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Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1)

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Hyun Do-Yeon
Troisième génération

Hyun Do-Yeon


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MessageSujet: Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) EmptyLun 6 Mai - 21:59

i know we're in the middle of a war
but I just wanted to lighten the mood
Jia & Do-Yeon

« Où sont-ils ? » Ma voix n'est qu'un souffle, se mêlant aux bourrasques qui soulevaient des quantités astronomiques de sable tout autour de nous. Mon coeur battait à tout rompre dans ma cage thoracique, mon sang suivant le même rythme dans le creux de mes tempes. Mon arme ne m'avait jamais parue si lourde, de même que le casque qui ceignait mon crâne. Même si elles ne me posaient pas le moindre problème, les missions de terrain ne m'étaient pas quotidiennes et je ressentais toujours cette même appréhension lorsqu'il fallait fouler le sol et se confronter à la réalité. La violence m'était déjà familière de l'autre côté de l'écran, même si elle se résumait à des chiffres, des images et des données cryptées. Pourtant, ça ne serait jamais rien comparé à celle qui submergeait mon regard, peu importe où je détournais les yeux. « À dix heures, deux blocs sur votre droite. Ils sont retranchés dans une maison abandonnée avec les otages. » Je jette un coup d'oeil dans mon dos pour m'assurer que le reste de l'équipe a reçu l'information et ils hochent la tête à leur tour pour me le confirmer. « On avance. Surveillez vos arrières, au cas où ils ont appelé du renfort. » Le quartier était dans un état lamentable. Tout comme le reste de la ville, d'après les paysages désolés auxquels nous avions été confrontés depuis notre arrivée. Ma gorge se serre en repensant aux cadavres que j'avais pu apercevoir sur le bas-côté pendant notre trajet et à tous ceux qui allaient continuer de joncher le sol à cause du terrorisme. Je pensais que j'arriverais à m'y habituer un jour, que j'allais pouvoir trouver un recul suffisant mais ça n'a avait jamais cessé de me toucher en plein coeur. Toute cette rage, toute cette barbarie. Ces actes d'une ignominie sans nom, pour une cause illusoire, aux fondements aberrants. Et ça me déchirait d'autant plus quand il était question d'enfants. Ils étaient la raison de notre raid actuel et ils avaient été enlevés par un groupe d'extrémistes pour servir de monnaie d'échange. Il m'était impossible de ne pas imaginer ma nièce à la place de l'un d'entre eux et ça me brisait en deux de penser qu'ils osaient s'en prendre à des êtres aussi innocents.

Nous avançons comme un seul homme dans la direction indiquée, analysant les alentours en quête du moindre mouvement suspect. Le temps semblait s'être arrêté dans les environs et l'absence de bruit ne me disait rien qui vaille. Je déglutis, resserrant mes doigts autour de la crosse de mon fusil et je me décale d'un pas sur le côté, glissant derrière un mur à moitié détruit pour scanner l'environnement. Un cri résonne d'un seul coup, déchirant le silence. Mon coeur se met à pulser de manière frénétique et je fais un signe des doigts pour intimer à mes comparses de se déplacer. « On se déploie tout autour du bâtiment et on investit la moindre entrée à notre portée pour optimiser l'effet de surprise. Je rappelle que notre objectif est de sécuriser les enfants pour les mettre hors de danger. Alors ne tirez que si c'est nécessaire. » je susurre, sur un ton sans appel. Notre but n'était pas d'abattre les coupables, même si ce n'était pas l'envie qui m'en manquait. Notre mission consistait à récupérer les otages et les mettre en sécurité. Abattre d'autres êtres humaines ne rentrait pas dans l'ordre de mes priorités. Loin de là. Sauf si j'y étais contraint pour assurer ma propre sécurité ou celle d'autrui. Mais avec des gens comme eux en face, il fallait s'attendre à tout. Ils étaient poussés par des convictions qui dépassaient la raison ou toute forme de logique alors ils n'hésiteraient pas à agir sans le moindre remord. Je reçois des réponses d'affirmations et mes mâchoires se serrent, mes membres tendus par une profonde agitation. Puis nous nous mettons en mouvement et tout le reste n'a plus d'importance. Mes gestes sont mécaniques, assurés, ma vision uniquement focalisée devant moi. Nous avons beau être discrets, l'un des attaquants posté derrière une fenêtre repère certains d'entre nous et des tirs éclatent subitement. Je me jette à terre, roulant sur le sol pour me mettre à l'abri derrière une carcasse de voiture carbonisée. Des rafales retentissent autour de moi et je secoue la tête pour me remettre les idées en place avant de redresser en position accroupie. De là où je me trouvais, il ne me restait qu'une poignée de mètres pour rejoindre le bâtiment où se trouvaient les otages. Mais la parcourir en ligne droite revenait à signer mon arrêt de mort et j'envisage les possibilités avant de plonger derrière une autre épave et d'enchaîner les mouvements pour progresser en restant hors de portée de leurs viseurs. « On est à l'arrière. Prêts à rentrer. » La voix de mon coéquipier grésille dans mon oreillette, le son parasité par les échanges en fond. Mais je confirme ma position avant de continuer mon avancée, réussissant à atteindre la maison. J'approche à pas de loup, ramassé sur moi-même et je finis plaqué contre le mur adjacent, dépourvu de fenêtres. « Est-ce que quelqu'un a une vue directe sur les enfants ? » je lance à la cantonnée, en longeant la façade pour rejoindre le coin sud. « Ils sont au rez-de-chaussée d'après la caméra thermique, du côté de Beck. Sûrement le salon. Pas loin d'une fenêtre. Je compte trois adultes et quatre enfants. » je mordille l'intérieur de ma joue, les sourcils froncés. « Rien à l'étage ? » « Personne. Mais il y en a peut-être aux alentours, faîtes attention. » « Préviens-nous si tu as des nouvelles informations. » J'atteins la porte, un doigt sur les lèvres pour signifier à ceux qui me suivent de ne pas émettre le moindre bruit.

Tout allait se jouer maintenant.

« On a besoin d'une équipe médicale sur place de toute urgence. » je cingle dans mon émetteur, mes yeux allant et venant sur les frêles silhouettes des enfants. Recroquevillés les uns contre les autres dans un coin de la pièce, ils nous observaient avec un mélange de crainte et d'admiration. Mustafa avait réussi à les approcher et leur avait expliqué dans leur langue que nous n'étions pas un danger pour eux et qu'il fallait que l'on puisse intervenir pour soigner la petite fille blessée par l'un des terroristes. L'un d'entre eux avait succombé à des tirs après avoir menacé de s'en prendre aux plus jeunes, le second appréhendé après s'être battu comme un forcené et avoir tenté de s'ôter la vie. Le dernier avait réussi à prendre la fuite mais une partie de nos escouade était partie à sa recherche, quadrillant la zone dans l'espoir de le retrouver. « Il y a une fille de MSF qui est déjà en route. » m'apprend Vasquez à travers l'oreillette. La fillette avait été allongée sur le canapé et une compresse humide, déposée sur son front. Son visage était creusé par la souffrance et le linge déposé sur sa plaie peinait à contenir le flot de sang qui s'échappait de sa plaie. « Est-ce qu'elle arrive bientôt ? Parce qu'à ce rythme, elle n'aura plus grand chose à sauver. » je reprends, mon talon jouant un rythme infernal contre le sol. Après un moment d'attente, la porte s'ouvre et Beck apparaît dans l'encadrement de la pièce qui avait du être une cuisine, fut un temps. Suivi de près par une silhouette féminine, les cheveux ramassés en chignon désordonné sur le haut de la tête. Je me relève, le dos droit quand elle approche, penchant légèrement le buste en avant. « Officier Hyun. » Je passe une main dans mes cheveux, ébouriffant mes courtes mèches brunes avant de lui faire signe de me suivre. « Elle a déjà perdu beaucoup de sang. » Puis je m'écarte pour la laisser passer devant et rejoindre sa désormais patiente. « Faites moi signe s'il y a besoin de quelque chose. » Mon oreillette grésille au même instant et je l'active à nouveau. « Il y a du mouvement à l'extérieur. Ils ont ramené des copains. Beck, Mustafa, on a besoin de renfort secteur ouest. » Nous échangeons des regards avec les concernés, adossés à l'entrée du salon. « Hyun, je te laisse le soin de protéger les gamins et la doc, le temps qu'on arrange la situation. » Ma langue vient claquer contre mon palais et je zieute la médecin un instant avant de faire signe à mes coéquipiers de rejoindre le reste de l'équipe. « Très bien. Dès que vous pouvez, envoyez quelqu'un pour récupérer les enfants. » La porte claque de l'autre côté de la cuisine, signifiant qu'il ne reste plus que moi pour assurer la sécurité du reste de la troupe encore présente dans la maison. Je recule de quelques pas, mes doigts effleurant les contours de mon arme. « Il n'y a plus que moi pour vous protéger, vous et les enfants. » j'explique à la jeune femme, son visage penché sur la jambe de la petite fille. « Alors je tiens à ce qu'on mette un protocole en place. Si je vous dis de monter à l'étage avec les enfants, vous prenez la gamine avec vous et vous montez vous cacher dans une des pièces. » Elle ne bronche pas, les sourcils froncés devant la plaie et je m'accroupis à sa hauteur, glissant délicatement un doigt sur le côté de son visage pour l'obliger à me regarder. « Votre vie est entre mes mains, présentement et j'ai besoin de pouvoir compter sur vous pour la maintenir intacte. Si je vous dis de fuir, vous fuyez sans discuter. Est-ce qu'on est bien clairs sur ce point ? » je réitère, d'une voix plus franche. Puis je recule après avoir eu confirmation de sa part, baissant les yeux sur la petite fille au visage marqué par les effets de sa blessure. « Est-ce que c'est grave ? »
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Jia Lee
Troisième génération

Jia Lee


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MessageSujet: Re: Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) EmptyJeu 9 Mai - 18:16

Be my light in the midst of war,
even if I show you I don't want to.
Minjun & Yang-Jin

« Qu’est-ce qui se passe ? » La voix de Vera est à peine audible, au milieu de tout ce vacarme. La sirène hurlait depuis plusieurs minutes maintenant et nous avait toutes les deux tirées de notre sommeil sans rêve. Je ne comptais plus le nombre d’heures que j’avais perdu depuis mon arrivée ni celles que j’avais passé sur le terrain ou au bloc opératoire de fortune que nous avions mis en place dans la base. Mais le manque de repos ne nous avait pas empêché d’être prête en un temps record, prêtes à intervenir. « Il y a eu plusieurs attaques. » nous explique Teresa alors qu’on se précipite à l’extérieur de notre dortoir. « Beaucoup de blessés. Ils ont besoin de tout le monde. » Je me contente d’hocher la tête, relevant mes cheveux dans un chignon désordonné. Depuis que j’avais rejoins Doctors Without Borders, il y a un peu moins d’un mois, les actes de terrorisme n’avaient cessés d’accroitre et des villages entiers avaient été décimés. Pour autant, je ne m’habituais toujours pas à ces situations d’urgences, à ces innocents qui perdaient la vie à cause de la barbarie humaine, à la douleur dans les yeux de ceux qui survivaient, à la terreur dans les yeux des enfants. Personne ne méritait de vivre un tiers du quotidien dans lequel ils évoluaient depuis toujours. Quand on arrive au camp mis en place par l’ONG, c’est le chaos qui y règne qui me frappe en premier. Des corps, partout, des femmes qui pleurent leurs maris, des gamins qui crient leur détresse. Il me faut quelques secondes pour remettre mes idées en place et refouler toutes les émotions qui affluent. Vera me tend mon matériel et, d’un hochement de tête, on se sépare pour rejoindre nos premiers patients. Je m’agenouille à côté d’un garçon qui ne devait pas avoir plus de quatorze ans et de sa petite sœur d’une dizaine d’années, qu’il serrait contre lui de toute ses forces. « Ana tabib. Hal yumkinuni ruyat jurh 'ukhtika ? » je demande en essayant de me faire comprendre. Je ne maîtrisais pas leur langue, seulement quelques phrases que j’avais appris par coeur avant de partir pour facilité le dialogues et rassurer, autant que possible. Le garçon resserre son emprise autour de sa cadette, m’observant longuement avant de finalement hocher la tête. « Shkran. » Je relève délicatement le tee-shirt de la petite pour analyser la plaie. Celle-ci n’est pas profonde et ne nécessitera que quelques points de sutures. Elle avait eu de la chance.

Une heure s’écoule durant lesquels je m’occupe de différents enfants avant d’être interceptée par le chef de mission. « Docteur Lee ? » J’acquiesce en silence. « On a besoin de vous sur le terrain. Suivez-moi. » Il se remet presque aussitôt en mouvement et je le suis, sans poser la moindre question. On arrive devant un blindé militaire et je fronce les sourcils devant les deux hommes armés à bord. « Il y a eu une prise d’otage. Une fillette est gravement blessée. » m’explique-t-il rapidement. On n’avait pas le temps pour les détails, de toute façon. « Soyez prudente. » Je prends une profonde respiration avant de monter dans le véhicule, serrant mon sac contre moi. Si on m’envoyait sur place, c’est que la zone n’était pas entièrement sécurisée pour permettre son évacuation et que son état ne lui permettait pas d’attendre cette opportunité. La voiture démarre et nous avalons les kilomètres dans un silence presque pesant. Pendant tout le trajet, j’essaie de faire abstraction à toute la désolation qui m’entoure, à la mort qui flotte tout autour de moi, comme une menace perpétuelle. Avant de quitter l’habitacle, le militaire à ma droite me donne quelques indications et je me contente d’hocher la tête avant de descendre. Un de ses collègues m’attends à l’extérieur et m’escorte, sans prendre la peine de se présenter, jusqu’à la maison. Il m’informe qu’il y a plusieurs enfants à l’intérieur, mais que seulement une petite fille est blessée. La porte s’ouvre et un nouvel officier apparaît dans mon champ de vision. « Docteur Lee. » je réponds en retour à ses présentations, tout ce qu’il y a de plus formelle. Puis je le suis jusqu’au salon où est allongée la petite fille. J’avise sa blessure à la jambe et je n’écoute déjà plus, enfermée dans ma bulle. La balle n’avait pas traversé et se trouvait toujours là, dans sa jambe. Je sors la radiographie portable que j’avais pris soin d’emmener avec moi, l’orientant vers la blessure pour prendre plusieurs clichés. Soudainement, des doigts glissent contre ma mâchoire m’obligeant à tourner le regard vers le militaire et je reprends conscience de sa présence. « Tout est très clair, officier Hyun. » je lui réponds avant de reporter mon attention sur ma patiente et sur les radios que je venais de prendre. « La balle a touché le tibia. » je souffle en analysant la situation. « Je dois l’opérer. La balle, doit être retirée immédiatement. » Sans quoi, elle n’allait pas survivre. Je n’avais pas le matériel adéquat pour ça, juste le strict minimum. J’allais devoir le faire sans anesthésie, loin du luxe dont je disposais habituellement, à l’hôpital. « Ils ne peuvent pas voir ça. » je murmure en désignant d’un signe de la tête les enfants retranchés dans un coin de la pièce. « Ils ont déjà vu suffisamment d’horreurs. » Je relève la tête dans sa direction. Il y avait forcément un endroit où il pouvait garder un œil sur eux, assurer leur sécurité et la mienne par extension, tout en leur épargnant le spectacle qui allait se jouer dans quelques minutes. « Et je vais avoir besoin de votre aide pour la déplacer jusqu’à la table et pour que vous me trouviez des linges propres. » À défaut de pouvoir pratiquer une opération avec du matériel stérile, j’espérais pouvoir limiter un maximum les dégâts.


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MessageSujet: Re: Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) EmptyVen 10 Mai - 18:31

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Jia & Do-Yeon

Passer la porte des bureaux consacrés au renseignement, c'était faire face à la violence dans sa forme la plus brute. Les paysages désolés, ravagés par le feu et les bombes. Les bâtiments détruits, abandonnés à leur triste sort. Les sirènes et les hurlements, ainsi que les bruits des tirs qui semblent ne jamais cesser. Les cadavres qui jonchaient le sol, parfois dans des états lamentables. Les visages abattus et les yeux remplis de larmes des proches devant la perte d'un être cher. Les familles à qui l'ont avait tout arraché, qui avaient tout perdu au nom d'une idéologie barbare. Même si je l'avais toujours su, ça n'avait pas suffi à me préparer à la réalité. Notre monde était en guerre et des gens périssaient tous les jours, que ce soit sous l'assaut des balles ou des explosions causées par le terrorisme. Des enfants naissaient dans ce contexte et évoluaient dans cette atmosphère terrifiante, pour ceux qui y survivaient. Certains n'avaient jamais rien connu d'autre. Et c'était dans des moments comme ça que la chance d'avoir vécu en paix me sautait le plus aux yeux. Elle était inestimable, quand on était confronté à la misère la plus pure. À la peur et à la mort. Je me sentais douloureusement privilégié et plus longtemps je restais sur place, plus il était difficile de vivre en conscience quand des gens souffraient à l'autre bout du monde. Et quand je rentrais à Los Angeles, je savourais chaque putain de seconde de ma vie. Je profitais de la nourriture en abondance, du soleil qui réchauffait ma peau, des rires de mes proches. De cette douceur qu'ils n'effleuraient même pas du bout des doigts, ici. À laquelle ils n'avaient jamais songé à aspirer, dans cette situation de conflit. Alors je me battais pour leur liberté, pour les emmener loin de la souffrance. Je me démenais autant que possible avec mes compagnons pour leur donner cette chance, à eux aussi.

Une jeune femme passe la porte après ce qui me semble être d'interminables minutes, vêtue d'une courte blouse de médecin brodée du symbole de son organisme. Elle répond formellement à mes salutations et je ne perds pas une seconde avant de l'emmener jusqu'à la petite fille, étendue sur le canapé. Elle s'enferme aussitôt dans sa bulle et je garde un oeil sur elle avant d'être contacté par le reste de l'unité pour recevoir de nouvelles informations. Hyun, je te laisse le soin de protéger les gamins et la doc, le temps qu'on arrange la situation. Très bien. Il ne restait plus que moi pour assurer la survie des enfants et de la doc. Ok. Je prends une profonde inspiration avant de retourner de son côté, lui expliquant la situation avant de m'accroupir à ses côtés. D'un geste aussi délicat que possible, je fais pivoter son visage dans ma direction pour l'obliger à m'écouter. J'avais besoin de toute son attention et de sa complète coopération. Mes yeux glissent sur les contours de son visage avant de s'arrêter sur ses yeux ourlés de longs cils. Regard placide, professionnel. Presque glacial. Il se détourne aussitôt du mien pour revenir sur sa patiente et je recule, à nouveau debout. Mes mains se rejoignent dans mon dos et je l'interroge sur la gravité de la blessure. La balle a touché le tibia. Ses paroles me tirent une grimace et ma gorge se serre. Elle m'indique les enfants d'un signe de tête et je hoche la mienne, acquiesçant à ses explications. « Je vais les déplacer dans la cuisine pendant l'opération. » je réponds, les lèvres pincées. « Et je m'occupe du reste. » Puis je penche fugacement la tête avant de m'approcher doucement du petit groupe entassé dans un coin. J'arrive à contacter Mustafa pour qu'il me donne quelques mots clés à leur transmettre pour qu'ils comprennent mes intentions, que je répète lentement pour qu'ils puissent saisir l'information. Ils m'observent craintivement et mon coeur se tord de chagrin. Mais ils finissent par accepter de se mouvoir et ils me suivent avec timidité jusqu'à la pièce adjacente, se tenant fermement par la main. Là-bas, je sors une gourde d'eau potable d'un sac à dos pour leur tendre et ils s'abreuvent abondamment à celle-ci, buvant jusqu'à la dernière goutte. Quand je suis sûr qu'ils sont sagement assis dans un coin et surtout hors du champ de vision du salon, je fais un rapide tour du rez-de-chaussée pour veiller sur le périmètre de la maison. Des explosions résonnent au loin et des volutes de fumées remontent vers le ciel, faisant pulser mon coeur sourdement dans ma poitrine. Mes doigts se resserrent autour de mon arme et je fais le chemin inverse pour retourner auprès de la docteur Lee. « Rien à signaler dehors. » Je m'approche. « On déplace la petite et je vais vous chercher ce qu'il faut. Je vous écoute. » je poursuis, en relâchant mon arme et en glissant la lanière qui la retient pour la faire basculer dans mon dos. Elle m'explique comment la soulever pour ne pas la blesser davantage et je m'exécute, la jeune femme s'occupant de soutenir ses jambes. La fillette est rapidement étendue sur la table du salon et je fais volte-face pour gravir les marches menant à l'étage, fouillant ce qu'il reste de la salle de bain pour trouver des serviettes. Rien. Je passe d'une pièce à l'autre avant d'atterrir dans une chambre, tirant tous les tiroirs d'une vieille commode avant d'enfin trouver de quoi satisfaire la demande du médecin. Je redescends aussitôt pour les lui apporter, retrouvant ma place autour de la table à ses côtés. « Ils ne seront pas stériles mais ils sont les plus épargnés par la poussière. » je souffle, quand elle récupère les linges. « Ça va aller ? » je demande, en lui glissant un coup d'oeil. Les conditions étaient loin d'être optimales. Que ce soit au niveau du calme ou encore de l'hygiène. « Je reste à disposition s'il y a besoin de quelque chose. »
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MessageSujet: Re: Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) EmptyJeu 16 Mai - 19:44

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« Jia, trésor, approche. » La voix de ma mère résonne au milieu du vacarme incessant des machines et je m’avance dans sa direction, tremblante. Elle ne m’avait jamais paru aussi faible que maintenant, aussi fébrile. Son teint habituellement si lumineux me paraissait plus terne, ses yeux ne brillaient plus de cette joie communicative qui lui était si propre. J’avais l’impression d’être prise au piège au milieu d’une tempête, d’être ensevelie depuis des semaines par toute la noirceur que pouvait abritait ce monde. Et j’avais mal. Si mal. Les mains de ma mère pressent les miennes et je ne détache pas mon regard du sien, incapable de m’en détourner. Malgré toutes les épreuves que nous traversions depuis de longs mois maintenant, malgré la tristesse et la douleur que je pouvais lire dans ses iris, elle continuait de dégager cette aura rassurante dans laquelle je rêvais de m’envelopper et de me laisser aller. « Tu sais que tu as le droit de pleurer, ma puce. Tu sais que tu as le droit d’être triste. » J’avais hocher la tête à ses mots, mais aucune larme n’avait traversé la barrière des mes yeux. Je m’étais promis d’être forte, de garder la tête haute, pour ma mère, pour mon père. Je n’avais pas le droit de les inquiéter, je n’avais pas le droit de leur rajouter un chagrin supplémentaire. « Ce n’est pas à toi d’être forte. Ce n’est pas à toi de nous maintenir debout, ton père et moi. » Pourtant, c’est ce que j’avais ressenti dés le début, à la seconde où on nous avait annoncé que le cancer était revenu. Et je tournais en boucle, encore et encore, les paroles du médecin dans mon esprit. Je l’entendais avec un discernement effrayant annoncer à mes parents que Tori ne fêterait pas son dixième anniversaire avec nous. L’automne venait d’arriver, son anniversaire était dans moins de quinze jours et je savais, au plus profond de moi, qu’il avait raison. Mon visage pivote finalement sur la droite, et j’observe la silhouette de ma petite sœur, endormie. Je sais qu’aujourd’hui, la seule chose qui la maintient en vie, ce sont ces machines auxquelles elle est reliée et que j’entends dans mes pires cauchemars, quand j’ose fermer les yeux. Mais elle semble paisible, avec ses cheveux tressés et son visage angélique. De nous deux, elle est celle qui porte le mieux son prénom. Elle incarne à la perfection la sagesse. « Ça va aller, trésor. Ça va aller. » Je sens la main de ma mère se glisser dans mes cheveux et j’étouffe un sanglot. Comment est-ce que ça pourrait aller ? Comment est-ce qu’on allait réussir à se relever ?

Tori s’est éteinte le lendemain de son anniversaire. Paisiblement. Du moins, c’est ce que j’ai essayé de me convaincre, pendant des années. Les mois qui ont suivi sa mort n’ont été qu’un voile noir autour de notre famille et les seuls souvenirs que j’en garde ne méritent même pas ce nom. Parce qu’ils s’apparentaient plus à un cauchemar éveillé, à une sensation d’étouffement et des maux que personne n’étaient en capacité de guérir. J’avais perdu ma petite sœur, ma meilleure amie, la personne qui savait comment illuminer mes journées par sa simple présence. Le vide que laissait son absence grandissait un peu plus chaque jour et je craignais qu’il finisse par me consumer, entièrement. Pourtant, il avait fallu se relever, recommencer à vivre et affronter un quotidien où son rire n’éclaterait plus au milieu du salon, sans aucune raison particulière. Puis une promesse avait germé dans mon esprit, celle de sauver les enfants comme Tori, de leur donner la chance de grandir et de les voir fêter tous leurs anniversaire jusqu’à leur quatre-vingt ans, minimum. En devenant médecin, j’avais choisi la vie, parce qu’il n’y avait rien de plus précieux dans ce monde. Et même au milieu du chaos, c’était et ce serait toujours la chose pour laquelle je me battrais, encore et encore.

Je vais les déplacer dans la cuisine pendant l'opération. Je me contente d’hocher la tête, rassurer que les enfants n’aient pas à subir un autre traumatisme. Les conditions pour opérer étaient loin d’être optimales et entre l’absence de stérilité, d’anesthésie et de matériel adéquat, les prochaines minutes n’allaient pas être une partie de plaisir. « Tiens bon… » je souffle à l’attention de la petite avant de mesurer ses constantes et sa température. Le temps que le lieutenant déplace les enfants, je regroupe le matériel dont j’allais avoir besoin pour procéder à l’extraction de la balle et pendant un court instant, j’en viens à douter. Est-ce que c’était une bonne idée de l’opérer ici et maintenant ? N’était-ce pas plus judicieux d’attendre qu’on retourne au centre ? Puis le bruit sourd des bombardements me rappellent à la dure réalité. On n’arrivera jamais à temps pour la sauver. On pouvait rester coincer ici pendant des heures, voire des jours, ce que la petite n’avait pas. Le militaire revient et je me redresse, tremblante. Je n’avais pas le choix. Je ferme les yeux, pendant quelques secondes pour retrouver mon calme. Ce n’était pas le moment de perdre de pieds, encore moins de laisser l’appréhension m’envahir. « Je vais prendre ses jambes. » Je savais comment les manipuler pour éviter de la blesser d’avantage ou d’aggraver sa blessure. « Prenez-là plutôt comme ça… » je souffle en lui indiquant une différente manière, mais qui sera plus agréable pour eux-deux. Puis on la déplace sur la table du salon et je l’observe monter à l’étage pour trouver des linges un tant soit peu propre. Je connaissais l’issue de cette opération, je savais ce qu’allait provoquer les mauvaises conditions dans lesquelles j’allais la réaliser, mais je ne pouvais pas m’empêcher de garder un infime espoir. Je sors une corde de mon sac qui aurait dû servir à tout, sauf à ce que je m’apprêtais de faire. Je viens la nouer autour des jambes de la fillette, dans l’espoir de la maintenir le plus possible contre la table. Je me désinfecte ensuite les mains avec une solution hydroalcoolique, je fais de même avec le pauvre matériel que j’ai à ma disposition et j’enfile une paire de gants ainsi qu’un masque. La situation craignait, mais si je pouvais éviter d’en rajouter par-dessus, c’était déjà ça de prit. Le lieutenant Hyun revient et j’avise les tissus qu’il tient entre les mains. « On n’a pas vraiment le choix, n’est-ce pas ? » C’était toujours mieux que rien, de toute façon. « Je ne peux pas l’endormir et je ne vous cache pas que la douleur va être insupportable. » Elle était jeune, je ne doutais pas que tout ce qu’elle avait déjà endurer ne l’avait pas endurci, mais j’allais devoir retirer la balle, dans sa chaire déjà à vif. « J’ai besoin que vous mainteniez le haut de son corps, le temps que je puisse extraire la balle et les éclats d’os. » Après quoi, j’espérais qu’elle perdrait simplement connaissance. « Quand vous êtes prêts, je commencerais. » je murmure, instrument chirurgicaux en main.


@Hyun Do-Yeon Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) 161943685
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MessageSujet: Re: Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) EmptyMar 21 Mai - 20:50

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Je n'ai jamais été prédisposé à terminer ma vie dans l'armée. Et personne n'aurait jamais songé à cette voie, me concernant. On pourrait même dire que ce fut une sacrée surprise pour ma famille et cette anecdote avait toujours le don de me faire rire. L'air décomposé de mes parents au moment où j'avais annoncé mon choix de carrière, en rentrant de mon service militaire, avait été à mourir de rire. Je crois même qu'ils auraient été moins surpris si j'avais décidé de devenir boulanger. Parce qu'ils avaient laissé un garçon libre et indomptable, aux envies farfelues et au don de se fourrer constamment dans les emmerdes. Autant dire que mon adolescence a été une sacrée période de trouble. Surtout pour eux. Mais je n'ai jamais aimé me conformer aux règles, j'ai toujours suivi mon instinct et il avait tendance à me dicter tout un tas de conneries. Soudoyer des sunbaes pour obtenir de l'alcool avant l'âge légal et se mettre des mines dans des parcs, fumer des clopes en cachette, s'abrutir à la Marie-Jeanne au lieu de réviser nos examens. Faire des batailles d'eau dans les vestiaires du gymnase et traîner jusqu'à tard dans la nuit. Je n'ai échappé à la garde à vue que grâce à un cardio d'enfance et une connaissance toute particulière de mon quartier. Un casier, ça fait tâche dans un CV. Pourtant, à l'époque ce n'était pas vraiment ce qui m'inquiétait le plus. Je n'avais jamais eu de projets d'avenir, d'envies précises concernant mon futur. Je me suis longtemps cherché, je suis passé d'un métier à un autre sans jamais ressentir plus d'attachement à l'un ou à l'autre. Et je suis arrivé à la fin du lycée sans vraiment savoir ce que je voulais faire. J'ai passé mon Suneung comme tout le monde mais sans grande motivation et c'est là que j'ai fait le choix qui a déterminé tout le reste de mon existence. Contrairement à mes petits camarades qui préféraient s'offrir une année d'études supérieures avant l'échéance, j'ai opté pour le service militaire dès ma sortie du lycée. J'ai entendu des "T'es complètement cinglé" ou "Tu vas le regretter toute ta vie" à la pelle, pourtant ça ne m'a jamais fait douter. Et même si je ne savais pas à quoi m'attendre en allant là-bas, c'était toujours mieux que de m'ennuyer à crever dans une université qui ne me plaisait pas outre mesure.

Alors je suis parti et j'ai fais mes premiers pas dans un autre monde.

Même si ça a été difficile de devoir obéir sans broncher et que j'ai passé quelques périodes au trou pour insubordination, je n'ai pas regretté une seconde. Et c'est après l'une d'entre elles que j'ai découvert ma voie. Comme punition, on m'a envoyé dans les archives pour assister les renseignements et c'est en m'installant derrière un ordinateur que j'ai compris. Le terrain, ce n'était pas ce qui m'intéressait le plus. J'ai toujours aimé jouer avec les mots, bavasser jusqu'à des heures tardives et j'ai toujours trouvé qu'on pouvait faire beaucoup en assemblant les bonnes lettres ensemble. Que ça avait toujours plus d'impact qu'un coup de poing dans la gueule. Là, il fallait les chercher, les regrouper ensemble, décrypter des codes pour découvrir leur sens caché. Je faisais travailler ma matière grise et c'était infiniment satisfaisant. Je n'aurais jamais pensé le dire, à l'époque mais j'air ressenti un pincement au coeur quand mon service s'est terminé. Comme si je devais quitter l'endroit où j'avais enfin trouvé ma place. M'engager sur du long terme avait été comme une évidence. Le gamin perdu et insolent que j'étais avait découvert un moyen d'exister, de s'accomplir et d'aider à apporter la paix dans son sillage, à son humble échelle. Au point d'en gravir les échelons, année après année. Mes frères trouvaient toujours ça incroyablement drôle parce qu'ils étaient ceux qui me connaissaient le mieux. Et certains de mes subordonnées en tomberaient des nues s'ils avaient pu rencontrer le Do-Yeon perdu et terriblement insolent que j'avais pu être par le passé.

Comme quoi, tout pouvait changer en prenant la bonne direction.

Présentement, je devais faire usage de mes muscles pour collaborer avec la médecin arrivée sur place et j'écoute ses directives pour déplacer la petite fille en limitant la douleur. Nous la soulevons en synchronisation pour la déposer sur la table du salon et mon coeur se serre douloureusement dans ma poitrine en avisant ses traits plissés par la souffrance. Puis je disparais à l'étage, fouillant les pièces les uns après les autres pour trouver les linges les plus propres possibles à fournir à la jeune femme. Quand je redescends, les jambes de la fillette sont maintenues à la table avec une corde pour l'empêcher de remuer et un tic nerveux agite le coin de ma bouche. La médecin était déjà prête, le visage à demi recouvert d'un masque chirurgical. « Non. Pas vraiment. » je soupire. Elle récupère les linges et je l'interroge quant à la suite des événements. Sa réponse me tire une franche grimace et je baisse les yeux sur la petite. Elle allait avoir mal à crever. Pour avoir déjà subi ce genre d'intervention à vif, je savais ce qu'elle allait endurer. En trois fois pire, parce qu'on ne pouvait pas attendre d'une gamine de son âge d'avoir une forte résistance à la douleur. Elle n'aurait même jamais du vivre une situation pareille. Je hoche la tête à ses paroles, prenant une profonde inspiration. « Très bien. » Avec un peu de chance, elle allait s'évanouir avant. Peut-être que c'était pour le mieux, dans son cas. Je me penche vers elle, captant son regard avant quoi que ce soit d'autre. Je me désigne d'un geste du doigt avant de pointer ses épaules. « Sawf 'usaeiduk. Ok ? » je souffle maladroitement, me remémorant les paroles utilisées par Mustafa pour s'adresser aux enfants. Elle hoche à peine la tête et j'espère qu'elle aura saisi le message. Je contourne la table pour me poster au niveau de sa tête, me laissant un angle de vue suffisamment dégagé sur la cuisine pour agir en cas d'intrusion. Puis je viens doucement poser mes mains sur ses épaules et je relève les yeux vers la médecin. « Allez-y. »

Un instant plus tard, un hurlement retentit dans toute la pièce. Je sens le corps de la petite fille se tordre de douleur et je raffermis ma prise, l'estomac noué. Ses cris me semblaient pareils à ceux d'un animal, imprégnés de quelque chose de primitif. Et ça remuait des choses à l'intérieur de moi qui n'étaient pas agréables du tout. Je n'aimais pas ça. Je n'aimais pas retenir une petite fille pendant que quelqu'un était en train d'extraire une balle de sa jambe. Encore moins de me dire que c'était ça, le réalité de notre monde. Mais je serre les dents à m'en faire mal et je continue de ployer sur elle pour garder ses épaules contre la table. Mais sa souffrance m'est tellement insupportable que je finis par faire la seule chose dont je suis capable en cet instant. Je me penche davantage en avant pour la maintenir allongée cette fois à l'aide de mes avant bras et ma main part à la recherche de l'une des siennes, le long de ses flancs. Je vois ses yeux ciller, tant de douleur que d'incompréhension et j'en tapote le dos du bout des doigts. Comme une invitation à s'y raccrocher. Si je ne pouvais pas faire disparaître sa douleur, je voulais la partager avec elle. Lui faire comprendre qu'elle n'était pas seule. Elle réagit aussitôt, ses propres doigts s'agrippant aux miens au moment où un spasme la traverse à cause de l'opération en cours sur sa jambe. Et je la laisser presser aussi fort qu'elle en a besoin, réprimant le sifflement qui menace de s'échapper quand ses ongles mordent violemment ma chair. « Comment ça se passe, en bas ? » je demande, les lèvres plissées. « Dites moi que vous avez réussi à extraire quelque chose. » Le front de la petite était trempé de sueur et son visage, blafard. Si elle ne perdait pas connaissance dans les secondes qui suivaient, j'allais vraiment revoir mon jugement à son propos.                   

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MessageSujet: Re: Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) EmptyMar 28 Mai - 11:54

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Je savais ce qui m’attendait en m’engageant avec médecin sans frontière. Je m’étais longuement renseignée sur les pays dans lesquels je pouvais être envoyé, sur les différentes missions qui me seraient confiées sur place, mais toutes ces informations que j’avais pu récolter étaient bien loin de refléter la réalité. Elle était au-dessus de tout ça, bien plus sombre et macabre. Des horreurs, j’en voyais tous les jours, que ce soit à l’hôpital ou devant mon écran, lorsque les informations défilaient en salle de pause. Aujourd’hui, je les vivais, je me retrouvais au coeur même du pire que l’homme était capable de faire et j’ignorais comment j’allais faire pour retourner à une vie normale après tout ce que j’avais vécu ici. Jusqu’à présent, je n’étais jamais sortie du camp installé par l’organisation et je n’avais pu constater de mes propres yeux le chaos et la mort qui régnaient dans les villages que quelques minutes plus tôt, alors qu’on m’emmenait ici. Et ça m’avait fait mal à en crever. Je n’arrivais pas à comprendre comment est-ce qu’on pouvait arriver à des extrémités pareilles, comment est-ce qu’on pouvait se servir d’enfants comme monnaie d’échanges. Ils étaient ce qu’il y avait de plus innocents et de purs sur cette planète et ils ne méritaient pas de vivre les scènes de cauchemar qu’ils vivaient au quotidien. Ou de subir une opération sans la moindre possibilité d’être anesthésiée, dans des conditions catastrophiques et qui me donnaient des sueurs froides rien qu’en y pensant. Mais elle ne survivrait jamais si je n’agissais pas et sa vie était bien trop précieuse pour que j’attende. Il y avait un risque d’infection en l’opérant au milieu de la saleté, sans pièce stérile et à ce stade, je n’étais même pas certaine qu’elle puisse retrouver l’utilisation de sa jambe. Mais entre la voir perdre cette dernière ou perdre la vie, le choix n’était pas difficile. Mon matériel préparé, j’observe le militaire se mettre en place pour maintenir la petite fille le plus possible et je prends une profonde inspiration, sentant l'air poussiéreux envahir mes poumons.

Scalpel en main, je m’occupe de faire une première incision non loin de l’impacte pour pouvoir atteindre plus facilement la balle. À l’aide des rares compresses présentes dans mes affaires, j’éponge du mieux que je peux le sang qui s’écoulent de la plaie. Les cris de douleur de la petite fille déchirent l'air, et malgré le nœud que ça provoque dans mon estomac, je ne peux pas m'arrêter. Je me dois d’aller jusqu’au bout, de faire abstraction à ses pleurs et à ses complaintes. Le lieutenant la tient fermement, je crois même l’entendre murmurer des mots de réconfort que je distingue à peine, bien trop concentrée sur l’extraction de la balle. Balle que je perçois enfin, enfoncée dans le tibia. Je prends une pince et commence le retrait avec une précision millimétrique. Chacun de mes mouvements est crucial, et j’ai conscience que la moindre erreur de ma part pourrait causer des dégâts irréparables. Mon coeur s’accélère dans ma cage thoracique et je tente de garder le contrôle sur ma respiration. Mes mains se doivent de rester stables et je ne lâche pas une seule fois du regard cette minuscule cible métallique. La pince se resserre doucement autour du projectile et je sens la résistance du métal contre le tissu musculaire. Lentement, et avec une extrême précaution, je retire la balle, la sentant glisser hors de la chair. Une fois extraite, je la dépose dans une coupelle à mes côtés, m’autorisant enfin à relever la tête en direction du militaire. « La balle est extraite. » je souffle en hochant la tête, avant de remarquer que la petite s’était évanouie. Ce n’était qu’une maigre consolation, face à la suite qui nous attendait. « J’ai vu des morceaux d’os que je dois impérativement extraire, mais ce ne sera pas long. » je poursuis en reposant mon regard sur la blessure. Il y en avait sûrement d’autres que je ne pouvais pas voir, mais à mon échelle, c’était tout ce que je pouvais faire. « Tenez. » je reprends en lui tendant un gant en tissu. « Mouillez-le et posez-le sur son front. Je sais que l’eau est précieuse, mais elle va en avoir besoin pour réguler sa fièvre. » Je l’observe humidifier le gant et le déposer sur le front de la petite avant de prendre une nouvelle inspiration. « J’y retourne. » j’annonce, recommençant la même procédure que quelques instants plus tôt.

Difficile d’être satisfaite de soi, quand on opère dans de pareilles conditions. Je savais que rien n’était parfait, mais pour le moment, j’allais devoir m’en contenter. J’espérais simplement que ça permettrait à cette enfant de survivre jusqu’à ce qu’on puisse l’emmener au campement et lui prodiguer les soins nécessaires. Je désinfecte la plaie du mieux que je peux avant de prendre de quoi la recoudre. « Je vais commencer la suturation. » Mes mouvements sont rapides, mais précis, presque automatique et guidés par des années d'expérience. La plaie recousu, je prends l’un des linges trouvés plus tôt par le militaire pour en faire un pansement improvisé. « J’ai terminé. » Je m’écarte, prenant une seconde pour essuyer les quelques gouttes de sueur qui perlent mon front et m’autoriser à respirer de nouveau. Je retire mes gants et le masque chirurgical, les jetant dans un sac en plastique avec le reste des déchets et que je ferme aussitôt. Je contourne à mon tour la table pour m’approcher d’eux, prenant au passage un médicament contre la fièvre dans mon sac. « Redressez légèrement sa tête, s’il vous plaît. » Il s’exécute et je glisse le cachet dans sa bouche avant de verser un peu d’eau pour l’obliger à déglutir. Ça n’allait pas faire des miracles, mais j’espérais au moins que ça permettrait de descendre un minimum sa fièvre afin qu’elle puisse récupérer des forces. « Elle va rester inconsciente pendant quelques heures. » Puis mes lèvres se relèvent dans sa direction et je le revois tenir la main de la petite en guise de soutient. « Merci pour votre aide, lieutenant Hyun. » Je n’y serais certainement pas arriver sans sa présence.


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MessageSujet: Re: Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) EmptyMer 29 Mai - 15:34

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Il n'y avait rien d'autre que je puisse faire, à part rassurer la petite par ma présence à ses côtés. J'étais un parfait inconnu pour elle et je ne savais pas vraiment si ça avait l'effet escompté mais je voulais lui faire comprendre qu'elle n'était pas seule. Qu'il y avait quelqu'un près d'elle pour partager sa souffrance, pour l'accompagner dans la douleur. Parce que même si elle ne serait jamais équivalente à une balle dans la jambe, ma souffrance était réelle. Lancinante. Pareille à un coup de lame en plein coeur. Devoir retenir une petite fille pendant qu'elle se faisait opérer sans anesthésie et dans un environnement loin d'être stérile ne faisait pas partie de ma liste des expériences à vivre dans sa vie. Je ne pouvais pas m'empêcher de voir Jinae à sa place et ça ne faisait qu'agrandir le creux déjà béant dans ma poitrine. Alors je voulais m'assurer qu'elle avait quelque chose auquel se raccrocher, un soutien au milieu de cet enfer. Ses chances de s'en sortir n'étaient pas bien hautes mais je voulais y croire. Je voulais me dire qu'on pouvait la sauver, lui permettre de grandir et d'avoir un autre avenir. Ses doigts se referment aussitôt sur les miens, serrant plus fort quand les instruments s'enfoncent dans sa chair et que ses cris résonnent autour de nous. Je ne peux pas m'empêcher de jeter un oeil du côté de la cuisine pour vérifier que les autres enfants n'étaient pas en train de voir ça. Des têtes qui dépassent à peine de l'encadrement de la porte et je fronce les sourcils, leur faisant un signe du menton pour leur intimer de retourner à leur place. Ils n'avaient pas à être spectateurs d'une telle scène.  Ils restent néanmoins immobiles un instant et je sens mes muscles se tendre. Mais le plus vieux d'entre eux finit par pousser gentiment les autres et ils disparaissent de la périphérie de ma vision. Les ongles de la gamine s'enfoncent dans ma chair, me tirant un sifflement de douleur mais je serre les dents. Si c'était le seul "réconfort" qu'elle trouvait pendant cette épreuve, je pouvais le supporter. En plus, j'entendais les bruits mouillés de la chair triturée par la jeune femme et ça n'avait rien de ragoûtant. Je l'interroge sur le déroulement de l'opération, inquiet par les spasmes qui secouaient la petite fille. Elle reste silencieuse, toute en gestes précautionneux et je sais qu'elle m'a parfaitement bien entendu. Alors j'attends, mon coeur battant follement dans ma cage thoracique. Le bruit métallique de la balle retentit entre nous et le corps de la blessée s'affaisse subitement. Ses mains relâchant leur emprise autour des miennes pour retomber sur sa poitrine, m'indiquant qu'elle a perdu connaissance, mais ça ne desserre pas le noeud dans ma gorge pour autant.

Une étape avait été franchie, cependant il en restait d'autres à accomplir avant que l'intervention ne soit complète. Je grimace à son explication, baissant les yeux sur la silhouette inconsciente de la petite fille. Un morceau de tissu m'est tendu et je m'exécute selon les indications de la médecin, humidifiant le tissu avec un peu d'eau subsistant dans la gourde accrochée à ma ceinture. Il est déposé sur le front de la fillette et j'écarte soigneusement les mèches de ses cheveux de son visage, humides de sueur. Puis je hoche la tête à ses paroles, gardant ma position initiale en cas d'urgence. Un bruit d'explosion retentit au loin et je resserre mes doigts sur le bord de la table. Mon corps me semblait trop rigide pour mon propre bien, mais je ne ressentais pas la brûlure de l'inconfort. Ce qui ne m'empêche pas de rouler des épaules pour détendre mes muscles, pivotant la tête pour faire le tour des fenêtres. La maison n'en possédait pas énormément. Et si c'était pratique pour nous dissimuler des menaces potentielles, ça m'empêchait de savoir ce qui se tramait au dehors. Une situation à double tranchant. Surtout que je n'étais pas seul et que je devais prendre la doc et les enfants en considération jusqu'au retour de mes camarades. Quand je baisse à nouveau les yeux, la jeune femme est concentrée à recoudre la petite fille et ses gestes sont d'une précision effroyable pour une situation si misérable. Ils se mouvaient avec rapidité et fluidité, guidés par son expérience et je me perds un instant dans l'observation de ses mouvements. Une fois la suture terminée, elle enroule la plaie d'un des linges que j'avais récupéré plus tôt et je ressens le poids qui ployait sur ses épaules jusqu'à présent. Elle avait fait du très bon travail. « Impressionnant, pour des conditions aussi merdiques. » je souffle, pendant qu'elle se décharge de son masque et de ses gants. Puis je tends ma gourde à la médecin avant de glisser mes doigts sous la nuque de la gamine pour redresser sa tête. De l'autre, je masse délicatement sa gorge quand elle lui fait ingurgiter de l'eau et je vois l'inconsciente déglutir malgré elle, emportant le cachet sur son passage. Puis je repose sa tête sur la table, glissant un restant de tissu entre les deux en guise d'oreiller de fortune. « Ça ne lui fera pas de mal de se reposer un peu. Elle peut dormir tranquille, pour une fois. » je réponds, avec un léger sourire. J'étais là pour veiller sur son sommeil. Mes lèvres se redressent à ses paroles, ourlées d'un rictus. « Je vais pouvoir rajouter "assistant chirurgien" sur mon CV, désormais. La classe. » Puis je hausse les épaules avant de la désigner d'un geste du menton. « Même si je n'ai pas fait grand chose. C'est vous qui lui avez sûrement sauvé la vie. » Des tirs éclatent à ce moment là, plus proches que les précédents et je pivote sur moi-même, mes mains flottant sur les contours de mon arme. « Je reviens. »  

J'avance prudemment dans la pièce d'à côté, avec un signe d'apaisement à l'intention des enfants recroquevillés dans un coin. Puis je leur désigne la pièce attenante, levant ensuite le pouce vers le haut en espérant qu'ils comprendront que la situation était sous contrôle pour la dernière membre de leur groupe. Ils penchent la tête et je me mords la lèvre inférieure. Avant d'appuyer sur mon émetteur pour chercher à atteindre mes collègues. « Mustafa ? Tu me reçois ? » Un silence me répond. Puis un autre. « Quelqu'un m'entend ? Comment ça se passe de votre côté ? » Rien. La boule d'angoisse logée dans le creux de mon ventre s'épaissit et je songe à recommencer un peu plus tard. Ils étaient peut-être occupés et inaptes à répondre, ce qui était sûrement le cas le plus optimiste. Je fais un pas quand un léger grésillement résonne dans mon oreille, suivi de la voix de mon coéquipier. « C'est la merde, Hyun. Un autre groupe a tendu une embuscade à l'équipe quatre. C'est le bordel. » « Ils se déplacent vers le nord. On les suit à la trace mais il va falloir qu'on appelle des renforts de la base. Je pensais pas que cette journée pouvait être plus chier. Qu'est-ce qu'il y a ? » Je déglutis, incertain quand à l'issue de cette journée. « La gamine a été opérée et elle se repose. Pas de menace en vue pour le moment. J'ai simplement besoin de quelques mots de vocabulaire. » je demande, avec une nouvelle grimace. Je l'entends rire de dépit puis se déplacer, les lourdes semelles de ses bottes résonnant à travers l'oreillette. « Tu m'as pris pour un dictionnaire anglo-arabe ou quoi ? Je me bats pour sauver la veuve et l'orphelin, là. Alors qu'il y en a qui se planquent dans une baraque avec une jolie gonzesse et des mioches. » Je lève les yeux au ciel. « Va te faire foutre. » Avant de réussir à lui arracher trois mots pour expliquer les choses aux enfants. « Prévenez moi si ça s'améliore. » J'entends soupirer de l'autre côté, à plusieurs endroits en même temps. « Vous allez sûrement devoir passer la nuit dans la maison. Parce que ces enfoirés sont increvables et qu'ils arrivent de partout. Fais signe si tu sens que la situation devient incontrôlable et on détachera quelqu'un pour te rejoindre. » Mes mâchoires se contractent un instant. J'espérais ne pas avoir besoin d'en arriver là. « Reçu. »

La communication se coupe dans un bruit de tir au loin et je me tourne pour faire quelques pas en direction des petits regroupés dans un coin de la pièce. Je m'accroupis à une certaine distance pour ne pas les effrayer. « Bint jiraha bikhayr ? » je lâche maladroitement, pour leur signifier cette fois avec des mots que la petite va aussi bien que possible et que tout s'est passé bien. L'un d'entre eux se détache du groupe pour courir dans le salon, sûrement pour vérifier que je disais vrai.Puis je me rémémore les paroles de Mustafa. « Nanam huna wanughadir ghdan. » Mon accent devait être affreux. Mais l'important c'était qu'ils comprennent l'idée. Je voulais qu'ils sachent ce qu'il se passe, pour ne pas être dans le flou. Puis je fais le chemin inverse pour retrouver la médecin, pointant du doigt le pansement de fortune au petit garçon appuyé contre la table. Quand il me voit, il se presse contre la jambe de la jeune femme et je presse mes lèvres l'une contre l'autre. « Tout est calme pour le moment, ils se dirigent majoritairement vers le Nord. » j'explique, avant de croiser les bras contre mon torse. Exhalant un soupir avant de poursuivre. « Néanmoins, on est pas à l'abri que d'autres rôdent encore dans le coin. Alors mes coéquipiers nous ont conseillé de rester là jusqu'à ce qu'ils puissent revenir nous chercher. » Puis vient la partie la moins charmante. « Il va sûrement falloir passer la nuit ici, j'en ai peur. »                                        

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MessageSujet: Re: Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) EmptyDim 2 Juin - 12:45

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L'opération m'avait éreinté. J'avais l'impression de ne pas avoir dormi depuis des jours et j'en venais encore à me demander comment je tenais toujours debout. L'adrénaline, sans le moindre doute. Malgré le retrait de la balle et la à plaie dorénavant fermée, je ne pouvais pas m'empêcher de penser à toutes les étapes que je n'avais pas pu réaliser correctement, ou réaliser tout court, à cause du manque de matériel ou d'hygiène et je voyais la liste des risques défiler sous mes yeux, avec l'envie de m'arracher les cheveux. Je ne pouvais qu'être fière de ce que j'avais accomplis au vu des conditions précaire dans lesquelles nous nous trouvions, mais une partie de moi ne pouvait pas s'empêcher de voir le négatif. C'était absurde, j'en avais bien conscience. J'essayais donc de me convaincre que le plus important était que la petite soit en vie, pour le moment, et qu'elle avait une chance de s'en sortir si on ne tardait pas à la transférer au centre médical. « Et encore, vous ne m'avez pas vu dans un vrai bloc opératoire. » Au moins, mes treize ans d'études étaient justifiés et je savais que je n'avais pas trimé pendant autant d'années pour rien. « J'aurais aimé pouvoir faire tellement plus. Mais merci. » Il n'était pas un professionnel de santé, mais ses quelques mots avaient au moins le mérite de me rassurer quant à mon travail. Au moins un peu. Il m'aide à donner un médicament à la petite, dans l'espoir que ça a9dera à faire descendre sa fièvre ou en tout cas, à ne pas l'aggraver. J'observe son visage endormi et je sens mon cœur se serrer dans ma poitrine. Elle avait traversé tellement de choses en quelques jours seulement et les épreuves, pour elle, ne faisait que commencer, malheureusement. Tout ce que je pouvais espérer, c'était que ses songes soient bien plus beaux que la réalité qui nous entourait et qu'elle puisse s'évader, l'espace de quelques heures de sommeil. De toute façon, une bonne guérison commençait par le repos. Je finis par le remercier pour son aide, retenant à peine le gloussement qui s'échappe de mes lèvres à sa réflexion. « Et ça vous fera une super anecdote à raconter lors de vos futurs entretiens d'embauche. Puis n'hésitez surtout pas a rendre ça plus spectaculaire en embellissant la réalité. » De mon point de vue, opérer au milieu des tirs était déjà digne d'un blockbuster américain, mais pour un militaire, j'imaginais sans mal que ça faisait presque partie de son quotidien. « Je n'aurais quand même pas pu réaliser ça toute seule. » Je n'avais pas eu besoin de me concentrer sur les risques qu'elle bouge durant l'opération, ni sur tout le reste. Sa présence m'avait permis de me concentrer que sur l'extraction de la balle et il n'avait pas idée de l'aide précieuse que ça avait été. « Et je l'espère. Malgré tout, je ne peux pas promettre qu'elle puisse retrouver l'usage de sa jambe. Ou qu’elle ne la perde pas. » Et à l'heure actuelle, c'était ce qui m'inquiétait le plus. Des tirs retentissent dehors et je sursaute, surprise par leur intensité. J'acquiesce en silence à ses propos, l'observance quitter la pièce avant de reporter mon attention sur la petite.

Les minutes défilent et je m’occupe de trier mes affaires, déposant dans un coin de la salle à manger tout ce qui pourrait m’être utile pour surveiller l’état de la jeune fille. J’ignorais pendant combien de temps encore on allait être là, mais je préférais être prévoyante. L’un des petits garçons arrive en courant depuis la cuisine, observant longuement la silhouette endormie sur la table. J’essaie de chercher dans les tréfonds de ma mémoire les quelques phrases de bases que j’avais pu apprendre ou simplement retenu à force de les entendre. « Aniha nayima. » je commence, maladroitement. « Anaha bikhayr. » Je n’étais pas en capacité de me lancer dans des explications médicinales dans leur langue et de toute façon, ils n’étaient que des enfants. À l’heure actuelle, elle allait bien et c’était tout ce qui comptait. Le lieutenant Hyun revient et le garçon vient se presser contre mes jambes. Mon coeur se serre devant ce geste et je viens glisser une main à l’arrière de ses cheveux, puis dans son dos pour le frotter délicatement. J’espérais que ça lui apporterait un peu de réconfort au milieu de tout ce chaos. Leur vie n’était déjà pas simple au quotidien, mais je n’osais imaginer ce qu’ils devaient ressentir en cet instant. Même si nous étions là pour les aider, nous restions de parfaits inconnus et il n’était pas très difficile de savoir que les militaires imposaient une sorte de crainte, malgré tout. Puis mon regard se relève justement vers le lieutenant, et j’hoche la tête aux nouvelles informations qu’il me communique avant de me décomposer. « La nuit… ? » je répète dans un souffle. Je ne doutais pas de sa capacité à nous protéger, mais la nuit, tout était terriblement plus angoissant et, même si il était armée jusqu’aux dents, je ne me sentais pas la plus en sécurité dans cette maison. Et ça, c’était sans compter sur l’eau qui n’allait pas tarder à nous manquer et les longues heures qu’on allait encore avoir devant nous avant qu’on puisse être raccompagnés à la base. « Il vous reste quoi dans votre gourde ? » je demande, les sourcils froncés par l’inquiétude. « J’en ai une pleine dans mon sac, mais ça ne suffira pas pour qu’on tienne une nuit… » Ma priorité, et j’imaginais que pour lui aussi, restait les enfants, mais il faisait une chaleur presque étouffante ici et faire comprendre à des enfants qu’on devait se restreindre en eau, alors qu’ils avaient enfin l’opportunité de boire, ça me semblait mission impossible. « Et elle a besoin de soin. » je poursuis en jetant un regard à la fillette dans mon dos. « Urgemment. » Même si on passait la nuit ici, rien ne pouvait nous garantir qu’on viendrait nous chercher à la première heure demain matin. Je passe mes mains sur mon visage avant de soupirer, désemparée. On n’avait pas le choix, de toute façon. « Est-ce qu’on est réellement en sécurité ici, au moins ? » je finis par demander. Une fois la nuit tombée, les terroristes allaient très certainement en profiter pour se déplacer et rien ne les empêcheraient de revenir ici et terminer ce qu’ils avaient commencé.


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MessageSujet: Re: Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) EmptyMer 21 Aoû - 15:31

i know we're in the middle of a war
but I just wanted to lighten the mood
Jia & Do-Yeon

La gamine était hors de danger. Pour le moment, du moins. Que l'opération se soit passée sans problème majeur ne voulait pas dire qu'elle allait forcément s'en sortir. Ou sans la moindre séquelle. Les conditions étaient bien trop précaires pour espérer qu'elle se rétablisse sans encombre. J'espérais tout de même qu'elle aurait la chance de pouvoir s'en remettre et j'allais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour lui permettre de survivre. Le plus important, désormais, était de les garder en sécurité jusqu'à ce que le reste de mon équipe puisse me rejoindre. Équipe que je contacte après être passé dans la pièce d'à côté, mon coeur battant soudainement plus vite devant l'absence de réponse de leur part. J'avance d'un pas quand ils se manifestent enfin, faisant redescendre d'un cran l'angoisse qui s'était logée au centre de ma poitrine. Ils me tiennent au courant des dernières informations et celles-ci ne sont pas de bonne augure. L'ennemi était plus nombreux que ce que l'on avait imaginé et ils allaient devoir appeler du renfort. Ce qui voulait dire qu'ils n'allaient pas revenir avant un bon moment. Vous allez sûrement devoir passer la nuit dans la maison. Je n'avais pas voulu y croire mais je m'étais déjà préparé à l'éventualité. Cette baraque était ce qu'il y avait de plus sûr aux alentours, de toute façon. Et au vu de la situation, je n'avais pas imaginé que l'on s'en tire aussi facilement. Ils étaient en supériorité numérique pour le moment et bien trop dispersés pour que les choses se règlent en si peu de temps. Mes mâchoires se serrent néanmoins et je laisse échapper un soupir, hochant la tête dans le vide. Il ne me restait plus qu'à garder tout le monde en vie avant leur arrivée. Avec un peu de chance, personne n'allait venir fouiner de ce côté et nous allions pouvoir attendre leur venue dans un calme somme toute relatif.

Ça, c'était dans le meilleur des cas.

Je retourne dans le salon, avisant l'enfant penché sur la table. Il se presse contre la jambe de la médecin en m'apercevant et je ne peux pas m'empêcher de grimacer à cette vue. Les militaires n'inspiraient pas toujours l'admiration pour tout le monde. Dans leur quotidien, les armes étaient souvent synonymes de mort et les militaires, porteurs de mauvaise augure. Mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Alors je reprends la parole pour expliquer les nouvelles à la jeune femme, les bras croisés sur le torse. « Oui. » je souffle, en réponse à l'inquiétude que je pouvais percevoir sur ses traits. « Nous n'avons pas le choix. La situation s'est dégradée plus au nord et mes coéquipiers vont devoir rejoindre la section qui se trouve déjà sur place pour leur donner un coup de main. » Je glisse deux doigts sous l'avant de mon casque pour essuyer les gouttes de sueur qui perlaient sur mon front. « Ils ne savent pas quand ils pourront revenir, alors le plus sûr est de rester à l'abri dans la maison jusqu'à ce qu'ils viennent nous chercher. Avec un peu de chance, une autre escouade sera dépêchée pour nous récupérer. Mais je n'ai pas plus d'informations pour le moment. » je termine, les lèvres plissées. Elle m'interroge quant à mes réserves d'eau et je mordille l'intérieur de ma joue. « Ma gourde est vide, j'ai donné ce qu'il restait à la petite lorsque je lui ai administré le médicament. » je réponds, avant de jeter un coup d'oeil en direction de la cuisine. « Un de mes camarades m'a laissé la sienne mais il ne doit pas rester beaucoup d'eau à l'intérieur. » Nous n'allions pas tarder à en manquer et si nous étions sûrement capables de survivre, ce n'était certainement pas le cas pour les enfants. La doc mentionne la blessée et je ressens à nouveau cette sensation d'oppression dans la cage thoracique. J'étais parfaitement consciente de l'urgence de la situation si l'on voulait qu'elle puisse en réchapper avec le moins de dégâts possibles. « Je sais... » je soupire, en secouant légèrement les épaules pour essayer d'évacuer la tension qui s'y était tapie depuis mon arrivée dans la maison. Cependant, la déplacer pourrait aggraver les risques liés à sa blessure, tout juste suturée. Et je ne pouvais tout simplement pas partir seul avec elle et laisser le reste du groupe dans la maison sans la certitude qu'ils y seraient en sécurité.

Est-ce qu’on est réellement en sécurité ici, au moins ? J'inspire profondément, jetant un coup d'oeil par les fenêtres donnant sur l'extérieur. Toujours aucun signe de mouvement. « Compte tenu de la situation, oui. » je finis par répondre, mes yeux retrouvant les siens. « Ça serait mentir que de dire qu'il ne peut rien nous arriver ici mais c'est toujours mieux que rien. Les trois quarts des bâtiments aux alentours sont pratiquement détruits. Là, on a au moins l'avantage d'avoir un toit sur la tête et des ressources pour survivre dans de telles conditions, aussi pauvres soient-elles. » Si l'on se tenait tranquilles, on pouvait pratiquement passer inaperçus. « Il me semble avoir vu une porte qui doit donner sur un accès au sous-sol. Peut-être une cave. À défaut d'être confortable, ça serait déjà plus supportable en terme de température. » Je me frotte distraitement le menton, les sourcils froncés. « Il faut se rappeler que ces endroits étaient habités il y a encore peu de temps. Je pense qu'ils n'ont pas vraiment eu l'opportunité de prendre leur temps pour fuir alors il doit peut-être rester des vivres quelque part. Peut-être même de quoi boire, si on est assez chanceux. Vu la qualité de l'eau dans le pays et les coupures dues au conflit, ils devaient sûrement avoir pris leurs précautions. » je marmonne. Mes yeux dévient de la jeune femme pour observer les enfants, qui s'étaient de nouveau avancés dans le salon. « Le seul problème lié à cet endroit, c'est qu'il possède plusieurs accès. S'il n'y avait que la porte d'entrée à protéger, ça serait facile. Mais vu que les fenêtres au rez-de-chaussée ont été brisées par le souffle des explosions, c'est encore plus simple de se glisser à l'intérieur. » Je mâchonne ma lèvre inférieure, observant la pièce comme si elle allait donner des réponses à mes questions. « Si on se replie au sous-sol, il faut qu'on aie la certitude de pouvoir fuir en cas de problèmes et ce n'est pas si certain dans des habitations comme celle-ci. C'est le même problème si on se déplace à l'étage. On sera en hauteur et c'est plus pratique pour surveiller d'éventuelles menaces, mais ça veut dire qu'on sera coincés si ils décident de débouler et de prendre d'assaut l'étage inférieur. » Il y avait toujours une faille quelque part et c'était bien ça le problème. « Sortir d'ici et chercher un autre endroit où se cacher n'est pas une option. Il n'y aurait que nous deux, ça serait encore envisageable. Mais il y a les enfants, dont une blessée qui risque de ralentir le groupe et je ne peux pas protéger tout le monde dans le cas où on ferait une mauvaise rencontre. » Nous n'avions pas d'autre choix que de rester ici et de se donner le plus de chances de survivre jusqu'à l'arrivée de mes comparses. « Il faut qu'on vérifie si le sous-sol est pourvu d'une sortie. Je vais installer des dispositifs d'alerte pour nous prévenir si quelqu'un essaye de rentrer et on va rassembler toutes les vivres qu'on peut trouver. »                 

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