Call 911, I think I noticed him as a cutie. (Grade #2)

« J'veux pas y'aller. » je grommelle, en replongeant mon visage tout entier dans le tiroir de la commode que j'étais en train de retaper. Mais je sens le regard de Lior entre mes deux omoplates et j'essaie de faire comme s'il n'existait pas en continuant mes petites affaires de réparatrice en herbe. Sauf que ce stratagème dure approximativement deux minutes avant que je ne balance mon tournevis par terre et pivote dans sa direction. « Quoi ? » je lâche, dans un soupir, croisant les bras sur ma poitrine. Il était fort. Il était très fort. « C'est la fin de l'année, J. Quelques heures avec nos gentils petits camarades sur la plage ne va pas te tuer. Où est-ce que tu aurais peur de croiser quelqu'un, peut-être ? » Ses yeux ne me quittent pas une seule seconde et je plisse les lèvres en voyant l'air éminemment satisfait qui traverse son visage. Alors je détourne le regard, préférant observer le mur de mon atelier taché de peinture plutôt que mon meilleur ami un peu trop clairvoyant. « 'Vois pas d'quoi tu parles. » je souffle, entre mes dents. Est-ce que j'ai dis à quel point j'le déteste ??? Non ??? J'le déteste. Il est insupportable, quand il s'y met. « Laisse-moi réfléchir. Grand, de type crevette, brun, sourire colgate. Grosse passion pour le cinéma. Prénom de beau-gosse de série pour adolescentes. Toujours pas ? » glisse-t-il, son sourire s'agrandissant au fur et à mesure. Je. Le. Déteste. « T'as pas un truc à faire ? Ou quelqu'un d'autre à voir ? Tu ne veux pas aller embêter Blue, à la place ? » je ronchonne, avec une subite envie de lui envoyer mon outil dans la tronche. « Tu te dégonfles, Jade Norwood ? » Rah. Le bougre. Il adore mettre ses doigts et trifouiller dans mon amour-propre. Je suis une Norwood. Je n'ai peur de rien. Sauf peut-être de papa quand ses chakras ne sont pas alignés. « TRÈS BIEN. Je viens. Mais juste une heure. Pour faire bonne figure. Après j'me casse. »

Est-ce je dois vraiment rappeler que je vis 300 jours par année à l'intérieur ? Et que je suis rousse, avec une peau de rousse et donc un risque de coup de soleil qui excède le 342% ? Oui ? Apparemment, ça n'inquiète personne. Très bien. Je vais donc aller griller à la plage comme une merguez avec un mélanome en supplément pour les beaux yeux de Lior et pour ravaler ma fierté. Chouette.

C'est comme ça que je me retrouve sur Santa Monica, à marcher à reculons en voyant l'étendue de sable apparaître sous mes yeux. Urgh. Osekour. Mon visage est dissimulé sous une casquette pour éviter un coup de soleil et cacher ma tronche tartinée de crème solaire avec amour par ma mère. Le sex appeal, le seul, le vrai. « Dis à ta mère que tu ne vas pas rentrer ce soir, Tahan. Je vais enterrer ton corps quelque part sur cette plage, d'une minute à l'autre. » je marmonne, lui tirant un roulement de globes oculaires avant qu'il ne gesticule son bras pour saluer quelques personnes de notre classe, rassemblées non loin des pontons. Aidez-moi. Je ne sais pas comment me sociabiliser. Oui, je n'ai pas la moindre idée de la manière dont j'ai réussi à me faire deux amis. « Souris et dis bonjour, Norwood. Tu sais, le truc que font les humains normaux. » me souffle-t-il avec un plaisir bien trop évident. Désolé Madame Tahan, je ne vais pas pouvoir me retenir. Désolé Maman, Papa, je sais que le meurtre c'est mal mais là c'est un cas de force majeure, comme vous pouvez le voir. « Je t'emmerde. » je siffle, avant qu'une risette terriblement fausse n'étire mes lèvres en arrivant à leur rencontre. « Salut...eh...tout le monde. » je me grimace, en levant mollement le main dans leur direction. Certains me jettent des regards surpris et je me retiens de grogner. Oui, il m'arrive de temps en temps de sortir de chez moi. Pour aller au video store, par exemple. Et c'était peut-être une mauvaise idée de parler de ça parce qu'un groupe de personne arrive en trombe de notre côté et que mon coeur s'arrête subitement de battre. Appelez les secours. « L, cache-moi. Tout de suite. Rends-toi utile pour une fois et sers-toi de ta carrure de poireau pour me faire disparître. » je susurre, en m'agrippant à la manche de son tee-shirt. Mais l'amitié est tellement sacrée entre nous qu'il préfère faire signe à l'autre asperge de service, celle que je crois apprécier un tantinet (et cette simple réflexion me donne envie de partir en courant). « Grayson...c'est ça ? Lior, un pote de Jade. » se présente-t-il tranquille Émile et je sors la tête de derrière son dos, avec un sourire crispé. « Hey...hey. » Wow. Reprends-toi Jade. Tu vaux mieux que ça. « Salut Grayson. » je souffle, en levant les yeux vers son visage pour ne pas descendre plus bas et faire une syncope.

Personne n'a donc de pudeur, par ici ???

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@Grayson Shepard

Un oeil sur ma montre, et un autre soupire qui s’échappe de mes lèvres. « Myra ! Sérieux, sors de la salle de bains, ça fait des heures que t’es là-dedans. Je vais louper la fête si tu ne te bouges pas. » Je râle devant la porte, en tapant du poing dessus, alors que mon père passe derrière moi, en levant les yeux au ciel, et pose une main sur mon épaule, en signe de courage. Quelle idée de m’avoir donné deux sœurs hein ? « Pourquoi tu veux absolument y aller, t’aimes pas les fêtes, Gray. » Oh je redoute la suite. J’entends le loquet s’ouvrir et la petite tête de ma jumelle passe par le petit espace entre le mur et la porte. « Parce que tout le monde y va. » Je réponds rapidement, mais son visage change rapidement pour y laisser apparaître un sourire aussi grand que celui d’un chat rose et violet. « Tout le monde dont cette fameuse fille du vidéoclub. Rousse, plus vielle que toi. Tu vois de qui je parles où je te fais un dessin ? » Qu’elle minaude avec sa petite voix, et une bouche en cœur qui en dit long. Je ne tarde pas à lui lancer ma serviette dessus. Serviette qui atterrit sur le sol, alors qu’elle claque la porte. « On en parle du bellâtre de terminale sur lequel tu baves littéralement, dès qu’on arrive au lycée, ou ça va ? » Je tente à mon tour, recevant un regard écarquillé quand elle ouvre la porte, brosse à dents qui dépasse de sa bouche serrée, la vision qui me tire un rire. Bingo. Il n’en faut pas plus, Je viens déposer mes affaires sur le rebord du lavabo, et la pousse d’un coup de hanche à l’extérieur. « Gray !! J’ai pas finis ! » Qu’elle râle de l’autre côté alors que je ferme le loquet à mon tour. « Trop tard, y a un évier dans la cuisine. Toi t’es prête et pas moi. » Je réponds, avant d’aller enclencher l’eau, en me marrant. Je vous jures, c’est pas facile tous les jours, d’avoir une sœur. Jumelle qui plus est.

Je sors une quinzaine de minutes plus tard de la petite pièce, frais comme la rosée du matin, près a aller respirer l’air iodé du bord d’océan, et de profiter d’une petite fête avec la plupart des élèves du lycée.

Mais c’est sans compter le temps que Myra et Tilly finissent par mettre toutes les deux, à parler de quel maillot de bain rendrait le mieux, ou que sais-je encore, des conversations dans lesquelles je n’ai aucun intérêt, puisque je n’ai aucune question à me poser. Un short de bain, ça allait parfaitement. Pas la peine de se prendre la tête pendant dix mille ans. Papa nous rappelle à tous les trois de bien penser à prendre de quoi nous protéger du soleil estival, et de surtout, ne pas s’approcher de l’alcool s’il y en a, parce que nous somme trop jeunes. Ça tombe bien, pour y avoir déjà gouter, je déteste ça. J’attendais patiemment mes sœurs dans le canapé, à scroller sur la page du cinéma, pour zyeuter les prochaines sorties, et celles qui pourraient être intéressantes, avant qu’elles ne débarquent dans le salon. « T’es prêt ? » Demande Myra, son sac sur l’épaule. « Depuis près d’une heure. » J’annonce, dans un sourire, avant qu’on ne quitte la maison. De toute façon, chacun finira avec son groupe. Myra et Tilly avec leurs amies, et moi, avec les miens. Fendant l’asphalte jusqu’au parking qui borde Santa Monica. Je retrouve rapidement Lance, Vic et Ricky, que je salue tous, d’un salut très masculin. 16 ans, mais on essaie d’être un minimum viril, pour palier au manque de pilosité sur le torse.

On descend tous ensemble sur le sable, et je ne mets pas très longtemps à repérer la petite tête rousse que je cherchais. Je n’étais pas sûr de la voir ici, parce que ce n’était peut-être pas son genre, je n’en savais trop rien, mais j’étais content de la voir, même si visiblement elle n’est pas seule. Personne ne vient seul à une fête de toute façon. Même que la personne en face me fait signe, alors je m’excuse auprès des gars, et m’avance dans leur direction. « Salut. Oui c’est ça. Enchanté Lior. Salut Jade. » Je prononce dans un sourire à l’intention de la rousse cachée derrière son ami qui me réponds dans un bégaiement. On s’était recroisé quelques fois au vidéoclub, et grâce à mes sœurs j’avais réussi à la retrouver sur les réseaux sociaux, et j’avais eu l’impression de passer pour un stalkeur, mais je le vis plutôt bien. Elle me plaisait quand même un peu. « Je suis content de te voir, je pensais pas… ‘fin, pas que je te vois pas dans les fêtes mais… Oui, c’est cool. » Oui bah je suis pas ultra à l’aise, on est pas seuls, et pas entre des étagère pleines de DVD. C’est pas mon terrain de prédilection.


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@Jade Norwood

Résumons la situation : en allant innocemment rendre des DVDs au vidéo club de quartier voisin, j'ai fait la rencontre d'un adepte de cinéma avec une culture qui égale presque la mienne. J'ai donc pratiqué ce qu'on appelle communément la sociabilisation - ce qui, en soi, est déjà un exploit - pendant quelques heures et j'ai même apprécié ce moment. Osekour. Vous pensez bien que j'ai directement envoyé un message à Blue pour me plaindre cet événement terriblement fâcheux. Rappelons que je ne suis pas quelqu'un de sociable. J'aime vivre à l'intérieur toute l'année, j'aime rester seule et m'enfermer dans mon atelier pour retaper des vieux meubles, j'aime faire des marathons de westerns toute seule dans ma chambre jusqu'à en perdre la notion du temps. Appelez-moi la rabat-joie par excellence si ça vous chante mais je sais exactement qui je suis et comment je fonctionne et ce n'est pas pas habituel de m'entendre aussi bien avec un autre être humain. Mis à part mes meilleurs amis, mais ça c'est seulement parce qu'ils sont aussi bizarres que moi. Grayson est plutôt intéressant et contrairement à la plupart de mes congénères, pas barbant. Trouver quelqu'un qui apprécie les mêmes choses que moi et que le silence ne dérange pas est une épreuve sur terre alors autant dire que ça m'a surpris de découvrir qu'il en existait un spécimen dans la même ville que la mienne. Et qu'il était assez sympa pour avoir envie de le revoir quelques fois, en dehors du magasin d'Achille.

Je crois qu'il y a quelque chose qui débloque, aidez-moi.

Et ce n'est absolument pas pour lui que j'ai décidé de faire profiter à mes camarades de ma royale présence. C'est pour...Lior. Évidemment. Lior et sa foutue habitude de me lancer des défis parce qu'il sait que ma fierté plus grosse qu'une maison finit toujours par l'emporter. Je suis un être faible et j'ai beaucoup d'amour-propre, désolé. Tout ça pour dire que j'affronte le soleil californien et la température qui doit avoisiner les deux-cents degrés au moins et que j'ai l'impression d'être un rôti qui cuit à thermostat cinq. Plus ou moins. Je vais ressembler à un homard bouilli d'ici approximativement deux heures et ça sera l'argument décisif pour me rappeler de ne plus jamais sortir pendant l'été. J'ai un grain de peau délicat moi, messieurs dames. Je préfère manger de la glace sur le canapé, à proximité d'un ventilateur. Telle une parfaite larve domestique. Mais non, je ressemble juste à une enfant avec mon short et le tee-shirt qui dissimulent mon maillot de bain, casquette et lunettes sur le nez. Ou une touriste. Ou les deux. Rayez la mention inutile. Et quand je vois l'amas d'élèves agglutinés sur la plage, je déglutis bruyamment, resserrant mes doigts autour des cordes qui forment les lanières de mon sac à dos. Est-ce que je peux rentrer à la maison, maintenant ??? Et est-ce que c'est trop demander que d'apporter un parasol ? Tout le monde n'a pas un bronzage digne de Jennifer Lopez, dans le coin. On remercie les origines allemandes et norvégiennes de mes parents pour ce manque flagrant de mélanine.

Qui sont donc démultipliées par la rougeur qui s'étend subitement sur mes joues à la vision de Grayson approchant dans notre direction. Code rouge. Je répète, code rouge. Individu de type grand, apparemment musclé d'après la chemise entrouverte - dont je me serais bien passé parce que je manque d'air, d'un coup. Le bougre ose sourire en plus et je dois ressembler à un poisson rouge qui agonise sur le carrelage. Lior décide qu'il est temps d'être le pire meilleur ami de tous les temps en s'éloignant un peu pour aller saluer d'autres personnes et je me retrouve seule avec l'individu, essayant de ne pas baisser les yeux sur la chair offerte à ma vue comme un animal à l'arrivée du printemps. Maudites hormones qui se réveillent quand il ne faut pas. « Tu peux le dire, c'est carrément pas mon truc. » je murmure, en haussant les épaules, en triturant le bas de mon large tee-shirt à l'effigie d'un groupe de rock. « Honnêtement, j'aurais préféré mater un film dans le noir complet avec un éventail et de l'ice tea mais on ne peut pas tout avoir dans la vie. Donc je vais me contenter d'éviter d'attraper un cancer de la peau et trouver quelque chose à boire parce que sinon je risque de me dessécher. » je rajoute, avec un sourire contrit. Et nous finissons par rejoindre le groupe déjà posé sur le sable, étendant nos serviettes dans un coin. Pourquoi est-ce que mes parents avaient décidé de vivre dans un des coins les plus ensoleillés des États-Unis, déjà ? Je meurs tellement de chaud que j'ai repoussé le peu de dignité qu'il me reste pour me délester de mon short mais on repassera pour le haut. Surtout avec les mannequins Victoria's Secret qui se pavanent à quelques mètres avec des bouts de chiffon microscopiques. À côté, je passe pour une crevette mal nourrie. Ou une ado avec un retard de croissance. Kira avait déjà tout pris, j'ai fait avec ce qui restait, pardonnez-moi. Mais on m'a gentiment donné une cannette de soda parce que je suis pas sûre de pouvoir supporter de la bière par ce temps. Déjà, ça me fait me demander comment ils ont pu en obtenir et me rendre compte que je ne suis absolument pas à ma place dans cet endroit. Sauf que comme je suis une personne loyale, je me contente de regarder les vagues aller et venir et nos camarades s'ébrouer dans l'eau.

Jusqu'à ce qu'une cohorte détrempée marche joyeusement dans notre direction pour proposer d'aller rejoindre l'équipe qui fait quelques sauts depuis le ponton en bois qui se trouve à quelques pas de là. Urgh. Est-ce que j'ai dit que j'avais peur du vide ? Non ? Bah voilà, c'est fait. Je suis bien sur la terre ferme, mes dix orteils plantés dans le sable. Même grimper sur une chaise est relativement compliqué. Et je secoue la tête pour refuser, avant de sentir une ombre se poster devant moi. Yes, le ticket gagnant. Humphrey et son mètre quatre-vingt-dix de bêtise. « T'as les chocottes, Norwood ? » ricane-t-il et je soutiens son regard, les lèvres plissées en une moue agacée. Plutôt crever que de lui dire que j'ai la trouille. « Non, juste pas envie. T'as besoin que je répète une seconde fois pour que ça remonte jusqu'au cerveau ? » je lâche, avec un sourcil haussé alors qu'il croise ses gros bras sur son torse. « Moi je dis que t'as les jetons d'aller sur le ponton. T'aboies beaucoup mais tu mords pas, hein ? » qu'il rajoute et la moutarde me monte au nez. Encore cette foutue fierté à la con qui me titille et qui finit toujours par me submerger. « Très bien. » je grogne, avant de me relever soudainement, époussetant le sable à l'arrière de mes cuisses. « Je vais y aller sur ton ponton de mes deux, comme ça t'arrêteras de m'emmerder. » je siffle, avant de marcher à pas décidés vers ma destination.

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@Grayson Shepard

Sinon, les fêtes ce n’était pas ultra habituel chez moi. C’était plutôt le truc de Myra et de Tilly. Moi je préférais mille fois rester chez moi. C’est bien aussi de rester chez soi, parfois. Je n’étais pas le plus grand fan de l’été non plus. Enfin, j’adore me baigner, et prendre quelques couleurs, mais je déteste transpirer. Je préférais l’hiver sur mille points, déjà parce que quand nous avons froid, il est bien plus simple de se réchauffer, que lorsqu’on a l’impression de bouillir sur place. Je n’avais pas franchement de problème avec le fait de prendre des coups de soleil, j’en prenais rarement, mais ce n’était juste pas ma tasse de thé. La maison, c’est bien. Là, j’ai fait l’effort du siècle pour aller m’exposer sous le soleil californien, risquer le mélanome, et le coup de soleil couleur écrevisse qui en fera plisser les yeux de mon père en rentrant. J’avais une bonne raison. Une bonne excuse aussi, celle de potentiellement voir Jade. C’était l’occasion rêvée de la voir en dehors du cinéclub, et ça, ça me ferait quand même grandement plaisir, même si je n’ai aucun doute sur le fait qu’elle non plus, n’est pas la plus fervente de réunion de ce type. Le deviner n’est pas très compliqué, quand on sait qu’elle traine autant que moi, dans cette boutique de location. Puis elle a la peau pale, et des goûts en cinéma tellement pointu, c’est rare de voir quelqu’un avec une si grande culture, à un si jeune âge, et qui ait pourtant un amour certain pour le dehors.

Malgré tout, c’est bien crémé – simplement pour rassurer mon père, et prêt à affronter le soleil et la chaleur que je me suis pointé là, avec ma sœur, et peut-être me la jouer romance d’été.

Jeune rousse aux milliard de tache de rousseur que je ne tarde pas à voir au milieu de la foule, accompagnée d’un grand bouclé. J’étais plutôt ravi de la croiser finalement, au milieu de la densité d’élève qui sont réunis là. Ce serait à croire que tout le lycée s’est invité sur la plage, et je peux vous dire que ça fait un paquet de monde, alors croiser des têtes connues, et surtout la sienne, c’est une plutôt bonne nouvelle. Et ce même si elle prend la décision de se cacher derrière son ami en me voyant débarquer, et autant dire, ça me faisait un peu rire. Je prendrais même un joyeux plaisir d’être encore plus friendly qu’à l’ordinaire juste pour la taquiner. Son ami finit par s’en aller et on se retrouve juste tous les deux, alors qu’elle a les joues rouges au possible. Je ne saurais dire si elle a déjà pris un coup de soleil ou si elle est gênée. « Je comprends, c’est un peu la même pour moi. » Je réponds dans un sourire. « C’est bien pour ça, que je béni les cinémas, l’air conditionné et les boissons fraîches. » J’ajoute en premier lieu avant de continuer « On devrait trouver à boire facilement, ils ont ramené pas mal de boissons. » Je finis, avant de la suivre jusqu’à un petit groupe de gens auquel l’on se mêle avec plaisir. J’apprécie le début d’ombre d’un parasol, parce que la chaleur est écrasante, et que même cette boisson fraîche ne fera pas grand-chose à la fournaise qu’il fait à l’extérieur aujourd’hui. Je ne rêve que d’une chose, me ruer dans l’eau, histoire de me rafraîchir un minimum. « Tu veux qu’on échange de place ? T’aurais un peu d’ombre. Je vois bien que tu meurs de chaud. » Je propose à la rousse, mais pas le temps de switch qu’un groupe arrive dans notre direction.

C’est en deux deux qu’on se retrouve dans un traquenard à proposer de sauter du ponton, et que je vois l’angoisse naître dans le regard de Jade. Mais c’était sans compter sur Humphrey et ses grands airs pour la pousser à se dépasser. Ca fait chier. Je n’aime pas vraiment ça. Autant le danger et les sensations fortes ce n’est pas mon truc, mais un petit saut dans l’eau, ce ne serait pas de refus, seulement, il faut aussi comprendre qu’il y a des choses que certaines personnes n’apprécient pas. L’eau, les fonds marins, la hauteur, on n’est pas tous suicidaires. « Tu veux pas aller plus loin chercher d’autres gens Humphrey ? » Je demande, avant que finalement elle ne capitule, et qu’elle se lève pour se rendre sur le bord du ponton. « Euh Jade, t’es sûre ? » Je demande, avant qu’elle ne continue à avancer, je ne peux pas m’empêcher de me lever à mon tour, sourcils froncés et de la suivre. « Jade ! Le fais pas si t’as pas envie ! » Je scande avant d’arriver à sa hauteur.



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@Jade Norwood

Je tiens à rappeler à toute l'assemblée que je ne suis vraiment pas à l'aise sur cette satanée plage. Pourquoi ? Parce qu'il fait chaud, que je sue à grosses gouttes et que je sens déjà ma peau commencer à brûler. Je vais ressembler à un homard trop cuit d'ici quelques heures et je finirais recluse dans ma chambre pendant les trois jours qui suivent pour ne pas choquer les âmes sensibles. Est-ce que j'exagère, vous vous demandez ? Non. Justement. C'est bien ça le souci. Que quelqu'un me vienne en aide ou me serve de parasol, s'il vous plaît. De dos, je ressemble déjà à une enfant de huit ans et ma dignité en prend un sale coup mais je risque de mourir d'une insolation si ce n'est pas du mélanome. Mais mon meilleur ami se tire en douce pour rejoindre des amis, me laissant toute seule avec le garçon. Oui oui, vous savez, celui qui risque de me faire crever d'apoplexie pour cause de manque de tee-shirt sur le dos. Et qui a le culot de sourire à pleines dents, m'aveuglant presque sur son passage. Je vous jure que je ne vais pas réchapper à cet après-midi. Qu'on dépose une montagne de caramels sur ma tombe, s'il vous plaît. Il y a trop de monde autour de nous, des rires de hyènes qui résonnent et des enfants qui pleurent dans un coin. Je veux rentrer. Pourtant, j'arrive difficilement à détacher mon regard de Grayson qui n'est pas aussi rachitique que je le pensais, à mon grand regret. La saison du rut est déjà passée pourtant, hein ? Mais je ne suis qu'une jeune fille sans défense face à quelques abdominaux. Les joues brûlantes, je le salue et je finis par me détendre légèrement au fil de la conversation. C’est bien pour ça, que je bénis les cinémas, l’air conditionné et les boissons fraîches. Au secours. C'est, je crois, la première fois que je songe à épouser quelqu'un de mon plein gré. Qu'on bénisse ce jeune homme, merci beaucoup. « T'es sûr de ne pas vouloir t'esquiver pour aller mater un film ? » je lâche, d'une toute petite voix. Mais l'appel de la plage semble plus fort pour l'un de nous deux et nous finissons par nous diriger ensemble vers un groupe de personnes qui me semblent plutôt aimables, en plus d'avoir des boissons fraîches.

J'entends le brun me proposer d'échanger de place mais je retrouve l'ombre plus vite que prévu lorsque la silhouette d'Humphrey se plante devant moi. Pour résumer : un grand dadais aux gros biceps qui personnifie le cliché du sportif insupportable. Tout dans les bras, rien dans le cerveau. Et des préjugés à n'en plus savoir quoi en faire, malheureusement pour moi. Le type crevette rousse, pâle et marginale, c'est son péché mignon. Il en mangerait trois tous les matins, s'il pouvait. Sauf que je suis un être unique donc ça doit un peu le frustrer, à mon avis. Donc il s'en donne à coeur joie dès qu'il le peut, même si ça me touche moyennement sachant que je suis intellectuellement supérieure à ce mécréant. Pourtant, me voir hors de ma zone de confort le pousse à revenir à la charge et il pique ma fierté de la meilleure des manières. Je n'aime pas passer pour une faible, même si je sais que je n'ai rien à prouver à personne. Et j'ai bien conscience que c'est mon amour-propre qui me pousse à réagir à ces remarques futiles. Mais je n'y peux rien. Il m'énerve et j'ai envie de lui rentrer dans le lard. Je vais aller sur son foutu ponton, histoire qu'il me lâche la grappe une bonne fois pour toute. « Ouais. » je lâche, platement. J'étais décidée et je n'allais pas faire demi-tour sans passer pour une chiffe molle. « Ce n'est qu'un alignement de planches en bois, rien d'autre. » je rajoute, les sourcils froncés. Avant de continuer à avancer en direction dudit ponton. Non, je ne suis pas rassurée du tout. La silhouette de Grayson apparaît à mes côtés et je tourne la tête de son côté sans cesser d'avancer pour autant. « Cet abruti ne s'arrêtera pas tant qu'il n'aura pas eu ce qu'il veut. C'est soit ça, soit je rentre chez moi. » Et même si j'avais beau le scander depuis le début, il y avait une part de moi qui désirait rester là, à ses côtés. Parce qu'il est vraiment sympa et que je suis confortable quand je me trouve avec lui. Puis après tout, Humphrey ne m'a pas défié de sauter mais simplement de m'y rendre, non ?

Mais ça n'empêche pas mes jambes d'être prises de légers tremblements à mesure des mètres parcourus. Le sable me donne l'impression de flammes qui lèchent mes voûtes plantaires et ma gorge se noue lorsque mes pieds commencent à dévaler les premières lattes. Avant de m'arrêter brusquement, le coeur battant à tout rompre dans ma poitrine. Je sens le poids du regard de l'autre pignouf entre mes omoplates et je prends une grande inspiration, fermant les yeux quelques secondes puis me remettant en route. « Jusqu'à la rambarde, Norwood ! » je l'entends me hurler, me faisant siffler d'exaspération. « Et puis un petit triple front flip, aussi, pendant qu'on y est ? » je grommelle dans ma barbe, serrant et desserrant les poings jusqu'à ma destination. « Putain de dégénéré. » Et putain de fierté à la con qui me fait faire des trucs que je déteste, simplement pour ne pas passer pour une nulle. Alors que je m'en fous, de l'avis des autres, c'est ça le pire. Mais pas autant que je le pensais, vu que je finis par répondre au défi à chaque fois. Et mes paumes se posent contre la rambarde et cette curiosité terriblement malsaine qu'on a tous dans notre vie me pousse à me pencher en avant pour observer les remous de l'eau. Pas une bonne idée. Ok respire, J. J'ai réussi. J'ai atteint mon but. Maintenant je vais faire demi-tour et repartir sur le sable.

Mais j'ai à peine le temps de me faire cette réflexion que je sens quelque chose me percuter dans le dos et un cri étranglé s'échappe de ma gorge, mes bras battant inutilement dans l'air. Je me sens basculer de l'autre côté, tomber en avant et mes yeux se ferment, attendant l'impact qui va se produire dans quelques minutes.  

Est-ce que c'est utile de vous dire que je ne suis pas une très bonne nageuse ?

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@Grayson Shepard

T’es sûr de ne pas vouloir t’esquiver pour aller mater un film ? Qu’on me rappelle, déjà, pourquoi j’avais une jeune femme aussi incroyable sur ma route, s’il vous plais ? Non parce que ce n’est pas l’idée qui me déplairait. Vraiment pas. Au contraire. Ca m’éviterais d’être en sueur, et de cuire sous le soleil de Californie ; Mais voyez-vous je préfère largement cuire sous les UV que de subir l’interrogatoire de mes sœurs, si je m’éclipsais. Elles avaient beau être avec leurs amis, je n’échappais surement pas à leurs radars. D’autant que Myra savait parfaitement que j’étais venu à cette petite fête, uniquement parce que j’allais probablement croiser Jade. J’avais essayé de mentir, de noyer le poisson, mais pensez-vous. Elle ne m’a pas cru. A qui je pensais même parler. Pour notre père, encore ça aurait passé, mais mes sœurs, et d’autant plus ma jumelle. Elle me connaissait par cœur. Le mensonge ça ne passait pas. Ça se voyait même comme le nez au milieu de la figure. Partir avec Jade c’était m’exposer à des questions du type : Bah alors, tu étais où ? Tu l’as embrassée ? Vous êtes ensemble ? Merci, mais non merci. De toute façon, j’avais seulement voulu la voir. Qu’importe où on était. Mais on n’avait clairement pas le temps de discuter, même de la pluie et du beau temps. C’était peine perdue, puisque cet abruti d’Humphrey, cliché de tout ce que je ne portais pas dans mon cœur. Symbole même du gars trop sûr de lui, avec l’égo tellement surdimensionné qu’il en crèverait le sol. Le genre, qui compense le manque de je ne-savais-quoi avec un peu de gonflette pour se faire mousser. Trop peu pour moi. J’étais loin de porter les sportifs dans mon cœur. Préférant traîner avec ce que ces arriérés du bulbes aimait appeler, le groupe de nerds. Nerds peut-être mais au moins, nos conversation étaient intelligentes. Pas simplement de stupides débats sur le dernier match, ou encore quelle pom pom girl était la plus sexy durant le dernier match. Non merci. D’après la manière dont Jade le rembarre, j’imagine qu’elle non plus, ne porte pas cet imbécile dans son corps. Non pas que j’en eusse douté, mais tout de même. Mais en tout cas, je n’aimais pas franchement cette sale manie de mette la pression aux gens pour les contraindre à faire quelque chose qu’ils n’aiment pas, ou ne veulent pas. S’il ne respectait pas un non, dans un cas aussi anodin, c’est à se demander, s’i le respecterais dans d’autres.

Il n’en reste pas moins qu’elle accède à la requête de cet abruti au cerveau minuscule, et qu’elle se lève, et commence à avancer vers le ponton. Mais moi je voyais bien sur son visage qu’elle n’avait pas envie, et ça a vite tendance à m’agacer. « Ouais, mais c’est nul de te forcer pour ces décérébrés. » Je lui lance, alors qu’elle continue d’avancer. Je crois que je n’allais pas réussir à la faire changer d’avis. C’était peine perdue, elle ira au bout de ce putain de ponton. Elle s’avance jusqu’aux premières lattes et Humphrey lui hèle d’aller jusqu’au bord, et ça me fait grincer des dents très fort. « Sérieux Humphrey, t’es vraiment un abruti. » Je lâche en me retournant vers lui l’espace de quelques secondes, avant de reposer mes yeux sur Jade. « Ca va Shepard, ça va pas la tuer. » qu’il rétorque en riant presque à gorge déployée, fier comme un roi de sa connerie. Je roule des yeux et commence à avancer dans sa direction moi aussi. Je ne veux pas l’effrayer, mais je ne sais pas ce qui pourrait bien se passer au bout de ce ponton, et je préfère être sûr d’être là. Et ça ne loupe pas. Un abruti la bouscule, alors qu’elle était penchée au-dessus du vide, et c’est tout mon être qui panique salement, en la voyant basculer en avant. « Jade !! » Je scande, paniqué.  Je rassemble alors toutes mes forces, et mon courage, pour aller l’attraper par la taille, et la tirer contre moi, avant qu’elle n’aille s’écraser en bas. Je nous fais reculer quelques pas loin du bord. Tout s’est passé trop vite, j’ai le cœur qui bats bien trop vite et bien trop fort. Je n’ai pas eu vraiment le temps de réfléchir, j’ai agi à l’instinct. Si bien que quand je baisse les yeux, elle est serrée contre mon buste. Je me rends alors compte de notre proximité, et je relâche doucement ma prise sur elle. « Je- Pardon ? Enfin je-, j’ai eu peur que tu tombes. » Je prononce en bredouillant des excuses. « Est-ce que ça va ? » Je demande, histoire de m’assurer qu’elle allait à peu près bien, malgré tout. Putain je maudissais ces connards.




AVENGEDINCHAINS


@Jade Norwood

Je n'ai jamais aimé nager. Patauger dans une étendue d'eau immense avec de hauts risques de mort pour cause de décès, très peu pour moi. Que ce soit dans une piscine où tous les enfants pissent parce qu'ils ont eu la flemme de passer aux vestiaires autant que dans l'océan où les vagues me donnent l'impression qu'elle vont avaler tout ce qui se trouve sur leur passage. Aucune notion de sécurité dans les deux cas. Je passe mon tour. Maman dit que c'est sûrement lié à ce fameux jour d'été dont je me souviens à peine, où je barbotais dans une petite bouée en forme de flamant rose et que celle-ci a décidé de se retourner pour m'entraîner sous la surface. Chouette. J'ai du passer un court moment sous l'eau parce que ma mère n'avait jamais ses yeux bien loin mais peut-être que ça a suffi à mon inconscient pour créer une réaction. En tout cas, moins je côtoie cet univers, mieux je me porte. C'était déjà un exploit en soi de pouvoir m'apercevoir à la plage, quand on y pense. Mais je le faisais au nom de l'amitié. Absolument pas dans l'espoir de croiser une personne en particulier. Ahem. Surtout que je vire homard quand je l'aperçois, chemise complètement ouverte et sourire à l'appui. Au secours. Je manque d'air, subitement. Alors que je ressemble à une touriste hollandaise, les birkenstock en moins. Et je pensais que ma présence était déjà suffisante au peuple, malgré toutes mes réticences à me rendre dans cet endroit. En plus de me sociabiliser. Mais il fallait croire que j'allais bientôt démissionner de la vie. Parce qu'il y a des gens arriérés comme Humphrey, dont le seul plaisir est de gâcher la quotidien de celui des autres. Le mien, en l'occurrence. Sauf qu'il avait parfaitement choisi sa cible et qu'en être tout aussi arriéré, je sautais à pieds joints dans la combine. Je sais que j'ai beaucoup trop de fierté et que ça va sûrement me perdre un jour mais je n'arrivais pas à m'en empêcher. J'aurais pu l'ignorer ou simplement l'envoyer se faire mettre par un lama mais je voulais juste lui faire ravaler sa langue.

Ouais, mais c’est nul de te forcer pour ces décérébrés. Je laisse échapper un court soupir, continuant d'avancer en direction du ponton. Je ne dois me laisser démonter, je dois garder les épaules droites. Difficile de faire fi des secousses qui traversent mes jambes à mesure des mètres parcourus mais je mords l'intérieur de ma bouche pour me forcer à continuer. Mon coeur bat la chamade dans ma poitrine et je tente de faire abstraction de tout ce qui m'entoure pour ne pas faire demi-tour et rentrer chez moi. Je savais que c'était une mauvaise idée de venir ici. Je finis par arriver au bout, restant néanmoins à deux pas du bord. Prise d'une curiosité malsaine, je me penche pour évaluer la distance qui me sépare de l'eau. Quelques mètres à peine, mais ça suffit à me paralyser. Mon sang tambourine dans mes tempes et je prends une profonde inspiration pour essayer de me calmer. Avant de laisser échapper un glapissement de surprise au choc qui m'atteint dans le dos, sentant mon corps basculer vers l'avant. Mes bras moulinent inutilement dans l'espoir de me ramener en arrière et je ferme les yeux pour ne pas avoir à faire face à la réalité. J'entends crier mon nom et tout devient noir, l'espace de quelques secondes. Quand je reviens à moi, je ne suis pas trempée et en train de me débattre dans les flots. Mes habits sont secs et il y a un bras passé autour de ma taille. Il y a un bras passé autour de ma taille. AaaAAaaAaAaaaah. Je n'ose même pas ouvrir un oeil et je sens mes joues virer au cramoisi à nouveau. Instinctivement, je me suis raccrochée à la seule chose tangible autour de moi. C'est à dire, Grayson. Je peux sentir sa peau sous la pulpe de mes doigts et je- Je vais arrêter de penser à ça où mon cerveau va se mettre à fondre. Mon palpitant joue un rythme insoutenable dans ma poitrine et j'ai du mal à retrouver mon souffle. Je pouvais déjà me voir tomber et sombrer dans l'eau fraîche et je n'arrivais pas vraiment à me dire que j'avais évité le pire. Je prends réellement conscience de l'étreinte du brun quand son bras desserre l'étau autour de ma taille et je refuse toujours de lever les yeux dans sa direction parce que je dois ressembler à une tomate trop mûre et que je voudrais conserver le peu de dignité qu'il me reste. Puis je l'entends bredouiller et mon regard remonte automatiquement pour l'observer. Je me sens encore étourdie de cet instant de panique et je penche simplement la tête sur le côté. Et c'est quand je le vois froncer les sourcils que je comprends qu'il m'a posé une question. Est-ce que ça va ? Hm. Mes bras se plient et mes mains apparaissent dans mon champ de vision, parcourues de légers tremblements. « Mmh...Ouais ? » je lâche, d'un voix faible. J'aurais bien aimé fourrer mes paluches dans les poches de mon short mais il se trouve que celui-ci se trouve avec le reste de mes affaires, sur la plage. « Aussi bien que quelqu'un qui a vu sa vie défiler devant ses yeux. » je rajoute en haussant les épaules, prenant l'air le plus nonchalant que je possède. Non, ça n'allait pas vraiment. Mais il n'avait pas besoin de le savoir. Je sens des regards se poser sur nous et c'est la goutte qui fait déborder le vase. Je me retourne d'un seul coup avant de les fusiller des yeux. « Barrez-vous, putain ! Y'a rien à voir ! » Je dois ressembler à un chihuahua atteint de la rage mais je tentais désespérément de ne pas m'enfuir à toutes jambes pour retourner me cloîtrer chez moi.

Je recule d'un pas avant de pointer nos serviettes d'un coup de menton pour l'inciter à retourner avec le reste de nos camarades. « ...Merci. » je murmure, les joues toujours roses et mes doigts entrelacés devant moi. Mais mon répit est de courte durée quand une haute silhouette s'approche de nous et je me crispe par réflexe, sentant mes mains trembler à nouveau. « Casse-toi, Humphrey. Casse-toi vraiment ou je ne réponds plus de rien. » je gronde, les deux pieds enfoncés dans le sable. La chaleur de leur morsure me faisait presque du bien parce qu'elle m'empêchait d'exploser. Je sentais encore l'adrénaline courir dans mes veines et je ferme les yeux quelques secondes quand je l'entends se marrer devant moi.

Faites que quelqu'un s'interpose avant que je ne fasse un massacre.

AVENGEDINCHAINS


@Grayson Shepard

Je n’étais pas un grand fan de ces gens qui se trouvent plus beaux, plus grands, plus forts que n’importe qui. Ils se pensaient au-dessus de tout, et ça me sortait doucement par les yeux. Ils n’étaient rien ni personne, et se permettre de juger quelqu’un, ne leur était pas autorisé. Chacun devrait garder son avis dans sa poche. D’autant plus qu’ils s’en prenaient à Jade, qui, pour l’avoir déjà côtoyée, était une personne intelligente, gentille et avec une vraie connaissance de bien des choses. Elle valait tellement mieux que la totalité des gens réunis sur cette plage, qui ne comprenait évidemment pas mes sœurs. Parce qu’elles étaient les exceptions qui confirmaient la règle. Mais voir ces abrutis agir comme ça, me rappelait une fois de plus la raison pour laquelle je n’aimais pas les fêtes dans ce genre. C’était plein de ces gens qui se disent populaires, et qui s’y croient, simplement parce que le logo d’une belle marque, s’est mis sur le parechoc, que leurs maisons dépassent les 200m², que l’état du compte en banque de leur parents surpassent le PIB du Yémen. J’avais horreur de ça. Horreur de ces gens, de leur bêtise et leur stupidité. Défauts indéniables de ces décérébrés qui conduisent tout droit Jade sur un chemin qu’elle n’avait clairement pas l’air d’apprécier, et qui me faisait plus bouillir qu’autre chose. Elle allait se mettre en danger uniquement pour faire fermer son caquet à cet arriéré d’Humphrey. Je dois contenir mes envies de meurtres, car mon inquiétude était plus forte. Je pouvais, d’ici, voir ses membres trembler. C’était un signe qui ne me trompait pas. Je reconnaissais les signes de l’angoisse, pour y être parfois assujettis. C’est bref, parfois, mais ça n’en reste pas moins là. Mais j’ai l’impression rien qu’à la regarder, qu’elle allait tout bonnement s’effondrer sur le ponton, ou pire, du ponton. Il était suffisamment haut pour que ça en soit dangereux.

Enfin, elle fait ce qu’il ne fallait absolument pas faire, regarder en bas. J’ai l’impression de la voir basculer en même temps que sa tête penche en avant. Alors ni une, ni deux, j’enfile mon meilleur costume de garçon bien élevé, et j’accours pour l’empêcher de tomber. Je viens entourer sa taille de mes bras, suffisamment fort pour nous faire reculer tous les deux et la retenir sur la terre ferme. Tout se passe très vite, je n’ai pas vraiment l’impression de réaliser tout c qu’il se passe, mais tout ce dont j’étais certain, c’était qu’elle était là, en vie et en sécurité entre mes bras. Elle s’est accrochée à moi, et nous nous retrouvons là, serrés l’un à l’autre, pendant un bref laps de temps, mais qui me permets d’observer son visage écarlate, avant que je ne desserre mon étreinte pour la laisser respirer et reprendre mes propres esprits. Je n’étais pas un habitué du contact physique avec d’autres femmes que mes sœurs, je me souvenais parfois à peine des étreintes de ma mère, seul son parfum, restait encore encré dans ma mémoire, comme un souvenir qui ne partira jamais. « Ca va aller, tu es en sécurité maintenant. » Je lui réponds, en espérant que mes mots puissent calmer le tremblement encore violent de ses mains. Il y a des gens, derrière elle, qui nous fixe du regard, je ne sais pas si c’est du simple voyeurisme pour tenter de chopper un ragot un peu croustillant, ou simplement pour se foutre d’elle, mais tout ce que je sais, c’est qu’elle explose de colère, et dans le fond je la comprends. Je n’aurais pas aimé que l’on m’observe comme si j’étais un animal, si quelque chose de tel m’étais arrivé.

Je la suit jusqu’à nos serviettes, lorsqu’elle me remercie. Mes lèvres s’entrouvrent dans un sourire avant que je ne réponde. « C’est normal. J’allais pas te laisser tomber. » Dans tous les sens du termes, si je devais être honnête. Mais nous n’avions à peine un temps de calme, que le bourreau adolescent, revient à la charge. C’est à ce moment-là, que réellement ça commence à me gonfler. Il ricane, et ça me fait bouillir. Je prends alors le pas, et m’avance dépassant la rousse de quelques pas. « T’es sourd, Humphrey ? Elle t’a dit de te barrer. » Je lâche froidement avant qu’il ne s’avance dans ma direction. « Regardez le petit-ami de Norwood venir à la rescousse. Tu vas faire quoi, Shepard, hein ? » Qu’il me lance sur un air de défi. Je n’étais pas friand de la violence, parce que je n’ai décemment pas la force suffisante pour coucher une brute pareille. Mais j’avais la chance d’avoir un père flic. « Ce serait dommage pour toi, que les flics débarquent et trouvent une aussi grande quantité d’alcool entre les mains de mineurs, n’est-ce pas ? Tu n’aimerais pas non plus que ta réputation soit mise à mal avec un petit casier judiciaire ? Je suis sûr qu’ils vont adorer lire harcèlement moral et mise en danger de la vie d’autrui sur ton dossier, à la fac. Alors maintenant tu prends tes cliques et tes claques et tu laisses Jade tranquille. C’est compris ? » Les menaces avaient fait changer son regard du tout au tout. Les forces de l’ordre, ça fonctionnait toujours beaucoup trop bien sur les petites racailles dans son genre. Quelques insultes marmonnées plus tard, il trace son chemin avec ses toutous de compagnie. « Nous devrions être tranquille maintenant. » J’ajoute, en me tournant vers Jade, dans un petit sourire satisfait. C’était presque jouissif, de réussir à leur tenir tête.

Effectivement, nous avions pu profiter du reste de l’après-midi tranquillement, sans pour autant s’empêcher de discuter de cinéma, par moment. J’avais pu faire la connaissance de Lior. Jade de Myra, qui était venue me voir, en apprenant que j’avais joué aux preux chevaliers en ce début d’après-midi. Ce n’était finalement pas une si mauvaise idée, de venir à cette petite fête.





AVENGEDINCHAINS


@Jade Norwood