Waves crashing on the sand and whispers of disbelief. (Minjin #4)

Il faisait une chaleur comme j'en avais rarement connu à Séoul. Le climat californien n'avait pas cessé de me surprendre depuis notre arrivée aux Etats-Unis et la luminosité n'en finissait pas d'agresser ma rétine, me forçant à plisser les yeux. Pourtant il faisait incroyablement beau et je ne me lassais pas d'admirer la vue à travers la fenêtre entrouverte. Aujourd'hui était un jour sacré aux fans et seulement eux, sous la forme d'un meeting au bord de l'eau. Nous avions rendez-vous à Santa Monica pour performer sur le sable afin de promouvoir notre premier single et peut-être attirer l'attention de nouveaux admirateurs. La prestation était suivie de plusieurs échanges avec le public et ils nous permettaient d'avoir un contact plus personnel avec eux. Cet événement était véritablement le premier où nous pouvions développer une proximité avec nos fans et j'étais impatient d'y être. Je savais, pour en avoir été témoin pendant des années, qu'ils aimaient pouvoir se sentir proches de leurs idoles, que la sensation de briser la barrière de la célébrité les rendait heureux. Il n'y avait rien de plus satisfaisant que d'avoir l'impression d'avoir une relation privilégiée avec ses artistes préférés. D'être reconnu. Je l'avais ressenti moi-même. En plus, c'était grâce à eux si nous étions là, si nous avions l'opportunité de poursuivre notre rêve. Sans le public, nous n'étions rien. Sans leur soutien, nous tombions dans l'oubli. Sur les réseaux sociaux, j'avais eu la chance d'apercevoir des messages touchants à notre intention. Des encouragements sincères et une fierté vibrant dans chacun de leurs mots. Il saluaient nos efforts, ils étaient heureux pour nous. Ils vivaient notre rêve à nos côtés, ils nous défendaient devant ceux qui cherchaient à nous rabaisser, ils suivaient notre aventure avec attention. Et c'était incroyablement émouvant. Constater qu'il y avait autant de monde à nous suivre et à nous porter vers l'avant était une source inépuisable de force pour moi. J'avais envie de travailler deux fois plus pour les remercier de leur présence, pour honorer la foi qu'ils avaient en Jin et moi.

Mon attention dévie du paysage pour se porter sur mon compagnon, assis à ma droite. « ...puis après viendra un échange de questions/réponses avec les fans. On terminera sur quelques autographes et la journée sera bouclée. Entendu ? » Les paroles de Na-Rim atteignent enfin mes oreilles et je me fige un instant, une grimace venant tordre ma bouche. « Pardon...Tu disais ? » je réponds d'une petite voix, mes doigts entortillés les uns dans les autres. Un profond soupir lui échappe et je jette un oeil à Jin. « Elle a dit quoi ? » je l'interroge, me penchant sur le côté pour lui parler à voix basse. « Elle expliquait le déroulé de l'événement aux deux concernés pour éviter une catastrophe. » nous interrompt la jeune, m'adressant une œillade meurtrière à travers son rétroviseur. « Histoire que tu ne sois pas perdu quant à la raison de ta présence sur la plage. » Il m'arrivait parfois d'être un peu confus, je devais l'avouer. Et ça ne fait qu'approfondir mon embarras. « Désolé, Na-Rim. Est-ce que tu peux répéter, s'il te plaît ? » je quémande piteusement, l'air d'un gamin pris en faute. Elle me résume le menu depuis l'entrée et je hoche la tête, enregistrant silencieusement les informations. Du coin de l'oeil, j'aperçois l'expression amusée de Jin face à la situation et ça me donne quelques difficultés à rester sérieux. « D'accord, chef. C'est noté, chef. » je scande, levant la main en un salut militaire. M'attirant un autre regard noir de sa part, qui aurait pu être crédible si une ombre de sourire n'étirait pas ses lèvres.

C'est en chantonnant un air récent que nous arrivons sur place. Na-Rim gare notre voiture à l'écart pour éviter la cohue et nous nous équipons pour sortir du véhicule. La zone semblait avoir été spécialement balisée pour l'événement et il n'y avait pas beaucoup de distance à parcourir pour rejoindre le secteur dédié aux équipes techniques. Pourtant, un brouhaha retentit déjà dans notre dos et lorsque la portière s'ouvre, le bruit devient beaucoup plus net. Casquette vissée sur le crâne et lunettes remontées sur le nez, je rejoins le bitume, suivant Jin qui s'avance déjà droit devant lui. Des gardes du corps nous rejoignent aussitôt et forment une barrière préventive, qui s'avère incroyablement utile lorsqu'une horde de fans apparaissent au coin du parking. Des hurlements s'élèvent et nous les saluons à le ronde tout en continuant notre chemin, accompagnés de notre agente. « Je crois que je ne m'y ferai jamais. » je confie à mon partenaire lorsque nous arrivons enfin de l'autre côté des barrières, la foule dissimulée à nos yeux par des paravents gigantesques. Je n'arrivais toujours pas à me dire que tout cet engouement débordant était de notre fait. « Où est-ce qu'on va ? » je demande, en observant les alentours. Des membres du staff allaient et venaient dans tous les sens comme des petites fourmis et la clameur extérieure n'avait pas diminué depuis notre disparition en coulisses. « Les loges ont été montées de ce côté là et ils vous attendent pour les tenues. » nous explique Na-Rim en désignant l'endroit en question, après avoir discuté avec l'un des membres de l'équipe. « Vous avez une vingtaine de minutes de préparation puis vous allez faire votre apparition, ouvrir l'événement avec un petit discours puis vous serez dirigés vers la zone de prestation pour la première partie. » Il avait été convenu que nous fassions notre single et quelques covers préparées en amont, n'ayant pas suffisamment de chansons à notre actif pour le moment. Nous hochons la tête avant d'être emmenés par des employés jusqu'aux loges, où se trouvaient nos vêtements et d'autres membres de l'équipe. L'atmosphère est familière et tout s'enchaîne comme une mécanique bien huilée. Enfiler les vêtements, laisser quelqu'un se charger de les arranger soigneusement, rester immobile pendant que la magie opère au niveau de la coiffure et du maquillage. Une jeune femme éponge quelques gouttes de sueur dans mon cou et je lève furtivement les yeux au plafond de la tente. Le tissu qui la recouvrait était épais mais il ne suffisait pas à étouffer la chaleur et je bois une gorgée d'eau fraîche en observant les retouches apposées sur le visage de Jin. « Prêt ? » je m'enquiers, lorsque le rideau est ouvert devant nous et que nous parcourons les quelques mètres qui nous séparent du public. D'un seul coup, tout s'éclaire et un tumulte éclate, accompagné des flashs des appareils photos. Tout un parterre de fans s'étale devant nous, occupant pratiquement la bande de sable sur toute sa largeur. Un espace avait été crée pour éviter qu'ils ne soient trop proches mais ça n'empêchait pas le public de se coller aux barrières, lançant de grands signes dans notre direction. Mon coeur se met à battre plus vite et plus fort lorsque nous approchons de l'estrade et je me place aux côtés de Jin, récupérant l'un des deux microphones disposés devant nous.

C'est parti.    

@Hyun Yang-Jin

L’été californien m’avait terriblement manqué et je me sentais revivre en sentant la douce chaleur du soleil pénétrer chaque parcelle de ma peau. Tout comme la brise légère qui venait s’engouffrer dans mes cheveux, ça avait quelque chose de vivifiant et d’extrêmement réconfortant. Cette journée ensoleillée était sous le signe de la rencontre et je sentais l’excitation grimper en flèche au fur et à mesure des kilomètres que la voiture avale. Nous avions rendez-vous à Santa Monica pour un meeting sur la plage. Au programme, la performance de notre premier single et beaucoup d’échanges avec nos fans. Même si nous étions très présents sur les réseaux, Minjun et moi, qu’on mettait un point d’honneur à répondre le plus possible, que ce soit sur Instagram ou Twitter, ce n’était rien comparé à ce qui allait se dérouler aujourd’hui. Voir nos fans en vrai, pouvoir discuter avec eux sans que ce soit par écran interposé était quelque chose de sacré, autant pour eux que pour nous. C’était le meilleur moyen de les remercier de tout leur soutien, de tout leur amour et leur rappeler que sans eux, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Ils nous avaient réservé un accueil incroyable dans ce milieu et sans ça, nous serions peut-être déjà de retour à Séoul. Dernièrement, nous avions reçus de nombreux messages nous indiquant combien notre présence dans leur vie avait eu un impact sur la leur, la joie qu’on pouvait leur apporter au quotidien, grâce à quelques photos, lives ou stories postées au cours de la journée. Forcément, ça nous touchait en plein coeur, mais la vérité, c’était que nos fans avaient un rôle similaire pour nous, sans même qu’ils ne s’en rendent compte. Ils nous poussaient à nous dépasser, à donner le meilleur de nous-même, encore et encore. Notre rêve, c’était le leur.

J’écoute Na-Rim nous briefer sur la journée, le regard vissé sur l’océan. Observer les vagues avaient quelque chose de magique sur moi et me permettait de me détendre, presque instantanément et avec le stress qui commençait à se faire ressentir, j’en avais besoin. Je me contente d’hocher la tête lorsque notre agente nous demande si on a bien compris le programme avant de la pivoter en direction de Minjun qui semblait complètement paumé. Je retiens à peine un gloussement avant de me pencher à mon tour dans sa direction. « Elle a dit que si on était sage on aurait le droit d’aller faire des château de sable sur la plage après. » je réponds à voix basse, une auréole au-dessus de la tête. Non, Nana n’avait définitivement pas dit ça, mais qui le saurait à part moi ? Puis un peu d’humour n’avait jamais tué personne. S’en suit une réplique de notre agente et une balle perdue pour Min qui, je ne pouvais pas le nier, avait tendance à être dans la lune quand il ne fallait pas. Mais ça le rendait encore plus attachant et plus mignon, à mon sens. Et n’oublions pas que nous étions deux et que j’étais là pour le guider en cas de besoin. L’inverse était d’ailleurs tout aussi vrai. Na-Rim résume une nouvelle fois le déroulé du jour et j’en profite pour me perdre dans mes pensées, observant Min du coin des yeux. Son visage restait un paysage dont je ne me lassais pas. Puis je reviens à moi au salut militaire de ce dernier et sa réponse à l’attention de notre agente. « Elle va finir par y prendre goût. » je marmonne en détournant une nouvelle fois mon regard vers l’extérieur.

On arrive au point de rendez-vous et je ne m’attendais pas à entendre des cris s’élever aussitôt avoir posé un pied sur le bitume. Je me mets en route pour rejoindre ce qui allait nous servir de loge et j’observe tout autour de moi. Les gardes du corps sont postés de part et d’autre de nous et je salue la foule d’un geste de la main. « Moi non plus. J’ai du mal à me dire que toute cette hystérie est… pour nous. » je réponds en clignant plusieurs fois des yeux. « Mais on a travaillé dur pour ça, n’est-ce pas ? » il allait quand même nous falloir du temps pour assimiler que notre investissement avait payé et que, quelque part, on méritait tout ce qui se passait de positif pour nous. C’était la première fois qu’un événement en présentiel autour de notre duo se déroulait et je me sentais infiniment petit, face à l’équipe technique qui courrait dans tous les sens pour que tout se déroule à la perfection et les cris des fans qui ne cessaient de s’amplifier pour acclamer notre arrivée. « Très bien. » j’acquiesce aux explications. « Et nos deux nouvelles chansons, elles servent de clôture à l’événement, c’est ça ? » j’interroge Na-Rim pour être bien certain. C’était la petite surprise du jour. Nos fans présents allaient pouvoir découvrir en avant première nos deux nouveaux singles. Leur sortie n’était prévus que pour dans quelques jours et la production avait trouvé intéressant – d’un point de vue marketing, de mettre dans la confidence les personnes ayant fait le déplacement pour nous voir. En guise de remerciements, en quelques sorte. Puis on est redirigé vers les loges et tout s’enchaîne rapidement. Nos tenues sont enfilées, notre coiffure et notre maquillage arrangés et je prends une grande inspiration avant de rejoindre Min. « Prêt. » Avec lui à mes côtés, j’étais prêts à affronter la pire des tempêtes. Puis notre bulle éclate, les cris se font de plus en plus forts et les flashs pleuvent dans notre direction. Non, je ne m’habituerais définitivement jamais à tout ça. Un dernier coup d’oeil en direction de Minjun et je grimpe les quelques marches pour atteindre l’estrade, récupérant un micro alors que la foule scande nos prénoms.

« Bonjour à tous ! » je débute en anglais. « Annyeonghaseyo. » je poursuis avant de m’incliner en avant. Le public nous rend notre bonjour dans un coréen approximatif, ce qui, en plus de me faire fondre, me détend immédiatement. « Wow. » je laisse échapper dans un petit rire. « Je ne vais pas vous mentir, je ne m’attendais pas à ce que vous soyez aussi nombreux et j’ai encore un peu de mal à croire que nous sommes tous ici ensemble. » Nouvelle acclamation et je joue avec eux, en leur faisant signes de crier plus fort. J’allais carrément y prendre goût, en fait. J’attends que l’excitation redescende pour reprendre. « Aujourd’hui, il ne s'agit pas seulement de nous ; il s'agit de célébrer notre voyage ensemble. Nous avons prévu beaucoup de choses passionnantes pour vous, notamment une performance spéciale, une séance de questions-réponses où nous pourrons interagir et nous connecter à un niveau plus personnel. Quelques surprises vous attendent également tout au long de l’après-midi. » Petit clin d’oeil charmeur pour faire délirer la foule encore plus. « Nous avons hâte de partager ces moments privilégiés avec vous et de créer, ensemble des souvenirs encore plus inoubliables. Faisons de cet instant un moment incroyable ! » je termine, sous les applaudissements. « D’ailleurs… » Je pivote vers Minjun, mon bras se posant sur son épaule. « Minjunnie, tu ne crois pas qu’on pourrait commencer par la première surprise ? Je suis trop excité pour attendre. » À ce stade, je sautille même sur place. « Il se pourrait qu’on ait trouvé le nom de notre fandom… »

Le joie de pouvoir performer sur scène, de voyager et de faire ce que nous aimions le plus au monde était possible grâce au soutien des fans. Tout le travail acharné ne valait rien s'il n'y avait personne de l'autre côté pour en apprécier la valeur. Et dans un sens, il était impossible de l'oublier. Sans eux, nous n'étions rien. Tomber dans l'oubli était chose facile avec le nombre de groupes qui se créaient chaque année et il n'était pas rare d'en voir disparaître peu de temps après avoir commencé alors la relation avec le public m'apportait toujours un sentiment doux-amer sur le bout de la langue. J'étais heureux quand je me trouvais avec eux, à ressentir leur liesse et les vibrations de pure joie qu'ils émettaient lors de nos prestations. Ils nous appréciaient sincèrement. Et ça faisait chaud au coeur. Pourtant, je ne pouvais pas m'empêcher de craindre que ça ne soit de courte durée. Alors il fallait donner toujours plus, agir de manière à ce que l'attention soit constante, nourrir les désirs de nos fans pour les contenter davantage. Dans cette jungle où il était difficile de trouver sa place, il fallait leur donner envie de rester avec nous, de poursuivre le rêve à nos côtés. Pour l'instant, les résultats étaient plus que positifs et notre auditoire ne faisait qu'augmenter au fur et à mesure des semaines alors je croisais les doigts. Nos efforts portaient leurs fruits et notre musique était appréciée alors j'essayais de me focaliser sur le positif. Aller à la rencontre de nos fans était un moyen d'approfondir notre lien avec eux, de les chérir pour leur présence et leur soutien. De pouvoir être témoins de leurs sourires, de leur énergie. Ressentir leur enthousiasme rien qu'en nous voyant était une sensation indescriptible. Alors j'étais impatient de pouvoir les découvrir, autant ceux qui nous suivaient depuis notre début que ceux qui venaient de nous rejoindre, interpellés par notre arrivée à Los Angeles.

« Oui, on a travaillé dur. » je souffle, en hochant la tête. Des années d'entraînement, d'innombrables heures de répétitions et de cours. Des nuits blanches, des repas manqués, des courbatures à n'en plus finir. Des zones d'ombre, des moments de doute, de remise en question. Avant la reconnaissance finale, tant attendue. Nous méritions notre place, mais il était difficile de l'accepter, de le reconnaître vraiment. Une part de moi continuait de se dire que je rêvais et que j'allais bien finir par me réveiller un jour. Je me faisais l'effet d'une petite fourmi au milieu de cette cohue et je regarde les membres de l'équipe technique aller et venir sans nous jeter un regard, bien trop occupés à finaliser les installations pour l'événement. Jin évoque la surprise que nous avions réservé à nos fans et un sourire complice étire mes lèvres. J'avais hâte de voir leur réaction. Nous passons par les loges pour être habillés, coiffés et maquillés puis nous en ressortons fin prêts, inspirant pour nous donner du courage. D'un seul coup, nous entrons dans la tempête et je plisse les yeux face aux flashs qui éclatent sur le côté avant de saluer chaudement le public à renforts de grands gestes du bras. Les cris n'en finissent plus et les mouvements de la foule me rappellent les vagues créées par le vent dans les champs de blé. Nous atteignons les micros installés à notre intention et je me saisis de l'un d'eux, laissant Jin prendre la parole le premier. Il était, de toute manière, le plus à l'aise quand il était question de s'exprimer. Je l'écoute, appréciant les intonations de sa voix en anglais. Elle baissait d'un octave dans cette langue et ça avait quelque chose de fascinant. Je m'incline à sa suite, distribuant d'autres petits gestes de main pour faire signe au public. Mes doigts tapotent doucement le manche du micro et j'effleure l'arête de ma mâchoire, laissant mon regard flotter à travers la foule. Il y avait des personnes de tous les âges et de toutes les origines réunies là, rien que pour nous.

Mon coeur battait furieusement dans ma poitrine et je me laisse porter par les paroles de mon partenaire jusqu'à ce que son bras ne vienne s'échouer sur mon épaule. « Annyeong ! » je débute, avec un petit sourire. Puis je tourne la tête vers Jin, me penchant sur le côté pour donner l'illusion de lui raconter un secret. « Tu crois que c'est le bon moment ? » je susurre, bifurquant à mon tour sur l'anglais pour continuer notre speech. Je reprends ma position initiale, mes doigts tapotant distraitement mon menton. « Est-ce que vous êtes prêts pour la surprise ? » La clameur de la foule me répond aussi tôt. « Sûrs ? Certains ? » Les cris redoublent d'intensité et je retiens à peine un petit rire. « Je crois qu'ils sont aussi impatients que toi, Jin-hyung. Vas-y, à toi l'honneur. » Il ne se fait pas prier pour annoncer que le nom de notre fandom a été trouvé et leur joie est indicible. Je fais quelques pas sur le côté, m'accroupissant au bord de l'estrade. « Il fallait quelque chose qui unisse le soleil et la lune et nous avions réfléchi un certain temps à ce qui correspondrait le mieux. » j'explique, prenant le temps de choisir correctement mes mots. Je n'étais pas aussi doué que Jin avec la langue, malgré mes cours assidus pour être aussi fluide que possible sur le sol américain. Mais il m'arrivait encore de buter sur certains mots ou de les confondre, ce qui amusait généralement mes interlocuteurs. « Jinnie a eu une révélation dans son sommeil. Et ça lui arrive souvent, sachez-le. » je me confie, avec un rictus amusé. M'attirant un regard noir de la part du concerné. « Mais c'est grâce à lui si vous avez désormais un petit nom, nos Moonrays. » Je leur laisse le temps de digérer l'information, me redressant pour rejoindre mon acolyte. « La lune nous éclaire grâce aux rayons du soleil et c'était une jolie manière de vous exprimer notre gratitude. Parce que nous brillons grâce à vous, notre public. » Je penche mon buste en avant pour les saluer à nouveau. « Gamsahabnida, moonrays. » je souffle, avant d'applaudir à la suite de la foule.

Des membres du staff situé juste en face de l'estrade, légèrement décalés sur le côté nous font signe et nous saluons encore la foule. Puis l'écran derrière nous, atteint jusqu'à présent s'allume pour faire apparaître un fond d'écran et des images familières. « Je crois que la plupart d'entre vous la connaissent par coeur, maintenant ? » je poursuis, avant de hocher hâtivement la tête quand l'introduction de notre première chanson s'élève depuis les haut-parleurs de part et d'autre de l'estrade. Des techniciens montent sur scène pour nous équiper avec des microphones plus adaptés à la prestation. « On veut vous entendre chanter Run Away avec nous, d'accord ? » Puis en l'espace de quelques secondes, je prends une grande inspiration avant de me mettre en place, Jin posté en face de moi. La légèreté s'était volatilisée pour laisser place au sérieux et j'adopte ma position de départ, les yeux plantés dans ceux de mon partenaire.
   

@Hyun Yang-Jin

Je crois que même toute une vie en tant que trainee n'aurait jamais pu me préparer comme il se doit à devenir une idole. Et je n'étais pas certain de réussir à m'habituer un jour à cette nouvelle effervescence autour de notre duo, à toutes ces personnes qui nous suivent, soutiennent et admirent. Chanter et danser devant un miroir, dans notre salle d'entrainement, c'était tellement différent que de se produire sur une scène devant des centaines de personnes. Et si je me sentais à l'aise devant un public, j'avais encore un peu de mal à assimiler qu'autant de personnes avaient fait le déplacement pour nous voir. Ils étaient là pour voir Minjun, pour me voir, pour nous soutenir, nous, Sun To Moon et ça me paraissait tellement dingue, presque improbable. Pourtant, j'avais rêvé de ça pendant des années et espérer de toute mon âme pour que tout ça se réalise. On avait travaillé dur pour en arriver là alors, quelque part, on méritait ce qui était en train de se passer. Mais je ne pouvais pas faire taire la petite voix dans ma tête qui me soufflait que je ne pouvais rien considérer comme acquis, que la notoriété pouvait disparaître aussi rapidement qu'elle n'était arrivée et ça m'effrayait. Mais je savais que Min et moi, nous étions sur la même longueur d'ondes et qu'on continuerait de donner le meilleur de nous même pour conserver et chérir tout ce que nous avions déjà gagné. En commençant par le soutien de nos fans, ceux qui avaient cru en nous dès les premiers instants et qui nous envoyaient quotidiennement tout leur amour. Et comment mieux les remercier qu'en passant l'après-midi avec eux ? Notre producteur dirait que nos apparitions physique sont importantes pour le marketing, moi, je pensais autrement. Je ne voulais pas être le genre d'idole inaccessible, celle qu'on met au sommet d'un piédestal et qu'on idolâtre comme une sorte de Dieu. Parce que je n'en étais pas un, loin de là. Je voulais que tout le monde sache que j'étais la même personne, que ce soit dans le privé, publiquement ou devant les caméras. Et rencontrer nos fans, c'était le meilleur moyen de casser la barrière qui s'érigeait forcément entre nous, de leur rappeler, également, que nous étions que de simples êtres humains, comme eux.

Nous avions préparés plusieurs surprises, qui allaient être dévoilées tout au long de l'après-midi, et je ne tenais déjà plus en place. La première me tenait particulièrement à cœur et je savais que tous nos fans attendaient également avec impatience cette annonce. Mais on joue pendant quelques secondes avec la curiosité du public avant que Min ne m'invite à annoncer la grande nouvelle. On a trouvé le nom de notre fandom. Encore quelque chose de propre au monde de la k-pop, mais qui, d'une manière que je n'expliquais pas, nous rapprochait indéniablement. Et il en était de même pour les fans entre eux. Ça déclenchait un sentiment d'appartenance et nombreuses étaient les personnes à avoir tisser des liens, malgré la distance, grâce aux fandoms. Aujourd'hui, j'étais fier qu'on puisse officiellement annoncer le nom du nôtre, d'autant plus que la signification me touchait particulièrement. Et c'était également le cas pour Min. Ce dernier en profite pour glisser la manière dont l'idée m'est venue et je lui lance un regard noir avant de lui faire signe de se taire. « Je ne vais plus jamais être pris au sérieux, à cause de toi. » je souffle, boudeur. Mais il avait raison, la nuit mon cerveau tournait toujours à plein régime. Sans doute parce qu'elle abritait calme et tranquillité, ce que nos journées bien chargées ne pouvaient m'apporter. Je me réveillais souvent le matin en ayant une idée lumineuse, quand ça ne me réveillait pas au milieu de la nuit. Minjun reprend finalement la parole, annonçant au public qu'ils portent désormais le doux nom de Moonrays. Au vu des acclamations et des applaudissements, je crois que ça plaît et ça me réchauffe immédiatement le cœur. Je les remercie à mon tour, à la fois en anglais et en coréen, avant que l'écran dand notre dos ne s'allume.

On se fait équiper de nouveau micro pour facilité notre prestation et je ne peux pas m'empêcher d'aller chercher le regard de Na-Rim. Cette dernière ne rate pas une miette de ce qui se passe sur scène et l'approbation silencieuse qu'elle m'adresse me rassure. Tout se passait pour le mieux et on maîtrisait la situation à la perfection. Les membres du staff disparaissent et nous nous mettons en position. Min se tient devant moi, ses yeux plongés dans les miens et je lui adresse un discret signe de tête, qui se veut à la fois rassurant et encourageant. Les premières notes de Run Away s'élèvent, Min débute les premières paroles de la chanson et je me mets immédiatement en mouvement. La chorégraphie, je la connaissais sur le bout des doigts à tel point que je pouvais même la réaliser les yeux fermés. La danse faisait partie intégrante de ma vie depuis tout petit et je ne me sentais jamais aussi heureux et vivant que lorsque que je pouvais m'exprimer à travers elle. « Geureol ttaen, nunmuri nal ttaen, nae soneul kkwag jaba domanggalkka ? » Run Away était notre première chanson et si elle était particulière parce qu'elle notait le début de notre duo et de cette incroyable aventure, elle l'était aussi par ses paroles et le sens que j'aimais leur donner. C'était aussi ça, que j'aimais avec la musique et avec notre concept. Nos chansons ne transmettaient pas qu'un seul et unique message, mais celui que chaque personne qui les écoutait avait besoin ou souhaitait entendre. Tout n'était qu'une question d'interprétation et d'un soupçon de mystère. « I don't, I don't wanna wake up, nae jipangineun allam beureikeo. Uju sogeul urin heeom du gaeui kkoribyeori doeeo. » Mon regard croise de nouveau celui de Min et mon bras vient se poser sur son épaule pour réaliser l'un des mouvements de la chorégraphie que nous effectuons ensemble. Puis on se sépare de nouveau, moi sautant de mon côté, lui du sien, tout en chorégraphiant cette fameuse fuite vers cet endroit supposé meilleur et qu'on cherche à rejoindre. Puis la fin de la chanson approche approche et on termine la prestation comme on l'a débuté, l'un en face de l'autre. Mes yeux se perdent une nouvelle fois dans les siens et ce sont les cris et les applaudissements du public qui m'obligent à m'en défaire. Je profite de toute l'effervescence pour reprendre ma respiration et mon souffle, avant de prendre la parole. « Merci. Gamsahabnida. » Je récupère une bouteille d'eau posée devant moi pour boire une gorgée. « Vous aussi, vous avez travaillé très dur. J'ai vu que beaucoup d'entre-vous avez chanté du début jusqu'à la fin, c'est incroyable ! » En omettant le coréen yaourt et approximatif, évidemment.

« Aujourd'hui, on a vraiment envie de vous remercier de nous suivre et de nous apporter autant d'amour, alors avec Minjun et toute l'équipe, on s'est dit qu'on allait vous concocter plusieurs jeux pour tenter de gagner des surprises. » On n'avait pas non plus énormément de merchs, comme on débutait seulement, mais suffisamment pour rendre heureux un certain nombre d'entre eux. Des posters, des photos et des albums dédicacés étaient à gagner, ainsi que quelques goodies en lien avec l'événement du jour. « Est-ce qu'il y a des volontaires pour cette première manche ? » je demande, avant d’écarquiller les yeux devant le nombre de mains levées. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de volontaires et je pivote vers la deuxième moitié de notre duo, en grimaçant. « Je te laisse l'immense honneur de choisir les premiers participants. » Est-ce que je lui refilais la patate chaude ? Oui, absolument et je n'étais même pas désolé.