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Talk and Reliefs | Mazra #1

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Mary Forbes

Mary Forbes


Date de naissance : 01/06/1999
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MessageSujet: Talk and Reliefs | Mazra #1 Talk and Reliefs | Mazra #1 EmptyMer 11 Aoû - 8:54

and that’s how it exploded
Mary & Ezra



L’héritière Forbes a fait sensation hier lors du gala de charité de la fondation Mcherbs, dans une robe signée.

Coupure de presse de merde. Article à la con. Encore un. Ce n’était absolument pas comme si je les collectionnait déjà. Et ils étaient tous à juger ma posture, ma tenue, le fait qu’encore une fois, ma coupe de cheveux était un peu trop courte. J’avais pris la parole pour ma famille, lors de cette soirée, mis la main à la pâte pour aider ma mère à organiser tout cet événement pour que l’on ne me reconnaisse selon de part mon physique. C’était terriblement dégradant et ça remettait en cause tout ce que j’intériorisai depuis des années. J’étais sincèrement lassée et en colère contre la société dans laquelle j’ai grandi. Je n’avais pas à me plaindre, pour être franche il n’avait pas que des mauvais côtés. J’étais à l’abri de tout danger depuis toute petite. J’avais la chance de vivre dans une maison qui pourrait accueillir toute une armée, mes repas étaient régulièrement préparés par des chefs. Toujours à la pointe de ce qu’il se faisait de mieux. J’avais tout ce que j’avais toujours voulu, hormis une chose, le respect. Du moins pas dans le sens qu’on pouvait l’entendre. Le respect, mon nom l’impose, je suis une Forbes, je sais ma valeur dans le monde. Je sais l’inestimable réputation qui suit mon nom de famille. Je l’avais rapidement compris quand enfant, je voyais les gens baisser les yeux à la moindre intonation plus haute dans la voix de mon père. Quand le silence se faisait lorsque lui et ma mère apparaissaient dans une pièce. Tous les deux à la tête d’un empire qui n’aurait probablement pas pu se faire sans leur union, aussi factice fut-elle. Je remercie mes oncles pour cette information. Dire qu’ils se détestaient. Non pas que cette idée était totalement inconcevable, je les avait de nombreuses fois entendu se disputer pour des broutilles, entendu mon père maudire ma famille maternelle et réciproque. Jamais d’effusion d’amour, de surnoms mièvres. Alexa Forbes préférait de loin nous attribuer le plaisir de se faire appeler poussin. Parfois j’en étais venue à me demander comment ils avaient fait pour concevoir deux enfants. Un miracle si vous voulez mon avis. Même si, pour l’avoir entendu à de nombreuses reprises, mon père avait, paraît-il, fait cadeau de ma présence à ma mère, tandis que mon frère lui, avait été désiré, plus que n’importe quoi. Et je ne les blâmait pas, moi aussi j’avais désiré un petit frère ou une petite sœur, pour jouer avec moi, avec qui partager mes jouets, je n’avais pas imaginé que les choses finiraient comme ça.


Quand il est arrivé, ça a été un raz de marée. L’événement du siècle. Un garçon. Quel miracle. Ce que toute la famille attendait. Imaginez la joie de mes grands parents, on avait presque vu mon père sourire. Ce qui ne lui arrive que rarement. Dans le privé en général. Ezra était tout ce que je n’étais pas, délicat, discipliné, et surtout, doté de chromosomes masculin. Ce qui lui valait une place d’honneur partout. J’avais toujours été admirative de mes parents. De ce qu’ils avaient construit, du respect qu’ils imposaient. De ce monde sur lequel ils régnaient. J’avais à peine trois ans, que je suppliais déjà mes parents de m’emmener avec eux au bureau, pour piquer le siège de mon père, ou aller m’installer derrière le bureau de ma mère. C’était mon héritage, qui m’avait glissé entre les mains trop vite, alors que tout mon monde n’avait jamais tourné qu’autour de ça. Ma mère aurait pu comprendre, elle qui avait été dans la même position que moi, 25 ans auparavant. Mais il n’en était rien. On l’avait promis a quelqu’un d’autre, et quoi que je puisse faire, je n’étais que la jolie petite fille aux grands yeux bruns, et aux boucles rebelles. Digne mélange d’une union particulière. Bonne qu’à faire bien sur les photos, jugée sur la moindre de mes actions. J’ai une haine incommensurable contre ce monde où malgré toute mes batailles déjà effectuées, on ne comprends toujours pas que le monde a changé.

Je savais que je serais seule à la maison cet après-midi, Ezra n’était pas sensé être là et nos parents. Ça allait être l’occasion de déverser toute ma colère et ma frustration dans mon oreiller sans que personne ne vienne perturber ma crise de nerfs. J’étais plus que ce que tout ce que ces putains de magazine pouvaient bien penser. J’étais plus que tout ce que ce qu’ils voulaient tous bien croire. J’ai fais le chemin en rentrant du restaurant, la colère au cœur, insultant la moindre personne qui daignait ne pas filer droit sur la route. Le magazine pose sur le siège passager. Je l’avais embarqué pour pouvoir le brûler, avant d’aller maudire le moindre journaliste qui avait rédigé ce torchon en songeant à comment je pourrais les poursuivre en justice pour être de profonds connards. J’ai parké ma voiture en merde devant la maison, et ça allait faire râler ma mère, qu’importe. Je suis rentrée en furie, claqué la porte dans mon dos, tombant nez à nez avec mon frère. « T’étais pas sensé voir ta rouquine de petite amie, toi ? » Je demande froide comme la glace, abandonnant mes plans de monter dans ma chambre. Je préfère la cuisine. Un verre d’eau bien frais, me fera sûrement le plus grand des biens. Je claque le magazine sur le comptoir avant d’aller fort les placards pour m’en sortir un verre. Rapidement dans mon dos je sens le regard de mon frère. « Tu n’as pas autre chose à faire ? »





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Ezra Forbes
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Ezra Forbes


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MessageSujet: Re: Talk and Reliefs | Mazra #1 Talk and Reliefs | Mazra #1 EmptyDim 15 Aoû - 12:50

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Mes yeux jonglaient entre les silhouettes rigides de mes deux parents, qui se regardaient en chien de faïence, aboyant littéralement l'un sur l'autre. Les mains de mon père étaient agrippées au rebord de son bureau, les jointures blanchies. Ma mère, elle, avait croisé les bras sur sa poitrine et je pouvais voir l'irritation sur son visage à la manière dont ses sourcils se fronçaient. De leur débat, je n'entendais qu'un bourdonnement qui me faisait grimacer et je m'enfonce encore plus profondément dans mon siège, mon doigt glissant sur l'écran de mon téléphone. Tout ça pour un projet sur lequel ils n'entretenaient pas la même vision. Et si c'était ça, travailler dans cette entreprise, je préférais largement retourner cavaler dans la forêt avec Prinsca. Je détestais les prises de tête, les cris et cette atmosphère pesant qui régissait la pièce à de trop nombreuses reprises. L'influence de mes parents était redoutable quand ils arrivaient à se mettre d'accord mais pour en arriver là, il fallait passer par d'incalculables joutes verbales qui semblaient ne jamais avoir de fin. Dire qu'ils s'étaient détestés pendant longtemps, que mon père en avait fait voir de toutes les couleurs à la famille de ma mère. Que leur mariage n'avait rien d'une belle histoire d'amour, qu'ils avaient été promis l'un à l'autre contre leur volonté. Pourtant, je savais qu'ils s'aimaient, même s'ils se le démontraient d'une manière différente. Mais je le voyais. C'était infime, fébrile, mais ça suffisait à me rassurer sur la tangibilité de leur sentiments. Pas d'effusions, pas de mots doux. Aucune tendresse comme on pourrait la définir habituellement. Mais une main sur l'épaule, un regard, une parole déguisée. J'avais appris à lire entre les lignes, quand il s'agissait de mes géniteurs. Tout était fait dans la plus parfaite subtilité. Cependant, j'avais l'impression de suffoquer quand je me retrouvais pris entre eux. Je ne voulais pas être là, je ne voulais rien savoir des tréfonds de cet empire. Il n'y avait rien qui m'attirait dans ce monde d'argent et de pouvoir. Je suivais simplement mes parents parce que j'étais terrifié à l'idée de les décevoir. Le ton monte encore davantage et je lève les yeux dans leur direction avant de me redresser. Étirant mes longues jambes avant d'attraper ma sacoche dont je glisse la lanière sur mon épaule. Où est-ce que tu comptes aller, jeune homme ? Mes lèvres s'étirent en une fine ligne. « Je m'en vais. Vous venez de passer la dernière heure à vous engueuler pour des bêtises et je pense que ma présence n'est pas nécessaire dans cette situation. En plus, j'ai des devoirs à finir. » je souffle, le visage plissé de dépit. Je n'aimais pas affronter mes parents mais je ne supportais plus cette ambiance d'une lourdeur insoutenable. Resserrant ma main autour de la lanière en cuir, je pivote pour rejoindre la porte. J'entends mon père me rappeler à l'ordre mais je ferme les yeux quelques secondes, résistant à la tentation de lui revenir et franchissant l'encadrement de celle-ci. « Vous me résumerez la situation au repas de ce soir. » je rajoute, leur adressant un signe de la main avant de prendre la poudre d'escampette et de rejoindre la sortie du bâtiment à grandes enjambées. J'allais avoir droit à un regard noir entre l'entrée et le plat principal puis les choses allaient se tasser, comme d'habitude. Jusqu'à la prochaine dispute qu'ils auraient parce que leurs opinions sur le monde divergeaient depuis qu'ils étaient enfants.

Je retrouve les murs familiers de notre maison et le calme qui y règne. Je n'aimais rester chez moi, la plupart du temps. Parce qu'il y avait toujours quelqu'un pour me rappeler quelque chose de déplaisant. Mes responsabilités. Ma place. Mais quand personne ne s'y trouvait, c'était agréable. Pas un bruit pour troubler la sérénité des lieux, si ce n'était les quelques employés qui nettoyaient ici et là, me saluant d'un sourire avant de continuer leurs tâches. Je longe les larges corridors, mes pas étouffés par le marbre des escaliers avant de me diriger vers l'entrée. J'avais oublié mon casque sur la commode et je préférais travailler en musique pour focaliser mon attention. J'entends le crissements des pneus sur les gravillons, à l'extérieur, me faisant froncer les sourcils. J'atteins le meuble quand la porte s'ouvre brutalement, claquant tout aussi fort et laissant apparaître ma grande soeur devant moi. Mary m'observe avec cette froideur qui lui est propre et qui m'a toujours fait me sentir misérable sous ses yeux sombres. Ses traits sont crispés, ses mâchoires serrées. Elle est en colère. Et je ne peux empêcher mes joues de rosir à sa question, détournant le regard. Je me ressaisis, serrant les dents. « Ce n'est pas ma petite-amie. » je souffle, les pommettes néanmoins brûlantes. Mais elle est déjà en mouvement, marchant d'un pas vif vers la cuisine et je la suis, par réflexe. Être agacée, c'était une habitude pour elle. Mais elle me semblait plus fébrile que les autres fois. Et ça me rendait curieux. Qu'est-ce qui avait pu la rendre aussi irascible ? Mes yeux glissent sur le magazine qu'elle fait claquer contre le comptoir avant de revenir sur sa silhouette mince, surmonté de cheveux aussi sombres que les miens. Tu n'as pas autre chose à faire ? Si, certainement. Tout est mieux que subir l'indifférence de mon propre sang. Mais je penche la tête sur le côté, mes doigts venant doucement tapoter sur la surface en inox. Je prends quelques secondes afin de peser le pour et le contre, avant de l'interroger. « Est-ce que ça va ? » je lui demande, d'une petite voix, crispant ma main contre le rebord du comptoir.

J'aurais donné n'importe quoi pour qu'elle me regarde avec autre chose que cette rancoeur qui habitait ses iris quand elle les posait sur moi.


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Mary Forbes

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MessageSujet: Re: Talk and Reliefs | Mazra #1 Talk and Reliefs | Mazra #1 EmptyDim 15 Aoû - 16:44

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Mary & Ezra

Combien de fois, on nous avait répété, que personne n’avait rien à nous envier, que si nous étions là, ce n’était sûrement pas par amour, mais simplement, parce qu’il fallait quelqu’un pour la succession de l'entreprise. Ces gens qui ne vivaient pas entre nos murs ne savaient pas. N’étaient pas au courant de cette vie qui se passait derrière les portes du manoir Forbes. Je savais que mes parents pendant longtemps avaient préféré se haïr, par respect de ce que leur avait inculqué leurs familles, plutôt qu’à s’aimer. Mais j’avais vu, moi, le regard de mon père changer, évoluer, quand il posait les yeux sur ma mère. Ce n’était pas grand-chose, certain ne l’aurait sûrement même pas remarqué. Mais je les ai vu, se disputer, au point de voir les larmes courir sur les joues de ma mère, parce que c’était trop. J’avais vu mon père, envoyer la porte du manoir valser, parce que la colère le submergeait. Non, ce n’étais pas toujours cordial, surtout quand leurs avis divergeaient, mais je pouvais voir, que malgré tout, il existait une certaine sorte d’affection, que je n’avais jamais vu ailleurs, qui n’existait qu’entre eux, qui ne ressemblait en rien à ce que ma mère pouvait nous porter. Mon père, là-dessus, c’était une autre question. Il n’avait jamais vraiment épanché l’amour qu’il avait pour nous, mais quoi qu’il pouvait bien en être, je n’en avais jamais douté. Disons qu’il nous avait rarement dit ça sous sa forme concrète contrairement à ma mère, qui nous le répétait souvent. Comme si elle se devait de le dire pour deux. La seule chose dont je doutais vraiment, était de la confiance qu’ils avaient en moi. Parfois, je me disais que je n’étais peut-être pas assez bien à leurs yeux. Je m’étais souvent remise en question sur ma propre existence. A me demander quelle était vraiment ma place.

Tout ça avait commencé quand Ezra était venu au monde, enfin quand on a grandi, et que j’ai vu l’écart se creuser entre nous. Ezra était choyé, surveillé de près. Le moindre petit bobo était une urgence vitale, et le moindre truc faisait paniquer mes parents. Je savais ce qu’il en avait été de son arrivée, des complications. Du fait que j’aurais pu rester fille unique, si les choses s’étaient passées différemment. Aux yeux de nos grands-parents paternels, il était le petit prodige, tout ce qu’il faisait avait une valeur inestimable. Chaque petit mouvement, méritait récompense. Il était le petit garçon que tout le monde attendait. Celui qui savait, sait, et saura gérer les choses. Moi j’en étais venue, parfois, à oublier ma propre présence, à me tenir en arrière pour lui laisser de la place, puisque c’était tout ce qu’ils voulaient tous. Je me souviens encore du jour, où je me suis posé la question, à savoir s’ils avaient eu Ezra, avant de m’avoir moi, auraient-ils voulu d’un deuxième enfant ? M’auraient-ils désiré comme ils avaient désiré mon frère ? M’auraient-ils aimé, comme ils l’aiment ? Les choses auraient-t-elles été différentes ?

J’étais fatiguée, de ne pas être prise au sérieux. En colère, pour ce destin qui m’échappait un peu plus chaque jours, alors que je me donnais tous les moyens de réussir. D’être simplement l’ombre d’une femme que j’avais toujours rêvé d’être. D’être simplement la jolie petite fille dans le fond, ou encore celle qui présente bien. D’être jugée, épiée, critiquée pour des raisons futiles, sans que personne ne pense à voir au-delà de tout cela. Au-delà, de ce que je voulais bien montrer ou laisser paraître. J’étais forte, respectable, le portrait craché de mon père, seulement ça, j’avais l’impression d’être la seule à le voir. J’avais besoin de me retrouver seule, de confronter mon propre reflet, ma propre personne, continuer à questionner qui j’étais, à chercher à comprendre ce qu’il fallait que je fasse pour qu’on daigne me regarder autrement. Qu’ils comprennent tous, que je le voulais moi, ce bureau en haut de la tour. Au lieu de ça, je me retrouve face à face avec Ezra. Et ça me ferait presque aussitôt soupirer. Il n’était pas sensé être là. « Oui. A d’autre. » Je réponds sur un ton plat, quand il me réponds que la fille qui a valut à mon frère un passage du médecin simplement parce que notre mère avait psychoté de le voir rentrer trempé jusqu’à l’os. J’aperçois mon reflet dans les portes vitrées de certains placards, et celui d’Ezra dans mon dos, qui jongle entre le magasine et moi. Je ne résiste pas à lui demander s’il n’a pas autre chose à faire, mais en me retournant vers lui, je remarque bien qu’il est bien décidé à rester là, et à me questionner à son tour. Grand dieu, qu’il est agaçant. Sa question me fait souffler du nez, avant que je ne pose les yeux sur lui. « T’as d’autres questions stupides ? T'as décidé de faire une bonne action en te souciant de si j'allais bien ?» Je réponds, un sourcil arqué en sa direction. Qu’est ce que ça pouvait bien lui faire de toute façon ? J’avale simplement une grande gorgée, m’apprêtant à partir quand sa voix, m’interpelle à nouveau et me pousse à rester.

J’étais persuadé que cette après-midi, n’allait clairement pas être une partie de plaisir, s’il ne lâche pas l’affaire.






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MessageSujet: Re: Talk and Reliefs | Mazra #1 Talk and Reliefs | Mazra #1 EmptyJeu 26 Aoû - 16:01

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Parfois, quand je regarde Mary, j'ai l'impression que les instants passés à ses côtés sont terriblement lointains. Fut un temps où ce mur érigé entre nous n'existait pas. Des années où je passais mon temps à lui coller au train, à l'observer, à lui mille et unes questions. À chercher sa silhouette dans la maison, à dévaler les escaliers sans me soucier de me rompre le cou en l'entendant rentrer de l'école. À me glisser dans sa chambre lorsque les nuits étaient jonchées de cauchemars, les lèvres tremblantes. Des rires qui résonnaient, étonnants au lieu de ces corridors austères. Des après-midi à lire en silence dans la bibliothèque, blottis l'un contre l'autre. Des ballades à cheval à trois, avec notre mère, en pleine nature. Une existence paisible, agréable. Loin de la lumière, des projecteurs. Du pouvoir et de l'emprise que pouvait avoir ma famille sur cette ville. Le souvenir de sa main posée sur ma tête, de ses lèvres plissées en une moue réprobatrice alors que des larmes coulaient sur les genoux, une pulsation bourdonnant dans mon genou égratigné après une chute. Sa main dans la mienne lors des réceptions auxquelles nous avions participé dès notre plus jeune âge, sous les regards avides et médisants de ces gens de la haute. Ce sentiment d'être démuni face à leurs murmures, face à leurs yeux acérés comme ceux de charognards prêts à déguster leur festin. Papa a toujours dit qu'il ne fallait jamais montrer ses faiblesses. Ma grande soeur était un roc inébranlable, un parfait reflet de ce qui faisait la force de caractère de nos parents réunis. Volontaire, déterminée, ferme. Avec cette flemme qui brûlait dans ses yeux, qui me semblait impossible à éteindre. Ne serait-ce qu'à étouffer. Elle était vaillante, bien plus que moi. J'e traînais déjà des complications depuis ma naissance, de toute manière. Ce qui m'avait valu d'être étouffé en permanence. Comme un petit objet fragile, qui pouvait se casser à n'importe quel moment. Et qui me poussait à rechercher le plus de liberté possible. Puis nous avions grandi et tout s'était brisé en un instant. Le fil tenu entre nous s'était coupé et je l'avais vu s'éloigner un peu plus à chaque jour qui passait. Jusqu'à l'ignorance. Ou ce dédain constant que je ressentais en approchant d'elle. Ma soeur me manquait. Et ce manque était constant, douloureux. Insupportable, parfois. Comme si nous n'étions plus que deux étrangers cohabitant dans la même demeure.

Et encore une fois, je sens la colère qui vrombit à l'intérieur d'elle alors qu'elle claque la porte et se fige, me faisant face. Je me décompose quelques secondes en voyant son visage déformé par l'agacement, ses yeux sombres posés sur moi. Comme si j'étais insignifiant. Où se trouvaient les années partagées ensemble ? Quelque part, loin sous la surface. À d'autres. Je ne peux empêcher mes joues de rosir au sous-entendu. Prinsca était une amie. Une fille intrigante au caractère presque aussi affirmé que ma soeur. Peut-être était-je destiné à m'entourer de femmes fortes, incandescentes, en fin de compte. Et je la suis dans la cuisine, piqué de curiosité. Je voulais savoir. Comprendre ce qui poussait son agacement. Ce qui avait touché assez profondément Mary pour faire vaciller le contrôle qu'elle exerçait continuellement sur sa propre personne. Elle se retourne finalement avec un profond soupir et je me tiens maladroitement près du comptoir, mes yeux jonglant entre sa silhouette et le magazine posé sur l'inox luisant. Encore un torchon rempli de ragots, de malversations. De mensonges. De choses superficielles. Mon corps se fige à ses paroles et ma bouche se tord. « Je me suis toujours soucié de toi. » je réponds, d'une voix plate. Ce qui était la stricte vérité. Je n'avais jamais cessé de m'inquiéter pour elle. De vouloir être certain qu'elle allait bien. Peu importe la distance qui s'était agrandie entre nous avec le temps. Elle restait l'une des personnes qui m'importaient le plus au monde. Et je déglutis, mes doigts venant se crisper sur le rebord du comptoir alors qu'elle boit une gorgée d'eau. « Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? » je finis par lâcher, d'une voix faible. Une réflexion qui tournoyait sans cesse dans ma tête quand je la regardais. Une question tapie dans un coin sombre, se rappelant à moi quotidiennement. « Pourquoi tu m'en veux autant ? » Il y a un soupçon de détresse dans mes mots. Un besoin désespéré de connaître la vérité, quitte à ce qu'elle me fasse mal. Je voulais que ce noyau dure éclate en mille morceau. Je voulais retrouver ma grande soeur. Si c'était vraiment possible, au final. Si ce n'était pas trop tard pour revenir en arrière et tenter de recoller les morceaux. « Parle-moi, s'il te plaît. » je souffle, la gorge nouée.


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Mary Forbes

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MessageSujet: Re: Talk and Reliefs | Mazra #1 Talk and Reliefs | Mazra #1 EmptyDim 29 Aoû - 10:43

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Mary & Ezra

Elle était loin la douce époque où je suppliais ma mère, tard le soir, entre ses bras, après des heures à jouer avec elle, de me donner un petit frère ou une petite sœur. Tous les gens autour de moi avaient plusieurs enfants. Moi aussi je voulais quelqu’un à qui raconter tous mes secrets, quelqu’un qui me poursuivrait partout dans la maison pour jouer. J’adorais les longues parties de cache-cache avec ma mère, et les moments de lectures auprès de mon père, mais il m’avait toujours manqué quelque chose, ce quelqu’un que je pourrais tenir par la main à travers le marbre froid des murs, à travers les longs couloirs de la maison. Je voulais un autre enfant dans cette famille, pour partager des heures de rire, et de légèreté. Puis Ezra était arrivé, et j’avais été la plus heureuse du monde. C’était mon petit-frère à moi. Mon nouveau camarade de jeu. Celui qui allait pouvoir grandir avec moi. Mais il était déjà fragile. Tout le monde craignait qu’il lui arrive quoi que ce soit. Je me souviens de sa taille, ridicule, quand nos parents sont rentrés avec lui. Blottit dans une couverture tout contre ma mère, qui le regardait avec les yeux de l’amour. Les mêmes qu’elle avait posé sur moi pendant longtemps. La partager, ce n’était pas grave, je le voulais bien, si ça avait pu le faire grandir plus vite, pour qu’il vienne jouer avec moi. Notre père les regardait avec une profonde fierté, cachée dans le fond de son regard.  On m’avait rapidement expliqué qu’il fallait faire très attention, que c’était un tout petit être humain qui n’était pas encore tout à fait très solide, qu’on pouvait lui faire mal sans le faire exprès. Alors j’avais pris ces mots à cœur, et j’avais toujours fait attention à lui, à ses pleurs, toujours à veiller sur son berceau, sur la pointe de mes petits pieds aux chaussures vernies. A demander sans cesse s’il était triste, ou si il avait mal quelque part. Il avait grandi ensuite, son petit corps était devenu plus solide. Il avait commencé à marcher, puis à courir. Dans sa bouche j’étais Ma-y. Incapable de prononcer ce r, de mon prénom. Je l’entendais scander mon prénom, et j’accourais, pressée de savoir ce qu’il me voulait. On a commencé à jouer ensemble, à lire des livres ensemble, à partir à l’aventure dans le manoir, puis dans la nature. A nous ruer contre les jambes immense de notre père, quand il rentrait, alors qu’on savait pertinemment qu’il n’était pas le plus fan de ça, ni même du contact physique. Il ronchonnait et ça nous faisait rire. A toujours essayer d’attendrir son cœur d’ours, avec des petites attention. Mais Ezra était, et avait toujours été depuis le début, plus faible, et moins affirmé que moi. Il ressemblait plus à notre mère, que n’importe qui ici. Il avait la délicatesse de son visage, mais aussi de son caractère. Moi j’avais pris de la force des deux. Le courage, la détermination. J’étais prête à casser des genoux pour Ezra. Jusqu’à ce qu’on commence à entendre, que tout lui reviendrait, jusqu’à ce qu’on m’arrache tout. Que l’attention n’aille plus que sur lui, qu’on me fasse fondre dans l’ombre, tandis que les rampes, ne voyaient plus que lui.


Le fossé s’était creusé. J’en avait voulu au monde entier. A lui, à nos parents, à nos grands-parents, à cette foutue société, à l’univers, de m’avoir fait naître en tant que sexe faible, alors que mon caractère et ma puissance, étaient tout le contraire de faible.


De l’être que j’avais le plus espéré, il ne restait que des miettes, que l’ombre de celui qui m’avait tout volé.


Il était planté là, devant moi, son regard plein d’incompréhension face à la rage qui bouillonnait lentement dans mes veines, menaçant le volcan que j’étais d’exploser. Elle est presque palpable cette colère. Mon visage est sûrement cerné d’une certaine rougeur, mon regard, plus noir que jamais. J’étais lasse, enragée, brûlante d’une vengeance contre tous ces torchons, qui ne savaient rien, qui ne voyaient rien. Il avait évidemment fallu qu’il me suive, qu’il se sente l’obligation de se glisser dans mon ombre, alors qu’il avait toute la lumière. Mes mots se font tranchants. Je n’avais pas envie de lui étaler mes états d’âme. Ils allaient se calmer d’eux-mêmes. J’allais gérer la tempête seule, derrière les murailles de mon esprit. On ne montre pas ses faiblesses, quand on est une Forbes, Mary. La voix de mon père qui tourne en boucle dans mon esprit. Je ne devais pas montrer. Pas exploser. Je n’avais pas le droit. Un bref rire jaune s’extirpe de ma gorge lorsqu’il prétend s’être toujours soucié de moi. Le pensait-il seulement ? Je détourne le regard, et un soupire m’échappe, quand il enchaîne avec plusieurs questions auxquelles je ne veux pas répondre. Mais son regard, le son de sa voix, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les larmes me montent, des larmes de rage, de culpabilité, de lassitude. Je les retiens, hors de question de les laisser couler. « Pourquoi je t’en veux autant ? T’es vraiment certain de vouloir le savoir ? » Je crache pleine de rancœur, avant de poser lentement le verre dans l’évier. « Petit prince que tu es. Comment quelqu’un pourrait t’en vouloir, hein ? » J’ajoute, acerbe, pleine d’une colère qui me dépasse, et que j’ai du mal à contrôler. « Tu m’as tout pris Ezra. Il n’y en a que pour toi. Tu m’as volé la lumière, une place qui me revenait de droit. » Je prononce en venant capter son regard. « Je t’en veux parce que tu es l’homme que je ne suis pas. Parce qu’à toi, on ne reproche jamais rien. Toi, tu ne seras jamais jugé, parce que tu es Ezra Forbes, fils prodige, le petit hériter parfait d’Alexa et Wyatt Forbes. Je t’en veux, parce que je suis condamnée à vivre dans ton ombre. D’être la potiche de ces torchons, parce que je ne suis pas toi. »





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T’es vraiment certain de vouloir le savoir ? Je savais que ça n'allait pas me plaire. Que mon coeur allait subir les assauts répétés de ses reproches et que la blessure allait s'approfondir davantage. Je le sentais, au plus profond de moi. Vu la colère qui creusait son visage, qui faisait trembler ses membres à un niveau inquiétant, il était difficile de penser à autre chose. Mais je voulais comprendre ce qui animait cette rage, ce qui avait vraiment creusé l'écart entre Mary et moi. Ce qui avait décimé la tendresse qui existait auparavant, pour n'en laisser que des lambeaux décharnés. J'aurais donné n'importe quoi pour effacer les dernières années, pour ressentir à nouveau la chaleur de ses bras autour de moi, la douceur de ses sourires, l'inquiétude dans son regard. Pour ne plus subir son indifférence et l'aigreur qui suintait de ses paroles. Je voulais que tout explose une bonne fois pour toute, quitte à subir une déferlante. Histoire de pouvoir mettre les choses à plat et tenter de retrouver ma soeur. Parce que c'était la seule chose qui comptait à mes yeux et je voulais à tout prix mettre un terme à cette muraille érigée entre nous. Petit prince que tu es. Je me fige, à l'entente de ses paroles. Je me remémorais la manière dont ma mère le prononçait, pendant mes premières années. Avec la bienveillance d'un parent qui contemple la chair de sa chair. Là, c'était dégoulinant de rage et je sens un frisson me traverser. Comment quelqu’un pourrait t’en vouloir, hein ? Je sens venir les prémices de quelque chose qui a toujours été tapi au fond de moi. Quelque chose dont j'avais parfaitement conscience mais que je n'avais pas imaginé prendre autant d'importance au fil des ans.

Tu m’as tout pris Ezra. Il n’y en a que pour toi.

Ma grande soeur me crache ces mots au visage et je me sens soufflé par la puissance des émotions transportées à travers eux. Il y a tellement de haine. Tellement de frustration. Tellement de déception. Pour cette petite fille que l'on avait évincé au profit d'un garçon, relégué au second plan. Et je pouvais parfaitement imaginer sa réaction, à défaut de la comprendre. J'avais envie de rire en comprenant que nous n'avions pas eu ce que nous voulions tous les deux, au final. Elle avait toujours réclamé ma place alors que j'avais toujours cherché à la fuir autant que possible. Dès que j'avais été en âge de penser par moi-même, j'avais passé mon temps à m'échapper de mes devoirs pour grapiller un peu de liberté. Je n'étais pas mon père. Je ne le serai jamais et je crois qu'il était le seul à ne pas le réaliser. Je ne voulais pas reprendre l'entreprise. Et le fait que je sois né en tant que garçon ne m'obligeait à rien, sur le principe. J'étais simplement le candidat désigné par des habitudes misogynes et vieilles comme le monde. « Tu crois que c'est ce que je veux ? » je lâche, d'une voix remplie d'amertume. « Tu crois que ça me fait plaisir, d'être obligé de suivre une voie qui ne me plaît pas du tout ? Tu m'en veux pour un truc que je n'ai pas choisi ? » je rajoute, en serrant les poings. Je t’en veux parce que tu es l’homme que je ne suis pas. Parce qu’à toi, on ne te reproche jamais rien. Toutes ces accusations me font tellement mal. Parce qu'elles viennent de quelqu'un qui croit que j'aime la situation dans laquelle je me trouve. Je n'ai jamais demandé à naître avec des problèmes respiratoires. Je n'ai jamais demandé à naître avec des responsabilités alors même que je levais les yeux pour la première fois sur le monde. Je n'ai jamais demandé cette attention incessante. « T'as fini ? » je siffle, soudainement emporté par une violente poussée de colère. Je me sentais tellement blessé, tellement attaqué par tout ça que je ne savais pas comment y réagir autrement. « T'as pensé une seconde à ce que moi je pouvais ressentir ? Tu t'es déjà demandé si j'aimais ça, si je voulais vraiment hériter de l'entreprise ? » Je crois que je crie, désormais. Rempli d'une détresse indicible, submergé par mes émotions. Je sens à peine les larmes rouler sur mes joues, tant elles me brûlent. « Tu veux ma place ? Mais fais-toi plaisir Mary. Prends tout. » Ma voix s'éteint progressivement, se casse sur certaines notes. Je finis par avouer ce qui me ronge depuis un bon moment déjà. « Je n'en veux pas, de tout ça. Je n'en ai jamais voulu. Je suis juste trop lâche pour affronter notre père, ce qui prouve bien que je n'ai jamais été taillé pour prendre sa relève. » Et je comptais bien changer ça. Parce que voir le contrôle de ma vie m'échapper à ce point, je n'arrivais plus à le supporter. « Moi, tout ce que je voulais, c'était retrouver ma grande soeur. » je finis par rajouter, les lèvres aussi tremblantes que mes doigts.  


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MessageSujet: Re: Talk and Reliefs | Mazra #1 Talk and Reliefs | Mazra #1 EmptySam 11 Sep - 0:58

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Les mots qui franchissaient la frontière de ma bouche, ne n’étaient pas réellement ceux que je pense. Ils étaient pleins d’une colère, d’une rancœur, que je ne contrôlais plus. Ils dépassaient tout ce que je pouvais ressentir. Tout ce que j’avais accumulé depuis des années à ressasser. J’en voulais à la terre entière, pas seulement à lui. Tout le monde était fautif. Notre famille, nos parents, lui, moi, le monde dans lequel on vivait, pour n’être qu’un ramassis de machos, et d’arriérés. J’avais moi-même creusé ce fossé entre nous. Envieuse de sa place, envieuse de l’attention que les gens lui portaient. Envieuse d’être lui. Ce venin qui avait transformé une partie de l’amour que j’avais pour mon petit frère, en une colère, qui explosait sans que je puisse la retenir. Inhibée par toute les conneries que je pouvais lire dans les magazines, de n’être réduite qu’à une enveloppe charnelle attractive. J’étais une femme, je devais me résoudre à ça, et c’était le plus rabaissant dans toute cette histoire, quand on voyait le respect qu’imposait ma mère, qu’on avait longtemps assimilé à la présence charismatique de notre père. Foutaises. J’étais en colère. Tellement en colère, que je ne trouvais pas mieux que de l’interpeller avec ce petit nom que tout le monde lui donnait. Petit prince. C’était lui. Le prince, L’héritier. Le Grand, Le digne. Alors que j’étais juste Mary jolie. Celle qui devait sourire. Se taire. Bien présenter. Faire la fierté de la famille, donner bonne presse, et rendre notre nom prestigieux. A vomir. Je n’étais pas qu’un panneau publicitaire, je voulais porter l’empire, être l’empire. J’avais plus d’ambition que de grâce. Plus de force qu’on ne me le croyait. Rendre mon père fier. Voir les yeux de ma mère briller. Je voulais exister. Mais il était là, dans mon chemin. Moi qui l’avais désiré tellement fort. Qui avait demandé sa présence plus que de raison. Je ne voulais pas de jouets, pas de peluches, pas de conneries du genre. Moi je voulais un frère, ou une sœur. Quelqu’un qui serait comme moi. Que je pourrais aimer, et serrer dans mes bras, quand je le voulais. Il aurait pu comprendre que parfois je me sentais seule, quand nos parents n’étaient pas là. Il aurait pu partager mes moments de jeux, mes longues heures tapie dans un coin de la bibliothèque à lire les mêmes livres encore et encore. Juste parce que c’étaient mes préférés, que parfois, notre père se posait juste à mes côtés, pour me les raconter. Je voulais quelqu’un à qui les transmettre. Aujourd’hui, on m’avait tout pris, même ce petit garçon que j’avais tant voulu protéger, et qui finalement, avait tout dérobé sur son passage.


J’aperçois dans ses yeux, la blessure que mes mots lui infligent, la déception, et la colère qui naissait doucement dans son regard. « Tu n’as jamais dit non. » Je réponds du tac au tac, sans même me soucier de laisser les paroles transiter par mon cerveau. « Que tu n’as pas choisi ? Tu n’as jamais bronché quand on te complimentait sur tes bons résultats. Quand tout le monde disait que tu étais le digne successeur de notre père. Tu n’as jamais dit quoi que ce soit, à personne ! Tu l’as accepté cette situation. » Je ne faisais pas référence à sa santé, parce qu’au fond, il n’y était pour rien, et que longtemps je m’étais inquiétée de ces nombreux rendez-vous auxquels il devait aller. Longtemps j’avais regretté qu’il n’ait pas le droit de courir longtemps dans les grands jardins derrière la maison, ou encore les heures que l’on passait séparés, parce qu’un médecin devait venir lui faire effectuer des exercice pour son souffle. Le reste, en revanche. Si ça lui déplaisait autant, il avait qu’à le verbaliser. Au lieu de ça, il offrait des sourires brillants à tout le monde, et faisait la fierté de tout et n’importe qui. T’as fini ? Je lève les yeux vers lui. Il me toise avec la même colère que je pouvais poser sur lui. On n’était pas du même sang pour rien. C’est à son tour d’élever le ton sur moi. Nos cris résonnent contre le marbre, et s’il restait des employés dans les parages, on peut être sûrs qu’ils n’allaient pas rester longtemps là. Les larmes coulent même sur ses joues de porcelaine, en écho à celle que je retiens. « Et ils croient tous en toi. » Je lâche avec amertume. Non, je n’avais jamais essayé de voir les choses de son point de vue. Mais ça faisait presque sens. Presque sens quand on regardait à quel point il ressemblait à notre mère. Il était sensible, délicat, trop généreux pour ce monde. Et ça, même un aveugle saurait le voir. Moi, tout ce que je voulais, c’était retrouver ma grande sœur. Et c’est là que je me rends compte, que les années volées, n’étaient que d’immenses malentendus, mêlés à des non-dits. Et c’est là, que les larmes commencent à couler, rapidement, violemment. « Parce que tu crois que ça m’a fait plaisir, de ne plus avoir mon petit frère ? » Je lâche à mon tour. « T’étais même pas là, que je demandais déjà après toi, Ezra ! » J’avoue, le cœur lourd, entre rancœur et culpabilité. « Mais ils ont commencé à te traiter différemment. Et tout le monde répétait combien tu étais le plus merveilleux des héritiers. Celui que tout le monde attendait. J’étais tellement en colère contre toi. Je t’en ai voulu tellement fort. J’avais déjà plus ma place, elle t'avais toujours été promise. » J’en avais voulu au monde entier. Mais surtout à lui, de ne pas seulement être mon petit frère. Celui que j’avais serré contre moi, quelques minutes après son entrée dans notre maison. Celui dont les petits doigts avaient serré ma main d’enfant si fort. Celui que j’avais longtemps voulu retrouver, cherché, demandé avant que la colère ne submerge tout.





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MessageSujet: Re: Talk and Reliefs | Mazra #1 Talk and Reliefs | Mazra #1 EmptyJeu 30 Sep - 19:36

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Tu n’as jamais dit non. Effectivement. Je ne pouvais pas nier que je ne m'étais jamais mesuré à mes parents pour leur expliquer que je ne voulais de cet avenir. Je ne m'étais jamais tenu droit devant eux et je n'avais pas verbalisé cette envie de dévier du chemin préconçu dès ma naissance. Et c'était certainement ma plus grande erreur. Parce que je comprenais seulement maintenant à quel point ça avait affecté ma sœur, les dommages que ça avait causé et que j'aurais pu éviter. Mais c'était si simple à dire, relativement plus compliqué à mettre en place. Mon père, par définition, n'était pas un homme à qui on pouvait se permettre de dire non sans en subir les conséquences. J'avais vécu mon enfance partagé entre l'admiration et la crainte, incapable de prendre la tangente. Parce que je savais d'avance que ça allait causer des problèmes et que j'avais toujours refusé d'être témoin de la profonde déception qui allait l'envahir, si je finissais par prendre une décision aussi radicale. Oui, j'étais lâche. Je me cachais dans cette situation qui n'aboutissais pas vraiment à quelque chose de concret et à laquelle je n'avais pourtant jamais mis fin, de peur d'être submergé par la colère de Wyatt Forbes. Je me suis tant de fois imaginé la scène, creusé intensément les méninges, pour en arriver à chaque fois à la même conclusion. Et ça n'augurait jamais rien de bon. Tu n’as jamais dit quoi que ce soit, à personne ! Tu l’as accepté cette situation. « Ma vie est réglée comme un foutu papier à musique depuis ma naissance, Mary. Je suis né et on m'a bourré la tête de préceptes qui seyaient à l'avenir qu'on façonnait pour moi. Papa n'a jamais eu autre chose en tête et t'es pourtant la mieux placée pour savoir qu'on ne lui dit pas non impunément. On obéit, c'est tout. » Ma voix est sifflante, pleine de frustration accumulée au fil des années. « Tu crois que c'est facile de se comporter autrement ? Est-ce qu'on a une fois demandé à "l'héritier parfait" s'il était content d'être là, si il avait vraiment envie de ça pour son futur ? » je fulmine, les poings tremblants et crispés. « J'ai été dépossédé de ma propre vie à la minute où j'ai expiré mon premier souffle. » je finis par souffler, ressentant l'abattement alourdir mes épaules. « Et j'avais tout simplement trop peur pour m'opposer à lui. C'est ça que tu veux entendre ? » Mon visage est tiré, mes mâchoires tendues et mon coeur battait un rythme sourd dans ma poitrine. Les vannes avaient été ouvertes et tout ce miasme tapi dans l'ombres échappait finalement en une nuée intarissable.

Nos voix portent, plus fortes, se mesurant l'une à l'autre. Heureusement que nous sommes seuls, parce que je pense que les employés de maison auraient fui en approchant de la cuisine. Nous avons tout le loisir de nous cracher nos rancœurs respectives à la figure, sans le moindre témoin. Les larmes coulent déjà, dévalant mes joues mais je ne supporte plus cette situation. C'est la goutte qui fait déborder le vase. « Grand bien leur fasse. » je lâche, avant de fourrer l'une de mes mains dans la poche de mon pantalon. Ses accusations sont terriblement douloureuses et j'essaie de m'exhorter au calme, de ne pas perdre le fil de ma respiration. Il ne manquerait plus qu'une crise, pour couronner le tout. Je n'étais pas taillé pour ce monde hostile. Je n'étais pas fait pour subir les regards, les murmures et la pression. Les réceptions et les jeux de pouvoir. Moi, tout ce que je voulais, c'était mener une existence tranquille. J'aurais presque préféré naître dans une famille de paysans, racler du crottin dans un paddock mais ne pas vivre avec ce poids constant dans la cage thoracique. Tout ce que je désirais, c'était retrouver l'attention de ma grande soeur et surtout, son affection. Renouer le lien qui s'était brisé entre nous, recoller les pots cassés. Pouvoir m'affaisser entre ses bras et me gorger de son parfum familier, comme quand j'étais enfant. Quand je relève mes yeux, des larmes s'échappent désormais des siens et je déglutis difficilement. Parce que tu crois que ça m’a fait plaisir, de ne plus avoir mon petit frère ? C'est une torture, d'entendre ça. Surtout après des années d'ignorance. T’étais même pas là, que je demandais déjà après toi, Ezra ! Comme des coups de massue qui m'atteignent de toutes parts, qui m'affaiblissent de seconde en seconde. « Je voulais rester avec toi. » je glapis, les yeux brûlants de mes pleurs. « Je ne voulais pas aller là-bas, je voulais rester avec toi. » Ma voix se brise sur quelques notes et je n'ai qu'une envie, celle de me laisser glisser au sol et de me rouler en boule. J’étais tellement en colère contre toi. Je t’en ai voulu tellement fort. « Je suis désolé. Tellement désolé. Tellement tellement désolé. » je répète, la vision floue. Je répète ces mots, en une litanie incessante, presque hystérique. Je suis tellement désolé, Mary. Je m'approche d'un pas, tendant un bras dans sa direction. Un geste que j'avais machinalement reproduit, comme lorsque j'étais petit et que je voulais attirer son regard vers moi en agrippant le tissu de sa jupe. Mais mon geste s'arrête en plein milieu et mon bras retombe mollement contre mon flanc. « Je ne voulais pas que ça se passe comme ça. Jamais. Je voulais juste rester avec toi pour toujours. » je souffle, rempli d'un profond désespoir. « Ne me déteste pas, je t'en prie. Ne me déteste pas. Je vais tout expliquer à Papa. » je débite, la gorge douloureusement nouée. « Je vais tout lui dire. » Et j'allais lui exprimer à quel point Mary était la candidate parfaite pour le poste, à quel point il était passé à côté de la personne la plus indiquée pour reprendre l'entreprise. J'allais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour changer les choses. Prouver à mon père qu'une femme était parfaitement capable de diriger, peu importe ce qu'il pouvait en penser. « Mais ne me déteste pas. S'il te plaît. » je bredouille, le visage rouge et les membres toujours secoués de spasmes.
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MessageSujet: Re: Talk and Reliefs | Mazra #1 Talk and Reliefs | Mazra #1 EmptyDim 24 Oct - 15:35

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« Tu aurais pu tout faire, que personne ne t’aurais jamais rien dit Ezra, pas même Papa. Ne me parle pas d’impunité. Tu as toujours eu le droit de transgresser les règles parce que tu étais, et tu es toi ! » Personne n’aurait jamais rien dit. Ils auraient compris. Maman était loin d’être stupide, malgré tout. Elle avait subi le joug d’une société patriarcale, malgré tout. Elle n’en restait pas moins coupable, elle aussi de ce qui était en train de se passer, parce qu’elle n’a jamais trouvé mieux que de donner raison. Elle voulait des enfants, et un fils, elle aussi. Elle l’aurait aimé de la même manière si Ezra avait été une fille, c’est indéniable. Mais, la difficulté à l’avoir, ainsi que toutes les complications qui en avait suivis, n’avait fait que renforcer l’amour incommensurable qu’elle avait déjà pour ce petit garçon. « Mais peur de quoi ?! Il ne va jamais rien faire contre toi ! Tu es son fils, Ezra ! Maman ne le laisserait jamais faire quoi que ce soit ! » C’était une évidence. Notre mère avait assez de pouvoir sur notre père pour faire basculer la balance. Elle avait toujours réussi à avoir ce qu’elle voulait, à commencer par nous. Elle avait peut-être renoncé à une forme de mariage choisi et d’amour, pour la volonté de nos grands-parents, mais elle n’en restait pas moins victorieuse dans toute cette histoire. Notre père était certes rustre, maladroit, et autoritaire, mais il nous aimait. Il avait une manière particulière de nous le montrer, mais nous comptions pour lui, plus que nous pouvions le penser, j’en étais intimement persuadée. On craignait sa colère certes, mais de là à en avoir peur, c’était presque inconcevable dans ma tête. Il était notre père. Il serait déçu, peut-être, et se contenterais de se renfermer sur lui-même, comme après une dispute avec notre mère, mais ça n’irait jamais plus loin. Moi je n’avais aucun mal à lui tenir tête, quand je le songeais nécessaire, mais parce que nos caractères étaient faits de la même essence. J’étais aussi forte que lui, avec le visage délicat de celle qu’il avait épousé contre sa volonté. Je n’avais peur de rien. De personne.

J’avais eu peur une fois. Quand on m’avait annoncé à la naissance d’Ezra, que mon petit frère ne rentrerait pas tout de suite à la maison. Qu’il était malade, qu’il devait être surveillé par les docteurs. Cette nuit-là, je me rappelle combien j’avais pleuré. J’avais demandé après mes parents, après mon petit frère sans relâche. Je l’avais tellement attendu, tellement espéré. Je lui avais souvent parlé, lui racontant des histoires rocambolesque, quand il était sous le nombril de notre mère. Il était encore tout petit, que j’embrassais déjà l’arrondi de peau sous lequel il se cachait. J’avais tellement hâte qu’il naisse, qu’il se joigne à nous. Je rêvais déjà de toutes les parties de jeu que nous pourrions avoir quand il serait en âge de jouer avec moi. J’étais tellement heureuse, tellement contente. Mon camarade de jeu, il était si proche. Et j’avais eu peur qu’il ne revienne jamais. Que mes parents passent la porte sans lui. J’aurais été si triste. Les larmes ne cessent de rouler sur mes joues comme des lames qui transperçaient mon cœur blessé. Ezra n’imaginait pas une seule seconde à quel point j’avais pu l’aimer. A quel point il avait compté pour moi, avant que l’on ne lui offre tout ce que je voulais, tout ce que j’aurais aimé avoir, sur un plateau d’argent, et que je ne sois reléguée derrière son dos. J’entends ses excuses. Ses mots qui sont saccadés par les larmes qui le torturent, les sanglots qui le rendent muet. J’aurais aimé que tout soit différent. Que nous n’ayons jamais à nous disputer de cette manière pour se dire ce que l’on avait à se dire. Son bras se lève vers moi, avant de s’effondrer contre son flanc, et ça me secoue le cœur si fort. Je reconnaissais là, celui que je connaissais par cœur, quand son âme et la mienne étaient toujours proche l’une de l’autre. Je lâche prise. J’en ai marre de me battre. Un sanglot bruyant m’échappe et je m’avance. Je m’avance dans sa direction, et je viens refermer mes bras autour de lui, sans attendre qu’il ne réponde, où qu’il m’en donne l’approbation. Il me surpasse largement, mais je me serre contre lui. « Je t’ai toujours aimé fort, Ezra. » Je murmure, la voix étranglée dans ma gorge. « Je voulais simplement qu’on m’entende. Je voulais que tu reste mon petit frère. Que tout le monde soit aussi fier de moi qu’ils pouvaient l’être de toi. » J’avoue, le nez fourré dans son pull. « Pardon d’avoir été aussi égoïste. » Je lâche finalement, en serrant mes bras dans son dos.






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MessageSujet: Re: Talk and Reliefs | Mazra #1 Talk and Reliefs | Mazra #1 EmptyJeu 25 Nov - 11:33

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Tu aurais pu tout faire, que personne ne t’aurais jamais rien dit Ezra. Pas même Papa. Ma gorge se noue et je secoue la tête de gauche à droite, les muscles raidis par un mélange oscillant entre la colère et une profonde tristesse. « C'est faux. » je murmure, les lèvres tremblantes. Mais les paroles s'échappent à peine de ma gorge qu'elle me paraissent dénuées de sens. Il y avait une douloureuse vérité dans les siennes, quelque chose que je n'ai jamais voulu m'avouer et qui me terrassait, à cet instant. Notre père aurait sûrement fini par accepter ma décision, quelle qu'elle soit mais j'avais été trop lâche pour ne serait-ce qu'essayer. Et on en arrivait là, à cause de moi. Un pleutre. Je subis la déferlante qui s'abat sur moi, la tête rentrée dans les épaules. Mes jambes sont parcourues de spasmes et je me retiens au comptoir pour ne pas tomber au sol, pareil à une poupée de chiffon. Mais peur de quoi ? Il ne va jamais rien faire contre toi ! Tu es son fils, Ezra. Maman ne le laisserait jamais faire quoi que ce soit ! Elle avait raison. Sur toute la ligne. Ma mère s'était toujours battue pour suivre ses convictions et elle n'avait jamais laissé mon père lui dicter sa conduite. Ils étaient égaux en tout et c'était ce qui faisait leur force. Pourtant, je ne saurais pas expliquer la raison pour laquelle je n'ai jamais tenté de faire parvenir un message. Wyatt Forbes était un homme impressionnant et le voir s'épancher sur tous les projets qu'il prévoyait, sur tout ce qu'il avait imaginé pour le futur, sans même penser que ses plans soient contrariés par qui que ce soit, ça m'avait effrayé. Et j'ai pensé que je ne pourrais jamais l'échapper, que ce n'était que l'ordre des choses. Je ne sais pas...Je ne sais pas ! » je balbutie, en passant une main sur mon visage pour effacer les larmes qui pointent au coin de mes yeux. « Je ne sais pas... » je rajoute, dans un murmure.

Tout ce que je voulais, c'était retrouver ma grande soeur. Rattraper les dizaines d'années où un mur avait été dressé devant nous, où nous avions été séparés à cause de la vie elle-même, des obligations qui nous incombaient l'un et l'autre. Mais je n'ai jamais voulu lâcher sa main. À aucun moment. Et je lui fais part de cette détresse, de ces moments de peur, je lui confie à quel point elle m'a manqué, à quel point j'étais désolé de ce creux béant au bord duquel nous étions penchés depuis si longtemps. J'ai cherché sa silhouette tellement de fois dans les couloirs, tenté d'apercevoir son visage pâle et ses cheveux sombres. J'ai versé tellement de larmes de rage en comprenant qu'elle ne viendrait pas, qu'il n'y aurait plus d'instants pour jouer ensemble, pour lire l'un contre l'autre à la chaleur d'un feu de cheminée. Mary était mon modèle, la personne que j'admirais le plus au monde. Parce qu'elle avait tiré le meilleur de nos parents et que ça la rendait unique. Le caractère et la détermination sans faille de mon père, son sens du de voir et son implacabilité. La douceur et le sens commun de ma mère, son regard aiguisé sur le monde et les relations entre les êtres humains. L'équilibre parfait entre la force et la tendresse, une main de fer dans un gant de velours. Mes yeux sont à nouveaux embués et je déverse tout ce que j'ai sur le coeur, tout ce qui pèse depuis un certain temps. Tout ce qui me fait étouffer, suffoquer de l'avoir gardé autant à l'intérieur. J'étais capable de tout pour qu'elle me revienne, pour que nous retrouvions ce qui nous liait, quand nous étions enfants. Ma main retombe mollement contre mon flanc et j'ai l'impression d'avoir tout perdu. Mais je relève la tête en la voyant approcher, le dos raide. Puis ma soeur vient se serrer contre moi et mon corps se relâche, ma poitrine expirant un sanglot douloureux. Je t’ai toujours aimé fort, Ezra. Je referme mes bras autour d'elle, l'étreignant terriblement fort, terrifié à l'idée qu'elle disparaisse d'un seul coup. Je l'enlace, je me repais de son parfum, de sa peau tiède, de cette sensation presque oubliée tellement elle me paraissait lointaine. Je voulais simplement qu’on m’entende. Je penche la tête, fourrant mon visage contre le haut de son crâne, resserrant mon emprise. « Je suis désolé, M. » je murmure, d'une voix que les pleurs avaient éteinte. Pardon d’avoir été aussi égoïste. « Pardon d'avoir été aussi lâche. » je souffle, contre ses cheveux. « Tout va changer, je te le promets. » Je ne voulais plus faire la même erreur. Je ne voulais plus que quelqu'un souffre à cause de moi. « Je te le promets, grande soeur. » Je la serre de longues minutes, avec le sentiment d'avoir été figé dans le temps puis je recule à peine, suffisamment pour avoir l'opportunité de la regarder. « Tu mérites d'être entendue et je vais tout faire pour que ça arrive. » Je ne voulais pas de tout ça alors que c'était son voeu le plus cher. Et elle en avait largement les capacités, elle n'avait plus rien à prouver à personne. « Je vais parler à Papa. » je murmure, avant de tendre à nouveau la main dans sa direction, paume tournée vers le ciel. Je triture ma lèvre inférieure quelques secondes avant de reprendre, essuyant mes yeux d'un revers de bras. « Ou on peut y aller ensemble. » Comme avant. Notre père n'aurait pas d'autre choix que de nous écouter. Et d'accepter. Parce que les choses ne se déroulaient pas toujours comme on l'avait décidé et qu'il fallait apprendre à s'adapter, à les voir sous un nouvel angle.

Parce que je refusais de perdre ma soeur une seconde fois et que j'allais me battre pour la garder à mes côtés, à n'importe quel prix.

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