Sujet: Echoes of the Haunted (Minjin #6) Mar 20 Aoû - 19:11
I'm holding on to you for dear life
Minjun & Yang-Jin
J’avais attendu cette journée avec impatience. Nous étions arrivés à Séoul il y a un peu plus d’une semaine maintenant et nous n’avions pas arrêtés une seule seconde, enchaînant les rencontres avec les fans, la promotions de notre album auprès de la presse et notre participation à différents shows coréens. Aujourd’hui était l’un des rares jours où nous allions pouvoir allier obligations et détente. La production, jamais à court d’idées pour satisfaire nos fans, avait eu la brillante idée de créer notre propre émission sous forme de vidéos YouTube. Pas de concept à proprement parler, juste des petits jeux ou des défis à réaliser pour nous montrer sous un angle différent et proposer du contenu amusant tout au long de l’année. Le premier épisode de SunQuest, de son petit nom, nous avait été vendu, à Minjun et à moi, comme un moyen de tester notre coopération et notre résistance. À quoi ? Mystère, mais j’avais hâte de découvrir ce que l’équipe avait bien pu nous concocter. « T’es sûr que tu ne peux rien nous dire Nana ? » je demande pour la cinquième fois depuis qu’on a prit la route pour notre destination. Et pour la cinquième fois, je n’obtiens aucune réponse de sa part, si ce n’est un regard en coin dans le rétroviseur intérieur. « Alleeeeeeez… » je tente, une nouvelle fois. « Juste un tout petit indice. » Nouveau soupir, mais accompagné d’un petit sourire que j’aurais pu rater si je ne la connaissais pas aussi bien. Et juste ça signifiait beaucoup. Comme le fait qu’elle allait bien se marrer et nous probablement moins. « On en a pour plus d’une heure de route, alors vous devriez vous reposer. Tous les deux. » Je lance un rapide coup d’oeil à Minjun avant d’acquiescer. Mon casque désormais vissé sur ma tête, vient se poser contre la vitre et je laisse les mouvements du véhicule me bercer. C’est sur Euphoria de Jungkook que je m’endors.
« On est bientôt arrivés. » La voix de Na-Rim arrive à peine à passer au-dessus de ma musique et je retire mon casque tout en m’étirant comme un chat. Minjun dort encore à côté de moi et je pose ma main sur son bras, le secouant doucement pour l’inciter à émerger. Je dois m’y reprendre à deux fois avant que ses paupières ne s’ouvrent et je l’observe, taquin. « Tu as ronflé comme un camionneur. » C’était faux, évidemment. Et même si ça s’avérait vrai, je n’en avais pas la moindre idée vu que j’avais dormi comme un bébé. Je récolte un coup contre mon épaule à cette remarque et je glousse avant de reporter toute mon attention sur notre manageuse qui n’attendait que d’avoir notre attention pour nous briefer très rapidement. Les caméras sont dorénavant en route et j’avise la GoPro fixé sur le siège devant moi à qui j’offre mon plus beau aegyo. Nana bifurque sur la droite et la voiture quitte la route principale pour nous enfoncer dans un chemin boueux et que la forêt encadre. « Oh. » je lâche en me rapprochant de la fenêtre. « Je commence un peu à flipper. » Je n’étais pas la personne la plus courageuse qui soit et j’avais vu bien trop de films d’horreur pour ne pas m’imaginer le pire. Finalement, la voiture s’immobilise devant un immense manoir et Nana nous indique d’un geste de la tête que l’heure est venue pour nous de descendre. Ma caméra à la main, mon sac à dos sur le dos, je quitte l’habitacle, m’empressant de rejoindre Min. Je me colle presque contre lui en comprenant qu’on est en train de se faire abandonner au milieu de nulle part, qu’il n’y a aucune équipe technique sur les lieux et qu’aucun de nous deux ne sait ce qui nous attend. « Tu crois qu’on doit rentrer ? » je demande en avisant la porte. Puis, d’un coup, celle-ci s’ouvre sur la silhouette de trois adolescents qui fuient les lieux en courant. « Cette maison est hantée ! » « Ne restez pas là ! » Ils passent à côté de nous, fuyant en direction des bois. Je déglutis difficilement, mon coeur battant déjà à s’en rompre dans ma cage thoracique à cause de la surprise. Puis d’un coup, un grésillement, suivi d’une voix en provenance de mon sac-à-dos retentit et je l’enlève, plongeant ma main dedans pour en sortir un talkie-walkie. « Agent Kim Minjun ? Agent Hyun Yang-Jin, est-ce que vous m’entendez ? » nous demande la voix. « Êtes-vous bien arriver au manoir ? » Je presse le bouton afin de pouvoir répondre, pas certain à cent pour cent d’être ravie de ce qui était en train de se passer. « Oui ? On est devant. » Min se rapproche, tendant à son tour l’oreille. « Parfait ! J’espère qu’il est aussi beau en vrai que sur les photos. Bref. Vous trouverez dans votre sac tout ce dont vous aurez besoin pour mener à bien votre enquête. Je compte sur vous ! » La communication se coupe et je regarde Min, perplexe. Ce dernier ne semble pas plus comprendre que moi et suggère qu’on regarde ce qui se trouve dans nos sacs avant de rentrer. Toutes nos affaires éparpillées devant nous, j’ai l’impression d’être dans un épisode de Ghost Buster. Plusieurs appareils pour traquer des fantômes, une lampe torche qui me semble presque aussi vieille que le manoir, mais surtout, une enveloppe scellée qu’on s’empresse d’ouvrir.
Bienvenue, agents. Vous avez été sélectionnés pour enquêter sur l'un des lieux les plus énigmatiques et troublants de l'histoire : le manoir Jang.
Il y a plus de deux siècles, ce manoir était le foyer de l'aristocratique famille Jang. Connu pour ses somptueuses réceptions, il était un symbole de richesse et de pouvoir. Mais une nuit, tout a basculé.
Lors d’un grand bal masqué, un mystérieux incendie a éclaté, ravageant le manoir et entraînant la mort tragique de presque tous les membres de la famille. Le seul survivant, le fils aîné Jang Hyun-Soo, a disparu sans laisser de traces. Des rumeurs circulent depuis, affirmant que l’incendie n’était pas accidentel, mais le résultat d’une trahison cruelle. Certains disent que les esprit de la famille hantent encore ces lieux, cherchant à révéler la vérité et à se venger de celui qui les a trahi.
En tant qu'agents paranormaux, vous devez percer les mystères qui entourent le manoir Jang. Votre objectif est de découvrir la véritable cause de l’incendie et de révéler l’identité du traître qui a condamné la famille. Pour ce faire, vous devrez explorer chaque recoin du manoir, résoudre des énigmes complexes et utiliser vos équipements pour détecter les phénomènes surnaturels. Soyez prudents, car les esprits qui habitent cette maison ne sont pas tous bienveillants.
Laissez-vous guider par les indices laissés par les esprits tourmentés. Utilisez votre intelligence et votre courage pour lever le voile sur ce mystère séculaire. Seule la vérité pourra libérer les âmes piégées ici depuis des siècles.
Bonne chance, agents. La vérité vous attend… mais soyez prêts à affronter l’inattendu.
Un frisson parcours mon échine, mais j’essaie de masquer, tant bien que mal, la peur qui commence déjà à s’insinuer dans mon esprit. Je rassemble nos affaires pour les remettre dans nos sacs avant de prendre une profonde inspiration. « T’es prêt ? Allons botter les fesses aux fantômes. » Je passe devant, gravissant les marches menant jusqu’à l’entrée, poussant la porte qui s’ouvre dans un grincement à en réveiller un mort. « Pour la discrétion, on repassera. » je marmonne entre mes dents. Je passe le seuil, le manoir est plongé dans le noir et je balaie le hall d’entrée à l’aide de ma lampe torche. Le faisceau lumineux effleure un immense portrait de famille accroché au mur. « Minjun, viens voir ça. » j’en profite pour pivoter également la caméra en direction du tableau. Les parents se tiennent derrière leurs trois enfants. Un garçon, sans doute âgé d’une vingtaine d’années et deux filles, dont la plus jeune ne doit pas avoir plus de dix ans. « J’ai l’impression qu’ils nous regardent… Brrrr. » Ma lumière vient effleurer une plaque où une inscription est gravée, mais celle-ci est effacée et empêche de lire correctement ce qui se trouve dessus. Mes doigts l’effleurent et un cliquetis retentit, suivi par l’ouverture d’une trappe dans laquelle se trouve un feuille. Je m’en empare avec toute la méfiance du monde, la dépliant soigneusement. Tout en haut se trouve le mot MENU, puis l’entièreté de la feuille est gribouillé, rendant sa lecture impossible. Sauf un mot, écrit en tout petit : salle à manger. « Tu crois que ça veut dire qu’on doit se rendre dans cette pièce ? » je questionne Min avant de lâcher un cri de surprise en entendant le rire d’une petite fille en direction de ladite pièce.
Sujet: Re: Echoes of the Haunted (Minjin #6) Sam 31 Aoû - 11:45
scared to death ? oh, cute of you.
Minjun & Yang-Jin
Une secousse sur mon bras me tire doucement du pays des songes et je tente de m'y raccrocher encore un instant avant d'être enfin réveillé par Jin. Clignant des yeux, j'essaie de me rappeler où je me trouve. Mais les vibrations sous mes jambes et la silhouette de Na-Rim à l'avant m'indiquent que nous nous trouvions toujours dans la voiture. Voiture dont la destination nous était toujours parfaitement inconnue jusqu'à présent. Cela faisait un peu plus d'une semaine que nous étions à Séoul et les jours s'étaient enchaînés à une vitesse accablante. Cependant, je ressentais une sorte de réconfort à être rentré chez moi. Les paysages, les parfums, les goûts et tout ce qui se trouvait autour de moi m'était familier. Je n'avais pas l'impression de ne me retrouver dans un univers parallèle au mien. J'exagérais, parce que j'avais trouvé une certaine forme de sérénité à Los Angeles et que ce n'était pas si terrible que je l'avais imaginé. Puis ça me laissait l'occasion de pouvoir retrouver ma maman, même si ce n'était que pour un court moment. Mon père, c'était un autre sujet et je remerciais notre agenda chargé pour m'éviter d'avoir du temps à lui consacrer. Aujourd'hui était différent parce qu'il était centré sur le premier épisode de notre émission et que son thème était tout aussi mystérieux que l'endroit où nous nous rendions. J'étais pressé de découvrir ce qui nous attendait, Jin et moi. Même si ça restait du travail dans le fond, la forme était beaucoup plus amusante et ça nous permettait de relâcher la pression. Je baille à m'en décrocher la mâchoire, une main devant la bouche avant de m'étirer comme un chat contre le siège. « J'ai dormi longtemps ? » je demande, d'une voix rauque avant de hausser un sourcil à la réponse de Jin. Accompagnant mon air scandalisé d'un coup de coude dans son épaule. « Je ne ronfle pas ! Je respire fort, c'est différent. » je rétorque, croisant les bras dans mon giron. Na-Rim a le culot de pouffer depuis son poste de conduite et je plisse les lèvres, boudeur. Suite aux explications de celle-ci, nous avisons les caméras qui enregistrent désormais nos moindres faits et gestes. J'adresse un clin d'oeil à celle qui se trouve devant moi tandis que Jin s'occupe de faire fondre les coeurs de nos futurs spectateurs. À ce moment là, notre agente bifurque sur le côté, s'enfonçant dans un chemin bordé de forêt. La remarque de Jin me tire un sourire et je tapote sa cuisse pour le rassurer. « Il t'en faut peu. » je souffle, taquin. « On sera encadrés, ne t'inquiètes pas. » Ils n'allaient pas nous abandonner dans la forêt comme si de rien n'était.
Enfin, je l'espérais.
Nous nous arrêtons devant un manoir immense et majestueux, Na-Rim nous faisant signe de descendre de la voiture. Je commence à entrevoir la thématique de l'émission et un sourire se dessine sur mes lèvres. SunQuest commençait déjà très fort. Je hisse mon sac à dos sur mes épaules avant de m'extirper du véhicule et je contourne celui-ci pour rejoindre Jin devant la bâtisse, celui-ci pratiquement collé contre mon flanc gauche. Personne n'était en vue, que ce soit les cameramen ou l'équipe technique. Ils devaient être bien cachés dans un coin, à n'en pas douter. Mais il est vrai que l'ambiance se prêtait bien à l'effroi. Ma tête pivote en direction de Jin à sa question. « Oh, j'en suis même certain. » je souffle, avant d'être interrompu par l'ouverture fracassante de la porte d'entrée. Trois adolescents en sortent à toute hâte, fuyant du côté de la forêt en criant. Un grésillement retentit, tout proche et Jin plonge la main dans son sac pour en ressortir un talkie-walkie. Agent Kim Minjun ? Agent Hyun Yang-Jin, est-ce que vous m’entendez ? Êtes-vous bien arrivés au manoir ? Nous répondons par l'affirmative et je me penche pour entendre plus clairement les explications. Nous nous regardons l'un l'autre avec Jin, dubitatif et je hoche la tête quand il propose de regarder le contenu de nos sacs. Je pouffe en avisant ce qui s'y trouvait dissimulé. Nous partions donc à la chasse aux fantômes et aux esprits. Le lecture de la lettre ne fait qu'augmenter mon exaltation et je trépigne presque à l'idée de commencer cette quête. Je n'étais pas particulièrement effrayé par les fantômes et les histoires d'horreur, à vrai dire. Au contraire de Jin, qui n'avait pas l'air très rassuré. Néanmoins, il respire un grand coup et son regard s'illumine de cette détermination qui lui était si propre. Allons botter les fesses aux fantômes. « Je te suis. »
Je glousse à sa remarque quand nous entrons dans le manoir, plongé dans le noir. Le faisceau de nos lampes balaie le hall principal et je suis Jin quand il semble avoir trouvé quelque chose. Un tableau représentant sûrement la famille mentionnée dans la missive, un couple avec trois enfants. Il est vrai que leurs regards semblent dirigés vers nous et je ne peux pas empêcher un frisson de remonter ma colonne vertébrale. « Disons qu'il y a plus chaleureux comme portait de famille. » je commente, avant de froncer les sourcils en avisant la plaque que mon acolyte effleure du bout des doigts. La seconde suivante, un cliquetis se fait entendre et une trappe s'ouvre de nulle part, laissant apparaître une feuille. Un menu, dont le déroulé est volontairement gribouillé. Un seul mot est lisible et il s'agit certainement d'un indice. « À priori. » je marmonne. Un rire de petite fille s'élève, suivi aussitôt par le cri perçant de Jin dans mes oreilles. J'allais finir sourd avant la fin de la journée. « Ce sont des enregistrements, hyung. » je déclare, avant d'attraper sa main dans la mienne. Jin n'était pas vraiment friand de tout ce qui se rapportait à l'horrifique. Et parfois, le simple fait d'avoir un contact physique avec quelqu'un d'autre était rassurant dans un environnement aussi lugubre. « Tout va bien. On est ensemble. » je murmure, avant de le tirer doucement vers la salle à manger. Nous entrons dans la pièce, mise sans dessus dessous. Les murs étaient noircis sur la moitié inférieure, les draperies qui n'avaient pas entièrement brûlé étaient rongées par les mites mais le reste de la pièce semblait avoir été figé dans le temps. Rien n'avait bougé. On aurait presque pu se mettre à table, parfaitement habillés et profiter d'un fastueux dîner. Si ce n'était l'état lamentable du mobilier, obscurci par le passage du feu. « On devrait trouver d'autres indices en fouillant les lieux. » Nous commençons donc à scruter les environs, ouvrant les buffets, retournant les rideaux et soulevant le moindre petit objet à portée de main. En me dirigeant vers la table de banquet pour soulever le reste de nappe et regarder dessous, j'aperçois des morceaux de papier éparpillés sous une chaise « Jin ? Je crois que j'ai trouvé quelque chose ! » Je pointe l'endroit de ma lampe torche et nous approchons pour récupérer les fragments de ce qui se trouve être une lettre. « Je pense qu'il faut qu'on remette chacun d'entre eux à sa place pour lire son contenu. » je marmonne, en déposant les miens sur la table. Je fais glisser les papiers dans un sens et dans l'autre pour chercher un sens aux mots inscrits sur la missive. Avant de me figer quand un son, à peine perceptible, échoue dans le creux de mon oreille. « Tu as entendu ? » Jin me regarde, dubitatif et je mordille l'intérieur de ma joue. « Je suis pratiquement certain d'avoir perçu quelque chose. » Prenez garde. Je frissonne légèrement à la voix qui susurre dans notre dos. Je me retourne d'un seul geste, pointant ma torche en direction du bruit mais il n'y a rien d'autre que le mur qui me fait face. D'autres murmures s'élèvent, pareils à des souffles et semblent provenir des cloisons. « C'est peut-être un autre indice. Il faut qu'on réussisse à lire cette lettre. » Après avoir trituré nos méninges et essayé de multiples combinaisons, nous arrivons enfin à constituer quelque chose de lisible et je me penche pour déchiffrer l'écriture fine et délicate, mon doigt suivant les lignes sur le papier jauni. Et ma voix rejoint celle des fantômes qui nous entourent, déclamant les mots inscrits par un mystérieux expéditeur.
Hyun Soo,
Il y a des murmures dans les couloirs du manoir, des regards qui se détournent trop vite, des sourires qui cachent plus qu'ils ne montrent. Je ne peux plus ignorer les signes, pas plus que je ne peux feindre l'indifférence.
Je crains qu'un traître ne se cache parmi nous. Quelqu'un qui préférerait voir notre lignée disparaître plutôt que de sacrifier ses propres ambitions. Le doute m'étouffe et je ne sais plus à qui me fier.
Si quelque chose devait m'arriver, sache que je n'ai jamais douté de toi. Mais méfie-toi de ceux qui se prétendent nos alliés. Ils pourraient être les premiers à nous poignarder dans le dos.
Prends soin de toi, et que la vérité, si terrible soit-elle, éclate enfin.
À la fin de la lecture, je lève les yeux vers Jin. « L'incendie n'est donc pas un accident, d'après la personne qui a écrit ça. » Une porte claque violemment derrière nous et je me rapproche instinctivement de Jin, retrouvant la chaleur de sa main dans la mienne. « Je vais finir par avoir une attaque s'ils continuent de faire ça. » je commente, dans un soupir. « Est-ce qu'on continue de chercher s'il y a d'autres indices ? La pièce est plutôt grande. »
Sujet: Re: Echoes of the Haunted (Minjin #6) Lun 28 Oct - 18:30
I'm holding on to you for dear life
Minjun & Yang-Jin
Je n’étais pas l’être humain le plus courageux qui puisse exister. En réalité, j’étais même plutôt dans la catégorie des froussards. Je détestais les histoires de fantômes, j’avais une aversion profonde pour les films d’horreurs et un rien pouvait me faire sursauter, du moment que ça me surprenait. Alors autant dire que je n’étais pas la personne la plus ravie de la tournure que prenait ce premier épisode. Le pire, dans tout ça, c’est que tout le monde ici présent savait qu’il n’était pas excessivement difficile de m’effrayer et je pouvais aisément les imaginer ricaner derrière leur caméra, fier d’eux. Je savais que tout ce qui allait se dérouler dans cette bâtisse n’était que le fruit de l’imagination débordante du staff et que rien, absolument rien, n’était vrai. Mais les peurs sont rarement rationnelles et dans le cas ici présent, j’étais persuadé que j’allais perdre la raison avant la fin. La main de Min se glisse dans la mienne et je la presse, sans doue un peu plus fermement que ce que je souhaiterais, pour m’assurer qu’il est bien là, à côté de moi. J’avais besoin de ce point d’ancrage pour ne pas faire demi-tour et quitter cette maison. « Des enregistrements quand même vachement flippants. » je marmonne entre mes dents. Rappelez-moi pourquoi est-ce que j’avais accepté de faire ça, déjà ? Ah oui, parce que personne n’avait daigné nous expliquer le concept. Na-Rim allait m’entendre râler pendant des jours, j’allais la maudire sur douze générations pour avoir osé nous abandonner là-dedans. Enfin, ça, c’était dans l’optique où je ne mourrais pas d’une crise cardiaque avant. Tout va bien. On est ensemble. « Tu restes près de moi, hein ? » je demande dans un murmure avant de me faire tirer à sa suite en direction de la salle à manger.
Une odeur de brûlé persiste dans la pièce, emplissant mes narines alors qu’on pénètre à l’intérieur. Si on faisait abstraction à la noirceur laissée par l’incendie, tout semblait avoir été figé dans le temps, comme si le lieu attendait encore ses convives pour le dîner. Et ce constat me tire un frisson. On devrait trouver d'autres indices en fouillant les lieux. J’acquiesce, mais je n’ai aucune envie de délier nos mains pour reprendre nos fouilles. Ce n’est qu’après quelques longues secondes et l’envie puissante d’en finir le plus rapidement possible avec cet endroit de malheur que nos doigts se séparent. Min s’occupe d’un côté de la pièce tandis que je commence mon inspection à l’opposée. Mais je ne trouve rien de bien concluant et je sens la frustration montée en moi. Jusqu’à ce que la voix de mon partenaire s’élève pour m’indiquer qu’il a quelque chose. Je m’empresse de le rejoindre, fronçant les sourcils devant sa trouvaille. Des morceaux de lettres, déchirées. Aucun doute possible à avoir sur ce que nous devions faire à présent. « J’espère que tu es plus doué que moi en coréen. » je ricane. J’avais beau maîtrisé l’oral à la perfection, j’étais beaucoup moins à l’aise en ce qui concernait l’écrit, en grande partie par manque de pratique. L’anglais restait ma langue de prédilection et celle dans laquelle je baignais, la plupart du temps. Et si on considérait le fait que même pour des coréens pur souche, l’exercice n’était pas facile, je n’allais pas être d’une très grande aide. Débute ensuite de longues minutes de réflexion, Min et moi essayant toutes sortes de combinaisons pour tenter de donner un sens à cette lettre. Tu as entendu ? Je relève la tête dans sa direction, les sourcils rehaussés. « Entendu quoi ? » je lui demande avant de sursauter en entendant une voix provenir de notre dos. « Ok, là, j’ai très bien entendu. » Bon sang, quel enfer. Sortez-moi de là, par pitié. À ce stade, il n’était même plus question de simplement réussir à lire cette lettre, mais de fuir ce manoir le plus rapidement possible. On se remet finalement au travail et après ce qui me semble être une éternité, on parvient enfin à reconstituer le message. Minjun en débute la lecture et je l’écoute, silencieux. « Chouette. Comme ça, maintenant, on sait qu’on a affaire à des fantômes en colères et désireux de se venger. » je raille avant de lâcher un nouveau cri de terreur lorsqu’une porte claque dans notre dos. La main de Min a retrouvé la mienne tandis que celle de libre vient se poser sur mon coeur. « Je suis trop jeune pour mourir. » je chouine presque, n’en rajoutant pas du tout des couches telle la drama queen que je suis. J’aimerais avoir le temps de me lamenter un peu plus, mais Min me rappelle, à juste titre, qu’on a une mission à poursuivre. « Continuons. » Il avait raison, la pièce avait sûrement d’autres secrets ou indices à nous livrer.
Après avoir réussi à calmer les battements frénétiques de mon coeur, nous reprenons notre inspection chacun de notre côté. J’essaie d’être le plus méticuleux possible, de faire en sorte de ne pas passer à côté d’un détail, même infime, mais qui pourrait s’avérer utile. Puis, mon regard s’arrête sur un chandelier, étonnement intact alors que tout autour de lui semble avoir subit les ravages des flammes. Il n’avait pas attiré mon attention jusqu’à maintenant, sans doute à cause de l’évidence même qu’il imposait. Mes sourcils se froncent et je le récupère entre mes mains avant de le tourner sous tous les angles. Il avait quelque chose de louche, ce petit truc qui faisait qu’il m’intriguait au point de le trouver anormal sans que je ne sache pourquoi. Alors que je m’apprête à le reposer, persuadé d’avoir fait fausse route, je perçois un tintement, à peine audible, provenir de l’intérieur. « Minjun, faut que tu écoutes ça. » Je le rejoins avant de secouer à côté de son oreiller le chandelier. « On est d’accord qu’il y a quelque chose à l’intérieur ? » Il n’y avait qu’un seul endroit où un quelconque objet aurait pu être caché et il s’agissait de sa base. « Il doit y avoir un compartiment… » Je le retourne, prenant une nouvelle fois le temps de l’inspecter remarquant finalement un léger espace entre le fond et les contours du chandelier. Je m’empresse de retirer le socle, me retenant de crier victoire en découvrant une clef sur laquelle était gravée l’emblème de la famille Jang. « Qu’est-ce qu’elle ouvre, à ton avis ? » Elle me paraissait trop petite pour nous conduire à une autre pièce ou ouvrir une quelconque porte. Un coffre, peut-être ? Ou encore un cadenas ou un tiroir. « Attend, c’est quoi, ça ? » Obnubilé par la clef, je ne remarque que maintenant le papier, plié en quatre, qui se trouve encore dans le double fond du chandelier. Je tends la clef à Min, récupérant le mot que je déplie soigneusement avant de le lire, à haute voix.
La connaissance cachée au cœur de ces murs détient la vérité. Là où les esprits se réunissent en silence et où la sagesse est éternelle, vous trouverez le chemin. Cherchez la porte que seuls les érudits peuvent franchir.
Bien, encore une énigme, le contraire aurait été étonnant. De toute façon, ce n’était pas comme si la production allait nous mâcher le travail et nous dire de façon très explicite où nous rendre. J’aurais aimé, mais non. « Tu crois que ça fait allusion à son bureau ? » je demande, pas certain de comprendre le sens de ces paroles. « On n’avait pas un plan de ce manoir, dans nos sacs ? Ça nous serait quand même grandement utile. » De l’extérieur, il m’avait semblé immensément grand alors je n’osais pas imaginer le temps que ça allait nous prendre de trouver son bureau parmi toutes les autres pièces.