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Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1)

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Hyun Do-Yeon

Hyun Do-Yeon


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MessageSujet: Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) EmptyLun 6 Mai - 21:59

i know we're in the middle of a war
but I just wanted to lighten the mood
Jia & Do-Yeon

« Où sont-ils ? » Ma voix n'est qu'un souffle, se mêlant aux bourrasques qui soulevaient des quantités astronomiques de sable tout autour de nous. Mon coeur battait à tout rompre dans ma cage thoracique, mon sang suivant le même rythme dans le creux de mes tempes. Mon arme ne m'avait jamais parue si lourde, de même que le casque qui ceignait mon crâne. Même si elles ne me posaient pas le moindre problème, les missions de terrain ne m'étaient pas quotidiennes et je ressentais toujours cette même appréhension lorsqu'il fallait fouler le sol et se confronter à la réalité. La violence m'était déjà familière de l'autre côté de l'écran, même si elle se résumait à des chiffres, des images et des données cryptées. Pourtant, ça ne serait jamais rien comparé à celle qui submergeait mon regard, peu importe où je détournais les yeux. « À dix heures, deux blocs sur votre droite. Ils sont retranchés dans une maison abandonnée avec les otages. » Je jette un coup d'oeil dans mon dos pour m'assurer que le reste de l'équipe a reçu l'information et ils hochent la tête à leur tour pour me le confirmer. « On avance. Surveillez vos arrières, au cas où ils ont appelé du renfort. » Le quartier était dans un état lamentable. Tout comme le reste de la ville, d'après les paysages désolés auxquels nous avions été confrontés depuis notre arrivée. Ma gorge se serre en repensant aux cadavres que j'avais pu apercevoir sur le bas-côté pendant notre trajet et à tous ceux qui allaient continuer de joncher le sol à cause du terrorisme. Je pensais que j'arriverais à m'y habituer un jour, que j'allais pouvoir trouver un recul suffisant mais ça n'a avait jamais cessé de me toucher en plein coeur. Toute cette rage, toute cette barbarie. Ces actes d'une ignominie sans nom, pour une cause illusoire, aux fondements aberrants. Et ça me déchirait d'autant plus quand il était question d'enfants. Ils étaient la raison de notre raid actuel et ils avaient été enlevés par un groupe d'extrémistes pour servir de monnaie d'échange. Il m'était impossible de ne pas imaginer ma nièce à la place de l'un d'entre eux et ça me brisait en deux de penser qu'ils osaient s'en prendre à des êtres aussi innocents.

Nous avançons comme un seul homme dans la direction indiquée, analysant les alentours en quête du moindre mouvement suspect. Le temps semblait s'être arrêté dans les environs et l'absence de bruit ne me disait rien qui vaille. Je déglutis, resserrant mes doigts autour de la crosse de mon fusil et je me décale d'un pas sur le côté, glissant derrière un mur à moitié détruit pour scanner l'environnement. Un cri résonne d'un seul coup, déchirant le silence. Mon coeur se met à pulser de manière frénétique et je fais un signe des doigts pour intimer à mes comparses de se déplacer. « On se déploie tout autour du bâtiment et on investit la moindre entrée à notre portée pour optimiser l'effet de surprise. Je rappelle que notre objectif est de sécuriser les enfants pour les mettre hors de danger. Alors ne tirez que si c'est nécessaire. » je susurre, sur un ton sans appel. Notre but n'était pas d'abattre les coupables, même si ce n'était pas l'envie qui m'en manquait. Notre mission consistait à récupérer les otages et les mettre en sécurité. Abattre d'autres êtres humaines ne rentrait pas dans l'ordre de mes priorités. Loin de là. Sauf si j'y étais contraint pour assurer ma propre sécurité ou celle d'autrui. Mais avec des gens comme eux en face, il fallait s'attendre à tout. Ils étaient poussés par des convictions qui dépassaient la raison ou toute forme de logique alors ils n'hésiteraient pas à agir sans le moindre remord. Je reçois des réponses d'affirmations et mes mâchoires se serrent, mes membres tendus par une profonde agitation. Puis nous nous mettons en mouvement et tout le reste n'a plus d'importance. Mes gestes sont mécaniques, assurés, ma vision uniquement focalisée devant moi. Nous avons beau être discrets, l'un des attaquants posté derrière une fenêtre repère certains d'entre nous et des tirs éclatent subitement. Je me jette à terre, roulant sur le sol pour me mettre à l'abri derrière une carcasse de voiture carbonisée. Des rafales retentissent autour de moi et je secoue la tête pour me remettre les idées en place avant de redresser en position accroupie. De là où je me trouvais, il ne me restait qu'une poignée de mètres pour rejoindre le bâtiment où se trouvaient les otages. Mais la parcourir en ligne droite revenait à signer mon arrêt de mort et j'envisage les possibilités avant de plonger derrière une autre épave et d'enchaîner les mouvements pour progresser en restant hors de portée de leurs viseurs. « On est à l'arrière. Prêts à rentrer. » La voix de mon coéquipier grésille dans mon oreillette, le son parasité par les échanges en fond. Mais je confirme ma position avant de continuer mon avancée, réussissant à atteindre la maison. J'approche à pas de loup, ramassé sur moi-même et je finis plaqué contre le mur adjacent, dépourvu de fenêtres. « Est-ce que quelqu'un a une vue directe sur les enfants ? » je lance à la cantonnée, en longeant la façade pour rejoindre le coin sud. « Ils sont au rez-de-chaussée d'après la caméra thermique, du côté de Beck. Sûrement le salon. Pas loin d'une fenêtre. Je compte trois adultes et quatre enfants. » je mordille l'intérieur de ma joue, les sourcils froncés. « Rien à l'étage ? » « Personne. Mais il y en a peut-être aux alentours, faîtes attention. » « Préviens-nous si tu as des nouvelles informations. » J'atteins la porte, un doigt sur les lèvres pour signifier à ceux qui me suivent de ne pas émettre le moindre bruit.

Tout allait se jouer maintenant.

« On a besoin d'une équipe médicale sur place de toute urgence. » je cingle dans mon émetteur, mes yeux allant et venant sur les frêles silhouettes des enfants. Recroquevillés les uns contre les autres dans un coin de la pièce, ils nous observaient avec un mélange de crainte et d'admiration. Mustafa avait réussi à les approcher et leur avait expliqué dans leur langue que nous n'étions pas un danger pour eux et qu'il fallait que l'on puisse intervenir pour soigner la petite fille blessée par l'un des terroristes. L'un d'entre eux avait succombé à des tirs après avoir menacé de s'en prendre aux plus jeunes, le second appréhendé après s'être battu comme un forcené et avoir tenté de s'ôter la vie. Le dernier avait réussi à prendre la fuite mais une partie de nos escouade était partie à sa recherche, quadrillant la zone dans l'espoir de le retrouver. « Il y a une fille de MSF qui est déjà en route. » m'apprend Vasquez à travers l'oreillette. La fillette avait été allongée sur le canapé et une compresse humide, déposée sur son front. Son visage était creusé par la souffrance et le linge déposé sur sa plaie peinait à contenir le flot de sang qui s'échappait de sa plaie. « Est-ce qu'elle arrive bientôt ? Parce qu'à ce rythme, elle n'aura plus grand chose à sauver. » je reprends, mon talon jouant un rythme infernal contre le sol. Après un moment d'attente, la porte s'ouvre et Beck apparaît dans l'encadrement de la pièce qui avait du être une cuisine, fut un temps. Suivi de près par une silhouette féminine, les cheveux ramassés en chignon désordonné sur le haut de la tête. Je me relève, le dos droit quand elle approche, penchant légèrement le buste en avant. « Officier Hyun. » Je passe une main dans mes cheveux, ébouriffant mes courtes mèches brunes avant de lui faire signe de me suivre. « Elle a déjà perdu beaucoup de sang. » Puis je m'écarte pour la laisser passer devant et rejoindre sa désormais patiente. « Faites moi signe s'il y a besoin de quelque chose. » Mon oreillette grésille au même instant et je l'active à nouveau. « Il y a du mouvement à l'extérieur. Ils ont ramené des copains. Beck, Mustafa, on a besoin de renfort secteur ouest. » Nous échangeons des regards avec les concernés, adossés à l'entrée du salon. « Hyun, je te laisse le soin de protéger les gamins et la doc, le temps qu'on arrange la situation. » Ma langue vient claquer contre mon palais et je zieute la médecin un instant avant de faire signe à mes coéquipiers de rejoindre le reste de l'équipe. « Très bien. Dès que vous pouvez, envoyez quelqu'un pour récupérer les enfants. » La porte claque de l'autre côté de la cuisine, signifiant qu'il ne reste plus que moi pour assurer la sécurité du reste de la troupe encore présente dans la maison. Je recule de quelques pas, mes doigts effleurant les contours de mon arme. « Il n'y a plus que moi pour vous protéger, vous et les enfants. » j'explique à la jeune femme, son visage penché sur la jambe de la petite fille. « Alors je tiens à ce qu'on mette un protocole en place. Si je vous dis de monter à l'étage avec les enfants, vous prenez la gamine avec vous et vous montez vous cacher dans une des pièces. » Elle ne bronche pas, les sourcils froncés devant la plaie et je m'accroupis à sa hauteur, glissant délicatement un doigt sur le côté de son visage pour l'obliger à me regarder. « Votre vie est entre mes mains, présentement et j'ai besoin de pouvoir compter sur vous pour la maintenir intacte. Si je vous dis de fuir, vous fuyez sans discuter. Est-ce qu'on est bien clairs sur ce point ? » je réitère, d'une voix plus franche. Puis je recule après avoir eu confirmation de sa part, baissant les yeux sur la petite fille au visage marqué par les effets de sa blessure. « Est-ce que c'est grave ? »
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Jia Lee
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Jia Lee


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MessageSujet: Re: Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) EmptyJeu 9 Mai - 18:16

Be my light in the midst of war,
even if I show you I don't want to.
Minjun & Yang-Jin

« Qu’est-ce qui se passe ? » La voix de Vera est à peine audible, au milieu de tout ce vacarme. La sirène hurlait depuis plusieurs minutes maintenant et nous avait toutes les deux tirées de notre sommeil sans rêve. Je ne comptais plus le nombre d’heures que j’avais perdu depuis mon arrivée ni celles que j’avais passé sur le terrain ou au bloc opératoire de fortune que nous avions mis en place dans la base. Mais le manque de repos ne nous avait pas empêché d’être prête en un temps record, prêtes à intervenir. « Il y a eu plusieurs attaques. » nous explique Teresa alors qu’on se précipite à l’extérieur de notre dortoir. « Beaucoup de blessés. Ils ont besoin de tout le monde. » Je me contente d’hocher la tête, relevant mes cheveux dans un chignon désordonné. Depuis que j’avais rejoins Doctors Without Borders, il y a un peu moins d’un mois, les actes de terrorisme n’avaient cessés d’accroitre et des villages entiers avaient été décimés. Pour autant, je ne m’habituais toujours pas à ces situations d’urgences, à ces innocents qui perdaient la vie à cause de la barbarie humaine, à la douleur dans les yeux de ceux qui survivaient, à la terreur dans les yeux des enfants. Personne ne méritait de vivre un tiers du quotidien dans lequel ils évoluaient depuis toujours. Quand on arrive au camp mis en place par l’ONG, c’est le chaos qui y règne qui me frappe en premier. Des corps, partout, des femmes qui pleurent leurs maris, des gamins qui crient leur détresse. Il me faut quelques secondes pour remettre mes idées en place et refouler toutes les émotions qui affluent. Vera me tend mon matériel et, d’un hochement de tête, on se sépare pour rejoindre nos premiers patients. Je m’agenouille à côté d’un garçon qui ne devait pas avoir plus de quatorze ans et de sa petite sœur d’une dizaine d’années, qu’il serrait contre lui de toute ses forces. « Ana tabib. Hal yumkinuni ruyat jurh 'ukhtika ? » je demande en essayant de me faire comprendre. Je ne maîtrisais pas leur langue, seulement quelques phrases que j’avais appris par coeur avant de partir pour facilité le dialogues et rassurer, autant que possible. Le garçon resserre son emprise autour de sa cadette, m’observant longuement avant de finalement hocher la tête. « Shkran. » Je relève délicatement le tee-shirt de la petite pour analyser la plaie. Celle-ci n’est pas profonde et ne nécessitera que quelques points de sutures. Elle avait eu de la chance.

Une heure s’écoule durant lesquels je m’occupe de différents enfants avant d’être interceptée par le chef de mission. « Docteur Lee ? » J’acquiesce en silence. « On a besoin de vous sur le terrain. Suivez-moi. » Il se remet presque aussitôt en mouvement et je le suis, sans poser la moindre question. On arrive devant un blindé militaire et je fronce les sourcils devant les deux hommes armés à bord. « Il y a eu une prise d’otage. Une fillette est gravement blessée. » m’explique-t-il rapidement. On n’avait pas le temps pour les détails, de toute façon. « Soyez prudente. » Je prends une profonde respiration avant de monter dans le véhicule, serrant mon sac contre moi. Si on m’envoyait sur place, c’est que la zone n’était pas entièrement sécurisée pour permettre son évacuation et que son état ne lui permettait pas d’attendre cette opportunité. La voiture démarre et nous avalons les kilomètres dans un silence presque pesant. Pendant tout le trajet, j’essaie de faire abstraction à toute la désolation qui m’entoure, à la mort qui flotte tout autour de moi, comme une menace perpétuelle. Avant de quitter l’habitacle, le militaire à ma droite me donne quelques indications et je me contente d’hocher la tête avant de descendre. Un de ses collègues m’attends à l’extérieur et m’escorte, sans prendre la peine de se présenter, jusqu’à la maison. Il m’informe qu’il y a plusieurs enfants à l’intérieur, mais que seulement une petite fille est blessée. La porte s’ouvre et un nouvel officier apparaît dans mon champ de vision. « Docteur Lee. » je réponds en retour à ses présentations, tout ce qu’il y a de plus formelle. Puis je le suis jusqu’au salon où est allongée la petite fille. J’avise sa blessure à la jambe et je n’écoute déjà plus, enfermée dans ma bulle. La balle n’avait pas traversé et se trouvait toujours là, dans sa jambe. Je sors la radiographie portable que j’avais pris soin d’emmener avec moi, l’orientant vers la blessure pour prendre plusieurs clichés. Soudainement, des doigts glissent contre ma mâchoire m’obligeant à tourner le regard vers le militaire et je reprends conscience de sa présence. « Tout est très clair, officier Hyun. » je lui réponds avant de reporter mon attention sur ma patiente et sur les radios que je venais de prendre. « La balle a touché le tibia. » je souffle en analysant la situation. « Je dois l’opérer. La balle, doit être retirée immédiatement. » Sans quoi, elle n’allait pas survivre. Je n’avais pas le matériel adéquat pour ça, juste le strict minimum. J’allais devoir le faire sans anesthésie, loin du luxe dont je disposais habituellement, à l’hôpital. « Ils ne peuvent pas voir ça. » je murmure en désignant d’un signe de la tête les enfants retranchés dans un coin de la pièce. « Ils ont déjà vu suffisamment d’horreurs. » Je relève la tête dans sa direction. Il y avait forcément un endroit où il pouvait garder un œil sur eux, assurer leur sécurité et la mienne par extension, tout en leur épargnant le spectacle qui allait se jouer dans quelques minutes. « Et je vais avoir besoin de votre aide pour la déplacer jusqu’à la table et pour que vous me trouviez des linges propres. » À défaut de pouvoir pratiquer une opération avec du matériel stérile, j’espérais pouvoir limiter un maximum les dégâts.


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MessageSujet: Re: Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) EmptyVen 10 Mai - 18:31

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Passer la porte des bureaux consacrés au renseignement, c'était faire face à la violence dans sa forme la plus brute. Les paysages désolés, ravagés par le feu et les bombes. Les bâtiments détruits, abandonnés à leur triste sort. Les sirènes et les hurlements, ainsi que les bruits des tirs qui semblent ne jamais cesser. Les cadavres qui jonchaient le sol, parfois dans des états lamentables. Les visages abattus et les yeux remplis de larmes des proches devant la perte d'un être cher. Les familles à qui l'ont avait tout arraché, qui avaient tout perdu au nom d'une idéologie barbare. Même si je l'avais toujours su, ça n'avait pas suffi à me préparer à la réalité. Notre monde était en guerre et des gens périssaient tous les jours, que ce soit sous l'assaut des balles ou des explosions causées par le terrorisme. Des enfants naissaient dans ce contexte et évoluaient dans cette atmosphère terrifiante, pour ceux qui y survivaient. Certains n'avaient jamais rien connu d'autre. Et c'était dans des moments comme ça que la chance d'avoir vécu en paix me sautait le plus aux yeux. Elle était inestimable, quand on était confronté à la misère la plus pure. À la peur et à la mort. Je me sentais douloureusement privilégié et plus longtemps je restais sur place, plus il était difficile de vivre en conscience quand des gens souffraient à l'autre bout du monde. Et quand je rentrais à Los Angeles, je savourais chaque putain de seconde de ma vie. Je profitais de la nourriture en abondance, du soleil qui réchauffait ma peau, des rires de mes proches. De cette douceur qu'ils n'effleuraient même pas du bout des doigts, ici. À laquelle ils n'avaient jamais songé à aspirer, dans cette situation de conflit. Alors je me battais pour leur liberté, pour les emmener loin de la souffrance. Je me démenais autant que possible avec mes compagnons pour leur donner cette chance, à eux aussi.

Une jeune femme passe la porte après ce qui me semble être d'interminables minutes, vêtue d'une courte blouse de médecin brodée du symbole de son organisme. Elle répond formellement à mes salutations et je ne perds pas une seconde avant de l'emmener jusqu'à la petite fille, étendue sur le canapé. Elle s'enferme aussitôt dans sa bulle et je garde un oeil sur elle avant d'être contacté par le reste de l'unité pour recevoir de nouvelles informations. Hyun, je te laisse le soin de protéger les gamins et la doc, le temps qu'on arrange la situation. Très bien. Il ne restait plus que moi pour assurer la survie des enfants et de la doc. Ok. Je prends une profonde inspiration avant de retourner de son côté, lui expliquant la situation avant de m'accroupir à ses côtés. D'un geste aussi délicat que possible, je fais pivoter son visage dans ma direction pour l'obliger à m'écouter. J'avais besoin de toute son attention et de sa complète coopération. Mes yeux glissent sur les contours de son visage avant de s'arrêter sur ses yeux ourlés de longs cils. Regard placide, professionnel. Presque glacial. Il se détourne aussitôt du mien pour revenir sur sa patiente et je recule, à nouveau debout. Mes mains se rejoignent dans mon dos et je l'interroge sur la gravité de la blessure. La balle a touché le tibia. Ses paroles me tirent une grimace et ma gorge se serre. Elle m'indique les enfants d'un signe de tête et je hoche la mienne, acquiesçant à ses explications. « Je vais les déplacer dans la cuisine pendant l'opération. » je réponds, les lèvres pincées. « Et je m'occupe du reste. » Puis je penche fugacement la tête avant de m'approcher doucement du petit groupe entassé dans un coin. J'arrive à contacter Mustafa pour qu'il me donne quelques mots clés à leur transmettre pour qu'ils comprennent mes intentions, que je répète lentement pour qu'ils puissent saisir l'information. Ils m'observent craintivement et mon coeur se tord de chagrin. Mais ils finissent par accepter de se mouvoir et ils me suivent avec timidité jusqu'à la pièce adjacente, se tenant fermement par la main. Là-bas, je sors une gourde d'eau potable d'un sac à dos pour leur tendre et ils s'abreuvent abondamment à celle-ci, buvant jusqu'à la dernière goutte. Quand je suis sûr qu'ils sont sagement assis dans un coin et surtout hors du champ de vision du salon, je fais un rapide tour du rez-de-chaussée pour veiller sur le périmètre de la maison. Des explosions résonnent au loin et des volutes de fumées remontent vers le ciel, faisant pulser mon coeur sourdement dans ma poitrine. Mes doigts se resserrent autour de mon arme et je fais le chemin inverse pour retourner auprès de la docteur Lee. « Rien à signaler dehors. » Je m'approche. « On déplace la petite et je vais vous chercher ce qu'il faut. Je vous écoute. » je poursuis, en relâchant mon arme et en glissant la lanière qui la retient pour la faire basculer dans mon dos. Elle m'explique comment la soulever pour ne pas la blesser davantage et je m'exécute, la jeune femme s'occupant de soutenir ses jambes. La fillette est rapidement étendue sur la table du salon et je fais volte-face pour gravir les marches menant à l'étage, fouillant ce qu'il reste de la salle de bain pour trouver des serviettes. Rien. Je passe d'une pièce à l'autre avant d'atterrir dans une chambre, tirant tous les tiroirs d'une vieille commode avant d'enfin trouver de quoi satisfaire la demande du médecin. Je redescends aussitôt pour les lui apporter, retrouvant ma place autour de la table à ses côtés. « Ils ne seront pas stériles mais ils sont les plus épargnés par la poussière. » je souffle, quand elle récupère les linges. « Ça va aller ? » je demande, en lui glissant un coup d'oeil. Les conditions étaient loin d'être optimales. Que ce soit au niveau du calme ou encore de l'hygiène. « Je reste à disposition s'il y a besoin de quelque chose. »
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MessageSujet: Re: Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) Not even a pinch of humor amidst the darkness. (Dojia #1) EmptyJeu 16 Mai - 19:44

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« Jia, trésor, approche. » La voix de ma mère résonne au milieu du vacarme incessant des machines et je m’avance dans sa direction, tremblante. Elle ne m’avait jamais paru aussi faible que maintenant, aussi fébrile. Son teint habituellement si lumineux me paraissait plus terne, ses yeux ne brillaient plus de cette joie communicative qui lui était si propre. J’avais l’impression d’être prise au piège au milieu d’une tempête, d’être ensevelie depuis des semaines par toute la noirceur que pouvait abritait ce monde. Et j’avais mal. Si mal. Les mains de ma mère pressent les miennes et je ne détache pas mon regard du sien, incapable de m’en détourner. Malgré toutes les épreuves que nous traversions depuis de longs mois maintenant, malgré la tristesse et la douleur que je pouvais lire dans ses iris, elle continuait de dégager cette aura rassurante dans laquelle je rêvais de m’envelopper et de me laisser aller. « Tu sais que tu as le droit de pleurer, ma puce. Tu sais que tu as le droit d’être triste. » J’avais hocher la tête à ses mots, mais aucune larme n’avait traversé la barrière des mes yeux. Je m’étais promis d’être forte, de garder la tête haute, pour ma mère, pour mon père. Je n’avais pas le droit de les inquiéter, je n’avais pas le droit de leur rajouter un chagrin supplémentaire. « Ce n’est pas à toi d’être forte. Ce n’est pas à toi de nous maintenir debout, ton père et moi. » Pourtant, c’est ce que j’avais ressenti dés le début, à la seconde où on nous avait annoncé que le cancer était revenu. Et je tournais en boucle, encore et encore, les paroles du médecin dans mon esprit. Je l’entendais avec un discernement effrayant annoncer à mes parents que Tori ne fêterait pas son dixième anniversaire avec nous. L’automne venait d’arriver, son anniversaire était dans moins de quinze jours et je savais, au plus profond de moi, qu’il avait raison. Mon visage pivote finalement sur la droite, et j’observe la silhouette de ma petite sœur, endormie. Je sais qu’aujourd’hui, la seule chose qui la maintient en vie, ce sont ces machines auxquelles elle est reliée et que j’entends dans mes pires cauchemars, quand j’ose fermer les yeux. Mais elle semble paisible, avec ses cheveux tressés et son visage angélique. De nous deux, elle est celle qui porte le mieux son prénom. Elle incarne à la perfection la sagesse. « Ça va aller, trésor. Ça va aller. » Je sens la main de ma mère se glisser dans mes cheveux et j’étouffe un sanglot. Comment est-ce que ça pourrait aller ? Comment est-ce qu’on allait réussir à se relever ?

Tori s’est éteinte le lendemain de son anniversaire. Paisiblement. Du moins, c’est ce que j’ai essayé de me convaincre, pendant des années. Les mois qui ont suivi sa mort n’ont été qu’un voile noir autour de notre famille et les seuls souvenirs que j’en garde ne méritent même pas ce nom. Parce qu’ils s’apparentaient plus à un cauchemar éveillé, à une sensation d’étouffement et des maux que personne n’étaient en capacité de guérir. J’avais perdu ma petite sœur, ma meilleure amie, la personne qui savait comment illuminer mes journées par sa simple présence. Le vide que laissait son absence grandissait un peu plus chaque jour et je craignais qu’il finisse par me consumer, entièrement. Pourtant, il avait fallu se relever, recommencer à vivre et affronter un quotidien où son rire n’éclaterait plus au milieu du salon, sans aucune raison particulière. Puis une promesse avait germé dans mon esprit, celle de sauver les enfants comme Tori, de leur donner la chance de grandir et de les voir fêter tous leurs anniversaire jusqu’à leur quatre-vingt ans, minimum. En devenant médecin, j’avais choisi la vie, parce qu’il n’y avait rien de plus précieux dans ce monde. Et même au milieu du chaos, c’était et ce serait toujours la chose pour laquelle je me battrais, encore et encore.

Je vais les déplacer dans la cuisine pendant l'opération. Je me contente d’hocher la tête, rassurer que les enfants n’aient pas à subir un autre traumatisme. Les conditions pour opérer étaient loin d’être optimales et entre l’absence de stérilité, d’anesthésie et de matériel adéquat, les prochaines minutes n’allaient pas être une partie de plaisir. « Tiens bon… » je souffle à l’attention de la petite avant de mesurer ses constantes et sa température. Le temps que le lieutenant déplace les enfants, je regroupe le matériel dont j’allais avoir besoin pour procéder à l’extraction de la balle et pendant un court instant, j’en viens à douter. Est-ce que c’était une bonne idée de l’opérer ici et maintenant ? N’était-ce pas plus judicieux d’attendre qu’on retourne au centre ? Puis le bruit sourd des bombardements me rappellent à la dure réalité. On n’arrivera jamais à temps pour la sauver. On pouvait rester coincer ici pendant des heures, voire des jours, ce que la petite n’avait pas. Le militaire revient et je me redresse, tremblante. Je n’avais pas le choix. Je ferme les yeux, pendant quelques secondes pour retrouver mon calme. Ce n’était pas le moment de perdre de pieds, encore moins de laisser l’appréhension m’envahir. « Je vais prendre ses jambes. » Je savais comment les manipuler pour éviter de la blesser d’avantage ou d’aggraver sa blessure. « Prenez-là plutôt comme ça… » je souffle en lui indiquant une différente manière, mais qui sera plus agréable pour eux-deux. Puis on la déplace sur la table du salon et je l’observe monter à l’étage pour trouver des linges un tant soit peu propre. Je connaissais l’issue de cette opération, je savais ce qu’allait provoquer les mauvaises conditions dans lesquelles j’allais la réaliser, mais je ne pouvais pas m’empêcher de garder un infime espoir. Je sors une corde de mon sac qui aurait dû servir à tout, sauf à ce que je m’apprêtais de faire. Je viens la nouer autour des jambes de la fillette, dans l’espoir de la maintenir le plus possible contre la table. Je me désinfecte ensuite les mains avec une solution hydroalcoolique, je fais de même avec le pauvre matériel que j’ai à ma disposition et j’enfile une paire de gants ainsi qu’un masque. La situation craignait, mais si je pouvais éviter d’en rajouter par-dessus, c’était déjà ça de prit. Le lieutenant Hyun revient et j’avise les tissus qu’il tient entre les mains. « On n’a pas vraiment le choix, n’est-ce pas ? » C’était toujours mieux que rien, de toute façon. « Je ne peux pas l’endormir et je ne vous cache pas que la douleur va être insupportable. » Elle était jeune, je ne doutais pas que tout ce qu’elle avait déjà endurer ne l’avait pas endurci, mais j’allais devoir retirer la balle, dans sa chaire déjà à vif. « J’ai besoin que vous mainteniez le haut de son corps, le temps que je puisse extraire la balle et les éclats d’os. » Après quoi, j’espérais qu’elle perdrait simplement connaissance. « Quand vous êtes prêts, je commencerais. » je murmure, instrument chirurgicaux en main.


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