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A little note that brings back the past. (Reilian #2)

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Reid Hensley
Deuxième génération

Reid Hensley


Date de naissance : 20/04/1984
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MessageSujet: A little note that brings back the past. (Reilian #2) A little note that brings back the past. (Reilian #2) EmptyJeu 6 Jan - 17:50

I fell in love with your words,
with your incisive writing
Jillian & Reid

« Comment ça se passe avec l'avocate ? » Cette question, à la base innocente, regorgeait pourtant de taquinerie et je pouvais le deviner à la voix de Shawn de l'autre côté du fil. Mes yeux roulent dans leurs orbites et je coince le téléphone dans le creux de mon épaule, récupérant ma main libre pour faire glisser les oeufs au plat dans une assiette. Cependant, c'était mal me connaître que de penser que je n'aurais pas le dernier mot. « Comment ça se passe avec Savanna ? » je lui demande à mon tour, détournant son interrogation par une autre. J'entends grogner dans le combiné et je sais que j'ai touché juste. Cette femme était une explosion de couleurs dans la vie bien trop morne de mon collègue et ami, une étincelle dont il avait grandement besoin pour aller de l'avant. Et j'étais tout à fait curieux de savoir comment il allait survivre au passage de cette tornade sur talons aiguilles. « Mais pour te répondre - et t'éviter de mourir par suffocation à l'évocation de son prénom, ça se passe plutôt bien. » j'explique, en regardant le café couler dans mon mug en forme de grenouilles. Toujours une passion pour les reptiles et autres créatures qui ne demandent pas de câlins, je le rappelle. « Étonnant. » je l'entends me répondre, avec une pointe de ce sarcasme qui était sa marque de fabrique. « Est-ce que tu serais en train d'insulter mon professionnalisme, Shepard ? » je rétorque, avec un air faussement outré. Avant de passer une main dans mes mèches désordonnées. Je l'entends rire brièvement avant de reprendre, m'asseyant sur une chaise dans la cuisine. « Nos conversations sont presque agréables et elle prend davantage de précautions pour assurer sa sécurité. Puis nous avons trouvé des pistes exploitables alors je pense que ça ne va pas durer très longtemps, à ce rythme. » Je voulais retrouver la confort de mon appartement minuscule, la familiarité de mon désordre organisé et le calme. Pour l'instant, je devais me satisfaire des aboiements du chien ainsi que des enfants qui hurlaient et couraient dans le quartier. « Je passerai vous voir demain, dans la matinée. » Je hoche machinalement la tête, dans le vide, avant d'échanger d'autres informations et de raccrocher pour retourner à ma mission première : prendre mon petit-déjeuner. Il fallait que je sois en forme pour supporter ma propre tempête, sous la forme d'une créature dont la taille minuscule était largement compensée par un caractère de rottweiler.

J'essaye en vain de coiffer ma tignasse mais j'ai toujours l'air d'avoir accueilli une famille de mouette quand je me présente devant la porte de Jillian. Avant de me figer en apercevant le post-it collé contre le bois verni, d'un orange chatoyant. Je suis partie courir, je reviens plus tard. J'ai pris mon téléphone avec moi. J. Mais les mots en eux-mêmes et leur signification disparaissent déjà de ma mémoire, celle-ci pleinement focalisée sur l'écriture que mes yeux effleurent depuis quelques secondes. Et j'ai l'impression de recevoir un uppercut dans le sternum, incapable de reprendre mon souffle. Je recule de quelques pas, glacé par l'effarement, pourtant incapable de détourner mon regard de cette note. Ces boucles calligraphiées à la va-vite, ces lettres vives, détonant d'un esprit rapide et incisif, elles ne m'étaient pas étrangères. Elles faisaient resurgir des souvenirs lointains, des moments que j'avais chéri pendant de longues années. Elles faisaient battre mon coeur plus fort dans ma poitrine, elles mettaient mon esprit sans dessus dessous, à la merci d'une émotion qui s'était dégradée avec le temps. J'aime bien parler avec toi. Toudoum, toudoum. Tu es vraiment étrange. Mais dans le bon sens, étonnement. Toudoum, toudoum. Est-ce que tu crois qu'on pourra se voir un jour ? Toudoum, toudoum. Je me sentais tétanisé par toutes ces images qui affluaient sans prévenir, sans me laisser le temps d'encaisser. J'avais l'impression d'imploser, de ne plus maîtriser ce qui se passait à l'intérieur de moi. J'approche, attrapant le post-it avec des doigts tremblants, laissant mes iris caresser le grain du papier et la courbure de ses mots. Si familiers. Parce que j'avais passé des heures à les contempler, même s'ils avaient emprunté d'autres formes, composés différentes phrases. La fille au lapin. Des centaines de messages écrits à la main sur un pupitre, effacés au fur et à mesure des heures de cours. Des jours qui se succédaient, les uns après les autres. Mais si les petites notes s'étaient envolées, volontairement temporaires, leur signification s'était imprimée au fer rouge dans le creux de ma poitrine.

Mon cerveau tournait à plein régime, mes jambes refusant de me porter plus loin. Alors je me laisse glisser sur le sol, adossé à la porte. Et j'attends. J'attends que ses pas résonnent sur le sentier en gravillons, j'attends que le chien fasse résonner sa joie au retour de sa maîtresse. Je ressens mon palpitant qui tambourine férocement dans ma cage thoracique, je ressens la raideur de mes membres et le cyclone qui détruit tout sur son passage dans mon crâne. Et j'éprouve la sensation d'être déconnecté, tandis que je la regarde s'avancer pour me rejoindre sur le porche. Je me redresse d'un mouvement sec avant de dérouler mes doigts pour faire apparaître son papier autocollant, que je pointe devant son nez. Les mâchoires serrées, mes yeux cherchant les siens, essayant de coller ce visage sur ces paroles d'adolescents. « Il me semble que tu as oublié quelque chose, sur ta note. » je lâche, d'une voix plate, sans même m'embarrasser de salutations. Je n'arrivais pas à penser à autre chose, à cet instant. « À moins que tu ne saches plus dessiner un lapin. » je rajoute, sur le même ton. Je vois son visage changer, ses traits se mouvoir, prendre des expressions similaires aux miennes. Elle recule contre la porte et j'avance d'un pas dans sa direction, la tête penchée sur le côté. Je n'arrivais pas à lier les deux, à concevoir que ce n'était qu'une seule et même personne. « Est-ce que tu savais ? » je souffle, sur un ton plus bas. « Est-ce que tu savais que c'était moi ? » Parce que si c'était le cas, je ne savais pas si j'étais capable d'y faire face.


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Jillian Rindell
Deuxième génération

Jillian Rindell


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MessageSujet: Re: A little note that brings back the past. (Reilian #2) A little note that brings back the past. (Reilian #2) EmptyVen 7 Jan - 18:53

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Jillian & Reid

J’avais besoin de respirer, de prendre l’air. Je n’en pouvais plus d’observer les quatre murs épurés de ma maison, de rester enfermer entre eux sans pouvoir profiter de ces quelques rayons de soleil qui venait effleurer mon visage à travers l’immense baie vitrée. Si je ne sortais pas, j’allais devenir dingue. Si je ne l’étais pas déjà. Je voulais bien travailler depuis chez moi alors qu’une montagne de dossier m’attendaient au bureau, annuler un certain nombre de mes rendez-voir voire la totalité, mais je n’étais pas prête à rester cloîtrer chez moi sous prétexte qu’un taré à l’extérieur avait très certainement envie de me voir morte. Jusqu’à présent il s’était contenté de m’envoyer quelques lettres pour le moins sympathique et j’étais presque persuadée qu’il ne passerait jamais à l’acte. Je restais intiment convaincu que si il avait déjà voulu me tuer, il l’aurait déjà fait, mais le FBI n’étant pas de cet avis, j’étais assignée à domicile, avec une protection jour et nuit et qui m’emmerdait au plus haut point. Reid n’était pas méchant, mais particulièrement agaçant. Il savait où me toucher pour me faire sortir de mes gonds ou me clouer proprement le bec et pour la grand gueule rebelle que j’étais, ça ne me plaisait guère. Depuis quelques jours, je prenais le plus grand soin de l’éviter, me plongeant dans mes affaires en cours pour réduire mon temps de contact avec lui. Simple stratégie pour réfréner l’envie de le mettre à la porte de chez moi. Puis comme ça, on ne passait pas le plus clair de notre temps à nous envoyer des piques et à user de toutes les formes du sarcasme et de l’ironie.

Rudy, vient déposer sa tête sur mes genoux, me faisant redescendre sur terre. Mon regard se baisse dans sa direction, attendrie par son geste. Il me regarde, l’air tout aussi pensif que je l’étais il y a quelques minutes et, ma main de libre – l’autre tenant une tasse de café encore fumant – se glisse dans son pelage pour lui adresser quelques caresses. Un rire léger m’échappe au souvenir de sa rencontre avec le profiler et je secoue la tête, amusée, avant de porter ma boisson chaude à mes lèvres. Ce chien était la définition même d’une peluche. Il réclamait des câlins au premier passant dans la rue et ne ferait pas le moindre mal à une mouche. En d’autres termes, ce chien ne serait pas capable de me défendre en cas d’intrusion et irait, très certainement, adoucir notre assaillant à coup de léchouilles et de réclamation d’attention. Heureusement que je n’avais pas adopté cette jolie frimousse dans cette optique. Je termine mon café avant de me redresser, finalement bien décidée à quitter ma prison dorée. Tant pis pour Reid et ses recommandations. De toute façon, il était encore tôt, à peine sept heures et je n’avais pas l’attention d’aller bien long. Je voulais juste me dégourdir les jambes, réveiller un peu mes muscles et profiter du beau temps pour m’aérer l’esprit. Je devais y faire le vide et un petit jogging matinal serait le bienvenu. Je pars en direction de la cuisine pour y déposer mon mug avant de gravir les escaliers jusqu’à ma chambre. J’enfile la première tenue de sport qui me tombe sous la main, nouant mes cheveux dans une queue de cheval imparfaite. Je glisse mon téléphone dans mon brassard, après avoir activé mes AirPods et lancé Spotify. Une fois devant la porte, après un petit détour au salon pour écrire un mot à l’attention de Reid, je me dirige vers l’entrée, m’abaissant pour câliner une énième fois Rudy. « Sois sage. » je lui murmure tendrement. « Pas de bêtises, je te connais. » Un amour de chien, mais qui me faisait gentiment payé quand je m’absentais un peu trop longtemps. Je ne comptais plus le nombre de coussins que j’avais dû racheter, parce que c’était bien plus amusant de détruire mes affaires plutôt que les siennes. « A tout à l’heure. » Puis je m’éclipse, refermant la porte derrière moi, collant à la va vite sur la porte le post-it et longeant presque le mur de ma maison en priant pour qu’Hensley ne soit pas scotché à sa fenêtre.

Près d’une heure s’est écoulée quand j’arrive dans la cour de ma maison. Reid est devant ma porte, sans grand étonnement, mais je fronce les sourcils à la vue de sa position. Est-ce qu’il allait me passer un savon ? Je ne m’étais absentée qu’une petite heure, pas de quoi en faire tout un drame. Surtout que j’étais bien vivante, sur mes deux jambes. Je m’approche en silence, l’observant se redresser avant de me tendre sous le nez mon message. Oui ? Mais encore ? Puis je pousse un soupire devant sa réflexion, levant les yeux au ciel avant de sentir les battements de mon coeur s’accélérer à la suite de ses paroles. « De quoi tu parles… ? » Dessine-moi un lapin. Une simple phrase écrite sur une table au lycée et qui m’avait valu de longues conversations avec un parfait inconnu. On n’avait jamais cherché à se rencontrer, à savoir qui était l’autre et je m’étais toujours dit que c’était mieux ainsi. Sans doute la peur d’être déçue, de ne pas être celle qu’il espérait, mais surtout de perdre tout ça. Pendant de longs mois, ces échanges avaient été l’une des principales raisons pour lesquelles je trouvais la force me lever tous les matins. Tout avait prit fin avec les vacances et j’avais été triste de constater, à la rentrée, que je venais de perdre quelqu’un que je considérais comme un vrai ami, malgré le peu d’informations que je connaissais à son sujet. C’est aussi à ce moment-là que j’avais pris conscience de mes sentiments envers cette mystérieuse personne, mais que j’avais très rapidement enfoui dans les tréfonds de mon coeur, enfermés à double tour pour ne pas souffrir d’avantage. Et maintenant j’avais l’impression de me prendre un uppercut en pleine poitrine. Je recule d’un pas, m’appuyant contre la porte, le souffle soudainement court. « Quoi… ? » je bégaie tout en secouant la tête, fermant les yeux une poignée de secondes, le temps de reprendre mes esprits. Est-ce que tu savais que c'était moi ? Je rouvre les yeux, plantant mon regard dans le sien. « Non. Evidemment que non ! Comment est-ce que tu aurais voulu que je sache ? » je lui demande en déglutissant difficilement. « Si j’avais su, je serais venue te parler… » Ou en tout cas, c’est ce que j’aimais croire, parce qu’au fond, je n’en savais rien. Nous évoluons tous les deux dans un monde différent, à l’époque de lycée et je ne pouvais pas assurer à cent pour cent que j’aurais eu suffisamment de courage pour lui adresser la parole.


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Reid Hensley
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MessageSujet: Re: A little note that brings back the past. (Reilian #2) A little note that brings back the past. (Reilian #2) EmptyDim 16 Jan - 14:11

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Jillian & Reid

J'ai longtemps été solitaire. J'ai toujours éprouvé cette sensation de ne pas être à ma place, de ne pas savoir où me situer dans ce monde. Parce que je ne me comportais jamais comme les autres, créant une sorte de fossé entre eux et moi. Je ne cherchais pas à courir derrière un ballon, je ne ressentais aucun désir d'aller pourchasser les filles dans la cour de recréation. Je me satisfais de livres que je dévorais, recroquevillé sur moi-même. J'appréciais la solitude et le calme, le paisible mouvement du vent dans les brins d'herbe. Je m'intéressais aux insectes et aux mouvements des nuages dans le ciel. J'aimais observer, plus que tout autre chose. Pour comprendre, pour trouver un lien entre les rouages qui s'imbriquaient les uns dans les autres, pour dénicher un sens à toutes les choses qui composaient la vie. Et surtout, j'aimais regarder les autres. Leurs visages, les expressions qui les traversaient, le froncement de leurs sourcils, les plis qui se creusaient à la commissure de leurs lèvres. Leur posture, la manière dont ils se tenaient, dont ils avançaient dans l'espace. Les échanges qu'ils avaient avec leurs congénères, les relations sociales qui se faisaient et se défaisaient entre eux. C'était fascinant. De loin, j'avais tout le loisir de me gorger de ces actes qui définissaient tant de choses, qui se regroupaient pour certains, qui se différenciaient pour d'autres. À défaut de m'y atteler moi-même, intimidé, j'avais opté pour l'analyse scrupuleuse de ces êtres si particuliers. Et j'avais appris tellement de choses, en posant mes yeux sur ceux qui m'entouraient. Tellement de petits détails qui aurait pu paraître insignifiants, au premier abord mais qui avaient toute leur importance, dans un certain contexte. Mais ça n'avait pas toujours tourné à mon avantage. Parce que la plupart des gens n'aiment pas que leur vérité soit étalée aux yeux de tous, alors qu'ils tentent si désespérément de la dissimuler aux autres. En fin de compte, j'avais fini par retourner dans le silence, parce que c'était préférable aux regards qui se plissaient dans ma direction quand j'osais enfin avoir le courage d'entrouvrir les lèvres.

Puis un jour, mes yeux se sont posés sur un petit lapin, griffonné au crayon gris sur un pupitre. Sur une impulsion, j'avais répondu d'un court commentaire. Joli. Et en revenant, quelques jours après, des lettres obliques s'étaient rajoutées aux miennes, plus brouillonnes. Merci. Sans m'en rendre compte, je venais d'entrer dans une spirale dont je n'allais pas ressortir indemne. Je rentrais à la maison avec la main droite pleine de graphite et le cerveau tout embrumé. Sans parler de ma poitrine comprimée dans un étau qui n'était pas si douloureux, étonnement. Je parlais avec quelqu'un. J'écrivais sur le plateau de mon bureau, la cage thoracique secouée de petits soubresauts d'impatience, d'une exaltation qui m'était totalement étrangère. Je parlais avec quelqu'un, en toute franchise, sans me cacher. Tu es vraiment étrange. Mais dans le bon sens. Je n'aurais jamais pu recevoir plus beau compliment, à ce moment-là. Et ces échanges avaient constitué mon quotidien, débordant d'une impatience quasiment frénétique. Une lumière que je suivais aveuglément, fasciné. Attiré par cette fille au lapin comme un papillon par la lumière d'une bougie. C'était chaud, rassurant et ça me remplissait d'une profonde quiétude. Sur l'instant, connaître son identité m'avait semblé tellement secondaire. Parce que je parlais à son être, à ce qui se trouvait à l'intérieur d'elle et elle me répondait de la même manière. Je m'adressais à son âme et son écho rencontrait la mienne. Même si une part de moi était certaine de décevoir, si nous venions à nous rencontrer. Parce que je n'étais rien d'autre que ce garçon blafard et frêle, toujours posté près du radiateur pour réchauffer ses os, à regarder par la fenêtre. Et c'était mieux qu'elle n'en sache rien. Puis l'été avait pointé ses rayons sur Los Angeles, annonçant la période des vacances. Et un au revoir qui m'avait fait bien plus que de mal que je ne m'aurais pensé, qui avait m'avait douloureusement lacéré.

J'étais tombé amoureux de ces lettres élégantes et vives, de cette fille sans visage qui avait eu le don de faire s'épanouir un franc sourire sur mes lèvres.

Mais j'avais fini par me faire à l'idée que ce n'était que passager, que je m'étais attaché à un espoir complètement vain. Que ce moment, aussi doux et précieux soit-il, appartenait au passé. Jusqu'à ce que mes pas me mènent à la porte de Jillian et que mon regard se porte sur le fantôme d'une époque révolue depuis longtemps. J'aurais pu reconnaître ces déliés n'importe où et je sentais mon coeur se déchaîner dans ma poitrine. Ma cervelle, elle, était mise à sac. Incapable de comprendre, d'intégrer l'information, de lier les éléments entre eux. Alors j'attends, j'attends qu'elle revienne et qu'elle me donne des explications, qu'elle me livre la vérité. J'en avais besoin. Mon corps est prostré contre la porte jusqu'à son retour et je finis par me redresser, étirant mes longues jambes avant de tendre la note adhésive devant moi, la tête penchée sur le côté. Parce qu'il y a la pensée pernicieuse qu'elle sait. Qu'elle a toujours su. Et j'entends mon palpitant se craqueler un peu dans ma poitrine, en imaginant que c'est la réalité. Détrompe-moi, Jillian. S'il te plaît. Je voulais qu'elle me disent que ce n'était pas le cas. Que ce qui s'était passé entre nous, parce que c'était le cas et ça creusait un puit sans fond dans mes entrailles, n'était pas que du vent. Puis ses yeux captent les miens et j'y vois la même incrédulité. Evidemment que non ! Comment est-ce que tu aurais voulu que je sache ? « Je n'en sais rien. » je souffle, continuant à l'étudier sans ciller. Si j’avais su, je serais venue te parler. Un ricanement m'échappe malgré moi et je hausse un sourcil. « Jillian Rindell, l'une des étoiles du lycée serait venue à ma rencontre ? » je l'interroge, d'un ton mortellement plat. « J'en doute. J'en doute vraiment. » je rajoute, me penchant davantage dans sa direction. « Tu n'aurais jamais posé les yeux sur moi, à cette époque. » Et je n'arrivais pas à empêcher la douleur que ça causait en plein centre de mon torse. « Et je n'avais aucune considération pour les gens comme toi, pour le haut du panier. Pour tes congénères qui ne rataient jamais aucune occasion de se moquer de moi. » Je recule, passant une main dans mes boucles désordonnées et expirant un rire terriblement las. « C'est fou à quel point les apparences peuvent être trompeuses, tu ne trouves pas ? » je lui demande, railleur. « Je me suis attaché à quelqu'un qui ne savait probablement même pas que j'existais. » 




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Jillian Rindell
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MessageSujet: Re: A little note that brings back the past. (Reilian #2) A little note that brings back the past. (Reilian #2) EmptyMar 25 Jan - 16:19

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Le lycée. Ces années supposées être les meilleures de toute notre vie, je n’en gardais pas vraiment un très bon souvenir, bien au contraire. Plutôt discrète et réservée, j’avais rapidement compris que pour survivre au milieu de cette foutue jungle, j’avais tout intérêt à changer. Je ne voulais pas qu’on me catégorise comme la petite intello de la classe, me voir être reléguée dans le coin des loosers à la cantine et passer mes journées à me méfier de quiconque parce que l’adolescence créait des abrutis. Alors je m’étais blindée, j’avais enfoui au plus profond de moi la frêle petite Jill pour devenir celle que j’avais été pendant quatre ans. Je m’étais transformée en tout ce que j’avais toujours détesté dans l’espoir de me fondre dans la masse. Et ça avait marché. Je n’étais pas la capitaine des pom-pom girls, les mecs ne manquaient pas de s’évanouir à chaque fois qu’ils croisaient ma route, mais tout le monde me connaissait et me respectait. J’avais vécu dans la paix la plus totale, pendant toute ma scolarité. Et dire que j’avais haïs chaque minute passé dans la peau de cette nouvelle version de moi-même serait mentir. Il y avait quand même eu un peu de bon à tirer derrière ce changement. L’insupportable caractère qui me caractérisait tant, maintenant, il s’était forgé durant le lycée. Moi qui, auparavant, ne disait jamais rien, j’avais appris à me défendre et à ouvrir ma grande gueule. En tout cas, la plupart du temps. Parce que je n’avais jamais osé dire quoi que ce soit, quand mes pseudos-amis se moquaient de ceux qu’ils estimaient indignes de nous. Et ça me rendait aussi coupable qu’eux, même si je n’avais jamais participé à ce qu’ils considéraient comme de simples plaisanteries d’ado. On savait tous que ça relevait parfois plus du harcèlement que de la blague amicale.

Puis mon avant dernière année avait débuté dans un épais brouillard. J’avais perdu ma sœur durant l’été et cette épreuve avait tout rendu plus noir. J’avais continué d’avancer, non pas par choix, mais par obligation. Je m’étais renfermée, devenant plus froide que jamais. Et au milieu de tout ça, il y avait eu ce petit rayon de soleil, cet inconnu du pupitre. Tout avait commencé avec cette demande particulière, celle de dessiner un lapin et à laquelle j’avais répondu. Et cet échange avait duré toute l’année, sans que jamais, nous nous donnions notre identité. Je savais seulement qu’il avait un an de plus que moi et que tout prendrait fin à un moment, malheureusement. Et si j’avais gardé, au plus profond de mon coeur, ces instants si précieux, je ne m’étais jamais préparé à les voir ressurgir des tréfonds de ma mémoire. Encore moins à découvrir l’identité de mon mystérieux correspondant. Reid Hensley était la dernière personne à qui j’aurais attribué ce rôle et pourtant, en y réfléchissant bien, il lui correspondait à la perfection. Etrange, mais dans le bon sens. Je sens mon coeur s’accélérer dans ma poitrine, les larmes menaçant de poindre alors que toutes les pièces du puzzle s’emboîtent les unes aux autres. Il avait été ma lumière pendant plusieurs mois, la seule et unique personne qui me donnait suffisamment de force pour mettre un pied après l’autre et me relever. Et aujourd’hui, il était l’homme qui m’horripilait de bien des façons, mais pour qui j’avais toujours éprouver une pointe d’affection sans que je ne sache pourquoi. Maintenant, c’était d’une évidence implacable. L’inconnu du lycée, pour qui j’avais éprouvé des sentiments si fort et lui, n’étaient qu’une seule et même personne. Et ça m’ébranlait suffisamment pour que je sois obligée de détourner le regard, quelques précieuses secondes, pour me remettre de mes émotions.

Ses mots viennent me heurter en plein coeur et je relève finalement les yeux dans sa direction, les sourcils froncés. « Tu ne me connais pas. Tu ne sais absolument rien de moi, Reid. » je fini par lâcher, sèchement. « Tu te bases sur quoi, pour avancer ça ? N’es-tu pas supposé aller au-delà des apparences ? Alors explique-moi pourquoi ça te semble si impossible, hein ? » Je n’étais pas comme les autres, je ne l’avais jamais été et pourtant, moi aussi, je doutais des mes propres paroles. Je n’avais rien pour me prouver que j’aurais agi différemment en apprenant qui se cachait derrière ces mots réparateurs. Mais j’avais envie de croire que même si je n’avais pas eu le courage de venir lui parler en face à face au lycée, je l’aurais fait autrement. D’une manière ou d’une autre, je serais venu. « Pour les gens comme moi » je répète d’une voix faible, bien plus blessée par ses sous-entendus que je ne l’aurais espéré. « Superficielle et connaisse, c’est ça ? Emploie donc les bons mots, Hensley. » J’ignore pourquoi ça me fait aussi mal, pourquoi est-ce que ça m’atteint autant alors que je devrais m’en foutre. Nous n’étions plus au lycée, tout ça appartenait au passé, à un passé révolu, qui plus est. Dans quelques jours, tout prendrait fin et Reid sortirait une nouvelle fois de ma vie. Et c’était sans doute bien mieux comme ça. Puis mon souffle se coupe et je ressens une douleur aussi violente qu’une centaine de lames venant me lacérer la poitrine. Je me suis attaché à quelqu'un qui ne savait probablement même pas que j'existais. « J’ai toujours su que tu existais. » je murmure. « Je te voyais, Reid. Je t’ai toujours vu… » Il ne l’a simplement jamais remarqué. Ce que je pouvais parfaitement comprendre. Je ne lui avais jamais adressé la parole, seulement quelques rares sourires qu’il n’avait même pas dû prendre pour lui. « Tu te cachais sous les escaliers, ceux qui menaient à la bibliothèque et tu passais tes récréations à lire, loin de tout. En été, tu te planquais derrière la souche de l’arbre que le directeur avait ordonné d’abattre après une tempête, parce que jamais personne ne venait dans ce coin. Mais tu as raison… les personnes comme moi, ça ne remarque pas les personnes comme toi. »


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MessageSujet: Re: A little note that brings back the past. (Reilian #2) A little note that brings back the past. (Reilian #2) EmptyMar 25 Jan - 22:53

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Jillian & Reid

Le lycée, il m'en reste un souvenir profondément mitigé. Parce que dans un sens, ça n'a été qu'un simple prolongement du reste. Se lever le matin, parcourir les couloirs gorgés de monde et essayer de passer outre le bourdonnement qui emplissait mon crâne. Observer le paysage par la fenêtre pendant que mon cerveau enregistrait les informations qui s'insinuait dans le creux de mes oreilles. Ou analyser mes camarades et tenter de déchiffrer leurs existences depuis ma chaise, effleurer leurs silhouettes de mes yeux et découvrir ce qui pouvaient bien les composer. Ce qu'ils avaient pu déjeuner, la destination de leurs dernières vacances, l'identité de la personne qui faisait battre leur coeur. Gratter du papier pour remplir mes feuilles, glisser des écouteurs dans mes oreilles pour oublier tout le monde qui m'entourait et dévaler les pages de mes bouquins. Personne ne semblait se soucier du garçon dégingandé aux pulls à rayures et aux mèches folles qui se cachait sous l'escalier pour passer le temps, qui disparaissait inlassablement dans ses lectures. Et lorsqu'ils y prêtaient attention, ils étaient généralement déçus. Parce qu'ils finissaient par se rendre compte que je préférais la compagnie des mots à celle des êtres humains, que je vouais une fascination sans bornes aux reptiles et aux insectes. Parce qu'ils étaient témoins de la franchise désarmante qui s'échappait d'entre mes lèvres quand ils me laissaient l'occasion de les regarder de plus près. Je pouvais encore souvenir de la chaleur cuisante qui s'était répandue sur ma joue lorsque Lana Herbert n'avait pas supporté que je dévoile ses rendez-vous secrets avec Jacob Langley. Je décryptais et je retranscrivais, sans filtre. Et ça ne plaisait pas, la plupart du temps. Alors j'avais fini par abandonner, me retranchant derrière le papier imprimé et les reliures de cuir.

Jusqu'à ce que je rencontre ce petit lapin dessiné sur un pupitre, jusqu'à ce que je décide de sortir la tête de ma forteresse pour guetter ce qui se trouvait à l'extérieur. La fraîcheur de ce minuscule croquis avait eu le don de m'interpeller et mes doigts s'étaient enroulés autour de mon crayon à papier, notant rien qu'un mot pour y répondre. À ce moment là, je n'avais pas la moindre idée de ce que ça allait changer dans ma vie, de la manière dont ça allait transpercer ma poitrine pour y loger un rayon de soleil, une flamme incandescente et chaleureuse. Je ne me levais plus en espérant que les heures finiraient par passer plus vite. Je m'éveillais avec le coeur battant et la cervelle remplie de feux d'artifice, avec l'envie de m'habiller au plus vite, avec le besoin irrésistible de retrouver ma table et contempler les mots qui y seraient inscrits. Ma dernière année de lycée avait tourné autour de cette mystérieuse correspondante, celle avec qui tout semblait si simple, celle avec qui je n'étais rien d'autre qu'un garçon parmi les autres. Mais elle me voyait, dans un sens. Elle n'avait pas la moindre idée de mon visage mais elle savait que j'étais là et mieux encore, elle s'intéressait à moi. À mes mots, à leur significations, aux idées qui traversaient ma tête. Elle riait à mes jeux d'esprit, à travers quelques gribouillis sur le bois verni.

Et j'étais l'être le plus heureux du monde, à ce moment là.

Tu ne me connais pas. Tu ne sais absolument rien de moi, Reid. Je sens le  venin sinuer dans mes veines pour venir s'enrouler sournoisement autour de mon coeur. N’es-tu pas supposé aller au-delà des apparences ? Alors explique-moi pourquoi ça te semble si impossible, hein ? Cette réflexion me tire un rire jaune, semblable à une semelle qui crisse sur le gravier. « Je connais beaucoup de choses sur toi, au contraire. » je souffle, la tête penchée sur le côté. « Et je me base sur les mondes diamétralement opposés dans lesquels nous vivions, à ce moment-là. Et le fossé qui gisait entre les deux. » je rajoute, en la regardant sans ciller. « Des mondes qui ne se mêlaient pas l'un à l'autre. Et n'essaye même pas de prétendre que c'est faux. » Les humains se rassemblaient selon leurs affinités et ces groupes se détachaient nettement, ne se mélangeait pas, ne cherchaient pas à entrer en contact. Je ne fais qu'énoncer une stricte vérité. Je n'avais eu aucun égard pour ceux qui n'avaient pas hésité une seconde à railler ma différence, à critiquer mes habitudes. Et la plupart d'entre eux n'avaient jamais posé ne serait-ce qu'un oeil sur moi. Superficielle et connaisse, c’est ça ? Emploie donc les bons mots, Hensley. Même si tous n'étaient pas aussi extrêmes dans leur façon de le montrer. J'avais eu le droit à mon lot de remarques, de murmures et de rires mais ils ne représentaient pas le cercle tout entier. « Je n'ai pas dit ça. » je rétorque, dans un sifflement agacé. Puis je passe une main dans mes cheveux entremêlés, avant d'aller furtivement pincer l'arête de mon nez. « Aucun de ces deux mots n'a jamais effleuré mon esprit pour te décrire. » Je savais qui était Jillian Rindell parce qu'il était difficile de la manquer, à l'école. Mais elle restait profondément inaccessible, jouant dans une cour à l'opposée de la mienne. Et je n'avais même jamais songé à l'espoir de pouvoir lui adresser la parole. Je n'étais rien, dans son univers. Enfin, c'est ce que je croyais.

J’ai toujours su que tu existais.

Je fronce les sourcils devant son murmure, le coeur au bord de l'arythmie. Et je n'arrive pas à détacher mon regard de son visage, de ses pommettes et de ses yeux. Je t’ai toujours vu. « Quoi ? » je murmure, d'une voix faible. Tu te cachais sous les escaliers, ceux qui menaient à la bibliothèque et tu passais tes récréations à lire, loin de tout. Je me fige et je sens mes jambes trembler, sous l'émotion. Personne n'avait jamais remarqué que je me repliais sous les escaliers. Personne n'était jamais venu m'en déloger. Le monde entier m'avait laissé tranquille. Mais il y avait quelqu'un qui m'avait observé m'y glisser, avec un recueil de poèmes et le visage mangé par une écharpe en laine. Je déglutis douloureusement, avec l'impression d'avoir avalé une balle de golf. Je recule, repliant mes bras contre moi, dans l'espoir vain que ça saurait me protéger de ces révélations. Il était trop tard. Tellement tard. Et pourtant, ça faisait retentir une douleur lancinante dans ma poitrine. Et si. Et si. Et si, et si, et si. Ma cervelle menace d'exploser à tout moment. Puis je pousse un profond soupir. « Ça ne change rien. » Parec qu'elle n'avait fait que regarder de loin. « Tu as remarqué le garçon bizarre qui fuyait l'être humain pour se réfugier sous les escaliers mais ça ne veut pas dire que tu serais venue à moi, s'il n'y avait pas eu cette histoire de pupitre. » je lâche, faiblement. En tout cas, j'essayais de m'en convaincre. Parce que ça faisait moins mal que d'imaginer l'inverse et de me dire que ça m'avait glissé entre les doigts. Parce que je me souviens des légers sourires que j'avais intercepté en plein vol, avant de les laisser repartir parce que j'avais toujours pensé qu'ils ne m'étaient pas destinés. Avant qu'ils ne disparaissent complètement. Je secoue la tête avant de froncer les sourcils en repensant à quelque chose, en faisant des liens qui n'existaient même pas avant cette découverte stupéfiante. « Tu ne souriais plus, à partir d'un moment. » Tout s'enchaîne et c'est comme si ma bouche était animée d'une vie propre. « C'était à cause du décès de ta soeur ? » je lâche, à brûle-pourpoint, en revoyant ces quelques mots écrits à la va-vite dans un coin de la table, prêts à disparaître. « J'avais entendu les profs parler, un soir. Ils disaient qu'il s'était passé quelque chose. Et tu n'as aucune photo récente avec elle. Ni avec l'autre d'ailleurs. » J'avais eu le loisir d'analyser son salon et j'avais noté ça dans un coin de ma tête. « Et j'ai compris en te voyant entrer dans le cimetière. » Puis en voyant son expression changer, je lève les paumes de mes mains dans sa direction. « Ma mission est de te protéger. Alors je t'ai suivie, de loin. Mais je suis resté à l'écart. » je termine, en haussant les épaules.




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MessageSujet: Re: A little note that brings back the past. (Reilian #2) A little note that brings back the past. (Reilian #2) EmptyJeu 27 Jan - 17:52

I fell in love
with your words
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« Tu ne connais de moi que ce que j'ai bien voulu montrer ou dire. » La correspondante que j'avais été avec lui n'avait pratiquement rien à voir avec la lycéenne que je montrais en classe ou dans les couloirs de l'établissement. C'était comme être deux personnes complètement différentes, mais sans jouer un rôle. Quand j'écrivais sur cette table, j'étais moi-même et ça me procurait le plus grand bien. L'espèce de quelques minutes, je mettais de côté la Jillian que je m’efforçais d'être, pour redevenir la vraie, celle qui n'avait que très peu confiance en elle et qui se demandait tous les jours où était sa place dans ce bas monde. Le soir, quand je rentrais chez moi, le masque tombait et je regrettais. Je regrettais de ne pas être capable de m'accepter comme j'étais, de me sentir obligée de me cacher derrière une carapace et de ne pas avoir la force de dire stop. Stop à mes peurs, stop à mes angoisses, stop à ces soit disant amis que je n'appréciais même pas et dont le passe-temps favoris était de mener la vie dure à certains de nos camarades. « Mon monde ressemblait bien plus au tien que tu ne le crois. » je souffle en secouant la tête. « Mais de toute façon, tu ne me croiras pas, hein ? Si je te dis que je jouais un rôle, pendant tout ce temps, est-ce que tu me croiras ? C'est à mon tour de douter, vois-tu. »  Pourtant, il s'agissait de la vérité et je la lui devais. Pour qu'il comprenne qu'il n'a jamais été invisible à mes yeux. « Je ne dirais pas que c'est faux, parce que tu as raison. On évoluait dans deux univers différents. » J'avais choisi mon clan en arrivant, choisi de mener cette vie à l'opposé de mes convictions, d'être cette fille inaccessible qui préférait faire attention à son image plutôt qu'au reste. « Mais parfois, ils peuvent se croiser... » je souffle en relevant les yeux dans sa direction. « J'ai toujours été sincère avec toi. J'ai pensé chaque mot écrit sur cette table, Reid. Et ça, tu n'as pas le droit d'en douter. » Même si ça pouvait lui sembler complètement absurde, même si ça ne faisait aucun sens dans son esprit. « C'était tellement facile de te parler... » j'avoue dans un murmure. « J'avais l'impression de tout pouvoir te dire, de pouvoir me confier sans craindre une moquerie. C'était moi. La vraie Jill, sans fioritures, sans masque. » Juste moi.

Je ne peux pourtant pas empêcher les mots de Reid de tournoyer dans mon esprit. Les gens comme moi. Ça me fait mal et je me déteste de me laisser atteindre à ce point comme ça. « Que tu le dises ou que tu le penses, ça revient au même. » C'était peut-être même pire, en fin de compte. « Alors lesquels ont effleuré ton esprit ? » Je ne sais pas pourquoi ça m'intéressait à ce point, pourquoi j'avais vraiment envie de savoir, de connaître les mots avec lesquels il pensaient ou parlaient de moi. À l'époque, j'avais eu besoin de savoir que les personnes qui gravitaient autour de moi m'appréciaient et m'aimaient, parce que la simple idée qu'on puisse me détester me donner la nausée. Aujourd'hui, je me fichais éperdument de ce qu'on pouvait bien penser de qui j'étais. On pouvait me haïr, ça ne me faisait ni chaud ni froid. De toute façon, je faisais un métier où on se faisait bien plus d'ennemis que d'amis et je l'avais très bien accepté. Je préférais avancer seule et j'estimais n'avoir besoin de personne. Je me suffisais à moi-même. Mais avec Reid, c'était différent. Je ne me moquais pas de ce qu'il pouvait penser de moi, que ce soit quinze ans en arrière ou maintenant. Surtout maintenant. Mes yeux se baissent sur le papier que je tiens encore entre mes mains et je revois chacun de nos échanges écrits au crayon de bois, effacés au fil des jours, mais imprégnés pour toujours dans ma mémoire d'une manière indélébile. Et j'étais persuadée d'avoir gardé des traces de ces échanges. J'avais photographié discrètement certains de nos mots avec mon téléphone, avant de les imprimer et de les ranger précieusement dans une boîte. Et j'étais presque certaine que cette boîte se trouvait dans mon grenier, avec le reste de mes souvenirs d'enfants.

Ça ne change rien. Quoi ? Pourquoi ? Je l’observe en silence, un nœud se formant doucement dans ma poitrine. Puis la sensation qu’on me tord le coeur s’intensifie sous ses mots et je secoue la tête, perdue. « On ne pourra jamais refaire le passé… Peut-être que je ne serais jamais venue te voir. Peut-être que si. On ne sait pas, Reid. Mais tu m’as bien fait comprendre que tu n’avais aucune considération pour les personnes comme moi. Si j’étais venue, tu m’aurais sûrement rejeté. » Pourquoi est-ce qu’il aurait accepté de me faire rentrer dans sa bulle, alors que la seule chose qu’il voyait, c’était le fossé qu’il y avait entre nous ? « Mais si je t’avais parlé, si je m’étais assise à côté de toi, avec un livre, comme j’ai si souvent eu envie de faire, tu ne m’en voudrais sûrement pas. » Je n’étais pas aveugle, encore moins stupide. Il était en train de créer une barrière entre nous, de rouvrir le fossé de notre adolescence et ça me faisait chier. J’avais beau être habituée à tenir tout le monde éloigné de moi, je n’avais pas envie que ce soit le cas avec lui. « Alors, je suis désolée de ne jamais être venue. » Une poignée de secondes plus tard, je vois l’expression de son visage changer et je penche légèrement la tête sur le côté, intriguée. Tu ne souriais plus, à partir d'un moment. Ma respiration se coupe et je ferme les yeux, priant silencieusement pour que cette discussion n’aille pas plus loin. Mais je sais qu’il sait, qu’il a compris et qu’il va m’emmener sur un terrain où je n’ai aucunement envie de me retrouver. Même après autant d’année, la disparition de ma sœur restait un sujet douloureux à évoquer. Je ne m’en étais jamais relevée et je n’étais pas certaine d’y arriver un jour. J’avais tellement perdu depuis son départ. « Je n’ai pas envie d’en parler… » je prononce, d’une voix à peine audible. « Reid, s’il te plaît. » Mais il ne m’entend pas, mes mots sont trop bas et je n’ai pas la force d’hausser le ton. Et j'ai compris en te voyant entrer dans le cimetière. Je sens une colère froide monter en moi, absolument tout ravager sur son passage et si mon regard avait pu le blesser, il ne lui aurait resté plus que les supplications pour m’en empêcher. J’avais l’impression qu’il avait pénétré mon intimité sans y être invité et les larmes me montent instantanément aux yeux. « Va-t’en. » Il n’avait pas pensé à mal en me suivant, il n’avait fait que suivre des ordres, mais je ne pouvais pas m’empêcher de lui en vouloir. Il avait compris certaines choses que je n’avais pas envie de partager avec lui, pas maintenant, pas comme ça. Il avait fait remonter tellement de souvenirs douloureux, de colère et de culpabilité. « J’ai besoin d’être seule… » Et de remettre de l’ordre dans mon esprit.


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MessageSujet: Re: A little note that brings back the past. (Reilian #2) A little note that brings back the past. (Reilian #2) EmptyJeu 27 Jan - 21:07

I fell in love with your words,
with your incisive writing
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Tu ne connais de moi que ce que j'ai bien voulu montrer ou dire. Et elle avait raison. Je connaissais des choses sur la fille au lapin, sur l'un des aspects de sa vie qu'elle m'avait laissé entrevoir, durant ces quelques mois passés à échanger au travers d'un pupitre. Mais je ne savais rien de Jillian, de cette silhouette sur laquelle mes yeux s'étaient tant de fois posés au détour d'un couloir. Pourtant, je ne compte plus les instants où je l'ai observée, à la dérobée. Où j'ai laissé traîner mes yeux sur le contour de son visage, à la recherche d'indices à son propos. Elle m'avait toujours intrigué. Parce qu'elle était suffisamment à sa place pour mener une existence tranquille, mais pas assez pour se fondre complètement dans la masse. Comme si n'était pas là où elle aurait du se trouver mais qu'elle avait décidé d'y poser ses valises, pour une raison qui m'avait échappé. Puis un jour, ses sourires s'étaient volatilisés. Et en un instant, j'avais cessé d'exister. Mon monde ressemblait bien plus au tien que tu ne le crois. Je sentais mon coeur battre un rythme insoutenable dans ma poitrine et il me démangeait d'y poser ma main pour souffler à celui-ci d'arrêter sa course folle. Parce qu'il y avait tellement d'espoir à cueillir, dans ses paroles. Tellement de choses qui animaient mon âme. Tellement de possibilités qui me donnaient envie de retourner en arrière. Si je te dis que je jouais un rôle, pendant tout ce temps, est-ce que tu me croiras ? Je penche la tête sur le côté, fouillant dans ses yeux pour trouver les réponses à mes questions. « Je te crois. » Parce que j'avais toujours éprouvé une sensation étrange en la regardant, immobile entre les gens qu'elle avait décidé de côtoyer. Je me sentais profondément fébrile, mis à nu et je détestais cette sensation. Je m'étais toujours retranché derrière mes épais manuscrits, derrière la laine épaisse de mes écharpes. Et personne n'avait jamais cherché à se glisser au-dessous, à cette époque. Même aujourd'hui, alors que les années étaient passées, il y avait très peu de gens que je pouvais me targuer d'appeler des amis. Pourtant, ça me suffisait et plus encore, cette poignée d'êtres humains me comblait. J'ai toujours été sincère avec toi. Moi aussi, j'ai toujours été sincère avec elle. J'ai pensé le moindre mot griffonné sur ce pupitre. « Je me sentais accepté, pour la première fois de ma vie. » je lâche, dans un souffle presque tremblant. J'y ai insufflé toute ma joie d'être écouté, toute ma confiance, tout ce contentement à la pensée d'être compris.

Et les adjectifs qui s'échappent de ses lèvres me semblent dégoulinants de pétrole, d'un miasme auquel je n'ai jamais associé Jillian. Ni par le passé, ni au présent. Elle n'avait jamais eu le moindre geste à mon égard. Peut-être que j'aurais aimé que ça soit le cas, à ce moment-là. Mais en tout cas, elle ne m'avait jamais porté atteinte. « Intrigante. » je souffle, d'une voix faible. « Absente. » À cause de son air perpétuellement décalé par rapport au reste de son groupe. « Bienveillante. » Parce qu'elle souriait aux gens qui croisaient sa route. Parce qu'elle se baissait pour ramasser les feuilles qu'un élève avait fait tomber. « Je t'ai observée, Jillian. Longtemps. » je murmure, sur un ton si bas que je me demande même si elle l'a entendu. Parce que ce n'était que la stricte vérité qui remontait en flèche depuis ma cage thoracique, qui flottait dans l'air et qui malmenait ma carcasse toute entière. Avouer tout ça, ça me donnait la sensation d'être complètement démuni. On ne pourra jamais refaire le passé. Malheureusement. Et peut-être que l'on était destinés à vivre ça de cette manière. À ne jamais se croiser pendant des années pour finalement se retrouver, bien plus tard. À se découvrir sous un autre angle, avec des existences qui ne ressemblaient en rien à celles du passé. Cependant, il se trouvait toujours là, somnolant sous la surface. Prêt à s'éveiller au moindre mouvement, comme il l'avait fait à la découverte de cette note qu'elle serrait désormais contre sa poitrine. « Je ne pense pas. » je confie, en resserrant mes bras contre moi. « Je t'aurais demandé pourquoi tu as choisi celui-ci tout particulièrement. » Et j'aurais attendu qu'elle me réponse, pour voir ses yeux s'animer pendant son explication. J'aurais été pétrifié par son apparition, dans un premier temps. Puis je sais que j'aurais ressenti une exaltation si immense qu'elle m'aurait quasiment fait défaillir. J'en étais certain. Alors, je suis désolée de ne jamais être venue. Il y a quelque chose qui me traverse, qui me ravage, qui me renverse d'un seul coup. Qui me fait autant de bien que de mal, aussi douloureux qu'un venin s'insinuant dans mes veines, aussi réconfortant qu'un baume pour panser mes blessures. « Il ne t'en veux pas. » je termine, avec un sourire qui ne remonte toutefois pas jusqu'à mes yeux. Le Reid du lycée, il aurait simplement aimé avoir une amie avec qui lire en silence, sous le couvert des escaliers.

Mon cerveau turbine à toute allure et des connexions se font, subitement. Je vois des choses apparaître devant ma rétine et mes lèvres s'entrouvrent, comme animées d'une volonté propre. J'assemble et j'additionne, je relie les informations les unes aux autres, je noue des nœuds bien serrés entre les faits. Tout était lié à la mort de sa soeur. La lumière s'était éteinte à cet instant précis et je n'avais plus jamais eu le droit à ses sourires délicats. Ceux qui m'étaient réservés et que j'avais toujours cru destinés à quelqu'un d'autre. Quand je baisse les yeux sur le visage de Jillian, mon corps se fige totalement. Ses traits sont crispés et j'entrevois même quelques perles salées qui viennent poindre au coin de ses paupières. Va-t’en. Et c'est à cet instant précis que je sens la brûlure de la colère s'échouer sur ma joue, comme si elle avait laissé l'empreinte de sa paume sur ma peau. C'était tout comme, en voyant l'expression qui traversait son regard. « Je- Jillian, je suis dé- » je commence, en comprenant que j'ai dépassé les limites. J'avais empiété sur quelque chose qui tenait de la vie privée, quelque chose dont elle ne tenait pas à parler. Quelque chose qui lui fait mal, quelque chose que je n'aurais même jamais du effleurer. « Très bien. » je souffle, d'une voix coupable. Puis je recule, mes doigts venant triturer une mèche à la base de ma nuque. D'aussi loin que je m'en souvienne, j'avais toujours effectué ce geste pour essayer de me détendre. « Je suis désolé. » je lâche, dans un murmure. Et je pivote pour faire demi-tour, la tête sans dessus dessous, les membres raides, avançant d'un pas raide.

Je me sentais complètement déconnecté, comme si mon corps agissait en pilote automatique. Alors que dans ma cage thoracique, ça fourmillait dans tous les sens, ça crépitait et ça sifflait, comme une machine qui se remettait à fonctionner contre son gré, après des années passées dans une armoire.


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