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Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1)

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Henrietta Tollman
Troisième génération

Henrietta Tollman


Messages : 3
Date d'inscription : 11/08/2021


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MessageSujet: Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) EmptyDim 6 Mar - 21:47

and suddenly, i wanted to disappear
Davis & Henrietta

Mon bureau était un foutoir sans nom. Enfin, le bureau que l'on avait eu l'obligeance de me débarrasser à mon arrivée. Pour faire court, un petit meuble blanc verni qui avait tout bonnement disparu sous l'amas de feuilles étalées sur sa surface. Oui, j'ai un problème avec le rangement. Nous ne sommes pas vraiment en bons termes, pour être honnête. Et je ne parle pas même pas de l'état de ma tanièr chambre. Bref. On aurait pu croire qu'un missile avait éclaté à l'endroit même où je me trouvais, vu la quantité astronomique de papier dispersé et le milliards de stylos colorés disséminés ici et là. « Où est-ce qu'elle est, nom d'un saint-bernard ? » je grommelle, en fouillant, accentuant le cataclysme déjà présent. J'avais besoin de ma clé USB. Autrement dit le Saint Graal, la clé de ma présentation. L'entreprise cherchait à développer un nouveau jeu et j'avais été mise à contribution sur le scénario, qui était la base même de la conception. Je ne m'étais pas attendue à faire plus que d'amener des cafés, observer les réunions et éventuellement pouvoir proposer quelques idées si l'occasion se présentait mais j'avais été jetée dans l'arène sans la moindre préparation, à mon plus grand étonnement. Jared n'était pas un boss comme les autres. Et c'était un compliment. Parce qu'il considérait que nous avions tous une petite pierre à poser sur l'édifice. "Tu es une employée comme les autres, Henri. Et je veux voir de quoi tu es capable, si tu comptes poursuivre dans ce milieu. C'est loin d'être facile de se faire sa place, autant commencer aussitôt que possible. Mais tu m'as l'air prometteuse alors je ne doute pas d'être agréablement surpris." Et ces quelques mots avait suffi à remplir ma poitrine d'une douce chaleur. Je n'avais trouvé de lieu où je me sente aussi à l'aise, avant d'entrer dans cet endroit.

Enfin, ce n'était pas la complète vérité. Mais le seul autre endroit où j'avais eu l'impression d'être moi-même faisait partie du passé.

« Qu'est-ce que tu fais, beauté des îles ? » Je me redresse, laissant seulement ma tête dépasser de la table. « Un début de dépression nerveuse ? » je réponds, avec une grimace. Avant de secouer la tête, passant une main dans mes cheveux. Je ne relevais même plus les surnoms de Corey, tant ils faisait partie intégrante du personnage. « J'avais compilé mes notes pour la réunion sur ma clé USB, avec les tableaux d'inspiration par rapport au dernier briefing. » je soupire, luttant contre l'envie de renverser tout ce qui se trouvait sur le bureau. « Mais je ne la retrouve pas. Et je ne peux pas arriver les mains vides, tout le monde compte sur moi et je vais être ridicule et- » Plutôt mourir, en fait. Mais peut-être que je pourrais aller chercher des cappuccinos pour tout le monde ? Comme ça, je n'arriverais techniquement pas les mains vides. Pas bête la guêpe. « Respire, ma douce. Fais comme moi. Inspire, expire. Inspire, expire. » Le rouquin se penche vers l'avant, posant ses mains à plat sur les rares espaces non occupés, prenant une profonde inspiration.  À laquelle je réponds par un sourcil parfaitement arqué. Il s'arrête, se remettant droit avant de croiser ses bras sur son torse moulé dans un tee-shirt à l'effigie de Marvel. « Ok, je vois que tes chakras ne sont pas réceptifs. » rajoute-t-il, sur un ton exagérément dramatique. Puis il penche la tête sur le côté, fronçant le nez. « Trouvons une autre méthode, dans ce cas. Essaye de te rappeler la dernière fois que tu l'as utilisée. » Je m'arrête de farfouiller, me laissant tomber sur le sol. Posant les avant-bras sur mes cuisses, j'essaye de plonger dans les méandres de ma mémoire pour retracer mon chemin. J'avais eu la petit clé en main rien que la veille, lorsque j'avais soigneusement compilé les documents en différents dossiers. Oui, je ne suis ordonnée que lorsqu'il s'agit d'électronique. J'ai même différentes playlists selon mes humeurs, déclinées en différents thèmes de couleurs. Une antithèse à elle toute seule, la dame. Tout ça pour dire que je me revois la poser sur le côté droit de mon clavier, après avoir terminé, me levant pour aller me chercher un café. Histoire de ne pas m'écrouler de fatigue sur mon fauteuil. « Oh. » je souffle. Corey plisse les yeux. « Oh ? » Je hoche la tête, me baissant pour regarder à mes pieds avant de remonter tout aussitôt. Je pensais que je l'avais peut-être fait tomber au passage. Mais non. Tristesse. Mon coude tape dans le coin de mon clavier en me redressant, le faisant glisser sur le côté et laissant apparaître un petit bâton d'un vert luisant, qui gisait au dessous. Mes joues brûlent de honte et je m'empresse de la récupérer, sous le rire tonitruant de mon collègue. « Tu es un sacré numéro, Henrietta Tollman. Tu le sais, ça ? » lâche-t-il, avec les yeux brillants de larmes et un sourire plein de dents. « Va-t-en, Corey. Tu n'as pas, genre, des retouches à faire sur tes esquisses préliminaires, par exemple ? » je grogne, dans ma barbe, son gloussement résonnant à nouveau dans l'open space. Moi, je me dépêche de rassembler mes affaires, de ranger un peu le cauchemar ambulant qu'est ma place de travail et de me préparer à la réunion qui n'allait pas tarder à débuter.

« Merci à tout le monde d'être là. » Jared est debout devant la toile qui projettera les éléments que j'ai rassemblé depuis quelques jours, toujours impeccablement vêtu d'un pull à l'effigie d'un élément de pop culture. Aujourd'hui, nous partons donc sur un noir de jais, décoré de l'éventail des Uchiwa sur son pectoral gauche. Et ça a toujours le don de me faire sourire. « Avant de laisser la parole à notre recrue à frisettes, je voudrais vous présenter la nouvelle addition à notre équipe pour les prochains mois. » Je fronce les sourcils quelques secondes, avant de me remémorer qu'il avait mentionné l'arrivée d'un stagiaire à temps plein pour les prochains mois. « Pour ceux qui n'étaient pas au courant, il va accompagner notre projet et travailler avec chacun de vous sur le jeu, dans le cadre de son stage. Je compte sur vous pour l'accueillir comme il se doit. » Je vois déjà les autres commencer à chuchoter, telles de parfaites commères. Jared lève les yeux et je croise son regard, entortillant mes doigts à cause de la pression. « Tu peux te mettre en place, en attendant. Comme ça, nous pourrons rentrer tout de suite dans le vif du sujet. » Je le regarde faire demi-tour pour retourner à la porte de la salle de réunion et je me lève, emportant maladroitement mes affaires pour rejoindre le petit ordinateur à l'arrière de la pièce. « Entre, ne sois pas timide. » murmure-t-il, avec un air engageant. Et je me revois à cette même place, bien des mois plus tôt. Pourtant, lorsque le nouveau venu s'avance dans la pièce, mon sourire s'affaisse d'un seul coup, mon souffle s'étranglant dans ma gorge. J'aurais pu reconnaître ce visage pâle, ces traits ciselés et ce regard pénétrant n'importe où. Je sens mon coeur tomber lourdement dans le creux de mon ventre. Puis se mettre à battre un rythme insoutenable, pulsant frénétiquement dans mes entrailles. « Bienvenue parmi nous, Davis. Je te laisse t'asseoir à côté de Maggie. Et la parole revient à Henrietta, pour nous présenter les ébauches de scénarios sur lesquelles nous allons nous pencher, afin de décider lequel sera le plus intéressant à exploiter. » Son ton est calme, confiant. Pourtant, quand il redresse la tête pour m'adresser un air d'encouragement, je ne suis pas capable de lui répondre.

Les mots sont coincés, j'ai l'impression d'étouffer et j'aurais donné n'importe quoi pour disparaître. Mes yeux sont incapables de se détourner du visage qui me fait désormais face, du raz-de-marée de souvenirs qui est en train de me submerger, en l'espace quelques secondes. Et ma volonté ne tient à un fil, mes dents perçant la peau fine de ma joue pour m'empêcher de lâcher un rire hystérique.

Tout mais pas ça.  
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Davis Dawson
Troisième génération

Davis Dawson


Date de naissance : 19/11/2000
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MessageSujet: Re: Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) EmptyLun 21 Mar - 16:00

and suddenly, i wanted to disappear
Davis & Henrietta

Enfin. Ma convention avait enfin été signée. Je commençais demain matin dans cette boîte tellement réputée et que je convoitais depuis que j’avais commencé mes études. Je savais que ce stage, je devais le décrocher, qu’il serait important. Je n’avais pas le droit de passer à côté. Je démarchais la boîte depuis des années déjà. Je les contactais régulièrement, sans avoir vraiment de réponses pour les premières fois, avant que je ne me présente en personne, il y a quelques mois. De là en avaient découlées de nombreuses rencontres, avant que je ne fasse finalement signer mon sésame pour rentrer dans ces locaux en tant que stagiaire. Ce n’était que l’historie de quelques mois, mais c’était une fierté sans nom et un gage de qualité sur mon CV une fois que j’aurais terminé mes études pour d’autres entreprise, si je ne parviens pas à faire suffisamment mes preuves dans celle-ci pour me faire une place au sein de leur équipe. J’allais avoir l’opportunité de travailler dans un univers qui m’avait toujours passionné, que j’affectionnais plus que tout. D’autant plus que la mission qu’il m’avait donnée relevait du développement d’un nouveau jeu vidéo. J’allais travailler en binôme avec l’une de leur collaboratrice, bien que toute l’équipe, de ce que j’avais compris était penchée sur ce nouveau et très gros projet. Je n’attendais qu’à commencer.  Nous avions fêté mon stage autour d’un bon burger avec ma mère et mon petit frère. Ravis tous les deux de voir que j’arrivais à réussir dans un domaine où ma mère n’était pas des plus confiante. Elle m’avait suivi, sans rien dire, se contentant de me sourire et m’épauler tandis que j’avançais, lentement mais sûrement. Que je passais parfois des nuits entières à dessiner des planches d’esquisse de personnages, à rédiger des idées de scénarios, et à tenter des petites animations sur mon ordinateur. J’en voulais. Je ne comptais pas me contenter du peu. Je savais ce que je valais, et surtout, le cœur que je mettais dans n’importe lequel de mes projets. Qu’ils soient personnels ou professionnels. J’étais déterminé, rien ni personne ne pourra, ni ne saura me freiner. Un jour j’arriverais haut. Pouvoir créer de toute pièces, un concept inédit, une nouveauté qui peut-être révolutionnera le monde du jeu vidéo. C’était beaucoup d’ambition, mais au fond de moi, je savais que j’en étais capable. Je le devais aussi à ce milieu, qui pendant une sombre période, m’avait aidé à garder la tête hors de l’eau, bien qu’il abritait également quelques souvenirs, que j’aimerais parfois laisser derrière mois. Mais la vie est ainsi faite. Le passé restait le passé et je ne pourrais pas le changer.

Je crois que je passe la pire nuit de ma vie. Insomnies, cauchemars et j’en passe. Scénario parfait pour une veille de stage. Je me suis sûrement imaginé toutes les situation possibles et imaginables dans ma tête, pourtant je savais que tout se passerait bien, je n’avais aucune raison de me mettre dans de tels états, avant même d’avoir franchi la porte de la boîte. C’était profondément ridicule de se comporter de cette manière. Lorsque le petit matin avait sonné, j’avais pris le temps de me relaxer sous une douche glacée, qui au passage m’avait permis de me rendre compte de la réalité et de me réveiller un peu. Au moins, je n’aurais pas la tête des Zombies dans Resident Evil. On aurait été dans le thème, mais je doute que mes patrons apprécient le geste. Ils étaient peut-être très cools, je ne voulais pas abuser de leur gentillesse le premier jour. Je devais faire bonne impression. Bien présenter. M’intégrer à l‘équipe. Je décline la proposition de ma mère de me déposer au stage. Je préférais y aller par moi-même. Pour la simple et bonne raison que je ne savais pas exactement à laquelle je finissais et que me véhiculer moi-même me rassurais. Je ne voulais pas qu’elle ait à se déplacer si Greg avait un quelconque problème.

« Salut Davis. Comment tu te sens ? » Me questionnes mon patron, lorsque je me présente une petite heure plus tard. « Je vais bien, merci. » Je lui réponds dans un petit sourire satisfait, il traçait parfaitement le contour de mes cernes, mais qu’importe, ça ira sûrement mieux encore demain. Lorsque je serai habitué à ce nouvel environnement. « Super ! Ce matin, on a une réunion pour le projet. C’est l’occasion de te présenter à toute l’équipe, et que tu puisses prendre des informations sur ce que tu vas faire pendant les 6 prochains mois. » Il m’informe, avant d’avancer vers le couloir et de m’inviter à le suivre quand il réceptionne mon hochement de tête comme une approbation. « Je vais aller vérifier que tout va bien, attends-moi là. » J’acquiesce une nouvelle fois d’un hochement de tête et d’attendre patiemment. J’entends des voix émaner de la pièce de réunion. Ca semble être l’effervescence là-dedans. J’entends qu’il parle d’uns stagiaire, avant de venir me rechercher quelques minutes plus tard, et de m’inviter à entrer. Je me retrouve en face d’une dizaine de personnes, dont une, que je ne pensais jamais revoir. Je reste là, fixe, mes yeux incapable de regarder ailleurs. Henrietta. Certaines de nos dernières conversations remontent comme un vieil écho.  Je murmure un bref bonjour, avant d’aller m’installer à la place que l’on m’a indiquée. L’intervention ne débute cependant pas. Le regard de la jeune femme reste fixe. Elle n’avait pas changé en quelques années. Si j’avais su qu’elle travaillait aussi ici, j’aurais peut-être évité de m’y faire engager. Mais je crois qu’il n’y a pas de porte de sortie désormais. « Henri ? Tout va bien ? » Prononce notre patron tandis que je ne la lâche pas du regard. J’étais incapable de dire quoi que ce soit. Je me contente de m’enfoncer dans mon siège, de sortir ma tablette, et d’ouvrir une nouvelle page, où j’avais prévu de prendre quelques notes.

Fallait bien que le passé nous rattrape à un moment donné. Mais pourquoi maintenant ?

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Henrietta Tollman
Troisième génération

Henrietta Tollman


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MessageSujet: Re: Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) EmptyMar 5 Avr - 21:51

and suddenly, i wanted to disappear
Davis & Henrietta

Le jeu vidéo, c'était un rappel constant de ma différence. Mais si ça avait pu me paraître négatif, par le passé, c'était devenu mon moteur pour avancer dans la vie. Je me suis toujours sentie différente de mes petites camarades, pendant mon enfance. J'aimais le rose poudré et les jupes à fleurs mais ça ne m'avait jamais empêché d'aller rejoindre les garçons pour jouer au football, à la récréation. Je sautais dans les flaques, tâchant le bas de mes pantalons. Je partais à la chasse aux insectes dans le jardin. Je débattais sur les meilleures équipes à composer, dans Pokémon. Trop masculine pour faire une amie convenable, pas suffisamment féminine pour plaire. Et ça m'a longtemps donné cette impression désagréable d'être à part, en dehors des standards. Alors que tout ce que je voulais, c'était d'être acceptée. Je voulais appartenir à un groupe. Être vue. Pendant des années, ce sentiment m'a bouffée de l'intérieur et ça a fini par se répercuter sur l'extérieur, comme le démontraient les stigmates d'un rose pâle qui striaient mes cuisses. Après le lycée, je me suis réfugiée dans mon propre monde, dans un univers qui n'appartenait rien qu'à moi. Je voulais oublier tout ce qui se trouvait autour, chasser les rires et les affiches placardées sur les casiers. Je voulais oublier l'humiliation cuisante, la culpabilité et cette saveur infiniment amère qui envahissait ma gorge. Celle de la trahison. D'une déception que je n'aurais jamais cru avoir à ressentir. J'avais trouvé un échappatoire dans les écrans et ces jeux dans lesquels je me plongeais jusqu'à ce que mes yeux me brûlent, malgré les remarques qu'ils m'avaient déjà valu, auparavant. Une fille qui joue à la console ? Forcément une geek asociale ou une lesbienne, si l'on en croyait les murmures qui serpentaient dans les couloirs. Mais je ne pouvais pas espérer mieux d'une catégorie de gens qui pensaient que le monde était soit noir, soit blanc, sans la moindre nuance. Au moins, on me foutait la paix et je possédais le plein contrôle sur les événements. Tout se décidait d'une pression sur un bouton, d'un léger mouvement sur le joystick et on pouvait recommencer la partie, autant de fois qu'on le voulait. Pendant un moment, j'aurais voulu qu'on puisse en faire de même avec la vie réelle, pour rayer l'erreur de parcours qui était venue gâcher la mienne.

Alors j'ai joué des heures, des jours, des mois. Et ce passage à vide m'a fait que confirmer mon envie d'en faire mon métier, de créer des scénarios qui sauraient émerveiller les joueurs à venir, comme ils avaient pu le faire pour moi, à leur âge.

C'est avec une appréhension grandissante que je marche en direction de la salle de réunion, mon porte-documents sous un bras et la fameuse clé USB dans l'autre main. J'étais en charge de la présentation du projet, enfin, de sa première ébauche. J'avais du m'entretenir avec les principaux acteurs de la conception du jeu, noter leurs différentes idées, essayer de les lier les unes aux autres. Rajouter quelques commentaires personnels ou des concepts qui m'auraient traversé l'esprit. Notre mission du jour étant de définir l'idée de base d'après les propositions de chacun et de la développer. Il fallait avoir la ligne directrice, le scénario dans sa globalité pour enfin commencer à travailler sur les différents aspects du jeu. De plus, Jared avait mentionné l'arrivée d'un stagiaire qui allait rester avec nous pendant plusieurs mois, suivant l'évolution du projet de A à Z. Mais j'étais loin de penser que c'était un fantôme du passé qui allait apparaître dans la pièce, mon coeur faisant une chute vertigineuse. Je me sens suffoquer, mes yeux rivés sur son visage pâle, sur les mèches sombres qui encadrent ses traits ciselés. Puis mon palpitant se met à battre à une vitesse affriolante dans ma poitrine et mes mains sont crispées sur le rebord du pupitre, à m'en faire blanchir les jointures. Mon patron me fait signe de reprendre ma présentation mais j'en suis juste incapable. Davis. Des images traversent ma rétine et je peux encore entendre les poings qui tambourinent en choeur contre les casiers du lycée. Les sifflements dans les couloirs. Mon incompréhension. Puis la révélation, glaçante. Si j'avais su que t'étais aussi bonne, sous tes gros pulls. L'impuissance. Le dégoût. Tu ne veux pas m'en envoyer, à moi aussi ? Le visage blafard de Dave et cette déchirure, dans ma cage thoracique. Les fragments de mon coeur que j'avais senti tomber un par un, en quelques secondes. Puis la colère, immense. Dévastatrice. Il me suffisait d'y repenser pour la ressentir à nouveau, pour qu'elle réinvestisse l'intérieur de mon être.

Mon regard le suit tandis qu'il salue brièvement l'équipe avant de rejoindre la place qui lui a été indiquée. « Henri ? Tout va bien ? » me rappelle Jared et je cligne des yeux, hébétée. Avant de détourner le regard du brun, secouant la tête pour revenir à la réalité. Mes lèvres se tordent et j'attrape mon paquet de feuilles pour le tasser sur le bureau. « Désolée, j'ai subitement pensé à quelque chose de très désagréable. » je lâche, en relevant mes iris pour les planter furtivement dans ceux de Davis. Puis un sourire faussement avenant étire mes lèvres, au comble de l'hypocrisie. « Bienvenue, Davis. » je souffle, avant de retrouver une expression plus professionnelle. « J'ai récolté les ébauches de chacun d'entre nous concernant le synopsis du jeu et nous sommes globalement d'accord pour partir sur un personnage principal qui partirait en quête d'un objet précis. » j'explique, en faisant apparaître le diaporama sur l'écran de projection. « Il y aura forcément un ou plusieurs antagonistes tout au long de son épopée, pour rajouter un peu de difficulté. Et j'ai retrouvé des idées communes concernant un side-kick pour aider le joueur durant l'aventure. Mais je viens de penser à quelque chose. » je lâche, jetant un regard à tous mes collègues, évitant volontairement le brun. « Si on imaginait un retournement de situation, à un moment donné ? Au moment où le personnage principal s'y attend le moins, son acolyte se retourne contre lui pour lui mettre des bâtons dans les roues. Et c'est là qu'il comprend qu'il est le réel adversaire à abattre. » je rajoute, laissant cette fois mes yeux divaguer quelques secondes vers le nouveau venu. « C'est un élément de surprise qu'on retrouve rarement dans les jeux vidéos et je trouve que ça pourrait avoir un bon potentiel. À voir ce que ça pourrait donner, si on l'approfondissait. » Puis je hausse les épaules, avant de partir sur des esquisses d'atmosphères et d'ambiances, faisant défiler les images de références qui m'avaient été envoyées. Et j'essaye tout simplement de faire comme s'il n'était pas là, comme si la vie n'avait pas décidé de m'enfoncer davantage en le mettant à nouveau sur ma route.
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