trick or treat ? (Edma #2)

Arpenter les magasins de déguisement, n’était pas la chose à laquelle je m’étais préparée, quand j’ai proposé de passer Halloween avec Eden et Edwin. Je prenais difficilement mes marques, me sentant parfois terriblement illégitime d’être là, de passer le voir, certains jours après l’école, ou encore, d’aller manger quelque chose en ville. Edwin était toujours là, il veillait sur ce petit garçon qu’il avait élevé, et qui lui ressemblait tellement, tandis que j’apprenais à découvrir, ce petit garçon, qui avait été tout proche de mon cœur, pendant quelques mois, avant que nos chemins se séparent, pendant quelques années, avant que je me rende vraiment compte, de ce que j’avais lâchement laissé derrière. Le cœur serré de les avoir abandonnés, tous les deux. Si les premiers temps, Edwin n’avait rien voulu entendre, il avait fini par me laisser passer un peu de temps avec Eden. Je n’avais pas été la mère la plus exemplaire, et aux yeux du petit garçon, qui savait pourtant qui j’étais, je n’étais pas celle qu’il appelait maman. J’étais persuadée qu’il ne comprenait pas encire vraiment la portée de tout ce qu’il se passait autour de lui. Pourquoi cette femme, qu’il ne connaissait pas, souhaitait pourtant le connaitre avec tant de conviction ? Je pouvais comprendre, j’avais loupé tant de moments si importants, ses premiers mots, ses premiers pas, sa première rentrée à l’école. Bien trop de choses. Puis finalement, j’avais émis cette idée, de passer Halloween avec eux, et même de trouver aux garçons, des costumes. Et ça n’avait pas été la tâche la plus simple. J’avais eu beau demandé ses idées de thèmes au petit garçon, il m’avait répondu plusieurs choses toutes plus improbables, des héros des dessins animés qu’il adorait, avant de se fixer sur un costume de dragon, et j’avais bien du mal à trouver de quoi transformer ce petit bout d’homme, en affreux dinosaure. Avant de tomber sur l’alternative parfaite. Lui et Edwin auront des combinaisons assorties, et j’aurais un superbe costume de licorne, comme il me l’avait expressément demandé. Je me souviens précisément de ses mots. Papa et moi, on veut des dragons, mais toi, tu seras une licorne, Emma. Qu’il avait prononcé, me tirant un sourire, avant qu’il n’aille rejoindre son ami à quatre pattes, pour aller jouer dans sa chambre, ravi.

« Tu devrais mettre plus de rose sur tes joues. » Me souffle ma sœur, taquine, alors que j’étais tranquillement en train de me préparer. Je lui lance un regard noir, avant de continuer à souligner mon visage de douces couleurs, et d’une bonne couche de paillettes quand même, histoire de coller avec le costume. « Ca peut être terriblement sexy un costume de licorne tu sais. » Prononce Sara, le regard bien moins innocent qu’il n’y parait. « Je vais simplement faire le tour du quartier avec Eden et Edwin, Sara, rien de plus. » Je réponds, concentrée sur le crayon brun, qui vient souligner mes yeux, une dernière fois. « Tout est bon pour reconquérir le papa, Emma. » Qu’elle vient murmurer à mon oreille, finalement, me faisant hausser les épaules, alors que je remonte la fermeture de cette combinaison rose et blanche. Edwin me plaisait certes toujours autant qu’avant, et ça c’était terriblement indéniable, mais je savais aussi, combien plus rien ne sera jamais possible entre nous. Je l’ai tellement blessé, que c’était peine perdue, d’essayer même.

Je finis par saluer mes nièces et ma sœur, embarquant le petit sac avec les costumes, et la petite tête de citrouille pour Eden, avant de déguerpir, en fin d’après-midi, ayant convenu d’une arrivée après la sieste du petit. J’avais embarqué avec moi, quelques petits biscuits en forme de dragons, pour coller au thème, pour le goûter, et lui remplir un peu l’estomac, avant qu’on ne parte à la chasse. Sieste qu’il avait catégoriquement refusé de faire, vu la forme dans laquelle je le trouve en arrivant. Et quelle ne fût pas la joie du petit garçon, quand il a découvert son costume. Je l’ai aidé à l’enfiler, à sa demande, et en plus de ressembler à son père plus que de raisons, ils étaient maintenant presque identiques, ce qui me tirait presque un sourire, quand je regardais Eden, supplier son père de garder un souvenir de cette journée sur un cliché, qui se retrouvera dans un album photo, dans des années. La combinaison va terriblement bien à Edwin aussi, qui perds toute sa crédibilité, dans un costume vert sapin, et des épines rouges dans le dos. Finalement, on fait le grand tour du quartier. Je collectionne les souvenirs, tout en discutant fébrilement avec Edwin, à propos de la semaine d’Eden, avant que deux bonnes heures de balade plus tard, et une citrouille pleine, et les yeux qui se ferment tous seuls. Il grimpe dans les bras de son père, pour le chemin du retour, alors que je garde un œil sur la récolte, de ce petit garçon, qui avait pris de mon sourire. Il était ravi, et je pouvais le lire sur ses traits. Il s’effondre doucement, sur l’épaule d’Edwin, et ne tarde pas à rejoindre son lit, une fois la porte de l’appartement passée, et ses chaussures lâchées au sol. T’es la plus jolie des licornes. Qu’il avait murmuré, avant de me faire signe de la main tout endormi, et d’aller s’endormir, me tirant un sourire ému. Comment j’avais pu passer tant de temps sans lui, sans eux ? Comment j(avais pu laisser tout derrière ? Plus j’apprenais à le connaître, plus la question se posait, et plus les regrets enserraient mon cœur. « Ca a l’air de lui avoir plu. » Je souffle, quand Edwin referme la porte, et se dirige vers le salon. « Merci, de m’avoir laissé passer Halloween  avec lui. » Je continue, en levant les yeux vers lui, dans un léger sourire. C’était tellement important. « J-Je vais y aller, je vais pas te déranger plus longtemps. » Je ne savais toujours pas comment me comporter avec Edwin, c’était tellement compliqué. Je ne savais pas sur quel pied danser. Si nos échanges étaient plus cordiaux, mon cœur, lui, n’avait jamais cessé de le pleurer, et de battre, plus fort que jamais, quand il était là, à mes côtés. Il m’avait tant manqué, et c’était devenu quelqu’un de terriblement formidable.

Je ne savais toujours pas si j’avais pris la bonne décision en acceptant de passer la soirée d’Halloween en compagnie d’Emma. Mais Eden semblait tellement heureux de cette perspective que je ne pouvais me résoudre à annuler, sous prétexte que, maintenant, je doutais. Il méritait de passer du temps avec sa mère, même si pour ça, je devais mettre mes émotions et mes sentiments de côté. Il avait été privé d’elle pendant suffisamment longtemps pour que je ne continue de le faire, à cause de ce que je pouvais ressentir envers elle. Parce que je lui en voulais toujours. Je n’avais pas réussi à trouver la force de lui pardonner, malgré ses explications, malgré ses excuses et ce même si elle m’avait semblé sincère. Elle m’avait blessé, elle nous avait abandonné, sans se retourner, sans jamais nous donner la moindre nouvelle. J’ignorais si savoir plus tôt pourquoi elle était partie m’aurait permis de lui pardonner plus facilement, et je ne le saurais sans doute jamais, mais aujourd’hui, je n’en étais pas capable. Pas maintenant, en tout cas. J’avais besoin de temps pour accepter, pour digérer. Et tout ce que je faisais, c’était uniquement pour préserver le bien-être d’Eden et de lui donner la chance de vivre entouré de ses deux parents. Même si, pour le moment, il ne voyait Emma que de temps en temps, pour quelques heures seulement. Je ne me sentais pas capable de lui confier sa garder, de le lui laisser sans être présent. J’avais peur. Peur qu’elle craque, qu’elle l’abandonne une nouvelle fois et cette simple idée me donnait le vertige. Je devais leur permettre d’apprendre à se connaître, tout en essayant de le protéger, et c’était le plus difficile. D’autant plus qu’Eden était un petit garçon intelligent et qu’il ne lui avait pas fallut beaucoup de temps pour comprendre ce qui se tramait dans son dos. Il avait rapidement compris qu’Emma n’était pas qu’une ancienne amie, mais bien plus que ça. Et je lui avais expliqué ce qu’il avait été en âge d’entendre et de comprendre. Il savait qui il était, mais il ignorait la vérité concernant son départ, parce qu’il était bien trop petit pour la connaître et la saisir. Et je ne voulais pas qu’il s’imagine qu’elle était partie à cause de lui, bien au contraire. Alors j’avais inventé une histoire, sachant pertinemment que lorsqu’il sera en âge de savoir, j’allais très certainement m’en mordre les doigts.

Mais je ne voulais pas voir son sourire disparaître. Encore moins la joie qui illuminait ses iris depuis qu’il savait que sa mère était revenu.

« Elle arrive quand, Emma ? » qu’il me demande pour la deux-cent-vingtième fois au moins, depuis le début de l’après-midi. « Pour le goûter, Eden. » je lui réponds, en songeant sérieusement à m’enregistrer pour parer les prochaines questions du genre. « D’accord, mais c’est quand le goûter ? » J’ai envie de me taper le front avec la paume de ma main, mais je me retiens, de justesse. Je lève finalement les yeux de la revue que j’étais en train de lire, me tournant légèrement dans sa direction. « Quand tu auras faim. » je lui réponds, un sourire amusé étirant mes lèvres. Vu ce qu’il avait englouti à midi, j’osais espérer qu’il n’aurait pas faim avant seize heures. Mais ce petit n’est pas né de la dernière pluie et je peux voir une petite lueur briller dans son regard. Quelques secondes passent sans qu’il ne dise rien, retournant à la feuille sur laquelle il est en train de griffonné je ne sais trop quoi. Je secoue la tête, me replongeant dans ma lecture et cinq minutes à peine plus tard, je l’entends descendre de sa chaise pour venir se poser en face de moi. « Maintenant, j’ai faim. Alors, c’est quand qu’elle arrive Emma ? » Cet enfant avait bien trop de ressources pour ma propre santé mentale. « Quand tu auras vraiment faim, Eden. Est-ce que tu as faim au point de manger un éléphant ? » Il penche légèrement la tête sur le côté, hésite quelques secondes avant de me répondre dans un immense sourire satisfait. « Deux éléphants ! » Sa réflexion me tire un rire franc et je décide d’abandonner la partie. De toute façon, Emma n’allait pas tarder à arriver. Je n’ai d’ailleurs pas le temps de lui proposer d’aller guetter sa voiture par la fenêtre que la sonnerie de la porte d’entrée retentit. Eden se rue dans le couloir, sautillant sur place, avant de jeter dans les bras de sa mère au moment où j’ouvre la porte. Je passe outre ce sentiment étrange qui m’enserre le cœur, pour me concentrer uniquement sur son excitation. Excitation qui grandi d’un cran en découvrant son costume et en constatant que j’aurais exactement le même que lui. Moi, je me sens particulièrement ridicule dans cet accoutrement, mais je serais capable de porter un sac poubelle, du moment que ça lui fait plaisir.

Il nous faut deux bonnes heures pour faire le tour des maisons et remplir la petite citrouille d’Eden de sucreries et autres douceurs. Il effectue d’ailleurs le chemin du retour dans mes bras, avant de s’endormir sur mon épaule. « Je vais le coucher. » je murmure, alors qu’on entre dans l’appartement. J’entends Eden murmurer quelques mots à Emma avant de lui retirer ses chaussures que je pose dans l’entrée. « Je reviens. » je chuchote, à l’attention de cette dernière alors qu’il referme ses petits yeux. Je m’éclipse dans sa chambre, le déposant délicatement sur ses couvertures, tout en déposant un tendre baiser sur son front. Puis je referme la porte derrière moi, rejoignant Emma dans le salon. « Ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vu sourire à ce point. » j’avoue dans un souffle. Puis je l’observe, de longues minutes, sans savoir quoi répondre. Finalement, je pousse un profond soupire, avant de passer une main gêné dans mes cheveux. « Je n’en avais pas envie. » je fini par dire, en détournant le regard. « Et j’étais persuadé que c’était une mauvaise idée. Mais j’avais tort. Tu as le droit de passer du temps avec lui et lui avec toi… Alors ne me remercie pas. » Quel genre de personne je serais si je les empêchais de se voir ? Elle avait merdé, oui, c’était une certitude et je ne pourrais jamais l’oublier. Mais elle était revenue, et actuellement, c’est tout ce qui devait compter. Eden avait besoin d’elle, même si j’aurais aimé croire qu’on pourrait très bien continuer de s’en sortir en n’étant que tous les deux. Et je dois me faire violence pour ne pas simplement acquiescer et la laisser partir. Je ne pouvais pas continuer d’éprouver autant de rancœur envers elle, pas sans essayer de recoller les morceaux. « Reste. » je lui réponds précipitamment. « Enfin, tu peux rester manger, si tu veux. Tu ne me déranges pas, de toute façon. » Eden n’allait certainement pas se réveiller avant le lendemain matin et vu que son dîner s’était composé essentiellement de bonbons en tout genre, j’allais sans aucun doute le passer seul, au même titre que la soirée.

Sauf si elle acceptait de me tenir compagnie.

J’avais appris à découvrir ce petit garçon, à l’écouter parler pendant des heures, à le regarder jouer, à l’observer simplement. A comprendre chacun de ses gestes, à regarder, son visage, pendant de longues minutes, pour y voir, des traits délicats, encore ronds, synonyme de l’enfant qu’il était encore. Il avait une telle faculté de gentillesse, et un cœur si grand, que n’importe qui, pouvait s’y glisser, sans y être inquiéter. Il avait si vite compris qui j’étais, et ce que je faisais là. Je n’étais pas vraiment sa maman à ses yeux, parce que c’était particulier comme situation, et que même s’il a compris qui j’étais, c’était pas si facile, de prendre le réflexe, même moi, je ne lui demanderais jamais de m’appeler maman. Premièrement parce que je ne sais pas comment je pourrais réagir, si jamais, il venait à me nommer comme ça, ça voudrait dire tellement de choses. Deuxièmement, si ça devait se faire, ce serait à son rythme. Je ne voulais pas m’imposer. J’étais simplement Emma, et ça m’allait comme ça. Je ne voulais rien de plus. Juste le connaître, le découvrir, peut-être rattraper le temps perdu, pendant ses années où je me suis mise en exil seule, loin de tout. J’ai rapidement compris tout ce que j’avais perdu, loupé, quand je l’ai entendu s’épancher, sur ces histoires qui le passionne. Les dinosaures, qu’il connait tous sur le bout des doigts, son esprit si vif et si malin. Il était déjà tellement intelligent, et il tenait clairement ça de son père. Sa détermination. Quand il avait une idée en tête, il n’en démordait pas. Il ne fallait pas lui promettre quoi que ce soit, parce qu’il savait rappeler les choses. Quel ne fût pas mon idée de lui avoir promis un jour, que la prochaine fois que je viendrais le voir, j’aurais un gâteau dans les mains. C’était la première chose qu’il m’avait demandé, quand il est venu se serrer contre mes jambes, à peine la porte passée. Je me souviendrais à jamais de mon cœur qui s’est considérablement mis à fondre, quand il s’est pour la première fois, glissé dans mes bras, après mon retour. Je n’avais pas su si lui rendre son câlin était une bonne idée, mais je l’avais fait quand même, et je suis rentrée en pleurs chez moi, ce jour-là, complètement déboussolée. Je m’étais vraiment rendue compte, ce jour-là, que j’avais été un être abominable, avec eux. A quel point j’avais été odieuse, avec eux. Combien ça avait été violent, pour Edwin, surtout, de se réveiller un matin, en constatant qu’il n’y avait plus aucune trace de moi, dans notre appartement, que j’avais tout pris, que j’avais laissé juste une lettre. Je réalisais vraiment, ce que j’avais fait, et tout ce que ça m’avait coûté, alors qu’il m’aurait simplement fallu communiquer un peu plus, faire confiance à Edwin, sincèrement, pour que rien ne se passe jamais comme les faits s’étaient déroulés. Mais j’avais tellement peur. Tellement peur de moi-même, de ce lien, qui ne se faisait pas. D’être une mauvaise mère, une mauvaise compagne. J’étais vide, et c’était tellement étrange, tellement angoissant. Au final, c’est en partant, que j’avais juste tout foutu en l’air.

C’était la pire décision, quand j’étais persuadée que c’était la meilleure. Aujourd’hui, je donnerais n’importe quoi, pour revenir en arrière. Pour ne plus voir toutes les questions dans le regard d’Edwin. Ne plus y voir la peur, et toute la complexité qu’il avait à me faire confiance. Je le comprenais, et même plus qu’il ne pouvait le penser. A sa place, je ne lui ferais pas confiance non plus. Au moins, je pouvais voir Eden, et le voir lui, et c’était peut-être tout ce qui comptait. La moindre minute était précieuse.

Je n’ai jamais su dire non, à cette demande de passer Halloween avec eux. J’aurais même pu avoir le même costume qu’eux, on aurait pu être une famille de dragons, et ça aurait été adorable. Mais nous ne sommes pas une famille, alors j’ai un costume différent. Ils sont assortis, et c’est terriblement adorable de les voir se balader, main dans la main, entendre le rire d’Eden, quand il le fait décoller du sol, pour tournoyer un peu à sa demande. Je leur voyais une complicité sans faille, et la tendresse que voyait dans le regard d’Edwin, me faisait quelque chose dans le cœur. Il était tellement parfait avec lui, il avait toujours tout, les mots, les gestes, pour répondre à Eden, quand il avait besoin. Il n’avait pas manqué de me faire sourire à ses petites manies, à choisir les maisons, où on devait aller, et nous le suivions simplement. Plusieurs fois, Eden m’a surprise, à me demander de l’accompagner jusqu’à la porte, parce que les chemins étaient jonchés de toiles d’araignées, et d’autres item d’épouvantes, qui ne rassuraient pas son cœur de petit garçon. A serrer ma main, comme si c’était un point d’encrage qu’il ne voulait jamais lâcher, moi, c’était mon cœur qui menaçait de s’en aller. Avant que finalement, il ne s’épuise, et ne s’écrase de sommeil, sur l’épaule de son père. Il disparait dans sa chambre, après quelques mots, qui me tire un sourire. « Prends ton temps. » Je murmure à Edwin, quand il m’informe qu’il va le mettre au lit. J’allais attendre, histoire de dire au revoir, avant de partir, au moins. « Tant mieux. » Je réponds à mon tour, avant qu’il ne m’avoue, que c’était clairement pas de gaieté de cœur, qu’il m’avait laissé passer la fin d’après-midi avec eux, et à ses mots mon cœur se sert, pourtant, je comprenais son hostilité, mais ça faisait toujours mal, de la voir si concrète. Je pouvais m’en prendre qu’à moi-même. J’avais brisé son cœur, et envoyé voler tout ce qu’on c’était promis. « J’y tiens. Tu avais tous les droits, de ne pas me laisser le voir. J’aurais compris. » J’étais la seule à blâmer, j’aurais même pas eu à broncher. Ça m’aurait brisée un peu plus, mais c’était moi, qui avait renoncé à eux, il y a 4 ans. C’était uniquement de ma faute, et je n’aurais pu m’en prendre qu’à moi-même. Finalement, je décide qu’il est temps que je lui dise au revoir, pour ce soir, je n’allais pas lui imposer ma présence plus longtemps. Seulement, rapidement, il me demande de rester. Mes sourcils se froncent presque automatiquement, sous l’incompréhension, mais mon cœur, traitre, s’accélère. « Tu es sûr ? Je voudrais vraiment pas t’infliger quoi que ce soit… » Je bredouille presque aussi vite, avant qu’il n’acquiesce, et que je finisse par accepter. Je tenais vraiment à ce qu’on puisse se parler vraiment, calmement, qu’on puisse s’expliquer, et pas rester sur la dernière fois. Je tenais encore beaucoup à lui, et au fond, je n’avais jamais vraiment cessé de penser à lui, malgré tout, malgré les mois, loin de Los Angeles, loin de lui. Mes sentiments n’avaient jamais changé, pas d’un petit peu. Je me débarrasse de ma veste, et la dépose dans l’entrée, avant de revenir m’installer sur le canapé, tandis qu’il se lève chercher à boire, en reposant son téléphone sur la table basse « Tu veux commander q…. » Je commence en brisant le silence, mon portable entre les mains. Finalement, le sien se met à sonner, et mon regard se déporte sur l’écran, pour y capter les mots, et le prénom, qui s’y affiche. Et quel ne sont pas les dix millions de films qui se font dans ma tête. Mon cœur se serre, et précipitamment, je reprends la parole. « Je..crois que c’est pas une bonne idée. Je vais y aller. Merci pour l’invitation. » Je me lève tout aussi vite pour aller chercher ma veste.

Je ne dois pas rester. J'ai plus ma place dans sa vie, et c'est un peu trop douloureux.

Tout ce que je voulais, c'était qu'Eden soit heureux. Il était ma principale préoccupation, le seul qui comptait réellement dans ma vie et pour qui j'étais prêt à tous les sacrifices tant que son bonheur était assuré. Même si certains me demandaient plus d'effort que d'autres. Et côtoyer Emma, même si les choses s'étaient un peu tassées entre nous, ça restait délicat. Ma colère avait fini par s'apaiser et même si je lui en voulais toujours d'être partie sans avoir essayé de me parler, j'avais compris dans quelle détresse elle s'était retrouvée après la naissance de notre fils. Certes, tout n'était pas excusable, mais elle possédait quand même des circonstances atténuantes. Du moins, c'est ce que je me répétais depuis qu'elle était revenue pour tenter de tourner la page, et peut-être pour éviter de trop être affecté par son retour. Mais la revoir avait fait remonter une tonne de sentiments et c'était compliqué de constamment passer outre. Mais je me devais de prendre sur moi, pour permettre à Eden de voir sa mère et apprendre à la connaître. Il avait été privé d'elle pendant trop longtemps pour que je lui refuse cette chance. J'aurais pu, refuser qu'elle passe plus de temps avec lui, mais je savais que le mieux pour lui était de grandir auprès de ses deux parents. Maintenant qu'Emma était là, ils allaient pouvoir essayer de rattraper le temps perdu et, je savais qu'elle savait qu'elle n'aurait pas de troisième chance. Soit elle restait et gérait dans ce nouveau rôle, soit elle paniquait, nous tournait le dos une seconde fois et elle pouvait être certaine que je ne la laisserais plus jamais s'approcher de notre fils. Mais pour l'instant, elle était présente pour lui dès que je le lui permettais et je n'avais pas besoin qu'Eden se confie pour savoir qu'il était content Je ne l'avais pas vu aussi heureux depuis tellement longtemps que ça me faisait presque mal au cœur de ne pas en être la raison. Et je savais que ce n'était pas l'autorisation de faire un dîner exclusivement de bonbons qui l'avait rendu aussi joyeux.

Mais j'allais me faire à l’idée de ne plus être le seul point central de son existence et m’habituer à la nouvelle présence d’Emma. Je n’avais pas réellement le choix de toute façon.

Mais je préfère être honnête avec elle, tant pis si ça la blessait, tant pis si je jetais de nouveau un froid entre nous, j’avais le droit d’avoir des doutes. Même si, au final ils s’étaient montrés être infondés et que passer Halloween avec elle s’était avéré être une bonne idée et je ne regrettais pas d’avoir accepté. La fin d’après-midi avait été étonnante, presque bizarre, mais j’avais survécu. « C’est aussi ton fils… » je fini par chuchoter en soupirant. Et ça me faisait mal de l’avouer, parce que j’aurais préféré pouvoir affirmer le contraire à cause de toutes ces années d’absences. « Et je n’ai pas envie d’être ce genre de père. Celui qui empêche son enfant de grandir avec ses deux parents, parce qu’il éprouve encore de la rancœur. » Elle n’allait pas disparaître en un battement de cil, il allait me falloir du temps, sans doute beaucoup, mais mes sentiments ne devaient pas venir interférer dans sa relation avec Eden. De toute façon, j’étais capable de faire des efforts, dans la mesure du raisonnable. Je n’étais pas prêt à l’accueillir de nouveau dans ma vie, les bras ouverts ou encore à parler de garde alternée et ce genre de choses. Il me fallait des preuves de sa sincérité, de son envie de renouer pour de bon avec lui. Une fois certain de tout ça, je pourrais entendre le reste et commencer à accepter de ne plus voir ce petit bonhomme qui illumine ma vie depuis quatre ans tous les jours. Mais pour lui refaire confiance, je devais réapprendre à la connaître, passer du temps avec elle, sans Eden. Alors je lui propose de rester pour le dîner, lui assurant qu’elle ne me dérange pas. « Tu ne m’infliges rien, Emma. Arrête. » je réponds en secouant la tête par la négative. « Et si je n’en avais pas envie, je ne te l’aurais pas proposé, d’accord ? » je poursuis en terminant ma phrase par un haussement d’épaules. La vérité, c’était que j’étais partagé. Je n’allais pas sauter au plafond, mais au fond, j’avais peut-être bien envie de passer la soirée avec elle. Comme au bon vieux temps. Elle accepte finalement de me tenir compagnie pour le repas et je quitte le salon pour aller nos chercher deux sodas dans le frigo. J’entends sa question, commençant à réfléchir en silence alors que sa demande reste en suspension, fronçant les sourcils. Je reviens un peu précipitamment à sa rencontre, les mains prises, ne comprenant pas pourquoi ce soudain revirement de situation. « Euh… Ok… ? » C’est presque si elle ne se relève pas du canapé en bondissant, me laissant de plus en plus perplexe. Puis mes yeux se posent sur l’écran de mon téléphone qui affiche que j’ai un message et je dépose nos boissons sur la table basse avant de le récupérer. Et je pousse un soupir à mi-chemin entre l’exaspération et la résignation quand je comprends la raison de son comportement. « Emma… » je chuchote une première fois avant de glisser mon cellulaire dans la poche de mon jeans et de me diriger à mon tour dans le couloir. « Emma, attends ! » je la hèle alors que ma main se referme sur son poignet, pour l’empêcher de passer la porte. « Tu ne peux partir à chaque fois… Fuir dés que tu en as l’occasion. » je souffle, relâchant ma prise autour de son bras. Elle ne pouvait pas sincèrement penser que j’avais, durant tout ce temps, attendu qu’elle revienne. Je m’étais fait une raison, j’avais commencé à tourner la page. « J’aurais dû te dire que je voyais quelqu’un, je suis désolé… Mais je ne veux pas que ça change quoi que ce soit. J’essaie de faire un pas vers toi là, d’arranger les choses… Pour Eden. » Parce qu’il n’avait toujours été question que d’Eden, non ?

Il y a des choses que je ne saurais jamais vraiment expliquer. Jamais l’état dans lequel je m’étais retrouvé à la naissance d’Eden, ni pourquoi les regrets m’ont à ce point fait comprendre que j’avais tout perdu, pour rien. Ni même l’amour, innommable, que j’avais pour ce petit garçon, qui me surprenait un peu chaque jours que je le côtoyais. Ni même les battements encore terrible, de mon cœur, quand je posais les yeux sur l’homme que j’avais toujours aimé, et que je savais pourtant, perdu à jamais. Le voir, régulièrement, n’aide pas, à apaiser la tristesse de ces battements, qui n’ont jamais cessé de le pleurer. J’ai toujours su, que je ne le récupèrerais sûrement pas, je m’y étais préparée, avant de revenir. Parce qu’on n’efface pas 4 ans, comme ça, juste après un retour, sans prévenir, sans jamais avoir donné de nouvelles. Je profitais cependant de la moindre chance qu’il m’offrait. Parce que ça voulait dire, passer du temps avec notre petit garçon, apprendre à le découvrir à observer encore et encore, sans jamais me lasser, la grandeur de son cœur d’enfant. Ce petit bout d’homme aux sourires qui feraient trembler la moindre once de tristesse, et à l’obstination que je n’ai jamais vue ailleurs que chez son père. Il était cet incroyable mélange de douceur et d’assurance. Ce mélange parfait d’Edwin et moi. Ils avaient les mêmes manies, les mêmes petits gestes particuliers, la même manière de sourire. Je ne mentirais pas, en disant que parfois, je me suis demandé si j’étais vraiment légitime d’être là, d’imposer ma présence à mon propre enfant, quand je l’ai moi-même rejeté, quelques années plus tôt, en pensant être totalement incapable de l’aimer, alors qu’il ne demandait rien de plus que mon amour et ma présence. Je suis consciente, qu’à la moindre erreur, au moindre faux-pas, je n’aurais jamais plus l’occasion de le voir, de les voir, alors que je prends cette culpabilité qui m’enserre le cœur certains soir, pour me donner la force d’être plus présente que jamais, faire l’effort, d’être la meilleure possible, quand on m’en donnait la chance, parce que je ne l’aurais pas deux fois, et qu’aujourd’hui, je sais qu’être séparée de lui, me ferait plus de mal que de bien. Il est ce petit ange, que j’avais pourtant tellement voulu, et abrité tout contre moi, pendant de longs mois. Malgré tout. Et puis il suffit d’un sourire, pour balayer tout le reste.

Mais quand on se retrouve seuls. Quand la pote se ferme, je sais que je vais devoir faire face à l’animosité de cet homme que j’ai tant blessé, et tellement aimé pourtant. Il y a toujours comme un sentiment de froid, entre nous. Hostilité que mon départ inexpliqué, avait créé. Ce fossé, que rien ne semble vraiment combler. « Je sais. » Je réponds dans un souffle. Pourtant, c’était plus fort que moi, de penser qu’il avait tous les droits de me dire non, de me laisser sur le pas de la porte quand je demande à voir Eden. Parce que je ne sais pas vraiment ce que j’aurais fait, si c’était moi qui avais été à sa place. Si j’avais dû lui ouvrir ma porte, après tant de temps. J’aurais sûrement, avant tout, voulu privilégier le bien-être de l’enfant. A nous, il allait nous falloir du temps, pour s’apprendre à nouveau, pour réapprendre à se comprendre. Ce sera long, je le sais, mais je ne perds pas espoir. On allait réussir à vivre de manière équilibrée tous les trois, en partageant notre temps pour ce petit bout d’homme, qui avait dans son âme, l’empreinte d’un amour que je n’avais jamais cessé d’éprouver. Je ne sais pas à quoi m’attendre avec cette fin de soirée, je ne m’attendais même pas à ce qu’il me laisse rester. La dernière fois que nous sommes restés en tête à tête plus d’une dizaine de minutes, je lui déballais le pourquoi du comment de mon départ, et j’ai encore cet instant gravé dans le cœur, tant il me fait mal, parce que je m’étais mise à nue plus que jamais. C’était avouer que j’avais échoué, en tant que mère, en tant que compagne, et en tant que femme. Je ne voulais pas encore une fois faire face à une soirée difficile. Ce n’était vraiment pas le plus simple de faire face à cet homme que j’aimais encore, mais de n’avoir que pour retour, une froideur, et un semblant de colère. J’hoche la tête à ses mots, m’avouant pourtant vaincue. Je reste. De toute façon, rien de mal ne pourrais arriver, on se connais, et puis nous sommes suffisamment adultes, pour se parler. Mais je ne m’attendais pas à voir un autre nom sur l’écran de son téléphone. Mon cœur se serre instantanément. Je sais, que je n’ai rien à dire, qu’on ne s’est jamais rien promis, qu’au bout de temps, il a toutes les raisons de tourner la page. Ça veut dire mettre un point définitif à notre relation, que moi, je n’ai jamais mis, et c’est quelque part difficile à avaler. Je décide à ce moment, de simplement partir, de le laisser tranquille, parce que j’ai fait assez de dégâts auparavant, pour en faire de nouveaux. Mais alors que j’allais simplement prendre mes affaires et partir, sans demander mon reste, sa main se referme sur mon poignet. Nos regards se croise, alors que mon palpitant se met doucement à prendre de la vitesse. « J’ai plus ma place, Edwin. » Je réponds, du tremolos dans la voix, alors que j’aimerais ne pas me montrer aussi fébrile. « Tu ne devrais pas avoir à t’excuser. » Je commente, entre ses mots, avant de le laisser terminer. « Et tu crois qu’elle va penser quoi de cette soirée ? Moi non plus, j’ai pas envie que ça change quoi que ce soit, mais je peux pas juste venir, et interférer là-dedans. » Je tiens à mon nouveau rôle de mère. Je veux faire des efforts, je veux pouvoir continuer à voir Eden, à prouver que je peux être la meilleure des mères pour lui. Mais il y avait cette petite pointe d’espoir, infime, qui me murmurais que peut-être un jour, on finirait par se retrouver. Dans l’éventualité ou notre amour, continuait encore à vivre, quelque part. Et je crois que c’était peut-être le plus difficile. Me dire que non, finalement, je n’avais peut-être pas voulu renouer qu’avec notre fils. « Je ne veux pas faire plus de dégâts, Edwin. »

Pendant longtemps et jusqu'à très récemment, je m'étais toujours interdit d'avoir quelqu'un d'autre dans ma vie. Je ne me sentais pas prêt à accorder de nouveau ma confiance et je craignais que le schéma se répète une nouvelle fois. Je refusais de m'attacher si c'était pour qu'au moment où je m'y attendrais le moins, elle disparaisse, elle aussi. Puis il n'était plus question que de moi. Il y avait également Eden dans l'équation et je ne me sentais pas capable de lui infliger une nouvelle personne dans sa vie ou de lui faire vivre une potentielle rupture qu'il prendrait pour un nouvel abandon. Je voulais le protéger, autant que possible et qu'il n'ait jamais à ressentir la douleur que j'avais connu quand Emma était partie. Au final, j'ignorais qui de mon fils ou de moi j'essayai de protéger, si toute mon inquiétude pour lui n'était finalement pas qu'une simple excuse pour pour garder mon cœur en sécurité. En réfléchissant bien, Eden aurait très certainement surmonter et accepter n'importe quel changement dans sa vie, tel le petit garçon courageux et fort qu'il est. Mais je ne regrettais aucunement ces années passées à l'élever seul, à n'avoir comme simple préoccupation que le bonheur et le bien-être de mon fils. Nous nous étions créés une multitude de souvenirs, nous avions partagés des moments uniques qui, à jamais, n'appartiendront qu'à nous deux. Et tout ce que nous avions vécus ensemble n'avait pas de prix. Il était le noyaux même de mon existence, l'être qui m'avait permis de garder la tête hors de l'eau et de continuer d'avancer, malgré les obstacles de la vie. Aujourd'hui, j'avais suffisamment de recul pour me sentir prêt à reprendre ma vie là où je l'avais arrêté, à laisser une femme y entrer de nouveau. Et c'est ce que j'avais fait. Ma rencontre avec Avery était récente et j'ignorais si, à ce stade, je pouvais parler de relation. Nous nous étions vus plusieurs fois autour d'un café, elle avait fait la connaissance de mon petit bonhomme, mais on prenait le temps de se connaître, d'avancer à notre rythme.

C'était sans doute à cause de ça que je n'avais même pas songé à en parler à Emma. Parce qu'il n'y avait rien de concret entre Avery et moi, même si je l'appréciais beaucoup et que la réciproque semblait vraie. Au vu de sa réaction, peut-être que j'aurais dû me montrer plus malin, mais comment étais-je supposé deviner qu'elle découvrirait par inadvertance un message d'Avery et qu'elle réagirait de la sorte ? Et je ne savais pas quoi penser de sa réaction. Pourquoi s'enfuir alors que je lui avais moi-même proposé de rester ? Et j'ai besoin de réponses, d'explications et surtout de m'assurer qu'elle ne prendra pas une fois de plus la poudre d'escampette. Eden venait de retrouver sa mère et il était hors de question que j'ai à lui annoncer un quelconque départ. Alors ma main attrape le poignet de la brune, l'obligeant à s'arrêter, puis à se tourner. Ce n'est qu'une fois certain qu'elle ne passera pas immédiatement la porte de mon appartement que je libère son bras de ma prise. « Et de quelle place tu parles, au juste ? » je demande en fronçant les sourcils. « Tu es sa mère. Et si tu as réellement l'attention de faire partie de sa vie, je ne veux pas qu'on soit de ces personnes incapables de s'entendre et qui s'adressent à peine un regard. » je souffle entre dans mes dents. « Et elle sait tout ça. Elle sait que j'ai besoin de chasser toute la rancœur que j'éprouve à ton sujet et que pour ce faire, je dois réapprendre à te connaître. Et à te faire confiance. Et je ne pourrais pas y arriver si Eden est toujours là, avec nous. » Si elle voulait s'investir dans sa vie, si elle voulait qu'on réussisse à trouver un terrain d'entente pour plus tard, quand j'aurais trouvé la force de lui pardonner et que j'aurais eu la certitude qu'elle sera la mère dont il a besoin, il fallait qu'on ait des soirées comme celle-ci, pour parler, comme des adultes. « Tu n'interfères dans rien. Et tu ne feras aucun dégât. » Elle n'avait pas besoin de savoir, pour le moment, qu'avec Avery, nous n'étions pas passé au stade suivant. De toute façon, ce qui se passait dans ma vie était bien la dernière chose dont j'avais envie de parler en ce moment. Encore plus avec Emma. Nous avions partagé quelque chose de tellement fort tous les deux, que lui parler de ma vie amoureuse me semblait déplacée. « Maintenant si tu veux partir, je ne vais pas te retenir... Mais sache quand même que ça n'a change rien et que les choses sont très claires entre nous. Tu es là pour Eden... » Du moins, c'est ce que j'avais envie de croire et ce que j'espérais du plus profond de mon cœur. Parce que si elle n'était pas uniquement revenue pour lui, je savais que j'allais remettre en question tous mes sentiments et je ne pouvais pas m'y résoudre.

Peut-être parce qu'elle n'avait jamais définitivement quitté mes pensées.

Je n’ai jamais pu rouvrir mon cœur à quelqu’un, en presque 5 ans. Je savais au pus profond de moi-même, que je n’avais jamais vraiment tourné la page. Quelques flirts, quelques rendez-vous, mais jamais rien de plus que ça. Ouvrir mon cœur à quelqu’un, quand l’empreinte de l’autre restait encore, n’était clairement pas la chose à faire. Je savais que j’allais souffrir et la personne en face, d’autant plus. Edwin, a eût un impact immense dans ma vie, et je l’ai aimé avec la force du désespoir. J’aurais été prête à tout donner pour lui. J’ai tout abandonné, au nom de l’amour. Je n’avais plus que lui, avant que tout ne bascule. C’était nous contre le monde. Tant que j’avais sa main dans la mienne, je m’étais persuadée, que je saurais tout affronter, et j’étais prête pour la moindre épreuve, contre toute attente, c’est moi qui aie flanché, et qui ait tout renversé. Qui ait fait basculer nos monde à tout les deux, quand le mien, n’avait plus rien pour fonctionner normalement, alors que sur le papier, j’avais tout pour être heureuse, un enfant, un petit ami merveilleux, sur qui j’aurais pu compter, si je n’avais pas été aveugle, et profondément égoïste. Je ne l’ai compris que trop tard, mais toutes ces émotions violentes, et subversives, m’ont simplement tout pris. Si je ne les avais pas laissé prendre le dessus sur qui j’étais, sur ce que j’avais, nos vies n’en seraient sûrement pas là. On serait sûrement heureux tous les trois, on aurait continué à faire notre petite vie, à être heureux dans notre coin, dans notre bulle, juste nous trois, et personne n’aurait souffert, et cette situation n’aurait jamais existé. Ni le poids qui se glisse au fond de mon cœur. J’aurais pu m’en douter, qu’il avait refait sa vie. Au bout de tant de temps, quoi de plus normal ? J’aurais dû me préparer à ça. Qui étais-je pour prétendre que j’avais encore de la place dans son cœur, quand je l’ai littéralement abandonné, sans me retourner. Si retrouver notre fils, et toute l’affection que je pouvais voir dans ses yeux, avait été la plus douce des surprises, la peine et la colère du cœur d’Edwin, elles, étaient foudroyantes. Et malgré tout ce que ma sœur voulait bien dire, je n’avais aucune chance de le reconquérir. Trop de mal avait été fait.

Faire face à la réalité, c’était d’une brutalité. L’infime espoir qu’il me restait mourrait petit à petit dans le creux de ma poitrine. Encore une fois, j’avais l’impression d’avoir été trop bête et naïve. Qui pourrait me jeter la pierre d’avoir pensé même un instant, d’avoir pensé que je pourrais peut-être récupérer ma vie, là où je l’avais laissée. Qu’avec un peu de temps, on se redécouvrirait assez pour se rendre compte que la flamme ne s’était jamais éteinte. La sienne brûlait pour une autre, et j’étais même incapable de lui en vouloir pour ça. Je m’en voulais à moi-même. D’être revenue comme ça, sans un mot, sans donner quoi que ce soit de plus que de m’imposer à eux. Si Eden l’avait déjà rencontrée, s’ils avaient formé quelque chose tous les trois ? Je ne pouvais pas être l’ombre qui venait ternir le tableau. Je ne voulais pas repartir, pas maintenant que j’avais retrouvé la chair de ma chair, mais je n’avais pas le droit de rester, si ça venait à briser quelque chose dans la vie d’Edwin. J’avais bien trop de considération pour lui, pour être la raison d’une rupture ou que sais-je.   « Evidemment que je veux faire partie de la vie d’Eden. » Je réponds rapidement. « Est-ce qu’elle est ok avec tout ça ? » Je rajoute, sourcils froncés. Bien sûr, qu’on devait apprendre à se faire confiance, tout du moins de son côté, et je pouvais plus qu’imaginer combien c’était complexe. Une trahison de la sorte, ne se pardonnait pas en quelques heures. Si on voulait que tout se passe bien, c’était la moindre des choses, mais je ne voulais rien mettre en péril. Il fallait qu’on se parle, qu’on se réapprenne, mais j’avais tellement peur de tout briser encore. Le travail n’était pas qu’entre nous, je savais que j’avais encore un chantier de fou, à faire dans ma perception des choses, que je me pardonne l’impardonnable. J’avais pris plus conscience de millier de choses depuis mon retour, que pendant ces quatre années d’exil. Pendant quelques seconde je m’autorise à réfléchir, à tout repasser dans ma tête. Tu es là pour Eden. Si il savait. Si il savait qu'à l'instant, j'ai le cœur qui bats à une vitesse hallucinante, que mon esprit est une véritable tempête. « Mhm… Pour Eden… » Je réponds, dans un souffle. Nos regard se croisent quelques secondes, et mes épaules s’affaissent. Je ne savais pas quoi faire. J’étais partagée entre l’idée de partir, et de réfléchir à tout ça posément, et rester. Prouver que je pouvais prendre sur moi, que j’étais ok avec tout ça, que je peux faire des efforts. L’envie du fond du cœur de prouver que je voulais vraiment de cette chance qu’il m’offrait de prendre pleinement mon rôle de mère auprès d’Eden. Mais je n’étais pas certaine de pouvoir me mentir encore longtemps. Je laisse encore quelques seconde s’écouler, avant de simplement d’hocher la tête. « Si tout est clair, alors je reste. » Je ne sais pas sur quoi va résulter cette soirée, mais je sais déjà, que je vais en repartir le cœur serré.

Je n’ai définitivement jamais tourné la page.