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A rebellious patient and a smoothie. (Toe #1)

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Moe Hielson
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Moe Hielson


Date de naissance : 24/10/1990
Messages : 5
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MessageSujet: A rebellious patient and a smoothie. (Toe #1) A rebellious patient and a smoothie. (Toe #1) EmptySam 2 Mai - 22:05

Take a breath
and taste the motherfucking smoothie
Teo & Moe

Aujourd'hui était un jour à lunettes en forme de coeur. Elles étaient apparues dans mon champ de vision au réveil, alors même que mes paupières se décollaient difficilement les unes des autres, trônant délibérément sur la commode et me faisant de l'oeil. Vieilles comme le monde, je me souviens les avoir dénichées dans un vide-grenier, étant petit. Elias les avait toujours trouvé affreusement ridicules et je m'étais toujours fait un plaisir de les porter quand il fallait l'accompagner à l'école. Et je ne savais pas pourquoi, mais je sentais que je devais les mettre sur le bout de mon nez, aujourd'hui. Le soleil était au rendez-vous, il me restait du thé dans le placard - ce qui était un fait particulièrement exceptionnel, sachez-le - et j'allais accueillir une nouvelle patiente au cabinet. « Tu te rends compte, Freud ? Quelqu'un d'autre a accepté de se soumettre aux expériences farfelues du Docteur Hielsonstein ! » je babille dans ma cuisine, vêtu en tout et pour tout d'un caleçon. La grande classe. Le cochon d'Inde tourne ses petits yeux brillants dans ma direction, ses deux pattes levées sur les grilles de sa cage. Je sais pertinemment qu'il ne me porte de l'attention que parce qu'il entend le bruit du couteau qui découpe ses futures victimes. Oui, Freud était un rongeur de luxe. Nourri aux légumes achetés sur le marché, il mangeait certainement mieux que moi en réalité et c'était presque affligeant. Et c'est la fête à la maison quand je dépose la coupole à portée de quenottes, composée d'un mélange de carottes, de poivrons, de céleri et d'un peu de concombre. Une star, vraiment. Et après avoir siroté un thé à la menthe en regardant les oiseaux s'ébrouer dans la petite baignoire installée sur mon minuscule balcon, j'avais délaissé la vaisselle pour aller rajouter quelques vêtements, histoire de ne pas effrayer la dame du premier en partant travailler. Un infarctus est si vite arrivé, surtout à cause d'une créature telle que moi. Une chemise aussi bleue que le ciel enfilée sur le dos, passablement rentrée dans un jean sombre et j'étais presque prêt. C'est seulement après avoir glissé les lunettes sur mon nez que je me sentais complet. Mes cheveux étaient simplement disciplinés avec une pointe de cire et j'avais l'impression d'être une rock-star. « Tu reste à la maison aujourd'hui, mon petit. Mais Papa revient très vite, promis. » Et je finis par claquer la porte, descendre les quatre volées de marches de l'escalier en soufflant avant de les remonter en soufflant encore plus fort parce que j'ai oublié de prendre mon fidèle smoothie banane-framboise dans la frigo.

Dure vie que celle de psychologue passionné et extravagant.

Une trentaine de minutes plus tard, Santa Monica m'ouvre ses portes et surtout celle de mon lieu de travail. Le choix d'un cabinet à quelques centaines de mètres de la plage était totalement délibéré et j'aimais bien emmener mes patients prendre l'air, manger une petite glace en observant le remous des vagues. J'avais rapidement remarqué qu'être à l'extérieur et respirer l'air iodé de la mer aidaient souvent les patients à se confier plus facilement. Ils se sentaient plus en confiance que dans une pièce pareille aux clichés sur mon corps de métier. Le divan en velours rouge, le psychologue qui fait "hm-hm" toutes les deux minutes sans esquisser la moindre réaction, tout ça. Pas mon style. Disons que passé l'étonnement face aux posters d'Elton John, aux guirlandes multicolores qui courent sur la bibliothèque, aux Funko Pop Avengers qui s'alignent entre deux manuels de psychologie et aux plantes qui s'alignent sur le rebord de la fenêtre, c'est un cabinet à peu près normal. Mais c'est le mien. Et ça change tout. J'entends finalement frapper à la porte et j'en frétille d'avance. Le premier rendez-vous, c'est le premier contact, c'est le moment où tout se joue. Et c'est là où j'analyse la personne que j'ai devant moi, pour savoir comment diriger la thérapie. Chaque information est cruciale. Le battant s'ouvre sur une jeune femme accompagnée d'une version plus âgée. Maman Hatkinson, à n'en pas douter. Et elle me donne l'impression d'avoir une fusée dans l'arrière train. Pas terrible. « Teodora ? Entre, je t'en prie. » je souffle, avec un sourire encourageant. Je devais avoir l'air d'un malade mental avec mes lunettes roses, vu le regard perplexe de la mère. Mais qu'est-ce qui aurait pu entacher ma bonne humeur, quand mes binocles me faisaient voir la vie en rose ? Rien, ni personne. Et certainement pas une bourgeoise coincée du cul qui ne semblait pas décidée à partir du couloir. « À moins que vous ne soyez là pour une thérapie familiale, finalement ? » je demande, avec un air parfaitement hypocrite. Son air indigné me signale que non et je m'écarte pour laisser passer la jeune femme, avec un grand sourire pour sa génitrice. Qui me regarde de haut en bas avant de tourner les talons. Je referme finalement la porte derrière moi avant de glisser sur la moquette en moumoute orange qui tapisse la moitié de mon cabinet. « Tu peux t'asseoir où tu veux. Fais comme chez toi ! » je lui propose gaiement, désignant la demi-douzaine de fauteuils, poufs et coussins dispersés ici et là dans la pièce. On dirait l'antre d'une hippie professeur de yoga mais j'aimais bien l'ambiance qu'elle diffusait. Je me pose sur le rebord de mon bureau, mains posées à plat sur le bois du meuble et je tapote sur celui-ci, la tête penchée sur le côté. « Un peu de smoothie avant de commencer ? Il a été préparé avec amour par votre serviteur. » Mon sourire doit être un peu trop grand et mes yeux trop pétillants.

La séance ne faisait que commencer.  
                

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@Teodora Hatkinson
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MessageSujet: Re: A rebellious patient and a smoothie. (Toe #1) A rebellious patient and a smoothie. (Toe #1) EmptyDim 3 Mai - 3:24

A rebellious patient and a smoothie
Teo & Moe

Ce soir, je vais encore devoir faire la potiche. Mes parents organisent un tas de galas caritatifs, mais celui-ci est sans doute le plus important. Il est censé aider les personnes à la rue. Et il les aide sûrement. Mais je connais mes parents mieux que personne, et ce geste soi-disant généreux n'est qu'une façade pour prouver au monde qu'ils font partie des "gentils". Pendant qu'ils se pavanent devant les appareils photo et les journalistes, je dois sourire. Pire, je dois encourager leur besoin malsain de reconnaissance. Et pourquoi au juste ? Pour les miettes d'amour qu'ils me donnent de temps en temps. Pour les quelques dollars qu'ils me versent chaque mois, et que je ne veux même pas. Au final, cette soirée sera le même désastre que toutes les autres. Mais personne ne devinera mes pensées, parce que mon sourire sera le plus beau. J'ai appris à faire semblant, même si ça ne me réussit pas.

Je suis dans la salle de réception depuis moins d'une heure et j'étouffe déjà. Toujours ces mêmes gens, ces mêmes soirées, ces mêmes futilités. Est-ce vraiment ça la vie, passer le plus clair de notre temps à prétendre être ce que nous ne sommes pas ? Est-on réellement obligés d'être parfaits, sans la moindre petite fêlure ? Je ne crois pas. Et si c'est le cas, je ne veux pas de cette vie. Alors je me précipite vers l'extérieur, avec l'impression de devoir fuir à tout prix cette mascarade. L'air frais sur mon visage me fait du bien, mais les larmes ruissellent quand même le long de mes joues. Au bout de quelques minutes de course, j'arrive sur le pont. Je ne sais même pas ce qui me pousse à grimper sur la balustrade, mais je veux simplement me sentir plus légère. Alors ce soir, je vais enfin le faire. Je vais sauter oui, et tout le monde comprendra que mes parents ne sont pas aussi admirables qu'ils n'y paraissent. Je regarde vers le bas. J'avais oublié que j'avais le vertige. Presque instantanément, je comprends mon erreur : ce geste ne prouverait rien par rapport à la faiblesse de mes parents. Il prouverait la mienne. Et je refuse de les laisser gagner une nouvelle fois. Alors je descends lentement et lorsque mes pieds retrouvent le sol, je me dirige vers l'horrible prison dorée dans laquelle je suis prisonnière. La demeure Hatkinson.

---

Voilà maintenant trois ans que je suis descendue de ce pont. Je n'y suis jamais remonté. À la place, j'ai filé tout droit vers la maison et j'y ai saccagé absolument tout ce que je pouvais, devant le regard perplexe de nos domestiques. La collection privée d’œuvres d'art de mon père a presque été entièrement détruite, de même que les Œuf de Fabergé de ma mère. Quand mes parents sont rentrés, ils ont eu une sacrée surprise ! Et moi, une sacrée punition. Le lendemain, ils me mettaient en thérapie. Depuis, j'ai vu pas moins de dix "spécialistes". Soit je décidais d'entrée de jeu de ne pas prononcer la moindre parole, soit ils ne convenaient pas à mes parents – sans doute parce qu'ils remarquaient certaines choses dans notre modèle familial. Mais pourquoi en suis-je au stade d'accepter sans broncher les ordres de mes parents, me direz-vous. Pour la simple et bonne raison que nous avons fait du troc. Ils me voulaient chez un psy, je ne voulais plus assister à leurs soirées. Ils ont eu du mal à accepter le marché, j'ai insisté longtemps, mais je pense qu'ils auraient approuvé n'importe quoi pour que j'ai l'air normal. Mon état commençait à se remarquer dans leur petit cercle social, ça faisait tache.

Voilà donc la raison pour laquelle aujourd'hui encore, ma mère me traîne presque de force chez l'un de ces psychologues. Docteur Hielsonstein. Je ne devrais pas être stressée parce que j'ai maintenant l'habitude de ces séances. Pourtant, je crains de rencontrer une nouvelle personne. Je suis devenue plus craintive qu'auparavant. J'ai peur des autres, j'ai peur du monde. Ce dernier me semble peut-être trop grand pour moi, je ne sais pas. Quoi qu'il en soit, je ne suis jamais à l'aise avec un inconnu. Ma mère m'accompagne jusqu'au cabinet du Docteur. Elle croit que je pourrais me dérober. Comme si j'étais assez courageuse pour faire une chose pareille ! « Fais un effort cette fois. Ton père et moi, nous avons besoin que tu te sentes mieux. Et rapidement. » m'a-t-elle dit sur le chemin. Pas envie, besoin. Ça change tout à mes yeux. « Et ne parle pas des liaisons de ton père. C'est hors sujet, personne n'a besoin de savoir ça. » Évidemment, protéger encore et toujours les apparences. Je me suis contentée de hocher la tête.

Ma mère se trompe tellement à mon sujet, qu'elle décide de m'accompagner DEVANT la porte du Docteur. Comme si j'avais besoin d'elle pour frapper à une porte. Visiblement, elle le fait très bien toute seule. Un homme finit par apparaître devant nous, me saluant. Je dois avouer qu'il est surprenant avec ses petites lunettes roses. Ça le rend sympathique à mes yeux, alors je souris brièvement. Ma mère par contre, le dévisage avec un air glacial. « Teodora ? Entre, je t'en prie. » Je n'ai pas le temps de le saluer que déjà, ma mère  l'interpelle. « Docteur. J'ai vraiment besoin de votre aide, cette petite est un cas désespéré. » dit-elle en me poussant dans le dos pour me forcer à avancer. Mais je ne bouge pas. Je refuse qu'elle me suive. Apparemment, le Docteur est du même avis que moi. « À moins que vous ne soyez là pour une thérapie familiale, finalement ? » Et toc, prend ça, maman. Le Docteur s'écarte légèrement pour me laisser passer, et c'est ce que je fais. À peine entrée, je reste scotchée par le lieu. C'est plutôt... original. Je ne m'attendais pas à ça. Je remarque tant de choses que je ne sais plus où poser les yeux. La porte se referme en laissant ma sorcière de mère bien loin de moi et je me tourne vers le Docteur pour lui sourire, même si je suis clairement mal à l'aise. Je sauve les apparences, j'ai bien appris ma leçon. « Tu peux t'asseoir où tu veux. Fais comme chez toi ! » Effectivement, il y a du choix. Ça me déstabilise, et je me pose sur le premier fauteuil autour de moi. Près de la porte d'entrée... Ou plutôt, de sortie. Il faut dire que tout ici me paraît bizarre. Je n'ai pas l'impression d'être chez un psychologue. Peut-être ne l'est-il même pas ? Qu'importe. Ma mère veut que je sois ici, je le suis. Alors que je regarde le sol, n'osant pas vraiment parler, mon nouveau soignant se pose sur son bureau et tapote ses doigts. « Un peu de smoothie avant de commencer ? Il a été préparé avec amour par votre serviteur. » Qu'est-ce qu'il me raconte ? Est-il fou ? Peut-être qu'en fait, c'est lui qui a besoin d'une thérapie. Pendant quelques secondes, je le dévisage, totalement perdue par cette amabilité. Je me lève du fauteuil, presque paniquée, alors que si je reste objective, il n'y a pas vraiment de raison. Il est juste beaucoup plus engageant que ses autres congénères, ça éveille ma prudence. «  Écoutez Monsieur... ou plutôt Docteur Hielsonst... Je ne sais même pas comment prononcer votre nom, il y a des guirlandes lumineuses partout autour de nous et vous collectionnez des petites figurines à la tête surdimensionnée. Pour couronner le tout, votre moquette est ORANGE. Alors excusez-moi, mais non, je ne vais pas boire un de vos smoothies. On ne se connaît pas, vous pourriez mettre n'importe quoi dedans. Êtes-vous psychologue, au moins ? » Bravo Teo, tu ressembles à une folle furieuse. Pourtant, ma tirade n'est aucunement méchante, j'essaie juste de lui expliquer de manière très maladroite que je suis méfiante. Et que boire un smoothie préparé par un inconnu figure en premier dans ma liste des 100 choses à ne jamais faire. D'accord, j'exagère un peu. Quand je vois ses yeux chaleureux et son large sourire, je me sens coupable. « Sauf votre respect bien-sûr... Je ne voulais pas être offensante. Je suis juste très nerveuse pour tout vous avouer. D'habitude, je suis beaucoup plus aimable. » Qui peut me reprocher de péter un boulon dès que j'en ai l'occasion ? De toute façon, je suis ici pour qu'un homme que je ne connais pas me décortique l'esprit, je viens justement de lui donner de la matière. En plus, même si ce n'est pas très visible pour l'instant, ce Docteur m'inspire une sympathie inhabituelle.

Je dois bien avouer qu'il ne manque pas de style.

               

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MessageSujet: Re: A rebellious patient and a smoothie. (Toe #1) A rebellious patient and a smoothie. (Toe #1) EmptyDim 3 Mai - 21:47

Take a breath
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Teo & Moe

Je sais que je ne suis pas conventionnel. Et c'est totalement délibéré. Parce que j'ai vécu l'expérience des cabinets de psy avant de choisir de m'orienter dans cette voie. Après le suicide de Naomi, ça n'a pas été facile de retourner à l'école. D'essayer de suivre le cours en évitant de tourner les yeux vers son pupitre devenu vide, d'essayer de ne pas jeter un regard en direction de son casier jonché de photos en son hommage. Nous n'étions même pas amis, j'étais simplement l'âme charitable qui lui attrapait les livres rangés trop haut pour sa petite taille et lui glissait quelques mots amicaux. Mais si elle avait voulu se confier, je l'aurais écoutée. Je l'aurais soutenue, je l'aurais laissée déverser ses larmes sur son épaule. Mais elle a préféré enrouler une corde autour de son cou et en finir avec la vie. Parce qu'elle n'a jamais trouvé personne à qui parler, personne pour entendre ses peines et son désespoir. Elle s'est laissée submerger par l'agonie et elle a dit au revoir aux maigres attaches qu'elle avait avec ce monde. Et je ne l'avais pas bien vécu et je m'étais souvenu de l'offre de l'infirmière scolaire d'aller voir un psychologue si l'un de nous en ressentait le besoin. Je n'y ai trouvé qu'un endroit impersonnel, froid et une silhouette austère derrière un bureau. Ainsi qu'une immense envie de reculer et de repartir, aucune envie de confession au bord des lèvres. On m'a toujours dit que c'était plus simple de se parler à de purs inconnus, parce qu'ils ne peuvent pas juger quelqu'un qu'ils ne connaissent pas. Parce qu'ils s'intéressent seulement aux faits purs et à la déclaration du patient. Et je suis d'accord avec ça, mais rien dans cet endroit ne m'avait incité à déballer mes problèmes. Je m'étais senti étranger, mal à l'aise, comme à l'intérieur d'une cage aux barreaux froids dans laquelle on analysait le moindre de mes mouvements. J'avais eu l'impression d'un énième visage dont le nom disparaîtrait aussitôt le chèque payé par mes parents. Et peut-être était-ce un besoin de reconnaissance mais j'aurais aimé qu'on s'intéresse un minimum à ce que j'étais moi, plus qu'aux soucis que je venais confesser.

Ce n'est pas ce que je voulais pour mes patients. Je voulais qu'ils se sentent à l'aise, quitte à me trouver farfelu. Je voulais qu'ils aient confiance, qu'ils se détendent. Qu'ils sachent qu'ils étaient reconnus à leur juste valeur et qu'ils étaient réellement écoutés.

Ma famille avait tendance à dire que je m'impliquais trop, que ça allait me retomber dessus. Que c'était pour une bonne raison si mes collègues gardaient une barrière érigée entre leurs patients et eux. Pour s'éviter d'avoir à jouer les éponges et sentir les retombées morales ployer sur leurs épaules. Je n'étais pas stupide, je savais prendre du recul. Mais créer une ambiance adéquate et s'impliquer personnellement avec mes clients étaient deux choses bien différentes. Et j'aimais cet aspect unique que je leur offrais. Tout aussi unique que la pièce que j'avais aménagée pour qu'elle donne envie de s'étendre et de parler, pendant de longues heures. Chatoyante, bariolée, étrange peut-être. Mais impossible de ne pas envisager de se rouler sur le tapis moelleux et de boire un de mes fameux smoothies bienfaiteurs. Mais la demoiselle à la longue crinière brune ne semble pas de cet avis. D'après les regards en coin qu'elle lançait furtivement en direction de sa mère, on sentait l'appréhension et le malaise à l'idée de se retrouver ici. Une habituée des cabinets. Et elle ne tarde pas à me faire connaître son avis sur la question. « Ma moquette en moumoute orange est très bien, ok ? » je rétorque avec air boudeur et les bras croisés sur ma chemise. « Et c'est Hielson. Hiel-son. Fils de Hiel, chez les vikings. Laissez-moi un peu de crédibilité, pitié. » je rajoute, aussi dramatique qu'à mon habitude. Hielsonstein, c'est dans mes délires les plus fous. Et pour mes conversations avec Freud, merci bien. « Tant pis, je le boirai tout seul. Vous ne savez pas ce que vous ratez, Teodora ! » Le sourire malicieux qui orne mes lèvres dément mon haussement d'épaules dédaigneux. Je joins le geste à la parole en versant de la boisson dans un petit verre que j'agrémente d'un parasol en papier à la scandaleuse couleur rose.

Aussi rose que mes lunettes. ¨

Et je sirote mon breuvage maison en observant la jeune femme, qui finit par reprendre sa tirade en s'excusant à demi. Nerveuse hein ? Moi j'étais tout à fait à l'aise et s'il n'était pas question d'un minimum de convention sociale, j'aurais déjà envoyé valser mes chaussures et chaussettes pour savourer la fluffiesse de mon fidèle tapis moumoute. Mais je me contente de croiser les jambes, en équilibre précaire sur le rebord de mon bureau, les yeux rivés sur ma patiente. « Mettez-vous à l'aise, vraiment. Je suis patient. Et borné. Surtout borné, à vrai dire. C'est de famille, à ce qu'il paraît. » je souffle, sur un air de confidence, avant ployant le buste vers l'avant en déposant mon verre vide sur le bis verni. Mes lunettes glissent sur le bout de mon nez et je redresse la monture d'un mouvement de doigt. « C'est Mère Gothel qui vous force à venir ici ? Elle m'a paru être une femme charmante. » Si on peut considérer qu'une porte de prison peut s'avérer charmante. Mais ne dit-on pas que tout ce qui se passait dans la cabinet restait dans le cabinet ?        
                

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MessageSujet: Re: A rebellious patient and a smoothie. (Toe #1) A rebellious patient and a smoothie. (Toe #1) EmptySam 26 Déc - 23:37

A rebellious patient and a smoothie
Teo & Moe

Être ici est fatiguant. Je veux dire, tout recommencer, encore une fois. Je suis assez douée pour faire semblant de rayonner de bonheur, mais les psys sont des êtres beaucoup plus difficiles à berner. Ça me demande beaucoup d'énergie et d'effort. Parfois j'y arrive, parfois non. Mais aujourd'hui, je suis tout simplement lassée de ces conneries. Je n'arrive même plus à savoir ce qui est bon ou non pour moi. Je suis comme absorber dans le monde de mes parents, et j'ai beau chercher, je ne trouve jamais la sortie. Alors je fais de mon mieux pour paraître normal et saine d'esprit. Je pourrais totalement m'en foutre, mais ce ne sont pas les consignes de mes chers parents. L'été dernier, ils m'ont demander de convaincre l'une de leur vielle amie que non, je n'étais pas suivie en thérapie. C'était ça, où ils me coupaient les vivres. Je l'ai donc fait. « Il y a des rumeurs qui courent sur moi en ce moment, ça me met très mal à l'aise. Comme si j'avais besoin d'aller voir un psy ! Ces gens-là ne sont que des charlatans qui pompent notre argent, et ce sont les personnes terriblement malades et naïfs qui suivent ces bêtises. Heureusement pour tout le monde, je me porte comme un charme et je ne suis pas assez bête pour croire à ces sottises ! » Madame Rudler avait l'air convaincue de mon interprétation. Moi, ce que j'en pensais vraiment, c'était que les vrais charlatans étaient mes vieux. Ils sont tellement forts pour faire semblant d'être ce qu'ils ne sont pas, que je me méfie de tout le monde. Après tout, y'a-t-il vraiment une personne sur cette terre qui montre son vrai visage ? Je n'en sais rien. Mais je préfère me méfier, ça m'évite de me faire berner comme tant d'autres. Voilà donc la raison qui explique que littéralement, je crise de panique dans le cabinet du Docteur Trucmuche. « Ma moquette en moumoute orange est très bien, ok ? » Si vous le dites. « Et c'est Hielson. Hiel-son. Fils de Hiel, chez les vikings. Laissez-moi un peu de crédibilité, pitié. » Oui bah pour avoir regarder la série Viking en à peine quatre jours, je ne m'en vanterais pas, si j'étais lui. Tous des barbares. Ça me conforte à ne pas boire son breuvage à la couleur étrange. « Tant pis, je le boirai tout seul. Vous ne savez pas ce que vous ratez, Teodora ! » Si au moins il avait proposer une bière, les choses auraient tournées différemment... Et pourquoi diable à-t-il l'air si détendu ? En prime, il a un parasol rose dans son verre. C'est donc confirmé, cet homme est bizarre. On dirait qu'il se moque pas mal des règles sociales ou en tout cas, qu'il n'est pas conscient d'être sur son lieu de travail. S'il travaillait pour mon père, ce dernier l'aurait viré sans hésiter. Je suis certaine que mes parents ne vont pas l'aimer beaucoup, celui-là. Ce qui veut donc dire que je vais bientôt changer de psy. « Mettez-vous à l'aise, vraiment. Je suis patient. Et borné. Surtout borné, à vrai dire. C'est de famille, à ce qu'il paraît. » Génial. J'espère qu'il est prêt, étant donné que je suis moi aussi bornée. Je sens que nos séances vont être longues. Heureusement, je n'en ai pas pour longtemps. « Certaines choses se transmettent de génération en génération, je suis bien placée pour le savoir. » Je reste sur ces quelques mots, me rendant compte que je commence déjà à lui donner trop d'indices. De toute façon, maman m'a formellement interdit de parler de nos histoires de famille. Je me souviens de ses ordres, clairs et directs : « Teo Chérie, ces séances servent à t'aider. Ce qui intéresse ces professionnels, ce n'est pas de savoir que papa est un vrai dragueur, ni que ta grand-mère dilapide ton héritage dans des affaires louches. Non, ce qui les intéresse, ce sont tes autres problèmes. Tu comprends ? » J'avais hocher la tête, comme pour acquiescer, tout en me demandant quels autres problèmes je pourrais bien avoir, si ce n'est la folie de l’entièreté de ma famille. « Et je peux savoir ce qui ne les intéresserait pas à ton sujet, maman chérie ? » J'avais plein de proposition à faire, mais ma mère ne l'entendait visiblement pas de cette façon. « Mais enfin Teo, comme tu es drôle... Il n'y a rien à dire, je suis parfaite ! » Petit rire pincé de ma part. Elle avait l'air d'y croire réellement, c'est sans doute ce qui était le plus déroutant.

Le psy en face de moi m'aide à revenir dans le présent. Il pose son verre et remonte ses lunettes d'une manière plutôt... mignonne. On dirait presque qu'il est impatient de me poser des questions, de commencer notre travail. En fait, il a un air particulier. Ça me plaît. « C'est Mère Gothel qui vous force à venir ici ? Elle m'a paru être une femme charmante. » Charmante n'est pas le premier mot auquel je pense lorsque je parle de ma mère, mais vu le ton qu'il a employé, je crois comprendre que sa remarque est plutôt ironique. Et ce surnom... Mère Gothel. Ça lui va à merveille. Sauf que Gothel est bien plus fun qu'elle. « En effet, c'est surtout ma mère qui m'a envoyé ici. Mon père n'a fait que valider l'idée. » Comme toujours. Mon père ne prend jamais aucune décision familiale, il ne fait qu'accepter les inepties proposer par ma tendre maman. Elle dit A, il dit A. Elle décide finalement de faire B, il suit le mouvement. Et si elle décide ensuite de revenir au A, il y revient également. Un peu comme un toutou qui suit son maître. C'est désespérant. Dans le fin fond de ma caboche, lorsque personne ne peut m'entendre, je le surnomme souvent « petite bite. » D'ailleurs, heureusement que je peux encore penser sans que personne ne m'entende ! Je serais sacrément dans la merde, sinon. Bref, je ne rentre pas plus dans le jeu, puisque si je commence à parler d'eux, je sais que les mots vont s'enchaîner sans que je ne puisse les contrôler. Et le terme petite bite pourrait sortir, ce qui n'est pas élégant dans la bouche d'une femme. Encore moins d'une Hatkinson. « Donc... me voilà devant vous. » Je feins difficilement un sourire pour paraître un minimum aimable, surtout que j'ai été assez malpolie tout à l'heure. Je suis tout à coup très mal à l'aise, sans vraiment savoir pourquoi. Mais je me lève et m'approche un peu d'une fenêtre, pour observer la vue. J'avais raison, le monde est bien trop grand. Sans me retourner vers mon nouveau-meilleur-copain (dixit mon père), je mène l'enquête. « Faites-vous ce métier depuis longtemps, Docteur ? » En réalité, la réponse m'importe peu, tout ce que je souhaite, c'est qu'il n'ait pas le temps de poser ses questions. « Et surtout, pourquoi avez-vous choisi de décortiquer l'esprit des gens ? » Ça, par contre, c'est une question dont la réponse m'intéresse vraiment.

Ne faut-il pas être sois même fou, pour soigner la folie ?

               

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@Moe Hielson PARDON pour l'énorme retard A rebellious patient and a smoothie. (Toe #1) 366512069 A rebellious patient and a smoothie. (Toe #1) 2914555634
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MessageSujet: Re: A rebellious patient and a smoothie. (Toe #1) A rebellious patient and a smoothie. (Toe #1) EmptySam 9 Jan - 11:44

Take a breath
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Teo & Moe

Je ne suis pas étranger aux patients réfractaires. Entre ceux qui refusaient catégoriquement sous prétexte qu'ils allaient très bien ou qu'ils n'avaient strictement rien à soigner, ceux qui nous prennaient pour des illuminés, ceux qui pensaient que l'on passait notre temps à faire "hm hm" sans la moindre conviction, ceux qui se défoulaient violemment en croyant que nous sommes des punching ball humains ou ceux qui se complaisaient dans le mutisme, la liste était longue. J'en avais vu passer un certain nombre dans mon cabinet et j'espérais avoir réussi à en aider le plus possible. Parce que c'était ce qui m'animait, cette envie de venir en aide aux personnes qui en avaient besoin. Parce que plus que de tendre l'oreille et écouter, ce qui faisait le talent d'un psychologue c'était sa capacité à dénouer les noeuds, à inviter pacifiquement son patient à puiser en lui-même, à nager en eaux troubles pour découvrir la source profonde du problème. Certains avaient parfois simplement besoin d'avoir quelqu'un à qui se confier parce qu'ils n'avaient personne autour d'eux mais d'autres s'infligeaient une douleur destructrice, se noyaient dans un profond mal-être dont ils ne comprenaient pas la cause. Ou dont ils niaient parfois souvent l'origine. Par peur, par dégoût. Pour un milliard de raisons liées à la vie qu'ils avaient mené, à l'histoire qui était la leur, au poids du passé qu'ils portaient sur leurs épaules.

Et si j'avais souvent été amené à rencontrer des gens qui cherchaient ce contact et appelaient délibérément au secours, d'autres se rebiffaient à cause d'expériences négatives. J'étais loin de me considérer comme le meilleur mais je savais que j'étais largement plus avenant, contrairement à la plupart de mes collègues. Il n'était pas rare d'entendre des clients me dire qu'ils avaient l'impression de passer pour des fous, qu'ils n'étaient pas réellement compris, qu'ils pensaient perdre leur temps. L'image de notre profession n'était pas celle que j'aurais espéré et je tentais tant bien que mal de redorer son blason, de redonner envie aux gens de consulter pour exorciser les maux qui les grignotaient, pour se diriger vers la voie de la guérison et retrouver un équilibre avec eux-mêmes.

Mes méthodes sont aux antipodes de celles de mes confrères, j'en conviens. Mais j'aime la manière dont je fonctionne et je sais qu'elle porte ses fruits. Si ce n'est pas tout de suite, ça viendra à la longue. Alors je me contente de siroter mon délicieux smoothie en observant la jeune femme devant moi et qui me regarde comme si un troisième bras avait poussé au milieu de mon front. « Mais cet héritage, même s'il traverse les générations, ne définit pas qui nous sommes. » je souffle, avec un léger sourire. Elle semblait traîner un lourd boulet à la cheville, dont elle dispensait les composants au compte-goutte. Comme je le disais, j'étais patient. Alors j'allais simplement la laisser s'exprimer autant qu'elle le voudrait, tant qu'elle en avait envie. Je n'étais là pour forcer personne, mais j'allais simplement essayer de la mettre assez à l'aise pour qu'elle décide d'elle-même si elle souhaitait se confier, peu importe le sujet. Mon verre terminé, il finit posé sur le bureau contre lequel je m'appuie. Mes lunettes sont prestement remontées sur mon nez et je m'attaque au vif du sujet, extrêmement curieux. Et les courtes informations qui s'échappent de sa bouche suffisent déjà à m'indiquer certaines choses. Mère autoritaire, à tendance étouffante. Probabilité qu'elle soit une conjointe castratrice à 85%. « Et toi, Teodora ? Est-ce que tu penses que ta présence ici est justifiée ? » Je me rends compte du tutoiement seulement après l'avoir utilisé mais c'est plus fort que moi. Je n'aime pas vouvoyer mes patients. Je trouve ça pompeux et impersonnel. J'aime leur montrer que je m'intéresse réellement à leurs tracas. Mes yeux suivent sa fine silhouette qui se déplace vers la fenêtre, me laissant la vue de son dos et de son visage tourné aux trois-quarts. La question qui suit me tire un sourire. « Depuis longtemps. » je souffle, restant volontairement vague. Je n'étais pas contre quelques confessions personnelles et c'était certainement ce qui allait finir par me perdre mais je considérais que je pouvais me le permettre, quand ça me permettait d'établir une relation de confiance. Mais ça marchait dans les deux sens. La seconde interrogation me fait me redresser machinalement et mon regard plonge jusqu'à cette fille filiforme avant de la dépasser complètement pour regarder au loin, de l'autre côté de la fenêtre. « Parce que le cerveau humain est la chose la plus complexe et la plus merveilleuse qu'il soit. Tout ce dont il est capable, ses capacités d'adaptation, de réaction à différents événements. Ses mécanismes de défense. La mémoire. L'inconscient. Les phobies. Le rêve. Tellement de facettes dont certains sont encore bien méconnues dans une seule et même unité. » je souffle, rêveur.

J'avais toujours été émerveillé par le fonctionnement du cerveau, fasciné par tout ce qu'il pouvait accomplir. Et plus que ça, j'avais voulu comprendre comment il fonctionnait pour réussir à décoder des signes. Savoir comment la cervelle réagissait aux attaques, comment elle traitait les informations, les conséquences sur le corps, sur le conscient. Sans le vouloir, nous agissions différemment sous la pression de la douleur, du profond mal-être. Elles étaient peut-être infimes, mais c'était ces quelques minuscules informations que je voulais connaître. Parce que je ne voulais plus répéter le schéma de Naomi. Je voulais réussir à comprendre et à repérer les symptômes avant qu'il ne soit trop tard. Et cette jeune femme me forçait à me remémorer des choses qui avaient laissé leur empreinte à jamais dans ma vie. « On ne t'a jamais enseigné qu'on ne répondait jamais à des questions par d'autres questions ? » je lâche, rieur, avec les yeux pétillants. Puis je croise les bras sur mon torse, sans la lâcher des yeux. « Je ne suis pas là pour te forcer à t'exprimer, Teodora. Si tu veux rester muette, personne ne te l'empêchera. Mais ça ne changera rien aux faits et ça ne t'aidera pas à avancer. » je souffle. Se murer dans le silence n'avait jamais aidé à améliorer son existence. Au contraire, à force de contenir, on finissait par imploser. Si le corps n'avait pas déjà manifesté des signes de débordement. « Alors si je peux t'aider en quelque chose ou si tu veux te confier à propos de quoi que ce soit, prends le temps qu'il faudra mais n'hésites pas à m'en parler. Je ne suis là ni pour te juger, ni pour le raconter à tes parents dans ton dos. » je termine, en haussant les épaules.      

Il ne tenait qu'à elle de me croire et d'accepter. Mais j'espérais qu'elle le ferait. Elle me faisait simplement penser à une brebis égarée et j'étais tout disposé à jouer le berger pour l'accompagner sur le chemin du retour.

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