AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal

Partagez

Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage
Henrietta Tollman
Troisième génération

Henrietta Tollman


Messages : 4
Date d'inscription : 11/08/2021


Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Empty
MessageSujet: Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) EmptyDim 6 Mar - 21:47

and suddenly, i wanted to disappear
Davis & Henrietta

Mon bureau était un foutoir sans nom. Enfin, le bureau que l'on avait eu l'obligeance de me débarrasser à mon arrivée. Pour faire court, un petit meuble blanc verni qui avait tout bonnement disparu sous l'amas de feuilles étalées sur sa surface. Oui, j'ai un problème avec le rangement. Nous ne sommes pas vraiment en bons termes, pour être honnête. Et je ne parle pas même pas de l'état de ma tanièr chambre. Bref. On aurait pu croire qu'un missile avait éclaté à l'endroit même où je me trouvais, vu la quantité astronomique de papier dispersé et le milliards de stylos colorés disséminés ici et là. « Où est-ce qu'elle est, nom d'un saint-bernard ? » je grommelle, en fouillant, accentuant le cataclysme déjà présent. J'avais besoin de ma clé USB. Autrement dit le Saint Graal, la clé de ma présentation. L'entreprise cherchait à développer un nouveau jeu et j'avais été mise à contribution sur le scénario, qui était la base même de la conception. Je ne m'étais pas attendue à faire plus que d'amener des cafés, observer les réunions et éventuellement pouvoir proposer quelques idées si l'occasion se présentait mais j'avais été jetée dans l'arène sans la moindre préparation, à mon plus grand étonnement. Jared n'était pas un boss comme les autres. Et c'était un compliment. Parce qu'il considérait que nous avions tous une petite pierre à poser sur l'édifice. "Tu es une employée comme les autres, Henri. Et je veux voir de quoi tu es capable, si tu comptes poursuivre dans ce milieu. C'est loin d'être facile de se faire sa place, autant commencer aussitôt que possible. Mais tu m'as l'air prometteuse alors je ne doute pas d'être agréablement surpris." Et ces quelques mots avait suffi à remplir ma poitrine d'une douce chaleur. Je n'avais trouvé de lieu où je me sente aussi à l'aise, avant d'entrer dans cet endroit.

Enfin, ce n'était pas la complète vérité. Mais le seul autre endroit où j'avais eu l'impression d'être moi-même faisait partie du passé.

« Qu'est-ce que tu fais, beauté des îles ? » Je me redresse, laissant seulement ma tête dépasser de la table. « Un début de dépression nerveuse ? » je réponds, avec une grimace. Avant de secouer la tête, passant une main dans mes cheveux. Je ne relevais même plus les surnoms de Corey, tant ils faisait partie intégrante du personnage. « J'avais compilé mes notes pour la réunion sur ma clé USB, avec les tableaux d'inspiration par rapport au dernier briefing. » je soupire, luttant contre l'envie de renverser tout ce qui se trouvait sur le bureau. « Mais je ne la retrouve pas. Et je ne peux pas arriver les mains vides, tout le monde compte sur moi et je vais être ridicule et- » Plutôt mourir, en fait. Mais peut-être que je pourrais aller chercher des cappuccinos pour tout le monde ? Comme ça, je n'arriverais techniquement pas les mains vides. Pas bête la guêpe. « Respire, ma douce. Fais comme moi. Inspire, expire. Inspire, expire. » Le rouquin se penche vers l'avant, posant ses mains à plat sur les rares espaces non occupés, prenant une profonde inspiration.  À laquelle je réponds par un sourcil parfaitement arqué. Il s'arrête, se remettant droit avant de croiser ses bras sur son torse moulé dans un tee-shirt à l'effigie de Marvel. « Ok, je vois que tes chakras ne sont pas réceptifs. » rajoute-t-il, sur un ton exagérément dramatique. Puis il penche la tête sur le côté, fronçant le nez. « Trouvons une autre méthode, dans ce cas. Essaye de te rappeler la dernière fois que tu l'as utilisée. » Je m'arrête de farfouiller, me laissant tomber sur le sol. Posant les avant-bras sur mes cuisses, j'essaye de plonger dans les méandres de ma mémoire pour retracer mon chemin. J'avais eu la petit clé en main rien que la veille, lorsque j'avais soigneusement compilé les documents en différents dossiers. Oui, je ne suis ordonnée que lorsqu'il s'agit d'électronique. J'ai même différentes playlists selon mes humeurs, déclinées en différents thèmes de couleurs. Une antithèse à elle toute seule, la dame. Tout ça pour dire que je me revois la poser sur le côté droit de mon clavier, après avoir terminé, me levant pour aller me chercher un café. Histoire de ne pas m'écrouler de fatigue sur mon fauteuil. « Oh. » je souffle. Corey plisse les yeux. « Oh ? » Je hoche la tête, me baissant pour regarder à mes pieds avant de remonter tout aussitôt. Je pensais que je l'avais peut-être fait tomber au passage. Mais non. Tristesse. Mon coude tape dans le coin de mon clavier en me redressant, le faisant glisser sur le côté et laissant apparaître un petit bâton d'un vert luisant, qui gisait au dessous. Mes joues brûlent de honte et je m'empresse de la récupérer, sous le rire tonitruant de mon collègue. « Tu es un sacré numéro, Henrietta Tollman. Tu le sais, ça ? » lâche-t-il, avec les yeux brillants de larmes et un sourire plein de dents. « Va-t-en, Corey. Tu n'as pas, genre, des retouches à faire sur tes esquisses préliminaires, par exemple ? » je grogne, dans ma barbe, son gloussement résonnant à nouveau dans l'open space. Moi, je me dépêche de rassembler mes affaires, de ranger un peu le cauchemar ambulant qu'est ma place de travail et de me préparer à la réunion qui n'allait pas tarder à débuter.

« Merci à tout le monde d'être là. » Jared est debout devant la toile qui projettera les éléments que j'ai rassemblé depuis quelques jours, toujours impeccablement vêtu d'un pull à l'effigie d'un élément de pop culture. Aujourd'hui, nous partons donc sur un noir de jais, décoré de l'éventail des Uchiwa sur son pectoral gauche. Et ça a toujours le don de me faire sourire. « Avant de laisser la parole à notre recrue à frisettes, je voudrais vous présenter la nouvelle addition à notre équipe pour les prochains mois. » Je fronce les sourcils quelques secondes, avant de me remémorer qu'il avait mentionné l'arrivée d'un stagiaire à temps plein pour les prochains mois. « Pour ceux qui n'étaient pas au courant, il va accompagner notre projet et travailler avec chacun de vous sur le jeu, dans le cadre de son stage. Je compte sur vous pour l'accueillir comme il se doit. » Je vois déjà les autres commencer à chuchoter, telles de parfaites commères. Jared lève les yeux et je croise son regard, entortillant mes doigts à cause de la pression. « Tu peux te mettre en place, en attendant. Comme ça, nous pourrons rentrer tout de suite dans le vif du sujet. » Je le regarde faire demi-tour pour retourner à la porte de la salle de réunion et je me lève, emportant maladroitement mes affaires pour rejoindre le petit ordinateur à l'arrière de la pièce. « Entre, ne sois pas timide. » murmure-t-il, avec un air engageant. Et je me revois à cette même place, bien des mois plus tôt. Pourtant, lorsque le nouveau venu s'avance dans la pièce, mon sourire s'affaisse d'un seul coup, mon souffle s'étranglant dans ma gorge. J'aurais pu reconnaître ce visage pâle, ces traits ciselés et ce regard pénétrant n'importe où. Je sens mon coeur tomber lourdement dans le creux de mon ventre. Puis se mettre à battre un rythme insoutenable, pulsant frénétiquement dans mes entrailles. « Bienvenue parmi nous, Davis. Je te laisse t'asseoir à côté de Maggie. Et la parole revient à Henrietta, pour nous présenter les ébauches de scénarios sur lesquelles nous allons nous pencher, afin de décider lequel sera le plus intéressant à exploiter. » Son ton est calme, confiant. Pourtant, quand il redresse la tête pour m'adresser un air d'encouragement, je ne suis pas capable de lui répondre.

Les mots sont coincés, j'ai l'impression d'étouffer et j'aurais donné n'importe quoi pour disparaître. Mes yeux sont incapables de se détourner du visage qui me fait désormais face, du raz-de-marée de souvenirs qui est en train de me submerger, en l'espace quelques secondes. Et ma volonté ne tient à un fil, mes dents perçant la peau fine de ma joue pour m'empêcher de lâcher un rire hystérique.

Tout mais pas ça.  
Revenir en haut Aller en bas
Davis Dawson
Troisième génération

Davis Dawson


Date de naissance : 19/11/2000
Messages : 4
Date d'inscription : 09/08/2021


Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Empty
MessageSujet: Re: Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) EmptyLun 21 Mar - 16:00

and suddenly, i wanted to disappear
Davis & Henrietta

Enfin. Ma convention avait enfin été signée. Je commençais demain matin dans cette boîte tellement réputée et que je convoitais depuis que j’avais commencé mes études. Je savais que ce stage, je devais le décrocher, qu’il serait important. Je n’avais pas le droit de passer à côté. Je démarchais la boîte depuis des années déjà. Je les contactais régulièrement, sans avoir vraiment de réponses pour les premières fois, avant que je ne me présente en personne, il y a quelques mois. De là en avaient découlées de nombreuses rencontres, avant que je ne fasse finalement signer mon sésame pour rentrer dans ces locaux en tant que stagiaire. Ce n’était que l’historie de quelques mois, mais c’était une fierté sans nom et un gage de qualité sur mon CV une fois que j’aurais terminé mes études pour d’autres entreprise, si je ne parviens pas à faire suffisamment mes preuves dans celle-ci pour me faire une place au sein de leur équipe. J’allais avoir l’opportunité de travailler dans un univers qui m’avait toujours passionné, que j’affectionnais plus que tout. D’autant plus que la mission qu’il m’avait donnée relevait du développement d’un nouveau jeu vidéo. J’allais travailler en binôme avec l’une de leur collaboratrice, bien que toute l’équipe, de ce que j’avais compris était penchée sur ce nouveau et très gros projet. Je n’attendais qu’à commencer.  Nous avions fêté mon stage autour d’un bon burger avec ma mère et mon petit frère. Ravis tous les deux de voir que j’arrivais à réussir dans un domaine où ma mère n’était pas des plus confiante. Elle m’avait suivi, sans rien dire, se contentant de me sourire et m’épauler tandis que j’avançais, lentement mais sûrement. Que je passais parfois des nuits entières à dessiner des planches d’esquisse de personnages, à rédiger des idées de scénarios, et à tenter des petites animations sur mon ordinateur. J’en voulais. Je ne comptais pas me contenter du peu. Je savais ce que je valais, et surtout, le cœur que je mettais dans n’importe lequel de mes projets. Qu’ils soient personnels ou professionnels. J’étais déterminé, rien ni personne ne pourra, ni ne saura me freiner. Un jour j’arriverais haut. Pouvoir créer de toute pièces, un concept inédit, une nouveauté qui peut-être révolutionnera le monde du jeu vidéo. C’était beaucoup d’ambition, mais au fond de moi, je savais que j’en étais capable. Je le devais aussi à ce milieu, qui pendant une sombre période, m’avait aidé à garder la tête hors de l’eau, bien qu’il abritait également quelques souvenirs, que j’aimerais parfois laisser derrière mois. Mais la vie est ainsi faite. Le passé restait le passé et je ne pourrais pas le changer.

Je crois que je passe la pire nuit de ma vie. Insomnies, cauchemars et j’en passe. Scénario parfait pour une veille de stage. Je me suis sûrement imaginé toutes les situation possibles et imaginables dans ma tête, pourtant je savais que tout se passerait bien, je n’avais aucune raison de me mettre dans de tels états, avant même d’avoir franchi la porte de la boîte. C’était profondément ridicule de se comporter de cette manière. Lorsque le petit matin avait sonné, j’avais pris le temps de me relaxer sous une douche glacée, qui au passage m’avait permis de me rendre compte de la réalité et de me réveiller un peu. Au moins, je n’aurais pas la tête des Zombies dans Resident Evil. On aurait été dans le thème, mais je doute que mes patrons apprécient le geste. Ils étaient peut-être très cools, je ne voulais pas abuser de leur gentillesse le premier jour. Je devais faire bonne impression. Bien présenter. M’intégrer à l‘équipe. Je décline la proposition de ma mère de me déposer au stage. Je préférais y aller par moi-même. Pour la simple et bonne raison que je ne savais pas exactement à laquelle je finissais et que me véhiculer moi-même me rassurais. Je ne voulais pas qu’elle ait à se déplacer si Greg avait un quelconque problème.

« Salut Davis. Comment tu te sens ? » Me questionnes mon patron, lorsque je me présente une petite heure plus tard. « Je vais bien, merci. » Je lui réponds dans un petit sourire satisfait, il traçait parfaitement le contour de mes cernes, mais qu’importe, ça ira sûrement mieux encore demain. Lorsque je serai habitué à ce nouvel environnement. « Super ! Ce matin, on a une réunion pour le projet. C’est l’occasion de te présenter à toute l’équipe, et que tu puisses prendre des informations sur ce que tu vas faire pendant les 6 prochains mois. » Il m’informe, avant d’avancer vers le couloir et de m’inviter à le suivre quand il réceptionne mon hochement de tête comme une approbation. « Je vais aller vérifier que tout va bien, attends-moi là. » J’acquiesce une nouvelle fois d’un hochement de tête et d’attendre patiemment. J’entends des voix émaner de la pièce de réunion. Ca semble être l’effervescence là-dedans. J’entends qu’il parle d’uns stagiaire, avant de venir me rechercher quelques minutes plus tard, et de m’inviter à entrer. Je me retrouve en face d’une dizaine de personnes, dont une, que je ne pensais jamais revoir. Je reste là, fixe, mes yeux incapable de regarder ailleurs. Henrietta. Certaines de nos dernières conversations remontent comme un vieil écho.  Je murmure un bref bonjour, avant d’aller m’installer à la place que l’on m’a indiquée. L’intervention ne débute cependant pas. Le regard de la jeune femme reste fixe. Elle n’avait pas changé en quelques années. Si j’avais su qu’elle travaillait aussi ici, j’aurais peut-être évité de m’y faire engager. Mais je crois qu’il n’y a pas de porte de sortie désormais. « Henri ? Tout va bien ? » Prononce notre patron tandis que je ne la lâche pas du regard. J’étais incapable de dire quoi que ce soit. Je me contente de m’enfoncer dans mon siège, de sortir ma tablette, et d’ouvrir une nouvelle page, où j’avais prévu de prendre quelques notes.

Fallait bien que le passé nous rattrape à un moment donné. Mais pourquoi maintenant ?

Revenir en haut Aller en bas
Henrietta Tollman
Troisième génération

Henrietta Tollman


Messages : 4
Date d'inscription : 11/08/2021


Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Empty
MessageSujet: Re: Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) EmptyMar 5 Avr - 21:51

and suddenly, i wanted to disappear
Davis & Henrietta

Le jeu vidéo, c'était un rappel constant de ma différence. Mais si ça avait pu me paraître négatif, par le passé, c'était devenu mon moteur pour avancer dans la vie. Je me suis toujours sentie différente de mes petites camarades, pendant mon enfance. J'aimais le rose poudré et les jupes à fleurs mais ça ne m'avait jamais empêché d'aller rejoindre les garçons pour jouer au football, à la récréation. Je sautais dans les flaques, tâchant le bas de mes pantalons. Je partais à la chasse aux insectes dans le jardin. Je débattais sur les meilleures équipes à composer, dans Pokémon. Trop masculine pour faire une amie convenable, pas suffisamment féminine pour plaire. Et ça m'a longtemps donné cette impression désagréable d'être à part, en dehors des standards. Alors que tout ce que je voulais, c'était d'être acceptée. Je voulais appartenir à un groupe. Être vue. Pendant des années, ce sentiment m'a bouffée de l'intérieur et ça a fini par se répercuter sur l'extérieur, comme le démontraient les stigmates d'un rose pâle qui striaient mes cuisses. Après le lycée, je me suis réfugiée dans mon propre monde, dans un univers qui n'appartenait rien qu'à moi. Je voulais oublier tout ce qui se trouvait autour, chasser les rires et les affiches placardées sur les casiers. Je voulais oublier l'humiliation cuisante, la culpabilité et cette saveur infiniment amère qui envahissait ma gorge. Celle de la trahison. D'une déception que je n'aurais jamais cru avoir à ressentir. J'avais trouvé un échappatoire dans les écrans et ces jeux dans lesquels je me plongeais jusqu'à ce que mes yeux me brûlent, malgré les remarques qu'ils m'avaient déjà valu, auparavant. Une fille qui joue à la console ? Forcément une geek asociale ou une lesbienne, si l'on en croyait les murmures qui serpentaient dans les couloirs. Mais je ne pouvais pas espérer mieux d'une catégorie de gens qui pensaient que le monde était soit noir, soit blanc, sans la moindre nuance. Au moins, on me foutait la paix et je possédais le plein contrôle sur les événements. Tout se décidait d'une pression sur un bouton, d'un léger mouvement sur le joystick et on pouvait recommencer la partie, autant de fois qu'on le voulait. Pendant un moment, j'aurais voulu qu'on puisse en faire de même avec la vie réelle, pour rayer l'erreur de parcours qui était venue gâcher la mienne.

Alors j'ai joué des heures, des jours, des mois. Et ce passage à vide m'a fait que confirmer mon envie d'en faire mon métier, de créer des scénarios qui sauraient émerveiller les joueurs à venir, comme ils avaient pu le faire pour moi, à leur âge.

C'est avec une appréhension grandissante que je marche en direction de la salle de réunion, mon porte-documents sous un bras et la fameuse clé USB dans l'autre main. J'étais en charge de la présentation du projet, enfin, de sa première ébauche. J'avais du m'entretenir avec les principaux acteurs de la conception du jeu, noter leurs différentes idées, essayer de les lier les unes aux autres. Rajouter quelques commentaires personnels ou des concepts qui m'auraient traversé l'esprit. Notre mission du jour étant de définir l'idée de base d'après les propositions de chacun et de la développer. Il fallait avoir la ligne directrice, le scénario dans sa globalité pour enfin commencer à travailler sur les différents aspects du jeu. De plus, Jared avait mentionné l'arrivée d'un stagiaire qui allait rester avec nous pendant plusieurs mois, suivant l'évolution du projet de A à Z. Mais j'étais loin de penser que c'était un fantôme du passé qui allait apparaître dans la pièce, mon coeur faisant une chute vertigineuse. Je me sens suffoquer, mes yeux rivés sur son visage pâle, sur les mèches sombres qui encadrent ses traits ciselés. Puis mon palpitant se met à battre à une vitesse affriolante dans ma poitrine et mes mains sont crispées sur le rebord du pupitre, à m'en faire blanchir les jointures. Mon patron me fait signe de reprendre ma présentation mais j'en suis juste incapable. Davis. Des images traversent ma rétine et je peux encore entendre les poings qui tambourinent en choeur contre les casiers du lycée. Les sifflements dans les couloirs. Mon incompréhension. Puis la révélation, glaçante. Si j'avais su que t'étais aussi bonne, sous tes gros pulls. L'impuissance. Le dégoût. Tu ne veux pas m'en envoyer, à moi aussi ? Le visage blafard de Dave et cette déchirure, dans ma cage thoracique. Les fragments de mon coeur que j'avais senti tomber un par un, en quelques secondes. Puis la colère, immense. Dévastatrice. Il me suffisait d'y repenser pour la ressentir à nouveau, pour qu'elle réinvestisse l'intérieur de mon être.

Mon regard le suit tandis qu'il salue brièvement l'équipe avant de rejoindre la place qui lui a été indiquée. « Henri ? Tout va bien ? » me rappelle Jared et je cligne des yeux, hébétée. Avant de détourner le regard du brun, secouant la tête pour revenir à la réalité. Mes lèvres se tordent et j'attrape mon paquet de feuilles pour le tasser sur le bureau. « Désolée, j'ai subitement pensé à quelque chose de très désagréable. » je lâche, en relevant mes iris pour les planter furtivement dans ceux de Davis. Puis un sourire faussement avenant étire mes lèvres, au comble de l'hypocrisie. « Bienvenue, Davis. » je souffle, avant de retrouver une expression plus professionnelle. « J'ai récolté les ébauches de chacun d'entre nous concernant le synopsis du jeu et nous sommes globalement d'accord pour partir sur un personnage principal qui partirait en quête d'un objet précis. » j'explique, en faisant apparaître le diaporama sur l'écran de projection. « Il y aura forcément un ou plusieurs antagonistes tout au long de son épopée, pour rajouter un peu de difficulté. Et j'ai retrouvé des idées communes concernant un side-kick pour aider le joueur durant l'aventure. Mais je viens de penser à quelque chose. » je lâche, jetant un regard à tous mes collègues, évitant volontairement le brun. « Si on imaginait un retournement de situation, à un moment donné ? Au moment où le personnage principal s'y attend le moins, son acolyte se retourne contre lui pour lui mettre des bâtons dans les roues. Et c'est là qu'il comprend qu'il est le réel adversaire à abattre. » je rajoute, laissant cette fois mes yeux divaguer quelques secondes vers le nouveau venu. « C'est un élément de surprise qu'on retrouve rarement dans les jeux vidéos et je trouve que ça pourrait avoir un bon potentiel. À voir ce que ça pourrait donner, si on l'approfondissait. » Puis je hausse les épaules, avant de partir sur des esquisses d'atmosphères et d'ambiances, faisant défiler les images de références qui m'avaient été envoyées. Et j'essaye tout simplement de faire comme s'il n'était pas là, comme si la vie n'avait pas décidé de m'enfoncer davantage en le mettant à nouveau sur ma route.
Revenir en haut Aller en bas
Davis Dawson
Troisième génération

Davis Dawson


Date de naissance : 19/11/2000
Messages : 4
Date d'inscription : 09/08/2021


Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Empty
MessageSujet: Re: Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) EmptyDim 28 Avr - 14:08

and suddenly, i wanted to disappear
Davis & Henrietta

Le souvenir exact du moment où je me suis mis au jeu vidéo était terriblement flou dans mon esprit. Pourtant je me souvenais encore des histoires qu’ils racontaient. Des histoires enchanteresses. De celles qui nous emmènent ailleurs. Je me souvenais des heures que j’avais pu passer, enfant, à attraper des créatures, déguisé en dresseur. Je me fichais bien du foot, des filles, des combats dans la cour de recrée. Je me revoyais encore, dessiner les contours de mon propre personnage, en me disant que peut-être un jour, je pourrais en créer un moi aussi. Tout me semblait si parfait, ailleurs, dans ces univers composés de toute pièce. En grandissant, j’était passé des petits boitiers à cartes, aux consoles sur grand écran. Tout y était passé, les jeux d’aventures, les jeux indépendants, ceux où le sang coule à flot. Je me revois encore retenir des hurlements d’effroi, tapi dans le noir tard le soir. Chevalier, viking, templier, assassin, jedi en devenir, j’étais tout et rien à la fois. Un héros, enfermé dans le corps d’un garçon qui préférait passer des heures derrière un joystick, que de voir la lumière du soleil. Ce qui me fascinait, au-delà des histoires, c’était toute la conception qui allait autour. Les graphismes incroyables, parfois terriblement réalistes. C’étaient les idées de scénarios pour les jeux à choix. L’infinité de possibilité que nous offraient les concepteurs. Les univers tellement vastes que les jeux semblaient infinis. Les différences entre les supports, tout ce que pouvait apporter la technologie. Je m’étais énormément documenté, au fur et à mesure des années, sur tout ce qui se cachait dans les studios de création. Tout ça pour en venir à la conclusion, que c’était ça, ce que je voulais faire dans ma vie. Je voulais dessiner, animer, concevoir, faire rêver les gens. Être l’inventeur du succès de demain. Être dans toutes les têtes des gens. Voir le sourire fasciné des gens qui terminaient le jeu, des étoiles dans le regard. Faire vivre ce que j’avais vécu. Alors j’avais tout donné pour entrer ici, rien qu’y faire un stage, c’était déjà un premier pas. Faire mes premières armes. C’était une petite fierté, tout le monde savait combien il était difficile d’y entrer. J’espérais sincèrement m’y plaire.

J’étais tellement excité, un peu stressé aussi, d’entrer dans l’open space, que je ne me serais jamais imaginer tomber sur elle. Henri, c’était mon passé, mon plus grand regret. Surtout, je me sentais terriblement coupable. Ce qu’on avait, elle et moi, avait été réduit en cendres. Pourtant, elle était la seule à me comprendre. On se faisait aveuglement confiance et je pensais que ce serait comme ça, pour de très longues années. Tout était si simple, jusqu’à ce que ça ne le soit plus. Jusqu’à ce que je voie la déception et la colère dans son regard. Ce jour-là, avait été probablement le pire, de toute mon existence, tout comme de la sienne. Je ne prétendais pas que c’était pire. Je n’osais imaginer combien elle avait souffert. Pourtant, j’avais eu l’impression que mon cœur s’était brisé. J’apparaissais comme le seul coupable. J’étais le seul à avoir reçu ce qui avait été placardé partout. Pourtant je connaissais la vérité, je savais que je n’avais pas collé ces clichés partout. Si j’avais démenti, personne ne m’aurait cru, alors j’avais laissé dire. Laissé faire, sans rien dire et je l’avais perdue.

La revoir là, me ramène à toute ma culpabilité, j’en ai le cœur qui se serre instantanément. Sa colère n’avait pas failli, pire encore, si elle avait eu des armes à la place des yeux, je ne serais plus de ce monde. Pourtant, je suis incapable de fuir son regard, pendant quelques secondes. J’aurais aimé, mais elle me faisait toujours l’effet d’un aimant. Le choc sûrement. Je prends place autour de la table et tente de me faire le plus petit possible. J’ai subitement pensé à quelque chose de très désagréable. Première balle perdue. Henri 1, Davis 0. Elle me souhaite la bienvenue, ce à quoi je réponds un automatique merci, terriblement discret. Je m’enfonce dans mon siège, tout en approchant mon écran de moi. Je commence à prendre des notes au fur et à mesure de ce qu’elle explique. Le but et les idées évoquées pour me faire une petite idée du projet sur lequel j’allais travailler désormais. Je la regarde à peine, je n’ose même pas lever les yeux, enfin jusqu’à ce qu’elle évoque une trahison et un réel ennemi à abattre. Si seulement tout ne s’était pas passé comme ça, putain. Je l’écoute donner ses explications avant de partir dans les ébauches. Mais j’ai un peu la sensation d’étouffer. J’ai besoin de sortir, de prendre l’air. Je me tourne vers Jared. « Est-ce que je peux sortir deux minutes, j’ai oublié quelque chose. » Je prétexte. Il hoche la tête et je me lève dans la précipitation et sort tous aussi vite de la pièce, pour aller respirer un moment. Je n’étais pas son ennemi, je n’avais jamais cherché à ce que les choses se passent comme ça. Je m’adosse contre un mur, lâchant un long soupir. Des regrets, j’en avais tellement, une ribambelle même. Je ne voulais pas que ça empiète sur ma vie professionnelle. Mais j’avais l’impression que le destin s’acharnait, qu’on me mettait une épreuve en plein milieu de la route, comme si ce qui nous avait séparé n’avait pas été assez difficile comme ça. Dans mon dos, j’entends la porte de la salle de réunion s’ouvrir et tente de reprendre contenance. « J’arrive Jared, désolé… » Je bafouille, avant de tomber nez à nez avec ce visage que je ne connais que trop bien. Eh merde.


Revenir en haut Aller en bas
Henrietta Tollman
Troisième génération

Henrietta Tollman


Messages : 4
Date d'inscription : 11/08/2021


Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Empty
MessageSujet: Re: Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) EmptyLun 29 Avr - 16:46

and suddenly, i wanted to disappear
Davis & Henrietta

Si on demandait ce que je voulais faire en cet instant précis, j'aurais une réponse toute prête à donner. M'enfuir. Loin d'ici. Le plus loin possible de cet open space que j'avais pourtant toujours apprécié mais qui me donnait subitement l'impression d'étouffer. Des regards de mes collègues. Et surtout de celui, perçant, de Davis. Davis Dawson. Le simple fait de poser les yeux sur lui me faisait retomber des années en arrière et je froisse un peu plus le tas de feuilles entre mes doigts. Son nom était un paradoxe en lui-même parce qu'il était associé à la période la plus heureuse de ma vie et aussi la plus noire. Synonyme de liesse et de douceur, autant que de douleur et d'angoisse. Il avait été la raison de mon bonheur et l'origine de mon pire cauchemar. J'avais mal physiquement, de le voir devant moi après cet enfer. Même si son visage avait suivi le cours du temps, il n'avait pas changé. Toujours cet air rêveur, comme éloigné de la réalité. Ces traits taillés à la serpe, ces longues mèches sombres qui venaient délicatement effleurer ses pommettes. Et la lueur étrange dans ses yeux, pareille à la surface d'un lac au crépuscule. À un puit de questions auxquelles on avait envie de trouver les réponses. Mon souffle s'étrangle un instant dans ma gorge et je réponds à Jared, non sans une pique adressée à l'élément perturbateur en question. Je capte la mine inquiète de Corey sur le côté, qui me fixe avec les lèvres plissées et je lui réponds par un mouvement de tête pour le rassurer. J'avais vécu bien pire, après tout. Et je n'allais certainement pas me laisser démonter par un fantôme du passé. Alors je poursuis comme si de rien n'était. Comme si Davis n'existait pas. Comme s'il n'avait pas décidé de hanter jusqu'à mon lieu de stage. Comme si je n'avais pas envie de me rouler en boule dans un coin et me mordre l'intérieur de la joue jusqu'au sang.

Le diaporama projeté sur l'écran dans mon dos, je commence mes explications à propos des éléments récupérés auprès de mes différents collègues. Le principe du jeu est classique, avec des éléments propres à son genre. Une quête, des missions à accomplir, des archétypes de personnages que l'on retrouve plutôt couramment dans cet univers. Je fais défiler les slides avec des commentaires pour appuyer les informations réunies, jusqu'à ce que Jared ne lève une main pour m'interrompre. « Est-ce que vous avez songé à quelque chose pour rendre le concept plus original ? Pour l'instant, on reste sur une base ordinaire et je crains que ça ne soit pas suffisant pour permettre au jeu d'attirer du monde. » Je hoche la tête, parfaitement d'accord avec sa critique. J'expose alors l'idée qui m'est venue en tête d'un seul coup et que j'aurais préféré avoir sans la présence de Davis dans la pièce. Malheureusement pour moi, c'était lui qui avait fait surgir cette petite graine de mon imagination. Néanmoins, je n'allais pas lui donner cette satisfaction. J'allais continuer mon powerpoint pour leur donner le temps de faire mûrir l'idée mais c'était sous-estimer mes collègues. « Transformer le side-kick en antagoniste à un moment crucial ? » s'étonne Jodie, l'une de nos informaticiennes, spécialisée dans le codage. « Absolument. » J'humecte mes lèvres, mes ongles pianotant sur le rebord du bureau. « D'habitude, on voit toujours le héros accompagné d'un personnage à la loyauté sans failles. Que l'on peut parfois même utiliser dans les quêtes et qui renforce la base de compétences du protagoniste. » Souvent, ils n'allaient pas l'un dans l'autre. Et certains duos étaient devenus légendaires avec le temps. « Mais est-ce que ça ne serait pas intéressant de créer un scénario en parallèle où le side-kick est en réalité le grand méchant de l'histoire ? » je les interroge, avec un rictus. « Je pense que ça pourrait apporter un plus, au niveau scénaristique. Une dynamique que l'on ne retrouve pas souvent dans les jeux vidéos. C'est assez linéaire quand on y réfléchit. Il y a des gentils, des méchants et rien entre les deux. » Alors que ce n'était pas le cas, dans la vraie vie.

Parfois les personnes que l'on estimait le plus étaient les premières à nous planter des couteaux dans le dos.

David se lève d'un seul coup, contournant les bureaux pour se diriger vers la sortie et mes yeux le suivent jusqu'à ce qu'il ne disparaisse de l'autre côté de la porte. « Qu'est-ce qu'il a, le rookie ? » La question de Corey est dirigée vers Jared, qui hausse les épaules. « Il m'a demandé s'il pouvait sortir deux minutes parce qu'il avait oublié quelque chose. » Je plisse les lèvres, tapotant plus fort sur le vernis du bureau. « Il a peut-être le trac ? Je sais ce que c'est, je vais aller lui parler. » je lâche, en prenant un air faussement concerné. J'avais deux mots à lui toucher. Et si j'arrivais à le faire déguerpir du bâtiment, ça me donnerait la sensation d'avoir accompli quelque chose de la journée. « Je reviens. » je souffle, avant de suivre le même chemin et de le rejoindre dans le couloir. Il déblatère des excuses sans même lever le nez avant de se figer en comprenant qui se trouve devant lui. « Toi. » je persifle, les poings serrés. Je gardais volontairement une distance raisonnable entre nous parce que je ne savais pas de quoi j'étais capable s'il se rapprochait un peu trop de moi. « Qu'est-ce que tu fous là ? » Non, ce n'était plus Davis depuis longtemps. Pourtant Dieu seul savait le nombre de fois où j'avais laissé rouler son prénom sur le creux de ma langue. « Tu es venu ruiner ma vie à nouveau ? Ce n'était pas suffisant la dernière fois, peut-être ? » je poursuis, entre mes dents serrées. « Tu ne peux pas me laisser tranquille ? Il faut que tu viennes me tourmenter jusqu'ici alors que j'ai réussi à tourner la page ? » Ma voix se brise sur les derniers mots.

Parce qu'il n'y avait pas plus pur mensonge que les paroles que je venais de proférer.

  

 
Revenir en haut Aller en bas
Davis Dawson
Troisième génération

Davis Dawson


Date de naissance : 19/11/2000
Messages : 4
Date d'inscription : 09/08/2021


Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Empty
MessageSujet: Re: Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) EmptyVen 3 Mai - 22:49

and suddenly, i wanted to disappear
Davis & Henrietta

Le diaporama défile devant mes yeux et bien que la raison me fasse un mal de chien, Henri avait raison. L’idée était franchement bien trouvée parce que novatrice et surtout, elle pourrait attirer de nouveaux joueurs. Surprendre le public, c’était là tout le but d’une sortie. Si on s’attends toujours à la même mécanique de jeu, à force, on finit par se lasser. Le but, c’était de passionner les gens, les scotcher. Ca allait forcement être une pub de dingue pour le jeu, d’autant plus à la période dans laquelle nous vivions. Le bouche à oreille se passait de plus en plus vite, quoi que l’on fasse. La publicité n’avait plus besoin de personne. Combien de fois avais-je eu envie de jouer à un jeu, parce que tout le monde n’en disait que du bien ? « Pourquoi un scénario en parallèle ? Ce serait d’autant plus impactant que ce soit le scénario principal, non ? » Commente une personne à mes côtés. Il y a des gentils, des méchants et rien entre les deux. Le monde était un vivier terriblement ambivalent. Il y a toujours deux côtés à une histoire. Deux vérités. Chacun la sienne. « Pourquoi pas un personnage principal, à la morale parfois douteuse. » Je souffle dans ma barbe, au vent. Comme si personne ne m’avait entendu. C’était tant mieux, puis de toute façon, je n’étais là que pour observer, pas donner mon avis. « Tu aurais des idées sur les motivations de l’antagoniste ? Tout peut-être possible, mais tu pensais à quelque chose en particulier ? » Continue l’homme, tandis que je fixe mes notes avec un grand intérêt, le cerveau débordant d’idées. Je le gardais en ébullition pour éviter de penser à tout ce qu’il se cachait derrière les idées de la brune, tendant tout de même une oreille curieuse. J’avais l’envie furieuse d’entendre les potentielles raisons qu’elle pensait se trouver derrière ces trahisons.

Parce qu’il y avait une part de vérité, qu’elle ne savait pas. Planquée au fond de moi, parce que c’était mieux comme ça. Parce que c’était facile de dire que ce n’était pas de notre faute, quand on apparait comme le seul coupable. Ces photos, j’avais été le seul à les recevoir, c’était de mon téléphone qu’elles avaient été extraites. Que pouvais-je faire contre ça ? Tout m’accusait. J’avais préféré laisser parler. Préférant passer pour un connard fini, tout en sachant la vérité. Personne ne m’aurait cru. Ça ne m’avait tout de même pas empêché d’en arriver là. À subir l’ignorance et les piques cachées derrière des idées certes novatrices, mais qui ne font que remuer le couteau dans la plaie. Et cette sensation me prend à la poitrine. J’ai l’impression de me sentir à l’étroit dans cette pièce. Alors je demande à sortir, quelques instants pour ne pas craquer.

Je prends quelques instants dans le couloir, pour prendre mon souffle, prendre une grande gorgée d’eau, adossé au mur du couloir. Je fixais le sol, longuement, en prenant de grandes inspirations, quand la porte s’ouvre à la volée, et je ne relève pas la tête de suite, me confondant en excuses. Mais c’est son regard à elle, que je croise finalement. Son ton est sifflant, presque menaçant. Je garde la tête haute cependant, tentant de donner une pseudo bonne figure, mais je sais parfaitement que je ne trompe personne. Elle lance plusieurs phrases à la suite, me laissant à peine le temps de parler, avant que sa voix ne se brise et que silence se fasse. « Je ne savais pas que tu serais ici. » Répondis-je simplement, en fixant son regard. « Je n’ai pas suivi le moindre de tes pas depuis la dernière fois. » Il faut dire que je n’avais plus aucune nouvelles et que je n’avais pas vraiment cherché à en avoir. Je ne voulais pas lui faire plus de mal qu’elle en avait déjà subi. « Je cherchais simplement un stage, je n’ai pas spécifiquement demandé à me retrouver dans la même salle que toi. J’aurais clairement refusé sinon. » Mes mots pouvaient paraitre blessants, ainsi dits. Pourtant, ils n’étaient que criant de vérité. Parce que je n’avais pas eu envie de croiser son regard à nouveau. Le dernier qu’elle avait laissé dans ma mémoire avait été suffisamment marquant pour que je le revois encore certains soirs. « Et je n’ai jamais voulu ruiner ta vie, Henrietta, jamais. Mais c'est si facile pour toi, de le croire.» Ca, tu le comprendras quand tu sauras la vérité. Et j’avais eu tant de fois envie d’hurler ces mots à qui voulait bien m’entendre. Moi, je n’avais jamais voulu que son bien, que son bonheur, quoi que tout le monde puisse en penser. S’il le fallait, pour que ce soit plus simple, j’aurais volontiers laissé mon poste. Je n’avais pas vraiment envie de subir une colère froide, chaque jour que j’allais passer ici. « Maintenant, si tu n’as rien d’autre à me dire, je crois qu’on devrait y retourner. » Parce que se barrer en plein milieu d’une réunion, un premier jour de stage, ça faisait moyen, sur le papier. D’autant plus, que je ne me sentais pas plus à l’aise maintenant qu’elle était seule face à moi. C’était presque moins oppressant dans une salle remplie. Eux au moins, ne savait rien et dans leurs yeux, je n’avais rien d’un monstre, contrairement à ce que je pouvais voir dans les deux iris qui me fixent.

La même haine, qu'il y a quelques années et qui n'allait sûrement pas s'arranger d'ici les cinq prochaines minutes, avant que queluqu'un ne sorte de la pièce pour nous interroger et nous ramener à la réalité.


Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé






Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Empty
MessageSujet: Re: Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1) Empty

Revenir en haut Aller en bas
Distance can't stop what's meant to be. (Henvis #1)
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Just between us :: Los Angeles :: Downtown Los Angeles-
Sauter vers: