J’apercevais enfin le bout du tunnel. Ou en tout cas, un faible halo lumineux, annonciateur de la fin de tous ces mois ombrageux dans lesquels je m’étais enfermée. Je n’étais pas guérie, pas complètement, et j’avais conscience que le chemin vers la guérison serait encore long, mais j’avançais. Lentement, mais sûrement. Il n’était plus question de rester chez moi, calfeutrée entre les quatre murs de ma chambre, à observer le plafond blanc. Depuis ma rencontre avec l’agent qui m’avait sauvé la vie, j’avais mis un point d’honneur à sortir de mon appartement au moins une heure par jour. Parfois, mes angoisses et mes peurs refaisaient surface et je me sentais incapable de quitter la cour de mon immeuble. Mais la plupart du temps, j’errais dans les rues de Los Angeles, sans aucun but précis si ce n’était celui d’affronter les démons qui continuaient de me poursuivre. La seule chose dont je ne me sentais pas encore capable de faire, c’était de retourner à l’université. J’avais marché, plus d’une fois, jusqu’au bâtiment principal, mais je n’avais jamais eu le courage de le franchir. Parce qu’à chaque fois qu’il se dressait devant moi, je revoyais tout. C’était comme faire face à une explosion de souvenirs, éveillant le moindre de mes sens et je replongeais, inévitablement, dans l’horreur de cette journée. Malgré tout, j’avais fini par reprendre les cours et, me plonger à nouveau dans les études m’empêchaient de ruminer à longueur de journées. Mes professeurs avaient été plus que compréhensifs et avaient accepté de s’adapter afin que je puisse suivre en distanciel. Je commençais doucement à mener un semblant de vie normale et à laisser le passé derrière moi.
Mais la plus grande avancée résidait dans mon rapport aux autres. J’avais laissé Aurelia revenir dans ma vie et retrouver la place qu’elle avait toujours occupé dans mon coeur. Ma meilleure amie m’avait manqué, terriblement et je m’en voulais pour ces nombreuses semaines de silence que je lui avais imposé. Mais elle était de nouveau là, à mes côtés et son visage ne m’avait jamais paru aussi souriant que dernièrement. Ses yeux brillaient d’une lueur que je ne lui connaissais pas et j’en venais presque à me demander si nos retrouvailles en était réellement l’unique raison. Parce que j’en avais raté, des choses, pendant mon long sommeil et mes mois à me morfondre dans le noir, mais je savais que son coeur n’était plus à prendre et qu’elle vivait le parfait amour avec
le fameux Apollon Grec de la faculté de psycho. «
Je pense que je vais finir par être jalouse. » je lâche en lui jetant un regard en coin, alors qu’elle sourit niaisement devant l’écran de son téléphone. Son regard se relève en direction du mien et j’y découvre, sans surprise, que ses joues sont légèrement teintées de rose. Un sourire narquois naît sur mes lèvres et je viens croiser mes mains sous mon menton. «
Je vois. » Rey s’empourpre un peu plus avant de secouer négativement la tête. «
Ce n’est absolument pas ce que tu crois. » Pourtant, j’étais à peu près sûre que c’était exactement ce que je croyais. Je pourrais continuer de la charrier sur ce sujet pendant longtemps, mais son bonheur valait tellement tout l’or du monde, que je préfère m’abstenir. Je ne l’avais jamais vu aussi heureuse que depuis qu’ils sortaient ensemble, comme si elle rayonnait enfin de sa douce lumière. «
Et toi, avec Cade ? » L’atmosphère devient soudainement plus pesant et je m’enfonce un peu plus dans le canapé où nous étions installées. Je savais qu’elle savait et que le véritable but de cette question était de savoir si j’avais l’intention ou non de me décider à faire quelque chose. «
Il me manque. » je finis par avouer. Les premiers jours, je n’avais principalement ressenti qu’une profonde colère contre lui. Puis, une fois celle-ci apaisée, la sensation d’avoir un troue béant dans le creux de ma poitrine m’avait rattrapé. Avant d’être l’homme que j’aimais, Cade était mon meilleur ami, l’autre moitié de mon âme, et ne pas l’avoir près de moi était un véritable crève coeur. «
Et je l’aime comme une dingue, si tu savais… » Aurelia glisse vers moi pour rompre la distance qui nous sépare, ses bras venant m’encercler pour m’enlacer. «
Je crois que c’est à lui, que tu devrais le dire, Jo. Il a besoin de l’entendre. » Ma tête vient se poser contre son épaule et je tente vainement d’empêcher les larmes de couler. Elle avait raison et il était grand temps que je fasse le premier pas.
Il n’est pas loin des vingt-et-une heure quand j’arrive devant l’appartement de Cade, la gorge et l’estomac noués. Je craignais qu’il ne refuse de me voir ou pire encore, qu’il m’annonce qu’entre nous, c’était définitivement terminé. C’était, par ailleurs, l’une des raisons qui m’avait poussé à retarder l’échéance et à laisser le temps creuser un peu plus la distance entre nous. Mais j’étais terrifiée à l’idée de tout avoir foutue en l’air et de l’avoir perdu pour de vrai. Je prends finalement une profonde inspiration avant de venir donner deux coups contre la porte. Lorsque cette dernière s’ouvre, laissant apparaître sa silhouette, je ne peux pas m’empêcher les larmes d’affluer et de dévaler le long de mes joues. «
Je suis désolée. » je baragouine entre deux sanglots. «
Je suis vraiment désolée… »
@Cade Sargent 
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