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The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna

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Yuna Blake
Deuxième génération

Yuna Blake


Date de naissance : 10/02/1994
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MessageSujet: The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna EmptyMer 23 Sep - 21:04

The truth it's a beautiful
and terrible thing
Tate & Yuna

Six mois. Ça fait six mois que je n'ai pas remis les pieds dans cet appartement et rien n'a changé. Il y a toujours cette désagréable odeur de cigarette, mêlée à celle du joint et de l'éthanol, qui me pique les yeux et me prend la gorge. Les bouteilles vides jonchent le sol, les mégot débordent du cendrier et il y règne une atmosphère semblable à celle de la mort. Les rideaux sont tirés, ne laissant filtrer aucun rayon du soleil et le seul bruit qui parvient jusqu'à mes oreilles, sont les ronflements de ma mère. Étonnant. Il est treize heures, et elle n'a toujours pas quitté son lit. Quelque part, ça m'arrange. J'allais pouvoir récupérer le reste de mes affaires sans l'entendre beugler dans mes oreilles et en laisser, une partie dans la précipitation. Il était hors de question que je remette les pieds une nouvelle fois ici. Je me fraie un passage dans ce capharnaüm, enjambant la multitude de détritus qui se trouve sur mon chemin, jusqu'à atteindre la porte de ma chambre. Je l'ouvre avec une certaine appréhension, comme à chaque fois, mais c'est avec soulagement que je constate que tout est à sa place, comme je l'avais laissé des mois plus tôt. Ça doit être la seule pièce de cet endroit maudit qu'elle n'a pas encore osé pourrir. Je pose mon sac de sport sur le lit pour l'ouvrir en grand et je commence par vider l'armoire. J'y fourre les quelques vêtements qui y reste, une paire de bottines dont j'avais oublié l'existence, puis mes yeux se posent sur mon bureau où un album photos est posé. Je n'en ai presque aucune de mon enfance et toutes celles qui existent se trouvent réunie à l'intérieur. Et je me retrouve à le feuilleter, assise en tailleur sur le matelas. Je suis toujours seule sur les photos, ce qui n'a rien d'étonnant quand on connaît le profil de ma génitrice. Et pourtant, mon cœur ne peut pas s'empêcher de se serrer en découvrant un cliché où deux nous deux. Je dois avoir deux ans, tout au plus, et ma mère sourit. Un sourire que j'ai l'impression de découvrir pour la premiere fois. Se pourrait-il qu'on ait été heureuse, toutes les deux ? Je referme rageusement l'album, avant de le ranger avec le reste de mes affaires et de récupérer mon sac que je jette sur mes épaules. Ce n'est pas le moment d'éprouver des remords ou de la compassion, je dois quitter ce taudis avant que sa propriétaire ne m’entraîne vers le fond avec elle.

Pourtant, au moment où ma main effleure la clenche pour l'abaisser, j'en suis incapable. Elle reste en suspens et je me mords la lèvre inférieure. Putain, fais chier. Je fais glisser mon sac de mon épaule, le laissant tomber sur le sol, et de le pousser à l’aide de mon pied, contre le mur, puis je fais demi-tour, les bras croisés sur ma poitrine. De nouveau dans le salon, je balaie la pièce du regard, avant de me diriger vers la fenêtre que j’ouvre en grand après avoir tiré les rideaux. Je déteste ma mère, mais je n’aurais pas bonne conscience en laissant l’appartement dans un tel état. Je pars chercher un sac poubelle, sous l’évier de la cuisine, jetant tous les cadavres de bouteilles vides, les restes de nourritures en bref tout ce qui traîne et qui se trouve à ma portée. Avant de m’attaquer au salon, où les déchets subissent le même sort. Une bonne demi-heure plus tard, alors que je ferme le troisième sac, la silhouette de ma mère, une bouteille à la main, apparaît dans mon champ de vision. Je reste un moment, à l’observer en silence, sans savoir quoi dire, sans savoir comment réagir. Elle n’a plus rien de la femme que j’ai vu sourire sur la photo, c’est à se demander si elle ne sort pas d’un sommeil de cent ans, vu son état. Elle fini par hausser les épaules, sans m’adresser la moindre parole, se laissant tomber sur le fauteuil, renversant par la même occasion, un peu du liquide brunâtre sur le sol. Et là, ça me fait exploser. « Tu es sérieuse, là ? » je lui demande, la colère pulsant dans mes veines. « Quoi ? » me répond-t-elle sèchement. Je viens de me faire chier à tout nettoyer, je n’obtiens pas le moindre remerciement et elle se permet de remettre le bazar, comme-ci ce que je venais de faire n’avait pas la moindre importance. Je m’approche d’elle, et d’un geste rapide, lui retire le Whisky des mains. « Je pense que tu as assez bu ! » Elle se redresse, chancelante, se dressant de toute sa hauteur devant moi. Je peux lire toute la haine qu’elle éprouve à mon égard, dans ses iris, mais il est hors de question que je la laisse gagner, que je la laisse m’effrayer. « Tu vas faire quoi, hein ? » Je soutiens son regard, je veux lui montrer que je n’ai plus peur. « C’est bien ce que je pensais. » Je la contourne et pars vider la bouteille dans l’évier. Je sais que ça ne changera pas grand-chose, qu’il y a sûrement une multitude d’alcools dissimulés un peu partout dans l’appartement, mais ce sera toujours ça de moins dans son sang. Et j’ai à peine le temps de finir de vider le contenu qu’un bruit de verre brisés en direction du salon me fait sursauter. La peur que ce soit grave me noue l’estomac et j’abandonne la bouteille sur le plan de travail, me précipitant en direction du bruit. Mais ma peur s’estompe presque instantanément pour laisser place à une profonde colère. Ma charmante génitrice ne cherche qu’à me provoquer, et je dois prendre sur moi pour contenir le volcan qui commence doucement à se réveiller à l’intérieur de mon être. Puis un cadre vole à travers la pièce pour venir terminer sa course à mes pieds, m’obligeant à reculer d’un pas. « Tu n’es vraiment qu’une sale petite ingrate. » me crache-t-elle sans même un regard. « Tu me pourris la vie depuis ta naissance. » C’est le coup de poignard de trop. « Ne t’inquiète pas, tu ne me reverras plus jamais. » Il est grand temps que je me casse d’ici. Définitivement.

Je me hâte vers la sortie, et au moment où je me baisse pour récupérer mes affaires, la sonnette de l’entrée retenti. Je fronce les sourcils, avant de me redresser, en priant pour que la crise de ma mère n’ait pas alerté les voisins. Ou pire, que les voisins aient prévenu la police. C’est donc avec une certaine appréhension que j’ouvre la porte, ma mâchoire se décrochant presque en découvrant le visage de Tate. Si je m’attendais à ça… Je reste quelques secondes sans rien dire, bien trop surprise de le découvrir ici, avant de me ressaisir. « Tate ? Qu’est-ce que tu fais là ? »

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Tate Walker
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Tate Walker


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MessageSujet: Re: The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna EmptyMer 30 Sep - 12:00

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Yuna & Tate

Ashton Walker avait été l'idole des jeunes pendant de longues années. Et il avait été la mienne, aussi. En tant qu'homme, en tant qu'artiste, en tant que parent. Parti de rien, d'adolescents remplis de rêves qui répétaient inlassablement dans un garage, à la reconnaissance éternelle. D'inlassable heures à s'user les paumes sur des baguettes en bois, à taper sur les caisses, à composer des chansons jusqu'à l'agitation incessante de la médiatisation. Traverser la frontière qui séparait l'inconnu de la célébrité, d'un mouvement soudain. Mes premières années de vie, je m'en souviens avec une étrange précision. Parce qu'il avait toujours été là. Autant qu'il le pouvait, dans la mesure de ses moyens. Je me rappelle ses boucles blondes, parfois teintées d'un rouge vif, qui se mouvaient sous la brise alors qu'il passait son bras autour des épaules de ma mère. Son rire tonitruant qui résonnait dans la maison, rebondissait entre les murs. La sensation de vertige qui m'étourdissait quand il me glissait sournoisement sur ses épaules. Ce bonheur, immense. Cette pure fierté.

"C'est mon père."

Il n'avait jamais failli à son devoir, il avait toujours privilégié sa famille. Je n'ai jamais manqué d'amour. J'ai même grandi avec la ferme idée que mes parents s'aimaient comme au premier jour et qu'ils finiraient par s'éteindre, main dans la main. Mais la vie en avait décidé autrement. Et Jupiter avait dévoilé sa seconde face, plus abruptement que je ne l'aurais voulu. Les joues striées de larmes de Maman, ses sanglots difficilement étouffés à travers la porte. La distance qui s'imposait entre eux, jour après jour. Et les non-dits, insupportables. Parce qu'il était préférable de garder ses secrets pour éviter de briser l'équilibre instauré depuis tant d'années, n'est-ce pas ? Mais la simple idée qu'il pose son regard sur quelqu'un d'autre que sa propre femme m'avait été impossible à imaginer, jusqu'ici. Pourtant, la vérité s'était imposée, brutale et quelque chose avait changé. J'ai commencé à le regarder d'une autre façon. Plus sombrement. La méfiance s'était insinuée à l'intérieur de mes veines, vicieuse, atteignant ma cervelle plus rapidement que je ne l'aurais voulu. Il avait cassé l'admiration que je lui portais, d'un seul coup et je n'étais plus capable de lui faire confiance, comme avant. Je l'aimais, pourtant. Ashton Walker était mon père et mes souvenirs d'enfance, une caresse imprimée sur le haut de mon crâne. Une tendresse qu'il n'avait jamais cherché à cacher. Rien n'y changerait quoi que ce soit. Cependant, je ne pouvais plus le croire les yeux fermés. Plus maintenant. Même après sa mort, je n'arrivais pas à m'arrêter tant que je n'avais pas le fin mot de l'histoire. Des mystères qu'il avait gardé dans le creux de son coeur pour ne pas renfoncer le poignard dans celui de ma mère. Et même si je ressentais la morsure des remords à l'idée de le pourchasser dans son sommeil éternel, il me fallait des réponses.

Des coups de téléphone. Des absences. Des ballades nocturnes. De petits éléments anormaux, qui ne suivaient pas ses habitudes. En quelques mois, je m'étais transformé en détective. Analysant mon propre père, pendant mes instants de libre, investissant sa vie privée avec une curiosité macabre. Je laissais traîner mes oreilles, jusqu'à l'information de trop. "J'ai retrouvé ma fille." Mon cerveau n'avait rien voulu entendre de plus, mon corps entier secoué de tremblements. Une fille. Une soeur. Un autre enfant. Le fruit d'un énième mensonge de sa part. Et il disparaissait. Moi, je restais bloqué sur mes pas, incapable de réfléchir. Puis le soir-même, on toquait à la porte pour annoncer qu'il ne passerait plus jamais le pas de la porte. Mon monde s'était effondré, brusquement. La pensée que c'était la destination vers laquelle il se rendait ce jour-là avait été soufflée. Tout avait été relégué dans un coin, enseveli sous la peine, sous l'agonie de sa disparition. Il fallait lui rendre hommage, avant de chercher à déterrer ses secrets. Faire le deuil de ce parent que je ne reverrai plus jamais, que je n'aurais plus le loisir de serrer dans mes bras. De longs mois étaient passés, à pleurer sa perte.

À attendre que la douleur diminue.

Ce n'est que quelques jours auparavant que j'avais dépassé le point de non-retour. Ressassant toutes les informations stockées dans le coin de ma tête. Avant de baisser les yeux sur le dernier tiroir de mon bureau, dans lequel se trouvait l'objet qui résumait la culpabilité qui m'enserrait la gorge. Un téléphone dernier cri, à l'écran parsemé de minuscule rayures. Un code que je connaissais par coeur pour l'avoir vu le composer un millier de fois, sans la moindre gêne. 0205. Composition de nos deux dates d'anniversaire, avec Lottie. Et mon coeur s'était serré dans ma poitrine. Il nous a toujours aimé de plus profonde son âme. Je n'en ai jamais douté une seule seconde. Mais désormais, je pensais à cette troisième personne, gisant dans l'ombre. Qui n'avait jamais eu la possibilité de rencontrer l'homme qui avait participé à sa conception. Au-delà de la rancoeur que je vouais à mon père pour avoir encore trahi ma mère de la pire façon qu'il soit, je voyais l'absence. Et je voulais voir. Découvrir son identité. Poser mes yeux sur la silhouette dont je partageais un peu du sang, sans jamais l'avoir su jusqu'à maintenant. Je n'avais pas la moindre idée de son âge, de son nom. Je n'avais qu'une adresse. Et un contact. Casey. De nombreux appels en absence. Des messages sur le répondeurs, remplis d'une agressivité propre à l'alcool. Je ne savais même pas si j'allais trouver ce que je cherchais, en toquant à la porte.

Ma respiration s'alourdit, ma gorge est douloureusement nouée. Je venais chercher des réponses, pourtant mon bras restait obstinément aligné le long de mon flanc. Est-ce que j'aurais mieux fait de détourner le regard ? De continuer ma vie ? De ne pas m'en soucier ? Est-ce que ça allait créer de nouveaux problèmes ? Est-ce que je faisais bien de mêler le passé au présent ? Il y avait tant de questionnements qui s'entremêlaient dans ma tête. Tant de doutes. J'avais peur. Peur de foutre le bordel dans ma vie, alors qu'elle venait à peine de m'apaiser. Peur de faire la même chose de l'autre côté, de briser une routine établie. Une existence qui n'aurait peut-être pas voulu se mêler à ça, à tout ces secrets. Quelqu'un qui n'avait pas la moindre idée de ce qui s'était tramé dans son dos et qui peut-être s'en foutait, de connaître la vérité. Pourtant, la sonnette retentit et je baisse les yeux sur ma main, le doigt encore pressé sur le bouton. Figé par l'attente, insupportable, je recule mon bras. Et la porte s'ouvre, mon souffle s'étranglant dans ma gorge. Qu'est-ce que ? Le visage de Yuna apparaît devant ma rétine et je sens un brique tomber dans le creux de mon ventre. Ce n'était qu'une pure coïncidence, tout simplement. Elle était là au mauvais endroit, au mauvais moment. « Je pourrais te poser la même question. » je souffle, en haussant les épaules. J'essayais tant bien que mal de calmer les battements erratiques de mon coeur, de garder une face impénétrable. Même si je savais que j'en étais parfaitement incapable. « Est-ce qu'une Casey habite ici ? » je demande, en tentant de contenir l'urgence qui se pressait contre mes lèvres.   

Tentant de ne pas me laisser submerger par toutes les suppositions qui s'agglutinaient devant mes pupilles.             

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MessageSujet: Re: The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna EmptyDim 4 Oct - 15:13

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and terrible thing
Tate & Yuna

Du plus loin que je me souvienne, ma mère n’a jamais été un modèle de tendresse et d’affection. Je n’ai pas eu l’enfance de la plupart des enfants, je n’ai jamais eu la chance d’inviter mes amis pour mon anniversaire, ou de partager, ne serait-ce qu’un centième, de ce que mes camarades de classe faisaient avec leurs parents les week-end ou les vacances. Mais je n’étais certainement pas la plus à plaindre, et j’étais loin d’être malheureuse, pour tout avouer. Je vivais simplement différemment, adaptant mon comportement aux humeurs plus que changeants de ma mère, puis plus tard, à sa consommation, plus ou moins importante ou non, d’alcool. Mais je n’ai jamais manqué de rien, matériellement parlant. Mais quelque part, je m’en fichais. Je n’avais pas besoin qu’elle me sert dans ses bras ou de l’entendre me murmurer qu’elle m’aimait, pour me lever tous les matins. Je me raccrochais sûrement à l’idée que si elle ne tenait pas un minimum à moi, elle ne m’aurait sans doute jamais mis au monde, ou elle serait partie, pour ne plus jamais rentrer. Mais elle était là. Dans son état aussi pitoyable que lamentable. Et de nous deux, je crois que j’étais celle qui rêvait le plus de partir. Puis l’année de mes quatorze ans, quelque chose s’est définitivement brisée, et c’est à peine si j’obtenais le moindre regard de sa part. Je n’existais plus à ses yeux. Seul l’alcool comptait. Et j’ai dû apprendre à me débrouiller seule, à avancer seule, en essayant désespérément de garder ma mère devenue alcoolique en vie. Et c’est la peur au ventre que je rentrais tous les soirs, après les cours, sentant la panique me gagner à chaque fois que je la retrouvais endormie sur le canapé, une bouteille encore à la main, terrorisée à l’idée qu’elle soit plongée dans un sommeil éternel, dont elle ne reviendrait pas. Parce qu’aussi merdique qu’elle pouvait être comme mère, elle restait, justement, ma mère. Et j’avais besoin de sa présence, pour continuer de vivre, pour continuer d’avoir un semblant de normalité dans une existence ou tout semblait vriller. Et parce que je refusais catégoriquement de me retrouver dans un endroit qui serait pire que l’appartement où on logeait, d’être trimballée de famille d’accueil en famille d’accueil, jusqu’à ce que ma majorité soit atteinte.

Et j’aurais pu, essayer de retrouver mon père, de mettre un nom et un visage sur cet homme que ma mère semblait haïr du plus profond de son âme, mais je n’en ai jamais ressenti le besoin. Et je la croyais, quand elle me disait qu’il n’était pas quelqu’un de fiable, qu’il lui avait menti et que nos vies seraient bien meilleures sans lui. Après tout, contrairement à elle, il n’avait pas cherché à me garder,  et ne s’était jamais inquiété de ce que je pouvais devenir. Même si leur relation n’aurait mené à rien, je restais la chair de sa chair, alors pourquoi avait-il refusé de me reconnaître, de m’élever et de m’aimer ? Alors elle avait raison, il ne valait sûrement rien. Jusqu’à ce que toutes les certitudes que j’avais pu avoir à son sujet vole en éclat. Il avait suffit de quelques messages de la part de cet inconnu qui se disait être mon père, pour que tout ce en quoi je croyais se retrouve ébranler, pour que les paroles de ma mère viennent sonner comme des mensonges à mon oreille. J’avais mis plusieurs jours avant d’accepter de le rencontrer, pesant le pour et le contre de toute cette histoire. Mais j’étais curieuse de connaître sa vérité. Et je l’ai attendu pendant des heures ce jour-là, mes yeux quittant la fenêtre uniquement pour se poser sur l’horloge, dont les aiguilles ne cessaient d’avancer. Il n’est jamais venu. Et il n’a plus jamais redonné signe de vie.

Il est sorti de ma vie aussi brusquement qu’il y était rentré, semant le doute et le chaos dans mon esprit.

Finalement, mes géniteurs ne valaient rien. Les deux s’étaient montrés plus lâches que jamais, et je n’avais décemment pas besoin d’eux dans ma vie. Ni maintenant, ni jamais. Et le comportement de ma mère envers moi, ne fait que confirmer mes pensées. Je dois définitivement couper les ponts, mettre le plus de distance possible entre elle et moi, avant qu’elle ne finisse par m’entraîner dans sa chute. Elle ne changera jamais et je refuse d’être là le jour où mes craintes de petite fille se réaliseront. Mais quitter ce taudis s’avère finalement plus délicat que prévu, quand le visage, plus que familier, de Walker apparaît dans l’encadrement de la porte. Et j’ai beau essayé de chercher une raison valable et logique à sa présence ici, je n’en trouve aucune. Pourquoi diable est-ce qu’il viendrait sonner à cette maudite porte ? Et je n’aime pas la surprise que je peux lire sur son visage, encore moins le ton de sa voix. Il sait quelque chose qui m’échappe, et c’est gentiment en train de me faire peur. Et l’angoisse ne cesse de grimper à l’instant même où il me demander si une certaine Casey vit ici. Mon corps tout entier se crispe et ma main se resserre autour de la poignée de la porte. « Peut-être… » j’annonce, suspicieuse, tout en fronçant les sourcils. « Ça dépend ce que tu lui veux, Tate. » Puis des bruits de bas se font entendre dans mon dos et pendant quelques secondes, j’hésite à lui claquer la porte au nez, nous évitant à tous les deux le moment gênant d’une rencontre avec ma mère. Mais celle-ci apparaît à mes côtés, et je peux voir l’ombre qui passe dans ses yeux, et la dureté que renferme son regard. Bon sang. « L’enfant prodige. Le fils du grand Ashton Walker. » crache-t-elle à l’intention du blond. Il y a tellement de haine dans sa voix, tellement de rancune. « Qu’est-ce que tu viens foutre chez nous ? » J’ai l’impression d’avoir atterri dans une autre dimension, tant la situation m’échappe, mais si il y a bien une chose dont je suis certaine, c’est qu’elle ne peut pas durer. « C’est bon, maman, je m’en occupe… » je marmonne entre mes dents, récupérant, au passage mon sac, avant de supplier Tate du regard pour discuter plus loin. N’importe où, du moment que ça s’avère être loin d’ici.

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MessageSujet: Re: The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna EmptyDim 25 Oct - 19:12

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Yuna & Tate

Mon père n'a jamais été parfait, loin de là. Il manqué des anniversaires, il a été en retard, il n'est pas rentré certains soirs alors qu'on avait organisé des soirées pizza en famille. Vivre en ayant une star mondialement connue comme paternel n'était pas une mince affaire. Mais il avait fallu faire avec, accepter qu'on ne pouvait pas l'accaparer, qu'il ne serait jamais qu'à nous. Qu'il fallait le partager avec ses fans, avec le monde qui l'admirait et se pressait pour le voir, pour se réchauffer grâce à leur musique. Pourtant, s'il y a une chose que l'on ne pourra lui enlever, c'est qu'il a toujours donné un maximum pour trouver du temps à passer avec sa famille. Je me souviens des week-ends passés à m'amuser dans le jardin, des voyages pour aller camper dans des paysages stupéfiants. Des instants à rire à s'en faire mal au ventre, les visages mouchetés de farine sous le regard désabusé de ma mère, qui avait fini par se joindre à nos tentatives culinaires. Les soirées de Noël devant la télé, les uns contre les autres. Les sorties tranquilles, les journées à surfer entre père et fils. Les gloussements de Lottie lorsqu'il la soulevait pour la mettre sur ses épaules pendant nos balades automnales. Ma tête était remplie de souvenirs, de moments débordants de joie.

La célébrité d'Ashton Walker n'avait jamais été une entrave à notre vie de famille.

C'était l'homme en question qui avait décidé de morceler cet équilibre, de fissurer la stabilité de notre tribu. C'est lui qui avait décidé que ma mère ne lui suffisait plus, que ses sentiments envers elle n'étaient plus assez grands pour lui jurer fidélité. C'est lui qui s'en était allé ailleurs, butiner d'autres fleurs en se pensant discret. Et si une seule fois avec été celle de trop, celle qui avait fragilisé l'état de la femme que j'aimais le plus au monde, la seconde était le coup de massue sur le haut de mon crâne. Tout finissait toujours par se savoir et j'en étais le parfait exemple. Il avait suffi de tendre l'oreille sans même le vouloir pour comprendre que nous ne connaissions pas la moitié de ses agissements. Mon père m'avait fait l'effet d'un étranger ce jour là. Je l'avais regardé agir comme à son habitude dans la maison, les yeux posés sur son dos, sur l'encre parsemant sa peau. Me demandant comment il faisait pour se regarder dans un miroir, chaque matin. Me demandant s'il culpabilisait de garder ces secrets bien cachés dans un tiroir. Mais après tout, peut-être que c'était mieux comme ça. Peut-être que les dévoiler au grand jour n'aurait fait que détruire un peu plus notre quotidien. Maman et Lottie n'avaient pas besoin de le savoir, pour le moment. Je voulais leur épargner un nouveau coup de couteau en plein coeur, encore quelques temps. Je voulais tirer cette histoire au clair avant de prendre une décision, avant de chambouler à nouveau notre vie.

Une soeur. Même à moitié, ce n'était pas quelque chose à prendre à la légère. Ce n'était pas rien. C'était peut-être quelqu'un de bien, qui avait manqué d'un père. Ce que le mien n'avait pas pu lui offrir, pour sauvegarder les apparences, pour ne pas briser sa propre famille avec ses tromperies. À aucun moment je n'en voulais à cette personne dont on nous avait caché l'existence. J'étais simplement curieux. Dévoré par cette envie de comprendre, de voir de mes propres yeux. Est-ce qu'elle nous ressemblait ? Est-ce qu'elle avait pris de la blondeur de mon père, de ses boucles folles ? Je n'en avais pas la moindre idée. Quel âge avait-elle ? Qu'est-ce qu'elle faisait dans la vie ? Il y avait plein de questions qui tournaient en boucle dans ma tête. Plein de réflexions sans réponses, plein de doutes, plein de craintes. Est-ce que ça en valait la peine ? Est-ce que j'avais le droit de m'immiscer là-dedans ? Est-ce que j'allais faire du mal à quelqu'un en voulant déterrer les secrets de mon paternel ? Pourtant, tout s'écroule lorsque la porte s'ouvre, lorsqu'un visage familier apparaît devant mes yeux. C'est pourtant la bonne adresse, mais la vision de Yuna devant moi fait augmenter mon rythme cardiaque. "Ça dépend ce que tu lui veux, Tate." Je n'aime pas ce que sa présence implique. Je n'aime pas les liens qui se tissent dangereusement dans le creux de ma tête. Ce n'est pas possible. C'est une simple coïncidence. J'aimerais bien m'en convaincre, en tout cas. « J'ai des questions à lui poser, si ça ne te dérange pas. Je ne serai pas long. » je réponds, platement, alors que ma réflexion m'étourdit peu à peu. Mais des bruits de pas résonnent et une silhouette apparaît aux côtés de la brune. Une version plus vieille, plus marquée au niveau du visage. Un regard dur, menaçant, qui me jauge sans le moindre remord. Et je n'aime pas l'acidité de ses paroles quand elle s'adresse à moi, crachant le nom de mon père comme si c'était une maladie. « Casey, je présume ? J'ai entendu parler de vous. » je lâche, sans briser la connexion visuelle.

La tension était pesante, presque étouffante.

Puis elle explose en mille morceaux en quelques secondes. "Maman". Mon souffle s'étrangle dans ma gorge et je capte à peine le regard de Yuna qui m'indique d'aller parler plus loin. Je suis arraché à cette présence qui ne me dit rien qui vaille, qui m'arrache un léger frisson. La manière dont elle avait prononcé ces mots, comme un venin vicieux, je n'arrive pas à m'en défaire. Maintenant que je me trouve aux côtés de la brune, je ne sais pas par où commencer. Je ne sais pas si elle a vraiment besoin de ça dans sa vie, si ça ne va pas empirer les choses et peut-être détruire son propre équilibre. Mais maintenant que je suis arrivé jusqu'ici, je ne peux pas revenir en arrière. Je ne peux pas repartir. Je pense à mon père, qui partait là-bas et qui n'a jamais atteint sa destination. Je pense au fait qu'il voulait peut-être faire sa connaissance, rencontrer sa fille au moins une fois. S'expliquer, demander pardon, changer les choses. Je n'en savais rien, au fond.

Mais je n'arrivais pas à penser à autre chose.

Sans vraiment m'en rendre compte, mes jambes ont suivi le mouvement des siens et nous finissons dans la cour qui encadre l'immeuble. La gorge nouée, je me laisse tomber sur le banc le plus proche, posant mes coudes sur mes cuisses, la tête entre mes mains. « Putain, quel bordel... » je murmure entre mes dents, avant de passer une main dans mes cheveux. Je n'avais pas la moindre idée de la manière dont je pouvais tourner ça, pas la moindre idée de comment lui expliquer sans qu'elle parte en vrille. « Tu devrais t'asseoir. » je rajoute, à son attention. Je n'étais pas certain qu'elle arrive à rester debout. Puis je déglutis, avant de fermer les yeux quelques secondes, prenant une grande inspiration. J'allais volontairement toucher un point sensible, ramener des souvenirs devant mes yeux et écorcher mon coeur à nouveau. « Le soir où mon père est mort, il était parti en voiture sans nous dire où il allait. Il a simplement pris ses clés et il a fermé la porte, en prévenant qu'il reviendrait sûrement tard. » je souffle, la voix tremblante. C'était la dernière fois où j'avais posé les yeux sur son visage. De son vivant. « Il allait voir sa fille. » je murmure, plus bas, en gardant les yeux fixés sur les pavés. « Il allait voir la fille qu'on lui avait empêché de voir et qu'il venait de retrouver. Je l'ai entendu en parler au téléphone quelques jours avant, sans le vouloir. » La boule dans ma gorge me fait mal. J'ai l'impression que mon crâne est martelé de toutes parts. La vie est un tel foutoir à cet instant. Mais ça me paraît dérisoire, après tout ce qui s'est passé ces derniers mois. « Et il n'a pas eu la chance de pouvoir la rencontrer. » je termine, avant de lever finalement la tête, pour croiser son regard. Je n'étais pas capable de parler franchement, de dire les mots qui tournoyaient sans cesse dans ma tête. Et ce qui s'était passé entre nous était balayé par la réalité qui s'imposait désormais.

Bienvenue dans la famille, Yuna

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MessageSujet: Re: The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna EmptyDim 8 Nov - 16:57

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Tate & Yuna

Ma mère n’avait jamais voulu me donner l’identité de mon géniteur, pas même un indice, rien. Je n’avais jamais su comment ils étaient rencontrés, ce qu’il s’était passé entre eux et pourquoi il ne restait de lui que des mots blessants et accusateurs, dans la bouche de celle qui m’avait mit au monde. Tout ce que je savais de lui, c’était le portrait de l’homme odieux que ma mère avait bien voulu me dépeindre. Elle m’avait assez rapidement fait comprendre qu’il ne valait rien, qu’il s’était comporté comme un parfait salaud avec elle et que pour mon propre bien, je faisais mieux de ne jamais chercher à le retrouver. Alors je n’avais pas cherché plus loin, et même si ma mère devait exagéré ses propos à son sujet, je savais qu’il devait forcément y avoir une part de vérité, dans ce qu’elle disait, sinon, il ne nous aurait pas abandonné toutes les deux. J’avais donc grandi sans ressentir le poids réel de son absence, en me convaincant que je n’avais pas besoin de lui dans ma vie, que les choses étaient très certainement mieux ainsi. Parce que je n’avais pas la force et le courage d’affronter un autre parent pour qui mon existence n’avait que très peu d’importance. C’était déjà suffisamment difficile pour moi d’accepter que j’étais livrée à moi-même, sans véritable repère parental, sans avoir quelqu’un à qui me confier quand je sentais mon moral dégringoler, pour avoir envie infliger une nouvelle blessure à mon cœur. Et je m’en étais sortie. Sans l’aide de quiconque. Sans jamais flancher devant l’état lamentable dans lequel ma mère se confortait, jour après jour, années après années. Et après tout ce que j’avais enduré, je me surprenais à encore éprouver une certaine forme de tristesse et de pitié, quand je la voyais tituber sur le plancher, une bouteille à la main. Même ma présence dans sa vie n’avait pas réussi à la sauver. Et j’ignorais si je devais m’en vouloir pour cet échec, ou si je devais lui en vouloir à elle, de ne jamais avoir cherché à aller mieux, au moins pour moi.

Et je dégluti difficilement en découvrant la silhouette de Tate derrière la porte, alors qu’il s’avérait bien être la dernière personne que je m’attendais à voir ici. Je ne comprenais sa présence devant moi. Ou disons plutôt que je ne la comprenais pas, dans ce contexte là. On n’était pas dans mon appartement, et pourquoi diable Tate Walker aurait-il eu envie de parler à ma mère ? Et je fronce légèrement les sourcils à sa demande. Je n’étais pas en droit de refuser à la place de ma mère, mais je ne pouvais pas me résoudre à le laisser rentrer, à le laisser rencontrer l’épave qu’elle était. Mais c’était sans compter sur l’interruption de ma mère et j’assiste à un échange qui m’échappe complètement. Pourtant, eux, ils semblent comprendre ce que tout ce cinéma implique, et je ressens le besoin urgent de partir, de mettre fin à tout ça. Rien de bon ne pouvait émaner de cette discussion. Alors j’informe ma mère que je gère la situation, je supplie le blond du regard pour qu’on déguerpisse le plancher avant que la situation dérape. Parce qu’elle allait forcément finir par déraper. Et au moment où je referme la porte derrière-moi, j’entends ces quelques mots prononcés à mon égard, ces quelques mots qui, une fois de plus, me brise de l’intérieur. « Ne reviens pas. » Ils sont dit avec une telle vérité, d’un ton tellement détaché, sans le moindre sentiment, que je ne peux pas empêcher la douleur qui vient ébranler mon cœur. Mais ne t’inquiète pas, je ne reviendrais pas.

C’est dans un silence pesant qu’on quitte l’immeuble, avant d’atterrir dans la cour de celui-ci où il n’y avait pas âme qui vivent. Sans dire un mot, malgré la multitude de questions qui se bousculent dans mon esprit, j’observe Tate se laisser tomber sur le banc et prendre sa tête entre ses mains. Il me faisait peur. Et je redoutais de plus en plus ce qu’il pouvait bien avoir à me dire. Puis je fini par secouer la tête négativement, mes bras venant se croiser sur ma poitrine. « Je n'ai pas envie de m'asseoir. » je souffle, tendue. Son comportement était en train de créer une boule d'angoisse dans le creux de mon ventre, mais je préférais mourir plutôt que de l'avouer. Je ne comprenais pas ce qu'il pouvait avoir à me dire de si important, je ne comprenais pas la raison de sa présence ici et encore moins de l'urgence qui résonnait dans le timbre de sa voix. Pourquoi est-ce qu'il avait cherché à voir ma mère, pourquoi avait-il voulu lui poser des questions ? Qu'est-ce que ma génitrice avait bien pu lui faire pour qu'il se déplace jusqu'à chez elle, pour que je me retrouve dans la cours de son immeuble avec un Tate bien loin de celui que je connaissais. Il me semblait épuisé, à bout de force, presque à deux doigts de craquer. Et ça m'effrayait presque autant que ça  m'inquiétais. Je savais qu'il avait traversé des moments compliqués, de toute façon, tout le monde le savait, mais j'étais persuadée qu'il y avait plus que ça. Et je fronce les sourcils au moment où je l'entends prendre la parole. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il chercher à me dire, et même si la mort de son père m'affectait, parce que ça l'affectait lui, je n'arrivais pas à saisir en quoi cette histoire pouvait bien me concerner ou concerner ma mère. Et pourtant, les mots tombent comme une sentence et j'ai l'impression que le monde s'écroule sous mes pieds. Je n'ai pas besoin qu'il en prononce plus pour que les pièces du puzzle s'assemblent et me fournissent des explications. Je sens mon cœur rater plusieurs battements avant d'exploser en de milliards de petits morceaux. Tout ça me semble tellement irréel, tellement improbable. J'aimerais le faire taire, j'aimerais qu'il cesse de parler, que cette discussion n'ait pas lieu. Ses aveux, ses mots, viennent me percuter de plein fouet et j'ai l'impression de manquer d'air. Je sens mon corps qui vacille, l'espace de quelques secondes, et c'est tremblante que je m'appuie contre la façade de l'immeuble, pour m'empêcher de m'effondrer. Ça ne pouvait pas être possible. C'était une erreur, une simple coïncidence. C'est ce que je me répétais, en boucle, dans l'espoir de me convaincre, mais je savais pertinemment que la réalité était là, dans ses paroles. Et tout devient subitement plus limpide. Je comprends le rôle qu'à joué ma mère dans toute cette histoire, comment elle a réussi à nous tenir éloigné l'un de l'autre  pendant aussi longtemps, toute la haine qu'elle portait envers mon père depuis des années. Mon père. Ce mot sonne si faux à mon oreille. Parce que finalement, cet homme ne l'était pas et ne pourra jamais l'être. Il était le père de Tate et de sa sœur, pas le mien. Moi je n'étais qu'une simple erreur de parcours, un enfant non désiré, finalement. Je sens les larmes naître dans le coin de mes yeux, mais je les essuie rageusement d'un revers de manche. Je n'avais pas le droit de pleurer. « Je suis désolée. » je balbutie, en baissant la tête. Et c'est la seule chose que je trouve à dire. J'étais désolée pour la mort de son père et d'en être la putain de responsable. J'étais désolée que ma mère ait brisé leur vie en tombant enceinte de moi et de leur faire subir une nouvelle fois la même chose. J'étais désolée pour tous les tords que je leur avais causé et quelque part, d'avoir un jour croisé sa route. Mais ce simple détail me semblait  obsolète à côté de ce que je venais d'apprendre. Ashton Walker était mort en venant me voir. Il avait perdu la vie parce qu'il m'avait retrouvé. « Je... Je ne voulais pas que... Je ne savais pas... » C'est tout mon être qui tremble maintenant, et mes mains se resserrent sur la lanière de mon sac. Je ne pouvais pas rester. Je ne pouvais pas rester là, pas après tout ça. « Je suis tellement désolée, Tate... » Ma voix se brise, j'étouffe un sanglot et fais la seule chose qui me semble à ma portée à ce moment-là, fuir. Mes jambes se mettent toutes seules en mouvement, et c'est en courant que je quitte la cour où nous étions, avec l'horrible impression d'être passée sous un camion.


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MessageSujet: Re: The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna EmptyMar 12 Jan - 20:59

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J'avais toujours accordé une importance capitale à la famille. Depuis toujours, un lien puissant et vibrant nous reliait les uns aux autres et j'avais toujours ressenti l'appel de cette corde tiède et réconfortante. Mes parents étaient des gens bienveillants, exultant une lumière qui m'avait toujours émerveillé, qui m'avait toujours rempli d'un immense sentiment de fierté. Et même si mon père s'était souvent absenté pour parcourir le monde et faire hurler des foules, il était toujours revenu. Il avait fait de son mieux pour être présent, pour partager des moments sacrés avec ses enfants. Il était loin d'être parfait mais je n'aurais jamais pu lui reprocher tous les efforts qu'il avait fait pour se trouver auprès de nous, pour continuer d'imprégner le temps passé avec lui d'une joie rayonnante, d'une agréable tranquillité. Les sorties en famille, parfaitement emmitouflés, à courir après les canards dans un parc. Les soirées à fusionner avec le canapé, entourés de boissons et d'énormes bols remplis de pop-corn, suivant avec passion les aventures des Skywalker sur écran plat. Les expériences culinaires qui s'étaient terminées en carnage, devant le visage exaspéré de ma mère qui avait fini par nous chasser de la cuisine à coup de torchon. Les voyages, à regarder le paysage disparaît derrière le hublot, à trépigner en survolant une mer de nuages cotonneux. Les caresses sur le haut de mon crâne pour m'endormir, les histoires murmurées dans l'obscurité de la chambre, doucement réchauffée par une lumière tamisée. Les petits-déjeuners animés, à chantonner en faisant griller des tranches de pain, à s'empiffrer et se battre pour la fin de la confiture. Les rassemblements à admirer mon père se déchaîner sur sa batterie, en compagnie de ses amis d'enfance, à voir le sourire tendre étirer le visage de ma mère, à sentir la tête de Lottie se poser mon épaule, les yeux brillants d'admiration. Tout ça restait profondément gravé dans le creux de ma tête, au fin fond de mon coeur. À tout jamais.

Mais ça ne faisait qu'empirer la culpabilité que je ressentais depuis que je savais que nous n'étions plus les seuls. J'aurais peut-être du me sentir trahi, me dire qu'au final, je ne connaissais pas aussi bien mon père que ce que je pensais. Tout le monde avait ses secrets, en fin de compte. Je ne ressentais pas de la rancoeur, depuis que j'étais au courant. Simplement une immense tristesse en me disant que Yuna n'avait jamais pu connaître ces instants chéris, emprunts d'un bonheur impossible à définir tant il était grand. Un enfant laissé dans l'ombre, qui n'aurait jamais la chance de pouvoir connaître son père parce qu'il était parti avant même que ça ne puisse se faire. Pire, il était mort sur le chemin le menant jusqu'à elle. Peut-être que j'aurais du ressentir de la haine en me disant que c'était de sa faute. Pourtant, elle n'était jamais parvenue jusqu'à moi. Il était son père au même titre qu'il était le mien.

Notre famille était brisée de toute manière, même sans cette découverte. Et j'allais certainement briser la sienne en lui avouant la vérité.

« Comme tu voudras. » je souffle, la gorge nouée. J'avais envie de gerber. Et je n'arrivais même plus à savoir si j'avais pris la bonne décision. Je me sentais mal. Mal d'apprendre quelque chose d'aussi terrible à quelqu'un qui ne l'avait certainement jamais demandé. Quelqu'un qui ne s'attendait pas à ce qui allait être dévoilé sous ses yeux. Mes entrailles étaient nouées et je déglutis violemment, ravalant ma salive. J'étais loin de m'attendre à une bonne réaction, venant d'elle. Et je n'aurais pu la juger pour ce qu'elle allait s'apprêter à ressentir. Mais je ne voulais pas qu'elle fuie. Je l'appréciais et j'essayais de tout coeur de mettre notre passé derrière et me disant qu'on pouvait construire quelque chose. Que si elle acceptait un jour, elle pourrait enfin avoir une vraie famille. Je me redresse en la voyant vaciller avant de m'arrêter en plein milieu de mon mouvement, soudain craintif. Mon corps est raide, mes muscles tétanisés. Je pouvais ressentir la tension dans ses épaules, observer les larmes poindre au coin de ses yeux, qu'elle essuie rapidement à l'aise de sa manche. La vérité était si dure à avaler, à comprendre. À accepter. Comme si toutes les années passées n'avaient été que des demis-vérités, des mensonges par omission. « C'est moi qui suis désolé, Yuna... » je murmure, d'une voix qui se brise à mesure des secondes. Je suis désolé d'avoir brisé ton quotidien parfois déjà difficile. Je suis désolé d'avoir à te dire que tu ne pourras jamais rencontrer ton père. Je suis désolé d'avoir accaparé toute son attention depuis toujours alors qu'il aurait peut-être pu la partager avec toi, s'il l'avait su avant. « Tu ne pouvais pas savoir ! » je m'écrie, les yeux plissées de dépit. « Personne ne savait. Et si je n'avais pas fouillé son téléphone, personne ne l'aurait jamais su. » je souffle, d'une manière presque inaudible, en prenant ma tête dans mes mains. J'avais envie de chialer. De partir me rouler dans un coin en attendant que le temps passe. J'avais envie de m'excuser jusqu'à en devenir aphone, pour qu'elle comprenne qu'elle n'avait aucun tord dans cette histoire. Relevant la tête en entendant mon nom être prononcé avec une telle douleur. Mon coeur battant sourdement dans ma poitrine quand elle pivote avant de fuir à toute jambes. Putain. Je me relève d'un bon et mes jambes s'activent d'elle-même, me propulsant à sa poursuite. Mon souffle s'étrangle dans ma gorge et je presse mes foulées pour atteindre le coin du bâtiment qu'elle vient de dépasser. « Yuna ! » je la hèle, mais elle ne se retourne pas. Alors je continue à courir derrière elle, réduisant la distance et tendant mon bras en avant pour agripper la manche de son pull. Tirant de mon côté, j'attrape son poignet de l'autre main pour l'arrêter. « Ce n'est pas de ta faute, putain ! » j'exulte, mes yeux cherchant désespérément les miens. « Tu ne peux pas t'en vouloir pour ce qui est arrivé, tu comprends ? » Puis je déglutis à nouveau, douloureusement. « Regarde-moi... » je souffle, en espérant qu'elle relèvera la tête dans ma direction. « Regarde-moi ! » je finis par siffler, pour attirer son attention. Pressant son poignet pour accompagner mes paroles, les doigts tremblants autour de sa peau basanée. « Personne ne le sait, à part toi et moi. Et je ne t'en veux pas. Personne ne t'en voudrait. Alors tu n'as pas à te flageller pour une chose sur laquelle tu n'avais aucun contrôle. » je murmure, sans la lâcher.

Ne t'enfuis pas, Yuna. Parce que je ne voulais pas encore perdre un autre membre de ma famille, aussi improbable soit-elle.
 

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MessageSujet: Re: The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna EmptyMar 19 Jan - 12:44

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La famille, c'était une notion complètement abstraite pour moi. Je n'avais aucune idée de ce que ça faisait, de grandir entourée de personnes qui nous aime, qu'on a hâte de retrouver le soir après une journée loin d'eux et à qui on explique joyeusement toutes nos aventures autour d'un bon dîner. Je ne connaissais rien des grands repas de famille, parce qu'il n'y avait toujours eu que ma mère et moi. Les anniversaires, les fêtes de fin d'années, c'est à peine si on les célébrait. En tout cas, je ne m'en souvenais pas, d'aucun d'entre eux. Je me rappelais juste de la douleur et de la profonde tristesse que j'avais pu ressentir chaque année à écouter mes amis parler de leurs vacances auprès de toute leur famille respective, des cousins ou cousines retrouvés, des moments heureux partagés et des souvenirs nouvellement créés. Je n'avais rien de tout ça. Personne. Ces journées n'étaient que des jours comme les autres, sans digne d'intérêt particulier. Et parce que j'avais été élevé comme ça, mes habitudes n'avaient que très peu changé, pour ne pas dire pas du tout, même en ayant quitté l'appartement de ma génitrice. Je ne fêtais pas mon anniversaire. À quoi bon, de toute façon ? Je n'étais finalement pas un enfant désiré, ni par ma mère, ni par mon père, alors mon arrivée au monde n'avait rien d'un grand moment méritant d'être souligné. Quant à Noël, n'étant pas croyante pour un sous et n'ayant personne avec qui partager ce moment, je me contentais de simplement oublier son existence. Ce que je parvenais aisément à faire pendant presque dix mois par an, jusqu'à ce que cette période ne vienne m'agresser la rétine en fleurissant de toute part dans les magasins, à la télévision ou sur les réseaux sociaux. Le mois de novembre entamé et quatre-vingt dix pour cent de la population n'avait plus que ce mot à la bouche. Et je ne savais pas dire si, je détestais ça ou si, tout au fond de moi, j'appréciais l'ambiance qui régnait jusqu'à la date fatidique du vingt-quatre décembre. Tout ce que je savais, c'est qu'il m'était impossible de faire disparaître l'amertume que j'éprouvais ce soir-là.

Et je m'étais permis d'y croire. Rien qu'un instant, je m'étais laisser rêver à toutes ces choses que je n'avais jamais eu, à tous ces instants de bonheur que je n'avais jamais eu la chance de connaître, parce que je m'étais sentie prête à laisser une place à mon père dans ma vie. Je m'étais raccrochée à cette envie de petite fille bien enfouie et rapidement refoulée, qu'était d'avoir au moins un parent sur qui compter. Parce que si il était trop tard pour que ma mère ne se soucis enfin, ou se rappelle seulement de mon existence, il ne l'était pas pour mon père. Et j'étais prête à écouter sa version des faits et à lui laisser une chance de se racheter. Mais j'avais eu tort d'y croire. Je n'aurais jamais dû espérer, attendre autant d'une simple rencontre. Je ne m'étais pas préparer à attendre des heures durant, une personne qui n'allait jamais venir, encore moins à me haïr de la sorte pour l'avoir laissé me briser le cœur en moins de temps qu'il n'en avait fallut à ma mère pour le faire. Et je n'avais pas pu m'empêcher de penser que j'étais peut-être le problème, en fin de compte. Que si personne ne se souciait de moi, c'était sûrement parce que quelque chose clochait... J'avais passé plusieurs jours à maudire mon existence avant de m'en remettre. Et j'avais repris le cours de ma vie, préférant oublier toutes ces discussions avec mon père.

Et maintenant que les mots détenant la vérité ont été prononcé, je m'en veux terriblement de l'avoir détesté. Il s'était tué en venant me voir. Il avait perdu la vie pour me retrouver. J'avais indirectement brisé toute une famille. J'avais arraché leur père, à Tate et sa sœur, de la pire manière qu'il soit. Si seulement je n'étais jamais venue au monde. Si seulement je n'avais jamais accepté de renouer contact, il serait encore en vie, à serrer ses enfants dans les bras. J'avais déclenché toute cette souffrance que je pouvais lire dans les yeux de Tate et ça me rendait malade. « J'aurai préféré ne jamais savoir... » Parce que ça impliquait beaucoup trop de choses. Des choses auxquelles je n'avais pas envie de penser, des choses pour lesquelles j'allais m'en vouloir toute ma vie. Alors je continue de m'excuser, parce que c'est la seule chose que je me dois de faire, la seule chose qu'il faut finalement retenir. Avant de fuir. Il n'y a pas d'autres issues possibles de toute façon et regarder Tate dans les yeux est devenu bien trop difficile pour moi. Alors je préfère partir en courant, laisser tous ces aveux derrière moi. Mais le blond n'est pas de cet avis et je l'entends crier mon prénom dans mon dos. J'essaie d'allonger mes foulées, de courir plus vite encore, mais je me fais tirer en arrière, arrêtant net m'a progression. J'ai l'horrible impression que mon cœur va quitter ma poitrine, mes joues sont striées de larmes et je suis incapable de relever la tête, par peur de croiser son regard. Je reste silencieuse, alors qu'il tente de me rassurer, mais ça reste sans effet. Évidement que c'est de ma faute. Tout est de ma faute. 'Regarde-moi !' Je sursaute légèrement devant cet ordre avant de lever la tête dans sa direction. « Tout ça aurait pu être évité... » je prononce faiblement, dans un sanglot, avant de reprendre, plus grave. « Je crois que je vais vomir. » Et j'ai tout juste le temps de me tourner contre le mur. Mon poing vient finalement s'écraser contre ce dernier, mon corps tremblant dû à ce trop-plein d'émotions. « Dis-moi que c'est un cauchemar... » je supplie. « Et que je vais me réveiller... »

Je n'avais jamais autant espérer être simplement en train de cauchemarder.


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MessageSujet: Re: The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna EmptyVen 18 Juin - 13:59

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Yuna était une amie, avant tout autre chose. Quelqu'un que j'appréciais, quelqu'un en qui j'avais confiance. Ne pas dériver vers tout ce qui nous liait depuis le début était difficile et me procurait un profond malaise quand le chemin de mes réflexions m'y menait, mais c'était infime face à la douleur que je ressentais en sachant la vérité. Ashton Walker était mon père, mais il aurait pu être celui de quelqu'un d'autre également, s'il en avait eu conscience. Je savais que mon cheminement était illusoire et que ça n'aurait jamais pu prendre forme pour de nombreuses raisons, mais la seule chose à laquelle je pensais était la petite fille qui avait du penser que son père n'a jamais voulu d'elle. Petite fille dont l'origine de la naissance était un pur moment d'égarement, un secret que la célébrité ne saurait accepter sans dommages collatéraux. Pourtant, j'étais convaincu que si mon père l'avait su, il l'aurait accepté. Même si ça aurait pu créer de nombreuses fissures, je le connaissais assez pour savoir qu'il n'aurait pas fui devant ses responsabilités. Il avait ses torts, comme chaque être humain sur cette terre mais il restait quelqu'un de bien. Et il n'aurait jamais laissé cet enfant dans l'ignorance, peu importe la manière dont nos vies auraient pu changer. Mais les choses s'étaient déroulées autrement et il avait quand même fini par vouloir connaître cette progéniture dont il n'avait entendu parler que longtemps après bien des années plus tard. Mon père avait cherché à vouloir la connaître, à la rencontrer, à découvrir cette fille qu'on lui avait formellement caché. Et c'était plus significatif que n'importe quelle parole, à mes yeux.

Mais c'était dérisoire, quand j'y pensais. Tout la vérité m'éclatait en plein visage et j'avais l'impression de suffoquer, en confessant la réalité à celle qui était devenue ma demi-sœur d'un jour à l'autre, sans prévenir. Mais lui cacher ce secret aurait été la pire chose à faire, parce que tout vient à se savoir, à un moment ou à un autre. Et je préférais que ce soit de ma bouche, plutôt de celle de sa mère qui avait décidé de leur mentir à tous les deux et de calomnier mon père à la place. J'aurais préféré ne jamais savoir. Je connaissais Yuna. Et je savais qu'elle allait s'en vouloir pour des choses sur lesquelles elle n'avait aucun contrôle. Personne n'avait décidé pour lui, personne n'avait fait ce choix à sa place et personne n'aurait pu se douter des aléas macabres de la vie. Je savais qu'elle allait penser à ma famille, qu'elle allait se sentir responsable. Parce que j'avais pensé et repensé à tout ça pendant des heures, jusqu'à vouloir me cogner la tête contre un mur, tant tout ça me semblait sans fin. Mais elle n'avait rien fait de plus que ce que nous savions déjà. Notre famille était déjà morcelée avant même d'apprendre sa présence et son lien avec nous. Mon coeur palpite furieusement dans ma poitrine et je la vois s'enfuir, mon corps se mettant en mouvement quelques minutes après. Elle ne pouvait pas s'en aller, elle ne pouvait pas mettre tout ça derrière elle comme si ça allait finir par s'effacer.

Je voulais pouvoir lui parler, posément, lui expliquer la situation, lui dire que mon père avait réellement voulu la voir et nouer quelque chose avec elle, qu'elle n'avait pas à s'en vouloir.

Pendant quelques secondes, je ne sais pas quoi dire ni comment exprimer ce que je ressens, toute cette peine qui m'étreint la poitrine. J'ai l'impression d'avoir fait la plus grosse connerie de toute ma vie en venant ici et en même temps, rien n'aurait pu être plus juste. Elle devait savoir. Elle méritait de connaitre la vérité. Pour avancer, pour ne pas rester dans ce miasme qui l'accompagnait depuis l'enfance, dans les mensonges de sa mère. « Non. Ni toi ni moi n'aurions pu faire quoi que ce soit. Mon père n'a jamais été fidèle et on l'a tous appris bien plus tard. » je lâche, en haussant les épaules, gardant son poignet entre mes doigts, relâchant subitement ma prise à son murmure et l'observant se retourner contre le mur. Dis-moi que c'est un cauchemar. « J'aurais préféré, crois-moi. » J'aurais préféré me dire la même chose, avec toutes les merdes qui m'étaient tombées dessus, ces derniers temps. « Mais c'est la vérité. Et tu n'as pas à porter ça tout seule, Yuna. » je souffle, mes yeux se posant sur sa silhouette parcourue de tremblements. « On ne peut pas se flageller pour les choix de nos parents. » Ils avaient décidé de certaines actions, ils avaient agi de certaines manières et nous n'étions que des victimes de leurs décisions, en fin de compte. « Mon père t'aurait adoré et j'aurais voulu qu'il puisse te rencontrer, voir la personne incroyable que tu es. » je murmure, faiblement. « Il n'est pas tout blanc mais il voulait vraiment te connaître, tu sais. Il t'a cherché partout, à partir du moment où il a su. » Il avait vraiment voulu créer une connexion entre eux, réparer cette ignorance et amoindrir les dégâts.  

Mais je ne pouvais pas la forcer à accepter la vérité. Il allait lui falloir du temps pour digérer, pour appréhender cette nouvelle réalité, pour prendre ses marques. Les choses avaient changé mais j'espérais que notre lien allait demeurer, malgré tout. Et si je ne pouvais pas être un membre de sa famille, à ses yeux, je voulais être là pour elle en tant qu'ami. « Ne me fuis pas, Yu. S'il te plaît. Prends le temps qu'il te faudra pour réfléchir à tout ça, mais je suis là pour toi et ça ne changera pas. » Je baisse la tête et mes mains tremblent un peu, à cause de l'émotion. « C'est le bordel et tu as le droit d'en vouloir au monde entier. Mais tu n'es plus seule et tu n'as pas à subir les choses en silence. » je susurre, refermant mes mains et plongeant mes poings dans les poches de ma veste en jean. « Je ne vais pas m'imposer dans ta vie de cette manière mais j'aimerais que tu comprennes que ça ne change strictement rien, de mon côté. Tu restes quelqu'un d'important pour moi et je serai là pour t'aider, pour t'épauler, à m'importe quel moment.  » je termine, en relevant les yeux dans sa direction.  
 

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MessageSujet: Re: The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna The truth it's a beautiful and terrible thing | Tate & Yuna EmptyLun 21 Juin - 11:29

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Tate & Yuna

Au fil des années, je m'étais convaincue que nous étions très bien toutes les deux, ma mère et moi, qu'être fille unique avait finalement de nombreux avantages. Il suffisait de voir ce que mes camarades de classes racontaient sur leur aîné ou leur cadet pour que la solitude ne me pèse plus autant. Et pourtant, au fond, je crois que je rêvais secrètement d'avoir un frère ou une sœur, de ne plus être seule après la sortie des cours, d'avoir quelqu'un avec qui partager tout et n'importe quoi, et même de me disputer pour des âneries. Mais aujourd'hui, alors que cette envie inavouée est en train de se réaliser, j'ai juste l'impression de vivre au milieu d'un horrible cauchemar. Je ne pouvais pas être de la même famille que Tate, je ne pouvais pas subitement devenir autre chose qu'une simple amie pour lui, pas après ce qui s'était passé entre nous. Sans oublier tout ce qu'être la fille d'Ashton Walker impliquait. Et je savais pertinemment que mes épaules n'étaient pas assez solides pour soutenir tout le poids de ces nouveaux aveux. Je ne voulais pas être cette fille à cause de qui une famille tout entière avait été brisé, ni être cette pièce rapportée du puzzle, qu'on allait détester parce qu'elle allait rappeler l'infidélité de l'homme qu'ils avaient appelé chéri ou papa. J'aurais pu tout donner pour que Tate ne découvre jamais la vérité ou pour qu'il n'ait jamais le courage de me l'avouer. Ou tout simplement pour qu'il m'ait suffisamment détesté pour ne jamais vouloir me retrouver. Mais la vie en avait décidé autrement et ça me donnait envie de vomir. Peut-être que nous, nous n'aurions pas pu changer les choses, mais je restais persuadée que tout aurait pu se dérouler différemment... Si ma mère n'avait pas gardé ce secret rien que pour elle, m'empêchant de grandir avec un père. Si ma mère n'avait pas décidé de me garder alors qu'elle n'avait pas la moindre once d'instinct maternel. Elle m'avait privé d'amour presque dès le début et à cause de son égoïsme et de sa haine, et je n'étais pas prête de lui pardonner. Je me tourne lentement vers le blond, le cœur toujours au bord des lèvres, secouant légèrement la tête de droite à gauche. « J'ai toujours tout géré seule... » je souffle dans un murmure. Et les choses n'allaient pas changer de sitôt.

Puis un sanglot m'échappe quand il reprend la parole et ses mots me font comme l'effet d'un coup de poignard en plein cœur. Je n'arrive pas à savoir si les entendre, me réchauffe l'âme ou si, au contraire, ils me blessent encore plus. Parce que je n'aurais jamais la chance de le connaître, de découvrir qui il était vraiment, derrière toutes les horreurs que ma mère avait pu dire sur lui, derrière la rock star qu'il était. Je ne savais même pas, finalement, si j'avais envie de le découvrir à travers les souvenirs de Tate ou si je préférais rester dans l'ignorance. Ne pas savoir, c'était aussi une façon de ne rien regretter. « Je ne suis pas incroyable... » Bien au contraire. Et je ne pouvais pas m'empêcher de penser que je ressemblais bien trop à ma mère pour qu'il puisse m’apprécier. Peut-être que me voir allait juste lui rappeler la sorcière qu'elle pouvait être. Parce que physiquement, j'étais son portrait tout craché. Je n'avais rien à voir avec Ashton Walker, pas même dans le regard. Je ferme les yeux quelques secondes, prenant une grande inspiration pour tenter d'apaiser les battements irréguliers de mon palpitant dans ma cage thoracique. Puis mes paupières s'ouvrent a nouveau et je détourne le regard, incapable de soutenir celui du blond plus longtemps. « Moi aussi... » je commence à voix basse. « Moi aussi j'aurais aimé le connaître... » Et pourtant, maintenant que je connaissais toute la vérité, que j'avais pu mettre un nom et un visage sur le père que je n'avais jamais eu la chance d'avoir, je ne me sentais plus légitime d'avoir ressenti ou de ressentir encore cette envie.

Il y a beaucoup trop d'éléments à accepter, à digérer et je ne suis pas prête à le faire. J'allais avoir besoin de temps. Peut-être qu'un jour, je me sentirais capable d'affronter la réalité en face, de me dire que j'ai enfin une famille sur qui compter, mais pour le moment, me confronter à toutes ces nouveautés m'effrayaient. « Je n'ai pas non plus envie que les choses soient différentes entre nous, Tate... » Il était l'un de mes seuls et rares amis. L'une des seules personnes en qui j'avais accordé toute ma confiance. « Mais elles le sont inévitablement déjà un peu... Et je ne peux juste pas passer à autre chose en claquant des doigts... » J'avais besoin de gérer toute cette merde toute seule, parce que c'était le seul moyen que je connaissais. Je n'avais jamais réellement pu compter sur qui que ce soit d'autre que ma propre personne et j'ignorais tout simplement comment faire autrement. Et le reste du problème résidait bien dans le fait que Tate était également quelqu'un d'important pour moi. Et je ne voulais pas, d'une manière ou d'une autre, le faire souffrir. Il méritait de souffler un peu avec tout ce qu'il avait traversé et faire partie de sa vie en tant que demi-sœur, ce n'était, à mon sens, pas une aide. « J'ai besoin d'être seule, Tate. » je fini par lâcher en récupérant mes affaires. « Et je... je suis désolée pour ma mère, tout à l'heure. » Et pour tous les problèmes qu'elle ne cessait de créer. « Ne m'appelle pas, s'il te plaît. » Je le ferais moi, si un jour je me sentais prête. « Prends soin de toi... » je termine le cœur lourd. Je lui adresse un dernier regard avant de quitter la cours de l'immeuble, pressant le pas jusqu'à atteindre ma voiture. Mes affaires jetés à l'arrière, ma portière claquée derrière-moi, ma tête retombe en arrière contre l'appui-tête et je laisse les larmes, que je retenais depuis de longues minutes, couler le longs de mes joues.


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