeux, qu’une mélodie me feras craquer. » Pensais-je à haute voix, avant de piquer un fard en me rendant compte que ces mots ont franchi la barrière de mes lèvres. Je me maudis l’espace de quelques secondes, avant qu’il ne se redresse et ne vienne poser ses mains contre le bureau qui nous séparait. Rien qu’à les voir, je pouvais encore sentir l’empreinte de ses phalange sur ma peau. J’en fais abstraction pour me concentrer sur son visage. « Ton meilleur ami semble de bons conseils. Partages ton art si tu te sens de le faire. Il n’est pas fait pour rester secret. » Son sourire fait écho à celui qui se loge sur mes lèvres. « Je ne suis pas là pour faire de toi une rockstar, Taejoon. Je suis là pour t’accompagner, faire ressortir l’artiste véritable et sincère qui se cache là-dessus. » Je lui lance en pointant son cœur du doigt. « J’aurais échoué, si je faisais de toi une simple rockstar. J’ai pas envie de vous enseigner comment faire de la musique sans fond. On s’en fiche de ça. Je veux que vous ressortiez d’ici, avec toute les armes pour faire de la musique qui parle. » Dis-je en me relevant pour contourner le bureau et venir m’appuyer contre celui-ci à quelques centimètres de lui. « A toi de voir ce que tu veux en faire. De l’art pour midinettes, ou de la vraie musique. » Je lui lance, un regard entendu, malgré mon palpitant qui s’emballe à être si près.
Ce n’est pas un jeu si tu connais les cartes dans les mains de l’adversaire. « Ce n'est pas de ma faute si l'adversaire m'a montré son jeu avant de commencer la partie. » je rétorque aussitôt, mes lèvres toujours étirées par un sourire. Qui s'agrandit davantage, si c'est encore possible, à ses paroles. « Ah oui ? » je roucoule, sans cesser de la fixer. « On ne peut pas savoir si ça vaut le coup sans avoir essayé. Peut-être que les cartes se révèleront intéressantes, qui sait ? » Je jouais avec le feu et si j'allais plus loin, j'étais quasiment certain d'en éprouver la chaleur au bout de mes doigts. Mais l'adrénaline qui parcourait mes veines faisait déferler en moi une sensation exaltante. Presque addictive. Surtout qu'elle ne faisait rien pour étouffer le braisier qui se consumait en moi. Pire, elle le ravivait de temps à autre pour le garder en vie. « Absolument. J'ai été...comme qui dirait...captivé. » je murmure, charmeur. Avant de me pencher légèrement en avant, les bras toujours croisés sur mon torse. « Soit dit en passant, je ne suis pas contre un peu plus de fermeté. Tout dépend le type de punition. » Évidemment que j'allais prendre la perche qu'elle avait tendu involontairement. Il aurait été dommage de passer à côté. Surtout en voyant les réactions qu'elle avait à la moindre de mes paroles, au plus petit mouvement de ma part. Elle était adorable. Et elle me donnait envie de la taquiner encore et encore, pour contempler ses pommettes roses et la rigueur de sa posture. Aux antipodes des gestes langoureux qui avaient été les siens, le soir de notre rencontre. Elle avait été directe et elle n'avait pas tourné autour du pot pendant longtemps. Mais c'était cette dualité qui la rendait aussi fascinante, qui me donnait envie d'en découvrir plus à son propos.
Son professionnalisme en faisait partie et je finis par retrouver mon sérieux. Je la questionne à propos d'un sujet qui me passionnait autant qu'il me posait problème : la composition. Pour essayer de comprendre l'origine de cette faille dont j'étais parfaitement conscient mais que je n'arrivais pas à reboucher malgré les heures passer à plancher sur mes textes. Laisse à ta musique le temps de mûrir. Je plisse les lèvres, boudeur. Je n'avais pas envie d'attendre des années avant de pouvoir en faire quelque chose. C'était maintenant que j'avais envie de proposer ma musique. Elle m'interroge à propos de ce qui m'inspire pour écrire, de l'intention que je cherchais à mettre à l'intérieur de mes mots. Mais la vérité c'était que je ne réfléchissais pas quand je composais, je laissais simplement venir le flot de lui-même. Ce qui produisait des moments de créativité à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Surtout la nuit. Mais certaines marges de mes feuilles de cours étaient gribouillées de paroles notées à la va-vite, issues d'une inspiration soudaine et surtout incontrôlable. Ses yeux captent les miens et je ne vois soudainement rien d'autre. Parfois, il faut simplement laisser se déverser l’inspiration. Un sourire orne à nouveau mes lèvres. « Ce n'est pas ça qui manque, en tout cas. » je plaisante, méditant néanmoins ses paroles dans un coin de ma tête. Tout conseil était bon à prendre. J'en profite quand même pour glisser un petit mot doux à son intention et je vois qu'il atteint sa cible à la perfection. « Si elle a réussi à traverser les siècles, c'est bien qu'elle fait encore son petit effet. » je rétorque, enjôleur. Avant d'entrouvrir les lèvres de surprise à ses mots. Ce n’est pas parce que tu as de joli yeux qu’une mélodie me fera craquer. Oh. Il ne m'en fallait pas plus. C'était presque une invitation à continuer dans la frivolité. « J'apprécie le compliment. » je souffle, en battant exagérément des cils. Avant de me rapprocher de nouveau, posant mes mains à plat sur le bureau pour m'y appuyer. « Mais j'ai beaucoup d'autres atouts, milady. Et si ce n'est qu'une question de sérieux, ça peut très vite s'arranger. Je suis un élève très diligent. » je rajoute, avec une douce insolence. Il ne tenait qu'à elle de le découvrir, si elle le souhaitait.
La discussion s'oriente de nouveau sur la musique et je mentionne Jaesang ainsi que son soutien sans failles pour mes créations. Auxquelles il avait participé pour certaines. Il avait quelque chose de chaleureux à partager cette passion avec quelqu'un. Surtout mon meilleur ami. Nous étions sur la même longueur d'onde sur tout. Ou à peu près tout. Et c'était lui qui m'avait poussé à poster mes compositions sur les réseaux, à les étendre à un niveau plus vaste que celui de ma chambre. Je ne suis pas là pour faire de toi une rockstar, Taejoon. Un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale en entendant mon prénom dans sa bouche, en dehors d'une boîte de nuit surchauffée. Je ne cille pas une seconde, pleinement concentré sur la femme qui se trouve devant moi. Je l'écoute, séparé d'elle par un simple bureau qui me semble être un crevasse immense en cet instant. Et sans le vouloir, elle referme celle-ci en contournant le meuble pour se glisser à mes côtés. Désormais, il n'y avait plus rien pour nous séparer, plus aucune barrière. Il y avait une détermination dans ses paroles, une passion brûlante qui faisait écho en moi. Qui me donnait envie d'y croire plus que tout autre chose. « Captivante n'est pas un mot assez fort, semble-t-il. » je lui susurre, sans la lâcher des yeux. « Je ne promets pas de ne pas attirer les midinettes avec de si beaux yeux. » Un rictus. « Mais ce n'est pas mon objectif. » Je passe ma langue sur mes lèvres. « Je vise autre chose. » Et cette simple phrase comprenait tellement de possibilités. À tous les niveaux. Je bascule sur le côté, réduisant la maigre distance qui restait entre nous pour lui faire à nouveau face. « Apprends-moi à faire de la vraie musique. » Mes paroles s'échappent, presque imperceptibles. Néanmoins, je sais qu'elles sont parfaitement arrivées à destination. À cet instant, la cloche indiquant la reprise des cours résonne dans la pièce, crevant la bulle installée tout autour de nous. Je recule d'un pas, lissant les plis de mon pull avant de pencher la tête sur le côté. « Je tâcherai de ramener quelque chose au prochain cours. » Puis je pivote sur moi-même, faisant quelques pas avant de tourner la tête sur le côté. Lui soufflant un bref baiser avant de prendre la fuite pour rejoindre la porte dans un rire sonore.
J'étais impatient de retourner en cours pour la première fois de ma vie.
Sujet: Re: Brain malfunctions | Seajoon #1 Ven 11 Oct - 19:56
Uh-Uh. This can't be happening.
Seahan & Taejoon
« Alors montres-moi tes cartes et on verra comment se déroule la partie. » Dis-je à mon tour, les joues pleines de chaleur. Je me sentais consumée par mes propres paroles. Je ne devrais même pas être en train de faire ça. C’était un jeu tellement dangereux, pourtant me plonger à bras le corps me semblait terriblement tentant. C’était terriblement incandescent. Il y avait quelque chose que j’étais incapable de nier. Une sorte de tension que je pourrais presque toucher, tant elle est forte et réelle. Il fallait que je prenne la mesure de ce que j’étais en train de faire. Parce que malgré tout le plaisir que j’y prenais. Je n’étais pas certaine une ce soit une très bonne idée. Moins encore quand, dans ses yeux, je pouvais encore revoir le film de cette soirée. Cette chaleur, si particulière, imprégnée sous ma peau, que je n’avais pu laisser de côté. Ses mouvements lascifs, ses souffles chauds dans le creux de mon cou. Chaque centimètre de ma peau, quadrillée sous la pulpe de ces doigts qui semblaient me connaître déjà. Lorsqu’il se penche, bras croisés, je peux distinguer à travers le tissu de son t-shirt, la définition de ses muscles et ça suffit pour faire monter de nouveau le rose à mes joues. Tout dépends le type de punition. Mes yeux s’écartent légèrement, mais je m’y attendais. Tout ce que je disais était une potentielle perche que je lui tendais bien volontiers. « Probablement pas celle que tu imagines.. » soufflais-je, en essayant de calmer le jeu, mais j’avais moi-même allumé le brasier. Qui pouvais-je encore blâmer pour mes états d’âme ? Je me redresse alors à nouveau, gardant le dos droit, pour tenter de garder contenance et de garder pied sur la situation.
Je retrouve finalement toute ma droiture et mon professionnalisme quand je me plonge dans mes explications. Parler de musique était ce qui m’ancrait le plus dans ma réalité. Je contrôlais, je maitrisais tout ça. J’étais l’experte, d’entre nous deux. Alors je le conseil, comme je peux. Je lui donne mon ressenti. Pour moi, la musique était comme un bon vin. Plus elle prend en maturité, meilleure elle est. Elle demande du travail, bien que l’impulsion fît parfois de grandes choses. Mais l’impulsion se révélait souvent grandiose chez les prodiges. Pas que je doutais de ses qualités de musicien, mais il restait jeune et je sentais que quelque chose chez lui, avait encore besoin d’être travaillé. C’était loin de me faire peur. Je sais reconnaître quelqu’un qui en veut et j’avais rarement vu quelqu’un avec un éclat si particulier dans le regard. « Je n’en doute pas. Elle est partout autour de nous. » Un souffle, un mot, un geste, tout pouvait générer une idée dans celui qui pense. Se transformer en notes et mélodies. Le sérieux vole rapidement en éclat quand il reprends rapidement son petit air enjôleur. « Qui a dit que ça marchait sur tout le monde ? » J’ajoute, pour venir piquer son intérêt un peu plus. Je ne comptais pas me laisser avoir si facilement, même si le rapide battement de ses cils suffisait à me faire louper un battement de cœur. « Je ne peux pas me baser sur des mots, il va falloir que tu fasses tes preuves, jeune homme. » Dis-je à mon tour, le regard taquin. On termine par parler de son meilleur ami et du rôle qu’il joue envers Taejoon. J’aurais aimé avoir, moi aussi, quelqu’un qui me faisait assez confiance pour me pousser toujours plus loin. Puis finalement je lui parle de mes intentions. De ce que je veux faire de tout ça, de ce cours. Je n’allais clairement pas les lâcher dans la nature dans aucune arme. Ce n’était ni mon rôle, ni ce dont j’avais envie. Ils méritaient tous et lui plus encore, qu’on leur prodigue de vrais conseils, de vraies armes pour affronter le monde dans lequel on allait les balancer. Être artiste, c’était loin d’être aussi simple qu’on le croit.
Je réduis finalement la distance entre nous, m’appuyant sur le bord du bureau. Séparée de quelques centimètres à peine de sa grande silhouette. Je pouvais sentir à nouveau, la douceur de son parfum, celui qui se mélange si naturellement à sa personnalité. Un mélange de fraicheur et de caractère. Je pourrais m’en enivrer, si on me laissait l’occasion. Nos regards sont comme des aimants, incapables de se détacher. Je me perds dans la profondeur et la détermination qui réside dans le creux de ses pupilles. Ses mots se reflètent dans mon sourire, il avait le compliment si facile. « Alors je vais t’aider à atteindre cette autre chose. » Des paroles qui voulaient dire tellement de choses, que je ne devais pas prononcer. Soudain, il est devant moi, me surplombant de toute sa hauteur. Autour de nous semble se créer tout un univers. Quelque chose ou rien d’autre n’existe. Il me faut de la force et de la volonté, pour ne pas laisser mes mains aller explorer ce qu’elles avaient déjà connues, ce fameux soir. Je renforce ma prise sur le bois du bureau, pour m’ancrer. « Quand tu veux, il te suffit de demander. » Je lâche dans un soupire, sans jamais lâcher son visage du regard, à peine conscience des ridicules centimètres qui nous sépare. La réalité nous rattrape trop vite et trop fort. La seconde sonnerie retentit et je dois battre des cils quelques secondes pour me rendre compte que c’était véritablement arrivé. Il recule et j’ai soudainement froid. « J’ai déjà hâte de voir ce que tu vas ramener. A la semaine prochaine… » Dis-je en le regardant s’éloigner. Son dernier geste me tire un rire, alors que je m’effondre finalement contre le bureau, relâchant toute la tension accumulée. Son rire résonne comme un écho dans ma tête et je prends quelques secondes pour reprendre mes esprits.
Je n’étais pas certaine de savoir vraiment dans quoi je m’étais lancée, mais je crois que l’engrenage s’était mis en route de lui-même. Ce qui était sûr, en revanche, c’était que je m’impatientais déjà du prochain cours, malgré tous les interdits sous-jacents. Je quitte la salle un léger sourire aux lèvres, laissant entre ces murs de trop nombreuses promesses qui n'auraient jamais eue lieue d'être, mais que j'étais incapable d'oublier. Son visage, lui, ne quittera plus jamais mon esprit.
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Brain malfunctions | Seajoon #1
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