Pour yourself a drink and kiss the girl | Gilah #3

Chose promise, chose due. En m’aidant, elle avait réussi à faire des miracles. Je me devais donc de lui rendre la pareille. Après l’avoir emmenée au laser game, il fallait qu’elle franchisse l’étape du dessus. Une soirée. Pas une soirée de lycéens. Quelque chose de plus calme, qui lui montrerais vraiment qui j’étais. Dans mon milieu naturel si on peut dire. On avait fini par se mettre d’accord tous ensemble, sur une date, et j’avais fais passer le message à mes parents qui s’étaient eux aussi, chargé de s’organiser une petite soirée avec leurs copains – toujours les mêmes en l’occurrence. Tonton Oswald et tata Louve recevaient mes parents ainsi que les parents de Neven, pour un barbecue. Quoi de plus habituel. Les parents d’un côté et les enfants de l’autre. C’était de plus en plus régulier, depuis que nous faisions nos soirées de notre côté. J’avais même réussi à mettre mes sœurs à la pote pour la soirée. Ce soir, c’est mon soir. Lilah avait accepté de se joindre à nous, alors tout devait être parfait. Fallait voir les longues discussions sur les choses à faire et ne pas faire, avec le crew, quand je leur ai annoncé la venue de la blonde à notre petite soirée. Jamais les derniers pour me rappeler que j’étais le dernier sans petite amie, de tout notre groupe. Mais ce n’était que temporaire, j’en était intimement persuadé, et j’allais tout faire pour. Ça impliquait de me montrer sous mon plus beau jour, et d’employer les grands moyens.

De ce fait, la pelouse est niquel, la piscine est plus bleue que jamais, le salon de jardin est prêt. Tout est en place, ou presque. Dans la cuisine, il y a le four qui est encore en train de tourner pour que les pizzas puissent cuire. J’entre pour y retrouver ma mère, qui me lance un sourire. « Je ne vais en faire qu’une bouchée. » Je commente, en observant les cartons sur le plan de travail. « Pas touche, figlio. Sinon toi, et tes amis n’auront plus rien à manger ce soir.» Me dit-elle, tandis que je recule les mains en l’air, et le sourire innocent. « Tu fais attention ce soir. Si vous devez boire, vous ne vous approchez pas de la piscine. » J’écoute la moindre de ses recommandations, toujours les mêmes depuis que nous organisions des soirées à la maison et qu’ils s’absentaient. On était tous mangés à la même sauce. C’était ça, d’être une grande famille. « On va rester calmement à la maison, sûrement jouer à la console. Comme d’habitude. Pas de quoi s’en faire, ma petite maman. » Je réponds, en haussant les épaules. C’était trop récurrent, pour qu’on s’attarde encore sur les consignes de sécurités. « Mais il n’y a pas d’invitée mystère, d’habitude. » Je m’arrête net, la main sur la poignée du frigo, avant de lancer un regard interrogateur à ma mère. « Tu m’as demandé une pizza de plus. Qui est-ce que tu as invité ? » Mes joues prennent une teinte un peu plus rouges, alors que j’attrape un soda bien frais. « Lilah. La fille du tutorat. » Le regard de ma mère, ainsi que son sourire m’indique parfaitement qu’elle a tout compris. Je n’ai pas besoin d’en dire plus. Mais je n’échappe malgré tout, pas au fidèle discours. Discours inutile puisqu’il ne se passait rien entre la blonde et moi. Du moins, pour le moment.

Ce n’est qu’en début de soirée et après que j’ai passé de longues heures à savoir quoi porter, que tout le monde arrive. Loxley et Hadlee, jamais l’un sans l’autre. Puis arrivent Neven, Tamsin, Naia et Noen. Par miracle, le coloré avait réussi à traîner le brun jusqu’ici. Les récents évènements avaient été assez compliqué à gérer pour Neven. Une part de moi aurait compris qu’il ne veuille pas venir ce soir. Il ne m’en aurait pas moins manqué. Les fêtes ne sont pas pareilles, s’il n’est pas là. C’est comme s’il manquait une partie de nous tous. J’étais certain que cette soirée fera du bien à tout le monde. Puis je l’accueille enfin. « On n’attendait plus que toi. Entre, je t’en prie. Tout le monde est dehors. ». Elle est belle comme le jour et j’ai l’impression que mon cœur loupe un battement Elle avait le bon pour ça. Je garde toutes les petites réflexions dans ma tête, ce soir, j’avais décidé d’être distingué. Il fallait ce qu’il fallait pour séduire la dame, quitte à mettre l’héritage parfait de mon père de côté. Je fais les présentations avec tout le reste de la bande, même s’ils avaient sûrement assez entendu parler d’elle, pour ne pas savoir qui elle était. La soirée suit son cours, tout le monde discute, s’amuse, rit et mange à l’œil, pourtant je n’ai d’yeux que pour elle, mêlée aux petites amies de mes meilleurs potes. A la première seconde où elle se retrouve seule, j’en profite pour aller m’installer à ses côtés, un sourire sur les lèvres. « Alors ? Pas mal nos petites soirées, hein ? Tiens, je t’ai ramené un soda. Comme je ne sais pas si tu bois de l’alcool ou pas. » Je lance, en lui tendant une canette ouverte au préalable. « Je suis vraiment content que tu sois là. » J’ajoute, les joues légèrement fardées, pourtant, vraiment honnête. J’avais espéré pendant si longtemps qu’elle change d’avis sur ma personne, de lui faire comprendre que je n’étais pas qu’un idiot mauvais en sciences, amateur d’heure de colle. J’étais bien plus que ça et j’espérais vraiment que ça ferait pencher la balance, parce que moi, j’étais complètement fou d’elle.

Je ne savais pas quoi mettre. Et je me sentais parfaitement ridicule à me tenir, debout, devant ma penderie, à analyser du regard le moindre de mes vêtements. Je ne comprenais pas pourquoi faire un choix me semblait aussi difficile. Je ne m'étais jamais réellement soucier de mon apparence, préférant opter pour des tenues simples et confortables. Bon, la raison était sans doute dû au fait que je ne voyais pas les couloirs du lycée comme un tapis rouge, contrairement à certaines filles et que je passais déjà suffisamment de temps à soigner coiffure et maquillage lors des compétitions de gymnastique ou de cheerleading. Mais ce soir, je ne partais pas en quête d'une médaille d'or et pourtant, aucune mèche rebelle n'était à signaler et j'avais passé plus d'une heure à me maquiller. Pour ma défense, j'avais recommencé plus d'une dizaine de fois mon eye-liner avant d'être satisfaite. Enfin bref. Toit ça pour dire que je devais partir dans moins dans vingt minutes si je voulais être à l'heure et que je n'avais toujours pas trouvé quoi porter. Si je n'avais pas mis une éternité à me rendre présentable, je me serais sûrement arracher la tête pour ça. Finalement, j'opte pour une robe à fleurs, décontractée, mais chic, et je me regarde une dernière fois dans le miroir avant de descendre les escaliers -presque en courant. Ma mère m'attend juste en bas, ses clefs de voiture à la main et je la surprend à sourire comme une adolescente de quinze ans en me voyant arriver. À croire que c'est elle qui va s'amuser à ma place ce soir. « Je sais à quoi tu penses, maman et je t'ai déjà dit que tu te faisais des films. » je souffle en passant devant elle, les bras croisés sur ma poitrine. « Tu peux peut-être tromper ton père ou en tout cas lui faire croire ce qu'il veut entendre, mais pas moi, jeune fille. Je connais ce regard et c'est celui de l'am... » Je ne lui laisse pas temps de finir sa phrase, il en est hors de question, que je l'attrape par le bras pour la traîner en direction du garage. « Je vais être en retard, maman. » Un rire s'échappe d'entre ses lèvres tandis que je sens mes joues virées au rouge et je m'installe sur le siège passager, prenant le plus grand soin d'éviter son regard durant tout le trajet.

Lorsqu'on arrive devant la maison des Sinclair, ma mère se sent obligée de me rappeler les innombrables consignes de sécurité. À savoir, ne pas boire - ou en tout cas pas trop, ne pas toucher à la drogue (de toute façon si elle apprend qu'il y en a, elle me tue) et me fait promettre de ne monter dans aucune voiture dont le conducteur à bu. Seulement après ce petit rappel, elle me laisse quitter l'habitacle et je la vois disparaître au coin de la rue au moment où Gino m'ouvre la porte. J'ignore si c'est le fait de le voir dans un autre contexte que le tutorat et le lycée ou si c'est le fait d'être chez lui, mais je me sens presque intimidée par sa présence. « Désolée pour le retard. » je réponds dans un souffle. « Ma mère a voulu montrer qu’elle connaissait mieux la route que le GPS. » Je n’aimais pas être la dernière, notamment parce que je détestais être au centre de l’attention. Je savais, toutefois, que j’allais difficilement pouvoir l’éviter. J’étais la pièce rapportée de leur bande et si moi, je les connaissais parce que le contraire était compliqué, l’inverse n’était pas réciproque. Je suis l’hôte des lieux jusqu’à l’extérieur où tout le monde est déjà installé et Gino n’a même pas le temps de faire les présentations qu’une masse de boucles brunes agrippe mon bras pour m’entraîner à sa suite. « On a besoin de toi ! » piaille-t-elle joyeusement. « Pour leur mettre la raclée du siècle. » Je cligne plusieurs fois des yeux avant de comprendre de quoi Hadlee, que j’ai enfin reconnu, parle. Devant nous, un beer pong est installé sur une table, n’attendant plus que nous. Et vu la disposition des verres, j’en conclus que les équipes ne sont pas mixtes. Bien. Ça ne doit pas être plus difficile qu’un problème de mathématiques, pas vrai. Le reste du groupe m’adresse un sourire sincère et chaleureux en guise d’accueil et mon regard croise celui de Noen qui se reçoit un coup de coude de la part de l’un de ses amis au moment où il s’apprête à prendre la parole. Mes ses yeux pétilles et je n’ai pas besoin qu’il dise quoi que ce soit pour savoir à quoi il pense. Rien de bien étonnant venant de lui. Seul Neven, reste légèrement en retrait et ne semble pas prêter outre mesure attention à ma présence. Mais il a l’air ailleurs, à des années lumières de la soirée alors je ne lui en tiens pas rigueur. Il semble redescendre parmi-nous au moment où le blond passe un bras autour de ses épaules pour lui rappeler qu’ils ont combat à mener et à gagner. Mais ça, c’était seulement dans leurs rêves. Gino avait pu découvrir que j’étais du genre compétitrice.

Le reste de la soirée file à vive allure, entre les rires, les discussions animées et les délicieuses pizzas préparées par la mère de Gino. Ce dernier profite d’ailleurs que je sois seule pour se glisser sur une chaise à côté de moi. « Pas mal, en effet. » je réponds avec un petit sourire. J’aurais aimé le narguer en lui disant que j’avais connu mieux, mais on savait tous les deux que ça n’aurait été qu’un mensonge. « Merci pour le soda. » Je le récupère puis bois une gorgée. « Je crois que j’ai assez donné pour ce soir de toute façon. » J’avais cessé de compter le nombre de verres de bières que j’avais bu à cause du beer pong. « Puis je n’ai jamais goûté à autre chose que de la bière. » Rappelons que je n’avais jamais fait de soirées, à proprement parler et que lors des bals organisés par le lycée, l’alcool était interdit. Mes mains se resserrent autour de ma canette alors qu’il m’avoue être content que je sois là. « Moi aussi. » Mes joues se teintent légèrement et je déglutis avant de pivoter pour lui faire face. « Je me suis peut-être un peu fourvoyée vous concernant. Surtout te concernant. » Je n’arrivais pas à croire que j’étais en train de dire une chose pareille. Mais maintenant que j’étais en train de lui ouvrir mon coeur, plus aucune marche en arrière n’était possible.

On ne les comptait plus, toutes ces soirées, chez les uns ou chez les autres. Elles se ressemblaient toutes. Beaucoup de rires, de longues discussions à refaire le monde ensemble. Parce que c’était comme ça qu’on avait toujours fonctionné, les uns et les autres. Noen, Neven, Hadlee, Loxley et moi, nous nous connaissions depuis presque notre naissance. Hadlee et moi, nous étions constamment collés ensemble depuis le jardin d’enfant, principalement parce que Neven était bien plus friand de solitude et de ses parents, plus petit. Mais notre amitié à tous les trois était telle qu’ils étaient ma famille. J’aimais être avec eux. Ma mère aimait me rappeler que je ne faisais que de demander après les copains. Inévitablement le lien avec Lox, c’était fait de la même manière. Chaque réunion de famille, voyait un rassemble des adorables petits trublions que nous étions. Plus tard Noen s’était joint à notre tribu et c’était comme une évidence. Nous étions faits, pour être une grande famille. Ils étaient mes meilleurs amis et je mesurais parfois, l’immense chance que j’avais eu de grandir si entouré. Tout ça, je savais que ça nous suivra toute la vie, parce que je n’imaginais pas un monde où ils ne sont pas. Tout particulièrement surréaliste comme idée, si je peux me permettre. On prenait soin de se créer des souvenirs, par les soirées, les pyjama party, les vacances, que l’on partageait souvent. Ce soir n’échappait pas à la règle ; une nouvelle soirée, c’était de nouveau souvenirs qui allaient s’enregistrer dans ma mémoire. Plus encore, c’était le soir où je comptais bien me jeter à l’eau. Lilah allait être présente et je ne voulais pas louper l’occasion qui me tendait les bras. Elle n’allait peut-être pas se représenter de sitôt.

Auprès d’elle, je tentais de redorer mon blason entaché par une réputation que personne ne refera. Trouble-fait, idiot, je-m’en-foutiste et bien d’autres étiquettes encore me collaient à la peau. Pourtant, ce n’était pas entièrement ce que j’étais. J’étais loin d’être bête, mais j’aimais rire. De tout et surtout de blagues qui ne m’échappent jamais. Des plans qui étaient tout particulièrement ingénieux, comme le dévissage intégral du bureau du proviseur, qui était tout bonnement un coup de maître. Je voulais que Lilah voit en moi, autre chose que ce petit rigolo, qui se fichait bien de l’école traditionnelle. J’avais eu l’occasion de lui montrer qui j’étais, vraiment, lors de cette partie de Laser Game, l’autre jour. Ce même jour où j’avais pu apercevoir ce qui se cachait sous l’image de première de la classe, lisse et sans vagues. Elle était bien plus qu’elle ne voulait laisser voir et j’étais curieux de la voir dans d’autre contexte à nouveau. Plus encore, elle me plaisait, véritablement. Ce qui aurait pu être simplement des battements de cils pour qu’elle me laisse tranquille avec son tutorat, s’était transformé en battement de cœurs intenses. Quand elle arrive chez moi, c’est presque si je ne la dévisage pas, tant elle est jolie. Tout est parfait chez elle, de la blondeur de ses cheveux, à la couleur de la robe qu’elle porte et qui la sublime parfaitement. « Ne t’en fais pas. On n’allait pas commencer sans toi. ». Je souffle avent de l’inviter à entrer et après les présentations, elle se fait de suite enlever par Hadlee. Une partie de beer-pong nous attendait et que, malgré tous mes encouragements, nous finissons par perdre. Les filles avaient été bien plus forte que nous. Surtout, l’une d’entre elle, avait happé toute ma concentration, ce qui n'avait évidemment pas échappé au regard de ma meilleure amie, qui m'a lancé tout le long de la partie, un nombre incalculable de regards amusés.

Je profite d’une occasion offerte pour me glisser à ses côtés, une canette à la main. « J’étais sûre que tu trouverais ça chouette. Je suis sûr que les filles t’apprécient beaucoup en plus. » Dis-je dans un sourire. Je ne me faisais pas de doute pour ça, de toute façon. Mes amis étaient adorables, et Hadlee ne l’aurait jamais laissée de côté. Cette nana avait trop bon cœur pour ça. « Je t’en prie, c’est normal. Je ne voudrais pas que tu te sentes mal. » L’alcool c’était dans la limite de chacun et je respectais les siennes. Chacun avait le droit de dire stop, s’il sentait que le prochain verre serait de trop. On n’était pas du genre à se forcer entre nous. C’était sensé être un truc fun, pas quelque chose pour se foutre la tête à l’envers et ne pas se souvenir de la veille. « Noen fait d’excellent cocktails maison. C’est lui qui m’a initié au reste.» Dis-je un sourire amusé sur les lèvres, quand nos soirées avec son élixir maison, étaient rythmées. « Mais tu fais à ton rythme, personne ne te forcera ici. » Dis-je pour la rassurer. C’était ok comme ça, je savais qu’elle n’avait pas ou peu fait de soirées avant, il fallait y aller doucement. Puis l’ambiance entre elle et moi, change doucement, lorsqu’on se fait finalement face. Ses mots me parviennent et je crois que c’est exactement ce que j’avais envie d’entendre. « Ah oui ? Et qu’est ce que tu en penses maintenant ? » Je demande curieux de savoir ce qu’elle avait envie de dire. Rien qu’à son regard, je pouvais voir qu’elle n’attendait qu’à en dire plus. Et moi, je mourrais d’envie de savoir ce qu’elle avait à dire, pour me lancer à mon tour, parce que j’en avais des choses en tête et sur le cœur. Un tas de mots, que j'avais de plus en plus de mal à garder pour moi.

Je gardais un très bon souvenir de l’après-midi que nous avions passé ensemble et j’avais eu l’impression de découvrir Gino sous un nouvel angle. Pour autant, il était sensiblement resté le même, un gars sans prise de tête, avec un humour plus que douteux, mais qui savait se montrer attentif et sérieux quand la situation l’exigeait. J’étais persuadé que si il mettait autant d’entrain dans les études que dans une partie de laser game, il n’aurait jamais eu besoin de ces heures de tutorat. Mais sans ces cours particuliers, je n’aurais jamais pu apprendre à le connaître et il serait resté, à mes yeux, l’un des cancres du lycée. Ce rôle n’avait pas réellement changé, soyons honnête, mais il n’était plus seulement ça. Il était un garçon avec qui j’aimais passé du temps, un garçon qui m’avait permis de souffler, le temps d’une après-midi, alors que j’avais eu l’impression d’étouffer dans l’enceinte du lycée. Je lui devais beaucoup pour ça et je n’allais pas oublier qu’il avait décidé de tout plaquer pour sécher avec moi. Et même si je n’étais pas prête à admettre ce que ma mère avait su voir au grand jour, je ne pouvais pas nier qu’il ne me laissait pas indifférente. Mais je n’étais pas certaine d’être prête à assumer ces sentiments. Non pas parce qu’il s’agissait de Gino, mais parce que je ne m’étais jamais retrouvé dans cette situation et que l’amour, je n’y connaissais pas grand-chose finalement. Je n’avais jamais tenu la main d’un quelconque garçon, embrassé qui que ce soit et encore moins eu de première fois. Et je n’avais pas de grande-sœur ou de grand-frère vers qui me tourner pour poser toutes les questions qui pouvaient danser dans mon esprit concernant l’amour. Je maîtrisais beaucoup de choses dans la vie, mais ça, c’était un sujet que je n’avais jamais eu l’occasion d’aborder et qui m’effrayait quelque peu.

Quand j’avais demandé à Gino de m’inviter à l’une de leur soirée, je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait. À vrai dire, je m’étais imaginer les choses en dix fois plus grands, comme ce qu’on pouvait voir dans les séries. Mais ce n’était rien de tout ça qui s’était déroulé ce soir. Il y avait seulement ses amis les plus proches, des bières et de la pizza. Rien n’était fait en grande pompe, l’ambiance était chaleureuse et plus qu’agréable. De toute façon, ils n’avaient pas besoin d’inviter une trentaine de personnes, Noen savait très bien mettre l’ambiance à lui tout seul. Tout ça pour dire que cette soirée ressemblait en tout point à l’idée que je me faisais d’une soirée entre amis et que ça me convenait parfaitement. J’avais pu échangé avec Hadlee, Naia et Tamsin sans qu’on ait besoin de crier pour s’entendre à cause de la musique et surtout, je m’étais amusée. Pour la première fois, j’avais eu la sensation d’appartenir à un vrai groupe et d’être considérée pour celle que j’étais réellement et ça m’avait fait le plus grand bien, moralement. Je suis sûr que les filles t’apprécient beaucoup en plus. Mon regard se lève en direction du reste du groupe qui, visiblement, sont en pleine partie de blind test. « Il faut dire que c’est difficile de ne pas s’apprécier quand on parvient à vous mettre une raclée au beer pong. Vous voir pleurnicher, ça nous a permis de tisser des liens. » Il me suffisait de revoir les scènes qui s’étaient déroulées sous nos yeux pour que l’hilarité revienne presque instantanément. « Et je suis prête à relever le défi sur Mario Kart. Vous doutez trop de mes capacités de pilote. » Je n’irais pas jusqu’à dire que j’excellais, ce n’était pas du tout le cas, mais je me débrouillais.

Je sirote le soda qu’il vient de m’apporter, appréciant qu’il s’agisse d’autre chose que de l’alcool et je l’écoute sans rien dire, acquiesçant à ses paroles. « Pourquoi est-ce que ça ne m’étonne même pas de Noen ? » Ça collait à la perfection avec le personnage, sans très grand surprise. Mais tu fais à ton rythme, personne ne te forcera ici. Je n’en avais jamais douté et ça ne m’avait d’ailleurs même pas traversé l’esprit. J’avais pensé énormément de choses sur eux, parfois pas forcément très glorieuse, mais ça n’en faisait pas partie. Ils n’étaient pas comme ça et je n’avais jamais eu besoin de les connaître plus pour m’en douter. Ils aimaient jouer aux imbéciles, sécher les cours et jouer de sales tours à notre proviseur, mais ça restait bon enfant. « Je sais. » je réponds simplement. Je n’étais pas inquiète avec eux ni mal à l’aise en leur présence. Il ne m’inspirait aucune crainte, contrairement à certains gars de notre lycée qui, à ne pas en douter, devait prendre un plaisir presque malsain à influencer certaines personnes. Alors que, rappelons-le, nous n’étions pas majeur et encore moins en âge de boire légalement. Finalement, la conversation vire au confidence et je lui avoue que je me suis peut-être trompée à leur sujet, plus particulièrement sur le sien. Après tout, il ne m’avait jamais montré autre chose que l’être insupportable qu’il pouvait être lors de nos tutorats ou des quelques cours qu’on avait en commun. « Pour commencer, que vous n’êtes pas que des immenses abrutis. Surtout toi et Noen. Même si j’émets encore quelque doute le concernant… » je poursuis en souriant, moqueuse. « Et que tu n’es pas aussi chiant que ce que tu laisses paraître. En fait, tu sais quoi, Sinclair ? Il se pourrait bien que je t’apprécie, voire même que je t’aime bien. Autant te dire que c’était mal barré au début… » Mais était-il nécessaire que je rappelle ô combien il m’agaçait ?

Je ne suis pas parfait, ça, j’en avais parfaitement conscience. J’avais mes défauts, c’était indéniable. On a tous des défauts. La vie serait bien moins savoureuse sans. Pourtant, je n’étais pas non plus, un enfer sur terre. J’avais mes petits traits d’humour à moi, appris auprès des meilleurs ; mon père et mon oncle, étaient les meilleurs instructeurs de blagues au monde. C’était comme ça, mais j’aimais glisser les vagues de la vie, avec ce petit grain de folie qui me caractérisait. On était trop jeune pour s’en tenir à des injonctions. Quand elle m’a proposé de l’emmener ailleurs, j’y avais surtout vu une occasion de lui montrer que la vie, pouvait aussi être fun. Qu’on pouvait profiter simplement, tout laisser de côté, se laisser guider et souffler. Dans le fond, même si ces heures de tutorat m’avaient horriblement fait chier, je n’en regrettais aucune. J’avais appris à ses côtés et je n’ai même pas honte de le dire, mais surtout, j’avais compris qu’avec un peu de rigueur, on parvient à un peu de choses dans la vie. Allais-je changer du tout au tout ? N’ayez crainte, jamais de la vie. Mais elle m’avait aussi appris à me recentrer pour quelques secondes, minutes. Alors c’était la moindre des choses que de lui prouver qu’il y a toujours un temps pour tout. Et le temps à ses côtés m’avait paru aussi doux qu’un nuage et il m’arrivait de vouloir en redemander, de faire durer le tutorat un peu plus longtemps, parce que j’avais simplement envie de passer du temps à ses côtés. Et ce n’était pas de la drague lourde ou quoi, même s’il me restait quelques efforts à faire de ce côté. C’était simplement l’envie de prendre le temps, de me sentir bien, à ses côtés. La dynamique avait changé et ce n’était pas pour me déplaire. Alors l’inviter à une de nos soirées était une suite logique. On se retrouvait tous les deux, au milieu des couples qui faisaient mon entourage, mais qu’importait. Je l’initiais enfin, à ce monde qui est le mien. En espérant que si elle avait changé un tout petit peu d’avis à mon propos, elle le fera également avec le reste de ma famille.

On avait fait simple, comme toujours. Pizza, musique, cocktail spécial Noen et quelques activités bien à nous. C’était tout ce qui nous définissait le mieux. Un peu de musiques et des heures à refaire le monde autour de quelques pizzas faites par amour, par la meilleure mama du monde. J’étais heureux de voir avec quelle facilité, tout le monde l’avait accueillie. Le temps passait et on avait tout doucement commencé à intégrer d’autres personnes à notre petit cercle. Tamsin d’abord, puis Naïa, et enfin Lilah. Je n’avais aucun doute sur le fait qu’elle allait bien s’intégrer, elle était sûrement une des âmes les plus douces de ce monde. Puis tous savaient que je tenais vraiment à elle. Hadlee peut-être un peu plus, c’était la personne à qui je m’étais senti le plus à même de me confier sur ce sujet. De voir que tout se passait si bien, me faisait vraiment chaud au cœur. C’avait de l’importance, je m’en serais voulu, si elle ne s’était pas sentie bien, brusquée en dehors de ses habitudes. « Nous ne pleurnichions pas. Nous montrions simplement notre mécontentement. Vous vous êtes liguées contre nous, ce n’était pas du jeu. » Dis-je, sur un semblant de ton vexé. La défaite n’était pas trop dans notre langage, et il m’arrivait parfois, d’être un peu mauvais joueur, je devais bien admettre. « Oh mais avec un immense plaisir. Mais tu vas affronter des adversaires de taille. Noen a passé tellement d’heure sur ce jeu, qu’on le soupçonne d’être définitivement imbattable. » Je commente. Moi je m’étais habitué à maintenir une place de bon dernier. Mais c’était toujours de belles soirées à se lancer carapaces et autres insultes, sous le coup de la gagne.

« Oh si tu savais tout ce qu’il nous a appris, tu serais surprise. Mais c’est quelqu’un de foncièrement gentil. Il a le cœur sur la main. On a de la chance de l’avoir avec nous. C’est un vrai frère. » Dis-je en commentant. Sous es grands airs exubérants, il avait des sacrées casseroles. Des trucs pas funs à raconter, mais ça faisait aussi tout sa personnalité. Il était une part intégrante de la grande famille qui nous unissait tous. Alors en bon frère, il nous avait enseigné pas mal de petits tricks, dont comment introduire un peu d’alcool en toute discrétion. Je prends tout de même le pas de la rassurer sur le fait que personne ici, ne lui forcera la main. C’était loin d’être notre genre. On se mettait rarement des grosses mines, qui plus est. On buvait facilement pour être bien mais jamais au point d’en vomir. Peut-être les premières fois, mais je ne devais plus en avoir de véritables souvenirs. De cette conversation pourtant, je comptais bien mémoriser chaque mots, parce que nous en venions peut-être à une finalité qui me plaisais grandement. « C’est déjà un bon début, je crois. » Commentais-je, un large sourire sur les lèvres. Puis elle continue et j’ai le palpitant qui s’emballe. « Tu ne connaissais pas tous les aspects de ma merveilleuse personnalité au début. » J’ajoute, un peu railleur, mais je reprends vite mes esprits, parce que ses aveux retentissaient dans mon esprit et qu’il était peut-être temps que je me confie, moi aussi. Si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferais peut-être jamais. Alors je saisi ma chance. « Moi aussi, j’avais tellement de préjugés sur toi. Tu étais l’intello coincée, qui allait me faire perdre mon temps et je ne voulais pas voir autre chose de toi. » Je commence, en insistant sur le passif. « Mais j’ai appris à te connaître et j’ai compris que j’avais eu tort. Plus j’apprends à te découvrir, plus je m’attache à toi. » Respire, Gino. Tout va bien. « Je t’apprécie vraiment beaucoup Lilah. Tu es quelqu’un de géniale et moi aussi, je t’aime bien… vraiment… bien. » Finis-je en captant son regard, en essayant d’y lire quelque chose. Mais j’ai l’esprit entièrement vaporeux. A l’aide, c’est trop compliqué les aveux.