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Perfect Timing | Karellen

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Lottie Walker
Deuxième génération

Lottie Walker


Date de naissance : 05/08/2000
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Perfect Timing | Karellen Empty
MessageSujet: Perfect Timing | Karellen Perfect Timing | Karellen EmptySam 12 Oct - 2:03

Perfect Timing
Lottie et Karel

« TAAAAAAAAAATE ! » hurlais-je dans toute la maison, à pleine voix. « Je vais te faire la peau, j’en ai marre de ramasser derrière toi ! Tu ne peux pas te déshabiller dans ta chambre ?! » Je venais de me casser la figure en plein milieu du couloir, et d’encore une fois, me faire du mal au bassin, parce que mon frère est un sombre idiot qui ne sait pas qu’il a une chambre pour ôter ses vêtements. Il a de la chance que ce soit encore moi, qui tombe dessus et pas maman, la pauvre aurait pu se casser la figure et se faire bien plus de mal que moi. Mais Tate, en sortant de sa chambre, toujours aussi peu habillé, se contentant d’un pantalon et d’une veste pas fermée, ramasse seulement son haut, avant d’ébouriffer mes cheveux, que j’avais soigneusement pris soin d’attacher ce matin. Maintenant, je ne ressemble plus à rien et c’est entièrement de sa faute. Nous n’étions que tous les deux, aujourd’hui, papa n’est pas là, et maman travaille. Papa il n’est plus trop à la maison ces derniers temps, depuis que lui et maman, ont eu la belle idée de se séparer surtout. Je mentirais que de dire que ça ne me fais pas de mal, parce que clairement, j’aurais préféré avoir mes deux parents ensemble toute ma vie, mais je ne suis plus une enfant, et papa à fait des erreurs, alors je dois me faire à l’idée. Tate, lui, il est tellement remonté contre papa, je ne l’ai jamais vu aussi bouleversé que depuis que maman et papa nous ont annoncés leur divorce. Une vieille histoire, d’après ce que maman m’a dit pour me consoler ce soir-là. Ma pauvre maman, vous la verriez. Elle est si belle, et si forte, elle ne craque pas devant moi, mais je l’ai entendu pleurer, l’autre soir, dans sa chambre. J’aurais aimé rentrer, mais je me suis dis qu’elle préférait peut-être seule, puis c’est Tate, qui sans gène, est entré, et à longuement parlé avec elle. J’ai pu passer du temps avec papa, il dit qu’il aime maman, et qu’il est désolé que tout ça se passe comme ça, j’ai tendance à croire que c’est vrai, qu’il l’aime un peu quand même, mais j’ai un peu de mal à comprendre ce qui l’a poussé à faire ça. Mais c’est la vie.


J’ai finis par rejoindre ma chambre, dans laquelle j’étais en train de faire du tri et du rangement, parce que j’avais besoin de faire le tri dans ma tête, et de faire remonter certains souvenirs. Ils disent que c’est bénéfique, et que ça me fera que du bien de me rappeler de bons moments. J’ai pris le temps de réorganiser tous les endroits de ma chambre où j’avais du rangement, étagère, dressing, bureau, retrouvant des cadeaux de mon père, des photos de moi en tournée, dans le bus, moi toute petite, d’à peine quelques semaines dans les bras de mon frère, moi plus tard avec maman, des photos de moi avec Karellen.


Karel…


Je me suis assise sur le sol, en serrant ses photos entre mes doigts. Elles ont bien 10 ans ces photos et pourtant, les moments qu’elles immortalisent, sont à jamais gravés dans ma mémoire. Il y a la photo de mon neuvième anniversaire, j’ai de la crème sur le bout du nez, et Karel, qui embrasse ma joue. Je me souviens de ce moment, j’étais vexée, parce que tate m’avait mis du gâteau sur le nez. Ne pensez pas qu’on se déteste avec Tate, je l’aime probablement plus que n’importe qui, on est juste frères et sœurs, et ça comprends les chamailleries, rien de bien méchant. Karel, ce jour-là, Karel avait embrassé ma joue en prétendant que ça soignerait ma colère, maman avait capturé le moment, bien évidemment. Puis il y en a d’autre, Karel et moi avec Mickey Mouse. Nous, à la plage. Nous, au camping, à Halloween, pendant les Pumpkin patch. Autant de souvenir qui ravivent cette douloureuse sensation dans mon cœur. Il me manque. Karellen et moi, ça fait des années que je ne le vois plus. Il est parti, du jour au lendemain, avec sa famille, et je n’ai jamais eu d’explication. Je ne sais plus grand-chose, de celui qui était la personne la plus importante à mes yeux, jusqu’à ce qu’il ne parte, et ne revienne jamais. J’ai longuement regardé ses photos, avant de me dire qu’il fallait que je passe à autre chose. Le temps passe, mais moi je ne l’ai jamais oublié. Est-ce que lui il m’a oublié ? J’ai tendance à penser que oui…


« Si maman rentre plus tôt, je suis partie donner des vieux vêtements, et je passe me chercher du café. Essaye de pas brûler la maison ! » Que j’indique a mon frère avant de quitter la maison au volant de ma voiture pour rejoindre le centre de dons. J’avais l’habitude de m’y rendre pour faire don des vêtements que je ne voulais plus ou qui ne m’allait plus.. Je me suis laissée a papoter avec une des bénévoles un moment, après avoir rempli les papiers, quand j’avais du temps, au lycée, je venais moi aussi, faire du bénévolat ici, ça rendait maman si fière. Apres avoir laissé les caisses de vêtements, je me suis rendue dans mon café favoris, pour y chercher mon café favori, un café au lait de noisettes et au chocolat, ca goûte littéralement le paradis. Mais qui m’aurait dit, qu’en rentrant chez moi, et en garant ma voiture dans l’allée, je verrais sur le perron, ce visage qui a marqué tant de si belles années. Mon gobelet m’échappe, rependant la boisson sur le gazon, les larmes me montant instantanément aux yeux. Il n’avait pas changé, ce visage délicat, ces boucles brunes, son regard brillant. Dieu qu'il est beau. J’ai l’impression de rêver. J’ai tant attendu le saint jour où je pourrais le revoir. Je n’avais jamais changé de maison depuis l’enfance, combien de fois en ai-je rêvé ? Bien trop, pour que ça puisse me sembler réel. Je me mets z courir dans sa direction et me jette dans des bras, des larmes de joie s’échappent par milliers de mes yeux fermés, le serrant bien trop fort. « Karel… bon sang, c’est toi… » Je ne cesse de répéter ses mots qui font battre mon cœur la chamade, me fichant éperdument de souiller son beau pull d’automne. « T-T’es revenu ? » Parfait timing.


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Karellen O'Neill
Deuxième génération

Karellen O'Neill


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MessageSujet: Re: Perfect Timing | Karellen Perfect Timing | Karellen EmptyDim 29 Déc - 16:16

Perfect Timing
Lottie et Karel

J’avais quitté San Francisco du jour au lendemain, sans me retourner, sans prévenir personne, sans avoir l’occasion de graver une dernière fois dans ma mémoire cette ville qui m’avait vu naître et grandir. On avait dit adieu au corps sans vie de mon aîné et nous étions partis, comme des voleurs, comme si nous n’avions jamais habité ici, dans ce quartier, comme si nous n’étions que des fantômes du passé, qu’on finirait par oublier, petit à petit. Et à l’époque, j’étais bien trop jeune pour avoir mon mot à dire, bien trop meurtri par le décès de mon frère, mon confident, mon meilleur ami. Il était mort par ma faute, à cause de mes bêtises et j’avais peur. Peur de faire souffrir quelqu’un d’autre, peur de perdre de nouveau quelqu’un que j’aimais, peur qu’elle me déteste pour ce que j’avais fait. C’est pour ça que je ne lui avais jamais donné de nouvelles, que je ne lui avais jamais écrit, même si j’en crevais d’envie. Je ne voulais pas qu’elle apprenne que j’étais le seul responsable dans toute cette histoire et, égoïstement, je préférais qu’elle garde en souvenir le petit garçon joyeux que j’étais.

C’est comme ça que j’avais atterri chez ma grand-mère paternelle, dans une ville paumée au fin fond du Wisconsin, loin de tout ce que j’avais connu, loin de mes amis et surtout loin de mes parents. Parce qu’eux aussi, ils m’avaient quitté, pour refaire leur vie ailleurs, loin de leur meurtrier de fils, me laissant à une femme que je ne connaissais à peine mais qui s’était révélée être la meilleure tutrice que j’aurais pu rêver d’avoir. « Tu as besoin de te reconstruire. Et nous aussi. » avait affirmé ma mère avant de remonter dans la voiture, aux côtés de mon père, pour ne plus jamais revenir. Et c’est sans doute la meilleure chose qui ait pu m’arriver. J’avais tout perdu, mes repères, mes amis, ma famille, mais en m’abandonnant, sans le moindre remords, j’avais certainement échappé à une vie malheureuse entre les cris et les rabaissements. Puis Marya était généreuse, douce, à l’écoute et aimante. Elle n’était jamais dans le jugement, ni pour ce que j’avais fait, ni pour toutes les erreurs que j’allais être amené à faire et je peux vous assurer qu’il y en a eu des belles durant mon adolescence…

Puis en grandissant, je m’étais posé tout un tas de questions, sur mon passé que je commençais à oublier, sur ce qu’avait bien pu devenir Lottie, ma chère Lottie, et je voulais pouvoir faire mon deuil, me recueillir sur la tombe de mon frère et tourner définitivement ce chapitre de ma vie pour apprendre à me pardonner. Quitter Marya était un déchirement, mais j’étais prêt à rentrer. Enfin, je crois. « Tu crois qu’ils sont retournés vivre à San Francisco ? » avais-je demandé la veille de mon départ, alors que nous dînions ensemble pour la dernière fois. Je n’avais qu’une crainte, qu’un seul point noir sur mon tableau idyllique de retour : croiser mes parents. « Bwarf ! Avec un peu de chance, ils gisent tous les deux au fond d’un caniveau. » Grand-mère n’avait jamais porté ma génitrice dans son cœur et son fils, et bien, c’était une bien longue histoire. Peut-être qu’un jour, je prendrais le temps de vous la raconter. Mais à ses yeux, fils comme belle-fille, ils étaient tous les deux morts. Et j’aimais la capacité qu’elle avait à rire de tout alors que je savais qu’au fond, elle souffrait d’avoir perdu son seul et unique garçon. « Ne fais pas cette tête, mon enfant, je t’ai toi. » Je lui avais répondu par un sourire, le ventre légèrement noué à l’idée de la laisser derrière moi. « Tu vas me manquer. »

Ça faisait maintenant un peu plus d’un mois que j’étais arrivé et tout s’était très vite enchaîné. J’avais dû trouver un appartement, pas trop cher et pas loin de l’université où j’allais finir mes études. J’avais dû me trouver un boulot, pour payer mon loyer et tout ce qui va avec. Et puis j’avais repris les cours et le temps avait considérablement commencé à me manquer. J’étais de retour sans être vraiment là et ça me rongeait de l’intérieur. « Et puis merde ! » Je referme, sans le moindre ménagement, mon ordi sur lequel j’étais en train de travailler. J’ai besoin d’une pause, j’ai besoin de faire toutes ces choses que j’avais prévu de faire en arrivant et que je n’ai jamais eu le temps de faire. A moins que le temps ne soit qu’une excuse pour repousser l’échéance… Je ne sais pas. Mais aujourd’hui, j’étais décidé à la revoir.

Quand j’arrive devant l’immense demeure Walker, je soupire de soulagement en découvrant que rien n’a changé. Il y a toujours son nom sur la boîte aux lettres et la maison est restée comme dans mes souvenirs. J’ai l’impression qu’elle est restée figée dans le temps, à m’attendre. Mais on sait tous que ce n’est pas le cas et que j’aurais pu ne pas avoir autant de chance. Je gravis les marches qui me séparent du perron et au moment où je m’apprête à sonner, le bruit d’une portière qui claque dans mon dos m’oblige à me retourner. La première chose que je vois, c’est le gobelet qui se renverse sur la pelouse et des jambes élancées qui tremblent. Mon regard remonte jusqu’au visage de la jeune femme qui se tient devant moi et mon cœur rate un battement. C’est elle, je le sais. Lottie est là, le visage strié de larmes et moi, sombre crétin, c’est à peine si mon cerveau arrive à aligner deux pensées cohérentes. Elle n’a pas changé. Enfin si. Elle n’a plus rien de la petite fille d’une dizaine d’années que j’ai quitté, elle est encore plus belle qu’avant. C’est d’ailleurs elle qui met fin à la distance en se jetant dans mes bras et j’ai l’impression que rien n’a jamais changé, qu’on s’est simplement quitté hier… Je la serre contre moi, caressant délicatement son dos, humant son parfum fleuri et chérissant la vie pour m’avoir donné une amie aussi formidable que Lottie. « Oui, je suis rentré. » Je me détache de son étreinte, glissant une mèche de ses cheveux derrière son oreille pour observer les traits de son visage. « Je suis désolé. D’être parti, de ne jamais avoir donné de nouvelles… Et de revenir sans prévenir. » A l’ère de la technologie, faire une demande sur Facebook, m’abonner sur son compte Instagram que je regarde en cachette depuis des années maintenant, c’était entièrement à ma portée. « Tu m’as tellement manqué… »
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Lottie Walker
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Lottie Walker


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MessageSujet: Re: Perfect Timing | Karellen Perfect Timing | Karellen EmptyDim 24 Mai - 18:51

Perfect Timing
Lottie et Karel

Enfant, je n’étais pas de ceux qui font du bruit, j’ai toujours été discrète, et rêveuse dans mon coin, à jouer avec mes poupées, à changer leurs robes, et à faire de ma vie, ce petit paradis de conte de fées que j’aimais tant. Il était déjà à mes côtés à l’époque, Karellen. Ce garçon aux grands yeux, et aux boucles folles. Depuis le jardin d’enfant, il est mon camarade d’aventure. On a grandi ensemble, et c’était beau d’avoir une amitié pareille, parce qu’il savait tous mes secrets d’enfant. Toute mon enfance s’est faite à ses côtés, jusqu’à ce qu’il ne parte, du jour au lendemain, sans que je n’aie aucune explication, ou aucune nouvelle. Il est juste parti comme ça, et je n’avais eût que mes yeux pour pleurer son départ. Il n’était plus là à l’école pour s’asseoir à mes côtés, plus là pour déjeuner avec moi le midi, ou me raccompagner à la maison le soir. J’étais seule maintenant. Enfin pas vraiment si on compte toute la bande qui m’entoure depuis que je suis petite. Le groupe de papa avait donné plein d’enfant au final, et c’était une véritable aubaine, qu’on soit autant, et qu’on s’entende tous aussi bien, on passe énormément de temps à se charrier, surtout par les plus vieux. Au fond, j’aurais pu m’en contenter et me dire que ce n’était pas grave, que j’avais déjà de la chance de les avoir eux, mais il manquait ce garçon au teint pâle et aux cheveux bouclés à mes côtés. J’avais voulu lui écrire des lettres, et je l’avais fait, pour raconter un peu tout ce qui se passait dans ma vie pendant qu’il était absent, parce qu’il me restait un peu de ça pour ne pas l’oublier. Mais je n’avais pas d’adresse, et rien pour les lui envoyer, alors ces lettres se retrouvaient dans mon bureau, ou dans une boîte sous mon lit. Et je lu racontait absolument tout. De mes fiertés à mes tristes moments, et surtout, combien il pouvait me manquer.

J’avais longtemps nourri l’espoir qu’il reviendrait, qu’un jour il se pointerait à ma porte, avec ses excuses, et des tonnes de choses à me raconter. Mais au final, je n’en savais pas vraiment grand-chose. S’il était parti sans donner de nouvelles, pouvait-il vraiment revenir, comme ça ? Alors j’y ai cru, jusqu’au jour où j’ai arrêté d’y croire, en grandissant. J’ai juste plus cru à ce petit conte de fées. Il avait sûrement dû m’oublier, ou être parti à l’autre bout du monde, mais je m’étais doucement faite une raison. Les choses sont comme elles sont, et je devais avancer. Au final, j’ai fait ma rentrée au lycée, j’ai eu des amies, que j’ai perdues, parce que je n’étais pas aussi intéressée qu’elles dans l’idée d’avoir à tout prix un petit ami. Je me suis rendue compte que mes amis, étaient ma famille, et que je n’avais pas à chercher plus loin. Je me suis plongée dans les sciences et j’ai eût mon diplôme, et je l’ai fêté avec les autres, en me demandant comme ça aurait pu être, s’il avait été là, pour jeter cette toge inconfortable avec moi. A me demander ce qu’il aurait pensé de la jeune femme que j’étais en train de devenir. En gardant les souvenirs, dans un coin de ma tête. J’ai arrêté d’y croire, mais je n’ai pas oublié.

Mais le destin me fait mentir.

Et j’ai l’impression de rêver, ou d’halluciner, je ne sais pas trop, peut-être que le soleil de cet automne me tape sur le crâne et que je me retrouve là, a faire un méchante insolation. Je ne sais pas vraiment. Le plus important c’est qu’il est là. Devant moi, de toute sa hauteur, sur le perron de la maison. Au fond de moi, il m’a toujours manqué, alors le voir, là, comme ça, je ne sais m’empêcher de me ruer dans sa direction pour venir le serrer dans mes bras, et prendre doucement connaissance du nouveau lui. 10 ans, ça fait du changement, et pourtant, je le reconnaitrais entre mille. C’est lui qui met fin à cette étreinte. Bon sang. Il est beau, il n’a pas tant changé au final, son visage est plus anguleux, presque plus adulte, et il est bien plus grand, il me dépassait de bien des centimètres maintenant. « J’avais fini par croire que tu ne reviendrait jamais » Soufflais-je en le regardant encore sous le choc. Si je m’étais attendu à ça…   « Où est-ce que tu étais passé ? » Demandais-je un peu trop curieuse, sans vraiment savoir si j’aurais des réponses. « Toi aussi tu m’as manqué, Karel, tellement… » J’essuie mes yeux humide d’un revers de manche. C’était ridicule de me mettre à pleurer, mais j’y croyais tellement plus. « Tu as le temps de rester un peu ? » Demandais-je, craignant de le voir repartir aussi vite qu’il était arrivé.



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Karellen O'Neill
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MessageSujet: Re: Perfect Timing | Karellen Perfect Timing | Karellen EmptyDim 31 Mai - 17:13

Perfect Timing
Lottie et Karel

J’avais essayé d’oublier. Dés mon arrivée dans Wisconsin, chez Marya, j’avais eu ce désir brûlant de refouler tous les souvenirs de ma vie à Los Angeles, comme un besoin de nouveau départ, de renaissance. J’aurais aimé mourir, pour renaître dans un corps différent pour être quelqu’un d’autre que moi, mais c’était impossible et j’allais devoir apprendre à vivre avec la mort de mon frère sur la conscience. Mais ça, je n’en étais pas capable. Je ne pouvais pas supporter le poids de la culpabilité, j’étais trop jeune pour continuer d’avancer en me rappelant, à chaque fois que je croisais mon regard dans un miroir, que tout était de ma faute. Alors oublier m’avait semblé être une solution à tous mes problèmes. Faire de ma vie en Californie un vieux songe qui fini par disparaître avec le temps… Seulement, les souvenirs ne s’envolent pas aussi facilement, pas ceux qui nous marquent, d’une façon ou d’une autre. Et si je n’ai jamais réussi à oublier la mort de mon frère ainsi que son visage, celui de quelqu’un d’autre continuait de danser sous mes yeux, sans que je ne puisse y faire quelque chose. Lottie n’a jamais cessé d’habiter mon esprit, et moi, je continuais de me perdre dans le bleu de ses yeux, d’entendre son, lointain, rire cristallin et de sourire, en réponse au sien. Seulement, rien de tout ça n’était réel et je savais que ça ne le serait probablement plus jamais. Tout ça parce que je manquais cruellement de confiance, en moi, et peut-être en la terre entière. Je n’étais pas un grand courageux et ça se ressentait dans mes actes. J’aurais pu renouer les liens avec Lottie, à de nombreuses reprises, j’aurais pu tenter de la retrouver, demander des nouvelles et tout lui expliquer, mais j’avais eu peur qu’elle me voit différemment, qu’elle puisse s’imaginer que j’avais changé et qu’il ne restait plus rien du garçon qu’elle avait connu et apprécié, alors je n’avais jamais sauté le pas. Et le temps avait passé, sans que je ne trouve le courage de revenir vers elle. Je l’avais retrouvé sans grande difficulté, sur les réseaux sociaux, mais j’étais resté silencieux et à ma place, comme le vieux fantôme du passé que j’étais ou que je me voyais être.

Je ne pensais ne jamais revenir dans la cité des anges, je pensais réussir à laisser dernier moi certains aspects de mon enfance et grandir sans ressentir le besoin de comprendre ce qui avait bien pu se passer ce jour-là, mais les questions s’étaient intensifiées avec le temps, me faisant prendre conscience que je ne pouvais pas continuer de fuir éternellement. Que ce soit mes démons, ou elle. Je me devais de connaître la vérité, toute la vérité et de la revoir, au moins une fois, pour m’excuser. Parce que je lui en devais. Et tant pis, si elle n’était pas prête à pardonner mon absence et mon silence, je n’étais pas prêt non plus à me pardonner, mais elle avait le droit de savoir que j’étais là et que je ne l’avais pas oublié. Même si elle, elle m’avait peut-être fait sortir de sa mémoire, ce que j’aurais aisément compris, bien que sûrement blessé, également. Et c’est sûrement pour ça que j’avais mis autant de temps, avant de trouver la force de me retrouver devant chez elle, comme je l’avais si souvent fait, il y a longtemps, dans un passé qui, parfois, me semble presque irréel.

Mais elle est là, dans mes bras, et j’ai tellement peur de rêver, de m’imaginer ces retrouvailles que je la serre contre moi, dans l’espoir de la garder près de moi pour l’éternité. Et la peur de la voir disparaître se mêle au soulagement, quand mon cerveau assimile enfin qu’elle ne m’a pas oublié et qu’elle est loin de me haïr, comme j’ai pu le penser. Et, c’est rassuré que je mets fin à cette étreinte, bien qu’à contre cœur. J’en profite pour l’observer, longtemps, imprégnant chacun de ses traits dans ma mémoire. Elle est réelle. Tout est réel. « Je crois que… je ne pensais pas revenir un jour non plus… » j’avoue, à voix basse, le cœur rempli de remords de lui avouer une chose pareille. Mais c’est la vérité et elle doit la connaître. Tout comme elle mérite de connaître la raison de mon départ. « Je suis partie vivre chez ma grand-mère, à Blue River, dans le Wisconsin… » Je détourne le regard, quelques secondes, avant de plonger mes yeux dans les siens, où je peux voir quelques larmes naissantes, ce qui m’enserre le cœur et me donne envie de me terrer dans un trou jusqu’à la fin des temps. Faire pleurer une fille, c’est moche. « Je ne voulais te faire pleurer… Je suis désolé. » Je hoche la tête, en silence, pour répondre à sa question, avant d’ajouter : « De toute façon, je te dois des explications… » Et je ne pouvais plus que prier, pour espérer qu’elle ne me déteste pas.


@Lottie Walker Perfect Timing | Karellen 1508197369
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Lottie Walker
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Lottie Walker


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MessageSujet: Re: Perfect Timing | Karellen Perfect Timing | Karellen EmptyVen 7 Aoû - 15:39

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En partant il ne m’avait rien laissé, pas un mot, pas une adresse, rien qui puisse faire que je le retrouve, que je puisse continuer d’entretenir le lien que nous avions étant enfant, avant qu’il ne s’en aille, en me laissant toute seule au milieu des lions. J’aurais voulu, lui parler tant de fois, qu’il me rassure et qu’il me dise que je n’étais pas toute seule, que peu importe où il était, il pensait à moi, et que mon amitié comptait toujours à ses yeux. Que je restais importante à ses yeux. Que j’étais toujours sa meilleure amie. Mais le temps à passer, et je n’ai jamais eu de réponses à mes questions, pas une nouvelle, pas un mot, pas même les réseaux sociaux pour me donner une preuve qu’il était encore en vie, quelque part, heureux dans le monde. Du jour au lendemain, il a disparu, et je n’ai plus rien eût de lui. Il n’avait pas pris le temps de dire au revoir, que je puisse le gratifier d’une dernière étreinte. Au fond, je crois que ça aurait rendu les choses encore plus compliquées. Je ne sais pas vraiment, il n’en reste pas moins, que j’ai été longtemps triste de son absence, à ne pas comprendre ce qui avait pu se passer, pour qu’il ne vienne pas me dire au revoir. Puis les années se sont écoulées, mais il n’est jamais sorti vraiment de ma tête. Bien des choses me le rappelait. Même le divorce de mes parents, quand je me suis retrouvée là. Démunie, à apprendre que mes parents ne s’aimaient plus assez, et que papa avait osé briser le cœur de maman. A comprendre que ma famille ne serait plus jamais la même. J’aurais voulu qu’il soit là, pour me soutenir, pour me rappeler qu’il y a du bon dans ce monde. J’aurais voulu pouvoir m’enfuir avec lui, partir un soir, et juste passer la soirée, sur les hauteurs de la ville, et regarder les lumières, prendre le poids sur la nuit. Mais j’ai fais ça, seule. Parce qu’il n’était plus là, pour regarder les étoiles s’amenuiser par les puissantes lumières des néons, qui à plusieurs, pouvaient faire taire la nuit.

Et j’ai l’impression de rêver, à le voir là, à quelques mètres à peine, j’ai peur de me pincer, et de me rendre compte que tout ça n’est qu’une illusion, et que c’est mon cerveau, qui est tellement ailleurs qu’il s’imagine le retour de mon meilleur ami. Je fonce vers lui, et me jette presque dans ses bras. Je le serre fort, presque à l’étouffer tant ça me semble irréel. J’ai l’impression que l’illusion va s’envoler si je le lâche, et je n’ai pas envie, je n’ai pas envie de le voir disparaître encore. Mon cœur bat à une vitesse impressionnante. J’ai la sensation qu’il va s’échapper de ma poitrine. Tout prend fin, cette étreinte, la sensation qui m’envahit, et mon regard prends place dans le sien. Il est bien là, et pourtant j’ai du mal à y croire. J’ai longtemps espéré, trop longtemps, une telle scène, que c’est difficile d’y croire, quand elle se déroule. « Et pourtant, tu es là… » Répondis-je le cœur serré. Il aurait pu ne jamais revenir. Est-ce que je m’y serais faite un jour ? A son absence ? Est-ce qu’il aurait fini par moins me manquer à force de temps ? Il semble si triste, si perturbé. Il souriait toujours quand on était ensemble avant. Qu’est ce qui a changé ? « Je vois. » Je ne sais pas retenir les larmes qui affluent aux coins de mes yeux clairs. J’aurais voulu ne pas pleurer, mais j’en ai tellement rêvé, que je ne sais pas me retenir. L’émotion est palpable. Je m’empresse d’effacer mes larmes d’un revers de main. « Ce n’est rien, je suis juste heureuse de te voir… Je ne m’y attendais pas. » Je réponds rapidement, dans un sourire, avant d’hocher la tête à ses mots, et de l’inviter à me suivre à l’intérieur, je dépose mes affaires à l’entrée. « Le salon n’a pas changé de place, je vais nous chercher à boire. » Je m’éclipse dans la cuisine pendant quelques instants, je prends le temps de respirer profondément, avant de revenir au salon, avec deux verres, un que je dépose devant lui, et l’autre que je garde à la main, avant de m’installer à ses côtés. « Je suis curieuse, racontes-moi…. Pourquoi tu es parti sans donner de nouvelles ? » Finis-je dans un souffle, en me disant que la vérité serait peut-être pire que ce que j’avais toujours imaginé.

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MessageSujet: Re: Perfect Timing | Karellen Perfect Timing | Karellen EmptySam 5 Sep - 11:58

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Et pourtant, tu es là… Je suis là. Pour combien de temps, ça, je l’ignore. Est-ce que revenir dans cette ville qui ma rappelle tant de mauvais souvenirs m’aidera réellement à faire mon deuil, à me pardonner ? Je ne sais pas. Revenir s’était simplement avéré être l’une des solutions pour vaincre toute la culpabilité qui me ronge depuis des années, mais je ne pouvais pas être certain qu’elle fonctionne. Peut-être que ce sentiment ne disparaîtra jamais. Peut-être qu’il se dupliquera. Je n’en sais fichtrement rien. Tout comme il étais possible que dans quelques semaines, quelques mois, je décide de partir de nouveau, pour fuir ce passé que je n’arrive pas à oublier. Mais pour l’heure, la fuite ne fait pas partie de mes options. Bien que l’envie de revoir Marya était bien présente, elle. Mais elle m’avait fait promettre de ne jamais revenir – définitivement, évidemment, sur un coup de tête et je compte bien tenir ma promesse. Et ce sont d’ailleurs les seuls informations que j’arrive à lui donner, parce que quitte à ce qu’elle me voit différemment, je préférais éviter que ce soit fait dans son jardin, à la vue de tout le monde. Comme les larmes qui naissent dans le coin de ses yeux et qui me donne l’impression de n’être qu’un parfait idiot. Mais ses mots me rassurent, bien qu’il m’enserre le cœur d’un sentiment encore bien trop flou pour que je mette une notion dessus. « Moi aussi, Lottie. Moi aussi, je suis heureux de te revoir… » Même si j’aurais préféré la retrouver dans d’autres circonstances, ou ne jamais être partie. Mais il est trop tard pour éprouver des regrets et de toute façon, j’étais bien trop jeune, quand nous avons quittés Los Angeles, pour avoir mon mot à dire. Plus âgé, j’aurais certainement tout fait pour la voir avant mon départ, pour lui griffonner une adresse, un numéro, n’importe quoi qui nous aurait permis de rester en contact.

Je suis mon amie d’enfance à l’intérieur, et j’ai à peine le temps de mettre un pied dans le hall d’entrée, qu’une vague de souvenirs me submerge. Chaque endroit où mes yeux se posent me semble étrangement familier, me rappelle un événement, une anecdote. Combien de temps est-ce qu’on a passé à jouer, tous les deux, entre le murs de cette maison ? Je suis tellement absorbé par ce que je vois, que c’est à peine si j’entends la voix de Lottie qui m’invite à regagner le salon. Je me tourne vers elle, quittant le passé dans lequel je m’étais perdu. « Je vais essayer de ne pas me perdre. » je réponds, un peu sur le tard, avant de la regarder se diriger en direction de la cuisine. Puis mes jambes se mettent en mouvement et je m’étonne à connaître, ou plutôt à reconnaître avec autant de facilité chaque recoin de cette demeure. Trouver le salon ne s’avère pas si compliqué que ça. Et rien n’a changé. Ou presque. La décoration a été refaite entre temps, mais j’y retrouve le même sentiment que lorsque j’étais gamin. Cette pièce me transmet toute la chaleur et tout le bonheur qu’une famille unie abrite. Quand j’étais ici, avec Lottie, c’est ce que je ressentais. J’avais l’impression de faire partie d’une famille, et pour l’espace de quelques heures, j’oubliais les cris, les reproches, qui m’attendaient à la maison. Et cette fois, c’est le léger tintement d’un verre qu’on dépose qui me ramène à la réalité. Mon visage se tourne vers celui de mon amie qui s’installe à mes côtés, sur le canapé, et j’en viens à me demander à quel moment je m’y suis assis. Puis arrive le moment que je regrette et que, finalement, je repousse depuis des années, celui des explications. Mais tout se mélange dans mon esprit et je ne sais même plus par quoi commencer, comment lui expliquer, de la plus simple des façons, dans quel Enfer je vis depuis tout ce temps. Alors je prends une profonde respiration, pour tenter de calmer les battements de mon cœur et je me lance. Tant pis si ce que je raconte est brouillon, le plus important, c’est qu’elle comprenne.

« Ce sont mes parents, qui ont décidé de partir. Je me suis réveillé un matin, nos bagages étaient faits et moins d’une heure après, on prenait la route. » dis-je en soupirant. « Je suppose que continuer de vivre ici après la mort d’Alvin, c’était trop compliqué pour eux. » Je me suis très souvent demandé si l’histoire aurait été la même, dans le sens inverse. Seraient-ils partis, si ce jour-là, c’est moi qui serait mort ? Auraient-ils refait leur vie ailleurs, dans l’espoir que la douleur soit plus faible ou serait-il resté ? Au fond, je crois connaître la réponse. Mon frère était le préféré aux yeux de mes parents, et même si il se battait corps et âme pour que ça change, je sais que la peine qu’ils ont ressenti à sa mort n’aurait jamais été aussi grande si ça avait été moi. « La suite, tu le sais déjà. Je suis allé vivre chez ma grand-mère paternelle… » je marque un temps d’arrêt avant de reprendre la parole. « Et je n’ai pas revu mes parents depuis presque neuf ans… » je souffle, en prenant conscience de ce que cet aveux implique. J’en ai trop dit pour faire marcher arrière, maintenant, et pas suffisamment pour me taire. Mon visage vient s’enfouir dans mes mains et je dois me faire violence, faire preuve d’une immense maîtrise et de courage pour poursuivre. « Le jour où il est mort, je venais de m’enfuir de chez moi… » je commence, mes yeux fixant un point au loin, dans l’unique but de ne pas croiser ceux de Lottie. « Il s’est tué en partant à ma recherche. Mon frère est mort par ma faute, Lottie… »


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MessageSujet: Re: Perfect Timing | Karellen Perfect Timing | Karellen EmptyJeu 10 Sep - 22:24

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J’aurais pu me faire des millions de films, imaginé que quelqu’un l’avait kidnappé, qu’il avait été renversé, et laissé dans un fossé un peu plus loin dans les derrières de la ville, mais je n’étais qu’une enfant, une enfant qui venait de perdre son seul repère extérieur. Celui à qui elle tenait le plus. Papa m’avait expliqué, que la vie c’est comme ça, que parfois les gens s’en vont, et ils ne disent pas au revoir, parce qu’ils ne savent pas qu’ils vont s’en aller, et que ce n’est pas grave, que peut-être un jour, on les reverrait, s’ils revenaient. Je m’étais accroché à cet espoir, dans mon cœur de petite fille, que mon ami allait revenir. Qu’il n’avait juste pas eu le temps de venir me faire un câlin une dernière fois, et de me dire au revoir, qu’il avait appris, sur le tas, qu’il devait s’en aller, mais qu’il reviendrait, parce qu’il ne m’aurait pas oubliée. Du moins, je l’avais espéré pendant longtemps, avant que l’espoir ne s’amenuise, pour me faire la douce surprise, de le ramener à moi, alors que j’ai affreusement besoin de quelqu’un à qui me confier, ces derniers temps. La vie n’a pas été simple, et j’avais terriblement besoin de parler avec quelqu’un qui ne connaisse pas toute l’euphorie qui règne autour de moi, qui ne sache rien de tout ça, du divorce de mes parents, du bordel que tout ça a fichu dans ma vie. Quelqu'un simplement la pour me dire que rien ne va changer et que ça va aller, que c’est juste une phase à passer mais que ça ira. Il est là, et c’est le plus important.


On rentre dans la maison, celle qui a vu tellement de nos premières expériences de vies, les premiers vrais fous rires, les premières cabanes en couvertures au milieu du salon, les premières veillées à la belle étoile dans le jardin. Nos premiers souvenirs, et les derniers, indélébiles, ceux de son rire, qui résonnaient encore longtemps après son départ. Je suis tiraillée entre la joie de le retrouver, et la curiosité qui m’anime les entrailles de savoir où il était passé durant toutes ces années et pourquoi surtout, pourquoi comme ça, pourquoi si longtemps ? Qu’est ce qui l’empêchait de revenir ? J’avais besoin de comprendre. Besoin d’entendre , même si la vérité pourrait peut être me bousculer, après tout, j’avais déjà été assez secouée ces derniers temps, je devrais être en capacité d’encaisser, de comprendre. Juste de comprendre. Alors que je m’installe à des côtés, lui tendant un verre, et que je pose la question qui va faire lumière sur tout ce qui s’est passé. Je l’écoute, attentivement, attristée par ce que j’entends. Il n’avait jamais eu le choix, que de vivre loin, avec le deuil de son propre frère sur les épaules. J’aurais voulu avoir la capacité d’apaiser sa peine à l’époque, ça l’avait affecté.. « Je vois… » soufflais-je. Je n’aurais peut-être pas su vivre, moi non plus, avec le deuil de quelqu’un sur les épaules, j’avais de la chance de ne pas avoir eu à faire à ce genre de cas pour le moment, mais quelque part, je comprenais. Ce que je ne comprends pas, c’est la violence avec laquelle ils ont impunément, arraché un enfant à ses racines. Je n’avais jamais vraiment entendu du bien de ses parents, je savais qu’il préférait souvent être à la maison, et jouer ici, avec moi, ou prendre le goûter, ici avant de rentrer chez lui, que souvent il passait ses journées à la maison, avec moi, et il était heureux. Moi je n’avais jamais vraiment mis les pieds chez pieds chez lui, que quelque fois, et si son frère était adorable, dans mon souvenirs, ses parents ne l’étaient pas tant. Plus froid, plus distants, non pas qu’ils n’étaient pas gentils, mais comparer à la générosité et l’amour qu’émanait ma mère, c’était tout autre chose, il fallait bien avouer.

Je le laisse continuer, à tout avouer, me rendant d'autant plus triste pour lui, à chaque petits mots qui sortent de sa bouche. Puis aveux ultime. Il tombe. Et j’ai beau réfléchir, je ne comprends pas en quoi il serait responsable. « C’est pas ta faute. Karel... » Je réponds dans un murmure presque automatique, refusant de croire qu’il était coupable. « Pourquoi tu voulais t’enfuir… ? » Demandais-je, peut être un peu trop curieuse, mais j’ai du mal à comprendre le cheminement des choses et pourquoi, il pense que c’est sa faute. « Je comprendrais si tu ne veux pas répondre.. J’en demande peut être trop… » Je ne veux pas le brusquer, pas qu’il se braque. Mais J’étais intimement persuadée qu’il se fourvoyait sincèrement. Mais j'ai mal pour lui, pour la culpabilité qu’il porte depuis si longtemps.

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MessageSujet: Re: Perfect Timing | Karellen Perfect Timing | Karellen EmptyLun 12 Oct - 22:58

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Il y avait mille et une raisons valables pour que je ne revienne pas, pour que je laisse ma vie à Los Angeles derrière moi, loin de l’homme que j’étais devenue. Mais tout me ramenait sans cesse étrangement ici, comme si le besoin de tirer un trait, de façon définitive, sur le passé, était nécessaire pour que la culpabilité cesse enfin de me ronger l’âme. Mais j’avais des promesses à tenir, envers Marya, mais surtout envers moi-même. Je devais aller de l’avant, me pardonner, apprendre à vivre avec l’absence de mon frère qui, malgré après les années, continuait de me manquer. Et surtout, je devais comprendre. Et surtout, je devais comprendre. Comprendre ce qui s’est passé ce soir-là, pour qu’il se montre aussi imprudent et se tue, pourquoi est-ce que ma disparition l’aurait obligé à prendre le risque de rouler aussi vite… Parce que j’étais persuadé que ça ne lui ressemblait pas, et qu’il manquait un élément à cette histoire pour qu’elle soit complète, mais j’ignorais quoi. Et une fois que je saurais, une fois que j’aurais enfin fait le deuil de mon aîné, de la seule véritable famille que j’avais, finalement, je prendrais une décision. Rester vivre ici, auprès de lui, auprès de Lottie et de toutes ces choses qui ma rattachent à mon passé ou partir de nouveau, retrouver Marya et poursuivre ma vie dans le Wisconsin. Pour le moment, je n’en savais rien et de toute façon, il était beaucoup trop tôt pour prendre la moindre décision.

Puis vient le moment des révélations, de lui expliquer toute la vérité qui entoure notre départ précipité, les adieux qui n’ont jamais eu la chance d’être prononcés et toutes ces longues années de silence, parce que j’avais bien trop peur de la recontacter, de découvrir qu’elle m’avait oublié, ou pire encore, qu’elle me détestait. Alors j’avais juste suivi le mouvement sans rien dire. La mort d’Alvin avait déchiré quelque chose chez mes parents, et je ne pouvais que comprendre leur douleur, vu celle que j’avais ressenti et que je continuais de ressentir, depuis la mort de mon frère. Mais je savais que ce n’était pas la seule chose qui s’était brisé chez eux, lorsqu’on l’avait enterré, lorsque le cercueil avait disparu sous la terre. Ils ont perdu leurs deux enfants la nuit du drame, et l’un d’entre eux était responsable de la disparition de l’autre. Et peut-être qu’ils auraient pu trouver la force de me pardonner, si seulement ils m’avaient aimé comme ils aimaient Alvin. C’est tout le contraire, qui s’était produit. Et si je pensais déjà vivre l’Enfer, ce n’était rien à côté des jours qui avaient suivi. Et aujourd’hui encore, je comprenais leur colère, même si je n’excusais pas leur comportement. Parce queje ne méritais pas toute cette haine. Je ne méritais pas d’être abandonné chez une femme que je ne connaissais pas, avec l’horrible impression d’être une personne odieuse, dénuée de cœur et de sentiments. Mais tout ça, ça allait dans la continuité de ce que j’avais toujours vécu, alors pourquoi est-ce que je me serais rebellé, pourquoi est-ce que j’aurais dû comprendre que ce n’était pas normal, d’être traité de la sorte ?

Puis la voix douce de Lottie parvint jusqu’à mes oreilles et je ne peux pas m’empêcher de sourire tristement devant ses mots. « C’est ce que ma grand-mère me répète depuis des années. » je chuchote, dans un soupire. Des années que Marya essayait de retirer tous le poids que je portais sur mes épaules, de me faire prendre conscience que mes parents n’avaient rien d’un père ou d’une mère aimante, que je n’ai jamais été le nœud du problème. Et j’aurais aimé la croire, mais j’en étais incapable. Pourquoi moi ? Pourquoi pas Alvin ? Pourquoi ils l’avaient aimé lui et pas moi ? Il y avait forcément une raison à tout ça, une raison qui m’échappait, quelque chose que j’avais dû faire dans le passé pour ne pas mériter leur amour. « Mais je ne peux pas m’empêcher de penser que si j’étais restée, si j’avais pris sur moi, il serait encore en vie, tu comprends ? » je relève enfin la tête vers elle, le visage fermé. Et je dégluti faiblement lorsqu’elle me demande pourquoi j’avais voulu fuir. Je n’en ai jamais parlé à personne auparavant, si ce n’est à ma grand-mère. Et encore, elle avait compris bien avant que je n’ose lui en parler. « Mes parents n’avaient rien à voir avec les tiens, Lottie. » je réponds, d’une voix tremblante, mon regard se perdant au loin. « A ton vis, pourquoi est-ce qu’on n’est jamais allé chez moi ? Pourquoi est-ce qu’on venait toujours joué ici, après l’école ? » Me tenir éloigné de mes parents, le plus possible, ça m’avait permis, pendant des années, de ne pas flancher.  « Ils n’ont jamais eu une parole gentille, jamais eu la moindre marque d’affection à mon égard. » Toute l’affection que j’ai reçu durant mon enfance, je la devais aux parents de Lottie, à sa mère plus particulièrement. Et bon sang, j’aurais tout donné pour que la mienne se montre aussi attentionnée envers moi, pour partager toutes les choses qu’elle et son frère ont eu la chance de faire avec leur père. « Tu te souviens, quand je me suis cassée le bras en tombant de mon vélo ? » je demande, en me remémorant les semaines interminables que ça avait été. « Il n’y a jamais eu de chute en vélo… Mes parents m’ont demandé de mentir et je l’ai fait. » Et c’était comme ça à chaque fois. Je passais pour le petit garçon casse-cou, et eux, ils jouaient les parents modèles. « Voilà pourquoi je voulais fuir. Je ne pouvais plus vivre avec eux. » J’aurais évidemment pu demander de l’aide, mais je n’étais qu’un gamin. Un gamin conditionné à mentir pour cacher la maltraitance de ses parents. Un gamin à qui ont a répété qu’on ne le croirait jamais s’il venait à parler, à dire quoi que ce soit.


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MessageSujet: Re: Perfect Timing | Karellen Perfect Timing | Karellen EmptyMar 13 Oct - 19:19

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Si je m’étais attendue à ça, à ses paroles révélatrices, à ce secret, qu’il avait gardé pendant des mois, des années. Et pourtant, je suis incapable de penser qu’il est responsable de la disparition de son frère. Personne ne l’est. Je n’avais jamais rencontré vraiment Alvin, quelques fois seulement, je ne le connaissait pas vraiment. Nous n’avions jamais discuté. De toute façon, je n’étais qu’une gamine, que l’amie de son petit frère, autant dire qu’il en avait pas grand chose à faire, de la petite personne que j’étais. Rien de grandiose, rien qui ne justifie, qu’il m’adresse la parole sincèrement autre qu’un bonjour, mais je n’avais rien su de sa disparition. Karel ne m’avais rien dit, après tout, il ne m’avais jamais rien dit, pas même un au revoir, alors pourquoi se serait-il confié sur la mort de son frère, si son départ ne s’était pas fait presque aussitôt, sans que je ne m’en rende vraiment compte. Ça me peinait, pour lui, pour sa famille, parce que la perte d’un proche, c’est toujours une épreuve horrible, que je ne souhaite à personne, et encore moins à moi. Je tiens tellement à mes proches à mes parents, à mon frère, que si on me retirait l’un d’eux, le monde ne tournerait sûrement plus vraiment droit. J’aurais voulu avoir l’occasion d’apaiser sa peine et sa douleur, mais je ne peux rien faire, du moins, je ne sais pas vraiment si j’en suis capable, après tant d’années. Le soutenir, et être là pour lui, c’est une chose, le convaincre qu’il à tord, et qu’il n’est pas responsable s’en est une aussi. De toute façon, je suis incapable de voir Karel autrement. Ce n’est pas un mauvais garçon, il n’a jamais rien fait de méchant. Il n’est pas méchant, il aurait été incapable de faire du mal à qui que ce soit. Même involontairement. Il n’est pas responsable de ce qui s’est passé, et j’en suis intimement persuadée.

 « Oui, je peux comprendre, mais tu sais, tu ne pouvais pas l’empêcher, ça ne veux pas dire que tu es responsable. » Je souffle, en venant poser une main sur son épaule. Mais une question me taraude, tourne dans ma tête, inlassablement. Pourquoi ? Pourquoi avoir voulu fuir ? Qu’est ce qui l’avait poussé, à en arriver là ? Les minutes passent et les mots se font de plus en plus durs à entendre. Il avait toujours été le bienvenue à la maison, dans ce foyer qui débordait d’amour et de tendresse. Je n’avais jamais connu que ça, l’amour d’une famille, l’unissons de quatre coeurs qui battent ensembles. Les images d’une famille unie, bien que le portrait de la famille parfaite soit quelque peu entaché, depuis le divorce. Pendant cette période, le voir me fait autant de bien qu’on pourrait l’imaginer. Mais ses révélations, elles, peu à peu, me brise le coeur. Je réalise peu à peu l’enfer qu’avait été son foyer, qu’avait été, de son enfance que je croyais simple et sereine, je le pensais simplement casse-cou, toujours à faire des pitreries ensemble. Je pensais que c’était la même chose chez lui. En fait, il n’en était rien. Mon meilleur ami avait traversé des chose ignobles, et je n’avais jamais rien vu, de mes petits yeux d’enfant. Je ne peux m’empêcher, de ressentir une part de culpabilité, à ne pas avoir eût les yeux assez précis pour me rendre compte que ses bras étaient contusionnés, plus qu’ils n’auraient dû l’être. Mais nous n’étions que des enfants. Et les enfants ne voient pas ces choses-là. Avec moi, il avait toujours le sourire, toujours un mot gentil, une attention. Une fleur piquée au bord de la route, ou encore des dessins, quand nous étions en première année d’école. Et maman, elle, elle ramenait toujours deux goûter à la sortie de l’école. Un pour moi, un pour lui, quand elle nous récupérait tous les deux. Je n’avais jamais rien vu que nos jeux d’enfants, son sourire, combien c’était facile pour nous d’être ensemble. Jamais je n’aurais imaginé l’horreur de ce que pouvait être l’enfer de son décor.

Un sanglot me monte, et je l’étouffe en plaquant ma main contre mes lèvres.  « Karel, Je- Je suis tellement désolée… » Soufflais-je, hésitant presque à venir le serrer dans mes bras. Mais je ne savais pas s’il serait d’accord avec ce contact dans la situation actuelle.  « On aurait pu t’aider… Tu sais, maman, elle aurait pris soin de toi aussi, et… » Mes paroles s’étouffent dans ma gorge. J’aurais tant voulu qu’il puisse avoir de l’aide, qu’il n’ait jamais avoir eût à vivre de telle choses. Aucun enfant ne mérite la violence, et la haine des gens qui sont sensé lui donner amour et soutient.  « Comment on peut demander à son propre enfant de mentir ? Si tu savais comme je suis désolée… » J’ajoute, en venant glisser ma main dans la sienne, tandis qu’une larme s’écoule rapidement sur ma joue. Sa douleur était presque palpable, et j’avais mal pour lui, pour cet ami, que j’avais été incapable de protéger, de garder.  « Tu ne les vois plus du tout hein ? Tu es en sécurité maintenant ? » Demandais-je en relevant les yeux. J’espérais sincèrement qu’il avait été vite mis en sécurité, qu’ils n’avaient pas eût le temps d’abîmer tout le bon qu’il y avait en lui.  « Ils ne savent pas que tu es revenu ? Ni où tu habites ? » Je voulais juste que plus personne ne puisse lui faire du mal. Savoir ce qu’il avait traversé avait été suffisant à entendre. Entre la perte de son frère, et tout les traumas subits. Et moi je n’avais rien vu, rien capté, pas même un petit signal, si tenté qu’il en ait déjà envoyé… Je voulais simplement savoir que le cauchemar était terminé, pour lui, parce qu’il ne mérite rien de plus, que ce qu’il y a de meilleur ici. Pas de souffrir, pas la violence, rien que le calme après avoir braver les tempêtes. Je ne peux plus retenir mon crainte très longtemps avant de venir lentement, me blottir contre lui, en resserrant mes bras fins autour de son buste.  « Je suis tellement désolée, Karel, pour tout.» Mes mots ne sont qu’un souffle contre sa peau, pourtant ils sont criant d’une vive vérité, je n’avais jamais été autant désolée, d’avoir passé des années loin de lui, de ne pas avoir été à ses côtés pour traverser tout ça. J’aurais voulu qu’il ne parte jamais. J’aurais voulu être là.

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MessageSujet: Re: Perfect Timing | Karellen Perfect Timing | Karellen EmptyMer 21 Oct - 13:46

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Je sais qu'avec des si, on pourrait refaire le monde. Je sais aussi que si les choses se sont déroulées de cette façon, c'est parce qu'elles le devaient. Rien, n'aurait pu changer le cours de l'histoire, et certainement pas mes remords. Pourtant, ils sont bien présents, et ce même des années après. Je n'arrive pas à m'en défaire, je n'arrive pas à passer au-dessus de tout ça et à intégrer que je n'y suis pour rien. Comment est-ce que je peux ne pas être responsable alors que c'est pour me retrouver, qu'il a prit le volant, ce soir-là ? Et on aura beau me répéter le contraire, encore et encore, je reste persuadé que jamais j'arriverais à me pardonner. Parce qu'il aurait suffit que je réfléchisse, juste quelques secondes, pour que tout soit évité. Si seulement j'avais pensé aux conséquences de cet acte plus que stupide, si seulement je n'avais pas été aussi égoïste en fuyant de la sorte. Parce que c'est ce que j'avais été, un égoïste. J'avais été prêt à abandonner mon frère, le seul membre de ma famille à m'aimer et à me le prouver, autant que possible. J'avais même failli abandonner ma meilleure amie, ma Lottie, alors qu'elle avait été la seule personne à m'apporter la bouffée d'oxygène dont j'avais besoin pour tenir debout. Au final, je l'avais quand même abandonné, contre mon gré, cette fois-ci, mais le résultat était le même. Et qu'est-ce que j'espérais en me barrant de chez moi ? Que tous mes problèmes s'envoleraient, en un claquement de doigt ou que la vie serait plus facile en étant seul, livré à moi-même ? Je n'aurais jamais réussi à survivre plusieurs jours, tout seul et si jamais j'avais tenu, quelqu'un aurait fini par me retrouver. Et pas forcément la personne la plus attentionnée de la planète. Une multitude de choses auraient pu se passer, de la plus simple à la plus tragique, mais il y a une pour qui j'aurais tout donné afin qu'elle se réalise... Malheureusement, ça ne marche pas comme ça.

J'étais là. Et pas lui.

Je n'ai jamais pensé à la mort. Pas réellement en tout cas, et encore moins de cette manière. Alors que je savais, qu'elle aurait réglé tellement de choses, tellement de mes problèmes. Mais je tenais trop à ma vie, je crois, pour en arriver à un extrême pareil. C'est pour ça, d'ailleurs, que j'avais choisi de fuir. Parce que la fuite m'avait semblé être la meilleure option pour me protéger, pour continuer d'exister. Parce que j'avais l'impression que si je restais une minute de plus dans cette maison, si je subissais un coup de plus, ce serait la fin. Je pensais que si je continuais d'encaisser, je finirais par en mourir, et ce n'était définitivement pas ce que je voulais. Non, moi, je voulais vivre. Je voulais continuer de grandir, de voir le sourire illuminer le visage de Lottie. Je voulais devenir fort et courageux pour oser tenir tête à mes parents, pour leur dire de vive voix ce que je pensais tout bas depuis des années. Et pourtant, quand mon frère est mort, quand j'ai vu son corps endormi, dans son cercueil, si on m'avait donné la possibilité de prendre sa place, je n'aurais pas eu besoin de réfléchir, j'aurais accepté, sans la moindre hésitation. C'était injuste. Beaucoup trop. Et si j'en avais eu les moyens, les capacités, j'aurais réparé cette injustice en donnant ma propre vie.

Ma tête se baisse instantanément, alors que ma meilleure amie m'intime qu'ils auraient pu m'aider, que ses parents auraient pu faire quelque chose. Mais on sait tous les deux que c'est faux, que personne ne m'aurait tendu la main, parce que je n'aurais jamais avoué que je vivais l'enfer, une fois rentré chez moi. Pourquoi l'aurais-je fait alors qu'on me répétait sans cesse que personne ne me croirait ? Et jamais personne n'aurait pu remarquer quoi que ce soit. Mes parents jouaient bien leur rôle en public et moi aussi. Je savais mentir à la perfection et m'en tenir à ce qu'on me disait de dire. « Ta mère prenait déjà soin de moi sans savoir... » je chuchote, en réponse à ses mots. « Tu n'as pas idée de ce que toi et tes parents vous m'avez apporté. J'avais l'impression d'appartenir à une vraie famille quand j'étais ici. » Les Walker m'ont tellement donné dans le passé, que j'avais le sentiment d'être traité comme l'un de leur enfant à part entière. Et je ne pourrais jamais suffisamment les remercier pour tout ce qu'ils ont fait pour moi. Et il fallait que Lottie aussi, soit consciente de tout ça, et pas seulement de ce qu'ils n'ont pas pu faire « Il n'y a pas vraiment d'explications. Je ne suis pas un enfant voulu, et ça leur a donné une raison suffisante...  » Mon regard se relève enfin en direction du sien alors que sa main glisse dans la mienne. D'abord surpris par ce geste, il me faut quelques secondes pour le comprendre, avant de la presser légèrement. Puis mes yeux sont attirés par les quelques larmes naissantes dans le coin de ses yeux et ma main de libre viens délicatement les faire disparaître avant de glisser sur sa joue. « Cesse de t'excuser, d'accord...? » Elle n'y était pour rien dans toute cette histoire et je refusais qu'elle se sente coupable de quoi que ce soit. Nous n'étions que des gamins, elle n'aurait jamais pu comprendre et encore moins deviner. « Non, je ne les ai jamais revu, et même si j’en avais eu l’envie, je ne sais pas où ils sont. Puis eux, ils n’ont jamais cherché à me recontacter, de toute façon. » Ils étaient juste partis, sans rien dire, sans donner la moindre indication. Et c’était mieux ainsi. « J’ai grandi, Lottie. » je murmure, mes yeux plongés dans les siens. « Je ne suis plus un enfant, je sais me défendre. » Si ma route venait à croiser la leur, je n’allais pas leur laisser l’occasion de lever, ne serait-ce qu’un doigt, sur moi. Ce passé, il était révolu. « Non, ils ne savent pas. De toute façon, je ne sais même pas si ils sont à Los Angeles ou pas. Ils ne sont peut-être jamais revenus… » Et je l’espérais très sincèrement. Parce que je n’avais pas la moindre idée de la façon dont je serais amené à réagir, si je venais à les rencontrer en faisant mes courses ou simplement en marchant dans la rue. La ville est grande et les chances de les revoir sont infimes, mais on n’était à l’abri de rien. Je ne savais qu’une seule chose, et ça concernait notre ancienne maison. Elle a été racheté par un couple de retraité et mes parents n’y ont jamais remis les pieds depuis notre départ précipité. J’étais dans le flou le plus total les concernant et je ne m’en portais pas plus mal. Je me fichais éperdument de la vie qu’ils avaient décidé de mener, après m’avoir abandonné et on pouvait m’apprendre, demain, qu’ils ne font plus partis de ce monde que je ne ressentirais pas une pointe de tristesse. Et c’est le contact du corps de Lottie contre le mien qui me tire de mes pensées. Ses bras se referment sur moi et j’en fais de même, la pressant un peu plus contre mon cœur. « Ne le sois pas… » je dis, le souffle court. « Tu n’as pas à l’être et tu n’as pas à te sentir coupable de quoi que ce soit. » Les seuls fautifs de cette histoire étaient sortis de ma vie, et je n’avais pas l’intention de les laisser y rentrer à nouveau.


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