A few drops of ethanol and some sweet confessions (Tofia #3)

Si tu étais venu me voir, c'est peut-être ma fierté qui m'aurait poussé à te tenir éloigné de moi...Et ce serait sûrement arrivé quand même. Cette simple me donnait envie de gerber. Me dire que peu importe la manière dont j'aurais pu appréhender les choses, elles se seraient forcément produites. Me dire que même si j'avais ravalé ma fierté, c'est la sienne qui aurait pris le pas pour l'empêcher de venir à ma rencontre. Et que tout se serait enchaîné de la même manière. Ma gorge me paraît tellement serrée que déglutir est devenu douloureux et je garde les yeux ostensiblement baissés pour ne pas à croiser son regard. J'avais repassé les images de cette soirée dans ma tête tellement de fois, revu sa peau pâle et exposée, ses yeux suppliant de lui venir en aide et son corps alangui, immobile. Incapable de se mouvoir de son propre gré. Et la haine qui avait pris possession du mien, qui avait brouillé toutes mes connexions, fait battre le sang dans mes tempes. Ce sentiment destructeur qui m'avait rendu aveugle à toute autre chose, qui n'avait implanté qu'un seul but dans le creux de ma tête : détruire. Réduire la menace à néant, mettre le danger hors d'état de nuire. Et venger la scène dont j'avais été spectateur. « Je sais... » je souffle, la voix éteinte. Je savais. Je savais. Mais je n'arrivais pas à me défaire de cette culpabilité qui rampait le long de ma peau. Je n'arrivais pas à voir le "positif" dans tout ça parce que j'avais fait face à quelque chose de tellement barbare que ça m'avait ôté tout sens commun. Je n'arrivais pas à me dire que j'étais arrivé au bout, parce que je pensais encore que j'aurais pu l'éviter. Et c'était frustrant d'être mis au pied du mur, réduit à l'impuissance face à la fatalité.  Tout ce qui compte, c'est ce qu'il n'a pas eu le temps de faire parce que tu étais là. « Je n'aurais jamais pu me le pardonner, si j'étais arrivé trop tard. » Mes doigts viennent se presser davantage contre les siens, cherchant à prolonger cette chaleur qui apaisait les maux grondant au centre de ma poitrine. Puis mes yeux glissent malgré moi dans sa direction et mes lèvres se relèvent à peine sur le côté. « Au contraire. Je faisais trop attention à toi, Sofia Grimm. À tel point que ça commençait à me rendre dingue de ne pas comprendre pourquoi tu me captivais autant. » je rajoute, en l'observant fixement, glissant sur les contours de son visage. Fasciné par cette silhouette à la chevelure cuivrée, par ce caractère flamboyant et imprévisible, par l'adrénaline que ça me procurait à chaque fois que je me retrouvais à ses côtés. Perturbé par ce besoin impératif de veiller sur elle. Celui presque maladif, de l'avoir dans mon champ de vision. Et c'est en comprenant à quel point je l'aimais que je savais que ces images n'allaient pas me quitter avant un long moment. Et j'avoue, je laisse déborder cette terreur qui m'avait submergé le lendemain, en contemplant mes mains. En revoyant le sang maculer ma peau, les jointures rougies à cause des coups. En repensant à cette rage qui m'avait habité, qui aurait pu avoir raison de moi si Aspen ne s'était pas interposé. La main de Sofia vient s'échouer sur ma joue et je me presse contre cet effleurement rassurant, fermant les yeux quelques secondes. « J'en doute, parfois. » je susurre, le ventre noué. Quand je voyais ce dont j'avais été capable, je me faisais peur. Mais il y a cette fille et ses mots qui sont comme un baume sur mon coeur, cette fille et ses baisers qui font irradier ce membre palpitant dans ma cage thoracique. Tu es quelqu'un d'exceptionnel, Walker. Il y a un sanglot qui s'échappe maladroitement d'entre mes lèvres à cette confession et je penche la tête pour embrasser son front, délicatement. « Quand c'est toi qui le dit, ça me donne vraiment envie d'y croire. » Surtout quand quelques perles viennent glisser le long de ses joues. Puis mon battant vient tambouriner davantage et mes yeux se perdent dans les siens, le souffle court. Je voulais que ses paroles se réalisent, si fort que ça me faisait mal rien que d'y penser. Je voulais chasser tout ces nuages et n'avoir plus rien d'autre que la chaleur des rayons du soleil. Je voulais me noyer dans des souvenirs qui réduisaient mon cerveau à quelque chose de doux et cotonneux. Je voulais simplement profiter de cet amour qui m'explosait en plein visage, construire quelque chose et m'agripper au bonheur qui me tendait les bras. « Je t'aime. » je murmure, en délaissant ses lèvres quelques instants. « Je t'aime tellement. » Ma main vient caresser sa mâchoire et je presse ma bouche contre la sienne, de manière infime. « Et j'ai hâte de créer ces souvenirs à tes côtés. » Mes bras glissent de part et d'autre de son corps pour l'attirer contre moi et mon visage échoue dans le creux de son cou, humant son parfum. « Merci d'être là, Sofia. » je souffle, en fermant les yeux pour savourer cet instant d'accalmie.

Je n'aurais voulu être nulle part ailleurs. Parce que c'était le seul endroit où j'avais l'impression d'avoir ma place. Avec elle, je savais que j'allais trouver le courage d'avancer, d'être un homme meilleur. De me battre contre les ombres pour rester dans la lumière. Elle était la flamme qui me guidait dans l'obscurité et je m'y accrochais avec la force du désespoir. Je ne sens même pas le sommeil m'emporter, mais je sais que je peux m'y abandonner sereinement, désormais.

Parce qu'il y a quelqu'un à mes côtés, quelqu'un qui tient fermement ma main et qui a décidé de ne pas la lâcher, peu importe les limbes dans lesquelles je pouvais m'enfoncer.