Fusillade 3 • And then, Chaos. | Keziah, Lincoln, Loxley & Riona

Agenouillée et complètement paniquée, j’avais simplement l’impression que nos vies allaient s’arrêter là. Qu’il n’attend qu’une chose ; que l’on passe le coin de la porte pour nous donner le coup de grâce. Une balle chacun, et c’était terminé. Nos vies là. Prises pour une raison qui m’échappe complètement. Mes yeux ne lâchent pas le corps sans vie, gisant devant nous, dont le blond avait tenté de me cacher la vue. C’est comme ça, qu’on allait finir. Baignant dans une marre de sang, les muscles relâché, les yeux vides, et la peau d’une pâleur qui m’en ferais vomir. Soudain, il y a la paume de Keziah, qui vient se poser sur mon bras, qui me fait enfin lâcher mon point de vue morbide. Je redouble de larmes, la culpabilité m’enserrant le cœur. J’avais les émotions en pagaille, et j’étais incapable de formuler quelque chose de cohérant, complètement retournée par tout ça, et mon bras meurtri, qui me faisait atrocement souffrir. « Il va nous avoir, il va revenir. » Je sanglote en regardant la brune. Il est loin le pitbull, que j’avais pu être avant que toute cette merde n’arrive. J’avais l’impression d’être faible. J’étais faible. Amoindrie, et complètement à bout de force. La peur, la blessure, étaient en train de me prendre toutes mes forces. « J’ai peur… » J’avoue, la voix qui s’étrangle dans ma gorge.

J’entends la voix de Loxley dans mon dos, au-dessus de moi, je sentais même le poids de son regard sur le haut de mon crâne, avant qu’il ne se place devant moi, à ma hauteur, quand Keziah se relève. J’aurais aimé leur dire de partir, tous, de me laisser là, parce que de toute façon, j’avais l’impression que la vision de ce corps, et la pensée de ceux tombés sous les balles, ne me quitteront jamais, que quitte à ne jamais oublier, autant mettre fin au supplice maintenant. Mais je n’ai plus de forces. Plus assez pour leur crier de se barrer et de me laisser là. J’hoche simplement la tête, avant qu’il ne me saisisse dans ses bras pour me soulever, et me forcer à sortir d’ici. Un geignement plaintif m’échappe, alors que la douleur dans mon épaule reprend de plus belle. Je me maudis. Maudis d’avoir quitté mon chez-moi pour venir me terrer dans ce mouroir aujourd’hui. Devoir assister à ça. Être victime de cette folie. Comment on allait ressortir de là ? En jouant à cache cache avec les méchants ? A courir entre les balles perdues ? Aucune de ces solutions ne me semblaient viables. Mais qu’est-ce que j’en savais, je n’étais déjà plus capable de tenir sur mes pieds. « On ne va pas y arriver… » Je murmure, la voix cassée. « Il faut qu’ils partent sans nous. On va les ralentir. » Je prononce en levant les yeux vers le blond. « Ils sauront trouver les secours. » J’ai confiance en notre groupe, mais pas avec le boulet que j’étais. Il fallait qu’on reste.

J'avais peut-être mérité tout ça, en fin de compte. Comme un beau revers de médaille après tout ce que j'avais fait. Comme une raillerie pour me rappeler mes actes et leurs répercussions. Comme si la vie avait décidé de me ramener au pied du mur, pour faire face à ce que je cherchais à fuir depuis un certain temps. Les yeux bleus de Keziah ne cillaient pas, plongés dans les miens, leur couleur claire dissimulé par l'obscurité. Mon souffle jouait aux montagnes russes dans ma poitrine et mon corps était toujours secoué de tremblements intempestifs. Je n'arrivais plus à faire le moindre geste mais j'avais réussi à me détendre. Grâce à elle. Et ça me donnait envie de laisser éclater un rire amer. L'agresseur sauvé par sa propre victime. Si ce n'était pas une belle ironie du sort, ça. Quelques minutes passent, sans le moindre bruit. Mes muscles tendus, mes sens aiguisés et attentifs au moindre son. C'est comme si ce qui venait de se passer ne s'était jamais produit, si les impacts des balles dans la mur et contre le mur n'étaient pas là pour nous le rappeler. Je ferme les yeux quelques infimes secondes, prenant une respiration frémissante avant de secouer la tête. Lâchant des remerciements presque inaudibles à la brune, les yeux obstinément tournés dans la direction opposée. Je m'étais suffisamment humilié pour les dix prochaines années. Je finis par me redresser, faisant quelques pas sur le côté pour m'éloigner et étirant mes muscles endoloris par la crispation. Puis je retrouve enfin les autres, dans la salle de classe. M'arrêtant soudainement, les sourcils froncés. Mon regard suivant la direction de celui de Riona, une boule venant à nouveau élire domicile dans ma gorge. Bordel. Le corps qui s'était écrasé contre la porte un peu plus tôt se trouvait là, étendu sur le sol. Baignant dans une flaque de sang, les membres rigides. Je retiens de justesse un haut-le-cœur, parcouru d'un violent frisson. Il allait falloir l'enjamber pour sortir de là et cette simple idée me donnait envie de hurler. Mais on ne pouvait pas faire autrement et ça me répugnait.

Combien d'autres cadavres allait-on croiser sur notre route ? Est-ce que l'on allait arriver à trouver la sortie avant que l'un de ces malades ne nous trouve ? Est-ce que j'avais une chance de voir le soleil se lever demain ? Je n'en savais rien. La moindre de mes certitudes avait été réduite à néant en quelques instants. On ne pouvait que vivre sur l'instant, réfléchir petit à petit, au fur et à mesure.  

Et pour le moment, il fallait que l'on sorte d'ici pour trouver une échappatoire. Sauf que l'état de ma camarade s'aggravait de minute en minute, à tel point qu'elle finit dans les bras du grand blond, incapable d'aller plus loin de son plein gré. Putain. Ma jambe est agitée d'un tic nerveux et je fais quelques pas pour la soulager. Avant qu'elle ne fasse une réflexion qui m'arrête net. Oui, une part de moi avait pensé à les laisser derrière pour trouver plus rapidement les secours. Parce que pour être honnête, la blessure de Riona allait la ralentir et on ne pouvait pas se le permettre si on voulait survivre à cette journée. Nous avions plus de chances si on se séparait et même si je n'aimais pas cette idée, c'était celle qui avait le plus de chance d'aboutir. « On va aller chercher de l'aide. » je murmure, avant de croiser les bras sur mon torse. « Restez cachés autant que possible et retournez dans le local si vous entendez le moindre bruit suspect. » Rien de bien différent de ce que l'on avait fait jusqu'ici mais c'était plus par principe, juste pour me remettre les idées en place. Mon regard se tourne vers Keziah et je la vois regarder son amie avec inquiétude, me faisant plisser les lèvres. La perspective de me trouver à nouveau seul avec elle me nouait les entrailles. Mais c'était pour la bonne cause, pour un espoir de garder la vie sauve. Je lance un vif coup d'oeil à la forme gisant sur le sol, déglutissant douloureusement et passant une main dans ma nuque avant de revenir à son visage concerné. « Tu fais comme tu veux, mais moi j'y vais. » je lâche, d'une voix faussement confiante.

Je n'avais pas la moindre idée de ce que j'allais trouver en regagnant les couloirs et ça me terrifiait.

Je n'aimais pas l'idée de nous séparer, pas du tout même. C'est toujours le pire choix de fait et j'étais persuadée que l'union faisait la force. Mais je vois bien que mon amie ne va pas bien, qu'elle n'est plus capable d'avancer sans l'aide du châtain. Une fois dehors, nous serons à découvert et je ne pouvais que me douter de l'issue de toute cette horreur si on venait à retomber sur le tireur. Ça me faisait mal de l'avouer, mais au vu de son état, Riona allait forcément nous ralentir et considérablement diminuer nos chances de survie. J'étais convaincu que ce n'était pas une bonne idée, mais dans l'immédiat, ça semblait être la seule qui nous offrait la possibilité de nous en tirer, tous les quatre. Alors je m'approche de mon amie, la serrant brièvement dans mes bras en prenant soin d'éviter sa blessure, avant de venir presser ma main dans la sienne. Je voulais qu'elle sache que je ne la laisserais pas tomber et que je ferais tout ce qui est en mol pouvoir pour l'aider. Puis mes yeux remontent le long du visage du deuxième garçon du groupe, que j'observe quelques secondes en silence. « Prends soin d'elle, s'il te plaît. » je souffle dans un murmure. « Et faites attention à vous. » Même en restant ici, ils n'étaient pas à l'abri. Le tireur pouvait décider de revenir à tout moment, de faire demi-tour pour s'assurer qu'il n'avait laissé aucune trace de vie derrière lui. Puis je me tourne vers Lincoln, le ventre noué avant de hocher la tête. « Je viens avec toi. » Une part de moi aurait aimé rester ici, attendre que les secours arrivent plutôt que de l'accompagner. Je n'étais pas sereine à l'idée que nous soyons que tous les deux, parce que je craignais que l'atmosphère entre nous soit glaciale. Mais nous étions dans le même bateau, au milieu de ce cauchemar et après ce qui s'était passé dans la remise, je ne me voyais pas le laisser partir seul. Et puis j'avais encore une lueur d'espoir de rapidement retrouver ma sœur.

Mes yeux se posent finalement sur la silhouette qui gît sur le sol et je déglutis difficilement, soudainement paralysée par la peur. Je n'avais aucune envie d'enjamber ce corps sans vie, de devoir affronter cette image plus longtemps mais nous n'avions pas le choix. Pour passer de l'autre côté, j'allais devoir faire abstractions de tous les tremblements dont j'étais la victime, ravaler la bile qui remontait le long de mon œsophage et puiser le peu de courage qu'il me restait. Puis, sans que je ne comprenne réellement pourquoi, ma main s'avance en direction de Link, espérant silencieusement pour qu'il la prenne et qu'on traverse cette épreuve, ensemble. Mais je me rends compte de l'absurdité de mon geste avant même qu'il n'ait le temps de le voir et je rapproche mon bras de mon corps, le plaquant contre ma poitrine. Tu peux le faire, Kezi... Je prends une profonde inspiration, m'avance de quelques pas afin de vérifier que la voie est libre, puis je passe au-dessus de la silhouette sans vie d'un de nos camarades. Je n'ose même pas regarder qui c'est, par peur de le reconnaître, par peur de perdre mon sang-froid. Une fois de l'autre côté, je me décale sur la droite, venant appuyer mon dos contre le mur, me concentrant sur ma respiration saccadée. « Sortons d'ici... » je souffle alors que Lincoln me rejoint enfin.

Je ne voulais plus rester une seconde de plus dans cet Enfer.

J’ai peur. J'avais beau le dissimuler autant que possible, je la comprenais terriblement bien. J'étais terrifié. J'avais peur que l'on ne réussisse pas à sortir de là, à retrouver la liberté. Je craignais de ne plus jamais avoir la chance de pouvoir serrer mes parents et mes soeurs dans mes bras. Je me sentais nauséeux rien qu'en pensant que l'on éprouvait peut-être nos dernières heures, là, au milieu du chaos provoqué par la folie humaine. Et j'essayais de toutes mes forces de ne pas penser à Hadlee. Je n'avais pas la moindre idée d'où elle était, si elle allait bien et ça me rendait fou, ça ne faisait qu'agrandir le trou béant que ce drame creusait à l'intérieur de ma poitrine. J'étais totalement impuissant face à la tournure des événements et je ne pouvais même pas rejoindre les personnes qui m'étaient chères. Alors je me contentais de garder espoir, même si ça ne tenait qu'à un fil mince, d'apparence fragile. « Moi aussi. » je souffle, la gorge serrée. Moi aussi, je crevais d'envie de me rouler en boule dans un coin et de disparaître. J'aurais donné n'importe quoi pour oublier, pour balayer les images de ces longues minutes passées dans le local. Pour oblitérer le bruit des balles qui percent le bois, qui s'écrasent tout autour de nous et cette sensation d'oppression qui m'avait serré la poitrine, dans le noir. Pour effacer la silhouette allongée sur le sol, les yeux ouverts et le visage à jamais étiré par l'horreur. Et tout ce sang épais, d'un rouge vif, qui gisait sur le sol. Cette odeur métallique, âcre, immonde, qui emplissait mes narines. Ce parfum de mort et de désolation qui s'imprégnait un peu plus à chaque minute dans les tréfonds de mon âme.

On ne pouvait pas rester là. Il fallait que l'on se déplace, que l'on disparaisse des radars. S'il avait le moindre doute, le tireur allait revenir sur ses pas et vérifier son oeuvre. Nous devions tenter de trouver une échappatoire. Mais Riona était trop faible. Ses forces l'abandonnaient de seconde en seconde et nous allions forcément ralentir la troupe. Parce que je ne comptais pas la laisser en arrière. Alors je décide de la prendre contre moi, grimaçant à son gémissement de douleur quand je l'attire dans mes bras, prêt à suivre la troupe. Pourtant, la voix de la blonde résonne à nouveau dans mon giron, râpeuse. On ne va pas y arriver. Il faut qu’ils partent sans nous. On va les ralentir. Je le savais. J'en étais parfaitement conscient. Mais rester là, c'était un moyen de nous condamner. Et je voulais avoir une infime chance de m'en sortir. De pouvoir trouver quelqu'un qui saurait apporter les soins nécessaires à la jeune femme. Néanmoins, son état est inquiétant et je comprends rapidement que je vais devoir ravaler ma frustration. On va aller chercher de l'aide. Je hoche la tête aux paroles de l'autre garçon, l'estomac noué, avant de tourner la tête du côté de la brune. « C'est promis. » je murmure, faiblement. J'allais en tout cas faire tout ce qui était en mon pouvoir pour la maintenir en vie. Pour la protéger, jusqu'à ce que les secours arrivent. De toute manière, c'était la seule chose que je puisse faire, le temps qu'ils reviennent. S'ils revenaient. Je déglutis douloureusement avant de les regarder enjamber le corps étendu par terre, resserrant instinctivement ma prise autour de la blonde. Une part de moi était reconnaissante de ne pas pouvoir mettre un nom sur ce visage inexorablement figé. Je ne sais pas ce que j'aurais fait, si j'étais tombé sur quelqu'un que je connaissais. Et je ne voulais pas le savoir.

Puis je baisse les yeux sur Riona, sur son visage livide et trempé de sueur. Le sang avait presque entièrement imbibé le foulard de son amie et je n'avais plus aucune certitude à son propos. « On va s'en sortir. » je lui souffle, inquiet. Avant de pivoter pour faire quelques pas en sens inverse, rejoignant le fond de la salle. Le plus sûr aurait été de retourner dans le local mais je ne voulais pas rejoindre l'obscurité à nouveau. Et j'avais besoin de pouvoir constater la progression de son état alors j'opte plutôt pour le coin adjacent à la porte, qui nous laissera un peu de large de manoeuvre si jamais quelqu'un s'annonçait dans notre direction. « Je vais te reposer par terre. » je lui indique, doucement. Puis je plie les jambes pour m'accroupir, maladroitement et la glisser sur le sol, le dos calé contre le mur. Et je me laisse tomber à ses côtés, mes yeux faisant des allers et retours incessants vers elle, la tirant dès qu'elle commençait à s'affaisser. « Reste éveillée, Riona. » Il fallait que je la maintienne consciente. Elle ne devait pas s'endormir, peu importe combien ses paupières se faisaient lourdes. « Reste avec moi. Ok ? Reste avec moi. Les secours vont arriver. »

Je ne l'avais jamais espéré aussi fort qu'en attrapant sa main glacée dans la mienne.  
  

Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas qu’ils meurent. Je ne veux pas les ralentir. Je regrettais, tout ce que j’avais pu faire aujourd’hui, tout ce qui m’avait poussé à me lever ce matin. De ne pas avoir dit au revoir à mes parents, de ne pas leur avoir rappelé combien je les aimais. Si tout devait s’arrêter ici, j’aurais aimé faire tellement plus de choses, vivre encore et encore plus de choses folles dans ma vie. Je m’étais retrouvée coincée là. Je n’étais qu’un poids pour ceux qui se trouvaient avec moi. Qu’un moyen de plus pour que l’on se fasse tous descendre un par un, parce que le malade qui avait ouvert le feu, n’allait sûrement pas faire un seul passage. J’aurais aimé, être plus forte que ça, ne pas être un boulet. Avoir la force physique de courir jusqu’à plus pouvoir respirer. Jusqu’à chuter. Au contraire, j’étais là, en proie à mes douleurs, à mes peurs, à ces ombres qui dansent autour de moi. Tout ça, n’est qu’un cauchemar. Un cauchemar que j’aurais voulu ne jamais vivre et que la douleur rendait bien trop réel. Je jette un œil, hors de l’étreinte du garçon, et j’observe Keziah et Lincoln, quitter la pièce. « Kez… » Je souffle. Faites qu’elle s’en sorte, qu’elle puisse rentrer chez elle en vie. Qu’elle n’ait pas à passer au-dessus de dizaines d’autres formes gisantes au sol. Un seul inconnu suffisait. Malgré le flou qui m’entourait, je pouvais sentir les effluves macabres qui s’élevaient de lui, me nouant profondément les entrailles.

Seuls me ramènent à notre réalité, les mouvements du brun, qui tentait, comme il pouvait de me maintenir. Lui aussi, je le mettais en danger. Nous restions là, en proie au danger, plus que jamais. En minorité, éloignés, sans aucun moyen de nous défendre. Il aurait dû me laisser là. M’abandonner à mon sort, pour survivre. Si je m’en sortais et qu’il restait coincé à tout jamais entre ces murs, j’en porterais la culpabilité à tout jamais. Il était resté avec moi, sans même me connaitre. Il tentait de me rassurer, alors que je n’avais pas été la plus avenante des êtres humains, jusqu’à ce que je me retrouve dans cet état. J’étais effrayée, fatiguée, tout mon corps était rempli de fourmillements désagréables. J’hochais pourtant la tête aux mots du châtain, alors que l’on rejoint le sol, dans un coin reculé de la pièce. Ma tête était lourde, mes membres engourdi, je sentais difficilement ce qu’il se passait dans mon bras, mais la douleur elle, était lancinante. Je détestais par-dessus ce sentiment de faiblesse, d’impuissance. J’étais pourtant si fatiguée. Je ne rêvais que d’une chose, fermer les yeux, me laisser aller, oublier la douleur, la peur, tout. M’endormir. Que tout prenne fin. Je me sentais pourtant, régulièrement tirée vers le haut. « S’il te plais… J’ai juste besoin… de me reposer. » Je lâche faiblement, en geignant presque comme une enfant. Mais tout me poussait à me laisser aller. J’essayais de lutter pourtant, mais chaque secondes devenait de plus en plus une épreuve. « Tu sais, où ils sont ? » Je demande, entrecoupant mes phrases de respirations. « Et si il ne nous… trouvent pas… ? » Je voulais qu’ils nous trouvent. Je l’espérais, plus que je n’avais jamais espéré avant. Me vider de mon sang dans ce foutu lycée, n'étais pas ce que j'avais envisagé pour l'avenir. Je voulais m'en sortir, rentrer chez moi, dormir, oublier. Mais tout ce qui m'importait réellement à cet instant, c'était les dizaines de bras tendus vers moi, qui m'incitaient à glisser vers eux, à m'abandonner.