AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €

Partagez

Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage
Tara Walters
Troisième génération

Tara Walters


Messages : 12
Date d'inscription : 28/08/2021


Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Empty
MessageSujet: Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) EmptyDim 3 Oct - 20:18

This glass heart
Is shattering to pieces
Poppy & Tara

Mes yeux me brûlaient. Et je mourrais d'envie de les fermer, l'espace de quelques minutes. Une demi-heure, peut-être. J'avais perdu la notion du temps depuis des lustres. Mais je ne pouvais pas. Recroquevillée dans un coin de la pièce, assise à même le sol, j'observais la moindre craquelure dans la peinture de la porte qui me faisait face. Une porte close. Je sens ma respiration s'agiter et je prends une inspiration tremblante, les bras resserrés autour de mes jambes. Mon regard fouillait tout ce qui se trouvait autour de moi, la pupille agressée par tant de luminosité. J'avais vécu dans une semi-pénombre qui m'avait toujours paru normale et je sentais poindre un mal de tête qui lancinait dans mes tempes. J'avais refusé de bouger depuis j'étais arrivée et je m'étais réfugiée aussi loin que possible d'eux. Tout était trop coloré, trop différent de tout ce que j'avais pu voir jusqu'à maintenant. Je me sentais dériver dans un environnement qui m'était complètement étranger et j'étais terrifiée. Je ne saurais même pas dire depuis quand j'étais là, à attendre. Des heures, des jours. Peut-être plus, peut-être moins. Je n'avais pas la moindre idée de ce qu'ils me voulaient, de ce qu'ils attendaient de moi. Ils attendaient forcément quelque chose, de toute façon. Tous. Je gardais les yeux ouverts parce que c'était ma seule chance de pouvoir assurer mes arrières. De survivre. Parce que si je détournais mon attention, c'était la fin. Toujours sur le qui-vive. Toujours à guetter le moindre danger. J'entends du bruit à l'extérieur. Du mouvement, des discussions. Une agitation qui fait se serrer davantage le noeud dans mon estomac. Je ne reconnaissais rien, ni personne. Et je combats violemment la nausée qui remonte le long de mon œsophage quand le visage de Suma traverse mes pensées. Minu sõber. Quelques larmes dégringolent le long de mes joues et je les essuie rapidement d'un revers de ma manche. Mes yeux s'abaissent en direction de mes habits rapiécés, de mes mains crasseuses avant de revenir se poser sur la pièce.  

Tout s'était passé tellement vite et je peinais à remettre toutes les images dans l'ordre. Un film se jouait en boucle devant ma rétine et je revois ces gens en noir envahir le couloir, défoncer les portes, une à une. Des gens qui n'étaient pas eux. De parfaits inconnus. Mes jambes s'étaient changées en pierre et je n'avais pas réussi à faire le moindre geste. Paralysée. Incapable de réagir. J'entends encore les hurlements de terreur des autres, le mouvement de peur et ces ordres balancés à la ronde. Je ressens encore ce souffle glacial qui m'a traversé quand une main s'est posée sur mon épaule, mon cri d'effroi et cet instinct qui m'avait poussé à m'en défaire au plus vite. Sale. Tellement sale. Je m'étais débattue et j'avais reculé pour me fondre dans le mur le plus proche. Jusqu'à ce que l'épuisement, ce traître, ne fasse fléchir mes jambes. Je mourrais de faim. J'avais sommeil. J'avais peur. Je ne comprenais rien. Tout ce qui s'était passé en suite était voilé d'une nappe de brouillard et j'avais terminé ici, dont les vitres étaient teintées sur la moitié supérieure. Quand j'avais rouvert les yeux, un homme était accroupi devant moi, à quelques mètres. Un nouveau vent polaire et mes membres qui réagissent, par pur réflexe. Recule, Tara. Il va te faire du mal. Mes yeux s'étaient focalisés sur lui, sur la danger qu'il représentait mais il n'avait pas bougé. « On ne te fera aucun mal. » Sa voix avait résonné jusque dans mes os, vibrante et fraîche. Un rire étranglé, acide et semblable à un hoquet m'avait échappé. Mes jambes s'étaient repliées contre ma poitrine, mes bras venant les sécuriser. « Ils disent tous ça, au début. » j'avais chuchoté, d'une voix égratignée par le silence. Puis je m'étais murée à nouveau dans le mutisme. Il avait posé des questions qui étaient restées sans réponses. Je refusais de lui parler. À lui et aux autres. Parce qu'ils étaient tous des menteurs, des animaux. Des monstres. J'avais enfoui ma tête contre mes genoux, pour l'occulter de ma bulle. Me raidissant et déglutissant péniblement au bruit de la porte qui claque devant moi. Puis plus rien, jusqu'à présent.

Je sentais mon ventre gronder et ma gorge me faisait souffrir tant elle était sèche. Mais je n'allais pas me mouvoir d'un pouce tant que je ne savais pas de quoi il retournait. Il n'y avait rien qui puisse me servir à me défendre. J'étais démunie. À leur merci. Je me colle contre le mur quand la porte s'ouvre de nouveau, mon regard dardé sur la silhouette qui s'engouffre dans l'espace. Une femme. Instinctivement, je sens mon coeur s'apaiser de manière infime. Elle me terrifiait moins qu'eux. Pourtant, je ne me sentais pas moins en danger. Mes yeux l'analysent de haut en bas, de ses cheveux roux à ses baskets bordeaux. J'intègre le plus d'informations possible, les membres tendus par la crainte, tentant de fusionner avec la surface dans mon dos. Mon souffle s'accélère à nouveau dans ma poitrine quand elle fait un pas en avant et je resserre ma prise autour de mes cuisses. « Pitié. » je susurre, d'une voix étouffée, plongeant dans ses yeux clairs.

Peut-être qu'avec un peu de chance, elle allait m'épargner.


@Poppy Lloyd Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) 1308353876
Revenir en haut Aller en bas
Poppy Walters
Deuxième génération

Poppy Walters


Date de naissance : 21/01/1989
Messages : 216
Date d'inscription : 07/09/2019


Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Empty
MessageSujet: Re: Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) EmptyDim 3 Oct - 22:56

If you want it,
I will protect you
Poppy & Tara

« J'ai besoin de toi, ici. » Mon cœur avait alors raté un battement, mes yeux s’étaient fermés presque instantanément et il m’avait fallut quelques secondes pour accepter ce que ces quelques mots signifiaient. Je savais qu’il ne m’aurait jamais appelé si ce n’était pas important, urgent, mais je ne pouvais pas m’empêcher de ressentir une certaine crainte à l’idée de remettre un pied dans les locaux de la police. J’avais raccroché il y a quelques mois après plus de trente ans de loyaux services et même si ça me crevait le cœur de l’avouer, je me sentais bien plus sereine maintenant que tout ça était derrière moi. « Je t’écoute. » Ma voix n’était qu’un faible murmure et j’avais sentie ma gorge se nouée au fur et à mesure de ses paroles. Mon cœur de maman s’était retrouvé meurtri en apprenant sur quelle affaire il travaillait et je l’avais suivi de loin, sans jamais réussir à me défaire de l’idée qu’il aurait pu, à n’importe quel moment, arriver la même chose à mes propres enfants. Je me sentais soulagée d’apprendre qu’ils les avaient enfin retrouvé, qu’ils étaient maintenant en sécurité, mais un nouveau nœud était venu se former dans mon estomac. Je savais pourquoi il me demandait de revenir, pourquoi il avait besoin de moi et dans un autre contexte, bien moins grave, sa demande m’aurait fait sourire. « Tu es la seule personne capable de pouvoir faire quelque chose. » Je viens m’asseoir sur le canapé, tout en poussant un long soupire. Je l’entends prendre une inspiration de l’autre côté du combiné, avant de reprendre. « Je sais ce qu'on avait dit et si je pouvais faire autrement, j'aurais trouvé un moyen. » Nouveau soupir de ma part. « Je sais. Mais tu m’en demandes beaucoup, Kellen… » Prendre la décision d’arrêter n’avait pas été facile. Je l’avais fait parce que j’avais pris conscience que j’étais arrivée au bout de ce que je pouvais endurer, de ce que j’étais capable de donner, pour notre équipe. Mais je savais aussi que cette impression de manquer d’adrénaline, de ne plus être aussi utile qu’avant pouvait me faire craquer. Seulement, je ne voulais pas céder à cette tentation, à cet appel du danger qui ne m’avait jamais réellement quitté. Je voulais être auprès de mes enfants, passer le plus de temps avec eux, sans devoir les quitter à la moindre urgence. « C'est une question de temps pour retrouver les autres et je n'ai confiance en personne d'autre que toi pour ça. » Mon cœur me hurlait de cesser de réfléchir et de foncer, tandis que ma raison me suppliait de décliner l’offre. Ça me fait la sensation qu’une bataille acharnée se livre dans mon esprit, alors qu’on savait tous que ma décision était déjà prise. Parce que j’avais toujours agis en fonction de ce que me dictait mon cœur. « J’arrive. »

J’écoute, d’une oreille distraite, les dernières recommandations de Kellen, mes yeux rivés, à travers la vitre teintée, sur la silhouette recroquevillée dans un coin de la pièce. « Ne ferme pas derrière moi, ok ? » je lui demande d’un regard entendu, avant de passer la porte. Je la pousser légèrement, sans la claquer et je m’approche, lentement, de l’adolescente avant de me stopper net devant son regard apeuré et sa supplication. Je lève les mains en évidence dans sa direction reculant de quelques pas. « Je ne m’approcherais pas si tu ne le veux pas. » Je la comprenais, sans doute mieux qui quiconque ici. J’avais connu, la peur de l’autre, l’angoisse glaçante qu’on s’approche de moi, qu’on me touche. « Je vais me mettre là, d’accord ? » je réponds en lui indiquant, d’un signe de tête, le mur situé derrière moi, suffisamment éloigné d’elle pour qu’elle ne se sente pas prise au piège. Je viens m’appuyer contre ce dernier, avant de finalement m’y laisser glisser jusqu’au sol, m’asseyant en tailleur. « Je m’appelle Poppy. » je commence en jetant un coup d’œil en direction de la vitre, là où je le savais, se tenait mon mari, avant de revenir poser mes yeux sur elle. « J’ai trois enfants, dont l’un qui doit avoir à peu prés ton âge… » Je ne voulais pas rentrer immédiatement dans le vif du sujet en l’inondant de questions qui l’obligeraient de se replonger dans sa douleur. Je voulais d’abord qu’elle ait confiance en moi, qu’elle me parle, de n’importe quoi, de la pluie et du beau temps, je m’en fichais. « Tu sais, moi non plus, je n’ai pas très envie d’être là. » je murmure en baissant légèrement la tête. « Est-ce qu’il y a un endroit où tu te sentirais mieux ? » Ce que j’avais en tête n’avait rien de conventionnel et je m’attendais à me faire remonter les bretelles par mes supérieurs qui n’en étaient plus vraiment. Ils avaient voulu que je revienne, ils allaient devoir faire selon mes règles.


@Tara Walters Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) 1308353876
Revenir en haut Aller en bas
Tara Walters
Troisième génération

Tara Walters


Messages : 12
Date d'inscription : 28/08/2021


Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Empty
MessageSujet: Re: Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) EmptyJeu 7 Oct - 12:15

This glass heart
Is shattering to pieces
Poppy & Tara

J'avais perdu le moindre de mes repères, aussi misérables soient-ils. L'obscurité, la fraîcheur des murs, l'ombre menaçante mais familière de ces hautes silhouettes arpentant les couloirs. Tout était tellement grand, tellement lumineux. J'avais m'impression de respirer à nouveau, de ne pas sentir la crasse s'infiltrer directement dans mes poumons. Mais je ressentais toujours cette peur logée dans mes entrailles, vibrante. Cette liberté, j'en avais tellement rêvé. Mais l'espoir s'était amenuisé, avec le temps. Puis j'avais fini par accepter mon sort, sans broncher. L'esprit complètement déconnecté de mon propre corps. Une coquille vide, une carcasse à jamais souillée. Personne ne pouvait me venir en aide. Il était trop tard. Ils allaient réussir à me briser définitivement, un jour. Si ce n'était pas aujourd'hui, alors ça serait le lendemain. Ou celui d'après. Qu'importe, parce que je n'allais pas en réchapper de toute façon. J'avais accepté cette situation parce que je ne pouvais rien y changer. J'étais impuissante face à ma condition, face à la cruauté des hommes. Et j'avais cessé de penser qu'il en serait autrement. Maintenant que j'étais sortie de cet endroit, que j'ouvrais les yeux sur un monde tout à fait différent du mien, j'étais tout aussi terrorisée. Je ne reconnaissais rien. Je n'avais personne vers qui me tourner. Suma était là, quelque part et j'espérais de toutes mes forces qu'elle avait réussi à s'enfuir. À trouver de l'aide. Je fermais les yeux et je pouvais presque ressentir la puissance de son étreinte, la pression de ses doigts recroquevillés autour de mon tee-shirt. Toutes ces nuits à se serrer l'une contre l'autre pour avoir moins froid, pour tenter d'oublier l'enfer qui était notre quotidien, pour essayer d'apaiser nos âmes meurtries. Désormais, j'étais complètement seule. Perdue. Enfermée dans un endroit dont je ne savais rien. Et cette constatation faisait s'emballer mon rythme cardiaque, mes bras se resserrant autour de mes jambes.

Je n'avais pas la moindre idée d'où je me trouvais, de ce qu'ils me voulaient. Alors j'attendais, les yeux brûlants de fatigue. J'attendais qu'ils se décident à revenir vers moi pour pour se servir, comme les autres l'avaient toujours fait.

La porte s'ouvre enfin à nouveau, laissant apparaître une silhouette différente de celle qui s'était imposée à moi, précédemment. Une femme. Aux cheveux d'un roux flamboyant et aux yeux clairs. J'ai l'impression d'être face à une créature qui n'existe que dans les livres. Parce que je n'avais côtoyé qu'eux, en fin de compte. Et les autres enfants. Je ne me souviens pas de mes premières années d'enfance. Tout a rapidement été balayé de ma mémoire, supplanté par le reste. Par ces images qui me dévorent à chaque fois que je ferme les yeux. Par ces souvenirs qui me brûlent l'estomac et la gorge, qui font poindre des larmes au coin de mes yeux. Je frémis en voyant ses mains se lever, remontant davantage mes jambes contre ma poitrine. Je ne m’approcherais pas si tu ne le veux pas. Sa voix est douce. Mais j'avais trop souvent entendu ce genre d'intonation avant d'avoir mal. Un appât enveloppé dans une couche de sirop pour détourner l'attention. « S'il vous plaît. » je murmure, en secouant vivement la tête de gauche à droite pour appuyer mes mots. Mes membres sont secouées de tremblements et je me mords l'intérieur de la bouche. Je ne réponds pas à sa question, me contentant de la suivre des yeux alors qu'elle se déplace pour rejoindre l'autre mur. Je m’appelle Poppy. Mes sourcils se froncent et je penche la tête sur le côté, dissimulée derrière le rideau de mes cheveux d'un blond sale. J’ai trois enfants, dont l’un qui doit avoir à peu prés ton âge. Des enfants. Comme Zuni, Pippa, Oria et tous les autres. Ceux que j'ai tant de fois recouverts d'une couverture trouée quand leurs corps tremblaient d'effroi, ceux dont j'ai soigné les hématomes, ceux que j'ai entendu hurler de détresse de l'autre côté des murs. Elle ne bouge pas, assise à même le sol. Comme moi. Moi non plus, je n’ai pas très envie d’être là. Alors qu'est-ce qu'elle faisait là ? Elle avait le droit de sortir. Elle n'avait rien pour l'entraver, pour l'empêcher de faire quoi que ce soit. Elle pouvait faire demi-tour et disparaître, sans que personne lui demande rien. Pourtant, il y a quelque chose sur son visage qui me fait frissonner, qui résonne dans ma poitrine. Une lueur dans ses iris. Une impression, fugace. Qui s'estompe quand elle m'interroge à nouveau, mes doigts se resserrant contre mon pantalon en toile. Est-ce qu’il y a un endroit où tu te sentirais mieux ? Tu ? Est-ce que j'avais mon mot à dire ? Vraiment ? Je n'allais pas être punie ? Parce que s'exprimer, c'était s'exposer à des conséquences, là-bas. Je la regarde, de longues minutes, mes yeux parcourant parfois la distance jusqu'à la porte. Je voulais sortir d'ici. Je ne voulais plus être cloîtrée entre quatre murs. Je voulais sentir l'air pur et voir le soleil briller. Celui que j'avais si souvent entrevu sous les portes ou à travers les vitres crasseuses. « Dehors. » Ma voix est faiblarde, cassée comme si j'avais trop crié. Alors qu'elle décrivait simplement des cordes vocales qui n'avait jamais servi à autre chose qu'à supplier, qu'à demander pardon. « S'il vous plaît. » je répète, renfonçant mon visage entre mes genoux. « Dehors. » Je voulais voir le monde extérieur de mes propres yeux. Celui que j'avais espéré rejoindre avec une intensité dévorante pendant de longues années. Celui qui me rendait curieuse et m'effrayait en même temps, des sentiments contradictoire se battant en duel dans ma cage thoracique.


@Poppy Lloyd Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) 1308353876
Revenir en haut Aller en bas
Poppy Walters
Deuxième génération

Poppy Walters


Date de naissance : 21/01/1989
Messages : 216
Date d'inscription : 07/09/2019


Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Empty
MessageSujet: Re: Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) EmptyDim 10 Oct - 23:43

If you want it,
I will protect you
Poppy & Tara

J’avais l’impression que de douloureux souvenirs avaient refait surface, parce qu’à chaque fois que mes yeux se posaient sur sa silhouette recroquevillée, sur son visage apeuré, je me revoyais, prise au piège entre ses griffes. Et même si ce que j’avais vécu n’était en rien comparable avec l’Enfer qu’elle avait traversé, je ne pouvais que compatir à tout ce qu’elle devait ressentir en ce moment. J’avais éprouvé tellement de méfiance envers les hommes, tellement de craintes à leur égard, parce qu’il avait suffit de peu pour me briser, entièrement, que je n’avais pas besoin de l’entendre mettre des mots sur ce qu’elle avait vécu pour savoir. Je ne connaissais que trop bien la peur de la proximité, la peur du contact, de l’autre, tout simplement. Je voyais tout ça à ses réaction, à sa manière de se refermer sur elle-même, à me supplier de ne pas faire un pas de plus. Et ça me brisait le cœur. J’aurais aimé qu’elle ait quelqu’un sur qui se reposer, quelqu’un à qui se confier et surtout à qui faire confiance. J’avais eu la chance d’être entourée des meilleurs amis qu’on puisse rêver d’avoir, de ma famille, qui m’avait soutenu comme jamais personne ne l’avait fait auparavant et, aussi étrange que ça avait pu paraître, à l’époque, j’avais trouvé du soutiens chez Kellen. Un soutiens un peu brut, parfois bancal, mais qui m’avait finalement permis de me reprendre et de réaliser que j’étais plus forte que ce que j’imaginais. Elle, elle n’avait personne. Et elle était si jeune… J’étais maman et ça me touchait particulièrement. Je repensais à ce qu’Avie avait, elle aussi, vécu, à ce qu’elle aurait pu traverser. A June. A Nev, qui avait connu la folie humaine dans son état le plus pur. Mais ils n’avaient pas affronté l’après, seuls, contrairement à elle. Et si je mourrais d’envie de lui apporter toute la sécurité et la douceur que j’avais à offrir, je savais que je ne pouvais pas me le permettre. Je n’étais personne à ses yeux, qu’une simple étrangère, qu’un danger potentiel. Et si elle tolérait, plus ou moins ma présence, c’était uniquement parce que j’avais la chance d’être une femme.

Alors je reste à l’écart et, au lieu de la harceler de questions auxquelles elle n’a très certainement pas envie de répondre, j’essaie de la mettre en confiance, de lui faire comprendre, indirectement, que j’étais dans son camp, de son côté. Lui dire de façon directe ne fonctionnerait pas. Elle avait dû entendre un milliard de fois les mêmes choses, les mêmes paroles lui promettant qu’elle n’était pas en danger alors que si et je ne voulais pas qu’elle m’associe à une énième personne qui lui mentirait. Je commence par me présenter, brièvement, avant qu’une idée ne traverse mon esprit. Nous n’avions pas envie d’être là, toutes les deux. Pour des raisons diamétralement opposées, certes, mais qui se résumaient forcément à de mauvais souvenirs. J’allais très certainement récolter les foudres de Hicks, mais je n’avais rien à perdre, de toute façon. Alors je lui demande si elle aimerait aller ailleurs, loin de cette pièce austère et aux murs étouffants, de cet endroit qui n’avait rien de rassurant pour une gamine qui était resté enfermé pendant d’innombrables semaines. Sa réponse ne m’étonne que peu et je me contente de hocher la tête, avant de me redresser. « Allons dehors, dans ce cas. » Je pouvais presque sentir le regard accusateur de mon ancien supérieur, sentir tout le poids de son incompréhension. Je sortais des procédures réglementaires et il détestait ça. « Je vais leur demander de ne pas s’approcher, d’accord ? Tu n’auras qu’à me suivre. » Je m’approche de la porte, guettant ses réactions du coin de l’œil. Quand j’arrive sur le seuil, Hicks se tient devant moi, les bras croiser sur son torse. « Vous jouez à quoi, Walters ? » J’étais persuadée qu’il n’avait toujours pas digéré mon inconscience lors de la fusillade et encore moins mon départ. C’était marqué en lettres capitales sur son front. Je relève la tête, le défiant presque de se mettre en travers de mon chemin. « Ce que vous auriez dû faire depuis le début. » je marmonne entre mes dents. Mon regard croise brièvement sur celui de Kellen pour y chercher une approbation, que je lis dans ses iris, avant de revenir sur le commandant. « Vous m’avez demandé de venir, alors soit vous vous fiez à moi, soit je m’en vais. » Je bluffais, évidemment. Parce que je me sentais incapable d’abandonner la petite derrière moi, sans avoir réussi à la faire parler, mais je savais qu’ils étaient dans une impasse, sinon, je ne serais pas ici en ce moment même. « Alors maintenant, sans vous manquer de respect, écartez-vous et laissez-nous sortir. » Ma voix est ferme, catégorique et je sens un immense soulagement quand il se décale sur le côté. Je le remercie d’un simple hochement de tête avant de faire signe à la petite de me suivre. « Tu peux approcher… » je commence dans un murmure. « Ils ne te feront rien. Je te le promets. » De toute façon, le premier qui oserait faire un pas ou bouger, ne serait-ce que que le petit doigt, se mangerait mon poing dans la figure.

J’ai l’impression qu’il nous faut une éternité pour atteindre les jardins intérieurs au bâtiment, si bien que chaque pas supplémentaire vers notre destination fait monter l’angoisse dans mon estomac. J’ai peur qu’elle flanche, qu’un de mes collègues passe trop près d’elle et la fasse perdre contenance. Par chance, on arrive enfin devant les immenses baies vitrées et je pousser un léger soupir de soulagement en ouvrant l’une d’entre elles. Je pose un pied à l’extérieur, puis un deuxième, prenant une immense bouffée d’oxygène avant d’avancer de quelques pas, pour garder une certaine distance entre elle et moi. « Il n’y a que nous dehors. » je l’informe, en espérant qu’elle réussira enfin à se détendre. Au moins un tout petit peu.


@Tara Walters Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) 1308353876
Revenir en haut Aller en bas
Tara Walters
Troisième génération

Tara Walters


Messages : 12
Date d'inscription : 28/08/2021


Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Empty
MessageSujet: Re: Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) EmptyDim 24 Oct - 12:46

This glass heart
Is shattering to pieces
Poppy & Tara

Mon corps est secoué de tremblements, ma poitrine comprimée par un étau familier. Celui de la peur, celle qui m'accompagne depuis déjà de longues années. Ce souffle glacial qui s'enroule autour de mon coeur, qui l'enserre douloureusement, qui s'insinue dans mes veines pour me paralyser. Je suis complètement perdue, larguée dans un monde dont je ne savais rien. Parce que même si l'endroit d'où je venais s'apparentait à un enfer terrestre, je le connaissais. La moindre égratignure sur le parquet, le plus petit impact de balle contre le mur, le grincement habituel des portes qui se refermaient derrière nous et le cliquetis de la serrure que l'on verrouillait pour nous empêcher d'en sortir. La pénombre et les hurlements, la présence oppressante de ces hommes qui veillaient sur nous comme du bétail parqué dans une ferme. Là-bas, je savais quel était mon rôle, les responsabilités qui m'incombaient. Obéir et servir, sans jamais dire un mot. Suivre les ordres et les accomplir docilement pour ne pas être punie. Ici, je n'étais qu'un corps jeté dans un trou, sans espoir de s'en échapper. Je ne comprenais pas ce que je faisais là, ce qu'ils voulaient de moi. Tout était trop bruyant, la lumière agressait ma rétine et je me sentais à quelques pas de la liberté sans pour autant pouvoir l'atteindre. Est-ce qu’il y a un endroit où tu te sentirais mieux ? Je relève la tête pour regarder la femme aux cheveux roux qui m'observe, elle aussi. Elle a reculé de l'autre côté de la pièce et j'ai l'impression de respirer un peu mieux. La lumière blanche au-dessus de nous me force à plisser les yeux et j'expire un seul mot comme réponse. Dehors. Je voulais sortir. À tout prix. J'aurais donné n'importe quoi, pour ça. Pour respirer quelques secondes l'air de l'extérieur, pour poser mes yeux sur le ciel, celui que j'avais tant observé derrière un hublot couvert de crasse.

Allons dehors, dans ce cas.

Mon coeur vibre soudainement d'une sensation inconnue et je pose ma paume à plat sur ma poitrine. Puis je la vois se relever et m'inciter doucement à la suivre, s'arrêtant sur le seuil pour guetter ma réaction. Je me redresse doucement, laissant échapper un glapissement quand mes muscles se rappellent douloureusement à moi, ankylosés par ma position de repli. Je prends appui contre le mur, dégageant quelques mèches de cheveux dans mon dos pour apercevoir une silhouette devant elle, mon corps se crispant automatiquement. Il y en avait un autre. Et je sens ma gorge se nouer violemment en apercevant son air contrarié. Parce que la seule fois où j'avais vu cette expression sur leur visage, j'avais ressenti la morsure de leurs bagues contre ma joue. Leur conversation semble houleuse et je ne bouge pas d'un pouce, cherchant à me fondre avec le mur qui se trouve dans mon dos. Alors maintenant, sans vous manquer de respect, écartez-vous et laissez-nous sortir. Il y a une telle force dans la voix de cette femme. Une volonté écrasante, qui s'abat devant elle. Je contemple ce dos droit et cette tête qui se tient haute, téméraire. Tu peux approcher. Ils ne te feront rien. Je te le promets. Ses yeux sont plantés dans les miens et sa voix n'est qu'un souffle, mais je l'entends parfaitement. Une partie de moi aimerait vraiment y croire. Mais j'ai trop souffert pour faire confiance. Pourtant, je n'ai pas le choix, si je veux pouvoir sortir d'ici. Alors j'avance, pas après pas, jaugeant le moindre mouvement suspect. J'ai le sentiment que chaque mètre parcouru est un supplice, une torture qui me fait trembler de terreur. Il y a tellement de gens qui arpentent ce lieu, tellement de mouvement. Tellement d'hommes. Je me sens cernée de toutes parts et je baisse instinctivement les yeux, suivant l'ombre de la femme pour me repérer dans cet endroit. Je ne veux pas qu'ils m'approchent, qu'ils m'effleurent. Je me sens nauséeuse et mes ongles s'enfoncent violemment dans la chair de mes paumes pour m'exhorter au calme. Puis je relève la tête, me figeant en sentant de l'air filtrer jusqu'au moi, caressant ma peau. Il n’y a que nous dehors. J'approche, avec une impatience réprimée par la crainte. Je ne sais pas ce qu'il y a dehors. Et ça me fait peur. Tout autant que ça me fascine. Mes pieds avancent maladroitement jusqu'à l'encadrement de la fenêtre ouverte. Je me sens pétrifiée, l'espace d'un instant. C'est complètement nouveau et je ne sais pas comment l'appréhender.

Je prends une grande inspiration, fermant les yeux quelques secondes avant d'expirer et de faire un pas en avant. Et en une seconde, je suis éblouie. Littéralement. Mes mains viennent protéger mon regard de cette lumière intense, mes cheveux sont balayés par une brise tiède et tout ce qui se trouve autour de moi est beau. Des choses que j'ai pu imaginer dans les quelques livres défoncés, cachés sous ma paillasse. Ces quelques lignes que j'ai mis tellement de temps à déchiffrer, qui restent encore vagues pour la plupart. Je me suis soudainement étourdie et mes pupilles recherchent la silhouette de la rousse, l'apercevant à quelques mètres. « Merci. » je murmure, des larmes chaudes pointant au coin de mes yeux. Merci. Même si c'était temporaire, ça allait rester un souvenir vif et impérissable dans ma mémoire. Quelques minutes de liberté, à respirer l'air pur et à ressentir la caresse du soleil sur ma peau. Je la vois s'approcher d'un banc et s'y asseoir, son regard toujours posé sur moi. Je ne suis pas vraiment libre, à vrai dire. L'idée de faire demi-tour et d'essayer de l'enfuir me prend par la gorge et je secoue la tête, pour la chasser. Je n'allais pas y arriver, de toute façon. J'avais vu les armes pendues à leurs ceinturons. Et puis, je ressentais une forme de culpabilité envers elle. Elle m'avait emmené dehors, elle m'avait protégé d'eux, sa présence créant comme une sorte de bouclier autour de nous pendant le trajet. Petite mais pourtant si vaillante. Alors je prends une autre inspiration, essayant de dénouer le nœud qui s'était formé dans ma gorge. Je rejoins doucement le banc, choisissant la place la plus éloignée d'elle, m'asseyant tout au bord. Mes doigts sont entremêlés, serrés sur mes cuisses et je baisse à nouveau la tête. J'attendais. Je ne pouvais rien faire d'autre que de patienter, jusqu'à ce qu'elle se décide à parler. Mais ce silence est insupportable et les mots finissent par m'échapper. « Qu'est-ce que vous voulez ? » je souffle, faiblement.

Parce qu'en contrepartie de cet instant de pur bonheur, ils allaient forcément exiger quelque chose.


@"Poppy Lloyd" Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) 1308353876
Revenir en haut Aller en bas
Poppy Walters
Deuxième génération

Poppy Walters


Date de naissance : 21/01/1989
Messages : 216
Date d'inscription : 07/09/2019


Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Empty
MessageSujet: Re: Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) EmptyDim 24 Oct - 16:06

If you want it,
I will protect you
Poppy & Tara

Je l’observe, mes yeux ne parvenant pas à se détacher de sa silhouette, resserrant un peu plus à chaque secondes qui passent le nœud qui s’est formé dans ma poitrine depuis que je l’ai aperçu. Je peux lire dans son regard que tout est comme une première fois, qu’elle redécouvre le ciel, le soleil, la légère brise qui vient s’engouffrer dans ses cheveux et je me sens finalement obligée de détourner le regard, rien que quelques secondes, pour reprendre mon souffle et garder mon calme. Je vouais une haine tellement profonde à ces êtres infâmes, que je ne pouvais même pas considérer comme humains après ce qu’ils avaient fait vivre à tous ces enfants, à cette adolescente obligée de grandir trop vite et à qui on avait arraché toute forme d’innocence. Je me sentais capable de briser cette décision d’arrêter, cette promesse faite à Neven, un soir, alors qu’il me demandait, avec ses yeux brillants d’émotions, si j’arrêtais pour de bon, cette fois. Je l’avais serré dans mes bras en lui affirmant que mon choix était définitif. J’étais déjà en partie en train de trahir ma parole en revenant ici, en ayant accepté d’apporter mon aide, et je refusais catégoriquement de me mêler un peu plus de cette affaire. Mais l’envie était pourtant bien présente, comme celle d’aller venger une à une toutes les personnes qu’ils avaient fait souffrir. J’avais toujours aimé mon métier, mais certains jours, je le haïssais de me montrer toute la cruauté dont les Hommes étaient capables de faire. Je vois sa bouche s’ouvrir, légèrement, avant que des remerciements ne s’y échappent, dans un murmure. « Non, ne me remercie pas. » je réponds en lui adressant un sourire qui se veut rassurant. « C’est normal, d’accord ? » Elle avait passé des mois, voire des années, enfermée et j’aurais aimé que mes anciens collègues se mettent trente secondes à sa place et comprennent que ce n’était pas en l’enfermant dans une salle d’interrogatoire qu’ils allaient réussir à la faire parler. Elle était une victime, pas un coupable qu’on devait enfermer à tout prix.

Je fini par aller m’asseoir sur un banc, à quelques mètres de la fenêtre d’où nous étions sorties, tout en continuant de l’observer. Je n’allais pas la forcer à me rejoindre ou à me parler si elle n’en avait pas envie. Et tant pis si ça ne plaisait pas à Hicks. Je ne lui devais plus aucun compte et j’avais bien la ferme intention de faire les choses à ma manière. J’avais bien conscience que le temps leur était compté, qu’ils ne pouvaient pas se permettre d’attendre éternellement qu’elle se décide enfin à leur livrer les, sans doute, précieuses informations qu’elle possédait, mais je n’étais plus flic et je voyais les choses différemment. Elle allait sûrement avoir besoin de temps, de me faire suffisamment confiance pour ne serait-ce qu’avoir envie de me donner son prénom. Oui, l’enquête était importante, oui, la vie d’autres enfants étaient en jeu et je ne pouvais pas me sortir cette idée de la tête, mais elle, elle était là, vivante, terrorisée, et elle avait le droit de se sentir en sécurité. Aucun prétexte ne justifierait le fait de la brusquer. Et j’étais certaine qu’au moins Kellen comprendrait. Puis, contre toute attente, je la vois s’approcher, lentement, puis s’installer à mes côtés, même si plusieurs places nous séparent. J’essaie de faire le moins de mouvements possibles pour ne pas l’effrayer. Un silence tendu s’installe autour de nous, seulement brisé par quelques ponctuels chants d’oiseaux, mais je ne dis rien, je continue de regarder devant moi, appréciant simplement cette petite victoire. C’est elle, finalement, qui brise le silence et ma tête pivote lentement dans sa direction. « Moi, je veux simplement t’aider… Et m’assurer qu’il ne t’arrive rien. » je lui avoue dans un souffle, avant de reprendre. « Les hommes que tu as vu à l’intérieur, ils font partis de la police. Ils sont là pour arrêter les personnes qui t’ont fait du mal… Je sais qu’ils sont impressionnants, mais la plupart d’entre eux sont des idiots qui ne feraient pas de mal à une mouche. » Moi aussi, j’avais eu peur d’eux, à une époque. Moi aussi, j’avais crains les hommes, retenus mon souffle à leur approche, parce qu’ils étaient, à mes yeux, une menace. Mais je connaissais mes anciens collègues, ils étaient, pour la plupart, devenus pères et je ne remettrais jamais en cause leur intégrité. Ils étaient juste aussi doux que des boulets de canon. « Mais pour ça, ils ont besoin de savoir ce que toi tu sais. » J’étais retournée sur cette pente glissante, celle qui pouvait réduire à néant le peu de chemin que nous venions de parcourir. « Je ne te forcerais pas à me parler. Mais si tu en as envie, que quelque chose te revient et que tu penses que ça pourrait les aider pour les retrouver, tu peux me le dire et je leur ferais savoir. » Elle devait savoir qu’elle ne serait pas obligée de leur dire quoi que ce soit, que je pouvais servir d’intermédiaire entre elle et eux, si ça pouvait la rassurer. Puis, après avoir prit une immense inspiration, je reprends, jouant peut-être mon ultime carte. « Tu sais, moi aussi, quelqu’un m’a fait énormément de mal… C’était il y a très longtemps, tu n’étais même pas encore née. » Mon regard se baisse et je ferme les yeux, quelques secondes avant de les rouvrir. Je pivote légèrement sur le côté, le plus lentement possible, afin de lui faire face. « Tu es en sécurité, ici. Je ne laisserais personne te faire du mal ou t’approcher si tu ne le souhaites pas. » Comme Kellen l’avait fait, lorsqu’il était venu me sortir des Enfers.


@Tara Walters Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) 1308353876
Revenir en haut Aller en bas
Tara Walters
Troisième génération

Tara Walters


Messages : 12
Date d'inscription : 28/08/2021


Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Empty
MessageSujet: Re: Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) EmptyDim 24 Oct - 23:28

This glass heart
Is shattering to pieces
Poppy & Tara

Non, ne me remercie pas. Mes yeux viennent chercher les siens et je fronce les sourcils. Je ne comprenais pas. Pourtant, c'était bien ce qu'il fallait faire, non ? Dire merci. Enfin, c'est ce que l'on avait toujours exigé de moi. Merci de me laisser en vie, merci de m'épargner et de me donner la possibilité de vivre un jour de plus. Cette femme me laissait la chance de respirer le grand air et de voir le soleil, de le ressentir sur ma peau. Et c'était tellement nouveau, tellement improbable qu'il me donnait l'impression de grignoter mon épiderme, minute après minute. C’est normal, d’accord ? Sa voix résonne à nouveau et je referme mes bras autour de ma taille, sans pouvoir empêcher le frisson qui rampe sur mes avant-bras. « Pas vraiment. » J'avais du mal à saisir tellement de choses parce qu'elles étaient à l'opposé de tout ce qu'on m'avait inculqué depuis tant d'années. Je n'avais jamais eu le droit de sortir dehors. Je n'avais pas eu le droit à grand chose, à vrai dire. Je subissais et je suivais les ordres. Pas un mot plus haut que l'autre, quand la parole était autorisée. Il fallait juste obéir. Être prête à agir. Se laisser faire. Oublier la médiocrité de mon quotidien, me déconnecter de la réalité et jouer les marionnettes. Encore et encore. Tant que j'étais encore capable de mettre un pied devant l'autre, du moins. La seule chose qui m'avait permis de rester debout, c'était les enfants. Ils avaient besoin de moi. Je ne pouvais pas les laisser seuls. J'arrivais à les protéger, tant bien que mal. À leur offrir quelques instants de paix, aussi maigres soient-ils. Je préférais faire passer leurs besoins avant les miens. Personne n'y avait jamais prêté attention, de toute manière. Mais cette femme m'intriguait au plus haut point, parce qu'elle s'y attardait. La seule personne jamais rencontrée qui m'interroge sur ce que moi, je voulais. Alors je ravale ma crainte et mes envies de fuir aussi loin que possible, réduisant la distance pour la rejoindre sur le banc.

Je m'assois aussi loin que possible, les mains entrelacées dans mon giron. Baissant la tête par habitude, les yeux plantés sur mon pantalon usé. Quelques minutes passent, troublées par les notes haut perchées des oiseaux dissimulés dans les arbres qui bordent le jardin et me font sursauter. Puis je finis par laisser échapper la question qui me taraude l'esprit depuis que j'ai ouvert les yeux dans la pièce où je trouvais précédemment. Quel était mon utilité dans tout ça ? Parce qu'ils ne m'auraient pas gardée dans leur cage si je n'allais leur servir. Peu importe l'endroit, rien ne changeait vraiment. Nous n'étions que des pions, déplacés ici et là dans un but bien précis. Prendre et donner. Tout était réfléchi. Raisonné. Moi, je veux simplement t’aider… Et m’assurer qu’il ne t’arrive rien. Je relève la tête, dans un geste, mon regard quadrillant son visage. Ces paroles me semblaient presque une langue étrangère, tant ils m'étaient inconnus. Je m'attends à voir la trace d'un mensonge dans ses iris parce que les adultes ne sont capables que de ça. Mais il y n'y a rien qu'une franche détermination. Puis elle reprend la parole, à la suite. La police. J'ai pu en entendre quelques mots, de temps à autre. Et pas en des termes élogieux. Pourtant, c'est ceux qui sont venus me tirer de ce cauchemar, c'est ceux qui m'ont arraché à l'enfer dans lequel j'étais prise au piège. Ils sont là pour arrêter les personnes qui t’ont fait du mal. L'espace d'un instant, je ressens l'espoir. Peut-être qu'ils ne pourront plus jamais m'atteindre. Peut-être que leurs mains sales et leurs rires gras ne me toucheront plus jamais, ni le corps, ni l'âme. J'en suis pas sûre, cependant. Et je suis toujours aussi terrifiée qu'ils réussissent à me retrouver.

Mais pour ça, ils ont besoin de savoir ce que toi tu sais. Je me raidis, mes doigts se resserrant sur mes cuisses. Mon coeur bat la chamade dans ma poitrine, mon estomac me fait mal tant il est creux et noué par l'angoisse. « Je- Je ne peux- Non. Non, je ne peux pas. Je ne peux pas.. » je bégaie, les lèvres tremblantes, en secouant furieusement la tête de gauche à droite. Si je parlais, ils allaient pouvoir retrouver ma trace. Ils allaient s'en prendre aux enfants, à ceux qu'ils avaient pu garder entre leurs griffes. « Ils vont leur faire du mal. » je rajoute d'une voix faible, les yeux écarquillés par la crainte. Je m'apprête à refuser à nouveau mais je suis coupée dans mon élan par sa confession, par quelques paroles qui me réduisent instantanément au silence. Tu sais, moi aussi, quelqu’un m’a fait énormément de mal. Il y a un fantôme qui traverse son regard, qui ressemble étrangement à la lueur que je peux voir dans le mien, quand je regarde mon reflet dans la vitre. Je ne peux pas douter de son aveu. Parce que je sais qu'elle a ressenti la même chose, qu'elle a vécu la mêle agonie. Je le ressens dans son regard, dans la manière dont ses épaules se sont légèrement voûtées. Un geste de protection que j'ai effectué un milliard de fois en pensant que ça pourrait me sauver de la violence. Mais qui n'a jamais eu le moindre effet. Je l'écoute et je sens ma poitrine vibrer à nouveau, comme si ses mots transperçaient toutes les couches de mon épiderme pour se glisser à l'intérieur. J'ai peur de la croire, de déposer les ersatz de confiance que je possède dans ses mains parce que je ne veux pas être déçue davantage par le genre humain. Tout a été balayé depuis longtemps et mon univers s'est résumé à des nuances de gris. Là, elle distillait quelques pointes de couleur et je voulais retrouver tout le dégradé mis à disposition par la vie. Je voulais penser que ses paroles étaient remplies d'une pleine vérité. Je ne m'étais jamais sentie en sécurité, j'avais lutté pour ma survie et celle des autres. Chaque jour aurait pu être le dernier parce qu'on ne savait jamais quand on serait jugés inutiles, inaptes à satisfaire. Et là, on me promettait monts et merveilles. Pourtant, il y a une chose qui me chiffonne. Qui s'est incrustée dans ma tête et que j'ai besoin de verbaliser, quand je la vois aussi apaisée. « Comment est-ce que vous avez fait ? » je susurre, toujours sur un ton très bas. Comme si parler plus haut allait me porter préjudice. « Comment est-ce que vous avez réussi à vous en sortir ? De cette personne qui vous a fait du mal ? » je poursuis, remplie d'une curiosité que je ne pourrais pas expliquer clairement. Je voyais qu'elle avait été longtemps hantée, qu'il restait quelques miettes qui subsistaient dans ses yeux. Mais il était impossible de nous comparer parce que j'avais été spectatrice de cette volonté ferme, de cette stature droite et fière, qui ne pliait devant personne. Je voulais savoir ce qu'il avait fallu qu'elle déploie pour se sortir des ténèbres. Je voulais qu'elle me donne la clé pour essayer à mon tour, maintenant que j'avais quitté les murs de ma prison.


@"Poppy Lloyd" Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) 1308353876
Revenir en haut Aller en bas
Poppy Walters
Deuxième génération

Poppy Walters


Date de naissance : 21/01/1989
Messages : 216
Date d'inscription : 07/09/2019


Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Empty
MessageSujet: Re: Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) EmptyMer 27 Oct - 19:31

If you want it,
I will protect you
Poppy & Tara

Je n’avais pas réellement besoin qu’elle me parle pour comprendre certaines choses. Son corps, ses expressions, ses yeux, ils parlaient pour elle. Malgré tout, je savais que j’étais loin de tout savoir, qu’elle avait vécu pire que ce que sa manière d’être laissait transparaître. Et présentement, pour elle, j’ai l’impression d’être la personne la plus incroyable de l’univers alors que j’ai simplement agit de la meilleure façon qui soit. Elle n’avait pas à me remercier de faire mon travail, de vouloir souhaiter qu’elle se sente bien, après tout ce qu’elle avait traversé. « Bien sûr que si. » je réponds en lui adressant un regard doux. « Tu as le droit de te sentir bien, d’être écouté et entendu… Ici, tu es notre égale à tous et tu mérites aussi du respect. » Mais comment faire comprendre ça à une enfant à qui on avait fait oublier qu’elle valait quelque chose, qu’elle n’était pas qu’un simple pion qu’on peut utiliser quand bon nous semble ? Elle allait, certes, devoir se reconstruire, mais surtout apprendre. Apprendre qu’elle était quelqu’un, qu’elle avait le droit à la parole et surtout le droit de dire non. Elle vient finalement s’asseoir à mes côtés, me posant enfin la question qui la taraude depuis de longues minutes. Je lui explique pourquoi je suis là, omettant, évidemment, la réelle raison de ma présence, lui expliquant en même temps que mes anciens collègues sont là pour arrêter et enfermer ses ravisseurs. Mais je vois une ombre passer dans son regard et j’ai peur qu’elle ne se renferme de nouveau comme une huître. Elle balbutie quelques mots pour m’informer qu’elle ne peut pas parler, sans risquer la vie des autres et mon coeur se serre dans ma poitrine. Combien est-ce qu’ils sont, bon sang ? « Je comprends que tu aies peur… » je commence d’une voix faible. Elle voulait les protéger et c’était tout à son honneur, mais ne rien dire ou ne rien faire, c’était prendre le risque qu’il y ait plus de victimes ou que les autres disparaissent définitivement. « Mais il n’arrivera rien aux autres. Les hommes dont je t’ai parlé sont là pour les aider et les sortir de là, comme ils l’ont fait avec toi. Mais aussi pour empêcher ceux qui vous ont fait ça de recommencer. Ils ne pourront plus faire de mal à personne comme ça. » Même si, en toute honnêteté, la prison était un endroit parfois bien trop agréable pour ces dégénérés. Je n’avais jamais tiré aucune satisfaction de savoir Jayson en prison. Il devait payer et sa place était là-bas, derrière des barreaux, là où il ne pourrait plus m’atteindre. Mais il m’avait arraché tellement de choses, sans le moindre scrupule, que même la perpétuité n’avait pas suffit à apaiser toute ma colère. « Mais je te laisse réfléchir… » je termine dans un petit sourire. De toute façon, il fallait que les confidences viennent d’elle. Si je la forçais à quoi que ce soit, je n’en tirerais rien de bon. Alors je change de sujet, réorientant la conversation sur moi, en espérant que lui confier une partie de ma vie, de mon expérience, lui fera comprendre que j’étais avec elle et pas contre elle.

Comment est-ce que vous avez réussi à vous en sortir ? De cette personne qui vous a fait du mal ? Je ferme les yeux, quelques secondes, avant de les rouvrir pour la regarder. « Tu peux me tutoyer, tu sais. Et m’appeler Poppy, si tu le souhaites. » Je me doutais bien que ça devait lui sembler impensable, que le tutoiement n’avait jamais dû être une option pour elle, mais je voulais vraiment qu’elle comprenne que j’étais de son côté, pas de ceux de ses ravisseurs. « Et pour répondre à ta question, c’est grâce à l’homme que tu vois, là-bas… » je commence en lui indiquant d’un signe de tête Kellen qui nous observe depuis une fenêtre et qui s’imaginait sans doute être discret. « Il m’a sauvé. » De bien des manières. Et à tellement de reprises. « Il a risqué sa vie pour la mienne. Et je sais que si il devait recommencer, il le ferait sans la moindre hésitation. » Et l’inverse était tout aussi vraie. Nous étions tous les deux prêts à tout pour l’autre et quand on y réfléchissait bien, il en était ainsi depuis le début. Même si j’avais longtemps prétendu le contraire, j’avais toujours eu confiance en lui et j’avais toujours eu l’intime conviction que je pouvais lui confier ma vie. Le début de notre relation avait été plus que tumultueuse et il était inutile de revenir sur toutes les envies et les idées de meurtres qui m’avaient traversé l’esprit pendant des années quand il était question de lui. Mes meilleurs amis et ma famille m’avait suffisamment entendu râler après lui pour en témoigner. Mais même si son caractère m’avait fortement tapé sur le système nerveux, je n’aurais jamais eu de meilleurs partenaires que lui. Aujourd’hui, il était l’un des principaux piliers dans mon existence et je ne pouvais pas imaginer poursuivre ma route sans lui. Il était mon monde, mon univers. « Je ne l’aimais pas beaucoup au début. En vérité, je le détestais. » j’avoue dans un sourire. « Et il ne m’aimait pas vraiment non plus. » C’était à se demander comment, aujourd’hui, on en était arrivé là. Mariés, parents de trois enfants et plus soudés que jamais. « Pourtant, il a été là pour moi. Il m’a soutenu, à sa manière et m’a prouvé que j’étais assez forte pour me relever. » Kellen avait toujours agit sur des coups de tête, en laissant ses émotions le guider, mais sans sa manière un peu brutale de faire, je ne serais sans doute pas là aujourd’hui. J’aurais abandonné, des années en arrière… « Je lui fais confiance, plus qu’à n’importe qui d’autre ici. » J’ignorais ce qui allait se passer, quand ils n’auraient plus besoin de moi, quand ils auront obtenu toutes les informations nécessaires à l’enquête, alors j’espérais qu’elle verrait en Kellen un allier et pas un ennemi. « Et toi aussi, tu t’en es sortie. » je poursuis en prenant une légère inspiration. « Tu auras besoin de temps, mais tu as déjà beaucoup de courage. » J’ignorais ce que l’avenir allait lui réserver et je n’étais personne pour lui assurer qu’elle allait s’en sortir, mais elle avait survécu jusqu’ici, seule, sans l’aide de personne et à mes yeux, ça voulait déjà dire beaucoup.


@Tara Walters Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) 1308353876
Revenir en haut Aller en bas
Tara Walters
Troisième génération

Tara Walters


Messages : 12
Date d'inscription : 28/08/2021


Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Empty
MessageSujet: Re: Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) EmptyVen 26 Nov - 16:06

This glass heart
Is shattering to pieces
Poppy & Tara

Tu as le droit de te sentir bien, d’être écouté et entendu… Ici, tu es notre égale à tous et tu mérites aussi du respect. Mes oreilles accueillent ses paroles mais mon esprit refuse de les comprendre. Ce qu'elle me dit me semble étranger, incompatible avec tout ce que l'on m'avait enseigné jusqu'à maintenant. Je n'étais l'égale de personne, ici bas. Je n'étais rien. Pas digne d'être prise en compte. Je n'étais qu'une chose que l'on maniait à sa guise, selon son bon vouloir. Une marionnette. J'ai oublié ce que c'était d'être réellement humaine. Peut-être que je ne l'ai jamais vraiment été. Ou alors je ne m'en souviens pas et ces sensations sont parties avec le reste, avec ces images qui s'effritent dans un coin. Je ne m'appartiens plus depuis longtemps et j'avais fini par l'accepter, au fil des années. Il n'était pas possible de changer les choses, tout allait se terminer comme ça avait commencé. Dans la douleur et les larmes. Alors je n'arrivais pas à m'expliquer la sollicitude de la femme. Son comportement n'exprime pas la moindre menace, malgré la méfiance qui ne cesse de m'habiter. Pourtant, dans ses confessions, il y a quelque chose qui me donne envie d'en savoir plus. De m'y intéresser. D'abaisser la barrière que j'ai érigé autour de moi pour l'entendre, pour la laisser entrer. Mais je ne peux pas parler, je ne peux pas divulguer ce que je sais. Parce que je n'ai aucune assurance d'être protégée. Ils pouvaient me retrouver. Ils allaient me retrouver. Et ils allaient s'en prendre à eux. Je ne pouvais pas me permettre de les mettre en danger. Mais il n’arrivera rien aux autres. Ma tête se relève d'un mouvement sec et je l'observe, la gorge douloureusement nouée. « Vous ne comprenez pas...Ils vont leur faire du mal. » je balbutie, incapable d'y croire. Les hommes dont je t’ai parlé sont là pour les aider et les sortir de là, comme ils l’ont fait avec toi. Mais aussi pour empêcher ceux qui vous ont fait ça de recommencer. Je ferme les yeux, quelques secondes. Même la chaleur du soleil sur ma peau ne suffisait plus à empêcher la peur de me ronger les entrailles.  « Je- Je ne...Je ne peux pas... » je murmure, les mains crispées sur mes genoux, les ongles enfoncés dans mes paumes. Mais elle me force à rien et je me concentre sur ma respiration pour tenter de l'apaiser. J'étais terrifiée. Et je ne savais rien de ce monde là, de ce dont il était capable, des manipulations qu'il pouvait exercer sur moi. Alors je continue de craindre tout ce qui se trouve autour de moi parce que ça me permet de prévoir une attaquer et de m'en protéger, d'une certaine manière.

Je hoche à peine la tête quand elle s'exprime, me laissant le loisir de la tutoyer ou même de l'appeler par son prénom si je le voulais. Même si c'était interdit. Impensable. Poppy. C'était joli. Doux. Comme son visage ou la tonalité de sa voix. Pourtant, il y a une lueur dans ses yeux qui ne l'est pas. Celle de ceux qui ont survécu au pire. Et je la vois. Je m'y retrouve. Je lève la tête, suivant le mouvement de la sienne pour apercevoir l'homme de tout à l'heure, derrière la fenêtre de l'étage. Il est loin mais je peux sentir son regard dirigé vers nous, intense. Je me raidis, détournant rapidement les yeux de lui, revenant à la rousse. Il m’a sauvé. Je fronce les sourcils. Ils ne sauvent personne. Jamais. En tout cas, ils n'ont jamais rien fait pour les enfants. Ils ne faisaient que venir les chercher, ramassant leurs corps éteints pour les faire disparaître. Il a risqué sa vie pour la mienne. Et je sais que si il devait recommencer, il le ferait sans la moindre hésitation. Je ne comprenais pas. Pourquoi ? Ses mots et leur sens m'échappaient complètement. Je me redresse pour m'asseoir en tailleur sur le banc, les coudes sur les genoux. Mes doigts trituraient des fils sur la manche de mon pull rapiécé et je la laisse se confier, me raconter ce qui la liait à la haute stature qui nous épiait derrière le verre. Je ne l’aimais pas beaucoup au début. En vérité, je le détestais. Et il ne m’aimait pas vraiment non plus. Mon visage se plisse à nouveau et je penche la tête sur le côté. Tout ça n'avait aucun sens. « Mais alors...Pourquoi ? » je l'interroge, à voix basse. Je n'osais pas pivoter pour le regarder à nouveau. Même si je tentais désespérément de comprendre. Il m’a soutenu, à sa manière et m’a prouvé que j’étais assez forte pour me relever. Je me fige, ma main venant entourer mon poignet et le presser légèrement. « Vous avez confiance en lui ? » Ce n'est qu'un souffle presque inaudible mais je sais qu'il lui est parvenu. Pour moi, les hommes n'étaient que des sauvages. Des créatures ignobles qui m'avaient arraché mon humanité et mon innocence. Ils m'ont pris tout ce que j'avais, réduit le plus petit espoir en une nuée de cendres. Des monstres qui se cachaient dans le moindre recoin de ma tête, jusqu'au creux de ma poitrine. Je lui fais confiance, plus qu’à n’importe qui d’autre ici. J'avais du mal à saisir. Parce que ça ne correspondait à rien dans mon monde. Et ça me semblait illusoire. Je ne doutais pas vraiment de ses paroles parce qu'elle ne gagnait pas grand chose à me mentir, sauf à me replonger dans le silence. Elle était loin d'être bête et elle continuait d'attendre patiemment que je m'ouvre à elle, sans la moindre pression. Elle ne me voulait pas de mal, je pouvais le sentir au plus profond de moi. Mais ça me paraissait tout simplement impossible, parce que c'était à l'opposé de tout ce que j'avais vécu jusqu'à aujourd'hui. Je n'arrivais pas à imaginer autre chose que la terreur et les punitions, que la souffrance et ce sentiment d'avoir été arrachée à sa propre enveloppe charnelle.

Et toi aussi, tu t’en es sortie. Mes yeux remontent à la hauteur des siens et je l'observe de longues minutes avec une boule dans la gorge. « Pour l'instant. » je murmure, platement. « Parce qu'ils vont venir me chercher. » J'essaye de contenir l'effroi qui s'accumule dans mon regard, qui traverse mon corps sous la forme d'un violent frisson. Mais c'était difficile. Je sens les tremblements revenir à l'assaut et je déplie les jambes pour les ramener contre ma poitrine, les bras venant les entourer à nouveau. « S'il vous plaît...Je ne veux pas y retourner...Pitié. » je gémis, sentant des larmes poindre sous mes paupières. « Je ne veux pas...Je ne veux pas... » Je secoue la tête de gauche à droite, basculant légèrement d'avant en arrière. « Mais ils vont leur faire du mal. Ils vont les punir, à cause de moi...Ils vont leur faire du mal... » je répète, d'une voix qui se brise sur certaines syllabes. « Il faut les aider, s'il vous plaît. » Je me débattais avec ma conscience, avec ces habitudes ancrées si profondément en moi qu'elles m'empêchaient de faire les choses qui me semblaient justes. « Ils vont partir ailleurs. Il y a un autre endroit. » je finis par lâcher, en resserrant ma prise. Je n'osais même plus la regarder, préférant garder les yeux obstinément tournés devant moi. « Je les ai entendus parler, une fois. » Je chuchote. Je parle tout bas parce que j'ai la sensation qu'on m'écoute, qu'on pourrait m'entendre. Parce que j'ai peur d'être punie, à m'exprimer trop clairement. « Une...vieille usine. À Burbank. » J'essaye de me rappeler leur conversation, avant d'être surprise et de sentir une main grasse s'enrouler autour de ma taille. Un souffle chaud et putride s'échouer sur ma joue. Avant de glapir à la pression de doigts tirant violemment sur mes cheveux et des menaces murmurées contre ma peau. « Dans la forêt. » je termine, le corps secoué de spasmes. Je laisse échapper un sanglot. Peut-être deux. « Suma. » je murmure, avant de relever la tête vers elle, les yeux gorgés de larmes. « Vous devez trouver Suma. S'il vous plaît. » Je renifle, passant mes mains le long de mon visage. « Elle doit avoir tellement peur...Tellement, tellement peur... » Je n'aurais rien demandé d'autre en cet instant que de pouvoir l'avoir à les côtés, de pouvoir la serrer contre moi, glisser mon nez dans ses cheveux et me repaître de sa présence.


@"Poppy Lloyd" Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) 1308353876
Revenir en haut Aller en bas
Poppy Walters
Deuxième génération

Poppy Walters


Date de naissance : 21/01/1989
Messages : 216
Date d'inscription : 07/09/2019


Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Empty
MessageSujet: Re: Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) EmptySam 27 Nov - 10:20

If you want it,
I will protect you
Poppy & Tara

Vous ne comprenez pas...Ils vont leur faire du mal. Si, je comprenais parfaitement. Je comprenais ses peurs, ses craintes et les raisons qui la poussaient à ne rien me dire, à ne pas me parler et à garder pour elle ce qu'elle savait. C'était normal et je ne pourrais jamais la blâmer pour ça. Après tout ce qu'elle avait vécu, après tout ce qu'ils lui avaient fait subir, comment est-ce qu'elle pourrait penser autrement ? On avait sûrement dû lui faire comprendre qu'au moindre écart de comportement, ce n'est pas elle qui serait punie en priorité, mais les autres. Leur façon de faire et d'agir étaient bien rodées et j'en venais presque à regretter d'avoir abandonner mon uniforme pour aller moi-même leur adresser le fond de ma pensée. Mais j'étais persuadée que Kellen s'en chargerait pour moi et j'avais conscience que je serais bien plus utile ici, aux côtés de la jeune fille que sur le terrain. De toute façon, je n'y avais plus ma place et je ne regrettais en rien mes choix. Puis mon regard dévie légèrement sur le côté et un nœud vient se loger dans ma gorge à la vision du stress immense dans lequel la petite semble être prolongée. « Ce n'est pas grave... » je murmure dans un souffle. « Tu as le droit de ne pas vouloir m'en parler. Mais si tu le souhaites, tu pourras tout me dire, je veux simplement que tu le saches. » J'allais devoir procéder autrement pour être sûre qu'elle fiisse par se confier, mais je commençais sincèrement à me demander si j'étais la meilleure personne pour. Le temps tournait et dans ce genre de missions, on en manquait souvent. Ces connards savaient que maintenant, la police étaient sur eux et si ils étaient malins, en plus de se faire tout petits, ils n'allaient certainement pas rester dans le coin. J'espérais qu'ils allaient se terrer, en espérant que les choses se calment, mais on ne pouvait avoir aucune certitude. Et des vies étaient en jeu. Des vies d'enfants et ça, plus que tout au monde, ça me retournait l'estomac.

Devant l'urgence de la situation, je décide de jouer l'une de mes dernières cartes, peut-être la seule qui lui permettra de comprendre que je suis réellement de son côté et que mes anciens collègues sont justement là pour éviter qu'on fasse du mal à tous les enfants qu'elle souhaite protéger en se taisant. Je lui explique, vaguement, que moi aussi, un homme m'a fait énormément de mal, mais qu'un autre est venu me sauver, au péril de sa vie. J'étais là mieux placée pour savoir ce qu'elle ressentait pour le sexe opposé. Moi aussi, je les avais crains, tous, d'une certaine manière, mais les hommes n'étaient pas tous des pourris jusqu'à la moelle. Certains étaient capable d'une immense douceur et j'en avais les parfaits exemples autour de moi. Mais le faire intégrer à une adolescente qui a vécu l'enfer avec eux et n'a sûrement connu que ça, venant de leur part, je savais très bien que ça allait être compliqué. Tout comme je vois bien dans son regard et dans l'intonation de sa voix qu'elle ne comprend pas. Pourquoi Kellen était venue me sauver alors qu'il me détestait ? Oui, pourquoi ? J'aurais bien une réponse à lui fournir, mais je doute qu'elle nous fasse avancer dans la bonne direction. Celle-ci, elle pourra l'entendre dans un autre contexte, une prochaine fois. « Parce qu'ils ne sont pas tous mauvais. » je réponds simplement en relevant une nouvelle fois mon regard vers Kellen. Oui, je lui faisais confiance, depuis tellement d'années déjà. « J'ai un fils, qui doit avoir le même âge que toi et jamais il ne se comporterait d'une mauvaise façon avec une femme. » Neven avait son sale caractère, il s'était mal comporté sur bien des choses, mais jamais et je le savais, il ne s'en prendrait à une femme. Kellen et moi avions mit un point d'honneur sur ce sujet durant notre éducation et je connaissais suffisamment le caractères de mon fils pour savoir que de toute façon, il tenait bien trop de son père. Il avait développé un fort instinct de protection et je me demandais souvent où le petit garçon qui refusait de quitter mes jambes avaient bien pu passer. « Les hommes que tu as connus sont mauvais, c'est indéniable, mais je peux te promettre qu'il y en a, sur cette terre, qui sont justes et bons. » Je ne serais pas mariée et entourée de mes deux meilleurs amis depuis près de quarante ans si ce n'était pas le cas.

Si pour l'instant, avoir confiance en moi ou en qui que ce soit du monde extérieur, qu'elle ne connaissait pas, ne lui était pas possible, moi, j'avais confiance en elle. J'étais persuadée qu'elle s'en sortirait, avec du temps, sans doute beaucoup de temps. Elle ne pourra jamais définitivement oublier ou ne plus en souffrir, ce n'était pas possible. Ces épreuves, elles nous marquent pour toujours, mais elles nous rendent aussi plus forte. Mais mon cœur se serre en la voyant se replier sur elle-même et je dois réfréner l'envie de la prendre dans mes bras et de la serrer de toutes mes forces. « Hey... » je commence d'une voix douce, avant de m'arrêter pour la laisser parler. Ma bouche se tord dans une discrète grimace à l'entente de sa complainte, mais je ne dis rien. Je la laisse parler, enregistrant chacune de ses informations, presque soulagée. Ils allaient pouvoir les aider. « Merci. » je souffle en me levant du banc pour sortir mon téléphone et composer le numéro de mon mari. Je vois sa silhouette s'écarter de la fenêtre, puis sa voix se fait entendre de l'autre côté du combiné. « Ils sont dans une vieille usine à Burbank, dans la forêt. » Je l'écoute demander à ses coéquipiers de lancer une recherche avant de reprendre, plus bas. « Elle a aussi donné le nom de l'une des filles qui était avec elle. Suma. » À l'intérieur, tout s'active et j'ose espérer que ce soir, le cauchemar de tous ces enfants aura prit fin. « Fais attention à toi. Je t'aime. » je termine avant de raccrocher et de pivoter de nouveau vers la jeune fille qui n'a pas bougé, toujours recroquevillée sur elle-même. Je m'approche doucement, m'abaissant pour être à sa hauteur, prenant ensuite le risque de poser délicatement ma main sur son bras, juste quelques secondes, le temps de capter de nouveau son attention. « Tu ne retourneras pas là-bas. Plus jamais. Et je ne laisserais personne te faire du mal. Je te le promets. » Je prends une profonde inspiration avant de reprendre. « Ils vont les aider. Et je leur ai parlé de ton amie... » Je ne pouvais pas lui dire qu'ils allaient la retrouver ou lui promettre que dans quelques heures, elles seraient réunies, parce qu'au fond, je n'en savais rien. Il y avait trop de paramètres à prendre en compte, trop d'incertitudes et de doutes. Je me redresse pour revenir m'asseoir à ses côtés, gardant toujours une certaine distance pour ne pas l'effrayer. « Tu sais comment je m'appelle, mais je ne connais toujours pas ton prénom... » je souffle dans un petit sourire. « Mais je comprendrais que tu n'aies pas envie de me le donner. » J'avais réussi ma part du contrat, je n'étais en théorie plus obligée de rien, mais je ne pouvais pas l'abandonner, la laisser seule ici dans ce milieu qui lui semblait hostile. Je voulais rester, continuer d'avancer avec elle, pas après pas.


@Tara Walters Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) 1308353876
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé






Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Empty
MessageSujet: Re: Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara) Empty

Revenir en haut Aller en bas
Locked in a cage, for a really long time. (Poppy & Tara)
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Just between us :: Los Angeles :: Downtown Los Angeles :: LAPD Metropolitan Division-
Sauter vers: