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You’re the only one that was hard to lose | Calia #1

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Amelia Turner
Troisième génération

Amelia Turner


Date de naissance : 22/06/1999
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MessageSujet: You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 EmptyDim 6 Fév - 18:36

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Callum & Amelia

« Amelia ? On va être en retard ! » la voix de ma mère se répercute entre les murs de la maison et je ferme les yeux, quelques secondes. « J’arrive. » je fini par répondre, avant d’observer mon reflet dans le miroir. J’ai les yeux rougis par toutes les larmes que j’ai laissé couler cette nuit, par le manque de sommeil qui commence à se faire ressentir et le teint horriblement pâle. Je ne sais plus depuis combien de temps je n’ai pas vu la lueur du jour, depuis combien de semaines je reste enfermée dans ma chambre, la gorge et le coeur noués, en proie à d’incontrôlables crises d’angoisses. Apparemment, c’était normal, de traverser cette phase, de voir toutes ces années d’amélioration se briser en un millier d’éclats, mais moi, j’avais simplement l’impression de chuter depuis le haut d’un building, d’être en chute libre depuis des jours, sans savoir quand est-ce que l’impact allait avoir lieu. Je ne savais plus à quoi me raccrocher pour éviter un drame. J’avais hâte que tout ça s’arrête, de pouvoir reprendre le cours de ma vie. « Pourquoi es-tu encore en pyjama ? » je me tourne vivement vers la porte de ma chambre qui est maintenant ouverte et laisse apparaître la silhouette de ma mère, les sourcils froncés. D’un rapide revers de manche, j’essuie les larmes qui commencent à couler le long de ma joue et je vois son visage s’adoucir instantanément. Elle s’approche pour me serrer dans ses bras, caressant délicatement mes cheveux et j’hume son parfum fleuri et rassurant. « Ça va bien se passer, ma chérie. Je te le promets. Avec ton père, on ne te lâchera pas  une seule seconde. » Je le savais. Evidemment, que je le savais. Mes parents avaient été d’un soutien hors normes et ce dés le premier jour. Mais à partir d’aujourd’hui et pour les prochains mois, on allait me demander de remuer le passé, de rouvrir des plaies et je n’étais pas certaine d’en avoir la force. Je me retire finalement de cette étreinte, hochant la tête à ses paroles, plus pour la rassurée quant à mon état, que par conviction. « Je descends dans deux minutes. » Elle m’observe un court instant, sûrement pour s’assurer que je n’allais pas m’effondrer dans la prochaine minute, avant de faire chemin inverse . Au moment où j’ouvre ma penderie, j’entends ses pas descendre les escaliers et je pousse un léger soupir. C’est vêtue d’un simple jean et d’un pull bien trop large pour moi que je rejoins ma famille dans le salon. C’est ce moment bien précis que choisis une petite tête blonde pour me sauter dessus et me dire, de sa petite voix, combien elle m’aime. Ce simple geste, ces quelques mots me réchauffent immédiatement le coeur. Je me baisse pour être à sa hauteur, mes iris plongeant dans les siens. Elle avait ses yeux. « Moi aussi je t’aime. » je souffle, mon nez venant délicatement se frotter contre le sien. « Tu seras sage avec grand-maman ? » Elle hoche vigoureusement la tête avant de se mettre au garde à vous et de me sourire de toutes ses dents. « Promis, juré, craché ! »

La route jusqu’au tribunal me semble interminable. Mon visage est collé contre la vitre de la voiture et j’observe les paysages défilés, la peur commençant tout doucement à me nouer les entrailles. Puis le bâtiment apparaît sous mes yeux et j’aperçois les journalistes, réunis devant l’entrée, à attendre avec désespoir que je fasse mon apparition. Ce procès, ils l’attendaient bien plus que moi et c’était ce qui me faisait le plus peur. Ces gens-là étaient prêts à tout pour obtenir un scoop, un commentaire. Tout ce qu’ils souhaitaient, c’était de faire le buzz, d’avoir la meilleure couverture et l’article qui ferait le plus parler de lui. Ils se fichaient de ce que j’allais bien pouvoir ressentir en montant les marches du palais de justice, en sentant le poids de leur regard se poser sur moi, leur présence tout autour, comme une prison. Mes yeux croisent ceux de mon père dans le rétroviseur intérieur de la voiture et je dégluti difficilement. « On ne les laissera pas t’approcher, trésor. » Pour ce que ça allait changer, de toute façon. Je le gratifie toutefois d’un sourire forcé, avant de prendre une profonde inspiration et de quitter l’habitacle de la voiture. Mon avocate est déjà présente et nous attend quelques mètres plus loin. Nous nous empressons de la rejoindre et j’ai l’horrible impression de pouvoir m’effondrer à chaque pas que je fais. « Ne réponds à aucune de leurs questions. » m’informe-t-elle. « Je vais ouvrir la marche, mais ne t’arrête surtout pas. » Je balbutie une réponse rapide pour lui faire savoir que j’ai compris et nous nous jetons dans la gueule du loup. Je me retiens de rabattre ma capuche sur ma tête, me contentant d’avancer la tête baissée, laissant mon père répondre aux journalistes insistants et ma mère me guider jusqu’à l’intérieur. Mais j’entends leurs interrogations, je vois les flashs de leurs appareils photos et tout ça me donne la sensation d’étouffer. Quand les portes se referment derrière nous, je tremble de tout mon soûl et il me faut quelques secondes pour reprendre mes esprits. « Ça va… Je vais bien. » je marmonne en serrant les dents. Je serre les poings et gonfle mes poumons d’oxygène. Je pouvais le faire. Mais quand je relève la tête, mon regard se pose sur son visage, sur ses mèches rebelles et je crois que mon coeur se brise une nouvelle fois. Cinq ans. Ça faisait cinq ans que je n’avais pas eu de nouvelles de lui, cinq ans qu’il me manquait terriblement. Cinq ans que j’essayais de comprendre comment avancer sans sa présence à mes côtés. « Je dois lui parler. » Je vois la mâchoire de mon père se déformer, mon avocate secouer négativement la tête, mais je m’en fiche. « Juste quelques minutes, s’il vous plaît… » Maître Wackner finit par céder à ma demande, me faisant promettre de ne pas m’éterniser. « On t’attend plus loin, chérie. » J’attends que mes parents s’éloignent pour aller à sa rencontre, mon palpitant battant à un rythme insoutenable dans ma poitrine. « Cal ? » je demande en arrivant à sa hauteur ; la voix tremblante. « Je… » Pourquoi est-ce que je fais ça ? Est-ce qu’on a réellement autant de choses à se dire après toutes ses années ? « Je voulais juste te saluer… » je termine, avant de tourner les talons.


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Callum Holloway
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MessageSujet: Re: You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 EmptyDim 6 Fév - 21:43

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« Callum ? » Je suis aveugle. Je suis sourd. Je suis muet. Je suis tout et rien à la fois. Je suis le présent, ployant sous le poids écrasant du passé. Je suis la peur et l'angoisse, qui s'entremêlent et serpentent le long de ma trachée pour venir s'enrouler fermement autour de ma gorge, qui sinuent pour venir enserrer douloureusement mon coeur. « Chéri ? » J'ai mal. J'ai froid. Les murs sont ternes, j'ai eu tout le temps nécessaire pour compter la moindre lézarde présente à leur surface. Je ressens le moindre bleu, la plus petite ecchymose qui parsème ma peau. J'éprouve encore et encore cette sensation de vide, d'être tiré hors de mon corps et d'observer la suite de ma déchéance, de ce quotidien plongé dans le noir. J'ai faim. J'ai envie de me rouler en boule et d'attendre jusqu'à mon dernier souffle. Puis j'entends le cliquetis d'un chaîne et je croise son regard, j'effleure son visage émacié du mien. Et je me rappelle. Je me remémore la raison qui me pousse encore à me battre, à lutter sans répit. À garder espoir, même si je sens que les limites s'estompent petit à petit, à mesure des jours qui passent. « Callum ? Ouvre-moi ! » Ce sont les coups portés brutalement à la porte qui me font revenir à la réalité et je déglutis avec difficulté, passant mes deux mains sur mon visage et glissant mes doigts dans mes cheveux avant de me lever pour aller lui ouvrir. Ses iris scannent mes traits tirés, les cernes violacées qui soulignent les yeux, la pâleur de mon teint et le fouillis de mes cheveux. Je n'ai pas fait le moindre effort, le peu de volonté que je possède résidant dans mes jambes pour leur demander de tenir suffisamment longtemps et je vois l'inquiétude percer, creuser des sillons sur son visage. Mais j'ai l'impression qu'un feu est en train de ronger ma poitrine, morcelant mon coeur en milliers d'éclats. J'ai le sentiment d'être une ombre, une carcasse que l'on tente désespérément de remplir alors qu'elle fuit de toute part. « Je ne peux pas, maman. » je murmure, sur un ton quasiment inaudible. J'ai envie de gerber, de vomir tout le mal-être qui me consume depuis des années. De déverser tout ce miasme dégueulasse qui gît dans mes entrailles, qui me donne l'impression de suffoquer pratiquement toutes les nuits. Il y a des soirs où je suis terrifié à l'idée de fermer les yeux, où je me débats pour ne pas sombrer dans le sommeil. Ses doigts glissent le long de ma joue pour la prendre en coupe et je lève les yeux pour croiser les siens, pour qu'elle puisse voir la détresse qui m'habite, l'agonie qui me bousille, un lever de soleil après l'autre. « Je ne peux pas. » Son pouce vient caresser ma peau, l'espace de quelques instants et je ferme momentanément les paupières. « Il le faut, mon coeur. » Je sais. Je sais. Mais ça signifie qu'il va falloir remuer des choses que j'ai essayé de toutes mes forces d'enterrer pour pouvoir avancer, pour pouvoir prétendre à un avenir. « Ton père et moi serons à tes côtés, tout du long. Et tu pourras enfin tourner la page, après tout ça. Complètement. » J'aurais aimé croire en ses paroles. Mais je sais que ces trois années me suivront toute ma putain de vie, sans le moindre répit.

Lorsque nous atteignons le parking du tribunal, mon ventre est noué. Je me sens nauséeux, recroquevillé sur la banquette arrière et je croise le regard de mon père dans son rétroviseur central. Puis je prends quelques profondes inspirations, repliant mes doigts pour ne plus avoir à les regarder trembler, m'extirpant du véhicule. Mais soudain, je suis aveuglé par un flash, suivi d'autres et je brandis mon bras devant mes yeux pour m'en protéger. J'entends à peine les questions parfaitement intrusives qui me sont posées sur un ton avide, les grondements de mon père pour les faire reculer. Je vois une perche se tendre au-dessus de ma tête et une profonde colère m'envahit d'un seul coup, à la vue de ces charognards qui se nourrissaient du malheur des autres. « Vous me dégoûtez, tous autant que vous êtes. » je crache, avant de fendre la foule comme un boulet de canon pour m'en dépêtrer. Ils n'avaient pas la moindre considération pour mes sentiments, pour la douleur que je sentais pulser dans ma poitrine en cet instant. « Laissez-moi passer, putain ! » J'enfonce la capuche de mon pull noir sur ma tête, donnant un coup d'épaule à l'un d'entre eux pour forcer le passage et gravir la volée de marches donnant sur l'entrée du bâtiment. Une fois à l'intérieur, je fais quelques pas avant de me laisser tomber sur un banc, la tête dans mes mains. Mes jambes étaient parcourues de soubresauts et je puisais dans toute la force que je possédais pour ne pas faire demi-tour et fuir aussi loin que possible de cet endroit. Je reconnais la voix de mes parents, sur le côté, qui parlent avec notre avocat mais je continue à regarder le sol, à suivre le contours des motifs gravés dans le marbre. J'essayais de me concentrer pour rester en un seul morceau, de retrouver un semblant de calme et d'apaiser l'ouragan qui fracassait tout sur son passage, à l'intérieur de moi. Cependant, la porte s'ouvre à nouveau et un brouhaha retentit quelques secondes, suffisant pour me faire lever les yeux. Mais mon coeur s'arrête de battre dans ma poitrine et je me fige, oubliant même de respirer. Ce visage. Ces yeux. Cette silhouette mince, qui disparaissait sous des habits trop larges. Cette voix douce, qui agissait comme un baume sur mon âme, à défaut de pouvoir soigner mes blessures. Cinq ans que je continuais à errer sur cette terre alors que la seule chose que je voulais, c'était de la parcourir à ses côtés. Cinq ans que je mourrais d'envie de la voir, de lui parler, de la glisser entre mes bras. Tout me ramenait à elle, inlassablement. Pourtant, je suis immobile, incapable de bouger. Et mon palpitant, il hurle à la mort. Il crie son désespoir. Sa tristesse. Il se lamente de son absence, de la perte qui en fissurait la surface.

Je cligne des yeux et elle est devant moi, bousillant toutes les étapes accomplies jusqu'à cet instant. Je suis Callum et j'ai quatorze ans. Je découvre Amelia dans cette pièce insalubre, sa cheville reliée à une chaîne, elle-même reliée au mur. Je suis Callum et je me jette devant elle, insolent pour lui offrir quelques heures de répit. Je suis Callum, j'ai seize ans, je suis amoureux d'elle et je m'imagine un autre monde, où je peux marcher dans l'herbe verte, sa main dans la mienne. Je suis Callum et j'ai dix-sept ans, je suis enfin libre mais je dois la regarder partir, la regarder m'être enlevée parce que tout ça n'a rien de normal. Malsain malsain malsain. Mes yeux glissent sur ses traits, sur le léger arrondi de ses joues que je n'avais jamais eu la chance de connaître et je souffre en entendant la fêlure dans sa voix. Mais elle détourne déjà et mon corps se meut sans prévenir, comme doué d'une vie propre. Mes doigts s'enroulent autour de son poignet pour l'arrêter. « Attends. » je murmure, faiblement. Je suis Callum, j'ai vingt-deux ans et passe un seul jour ne passe sans qu'elle ne traverse mes pensées, sans que je ne ressente le creux béant qui gisait dans ma poitrine parce qu'elle ne se trouvait plus côté. « Est-ce que ça va ? » je lâche, sur un ton encore plus bas, presque craintif. Je savais que rien n'allait, qu'elle vivait le même enfer. Mais je voulais l'entendre, de sa propre voix.

Est-ce que toi aussi, tu as mal ? Est-ce que toi aussi, tu marches en équilibre au bord du gouffre, avec cette ferme impression que la chute est inéluctable ?  




@Amelia Turner You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 899621402
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Amelia Turner
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MessageSujet: Re: You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 EmptyDim 6 Fév - 23:27

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Je n’avais jamais menti à mes parents avant ce soir-là, pas même un tout petit mensonge, rien. Sans doute parce que j’avais toujours obtenu ce que je voulais, parce qu’ils ne m’avaient jamais rien refusé. Jusqu’à ce jour. Une amie avait obtenu des billets pour un concert d’un groupe qui commençait tout juste à percer et qu’on adorait, au Orpheum Theatre et auquel je mourrais d’envie d’assister. Mais quatorze ans, du point de vue de mes parents, c’était trop jeune pour que deux jeunes filles de notre âge s’y rendent, et ce malgré la présence de la sœur de Marta, majeure et responsable. Je les avais supplié, pendant des jours, allant jusqu’à promettre de faire toutes les tâches ménagères  possibles et inimaginables en retour, mais ils étaient restés campés sur leur position. Alors j’avais décidé de mentir. Officiellement, Marta avait donné ses billets à son aînée et nous allions noyer notre immense déception et tristesse devant un film, au cinéma. Officieusement, j’allais passer la plus belle soirée de ma vie en compagnie de ma meilleure amie, à chanter jusqu’à en perdre notre voix. Et ça avait été le cas. Je me souviens avoir quitté la salle de concert aux alentours de vingt-deux heures trente, après avoir obtenu une dédicace de chacun des membres du groupe sur mon tee-shirt, plus euphorique que jamais, chantant à tue-tête leur dernier single. « Lia, Lia ! Est-ce que tu as vu qu’il m’a effleuré la main ?! » La brunette s’était avancé vers moi en sautillant et en poussant des petits cris stridents et je l’avais rejoins dans cet excès de bonheur. Nous étions deux adolescentes insouciantes et en train de vivre un rêve éveillé. « Ouiiiiii ! C’était magique ! » On aurait pu sauter et danser jusqu’au bout de la nuit si Dulcia ne nous avait pas rappelé à l’ordre depuis la voiture. Elles avaient un couvre-feu à respecter et, quant à moi, mes parents allaient finir par se poser des questions si je ne rentrais pas rapidement. « T’es sûr que tu ne veux pas que je te ramène ? » N’habitant pas excessivement loin, moins d’une vingtaine de minutes à pieds et craignant que mes parents ne se doutent de quelque chose en me voyant arriver avec Dulcia, j’avais préféré décliner la proposition. « Je t’envoie un message quand je suis chez moi. » Marta avait hoché la tête, un sourire remontant jusqu’à ses oreilles avant de disparaître dans l’habitacle. Aucune de nous ne se doutaient qu’il n’y aurait pas de messages et encore moins de lendemain. Si j’avais su,… Je m’étais longtemps répétée que ce qui m’était arrivé était entièrement de ma faute, que j’avais provoqué le destin ou le karma. J’avais voulu jouer avec les règles, braver les interdits, semé toutes les graines nécessaires pour en récolter les conséquences, je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. Oui, si j’avais su, j’aurais fait les choses différemment. Mais comme on dit, avec des si, on pourrait refaire le monde. Et mon monde, il était malheureusement brisé à jamais.

Trois ans de captivités. Trois ans à imaginer ce qu’il pouvait bien se passer à l’extérieur. Trois ans, enfermé avec ce garçon, que j’avais vu grandir et changer. Ce même garçon qui m’avait protégé tellement de fois, qui avait trinqué à ma place pour me laisser un peu de répit et qui avait réussi à voler mon coeur, malgré toutes les horreurs que nous vivions. Combien de fois est-ce que nous avions rêvé de ce qu’aurait pu être notre vie dehors, ensemble. Combien de fois est-ce que je m’étais laissée bercer par cette douce illusion, par cet espoir de sentir le vent fouetter mon visage, de marcher sur le sable chaud d’une fin d’été, sa main logée dans la mienne. Le cauchemar avait fini par prendre fin, oui, mais notre relation aussi. Du jour au lendemain, il m’avait été arraché, provoquant une douleur aussi violente que celle subit durant ces presque mille-cent jours enfermés. L’éloignement n’avait fait qu’agrandir le trou déjà béant dans ma poitrine et pas un seul jour ne s’était écoulé sans que je n’attende son retour, sans que je prie ma bonne étoile de le ramener à mes côtés. J’avais tout perdu. Mon adolescente, mon innocence et la seule personne capable de me comprendre. Nos retrouvailles se faisaient dans le pire contexte qu’il pouvait exister et je sens l’angoisse envahir de nouveau tout mon être. Au fond, ce que je craignais le plus de cette journée, c’était lui. Je n’avais jamais cessé de l’aimer et même le temps ne possédait pas la capacité d’effacer les sentiments que j’éprouvais à son encontre. Et je m’en foutais de ce que les gens autour de nous pouvaient penser, de la toxicité de notre relation. Parce que toutes les personnes qui se permettaient de juger n’avait aucune putain d’idée de ce qui nous unissait. Mon coeur lui appartenait, pour toujours, même si ça me faisait mal, même si parfois, j’aurais aimé pouvoir me l’arracher pour ne plus jamais ressentir la douleur. Comme en ce moment. Le revoir, ça fait remonter tellement de choses en moi. Croiser ses yeux, ça me rappelle la petite tête blonde qui attend mon retour à la maison et qui n’a jamais eu la chance de connaître son père, le fruit d’un amour jugé malsain, alors qu’il était tout ce qu’il y avait de plus doux. Peut-être que finalement, je n’aurais pas dû l’interpeller. Peut-être que les choses étaient mieux ainsi. Alors je fais demi-tour, aussi rapidement que je ne suis arrivée, un nœud maintenant présent dans mon estomac. Mais je sens sa main se refermer délicatement sur mon poignet, un murmure s’échappant de sa bouche. Je me tourne dans sa direction, mes mains venant se loger dans les poches de mon sweat. Est-ce que ça va ? Incapable de répondre quoi que ce soit, un silence s’installe entre-nous, pesant, étouffant. « Parce que toi, ça va ? » je demande en relevant la tête dans sa direction. Non, il ne va pas bien. Je peux le lire dans son regard, aux traits tirés de son visage et aux cernes sous ses yeux. On ne pouvait pas aller bien, c’était impossible. « Toi aussi, tu n’arrives plus à dormir ? » je demande faiblement. « Je fais des cauchemars tous les soirs. Je revis chacune de ces journées en boucle et… » Ma voix se brise, les mots restent coincés dans ma gorge, aussi brûlant qu’une boule de feu. « Et parfois, j’aurais aimé ne pas survivre… »


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MessageSujet: Re: You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 EmptyMer 9 Fév - 20:23

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J'ai toujours pensé que les drames, ça n'arrivait qu'aux autres.  Qu'ils n'étaient réservés qu'aux scénarios des séries télévisées, qu'ils arrivaient dans d'autres endroits sur cette planète. J'ai toujours eu l'intime conviction que j'étais à l'abri du malheur, vivant dans une parfaite inconscience du danger qui nous entourait au quotidien. Mes parents n'ont jamais été très à cheval sur les règles et je peux me targuer d'avoir eu une grande liberté pendant mon enfance, vagabondant à gauche et à droite dans le quartier pour retrouver mes compagnons de jeu. Je rentrais tard le soir, parfois. Je disparaissais pendant des heures pour aller taper dans un ballon ou mettre quelques paniers au terrain vague avec mes voisins. Je n'ai jamais aimé être enfermé à l'intérieur, préférant la brise s'échouant sur mon visage et la possibilité d'aller ici et là, en toute conscience. Je n'ai pas eu l'ombre d'un doute, un grain de méfiance quant à mon existence, voguant à gauche et à droite sans me préoccuper d'une éventuelle menace. Jusqu'à ce qu'elle s'abatte sur moi, sans prévenir. Jusqu'à ce qu'elle m'engloutisse complètement, sans me laisser la chance de m'y préparer. Je me souviendrais toute ma vie de mes quatorze ans. De cette soirée orageuse, celle qui avait inauguré le début du cauchemar, de l'enfer dans lequel j'avais sombré pendant trois longues années. Je peux presque ressentir à nouveau les tremblements qui m'avaient traversé, le bruit infernal de la pluie qui se déchaînait sur le toit, du vent qui soufflait et de l'abattement qui ployait sur mes épaules. J'avais raté le bus et l'attente était interminable. Je crevais de froid, j'étais incapable de prévenir mes parents pour qu'ils viennent me chercher et je désespérais de le voir arriver pour m'y réfugier. Puis il y avait eu les phares d'une voiture qui m'avaient aveuglé, une fenêtre qui s'était ouverte, un visage qui s'était penché sur le côté pour m'adresser la parole. Des traits relativement sympathiques, une proposition tout à fait alléchante. J'aurais donné n'importe quoi pour me téléporter chez moi, enfiler un jogging et me rouler en boule devant la cheminée. Et j'avais endormi la pointe d'inquiétude qui s'était réveillée à l'idée de monter dans le véhicule d'un parfait inconnu. Si j'avais su, j'aurais préféré savourer la douleur de mes pieds glacés et l'humidité qui me collait à la peau, plutôt que de refermer la portière et d'attacher ma ceinture. Parce que je me souviens seulement d'avoir indiqué une rue avant de sentir une aiguille s'enfoncer dans mon cou, suivi d'une langueur impossible à combattre, m'attirant dans le néant.         

Après ça, les ténèbres s'étaient refermées sur moi, enserrant mon âme et y laissant une trace parfaitement indélébile.

Et je vois des images passer en vitesse accélérée devant mes yeux, lorsqu'ils se posent sur le visage d'Amelia. Les chaînes et leur bruit métallique qui tintait au moindre mouvement, qui mordait la chair de ma cheville. Ses traits émaciés, l'ecchymose violacée qui teintait sa peau pâle. Ses suppliques lancinantes, de l'autre côté du mur. La douleur qui pulsait dans le moindre recoin de ma carcasse et les plaies boursoufflées dans mon dos. Sa silhouette qui apparaissait lorsque la porte s'ouvrait et la nausée qui se faufilait le long de mon œsophage quand mon regard se portait sur lui. La faim. La froid. L'angoisse. Le dégoût. Et je crois que ça a été l'émotion prédominante, pendant un peu plus d'un millier de jours. Tout me donnait envie de vomir. Notre quotidien. Les sévices, infligés à la jeune fille, à moi, à nos esprits si fragiles. L'impression de s'être perdu en route, d'être parfaitement étranger à sa propre personne. D'être tellement sale. Et le seul réconfort que j'avais trouvé dans toute cette horreur, c'était Lia. Je ne saurais jamais expliquer l'origine de mes sentiments, surtout dans un tel contexte. Mais nous étions la seule chose qui restait à l'autre, là-bas. Il n'y avait plus aucun autre espoir que celui de se raccrocher à cette épaule, à cette peau chaude et bienveillante. Mon monde s'était résumé à son souffle tiède contre ma gorge, à son corps lové contre le mien et à nos rêves étouffés dans l'oeuf. Jusqu'à pouvoir respirer à nouveau l'air frais et comprendre que nos plans pour le futur n'allaient jamais éclore. Tout s'était brisé et si j'avais cru que ma captivité avait été le pire, c'est parce que je n'étais pas encore conscient que j'allais perdre tout ce qu'il me restait de plus cher au monde. Amelia avait disparu de ma vie, pour mon "bien" pour me permettre d'avancer sans avoir un rappel de ces années de terreur à mes côtés. Le monde entier pensait que c'était pour le mieux, que nous allions guérir plus rapidement sans la présence de l'autre pour lui rappeler le passé. Pourtant, tous mes efforts, ils s'effondrent comme un château de cartes après un courant d'air. Parce que ce qu'ils n'avaient pas compris, c'est qu'ils m'avaient enlevé la seule personne qui m'avait permis de tenir debout. Et je vivais à demi depuis cinq ans, errant à la surface de cette planète sans le moindre but.

Parce que toi, ça va ? Mon regard croise le sien et mes lèvres s'étirent à peine, en un sourire qui est loin de remonter jusqu'à mes yeux. « Je pense que ça se lit suffisamment sur mon visage. » En parfait miroir de ses traits fatigués, de sa pâleur maladive et de la lueur hantée qui flottait au creux de ses iris. Deux âmes en perdition, qui ne faisaient que survivre maladroitement depuis des années. « Difficilement. » Et je crois que ma voix se brise un peu, sur ce simple mot. Je l'écoute me décrire ma situation presque quotidienne et ça en est presque risible. Nous n'avions pas changé, rien n'avait évolué. Son absence n'avait fait que renforcer le manque et la douleur, qu'accentuer les souvenirs partagés ensemble, aussi terribles soient-ils. Mon coeur se fissure un peu plus à ses paroles.  « J'y ai pensé aussi, certaines fois. » Nier cette vérité aurait été mentir. Mon corps se meut, poussé par un réflexe ancré jusque dans la moelle de mes os. Je fais un pas en avant et je referme mes bras autour d'elle, l'espace d'un instant. « Mais ça reviendrait à lui concéder la victoire. Et que je refuse que ce fils de pute se permette de croire qu'il aura toujours le dessus sur nous. » je souffle, profondément amer. Puis je recule tout aussi vite que j'avais approché, des fourmis au bout des doigts. Les mots essayent de se frayer un chemin et ils me donnent la sensation d'avoir une pelote d'épingle dans la gorge. Il y avait un millier de choses que j'avais envie de lui dire mais ce n'était ni l'endroit, ni le moment. Pourtant je craignais que ça ne soit le seul avant longtemps. Et j'éprouvais un sentiment d'urgence qui me dévorait de l'intérieur. « Tu m'as manqué, Lia. » Je ne savais pas si je pouvais me permettre de le dire, après toutes ces années. Mais c'est la stricte et putain de vérité. Pas un jour n'était passé sans qu'elle ne m'accompagne, malgré tout. Et si j'avais été moins peureux, j'aurais peut-être fait quelque chose pour la retrouver.  



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MessageSujet: Re: You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 EmptyJeu 10 Fév - 9:19

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Comment oublier quelqu'un qui, pendant des années, avaient été notre seul repère, l'unique personne capable de nous apaiser et de nous offrir un peu de lumière dans un quotidien si sombre ? Ce n'était pas possible. Pendant trois ans, Callum avait été le point central de mon univers, d'abord comme un simple compagnon, puis comme un ami et confident, et pour finir, comme le garçon dont j'étais tombée amoureuse. Et même si on mettait les sentiments de côtés, aussi forts soient-ils, il n'en restait pas moins la seule personne capable de me comprendre, celle qui, d'un simple regard, comprenait. Ce que j'avais vécu, ce que j'avais ressenti, enfermée dans cette pièce, il l'avait traversé avec moi. Nos peurs, elles étaient les mêmes. Nos cauchemars, ils se ressemblaient. Nos vies, entremêlées à jamais. Aujourd'hui encore, malgré la décision de nos parents de nous éloigner, soit disant pour nous permettre de nous reconstruire, je ressentais cette inévitable connexion avec lui. C'était comme si j'étais inlassablement attirée à lui, comme si les fondements même de mon existence n'avaient plus aucun sens sans sa présence à mes côtés. Et nous n'étions pas si éloigné de la vérité. Je n'avais jamais réussi à remonter la pente, à tourner définitivement la page. De toute façon, après avoir subi toutes ces horreurs, est-ce qu'on en était réellement capable ? J'en doutais. J'allais devoir vivre, plutôt survivre, avec le poids de ces mille jours sans voir le soleil, au poids des gestes et des mots de cet enfoiré. Je ne pourrais jamais oublier. Et je savais que Callum non plus, ne le pourrait jamais. Et affronter cette réalité, ces souvenirs, je n'en étais pas capable sans lui. C'était la chaleur de ses bras et la douceur de ses paroles qui m'avait permis de tenir face à cet Enfer, rien d'autre.

Jusqu'à ce que tout bascule et qu'il ne soit plus question que de nous deux.

La dernière année, j'avais vu mon corps changer, mon ventre s'arrondir pour y abriter la vie. Je ne me sentais pas prête à être mère et pourtant j'avais aimé cette petite créature à la minute où j'avais compris. Elle était le résultat d'un amour sincère et profond, d'une union charnelle emplie de tendresse et de bienveillance. Sa présence, dans le creux de mon ventre, m'avait permis de me raccrocher à l'espoir de quitter cette prison, de donner naissance à cet enfant à l'extérieur, loin de tout ce cauchemar. J'y avais cru, pendant neuf mois, en vain. Je me souviens à peine du jour où elle est née, un voil noir et opaque masquant le moindre de mes souvenirs. Tout ce dont je me rappelle, c'est de ses premiers pleurs, qui avaient déchiré mon cœur de maman, puis de ces mains immondes, arrachant ce petit être de mes bras pour l'emmener. Et des larmes qui avaient coulé sans interruption le long de mes joues, pendant des jours, ressentant son absence dans chaque parcelle de mon âme. J'avais à peine eu le temps de la tenir contre moi, de lui dire combien je l'aimais et combien j'étais désolée de lui faire vivre ça. Nous n'avions même pas eu le temps de lui trouver un prénom. Mais le pire, ça avait été de ne pas savoir, d'ignorer ce qu'il avait fait d'elle, de si elle allait bien... En revanche, pendant ces longs mois de séparation, j'avais toujours eu l'intime conviction qu'elle était en vie. Même après notre libération, même quand la police avait assuré à mes parents le contraire. Oui, une disparition d'enfants finissaient souvent de la pire des manières, mais nous étions toutes deux, Callum et moi, des parfaites exceptions. Ils l'avaient retrouvé, quatre mois plus tard, et je ne pourrais jamais oublier la sensation incroyable que j'avais éprouvé en la blottissant tout contre moi. Ma petite fille, mon petit trésor. Elle était dotée d'une force de caractère digne de celle de son père. Père qui avait refusé de la reconnaître, de prendre soin d'elle... Et je n'arrivais pas à associer cette décision avec le Callum que j'avais connu, celui qui avait murmuré tant de si jolis mots à mon ventre rond, qui pouvait passer des heures à le caresser, dans l'attente de sentir les coups y être donné. On ne lui avait pas laissé le choix, je le savais. Mais malgré tout, je ne pouvais pas m'empêcher de ressentir une pointe de déception et de rancœur. Parce qu'il ne s'était pas battu pour elle, pour nous. Et cette sourde colère, elle attendait simplement le bon moment pour faire surface et balayer tout le reste sur son passage.

« Tu as une sale tête, oui. » je réponds simplement, en haussant les épaules. Toutefois, un petit sourire désinvolte étire mes lèvres. Puis mon regard se baisse, se détourne, lorsque nous passons tous les deux aux aveux. Évidement que de telles pensées nous avaient traversé l'esprit à de nombreuses reprises, évidemment que l'envie de mourir était parfois plus forte que tout le reste. Mais j'avais eu la chance d'être portée par la plus belles raisons de ne pas mourir. Ma fille était, à ce jour, mon point d'ancrage. Elle illuminait mon quotidien de sa constante bonne humeur et de ses petits éclats de rire. Et j'aurais aimé savoir ce qui l'avait aidé à rester debout, pendant tout ce temps, mais ma question n'a pas le temps d'être prononcée. Je le vois rompre la distance, avant de sentir ses bras se refermer dans mon dos. Ma respiration se coupe, quelques infimes secondes et je me fige, incapable d'effectuer un seul mouvement. Mais je me délecte de sa chaleur, de ce sentiment de protection qui m'envahit et de son odeur, que je n'avais jamais réussi à oublier. Il rompt le contact, bien trop rapidement, mais je ne dis rien. J'accepte simplement le froid qui colonise de nouveau mon corps. « Il l'aura toujours, Cal... » je souffle, la mort dans l'âme. « C'est inscrit en nous. » J'avais oublié l'idée d'arriver, un jour, à reléguer au second plan tout ce que j'avais vécu. Ça allait me poursuivre et ce durant toute ma vie. Parce qu'il suffisait d'une seule chose, aussi infime soit-elle, pour que tout se rejoue dans mon esprit. « Tu m'as manqué aussi. » Tellement. Puis un silence s'installe et je sais que l'heure tourne, que le début su procès ne va pas tarder à commencer et que ce moment prendra bientôt fin. Et c'est en recroisant pour la énième fois son regard, que les mots qui me brûlaient la langue finissent par s'échapper. « En fait, elle s'appelle Petal. Et elle a tes yeux. »
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Callum Holloway
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MessageSujet: Re: You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 EmptyDim 27 Fév - 14:49

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Lorsque nos chemins se sont séparés, un peu malgré nous, j'ai ressenti un creux béant dans le centre de ma poitrine. Un gouffre, d'une profondeur incommensurable. Parce que l'on m'enlevait la seule chose de bien dans ma vie, la seule lueur dans toute cette obscurité. Parce que l'on coupait ce lien que l'on avait forgé dans la terreur et l'angoisse, que l'on avait consolidé en se promettant monts et merveilles pour ne pas abandonner tout espoir. Amelia avait été le centre de mon univers tout entier, pendant trois ans. Je me levais à ses côtés, pelotonnés dans cette couverture mince et effilochée. J'avais vu ses traits perdre leurs rondeurs adolescentes pour arborer une grâce plus adulte, malgré la maigreur de son visage. J'avais vu mes sentiments évoluer, grandir, de manière exponentielle. Passer d'une solidarité dans l'horreur, d'un besoin de se retenir l'un à l'autre pour ne pas sombrer complètement à des émotions plus pures, plus fragiles, plus intenses. J'étais tombé amoureux d'elle, sans trop savoir comment, au beau milieu de ce cauchemar. Et malgré la peur encore plus grande que ça avait pu m'inspirer, cet amour avait été notre fil d'Ariane pour survivre dans ce sombre labyrinthe. Pire encore, il avait été consumé et avait porté des fruits. J'avais éprouvé quelque chose d'indescriptible, lorsque nous avions compris ce qui était en train de se produire. Lorsque son ventre avait commencé à s'arrondir, que des nausées étaient venues interrompre notre quotidien. Une crainte si grande, une inquiétude dévastatrice. Pendant neuf mois, qui m'avaient semblé interminables, nous avions prié pour sortir d'ici, pour retrouver la lumière du jour. Pour permettre à cet enfant, à notre enfant, de vivre aussi loin que possible de l'enfer terrestre dans lequel il avait été conçu. Mais je peux encore ressentir la brûlure dans le creux de ma gorge, à force de crier pour qu'il me laisse la rejoindre, pour qu'il me laisse sortir de cette pièce dans laquelle il m'avait jeté et avoir l'opportunité de tenir la main d'Amelia dans cette épreuve. Personne ne m'avait répondu et j'étais resté seul, avec ses geignements de douleur comme bruit de fond. Puis j'avais retrouvé la fille que j'aimais dans un état presque catatonique, murée dans le silence, les yeux obstinément dirigés vers le mur. J'avais séché un torrent de larmes, qui ne semblait jamais vouloir se tarir. Et j'avais pleuré, moi aussi, l'absence d'un bébé qui aurait du se trouver dans nos bras, auprès de nous.

À notre sortie, il n'y avait eu personne pour nous redonner foi en elle, pour nous assurer qu'ils allaient la retrouver saine et sauve. Nous étions des exceptions, disaient-ils. Lia y croyait, de toutes ses forces. Elle le sentait. Et j'avais aimé le croire, à mon tour. Jusqu'à ce qu'ils conseillent de nous séparer, pour nous permettre d'aller de l'avant, de passer outre ce calvaire et ces années de détention dans le noir. Jusqu'à ce qu'ils insinuent que notre amour n'était que le fruit malsain d'une captivité qui ne nous avait pas vraiment laissé d'autre choix. Mais je refusais d'y accorder la moindre importance. Parce que je savais ce qui se tramait dans ma poitrine, à l'intérieur de ce membre palpitant. Puis je l'avais senti s'arrêter, l'espace de quelques secondes, lorsque mes parents m'avaient annoncé qu'elle n'était plus, que l'enfant avait été retrouvé sans vie. Que la fille que je n'avais même pas eu la chance de voir un seul instant était déjà partie, venant s'ajouter à la liste des drames par lesquels nous étions déjà passés et qui ne semblait que s'allonger, mois après mois. J'ai pensé à me foutre en l'air, certains jours. À bouffer des médocs pour m'endormir et ne jamais me réveiller, à me jeter sous les rails d'un train pour ne plus avoir à affronter la réalité de mon existence. Je n'avais plus rien à perdre, parce que tout m'avait été arraché. Et je n'aurais jamais su faire face à mon quotidien si mes parents n'avaient pas été sur mon dos à chaque jour qui se levait. À me remettre dans le droit chemin, à me rappeler que ma vie était précieuse et que je n'avais pas à y mettre fin, parce que ça aurait été lui donner raison, lui remettre la victoire. Alors j'avais continué à me battre, matin après matin, malgré les jours nuageux qui parsemaient mes semaines. J'avais continué à persévérer, à essayer de retrouver des repères, à vivre aussi normalement que possible pour quelqu'un qui avait vécu les abominations dont était capable l'être humain.

Tu as une sale tête, oui. Je hausse les épaules et une expression similaire à la mienne vient éclore sur son visage. Comme si nous n'avions pas le droit de sourire en ce jour honni, comme si c'était trop dur de plisser les lèvres et de feindre une joie que nous ne ressentions pas. Les mots s'échappent de nos poitrines, flottent dans l'air, les unes après les autres. Tellement de choses que nous n'avions pas eu le temps de se dire, pas eu l'occasion de pouvoir se confier. Jusqu'à ce que la digue ne cède que je ne fasse quelques pas en avant pour aller la serrer contre moi, un instant. J'inspire son parfum si familier, je me gorge de sa présence, de son corps moins fluet qu'auparavant. Avant de reculer tout aussi soudainement, comme si je m'étais brûlé. « Non. » je lâche, platement. « C'est vrai que les souvenirs seront toujours là, quelque part. Mais c'est à nous de les reléguer dans un coin, d'arrêter de leur accorder de l'importance. » Ma voix se fait plus basse, mes doigts s'enroulent et se déroulent, convulsivement. Puis je lui dis qu'elle m'a manqué. Parce que c'était le cas. Parce qu'il ne manquait que sa présence à ses côtés, aussi étrange soit cette pensée, pour que j'aille mieux, pour que je puisse avoir la pleine volonté de guérir. Et sa réponse, identique, est un baume posé délicatement sur mon coeur. Les minutes s'écoulent, dans un profond silence, à remuer nos propres pensées. Et je vois la trotteuse continuer sa course dans le cadran, sous le verre de l'horloge suspendue contre le mur. En fait, elle s'appelle Petal. Mes yeux se détournent pour revenir sur son visage et je fronce les sourcils. Et elle a tes yeux. Un coup de tonnerre dans ma cage thoracique, la sensation d'avoir reçu un uppercut entre les côtes, le souffle qui se coupe. La digue qui éclate en morceau et qui laisse le torrent se déverser, à grands flots. « Qu-Quoi ? » je bafouille, en reculant d'un grand pas. Mes yeux sont écarquillés et je cherche la moindre trace de farce dans les siens. Mais Amelia n'aurait jamais osé. Pas pour ça, pas après tous ces jours à la pleurer, dans une pièce obscure et sale. Mes jambes tremblent et une seconde après, je suis à terre, incapable de comprendre ce qu'il se passe. Des larmes coulent sur mon visage et viennent mourir sur mes lèvres, mes jambes se replient contre mon torse puis je bascule d'avant en arrière. « Non. » Ce n'était pas possible. Il devait y avoir une explication. Elle est morte, chéri. Nous sommes vraiment désolés. « Non non non non non. » je murmure, dans une litanie qui frise l'hystérie. « Ils m'ont dit qu'elle était morte. » je lâche, sur un ton quasiment inaudible. Ma tête est posée sur mes genoux et je ne suis pas en mesure d'affronter son regard à cet instant. « Ils m'ont dit qu'elle était morte, Lia. »



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MessageSujet: Re: You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 EmptyLun 28 Fév - 11:21

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Blottie dans ses bras, je profite de chaque seconde à ressentir sa chaleur, à inspirer son parfum familier et à me gorger de toute sa force, comme si, ces quelques instants dans ses bras, allaient me permettre de rattraper tous les moments passés loin de lui. Mais on ne peut pas rattraper cinq ans d'une vie, pas de cette manière, pas en si peu de temps. Mais quand il se recule, brusquement, j'ai l'impression qu'on me l'arrache de nouveau, de le perdre une nouvelle fois et de sentir le froid s'immiscer sous ma peau. Mes bras viennent encercler mon ventre, comme pour lutter face à cette terrible absence, puis je comprends que je suis la responsable de ce geste, bien malgré moi. Évidemment qu'il n'était pas d'accord avec moi. Est-ce que ça me surprenait ? Non, pas le moins du monde, parce que ses mots allaient avec son caractère, avec le Callum que j'avais toujours connu. « Tu as toujours été plus fort que moi, Cal. » je souffle en baissant légèrement la tête. Il avait flanché, parfois, mais jamais autant que moi, jamais au point de perdre complètement espoir et de vouloir abandonner. Moi, combien de fois est-ce que j'avais souhaité qu'il nous tue, combien de fois est-ce que j'avais répété que ma vie n'avait plus suffisamment de valeur pour être vécue ? Et si j'avais survécu à ces trois années de captivité, c'était uniquement grâce à lui. Il avait toujours su trouver les mots, su comment me redonner espoir et me garder en vie. Il s'était battu jusqu'au bout pour nous sortir de ce cauchemar, tandis que moi, j'avais délibérément baissé les bras. Jusqu'à me résoudre que cette vie serait la mienne Jusqu'à ma mort. Parce que je n'avais plus rien, parce qu'on venait de m'arracher ce qui avait été mon petit soleil pendant près de neuf mois. Et cette fois, même la présence de Callum n'avait pas suffit à me redonner l'énergie nécessaire pour y croire. « Parce que tu y arrives, toi ? » je demande en fermant les yeux, un court instant. « Tu arrives à rendre ces souvenirs moins importants ? » C'était une véritable question, sans aucun jugement. « Parce que si tu y arrives, Cal, dis-moi comment tu fais... » je souffle dans une supplication. « Je n'y arrive pas. Il y a toujours quelque chose qui me renvoie là-bas, qui me rappelle avec exactitude l'enfer dans lequel on a vécu. Ça fait déjà cinq ans et j'ai pourtant parfois l'impression que c'était hier. Comment est-ce que le temps est supposé m'aider à oublier ? Comment est-ce que des souvenirs, aussi heureux soient-ils, arriveront à reléguer ceux-là dans les tréfonds de ma mémoire ? » Il y en avait eu, pourtant, des moments heureux qui m'avait fait oublier, l'espace d'un instant, tout ce que j'avais traversé dans cette chambre, mais jamais suffisamment longtemps pour me permettre de me relever.

Puis un silence s'installe, et je sens mon cœur battre sourdement dans ma poitrine. Je voulais qu'il connaisse son nom, qu'il sache que son choix m'avait blessé. Mais surtout, je voulais comprendre pourquoi il avait accepté, pourquoi il n'avait jamais voulu la connaître. Alors je lui parle d'elle, en lui indiquant son prénom et en faisant allusion aux yeux si semblables aux siens et qui me rappelait, jour après jour, à quel point je les aimais. Tous les deux. Petal n'était pas née dans le plus beau des contextes, mais elle restait le fruit d'un amour tellement profond. Et si je m'attendais à une certaine réaction de sa part, je ne pensais pas qu'il réagirait aussi vivement. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, je ne comprends pas pourquoi il semble si étonné par ces quelques mots. Il s'attendait à quoi ? Que je me taise et que je ne parle plus jamais de cet enfant, de notre enfant. Puis je le vois s'effondree sur le sol  et je sais que ce qui se passe est bien plus grave. « Cal...? » je demande dans un souffle avant de me laisser tomber en face de lui, mes mains venant se poser sur ses bras. « Cal, s'il te plaît... Regarde moi. » Le voir dans un tel état fait immédiatement monter les larmes dans mes yeux. J'étais terrifiée. J'ignorais pour quoi, pour quelle raison, mais ce qui était en train de se passer n'avait rien de normal. Je presse légèrement ses bras pour qu'il sache que je suis là et que je ne le laisserais pas, qu'importe la raison. Nous étions liés l'un à l'autre, de toute façon. Puis la vérité s'échappe de ses lèvres, me percute avec la force d'un trente-trois tonnes et j'ai l'impression que tout devient flou dans mon esprit. Mes bras retombent le long de mon corps et tout s'emballe dans ma poitrine. « Quoi...? » je demande, pas certaine d'avoir bien compris. Parce que je ne pouvais pas avoir bien compris. Ils n'avaient pas pu faire ça. Mais Callum re-prononce ces mêmes mots et cette fois, j'ai la sensation que le ciel me tombe sur la tête. Comment avaient-ils osé ? Avec du recul, je pouvais entendre leur souhait de nous séparer, leur crainte concernant notre relation. Je ne l'avais pas accepté pour autant parce que je restais persuadée qu'ils n'auraient jamais dû s'en s'en mêler, mais là... Ses parents lui avaient menti impunément, lui avait fait croire que la chair de sa chair n'était plus et je n'arrivais pas à trouver la moindre explication logique et acceptable concernant cet infâme mensonge. « Elle est vivante, Cal. Je te le jure, elle est vivante... » Les larmes affluent de nouveau, mais cette fois-ci, je les essuie immédiatement d'un revers de manche. « Ils l'ont retrouvé, quatre mois après nous. Elle va bien. » Je prends une profonde inspiration avant de continuer. « C'est une petite fille pleine de vie et avec un sacré caractère. Comme toi. » Je ne sais pas ce qu'il est prêt à entendre et à savoir, mais moi, j'ai besoin qu'il me croit. J'ai besoin qu'il sache qu'elle a toujours été auprès de moi et qu'il n'aura pas réussi à nous l'enlever. Pas de cette manière. « Elle sait qui tu es. » je fini par avouer dans un murmure. « J'ai toujours su que tu ne nous aurais pas délibérément abandonné... Alors je lui ai parlé de toi, je lui ai montré les quelques photos que tu avais sur Facebook. Tu es son père, Cal et elle le sait. » Je n'aurais jamais pu faire autrement. Il l'avait, tout comme moi, aimé dès le début et même si il n'avait pas été là pour ses premiers instants et pour les cinq premières années de sa vie, il restait son père. « Je peux te montrer une photo si tu veux. Tu as le droit de refuser, je comprendrais. » Il allait avoir besoin de temps pour digérer ce qu'il venait d'apprendre, pour comprendre qu'il avait effectué le deuil d'un enfant qui était toujours en vie et qui attendait sagement mon retour à la maison.
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MessageSujet: Re: You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 EmptyVen 22 Avr - 21:00

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Tu as toujours été plus fort que moi, Cal. Un sanglot me traverse, s'arrêtant à mi-chemin dans ma poitrine. Et un sourire amer étire mes lèvres. « Si tu ne pouvais pas l'être, alors je l'étais pour nous deux. » Parce que je ne pouvais pas la laisser tomber, parce qu'elle était la seule chose qui me restait en ce monde, là-bas dans le noir. La seule source de lumière dans mon existence si sombre, la seule preuve tangible de notre univers réduit à une pièce insalubre et à l'horreur qui nous encerclait de toutes parts. La seule humanité qui résidait, qui respirait et dont je ressentais la chaleur, soir après soir. Amelia m'a sauvé, d'une certaine manière. Elle m'a empêché de sombrer complètement, d'être réduit à une coquille totalement vide. Elle a ranimé le peu de braises qui sommeillaient encore sous la cendre, grâce à sa simple présence. Nous n'étions pas seuls et nous étions le seul rocher de l'autre, auquel s'agripper pour ne pas dériver au loin. La seule chose que j'arrivais à faire, c'était tenter de repousser ces souvenirs dans un espace aussi reculé que possible au fond de moi, à défaut de pouvoir les effacer de ma mémoire. Et ça marchait, certains jours. D'autres, non. Mon quotidien perdurait dans cette instabilité et selon les jours, je n'arrivais même plus à croiser mon reflet dans le miroir. Parce que je savais que j'allais y voir cette lueur hantée dans mes yeux, celle qui définissait la puissance du traumatisme. Tu arrives à rendre ces souvenirs moins importants ? « J'essaye d'occuper mon esprit avec autre chose, afin de lui donner le moins de temps possible pour s'y consacrer. » je lâche, dans un souffle. Comment est-ce que des souvenirs, aussi heureux soient-ils, arriveront à reléguer ceux-là dans les tréfonds de ma mémoire ? Parfois, je me posais aussi la question. J'avais l'impression qu'ils ne sauraient jamais détrôner ceux qui restaient bien ancrés, là, si vifs que ça m'en donnait la gerbe. Il suffisait d'un bruit. D'une odeur. Pour être catapulté là-bas. Pour retourner dans l'antre de l'enfer. « Je ne sais pas. J'espère seulement que ça finira par être le cas. » Ma voix est faible et je baisse la tête, observant le bout de mes chaussures. « Peut-être que si on crée suffisamment de bons souvenirs, ils finiront par prendre le pas sur les mauvais. » je rajoute, en haussant les épaules. Alors que je n'étais même pas sûr de croire en mes propres paroles, au final.

Mais celles en lesquelles je ne suis pas capable de croire, ce sont les siennes.

En fait, elle s'appelle Petal. Et elle a tes yeux. Mon corps se fige, soudainement. Puis mes membres se mettent à trembler violemment et je me sens suffoquer, traversé par une décharge douloureuse. Mes jambes refusent de me porter plus longtemps, m'envoyant rejoindre le sol. Elle est morte, chéri. Je me sens nauséeux et je plonge mon visage entre mes jambes pour faire refluer l'acidité qui remue dans mes entrailles. Non non non non non non. Ma gorge est obstruée et déglutir me demande un effort surhumain. J'agrippe mes jambes et je serre, je serre, je serre encore. J'enfonce mes ongles dans ma peau et je bascule d'avant en arrière, les yeux arrimés sur le sol. Je ressens à peine la pression de ses mains sur mes bras, tant je m'efforce de me souvenir comment respirer. Je ne vois plus rien d'autre que le marbre qui compose le sol, je n'entends plus rien d'autre que mon coeur qui tambourine dans mes tempes, dans un rythme infernal. Ses doigts impriment une nouveau mouvement et les paroles s'échappent comme si elles était venue les arracher d'elle-même. Mes parents m'ont dit qu'elle était morte. « Ils m'ont dit qu'elle n'avait pas survécu. » je souffle d'une voix quasiment inaudible, brisée par l'émotion. Elle est vivante, Cal. « Comment ? » je rajoute, en relevant la tête. Mais je n'arrive toujours pas à la regarder dans les yeux. Parce que j'étais sur le point de m'effondrer complètement. Ils l'ont retrouvé, quatre mois après nous. Elle va bien. Je sens mon battant pulser dans ma poitrine et j'enfonce encore plus profondément mes ongles dans ma chair pour ne pas exploser. Pourtant, Lia avait toujours su trouver les mots qui détruisaient toutes mes barrières, les unes après les autres. C'est une petite fille pleine de vie et avec un sacré caractère. Comme toi. L'instant d'après, ce sont des larmes brûlantes qui dévalent mes joues et des sanglots qui fuient à travers mes lèvres. Une petite fille. Ma petite fille. Celle que j'aurais du voir naître, celle que j'aurais du voir grandir, celle que j'aurais du chérir et protéger. Elle sait qui tu es. Ma tête pivote d'un seul coup dans sa direction. « C'est vrai ? » D'un revers de manche, j'efface les traces humides qui soulignent mes yeux avant de garder mes bras resserrés autour de mes jambes. Mais ses mots, ils sont un baume à mon coeur. Ils sont empreints d'une douceur et d'une vérité qui avaient le don de me dévaster complètement. Je n'étais rien pour elle, si ce n'était un nom et un visage. Cependant, je n'avais pas été là pour ses premières fois, je n'avais pas été le père qu'elle aurait du avoir à ses côtés. Mais Amelia avait tenu à lui faire savoir que j'existais, que je n'étais pas un sombre inconnu. Et c'était plus précieux que tout le reste, pour moi. « Merci. » je murmure, d'une voix vibrante d'émotion.

Je peux te montrer une photo si tu veux. Je me crispe, jetant un coup d'oeil à son visage, cherchant quelque chose dans ses yeux sans trop savoir quoi. Je n'arrivais pas à me dire que j'avais la possibilité de voir les traits de ma fille, de l'enfant que j'avais pleuré pendant tellement de temps. Je ne savais pas même pas si j'en avais le courage, après avoir cru qu'elle ne faisait plus partie de ce monde. Mais j'avais déjà perdu tellement d'années, loin d'elles. « Non, je veux la voir. » je lâche, en secouant la tête. « S'il te plaît. » Je me sens trembler en la voyant sortir son téléphone, d'autant plus fébrile quand elle me le tend et il me faut quelques secondes à respirer profondément avant de baisser les yeux sur l'écran. Et je suis incapable de détacher mon regard du visage enfantin qui se trouve devant moi. Elle avait mes yeux, oui. Les traits délicats de sa mère. Et une joie de vivre qui semblait l'entourer comme une aura, une lumière si vive qui faisait tambouriner mon coeur dans ma cage thoracique. Parce qu'elle n'avait pas été touchée par ce que nous avions vécu, parce qu'elle avait eu la chance de ne pas baigner dans la terreur qui avait été la nôtre. Petal était immaculée, délicate et entourée d'une paix qui se lisait sur son visage juvénile. Et ça gonflait mon âme d'un sentiment qui menaçait de le faire exploser. « Elle est magnifique. » je souffle, submergé par une telle quantité d'affection que ça m'en donnait le tournis.     



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MessageSujet: Re: You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 EmptyVen 29 Avr - 22:21

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Callum & Amelia

Parfois, je me demandais ce qu'aurait été ma vie si j'avais été la seule à être enlevée, si Callum n'avait jamais partagé ces trois années à mes côtés. Et j'étais persuadée d'une chose, je ne m'en serais jamais sortie sans lui. Égoïstement, je remerciais le ciel de l'avoir mis sur ma route, de l'avoir eu auprès de moi pendant que l'enfer s'abattait sur nous. Et c'était à la fois tellement contradictoire avec ce que je ressentais, parfois, parce que si j'avais eu la possibilité de le sauver, de l'envoyer à l'extérieur, loin de ce cauchemar, je l'aurais fait. Parce que Cal méritait d'être heureux et de s'en sortir. Il m'avait tellement apporté et soutenu. J'étais en vie grâce à lui et je ne pourrais jamais avoir assez de toute une vie pour le remercier de m'avoir permis d'être sauvée. « Si je suis encore debout, c'est grâce à toi. » Je n'aimais pas l'avouer, mais sans lui, j'aurai très certainement attendu que la mort finisse par venir me chercher. Aujourd'hui, c'est notre fille qui me permettait de tenir, et l'espoir de le retrouver. Parce que je n'avais jamais cessé d'espérer et d'y croire. Mais parfois, la présence de Petal ne suffisait pas à faire disparaître les souvenirs, à maintenir le passé dans les tréfonds de ma mémoire. Les images de tout ce que nous avions enduré revenaient me hanter et il suffisait d'un son, d'une odeur ou d'un simple geste pour que mon esprit soit projeté dans cette pièce sombre et cauchemardesque. La journée, je parvenais à ne pas trop y penser, mais le soir venu, mon esprit avait tout le loisir de se pencher dessus et de se remémorer. Peut-être que si on crée suffisamment de bons souvenirs, ils finiront par prendre le pas sur les mauvais. Je l'observe quelques secondes des en silence avant de venir plonger mes yeux dans les siens. « Tous mes bons souvenirs sont avec toi... » je souffle d'une voix basse. Et c'était avec lui que je voulais en créer de nouveau. Parce que je l'aimais de toute mon âme et que le fruit de notre amour avait donné un petit être merveilleux qui, je l'espérais, aurait la chance de rencontrer son père, un jour. Je ne lui demandais pas de s'impliquer dans sa vie si il ne le souhaitait pas, même si, inévitablement, j'en serai blessé,  mais juste de lui laisser une chance.

Et quand je lui annonce, le plus simplement du monde, comment elle s'appelle et qu'elle lui ressemble, au niveau du caractère, j'ai l'impression de vivre un nouveau cauchemar éveillé. Sa réaction me laisse perplexe avant de m'effrayer, puis je comprends. Je comprends que ses parents lui ont menti, je comprends l'horreur qu'il a dû traverser et toute la peine qu'il a pu ressentir. Si on m'avait annoncé qu'elle n'avait pas survécu, je me serais effondrée. Comment est-ce que des parents pouvaient agir ainsi ? Il s'agissait de leur petite fille... Et ils étaient eux-même parents, ils avaient vécu quelque chose de similaire pendant trois ans et ils avaient préféré mentir à leur fils plutôt que de lui donner la chance de voir grandir sa fille. Ça me donnait envie de crier, de hurler toute ma colère et ma tristesse. J'essaie de le rassurer autant que possible, de lui faire intégrer l'idée que sa fille va bien et qu'elle est en pleine santé. Elle ne gardait aucune séquelles de notre séparation et elle n'avait subit aucune violence les mois qu'elle avait passé loin de nous. Elle était encore trop jeune pour connaître notre histoire, mais je ne lui avais jamais rien caché. Elle savait qui était son père et que malgré son absence, il l'aimait aussi fort que moi je pouvais l'aimer. Je n'en avais jamais douté. « Bien sûr... » je réponds en venant m'asseoir à côté de lui. « Je t'en ai voulu, les premiers temps, parce que je ne comprenais pas, mais tu es son père, Cal. Elle est là parce qu'on s'est aimé et c'était la seule chose qui comptait pour moi. Et tu l'as aimé dès le début et ça aussi, elle méritait de le savoir. » Elle allait grandir en apprenant et en entendant des choses difficiles sur son histoire alors malgré tout ça, je voulais qu'elle sache qu'elle avait été et qu'elle sera toujours entourée de personnes qui l'aiment et qui l'aimeront, quoi qu'il puisse se passer.

Je sors mon téléphone, désactivant l'écran avant d'ouvrir l'album qui comporte toutes les photos de Petal. Puis je lui tends mon cellulaire, un petit sourire aux lèvres, l'observant sans dire un mot. Je peux lire toutes sortes d'émotions quand son regard se baisse et moi, mon cœur se serre. Elle est magnifique. « Je trouve aussi. » je réponds en faisant défiler quelques photos, du bout des doigts. jusqu'à tomber sur une qui datait de quelques jours après que les policiers l'aient retrouvé. « Elle avait presque cinq mois. » je lui annonce en venant poser ma tête sur son épaule. « Si tu veux, je pourrais toutes te les envoyer. » Puis je récupère mon portable, me redressant légèrement pour passer une main dans mes cheveux. « Cal ? » je l'interroge. « Est-ce que tu veux la rencontrer ? » Aujourd'hui, demain, quand il se sentira prêt, ça m'importait peu, dans le fond. « Elle est avec ma grand-mère en ce moment, mais si je l'appelle... » Je m'arrête sans finir ma phrase, me mordant l'intérieur de ma joue. Je ne voulais pas qu'il se sente oppressé ou contraint d'accepter. « Enfin... c'est à toi de voir. » je fini par souffler d'une toute petite voix.
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Callum Holloway
Troisième génération

Callum Holloway


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MessageSujet: Re: You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 You’re the only one that was hard to lose | Calia #1 EmptyLun 18 Mar - 18:15

But I miss you more than
I thought I would
Amelia & Callum

Les gens sous-estiment souvent la puissance du souvenir. Quand celui-ci est imprégné dans les tréfonds de votre mémoire, il est comme un parasite dont on se défait jamais entièrement. Mes blessures, elles résidaient dans ma chair et dans mon âme. L'une et l'autre avaient été meurtries de manière indélébile et il suffisait de gratter la surface pour les faire resurgir. Parfois, j'en venais à me dire que j'avais été chanceux d'avoir Amelia à mes côtés. Alors que je ne saurais souhaité cet enfer à personne. Jamais. Mais seul, je n'aurais jamais survécu. Je ne doutais pas de l'issue de cette histoire. J'aurais préféré me donner la mort plutôt que de continuer à vivre dans ce cauchemar. Et j'aurais abrégé mes souffrances au plus tôt, après avoir abandonné tout espoir. Ce n'était pas une supposition, mais un fait. Cependant, la présence de la jeune femme m'avait permis de poursuivre un but. Celui de la protéger, coûte que coûte. Cette simple idée était devenue le centre de mon univers. Il n'existait rien de plus important, à ce moment là. Survivre pour la garder saine et sauve. Du moins, autant que possible dans une telle situation. Tout s'était résumé à Amelia et à la volonté de la sortir de l'enfer, de lui promettre un avenir hors de cet endroit. Ce calvaire s'était terminé, mais parfois j'avais l'impression qu'une bonne partie de moi se trouvait toujours enfermé là-bas. Et certains jours, il était difficile de penser à autre chose. De voir la vie sous un bel angle, quand on avait été confronté à autant de noirceur. La simple idée de sortir à l'extérieur était une épreuve. De se confronter au reste du monde, de se mêler à la foule. D'autres fois, c'était de rester enfermé chez moi qui me donnait des sueurs froides. J'avais l'impression d'être de retour dans cette geôle froide et humide, à respirer la moisissure et ma propre puanteur. Alors je repoussais mon retour le plus tard possible, errant dans la ville sans le moindre but. Tous mes bons souvenirs sont avec toi. Je relève les yeux vers elle, le coeur en miettes. Dans un sens, ça faisait mal à en crever de me dire que ses seuls bons souvenirs se résumaient à ceux qu'on avait partagé au milieu de cette horreur. Pourtant, je la comprenais. Et c'était peut-être ça le pire. J'avais l'impression que mon existence avait débuté là et qu'il n'y avait que les instants partagés avec Amelia pour égayer mes jours sombres.

Mais mon monde s'écroule à nouveau, avec ses paroles. Je me brise en un millier de morceaux, ceux-ci s'écrasant avec fracas sur le sol. Mes parents m'avaient menti. Et je n'arrive pas à croire qu'ils m'ont annoncé le décès de ce bébé en me regardant droit dans les yeux. Mon coeur se déchire une seconde fois et je me retrouve à terre, recroquevillé sur moi-même. J'ai tant pleuré cette perte, cette absence. J'ai pensé tellement de fois à cet enfant. Fruit de la détresse mais aussi de l'espoir, de la volonté d'un futur meilleur. De l'affection immense que nous nous étions porté au milieu des ténèbres, quand tout semblait se désintégrer autour de nous. Petal. Elle était vivante. En bonne santé. Et elle me connaissait. Je suffoque, submergé par des émotions d'une violence inouïe. Je me sentais basculer et j'avais envie de hurler à m'en déchirer les cordes vocales. Pourquoi ? Pourquoi ? Ils n'avaient pas le droit. Ils n'avaient pas le droit ! On m'avait volé mon droit au bonheur. Et je ne savais pas si je saurais leur pardonner un jour pour m'avoir arraché ma fille, pour m'avoir caché son existence. Amelia s'assoit à mes côtés et je resserre mes bras autour de mes jambes, le corps tremblant. « Je suis désolé. » je murmure, d'une voix quasiment inaudible. J'avais disparu sans prévenir et elle avait certainement pensé que je ne voulais plus rien avoir à faire avec elle. « J'étais complètement paumé...Je...J'étais...Mes parents... » J'avais simplement suivi le flot, sans réfléchir. Je ne savais même plus qui j'étais, à l'époque. Je ne voulais plus réfléchir, ne plus avoir mal, alors je m'étais laissé porter. Néanmoins, Amelia n'avait jamais quitté mon esprit. Mon âme était intrinsèquement liée à la sienne, depuis ces années obscures passées dans notre cellule.

Je voulais voir ma fille. Plus que tout au monde. Je sentais mon coeur battre à nouveau dans ma poitrine, d'une impulsion nouvelle. Quelque chose s'insinuait sous ma peau, diffusant une chaleur que je n'avais plus jamais espéré ressentir. Et c'était pareil que de se tenir sous le soleil, la peau nimbée par ses rayons. Un sanglot traverse ma gorge devant la photo du bébé et mes mains tremblent autour du téléphone portable. « Cinq mois... » je souffle, en baissant les yeux sur sa tête logée contre mon épaule. Petal. Aussi délicate et fragile que son prénom. « Mmmh ? » je réponds, en la regardant se redresser. Est-ce que tu veux la rencontrer ? Je me fige tout entier. Mon souffle se coupe, subitement et mes mains viennent agripper mon jean au niveau des cuisses. « Je- » Qu'est-ce que je devais dire ? Est-ce que c'était le bon moment ? Est-ce que j'en avais même le droit ? « Tu- Tu crois que c'est une bonne idée ? » Est-ce que ce n'était pas un peu abrupt ? Je me posais un millier de questions auxquelles je n'avais pas la moindre réponse. C'est à toi de voir. Je prends une profonde inspiration, retirant mes doigts de mon pantalon pour les passer dans mes cheveux. « Je veux la rencontrer. » Mes paroles s'échappent du bout de mes lèvres. Alors que le besoin s'enroulait dans mes entrailles, pareil à un dragon de lave. « Mais pas ici, pas maintenant. » je termine, les mâchoires tendues. « Je veux la rencontrer dans de meilleures circonstances. » Je serre les poings en pensant à mes parents. « Avant, j'ai des choses à régler.  » Et je craignais d'être dans un état lamentable avant de découvrir ma fille pour la première fois, si je ne mettais pas les choses au clair. « Est-ce qu'on peut prévoir ça dans quelques jours ? » je demande, en détournant le regard.


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