Cotton candy skies and fun fair highs (Yeonae #1)

La fête foraine vibrante et colorée s'étendait devant moi, illuminée par des lumières scintillantes et remplie des rires des enfants et des cris de joie. L'odeur des barbes à papa et des frites flottait dans l'air, mêlée à la mélodie des manèges et aux bruits des jeux. C'était un endroit magique, un lieu où l'on oubliait soucis et pressions du quotidien. Inévitablement, ça me rappelait les jours passés à Los Angeles, entourée de mes proches. C’était encore étrange, pour moi, d’être à Séoul, encore plus dans le but de réaliser mon rêve. Parfois, j’avais du mal à réaliser pourquoi j’étais là. Je mesurais la chance que j’avais d’être, malgré tout, aussi bien entourée et surtout d’avoir mes oncles et mes cousins à mes côtés. Ils connaissaient la ville, les différentes coutumes liées à une culture diamétralement différente de celle que j’avais connu jusqu’à maintenant, m’évitant d’être complètement en décalage avec le reste du monde. Et je bénissais chaque instant passé avec eux et qui me rappelait un peu la maison et tout ce que j’avais laissé derrière moi. « Regardez ! » s’exclame Keonhee, ses yeux pétillants d’excitation alors qu’il pointe une énorme peluche poussin à un stand de Chamboule-tout. Il se précipite en courant vers le jeu, entraînant Kyuhan à sa suite, sa main fermement serrée dans la sienne. Je glousse devant l’excitation du mon petit cousin et nous les rejoignons, avec Kimoon dont les sourcils se haussent, amusé. Keonhee avait passé la soirée à s’extasier devant toutes les peluches et dépensé quasiment l’intégralité de son argent de poche en essayant, vainement, d’en obtenir une. « Tu es sûr de pouvoir gagner une cette fois ? » Ses épaules se redresse et il nous montre ses muscles, inexistants, avant d’hocher frénétiquement la tête. De toute façon, impossible de négocier avec lui ou de le ramener à la raison. Maintenant qu’il avait jeté son dévolu sur cette énième peluche, c’était terminé. L’aîné de la fratrie se penche dans ma direction, les bras dorénavant croisé sur son torse. « Il va perdre. Pleurer de frustration jusqu’à la maison et papa va se sentir obligé de lui en offrir une pour éviter qu’on entende parler de ce drame pendant des semaines… » Je n’avais, bizarrement, aucun mal à imaginer oncle Jin courir dans le premier magasin de jouets dès demain matin. « Je vais jouer aussi. » annonce Kyuhan en déposant deux pièces sur le comptoir, pour lui et son petit frère.

Un dizaine de minutes plus tard, Keonhee sert sa peluche aussi grosse que lui dans ses bras, sautillant joyeusement devant nous. Non, il n’avait pas gagné. Hannie, en revanche, oui. Mais pour le bien être commun de tous, il avait généreusement offert la peluche à son cadet. Le temps de s’arrêter à un stand de corn dog et Moon nous annonce qu’ils sont dans l’obligation de rentrer. « T’es sûr que vous ne pouvez pas rester encore un peu ? » je tente, en grimaçant. « Désolé. Mais appa a été très clair sur l’heure à laquelle on devait rentrer. Mais reste, si tu veux. » J’avais encore quelques heures devant moi avant mon couvre feu, mais une partie de moi hésitait. Rester seule m’effrayait quelque peu. Pourtant, c’était ma chance de découvrir un peu de moi-même, de laisser derrière moi les doutes et les incertitudes qui m’assaillaient depuis que j'étais arrivée à Séoul. « Je vais rester. » je déclare finalement, sous leur regard surpris. « Envoie-moi un message quand tu es bien rentrée au dortoir. » J’acquiesce, promettant en silence de le faire à la seconde où j’en aurais passé le seuil. Puis j’observe mes cousins s’éloigner, un mélange d’excitation et d’inquiétude m’envahissant soudainement. Mais il était hors de question que je me ravise. Il y avait encore tellement d’attractions que je voulais découvrir et essayer. Puis, ce n’était pas si sorcier que ça de passer un peu de temps seule, dans un endroit que je ne connaissais pas, si ? Je prends finalement mon courage à deux mains, m’avançant vers l’un des nombreux manèges que j’avais envie de tester. Un grand huit avec plusieurs vrilles et un batwing assez impressionnant. Je me glisse dans la file d’attente et mon cœur s’emballe, surprise par la chaleur d’un contact inattendu. Une main vient de se poser sur mon bras. Je pivote, faisant face à une jeune fille, d’a peu près mon âge. Son sourire éclatant et son regard pétillant semblaient illuminer la nuit. « Oui ? » Ma voix se fait toute petite, persuadée d’avoir faire quelque chose de mal. « Joesonghamnida. » je poursuis en baissant les yeux.

Finalement, j’aurais peut-être dû rentrer, moi aussi.

Est-ce que je regrettais un peu d'avoir coché la case idole dans le questionnaire sur mes projets d'avenir ? Oui. En même temps, qui empêchait les gens d'aller tranquillement manger des churros à la fête foraine ? Les agences, de toute évidence. Est-ce que ça m'avait empêché d'y aller ? Absolument pas. « Tu vas te faire tuer, tu le sais ça ? » me sermonne Hwasa dans le combiné de mon téléphone. Je grimace, glissant une mèche de cheveux échappée de mon chignon derrière mon oreille. « Ce qu'ils ne savent pas ne peut pas leur faire de mal ? » je tente, sur un ton des plus candides. Autant dire qu'ils n'avaient pas intérêt à savoir que je ne me trouvais plus au dortoir, si je tenais à la vie. Mais le danger avait quelque chose d'attractif, à mon plus grand regret. Ou pas. Je mordille ma lèvre inférieure. « Ça ne fait que quelques mois qu'on a débuté, Hwa. Tu crois vraiment qu'on va me reconnaître au milieu de tous ces gens ? » je soupire avec une moue boudeuse. « Je promets de ne pas revenir trop tard. Ça te va ? » Petite voix plaintive pour essayer d'attendrir l'aînée de notre groupe et m'éviter d'avoir à faire mes valises pour rentrer chez mes parents. « Et de ne pas m'attirer des ennuis, je sais. » je lâche, avant même qu'elle n'aie l'occasion de le faire. Je la connaissais assez pour prévoir ce qu'elle allait me dire. Et elle avait raison sur le principe. Désormais, nous n'étions plus de simples trainees. Cependant, l'appel de la fête foraine m'avait tendu les bras et je n'avais pas su y résister. Je n'étais pas particulièrement du genre à suivre bêtement les règles, me fiant davantage à mon instinct. Celui-ci m'avait dicté que c'était le moment d'aller manger des cochonneries et hurler dans les montagnes russes et je n'allais à contre-courant de ma nature. Enfin, presque jamais. Il avait fallu être rusée pour réussir à filer, mais rien ne m'était impossible. Surtout que nous n'étions qu'un petit groupe dans l'océan de l'industrie et qu'il nous restait encore beaucoup à faire avant d'être réellement célèbres. Autant profiter du peu de liberté qu'il me restait encore, avant d'être suivie nuit et jour par des agents de sécurité.

Mes yeux scintillent et ma bouche s'ouvre grand en contemplant le paysage qui s'étend devant moi. Mes souvenirs d'un événement comme celui-ci s'arrêtaient à mon enfance, lors de nos rares escapades à Séoul. Mes parents habitaient en périphérie, dans la campagne. Et dans notre petit coin, il y avait très peu de divertissement pour la jeunesse. Là où les citadins préféraient se mettre au vert pendant leur temps libre, nous avions fait tout le contraire. La capitale avait quelque chose de magique pour nous, parce qu'elle était riche d'activités à découvrir. De choses à faire. J'avais chéri le souvenir de la fête foraine comme un trésor dans un coin de ma tête, déterminée à y retourner. C'était chose faite et ma poitrine vibrait de bonheur. Les lumières chatoyantes, les parfums sucrés, le fourmillement si propre à cet endroit, tout ce mélange faisait pétiller mon cerveau de joie. Alors je ne perds pas une minute pour m'élancer à l'intérieur, ma casquette bien vissée sur la tête. Un manège avait été rajouté il n'y a pas très longtemps et j'avais eu l'eau à la bouche en lisant sa description. J'allais ressortir avec l'estomac à l'envers, mais ça contentait mon besoin d'adrénaline au plus haut point. J'atteins la file d'attente, souriant à la vue du peu de monde qui faisait la queue pour l'essayer. Il était vraiment impressionnant. En tournant la tête sur le côté, j'aperçois une silhouette qui me semble aussi solitaire que moi et je suis tout à coup prise d'une folle envie. L'instant d'après, mon bras a déjà bougé, ma main se posant sur le sien pour attirer son attention. Quand elle pivote, son visage m'arrache un battement de coeur et je fonds instantanément devant son air embarrassé. « Hey. » je souffle, les yeux agrandis par la curiosité devant son comportement. Avant de me pencher pour me retrouver à la hauteur de ses yeux baissés. « Pourquoi tu t'excuses ? » Elle n'avait rien fait de mal. Je souris. « Je voulais juste savoir si tu voulais être mon acolyte de manège. » Oui, j'étais carrément du genre à arrêter des gens dans la rue pour leur demander des trucs improbables. Encore plus si c'était des jolies filles comme elle. « C'est quand même plus fun de crier des bêtises avec quelqu'un d'autre dans les attractions. Tu ne trouves pas ? » je l'interroge, avec un grand sourire. Avant de jeter des coups d'oeil à gauche et à droite, me redressant d'un seul coup. « Mais tu attends peut-être quelqu'un ? Pardon. Je me suis imposée comme ça, d'un seul coup. » je souffle, en replaçant nerveusement la visière de ma casquette sur mon front. « Heureusement que le ridicule ne tue pas, hein ? »

Sinon, j'aurais été foudroyée sur le champ.       

Alors que je poursuis mon aventure dans la fête foraine, une légère appréhension s’installe en moi, comme une ombre douce mais persistante. Mes cousins sont partis, et leur absence crée un vide auquel je n’étais pas préparée. Je jette un regard autour de moi, essayant de me convaincre que tout va bien. La foule vibrante, les éclats de rire des enfants et les cris joyeux qui résonnent à chaque manège me rappellent que j’ai toujours été entourée de ceux que j’aime. Mais ici, au milieu de cet endroit magique et bruyant, un sentiment étrange d’isolement s’insinue en moi. Comme si je n’étais qu’une simple spectatrice, un peu en décalage avec l’euphorie ambiante. Les lumières colorées, les odeurs de sucreries et l'agitation générale devraient être rassurantes, et pourtant, elles amplifient mes doutes. Une part de moi voudrait rebrousser chemin et rejoindre la sécurité de mes proches, mais une autre part, plus petite, mais bien réelle, me pousse à avancer, à me dire que c’est peut-être une opportunité, un moment de liberté qui m’appartient entièrement. L’idée de passer du temps seule me terrifie un peu, mais en même temps, il y a cette douce excitation à l’idée de m’ouvrir à de nouvelles expériences, de voir jusqu’où je peux aller par moi-même. En continuant, je m’approche d’une structure imposante au loin, et mon rythme se ralentit peu à peu alors que je la découvre. Un grand huit, énorme et spectaculaire, se dessine devant moi, ses rails enchevêtrés et vertigineux semblant toucher le ciel. Ses wagons passent à toute vitesse, accompagnés de hurlements de joie et de frissons, attirant inévitablement mon regard. Chaque boucle et chaque descente m'hypnotisent. Mon cœur bat plus fort rien qu’à la vue de ce monstre d’acier, et je suis irrésistiblement attirée.

Alors que j’entame la file d’attente menant à l’attraction, une main se pose sur mon bras, me faisant sursauter. Je m’excuse, par automatisme, persuadée d’avoir mal fait quelque chose. Pourquoi tu t'excuses ? Je l’observe, perplexe, clignant plusieurs fois des yeux. Je ne sais pas ? Par habitude, par crainte, par politesse ? Elle poursuit, me donnant de plus amples explications et mes épaules se détendent. « Je… Euh, je ne m'attendais pas à ça. » je bafouille, mes mots se bousculant dans ma tête alors que je la regarde. Pourquoi est-ce que je me sens si nerveuse ? Peut-être parce qu'elle est si différente de moi, ou peut-être que sa présence m'inspire quelque chose de nouveau et d'inattendu. Un frisson d'excitation parcourt mon échine à cette pensée et je prends une profonde inspiration, tentant de chasser la nervosité qui m'envahit. « Plus fun… Oui, si, carrément. » Intérieurement, je me maudis de réagir de la sorte et si je ne me trouvais pas en face d’elle, je me frapperais le front du plat de la main. Je suis ridicule. Mais tu attends peut-être quelqu'un ? Pardon. Je me suis imposée comme ça, d'un seul coup. Je secoue la tête puis mes mains s’agitent devant moi pour lui signifier le contraire. Elle poursuit et un rire s’échappe de mes lèvres. « Je serais morte beaucoup de fois, moi aussi. » En commençant par, maintenant. « Mais pour te répondre, non, je n’attends personne. Mes cousins sont rentrés et je suis… tout ce qu’il y a de plus seule. » L'idée de partager cette expérience, de transformer un moment ordinaire en quelque chose de plus mémorable, me semble, dorénavant, presque irrésistible. « Je suis partante. » je commence avant de détourner de nouveau les yeux. « Pour qu’on le fasse ensemble. »

Nous commençons à avancer et, bien trop rapidement, viens notre tour. « Tu l’as déjà fait, ce manège ? » je lui demande, dans l’espoir qu’elle me rassure. Les wagons se vident de leurs précédents locataires et je m’installe à côté d’elle, mon coeur battant de plus en plus vite. J’aimais les sensations, mais j’étais beaucoup moins friandes de l’inconnue. Et là, je venais de sauter en plein dedans. Mes mains s’grippent au harnais qui encadre mon visage alors que les employés effectue les dernières vérifications de sécurité. « Tu vas trouver ça complètement stupide, mais… » Je n’ai pas le temps de poursuivre que le manège démarre, une vague de frisson et d’adrénaline remontant le long de mon échine. Par réflexe, ma main est venue trouver la sienne, la serrant de toutes mes forces. Avoir ce point de contact m'ancre dans l'instant et me rassure, tandis que nos wagons prennent de la hauteur. Mes yeux, qui s’étaient fermés se rouvrent avant de s’écarquiller en prenant conscience du vide sous nos pieds, mais surtout de la vue imprégnable sur tout le parc. « C’est incroyable… » Puis nous sommes propulsées vers le bas et je laisse échapper un cri de joie. Chaque virage, chaque looping me font me sentir plus vivante que jamais et au vu de la lueur qui brille dans les yeux de ma partenaire, je peux aisément deviner que c’est le cas, pour elle aussi.