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The meeting of two lost souls. (Kelanie #1)

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Kellen Walters
Deuxième génération

Kellen Walters


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MessageSujet: The meeting of two lost souls. (Kelanie #1) The meeting of two lost souls. (Kelanie #1) EmptyDim 20 Juin - 11:33

i don't understand why yet
but i know i'll be there for you
Joanie & Kellen

L'air était pesant. Malgré la brise automnale qui s'engouffrait à travers les fenêtres ouvertes de ma voiture, je me sentais pris dans un étau qui me donnait l'impression de suffoquer. Le ciel s'était assombri depuis quelques heures déjà, moucheté de quelques étoiles que la pollution n'avait su dissimuler mais je n'avais même pas l'envie de m'y attarder. Mes yeux étaient dirigés droit devant moi, sur l'horizon qui se profilait, sur l'asphalte avalé par mes roues à mesure des kilomètres parcourus. Et mes mains étaient douloureusement serrées sur le volant. J'essayais vainement de refréner les vagues qui échouaient successivement à l'intérieur de moi, de faire refluer la marée haute qui me secouait depuis l'annonce. Depuis le face à face, depuis les lames qui s'étaient vicieusement insinuées à l'intérieur de moi. Deux ans que je te hais, Walters. Et les images qui ne cessaient de tournoyer dans le creux de ma tête, aux moment où je daignais relâcher le contrôle que j'exerçais sur moi. Les murs sales, les marques sanguinolentes sur sa peau pâle, l'absence de vie au fond de ses yeux. Et les paroles échangées, l'éclat miroitant de mon arme. L'abandon. Mon pied appuie violemment contre la pédale de frein et le véhicule s'arrête net sur le bitume, mon front venant rencontrer l'arrondi du cuir. « Putain. » je siffle, à voix basse. Et je ferme les yeux quelques minutes, dans un parfait silence. Mais mes tympans sont envahis par les battements de mon coeur et un goût amer envahit ma bouche. Le pire, c'était ce creux béant dans ma poitrine, ce gouffre qui semblait sans fond. Je l'avais amplement mérité. Ce n'était qu'un juste retour des choses, en fin de compte. Rien que le souvenir de son regard effrayé avait été comme un coup de poing dans l'estomac. Non, je ne reviendrais pas travailler, Walters. Je déglutis difficilement avant de frapper le volant d'un coup de poing rageur, attrapant mes affaires et mon paquet de clopes avant de m'extirper du véhicule.

J'avais besoin de marcher. D'errer dans les rues de Los Angeles, sans le moindre but, pour essayer d'oublier que j'avais merdé sur toute la ligne.

Une cigarette est glissée entre mes lèvres avant même d'avoir sorti les deux pieds de ma bagnole et je lance un regard à la ronde en enfilant ma veste en cuir. Je m'attendais presque à tomber sur Bash au coin d'une rue et ça me paraissait presque être l'occasion parfaite pour m'obliger à penser à autre chose. J'inspire une bouffée avant de regarder les volutes disparaître dans l'air, mes jambes se mettant en mouvement pour suivre un chemin qu'elles sont les seules à connaître. J'avais arpenté ces rues un nombre incalculable de fois, en long et en large. Je connaissais la plus petite rue, la moindre alcôve. Mais en cet instant, je n'avais pas la moindre idée d'où je voulais aller. J'étais presque décidé à m'arrêter dans le premier bar qui rencontrerait ma route, juste pour savourer le goût du whisky sur ma langue. Et essayer d'arracher cette sensation atroce qui me collait à la peau, qui me cisaillait de l'intérieur. Mes pas continuent de résonner sur le trottoir et mes yeux vagabondent d'une personne à l'autre, observent les silhouettes qui se profilent et qui me dépassent. Il y a tellement de lumières, de néons qui clignotent, de parfums. De vie. Alors que j'ai l'impression que le creux de mon être est terriblement vide. Je finis par prendre un détour, tournant à l'angle d'un parc minuscule avant d'être légèrement percuté. Le geste me force à m'arrêter pour retrouver mon équilibre et je recule d'un pas, par réflexe. « Excusez-m- » je commence, avant de me figer en reconnaissant le visage qui me fait face. Qui m'était bizarrement familier, même si j'avais passé plus de temps à le voir avec les paupières closes. « Foster ? » je souffle, en penchant la tête. La gamine qui m'avait fait sortir mes gonds au téléphone, ce jour là. L'impétueuse jeune fille qui avait décidé de sacrifier sa propre vie pour sauver celle de ses amis. Qui s'était jetée au devant du danger, sans se rendre compte des conséquences que ça allait engendrer. Je peux à nouveau entendre le bruit des tirs presque simultanés et les deux corps qui s'échouent sur le sol. Je peux ressentir une seconde fois la terreur qui m'avait enserré les tripes. « Qu'est-ce que tu fais là ? » je demande, en fronçant les sourcils. J'étais passé lui rendre visite de nombres fois, pendant son long sommeil. Parce que je m'en étais senti le besoin, sans comprendre pourquoi. Mais simplement pour m'assurer qu'elle allait bien, qu'elle continuait de lutter pour revenir. Et je l'avais vue de loin, le jour de son réveil, disparaissant lorsque ses proches s'étaient rués à son chevet. Néanmoins, elle était en vie et j'avais laissé échapper un soupir de soulagement avant de faire demi-tour. Mes yeux glissent sur son visage pâle et ses yeux cernés. « Faut dormir la nuit, gamine. » je souffle, avant de me redresser avec un raclement de gorge en voyant ses traits se creuser davantage. Elle me paraissait éteinte, tiraillée, complètement perdue. Comme une brebis égarée qui s'était éloignée du troupeau et qui ne retrouvait plus sa place sur la terre ferme. Fermant les yeux quelques infimes secondes, je prends une courte inspiration. Ok, Kellen. Fais un effort. « Viens là. » je murmure, en lui désignant un banc à l'entrée de l'espace vert d'un signe de tête. Je la vois me regarder comme s'il m'était poussé des cornes sur la tête et je lève les yeux au ciel avant d'appuyer mon regard pour lui intimer de s'y rendre. Je la suis silencieusement avant de me laisser tomber à ses côtés, sortant une nouvelle cigarette de mon paquet. « Vide ton sac. » je lâche sans même lui jeter un regard, en allumant le petit bâton de nicotine.

J'aurais simplement pu lui demander si elle allait bien mais il était clair que ça n'allait pas du tout. Ce n'était pas difficile à comprendre quand on connaissait son histoire et son geste. Et les répercussions qui s'en étaient suivies. Pourtant, je n'avais pas la moindre idée de la raison qui me poussait à jouer les confidents alors que nous étions de parfaits étrangers l'un pour l'autre. Mais il y avait quelque chose qui m'y poussait, un sentiment qui me dictait que c'était peut-être la meilleure chose à faire ce soir.

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Joanie Foster


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MessageSujet: Re: The meeting of two lost souls. (Kelanie #1) The meeting of two lost souls. (Kelanie #1) EmptyLun 21 Juin - 0:00

I'm lost and it kills me inside
Joanie & Kellen

La main posée sur la poignée en fer de la porte de mon immeuble, je prends une énième inspiration avant de fermer les yeux, dans l’espoir de calmer les battements de mon cœur. Tu en es capable, Joanie. Tu peux le faire. C’est ce que je me répète en boucle depuis plus d’une vingtaine de minutes, sans grand résultat. A chaque fois que je pense avoir trouver la force nécessaire pour passer le seuil de ce putain de bâtiment, je me dégonfle et je réitère, encore et encore, le même scenario. Mais la situation en devient particulièrement ridicule, si bien que je me demande si mes voisins ne vont pas finir par me prendre pour une tarée. Ce qui, en toute honnêteté, ne serait pas si éloigné de la vérité. Parce que j’ai sincèrement l’impression, depuis quelques jours, de devenir barge. Entre mes craintes et mes angoisses presque constantes, le fait que je tournais dans mon appartement comme un lion en gage, incapable de franchir cette putain de barrière menant à la vie extérieure, j’étais à deux doigts de m’arracher les cheveux. Et c’était sans compter sur le silence de Cade qui me bouffait de l’intérieur et me donnait l’impression d’avoir perdu une partie de moi. Sans sa présence à mes côté, je me sentais complètement démunie, dans l’incapacité la plus totale de reprendre un semblant de vie normale. Malgré tout ça, je ne m’étais pas sentie capable de l’appeler, de lui envoyer le moindre message pour lui dire ce que je ressentais. Parce que je continuais de nager dans des eaux troubles, d’avancer sans réellement comprendre si mes sentiments m’appartenaient encore ou s’ils n’étaient qu’une putain d’illusion. Et je refusais de le faire souffrir, de lui donner de l’espoir alors que j’ignorais encore si les choses avaient changé ou non. En tout cas, sur ce point. Parce que les choses avaient inexorablement changées et pas forcément pour le meilleur. Malheureusement. Mes doigts finissent par relâcher leur emprise autour de la clenche et je secoue la tête, d’un air dépité, avant de faire demi-tour en direction des escaliers. Je n’en étais pas capable. C’était trop tôt, beaucoup trop tôt.

Et alors que j’entame mon ascension en direction de mon cocon, le seul endroit où je me sentais un minimum en sécurité depuis mon réveil, les paroles de Cade me reviennent en mémoire et me font l’effet d’une claque. Tu crois que c'est ça qui va te donner envie de te battre ? Te cacher entre quatre murs en espérant que ça finira par passer, ça ne t'aide en rien à trouver la volonté d'aller mieux. Il avait raison, je le savais. Je ne pouvais pas continuer de me réfugier au fond de mon lit à chaque fois que les obstacles de la vie me semblaient insurmontables. Je ne pouvais pas passer le restant de mon existence enfermée chez moi, loin du monde réel. Je devais me reprendre en main, affronter tous mes démons et aller de l’avant. Même si ça m’effrayait. Surtout, si ça m’effrayait. On ne combat ses peurs qu’en les affrontant. Combien de fois est-ce que cette phrase avait franchie mes lèvres dans l’espoir de faire réagir ma meilleure amie et de lui insuffler du courage ? Il était peut-être grand temps que je mette à exécution mes propres conseils. Je pivote légèrement, me retrouvant de nouveau face à la sortie, mon regard se baissant sur les quelques marches que je viens de gravir, avec l’irrésistible envie de  faire demi-tour et de partir en courant. Mais je tiens bon et je parcours les mètres qui me séparent de mon objectif. J’allais foutre un pied dehors. J’allais être forte, marcher jusqu’à la supérette au bout de la rue pour m’acheter un immense paquet de M&M’s que j’irais m’empresser de dévorer devant un film, emmitouflée dans un plaid.

Pour la première fois depuis pratiquement un mois, je sens le vent effleurer mon visage, soulever quelques unes de mes mèches et je dois me faire violence pour ne pas rebrousser chemin. Tout va bien. Je ressers les pans de mon gilet autour de moi, croisant les bras sur ma poitrine, avançant d’un pas très peu assuré. J’essaie de me concentrer sur ma destination, de faire abstraction aux bruits qui m’entourent et qui semblent s’amplifier avec la nuit qui est maintenant tombée. Mais chaque pétardement de motos me fait sursauter, chaque crissement des pneus sur le bitume me provoque des palpitations et je regrette amèrement ma décision. Mais je refuse catégoriquement de rebrousser chemin, pas après avoir réussi à surmonter l’impensable et encore moins en étant si près du but. Alors je presse l’allure, me rassurant en me disant que je ne suis plus très loin du magasin, mais au moment où je bifurque, je me heurte à quelqu’un. Ce contact me fait sursauter et je recule de quelques pas avant de me confondre en excuses, la tête baissée. Que je relève presque instantanément en entendant mon nom de famille. Et mon corps tout entier se fige en découvrant le flic qui m’a sauvé la vie des mois plus tôt. Je n’avais pas eu la force de le remercier de vive voix, à mon réveil, mais ma mère s’était occupée de faire livrer une tonne de chocolat en guise de remerciement. Le voir, là, devant-moi, ça fait remonter tout un tas de souvenirs que je préférerais occulter et je serre les poings, déglutissant difficilement à la vue des images qui dansent sous mes yeux. « Je… » Qu’est-ce que je faisais là ? Je l’ignorais moi-même, à vrai dire. « Je vais… » Bordel. « Qu’importe. » je fini par lâcher en haussant les épaules. Ce n’est pas comme c’était intéressant de toute façon. Faut dormir la nuit, gamine. Mes yeux remontent jusqu’aux siens et je ne peux pas m’empêcher de lâcher un léger rire jaune. Presque aussitôt suivi par un sanglot étouffé. « Plus facile à dire qu’à faire… » Je donnerais cher pour être capable de fermer les yeux plus de quelques heures, pour me réveiller le matin en me sentant reposée et sereine. Mais ce n’était pas le cas et je faisais avec. Pour le moment. Je m’apprête à le saluer, quand il reprend finalement la parole. Ses mots me surprennent et je fronce les sourcils, mon regard jonglant entre sa silhouette et le banc qu’il m’indique d’un signe de la tête. Une poignée de secondes s’écoulent avant que je me décide à passer l’immense portail du parc, me laissant tomber sur le banc, dans un soupir las. Je ne comprenais pas pourquoi est-ce qu’il tenait à ce que je me confie à lui, alors que nous n’étions que des parfaits étrangers. Je reste d’abord silencieuse, ne sachant trop quoi lui répondre. Après tout, je n’avais aucune idée de ce que je pouvais réellement lui dire. « Je ne sais plus qui je suis. Ou qui je dois être. » je fini par avouer à voix basse. « Je suis perdue… Je suis tellement perdue que j’ai rejeté la seule personne qui compte réellement pour moi. » je poursuis en essuyant mes yeux d’un revers de manche. « Comment est-ce qu’on est supposé recommencer à vivre alors qu’on pensait que tout était fini… ? » Parce que finalement, la mort, je l’avais accepté ce jour-là.


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MessageSujet: Re: The meeting of two lost souls. (Kelanie #1) The meeting of two lost souls. (Kelanie #1) EmptyMar 6 Juil - 19:02

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Joanie & Kellen

Je me sentais vide. Et en même temps, rempli d'un miasme impétueux qui jouait du tambour de le creux de ma tête. J'avais envie de tout repousser loin alors même que je n'arrivais pas à m'empêcher d'y penser encore et encore. Le visage pâle et les yeux cernés de Poppy, ses joues creuses et l'étincelle qui s'était dissipée dans le clair de ses iris. Le tremblement de ses membres et la crispation de ses épaules. Cette lassitude, dans sa voix. Cette peur, latente, qui transpirait par le moindre de ses pores. Cet ensemble qui avait fissuré quelque chose dans ma poitrine. Le spectateur de cette terrible réalité où la barbarie humaine avait réussi à prendre l'essence même de sa victime. Je voulais oublier ce battement déchirant dans ma cage thoracique, ce voile sombre qui se posait devant mes yeux, cet instinct dévorant qui me traversait quand il était question d'elle. Puis ses paroles, qui continuaient de déposer une saveur amère sur le bout de mes lèvres. Et j'essaye, en vain, d'occulter ces longues minutes de ma cervelle. J'erre dans les rue de Los Angeles, encadré par le manteau sombre de la nuit. Sans le moindre but, si ce n'est de clarifier mes pensées et d'ôter ce poids qui pèse sur mes épaules. Mais je sais d'ors et déjà que je dormirais pas cette nuit. Ou très peu. Comme les dernières. Alors j'essaye d'occuper le temps qui passe, effleuré par la brise nocturne et les poumons enfumés par la nicotine. De passer outre mon muscle palpitant qui lancine, entre mes côtes. Je passe et repasse dans ces rues que je connaissais par coeur, que j'avais arpenté des milliers de fois, avec une envie d'aller embrumer mon esprit dans le whisky le temps de quelques heures.

Mais mon corps est percuté par une silhouette et je recule, avant de me figer en reconnaissant la personne qui se trouve devant moi. La gamine impétueuse qui m'avait grogné dessus au téléphone, qui avait décidé de donner sa vie pour sauver celle des autres. Cette forme mince que j'avais vu courir, avant de retomber lourdement au sol. Et je retrouve ces sensations infâmes, celles qui m'avaient investi à cet instant précis, pendant quelques secondes. La peur, l'angoisse, le sang qui bat dans mes tempes. L'incertitude, alors même qu'elle se trouve debout devant moi. Je revois ses traits blafards et sa respiration sifflante, l'hémoglobine qui s'égoutte sur le sol. Ses traits apaisés par le sommeil, pendant qu'elle récupérait de ses blessures dans cette chambre blanche et aseptisée. Je ne saurais pas dire pourquoi j'ai ressenti le besoin d'aller la visiter, d'aller vérifier qu'elle se portait bien, qu'elle ne lâchait pas l'affaire. Elle avait fait preuve d'un courage sans nom et j'avais sincèrement espéré qu'elle allait se réveiller, parce qu'elle ne méritait pas de s'éteindre de cette manière, alors même qu'elle avait décidé de s'abandonner pour protéger ses camarades. Pourtant, il y a des ombres sur son visage, qui viennent à se fondre dans l'obscurité de ses iris. Cette fille ne sait même pas ce qu'elle fait là, elle me paraît terriblement perdue et je n'ai jamais trouvé autant de similitudes avec une personne qu'en cet instant. Plus facile à dire qu'à faire. C'est à mon tour de laisser échapper un rire sec. « J'en sais quelque chose. » je lâche, les lèvres plissées. Mes insomnies me suivaient depuis bien longtemps, maintenant. Et il me suffisait de voir la détresse sur son visage pour comprendre qu'elle avait besoin de parler. Pas à ses parents, ni à ses amis. À quelqu'un dont elle ne connaissait rien et qui ne savait rien d'elle. Et cette envie d'y répondre me surprend, parce qu'elle est inhabituelle mais je sens que c'est ce qu'il faut faire à cet instant. Je sais que je ne pourrais pas faire demi-tour et repartir comme si de rien n'était alors qu'elle est là et qu'elle a besoin d'aide.

Alors je lui indique un banc, un peu plus loin et je la suis, me laissant tomber sur le bois rempli de petits dessins. Puis j'attends qu'elle se décide à briser le silence, allumant une cigarette que je fume silencieusement à ses côtés. Peut-être qu'elle va se relever et s'en aller, en fin de compte. Et ça serait son droit le plus strict. Je ne l'oblige en rien à me parler mais c'est comme si c'était écrit au marqueur indélébile sur la moindre parcelle de son visage. Je ne sais plus qui je suis. Ou qui je dois être. Je me redresse légèrement, mes yeux glissant de son côté. Passer autant de mois dans le coma et devoir se réadapter au monde, c'était difficile, surtout quand il continue d'avancer sans elle. Comment est-ce qu'on est supposé recommencer à vivre alors qu'on pensait que tout était fini ? C'était une excellente question. Parce que je m'étais posé la même, pour une toute autre raison. Parce que j'avais ressenti cette impression de n'être qu'une coquille creuse pendant un long moment, de n'exister qu'à moitié, un pied vacillant dans le vide. « Il faut du temps. » je lâche, soufflant ma fumée au même moment. « Du temps. Et des gens pour nous mettre une bonne claque dans la gueule. » je rajoute, le visage de Cosima traversant brièvement ma rétine. Elle m'avait tiré des ténèbres dans lesquelles je m'embourbais, elle m'avait remis les idées en place et frappé au sens littéral du terme pour me ramener à la réalité. « Par expérience, la solitude ça n'apporte pas que du bon. » Et venant de moi, c'était un aveu terriblement significatif. Je n'aimais pas les gens. Je préférais me débrouiller seul. Et l'être ne me dérangeait plus depuis longtemps. Mais je ne l'étais pas complètement parce que c'est ce qui avait failli me faire plonger définitivement. La présence de mon amie me ramenait les pieds sur Terre. Elle était là pour me rappeler la valeur de l'existence. « Il faut affronter la vie, tout simplement. Et c'est mieux si tu peux le faire entourée de gens en qui tu as confiance pour t'épauler. » je murmure, avant de regarder à nouveau devant moi, tirant une nouvelle bouffée de ma clope. « Il n'y a pas beaucoup de gens qui auraient fait ce que tu as fait, tu sais. » Elle avait décidé de se jeter devant la mort. Elle avait accepté le fait de pouvoir y passer. Et revenir pleinement parmi les vivants, c'était une étape à passer. « Tu as le droit de le regretter. » N'importe qui pourrait le comprendre. Qu'elle revienne sur ses paroles, après ce qu'elle avait vécu. « Même si c'était quelque chose de foncièrement courageux de ta part. Et incroyablement imprudent, d'un autre côté. » je rajoute, en lui lançant un regard à peine moralisateur. « Il y a plein de choses qui ont certainement changé en toi et dans ta manière de voir les choses, après ça. Et tu as le droit de le faire entendre, d'avoir du mal à l'accepter. Mais exprime-toi, dis-le aux gens. Tu es simplement une nouvelle version de toi-même, qui vient de connaître l'horreur et le drame. Et il faut simplement s'ajuster et se retrouver. »

Je n'avais pas toujours été le même et les souvenirs d'instants de joie d'un passé lointain n'avaient jamais disparu. Ils étaient simplement logés dans un endroit qui me paraissait désormais inaccessible.

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MessageSujet: Re: The meeting of two lost souls. (Kelanie #1) The meeting of two lost souls. (Kelanie #1) EmptySam 17 Juil - 12:08

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Il faut du temps. Oui, c'est ce que tout le monde me répétait constamment. Sauf que du temps, je n'en avais pas ou disons plutôt que je ne pouvais pas me permettre d'en prendre plus. Je n'avais pas la possibilité de continuer éternellement de me chercher, d'essayer de comprendre si oui ou non, j'avais inexorablement changée ou si au fond, je restais toujours la même personne. J'avais besoin de connaître les réponses à toutes les questions que je me posais, parce que je n'étais pas la seule personne que toute cette histoire affectait. Et je refusais de faire souffrir Cade ou Rey plus longtemps. Ils avaient le droit de savoir une bonne fois pour toute comment je me positionnais par rapport à eux. Parce que si moi, j'avais mal de cette situation, il ne faisait aucun doute qu'eux aussi. Et le pire, dans toute cette histoire, c'est qu'ils me manquaient, terriblement. Mais je ressentais toujours une pointe d'amertume vis à vis de ma meilleure amie et je me sentais toujours aussi perdu en ce qui concernait Cade. Je l'aimais, oui. J'avais besoin de lui à mes côtés pour avancer, j'en étais convaincue, mais je n'arrivais toujours pas à savoir comment mes sentiments avaient évolués. Si ils étaient les mêmes qu'avant ou si tout était différent. Et ça me nouait l'estomac d'être incapable de savoir. « J'ai plus personne. » je lâche dans un soupir. C'était toujours compliqué avec mes parents. Ils avaient fait de leur mieux, au début, mais les rancœurs du passé avaient vite refait surface et j'avais préféré les voir rentrer chez eux plutôt que de les avoir constamment sur mon dos. J'avais frôlé la mort, de très très près et à aucun moment ils ne s'étaient remis en question pour essayer de renouer le contact. Ils étaient restés campés sur leur position, remettant sur le tapis un sujet que j'espérais ne plus jamais aborder avec eux. Et j'en étais à me demander si je n'avais pas, finalement, sortie de ma vie les deux seules personnes capable de m'aider de façon délibérer pour pouvoir être seule. Sans mes meilleurs amis pour m'aider, je continuais de sombrer dans les ténèbres et se laisser submerger par la noirceur, c'était bien plus simple que de remonter à la surface et de se relever pour ne plus boire la tasse. « Ça me fait peur... » je murmure en tournant légèrement la tête dans sa direction. « J'ai peur que tout recommence. Que tout se répète, encore et encore, à chaque fois que j'irai mieux, où que j'aurai baissé la garde. » Qu'il ne s'agisse qu'une putain de boucle sans fin. Et je savais pertinemment que si je devais recommencer, je recommencerai. Parce que j'avais toujours défendu Rey, quoi qu'il puisse se passer et que ma vie avait bien moins d'importance que la sienne à mes yeux. Et il en était de même pour Cade. « J'ai juste écouté ce que mon cœur me dictait de faire. » Je peux lire dans son regard exactement la même chose que ce que j’avais pu entendre dans sa voix, de l’autre côté du combiné, ce jour-là, même si le temps avait atténué les choses, depuis. Je connaissais les risques, mais je m'en fichais. Je voulais juste donner une chance à Rey de vivre. Et ça avait fonctionner. Elles s'en étaient toutes les trois tirées parce que j'avais décidé d'agir. Si je n'avais rien fait, nous serions sans doute plus de ce monde où nous nous serions retrouvées toutes les quatre sur un lit d'hôpital, à nous battre pour survivre. « Je pensais que je regrettais et j'en ai voulu à ma meilleure amie... Mais je crois que je ne regrette rien. » La vérité elle était ailleurs et je m'en rendais compte seulement maintenant. « Quand il m'a tiré dessus, j'ai compris que je n'étais pas immortelle et je n'ai jamais eu aussi peur qu'à cet instant. Je ne voulais pas mourir, mais je l'ai accepté. Et maintenant je suis là et je suis terrorisée à la simple idée que ma vie ne puisse tenir qu'à un fil. » Je ne voulais pas mourir. Je ne voulais pas fermer définitivement les yeux, parce que j'avais tellement de choses à vivre. « Comment vous faites pour ne pas laisser cette peur vous dévorer ? » je demande dans un souffle. « Comment vous faites pour continuer d'avancer, de sauver et protéger alors que vous voyez la mort d'aussi près ? »

Puis ses paroles me tirent un soupir et je secoue la tête négativement, m’enfonçant un peu plus dans le banc. Si j’en avais la capacité, je voudrais y disparaître, ne faire plus qu’un avec lui. Je laisse passer quelques minutes, avant de reprendre, brisant le silence presque pesant qui avait commencé à s’installer. « Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée. » La dernière fois que je m’étais exprimée sur ce que je ressentais, sur mes doutes et mes inquiétudes, j’avais fait fuir l’une des seules personnes présente pour moi. Pourtant, je ne pouvais pas lui en vouloir. Je me souvenais de chacun de mes mots et plus ils tournaient en boucle dans mon esprit, plus je m’en voulais de les avoir prononcés. Mais je me sentais différente depuis mon réveil, en décalage entre qui j’étais avant et qui j’étais maintenant, seulement, je n’arrivais pas à mettre le doigt sur ce qui avait réellement changé chez moi. « Comment est-ce qu’on peut savoir si ce qu’on ressent pour quelqu’un est toujours aussi fort qu’avant ? Que ces sentiments sont bien les nôtres et pas ceux de la personne qu’on était, avant ? » Je ne sais même pas pourquoi je demande ça, pourquoi je me confie autant à quelqu’un que je ne connais même pas, en fin de compte. Nous n’avions échangés que quelques mots, rien de plus. Je n’arrivais même pas à comprendre pourquoi il était encore là, à m’écouter geindre et me plaindre. « J’ai peur de ne jamais me retrouver… » Et de continuer d’errer éternellement.


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MessageSujet: Re: The meeting of two lost souls. (Kelanie #1) The meeting of two lost souls. (Kelanie #1) EmptySam 13 Nov - 8:42

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J'ai plus personne. J'ai longtemps cru la même chose. Je me suis muré dans une grotte, aveugle et sourd à tout ce qui m'entourait. J'ai refusé d'accepter les mains tendues, j'ai ravalé les appels à l'aide qui vibraient le long de mon œsophage. Je me suis complu dans ce néant, à broyer du noir, à errer au milieu des limbes. Mais je n'ai jamais été seul. Et on ne l'est jamais réellement. Il y a toujours quelqu'un, quelque part. Même si ce sont de parfais étrangers. Il y a des gens pour aider, pour soutenir. Moi, j'ai eu de la chance d'avoir la personne la plus déterminée du monde à mes côtés. Cosima a su fendre la noirceur pour me tirer par la peau du cou et me mettre une bonne claque, pour me rappeler de continuer à vivre, pour redonner un certain sens à ma vie. Je peux me remémorer la sensation de brûlure sur ma joue, son regard furieux et ses lèvres pincées. Et cette profonde reconnaissance que j'avais ressenti après ses paroles débitées à la vitesse de la lumière, remplies d'une rage que j'avais cessé d'éprouver, au bout d'un moment. « C'est souvent ce qu'on croit. Mais c'est faux, la plupart du temps. » je souffle, en regardant toujours droit devant moi. « Ce n'est pas parce que tu as repoussé toutes les personnes qui t'entouraient qu'ils ont arrêté de s'inquiéter pour toi. » Et j'en savais quelque chose. Elle avait réagi de la même manière que moi et c'était étrange de voir à quel point le temps qui passe ne changeait pas certaines choses, à commencer par les réactions de l'être humain. J'ai peur. Ma tête pivote dans sa direction et je l'écoute se confier, incertain de ma place à ses côtés en cet instant. Je ne savais même pas pourquoi j'étais vraiment là, à vrai dire. J'avais suivi mon instinct et je n'étais certainement pas la personne la mieux placée pour réconforter une gamine submergée par son mal-être. Mais j'avais senti que c'était la chose à faire, sur le moment. « Il y aura toujours des moments de rechute. Tu ne pourras jamais espérer aller bien toute ta vie, sinon ça serait te mentir à toi-même. » je murmure, en haussant les épaules. « Mais si tu as des personnes à tes côtés, ça sera moins douloureux à vivre pour le temps que ça durera. » Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai voulu avoir ma mère à mes côtés, lorsque l'absence de mon père se faisait agonisante. Le nombre de fois où j'ai regretté de ne pas pouvoir l'étreindre, où je me suis rappelé qu'elle était ailleurs et qu'elle n'avait plus d'instant à consacrer à ma propre peine.  

Et je lui dis la vérité. Je lui dis ce que peu de gens ont du lui confier, par peur.

Elle avait le droit de regretter d'avoir agi comme elle l'avait fait, elle avait le droit de se dire qu'elle aurait pu être égoïste. Il y avait peu de personnes sur cette planète qui aurait plongé au travers du danger, qui auraient sacrifié leur vie. L'être humain, dans un instant d'urgence, pense en premier lieu à protéger sa propre existence, à se sauver au dépend des autres. C'est instinctif. Irrationnel. Mais elle avait combattu ce besoin et délaissé cet espoir de survivre pour permettre à d'autres de s'en tirer. C'était parfaitement inconscient mais honorable, en tout point de vue. Désintéressé et animé par une profonde affection, une dédication sans bornes. Je l'écoute déverser toutes ses peurs, ses insécurités. Ses ressentis sur cet instant qui aurait pu marquer la fin de son existence. Elle se livrait sans détour et je voyais à quel point ça lui avait pesé de garder ces émotions pour elle. Comment vous faites pour ne pas laisser cette peur vous dévorer ? Je déglutis avant d'écraser mon mégot de le poser à côté de moi sur la banc, recrachant une dernière volute de fumée dans la nuit. Et je prends quelques secondes pour réfléchir. Comment vous faites pour continuer d'avancer, de sauver et protéger alors que vous voyez la mort d'aussi près ? « J'arrive à dépasser ça parce que je sais que ce que je fais est juste. Mais ça ne m'empêche pas d'avoir peur ou d'être submergé par l'horreur, certaines fois. » je lâche, à voix basse. Je n'étais pas insensible. Je savais seulement bien cacher mes émotions pour ne pas les laisser transparaître. « Après, il faut apprendre à se blinder dans ce corps de métier. Parfois, on voit et on entend des choses dégueulasses, on découvre l'aspect le plus sombre de l'être humain et ça peut être difficile de faire la part des choses. » Il y a des jours où je n'arrive plus à croire qu'il puisse avoir un tant soit peu de bonté en lui. Parce que je vois tellement de choses macabres que j'en perds tout espoir. « Mais il y a des gens bien et des personnes innocentes, qui subissent cette violence sans aucun moyen de se défendre. Et c'est parce qu'elles sont là pour me le rappeler que je continue de faire ça. Il y a des jours où ça n'a rien d'une partie de plaisir mais on finit par être obligé de compartimenter pour encaisser. » je finis par glisser, les lèvres plissées. Je ne m'étais jamais vraiment confié sur ce que je pouvais ressentir de temps à autres, dans mon quotidien. Et j'avais l'impression que le poids dans ma poitrine s'était allégé, même si ce n'était pas grand chose.

Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée. Je fronce les sourcils, m'appuyant contre le dossier du banc et fourrant mes mains fraîches dans les poches de ma veste en cuir. « Ça ne semble jamais être une bonne idée. Parce que la plupart du temps, c'est douloureux et il y a des gens qui en souffrent. Mais vaut mieux la vérité, quitte à ce qu'elle soit crue. » Je ressens un élancement dans la cage thoracique en prononçant ces paroles. En me m'écoutant donner des conseils que je n'étais pas capable de suivre, qui étaient à l'opposé de la manière dont je fonctionnais. Je déglutis avant de secouer subtilement la tête pour chasser ces pensées. Comment est-ce qu’on peut savoir si ce qu’on ressent pour quelqu’un est toujours aussi fort qu’avant ? Je me fige complètement à cette interrogation. Et un goût acide envahit ma bouche, roule délicatement sur ma langue. « Je pense qu'on le ressent, au fond de ses tripes. » je souffle, retrouvant le paysage obscur qui s'étend devant nous. Crispé, les doigts recroquevillés dans mes paumes, je réfléchis intensément. Et en même temps, ça me forçait à me recentrer sur des choses auxquelles j'évitais volontairement de penser. « Peu importe que notre vision change, si ce que l'on ressent pour quelqu'un est vrai, c'est la seule chose qui reste immuable. » Je hausse à nouveau les épaules, la gorge nouée. « Enfin, c'est ce que je pense. » je rajoute, regardant volontairement ailleurs pour ne pas avoir à affronter son regard. « Et je crois que tu cherches désespérément à retrouver la personne que tu étais avant ça. Mais ça ne sert à rien, il faut accepter celle que tu es désormais et apprendre à l'apprivoiser, petit à petit. » Je relève la tête pour observer le ciel, prenant une courte inspiration. « Elle sera toujours à l'intérieur de toi, la Joanie d'avant. Elle est là, quelque part et ce n'est pas parce que les choses ont changé qu'elle a complètement disparu. » Puis je me redresse, les coudes à nouveau sur les cuisses. « Au lieu de courir après quelque chose que tu ne pourras pas pleinement rattraper, tu devrais te tourner vers ce qui est accessible. Compter sur ceux qui sont là pour toi et t'en servir comme support pour créer quelque chose de nouveau, quelque chose en accord avec celle que tu es maintenant. »  

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MessageSujet: Re: The meeting of two lost souls. (Kelanie #1) The meeting of two lost souls. (Kelanie #1) EmptyMer 29 Déc - 10:07

I'm lost and it kills me inside
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J'étais prise au piège. Piégée dans un schéma d'autodesctruction, dans une spirale sans fin dans laquelle je ne cessais de m'enfoncer, encore et encore. J'avais réussi à rejeter l'aide et le soutien de mes proches pour pouvoir continuer de broyer du noir en toute tranquillité. Parce qu'une partie de moi n'arrivait pas à passer au-dessus de tout ça, par peur de ne jamais réussir à remonter la pente. J'avais conscience qu'après ce que j'avais traversé, ma vie serait faite de hauts et de bas, jusqu'à ce que la plaie se referme et guérisse, mais je n'arrivais pas à m'empêcher de penser que je n'étais pas assez forte pour me relever et que mon combat était vain. Pendant longtemps, je n'avais vu que les moments difficiles, que ces instants de pure faiblesse où abandonner devenait une option presque réconfortante. Mais pour toutes ces personnes qui avaient perdu la vie, qui n'avaient pas eu la chance que moi j'avais eu, je ne pouvais pas flancher. Même si c'était dur, même si parfois, vivre ne me laissait qu'un goût amer dans la bouche. J'allais m'en sortir, je le devais. J'avais récupéré un semblant d'espoir et de volonté en ayant le courage de sortir les murs sécurisant de mon appartement et d'affronter le monde extérieur qui me faisait si peur depuis que j'y étais revenu. Et une larme roule sur mes joues en pensant à la seule personne auprès de qui je m'étais sentie en sécurité après mon réveil. Ses bras m'avaient enveloppés et serrés contre lui un nombre incalculable de fois et je m'y étais toujours sentie en sécurité. Aujourd'hui, je n'avais plus aucune nouvelle de lui, parce que je m'étais comportée comme la première des abrutis. Je prenais conscience seulement maintenant que sa présence à mes côtés était ma principale source d'oxygène. Et bordel, je l'aimais. Je l'aimais de toute mon âme, avec une telle intensité qu'il n'existait pas de mot pour la décrire. J'avais douté de mes sentiments alors qu'en réalité, il s'agissait de la seule chose en quoi je pouvais croire. J'avais changé, ce drame dans ma vie m'avait transformé et je ne pourrais plus jamais être la même, d'une certaine façon, mais mes sentiments, eux, ils n'avaient pas changé. Il avait fallut que je le perde pour m'en rendre compte. J'étais seule. C'est souvent ce qu'on croit. Mais c'est faux, la plupart du temps. Peut-être. Peut-être que je devrais ravaler ma fierté, reprendre mon courage à deux mains et faire le premier pas. Je devais des excuses à ma meilleure amie et à mon petit-ami. Si je pouvais encore le considérer comme tel... J'essuie furtivement mes yeux d'un revers de ma che avant de prendre une profonde inspiration, le corps prit de léger soubresauts. « Est-ce qu'on guérie réellement un jour ? » Je crois que c'était ce qui me faisait le plus peur, au fond. Vivre toute ma vie avec cette puissante angoisse, avec cette crainte que tout recommence. On dit souvent que le temps apaise les maux et panse les blessures, mais est-ce qu'on s'en remettait vraiment ? J'en doutais. J'allais être marqué à vie et je refusais de me mettre à pleurer à chaque fois que mon regard se poserait sur mes cicatrices.

« Vous avez eu peur ce jour-là ? » je demande en relevant légèrement la tête dans sa direction. J'avais dû mal à l'imaginer en proie a tous ces sentiments, sans doute parce qu'il m'avait sauvé la vie. Sans son intervention et la réactivité des pompiers, puis le talent incroyable des médecins, je ne serais plus de ce monde, mais il restait la première personne de la chaîne à avoir joué son rôle dans ma survie. Je l'écoute attentivement, hochant la tête à chacune de ses paroles. Ce sont ces quelques mêmes raisons qui m'avaient poussé à réagir de la sorte et à mettre en danger pour protéger celle de ma meilleure amie. Rey est la personne la plus douce et la plus gentille que je connaisse et elle avait subit la folie humaine avant d'en être la parfaite victime. Et ça m'avait plongé dans une telle colère, que hé m'étais sentie obligée d'agir. Puis c'était en très grande partie pour défendre et protéger des innocents que j'avais commencé des études de droit. « Je n'ai jamais ou vous remercier de vive voix. » J'étais passée dans les locaux  de la police pour le faire, mais il n'était pas présent cette fois-ci. Je m'étais contentée de déposer la boîte de chocolat à l'accueil et de demander à la femme qui en occupait la place de lui transmettre un message. J'ignorais si il lui avait été transmis ou non, mais le moment était parfait pour lui remontrer tout m gratitude. «Merci. » je souffle avant de me racler la gorge. « Merci pour tout ce que vous avez fait. » Il était resté jusqu'à l'arrivée des secours, m'avait parlé jusqu'à ce que mes yeux ne se ferment. « Et de ne pas m'avoir laissé tomber même après. » J'avais appris de mes parents qu'ils étaient plusieurs fois venu me voir à l'hôpital, en plus de régulièrement prendre de mes nouvelles. Combien de personnes auraient fait ça pendant tous les mois de mon coma ? Très peu. « Je n'oublierai jamais ce que vous avez fait... »

Il avait raison, je le savais. Je crois que j'avais simplement eu besoin de l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre pour en prendre pleinement conscience. Je devais arrêter de trouver des excuses et de fuir mes proches. J'avais besoin d'eux pour me reconstruire, pour avancer et ils me manquaient. « Merci pour ça aussi... » En l'espace de quelques minutes seulement il avait fait bien plus que mes parents après mon réveil. Eux aussi, je les avais repoussé, certes, mais ils ne s'étaient pas fait prier pour s'éloigner de nouveau de moi sans meme se retourner. Ça me faisait mal de me dire que j'avais entendu ces sages paroles de la bouche d'un presque inconnu plutôt que de la leur. Ce qui ne m'empêche pas de venir enrouler mes bras autour de son corps et de le serrer brièvement contre moi dans une étreinte qui se veut à la fois de remerciements et de courage. Parce que j'allais en avoir besoin. « Elle a de la chance de vous avoir. » Devant son regard quelque peu perplexe, je fronce les sourcils avant d'ajouter. « Votre partenaire. »


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MessageSujet: Re: The meeting of two lost souls. (Kelanie #1) The meeting of two lost souls. (Kelanie #1) EmptyJeu 2 Juin - 16:13

i don't understand why yet
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Est-ce qu'on guérit réellement un jour ? Mes yeux se détournent de la nuit pour se poser sur le visage pâle de Joanie. Est-ce que l'on guérissait de nos blessures, un jour ? Je ne pouvais pas le certifier. Ma blessure était immense, profonde et j'avais l'impression qu'elle continuait de pulser aussi fort que la veille, à chaque nouveau lever de soleil. Je ne saurais dire si ça allait s'arrêter un jour. Si atteindre mon but allait me libérer de cette rancœur qui me collait comme une seconde peau. Je l'espérais. Parce que parfois, j'avais l'impression qu'elle allait finir par me submerger complètement, sans espoir de retour. On m'avait tout arraché, du jour au lendemain. On m'avait enlevé la personne qui me guidait, qui m'épaulait. On avait sali son nom et ruiné son visage, ne laissant plus que des vestiges sanguinolents. Et ça avait détruit la personne qui partageait sa vie, la femme qui lui avait confié son coeur. Dans un sens, j'avais fini par perdre mes deux parents. Parce que voir ma mère errer maladroitement dans un monde qu'elle ne reconnaissait plus, je n'appelais pas ça vivre. Elle survivait tant bien que mal, avec un creux béant dans la poitrine. Alors je ne pouvais pas lui assurer que ça serait le cas, de son côté. La vie était tellement imprévisible que l'on ne pouvait jamais affirmer quoi que ce soit, sans voir l'exception apparaître au détour du chemin. « Je ne sais pas. » je finis par souffler, mes épaules s'affaissant dans le même mouvement. « Je pense qu'il y a une part de nous qui ne cessera jamais vraiment d'y penser. Parce que c'est quelque chose qui nous a touché si profondément que ça ne pourra jamais disparaître. » C'était une part de nos existences qui ne saurait jamais s'effacer, même si on le voulait de toutes nos forces. « Pas complètement, en tout cas. » je rajoute, les lèvres pincées. « Mais j'imagine qu'on finit par ranger ces souvenirs dans un coin, à un moment. Parfois, on ressentira un pincement au coeur parce qu'il y a quelque chose qui nous y fera penser, mais je ne crois pas qu'ils nous définissent jusqu'à la vie de notre vie. » je murmure, avant de prendre la dernière bouffée de ma cigarette.

Puis elle me questionne sur mon travail, sur mes motivations malgré les horreurs auxquelles je pouvais me confronter au quotidien. Et je lui réponds, honnêtement. Je ne cherche pas à enjoliver les choses, à les embellir. Ce n'était presque jamais une partie de plaisir parce que ça concernait des sujets sensibles, des situations qui n'avaient rien d'une balade au bord de la plage. Vous avez eu peur ce jour-là ? Mes yeux glissent à nouveau jusqu'à elle et j'observe son visage à moitié éclairé par un lampadaire, pendant quelques secondes. « Ouais. » je souffle, en haussant les épaules. « Mais je n'avais pas le droit de me laisser envahir par elle, si je voulais pouvoir vous venir en aide. » Je la ressentais presque à chaque fois, cette peur. Pourtant, je refusais qu'elle me musèle. Je la mettais de côté, tant bien que mal, pour faire mon travail correctement. Je lui explique que ce sont des innocents comme elle, en proie au danger, qui me rappellent pourquoi j'ai choisi de suivre cette voie. Parce que je pouvais défier la barbarie de l'être humain, autant de fois qu'il le faudrait, si c'était pour leur porter secours. Je n'ai jamais ou vous remercier de vive voix. « Tu n'as pas à- » Merci. Je ravale mes paroles, l'écoutant silencieusement. Merci pour tout ce que vous avez fait. Et de ne pas m'avoir laissé tomber même après. Et c'est à mon tour de me racler la gorge. « De rien. » je murmure, mes mains glissées dans les poches de ma veste en cuir. Je ne saurais pas expliquer la raison qui m'avait poussé à aller lui rendre visite, à demander de ses nouvelles. « J'espérais peut-être que la teigne que j'avais eu au téléphone allait continuer à se battre. » je finis par répondre, sur un ton plus bas.

Finalement, je finis par lui dire ce que la plupart des gens n'osent sûrement pas verbaliser, peut-être par peur ou par espoir de voir la situation revenir à la normale. Joanie ne serait plus jamais la même. Ce genre de drame, ça nous transformait, ça laissait une trace indélébile, qui changeait notre vision du monde et des autres. Notre innocence partait en fumée, en un claquement de doigts. Et il y a des aspects de notre vie qui n'avaient plus le même sens. Mais les choses qui faisaient d'elle ce qu'elle était, jusqu'à aujourd'hui, n'avait pas disparu pour autant. Il fallait juste prendre le temps de se comprendre, d'accepter ces changements, de s'ajuster à ce nouvel angle de vue. « Toujours là pour remettre les pendules à l'heure. » je lâche, avec un rictus amusé. Avant de me figer complètement lorsque ses bras viennent s'enrouler autour de moi. C'est bref, ça dure l'espace de quelques secondes mais ça finit à venir tirailler quelque chose dans ma poitrine. Elle a de la chance de vous avoir. Mes sourcils se froncent, d'un seul coup. Votre partenaire. Et cette remarque a le don de me tirer un rire, malgré le sentiment de pression dans ma cage thoracique. « Je ne pense pas qu'elle soit du même avis que toi. » je rétorque, railleur. « Surtout en ce moment. » je rajoute, dégageant une main de ma poche pour la passer dans mes cheveux en désordre. J'essayais vraiment de ne pas y penser. Mais plus je me forçais à éviter le sujet, plus mes réflexions m'y ramenaient, inlassablement. Puis je relève la tête, observant le paysage tout autour de nous. « Il est tard. » Puis je me détourne pour l'observer encore une fois, lui désignant la sortie d'un signe de tête. « Je te raccompagne. » Avant même qu'elle ne cherche à rétorque quoi que ce soit, je prends les devants. « Et non, tu n'as pas le choix. Ordre du gentil policier. » je termine, avec un air moqueur. Par chance, Joanie n'habite pas très loin et nous faisons le chemin inverse, en silence pour la plus grande partie du trajet. Mais lorsque nous atteignons le bas de son immeuble, mes yeux se dirigent vers elle et je fourre à nouveau mes mains dans mes poches. « Tu sais où je travaille. » je lâche, à brûle-pourpoint. « Si tu as besoin de quelque chose. » Puis je pivote, les lèvres pincées, décidé à regagner ma voiture. Mais je m'arrête, au milieu de la nuit, ma tête pivotant à moitié. « Prends soin de toi, Joanie. » Ma voix n'est qu'un souffle et je reprends ma marche, ralentissant mes pas jusqu'à ce que je l'entende me saluer et la lourde porte principale claquer contre le battant.

Et même si rien n'était réglé, j'avais soudainement l'impression d'avancer avec le coeur léger.

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