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Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1)

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Eliott Fjeld
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Eliott Fjeld


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MessageSujet: Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1) Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1)  EmptyLun 20 Avr - 21:36

Long time no see
for the lonely hearts
Neilina & Eliott

« J'espère qu'elle en vaut le coup ta petite copine, Fjeld. » bougonne Tucker et j'ai l'impression que son grognement résonne à l'intérieur de ma boîte crânienne. Ils commençaient sévèrement à me les briser, tous autant qu'ils étaient. Passant une main dans ma crinière striée de bleu, je m'enfonce dans les ruelles de la ville d'une démarche rapide. « Ce n'est pas ma petite amie. » Je vois la voix de Than résonner dans le minuscule appareil logé à l'intérieur de mon oreille. « Techniquement, elle est devenue plus que ta "petite copine", Eliott. On a trafiqué le système de répartition matrimoniale de l'Intérieur dans ce but précis, pour que tu puisses aller la voir sans te faire attraper par la Milice. » Qui est-ce qui m'avait collé des abrutis pareils, nom d'un chien ? L'asiatique avait l'art et la manière d'énoncer l'évidence avec une platitude qui me donnait envie de me jeter par la fenêtre, parfois. Mais côté relationnel, il avait de gros efforts à faire. On y travaillait, promis. « Est-ce que quelqu'un m'entends quand je parle ?! » je vocifère, à deux doigts de m'arracher les cheveux avant de prendre une grande inspiration et de couper mon périple à travers les ruelles. Le jour déclinait doucement, zébrant le ciel de teintes oranges et roses. « Moi tout ce que j'entends, c'est qu'il va finir avec la Milice collée au cul à cause d'une foutue gonzesse et que ça, c'est pas bon pour nos affaires. » Ce vieil ours avait le don de toujours voir la coupe à moitié vide. Moi je la voulais pleine à ras bord.

Et quel leader j'aurais fait, si je ne mettais pas un peu de danger dans mon quotidien ?

Quand j'avais entendu de vagues bruits de couloir à propos de l'héritière Duncan, j'avais tendu l'oreille pour capter un maximum d'informations à son sujet. À l'Intérieur, il se murmurait qu'elle venait de fêter ses vingt-cinq ans et qu'elle allait devoir attendre la réponse du logiciel pour découvrir l'homme qui allait avoir la chance de partager sa vie et sa fortune familiale. J'avais sauté sur l'occasion. Seize ans étaient passés depuis que j'avais été banni à l'Extérieur, avec mes parents. De longues années passées à ressasser des souvenirs de rires d'enfants, de courses-poursuites dans les couloirs du manoir, d'iris bleus bordés de longs cils. De longues années à préparer la vengeance de notre peuple, expédié hors du mur d'enceinte sous de faux prétextes pour éliminer les sujets à risque. Pour trier les éléments indésirables de leur conception illusoire d'une société "parfaite". La Résistance n'avait cessé de croître, depuis, grossissant dans l'ombre. Et elle attendait le moment propice pour attaquer, pour faire valoir ses droits. Pour détruire le coeur du problème, à l'épicentre. En attendant, il m'avait fallu outrepasser la loi et me glisser à l'intérieur du système de sélection pour remplacer le profil destiné à Neilina par le mien. Autant dire que ça avait été complexe mais pas hors de portée. Disons que j'avais eu le temps d'apprendre à traficoter des appareils électroniques, à force de vagabonder ici et là à l'Extérieur. J'avais du créer une fausse identité pour pouvoir obtenir une résidence dans le centre de la ville fortifiée et déjouer les miliciens pour rentrer. Un marchand de joyaux itinérant grassement payé avait fait l'affaire et je me retrouvais là, à arpenter des rues que j'avais connu étant enfant. À me perdre dans les dédales pavés que je pensais reconnaître et qui avaient eu le temps de changer, après autant d'années passées en-dehors. À marcher en direction du Manoir Duncan pour rencontrer leur fille aînée et renouer avec mon passé.

Le portier n'est plus le même. Plus jeune, moins austère. Mes cheveux sont attachés en un chignon d'où dépassent quelques mèches plus courtes et j'ai troqué mon éternelle veste en cuir par un blazer plus strict. Autant donner au change pour éviter de créer le doute autour de moi. Je devais passer aussi inaperçu que possible, pour le moment. Avec le bleu électrique qui parcourait ma crinière, les chances étaient réduites mais je misais sur le reste pour me garder en vie. « Veuillez décliner votre identité, monsieur. » Je jette un regard à l'immense bâtisse qui me fait face, aux fenêtres bordées de végétation et à l'immense jardin parfaitement entretenu qui faisait la fierté du clan. Des paysans qui avaient gravi l'échelle sociale avec une rapidité surprenante pour devenir l'une des plus grandes familles de l'Intérieur. « Kit Anderson, je suis attendu par Neilina Duncan dans le cadre d'une rencontre officielle. » je réponds d'une voix plate, essayant de rester le plus naturel possible. Puis je tends la missive indiquant mon rendez-vous avec la jeune femme, qu'il lit en diagonale avant de me regarder d'un oeil rempli de jugement. Puis il s'écarte avant d'ouvrir la porte et de m'inciter à y rentrer. « Veuillez me suivre, monsieur. » m'ordonne-t-il d'une voix pincée et je peux presque imaginer le désespoir que ça lui inspire de me voir crotter le marbre blanc avec mes rangers cirées. Maigre vengeance, dira-t-on. Et je me contente de lui coller au train, en silence, laissant mon regard vagabonder dans les couloirs. À la recherche de sensations familières, de senteurs habituelles et un sourire fleurit sur mes lèvres en constatant que rien n'a changé. On ne pouvait pas en dire autant de moi. Et certainement d'elle.

Mais j'allais en avoir le coeur net d'ici quelques minutes.

« Veuillez attendre dans le Grand Salon. Mademoiselle va arriver d'ici quelques minutes. » Je hoche la tête avant de faire quelques pas en direction de l'unique et grande fenêtre de la pièce, parée de lourds rideaux violine. Je ne pouvais pas compter les heures passées dans cet endroit à jouer ensemble. Mes narines captent cet éternel parfum capiteux de violette qui flotte ici et je baisse les yeux sur les oiseaux qui paradent librement dans le jardin. Tout était un appel au luxe, à la somptuosité. Les matériaux nobles, les tissus précieux, l'étalage d'objets rares et hétéroclites dispersés à travers les étages. J'avais presque oublié à quel point je faisais tâche dans le décor mais une porte qui s'ouvre me tire de mes réflexions. Une silhouette apparaît et je me fige, absorbé par la contemplation de ma plus vieille amie. Neilina se tenait là, stupéfiante et j'avais du mal à superposer la femme sur l'enfant que j'avais connu. Mes souvenirs s'arrêtaient à des joues rondes, des cheveux sombres s'arrêtant aux épaules et une taille étrangement grande pour une petite fille. Mais là, je me retrouvais devant quelque chose que je n'avais jamais osé imaginer. Ma bouche s'était légèrement asséchée et je passe un coup de langue sur mes lèvres pour les hydrater avant de revenir à la réalité. Réduisant la distance entre nous, j'attrape délicatement sa main pour déposer mes lèvres sur le revers de celle-ci, quelques brèves secondes. « Cet endroit n'a pas changé mais je ne peux pas en dire autant à ton propos, Neilina. » je souffle, levant les yeux vers elle avant de reculer et de me redresser pour lui faire face. Ses traits s'étaient affinés, son maintien était plus affirmé mais ses yeux restaient les mêmes. D'un bleu fascinant, bordés de longs cils sombres, dégageant un pouvoir magnétique qui avait le don de s'adoucir et de prendre feu selon ses états d'âme. Mais je retrouvais la fille avec qui j'avais passé les douzes premières années de ma vie. « Ravi de te revoir. Ça faisait longtemps. Trop longtemps. » je murmure, plongé dans ses iris céruléens.            

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MessageSujet: Re: Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1) Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1)  EmptyMar 26 Mai - 20:57

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Eliott & Neilina

Je ne m’étais jamais projetée au-delà du jour de mes vingt-cinq ans. Je n’avais jamais pensé à l’après, à ce que deviendrait ma vie quand je serais dans l’obligation de la poursuivre avec un homme dont j’allais même ignorer son visage, jusqu’à nôtre premier rencontre officielle. Tout ce que je connaissais de lui, tout ce qu’il m’avait été autorisé de savoir, c’était son nom. Kit Anderson. J’avais essayé d’en apprendre un peu plus sur lui, de me renseigner auprès de quelques amis, mais personne ne le connaissait et même internet, ce fidèle allier, n’était pas parvenu à me fournir quelques utiles informations. Il était aussi mystérieux et énigmatique que pouvait l’être son patronyme et, je devais bien l’avouer, ça m’intriguait suffisamment pour que je ne fasse aucune vague. Du moins, pour le moment. Parce que si j’acceptais la situation sans broncher, comme on m’avait toujours appris à faire, intérieurement, je bouillonnais. Je n’avais aucune considération pour le mariage et, aussi merveilleux et incroyable que pouvait être le logiciel, petit bijou de la technologie, je ne croyais pas en l’amour. Ni en celui-là, qui se voulait être aussi parfait que synthétique, ni en celui que les rebelles osaient encore appeler coup de foudre. Moi, je voyais régner seule, comme une femme forte et indépendante, mais c’était à l’encontre de tous nos principes, à l’intérieur du mur. Et je savais, qu’une fois la bague passée au doigt, je perdrais ma liberté et mon libre arbitre. Mais l’union, ce n’était pas le pire, à mes yeux. Loin de là. La suite, ce que tout le monde attendrait de nous, ce que mes parents allaient souhaiter jusqu’au plus profond de leur être, elle, elle l’était. Former une belle et parfaite petite famille, offrir un héritier ou une héritière au nouvel empire Duncan-Anderson et prouver au monde entier que la vie, c’était ça. Mais je n’étais décemment pas prête à offrir mon corps à quelqu’un pour qui je n’éprouverais, sans doute, jamais d’amour. D’autant plus que je désirais pas d’enfants, ni maintenant, ni dans les années futures, mais encore une fois, on ne me demanderait pas mon avis. Aux yeux de mes parents, il n’était pas recevable et ne le serait jamais. Mais j’avais tout prévu, dans les moindres détails et Monsieur Anderson n’aurait pas d’autres choix que d’accepter mes conditions. Je voulais bien rentrer dans le moule, me retrouver prisonnière de cet homme, mais pour le reste, on ferait à ma manière, que ça puisse plaire ou non.

Et autant le dire, le plus souvent, ça ne plaisait pas. Comme maintenant, alors que je n’en fais qu’à ma tête depuis le matin, faisant courir la garde dans tous les recoins de notre immense demeure  alors que je suis attendu pour les essayages d’une robe. Beaucoup trop blanche, beaucoup trop symbolique, beaucoup trop ew. J’en frissonne rien que d’y penser. Alors, pour tenter de m’éviter la vision de ma personne en future mariée, j’avais fui dans les jardins, me réfugiant près du lac, sous l’ombre d’un immense saule pleurer. Et je savais que personne ne viendrait me chercher ici. Ou presque. Après plus de trois heures à entendre ma mère s’agacer et menacer de renvoyer tous les, je cite, ‘incompétents’ si on ne me ramenait pas, la tête de Nero, l’un de mes gardes personnel et qui, finalement, n'est pas si stupide que ça. Enfin, si on oubliait le fait que ça faisait plusieurs heures qu’il courrait les couloirs à me recherche. « Neilina ! » Je me tourne dans sa direction, papillonnant des cils et prenant ma voix la plus innocente possible. « Oui ? » Je peux lire l’agacement, sur les traits de son visage, et je m’en délecte avec une joie bien trop intense. « Votre mère vous cherche. Vous aviez un rendez-vous important à treize heures. » Je fais mine de réfléchir, m’offusquant presque d’avoir pu oublier mon emploi du temps de la journée. « Avec Madame Watkins, la couturière. » Ah oui ? Tiens donc… C’est étrange qu’une information aussi importante me soit sortie de la tête, vraiment… « Mais j’imagine que vous n’aviez pas réellement oublié. » ajoute-t-il en fronçant les sourcils, avant de me tendre sa main pour m’aider à me relever, et que je refuse, évidemment. « Vous imaginez bien, Nero. Vous êtes plutôt futé pour un garde. » je réponds, tout sourire, tout en époussetant ma robe en satin. « Peut-être que je militerais en votre faveur, si ma mère décide de vous renvoyer. »

Mais avant de sauver sa peau, à lui, j’allais devoir sauver la mienne. En plus d’avoir délibérément raté les essayages, j’allais être en retard pour ma rencontre avec mon futur mari et loin de moi l’envie de le faire attendre. J’écoute, sans dire un mot, les plaintes de ma mère au sujet de mon inadmissible comportement, alors qu’elle brosse mes longs cheveux bruns. J’ai l’impression d’être redevenue une enfant et c’est à deux doigts de me rendre folle. Ne tenant plus, je lui retire la brosse des mains, avant de me tourner dans sa direction, un faux sourire étirant mes lèvres. « Je serais parfaite, comme toujours, ne t’inquiète pas. » De toute façon, c’est sans doute ce que je sais faire de mieux. Et c’est accompagnée de mon garde, que je regagne le Grand Salon où je dois rejoindre ma destinée. J’essaie de paraître sereine, mais j’ai la gorge nouée et j’ai bien conscience que je ne pourrais pas cacher éternellement le tremblement de mes mains. D’ailleurs, je vois bien que Nero se retient de commenter la situation et je le remercie de garder la potentielle remarque acerbe qu’il doit retenir du bout des lèvres. Puis, contre toute attente, avant qu’il ne m’ouvre la porte, il prend finalement la parole. « Si ça devient trop horrible pour vous, vous savez où me trouver. » Je lui réponds d’un simple hochement de tête, mais il faudra que je pense à lui en être éternellement reconnaissante. J’entends les battements de bois se refermer dans mon dos et je prends une profonde respiration avant de m’avancer dans la pièce, mes talons claquant sur le sol en marbre. Puis je découvre enfin le visage de mon futur époux et mon cœur rate plusieurs battements. Je m’attendais à tout, vraiment à tout, mais pas à ça. Kit Anderson me donne l’impression de sortir tout droit d’un mauvais film et ce ne sont pas ses cheveux bleus – qui, si vous voulez mon avis, sont de très mauvais goûts – qui diront le contraire. M’attribuer un paysan m’aurait semblé moins offensant. Déjà qu’il ne partait pas gagnant, avant même que je le rencontre, maintenant, le moins qu’on puisse dire, c’est que nos chances de vivre une idylle viennent de tomber à l’eau. J’en viens même à me demander si on ne me fait pas une mauvaise blague. Je suis tentée de m’enfuir en courant, mais ce serait aller à l’encontre de mon devoir, alors je reste stoïque, frémissant quand sa main vient se glisser dans la mienne, avant de l’effleurer de ses lèvres. Gentleman, c’est toujours ça de gagné. « Je ne suis pas certaine de comprendre… » je murmure, les sourcils froncés. Soit je suis trop sonnée pour saisir ses allusions, soit la situation m’échappe complètement. Et, alors qu’il recule d’un pas, nos yeux finissent par se croiser et je me sens soudainement prise de vertige, sans vraiment en connaître la raison. Son regard me trouble et ses mots finissent de m’ébranler. « J’ignore de quoi vous parlez, mais vous devez faire erreur. On ne s’est jamais rencontré. »  

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MessageSujet: Re: Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1) Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1)  EmptyMer 17 Juin - 20:29

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Neilina & Eliott

L'Intérieur n'avait pas changé d'un iota depuis que ma famille en avait été expulsée, comme tant d'autres. Le centre n'avait pas pris une ride : le palais cerné de hautes tours brillait de mille feux, les rues pavées continuaient d'être jonchées d'étals en tous genres et le fourmillement incessant des passants ne s'était pas arrêté avec le temps. Alors que à l'extérieur du mur d'enceinte, la vie avait parfois repris le chemin inverse, à force d'un minimum de vivres et de technologies. À la place du faste et de l'opportunisme attribués à l'élite, siégeaient la simplicité et le partage. Et même si de beaux souvenirs étaient liés à cet endroit, j'aimais l'existence hors de cette bulle utopique, où les comportements sont maîtrisés, où les envies sont bridées. Où le choix n'a pas sa place, où le regard d'autrui est une pression constante. La vie avait repris son cours et les choses changeaient, comme elle le devaient, parce que le monde était fait ainsi. Mais ici, le temps semblait comme figé, glacé dans cette tentative de perfection qui me donnait aujourd'hui envie de vomir. Surtout en connaissance de l'épuration qui se faisait régulièrement, pour supprimer les mauvaises graines, comme ils aimaient nous surnommer. Les personnes qui pensaient trop, qui écoutaient trop, qui ne restaient pas à la place qui leur avait été assignée. Et il suffisait d'un rien pour affirmer qu'untel n'avait plus sa place à l'Intérieur. En quelques jours, si ce n'était pas quelques heures, ils soustrayaient les éléments indésirables de l'autre côté du mur.

Exilés, balancés dehors comme de vieux déchets, livrés à eux-même.

Mais depuis quelques mois, un mouvement avait émergé de la terre.Un mouvement de rébellion, de résistance, un mouvement de rage envers cette politique obsolète et conservatrice. Une envie de renverser cette situation. De détruire ce système gangrené jusqu'à la moelle. Des mains qui se sont serrés, des alliances qui sont nés de ce désir de retrouver un équilibre favorable pour tous. Pourquoi auraient-ils le droit de se vautrer dans le luxe et de manger à leur faim alors que nous devions subir le froid et la famine, pendant certaines périodes de l'année ? Pourquoi une telle injustice ? Qui s'était donné le droit de vie et de mort sur les autres ? Qui s'était auto-proclamé dieu vivant et se permettait de choisir qui restait et qui devait s'en aller ? Il en était fini de ces balivernes. La Résistance allait reprendre ses droits, par la force s'il le fallait. Au prix de nombreuses heures de travail, de nombreuses missions périlleuses à travers les rues et autour de l'enceinte pour évaluer les avantages et les risques. Pour se frayer un chemin, un pour dérouler notre fil d'Ariane à l'Intérieur sans qu'ils n'aient le moindre doute. Parce que si nos têtes étaient déjà mises à prix, depuis un moment, ils n'imaginaient pas que nous avions déjà placé certains de nos pions au centre même de la capitale.

Mais l'heure n'était pas aux plans soigneusement élaborés. En cet instant, toutes mes pensées sont focalisées sur la petite fille qui concentre le principal de mes souvenirs d'enfant. Ce grand regard azur et ces cheveux de jais délicatement tressés. Ces rires cristallins et l'odeur des arbres en fleur au printemps qui me chatouillaient l’ouïe et l'odorat à travers les souvenirs. Pourtant, c'est une femme qui se dévoile à mes yeux, au beau milieu du salon. Une créature élancée et superbe, parée de ses plus beaux atours. Et je me sens comme un plouc, à côté, avec mes habits de cuir et mes rangers. Mais c'est un rappel de ma condition depuis que j'ai été expédié de l'autre côté des murailles. C'est un rappel de ce que je suis, de ce qui m'a forgé, de l'autre chemin qu'a pris mon existence après ça. Mais malgré moi, je ne peux pas m'empêché d'être fasciné par Neilina. Même si son apparence avait définitivement changé, je revoyais la gamine avec laquelle je m'amusais pendant mon temps libre. Pourtant, ses sourcils froncés et son murmure ne me disent rien de bon. Et mon coeur se serre en comprenant qu'elle ne me reconnaît pas. « Tu as toujours su comment briser mon coeur, Neil. Ça fait mal, je ne pensais avoir tant changé au point que tu ne me reconnaisses pas. » je réponds, partagé entre l'ironie et l'amertume. Je me souvenais de tout, dans le plus infime des détails. Parce que son visage, sa douceur et sa gentillesses avaient été mon ancre pour survivre pendant longtemps. Je m'étais accroché à l'idée de la revoir un jour, pour continuer de ma battre. « Ma famille a travaillé pour la tienne, pendant longtemps. On jouait ensemble, tu m'as même accroché des fleurs dans les cheveux pendant des heures. » je lâche, sans prendre de pincettes. Le temps m'était compté avant qu'on ne remarque la similitude entre mon visage et celui de l'affiche qui annonçait la récompense de ma capture. De précieuses heures, sinon minutes, avant de devoir retourner d'où je venais. « Tes cheveux étaient tout le temps tressés et tu adorais observer les animaux, tu attendais des heures que des papillons viennent se poser sur tes mains. Tu t'es endormie dans une armoire une fois, pendant qu'on jouait à cache-cache et on est allés manger en cachette dans les cuisines parce que tu avais raté le repas. » La plus petite image me revient et je ne peux empêcher un sourire tendre d'étirer mes lèvres. « C'était de bons moments. Ça me manque, parfois. » je souffle, avec une certaine nostalgie. Et je voulais qu'elle aussi, elle s'en souvienne. Qu'elle ravive sa propre mémoire de ces instants qui m'étaient si chers. Qu'elle redécouvre son ami d'enfance, celui qui avait bravé un mur et le danger pour venir la retrouver.
 
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MessageSujet: Re: Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1) Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1)  EmptyDim 5 Juil - 23:33

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Il y a un certain nombre d'avantages notables à faire partie du sommet de la pyramide de la société et dont, je m'en doute, je ne saurais pas me passer. À commencer par les divines et innombrables toilettes parfaitement pliées et rangées dans mon immense penderie, toutes issues des plus grands créateurs, évidemment, et qui possédaient, tous, le don incroyable de mettre ma silhouette en valeur et de la sublimer. Même si, avouons-le, je suis sublime en toutes circonstances. Ensuite, il y avait l'absence de toutes ces tâches ingrates, comme le ménage - et quand on vit dans une demeure avec dix fois plus de pièces que d'habitants, ce n'est pas négligeable - ou encore la cuisine. Et soyons sincère, si je connais le protocole et les bonnes manières jusqu’au bout des ongles, que je maîtrise l’art de respirer en public, on ne m’a jamais inculqué celui de la cuisine. Et, j’ignore pourquoi, mais j’ai l’intime conviction que je serais capable d’y mettre le feu, si j’essayais. Alors je laisse avec un grand toutes ces corvées fort déplaisante aux domestiques. Puis, ne pas avoir à me préoccuper de tout ça me permettait de vaquer à d'autres occupations, bien plus passionnantes et qui déplairaient très certainement à mes parents. Mais passons. La vie de riche héritière n’a pas que ces quelques privilèges, non. Pour mon plus grand malheur, cette vie rime aussi avec obligations et tout le monde sait à quel point je déteste me sentir pieds et poings liés à quelque chose que je ne désire pas et que je ne désirerais sans doute jamais.

Si la rencontre s’était avérée déplaisante avant même qu’elle n’ait lieu, maintenant, elle battait vraiment tous les records. Non seulement je devais me coltiner le balourd de la ville, mais en plus de ça, il perdait complètement la boule et prenait ses aises, sans le moindre scrupules. « Neilina. » je le coupe avec froideur. Si je n’étais pas destinée à lui donner ma main, je l’obligerais à m’appeler Mademoiselle Duncan, mais malheureusement pour moi, c’est dorénavant impossible. « Je m’appelle Neilina, pas Neil. » je répète, en venant planter mes yeux dans les siens, le défiant presque de recommencer. Personne n'utilisait ce surnom, pas même mes plus proches amis, alors il était tout bonnement impensable qu'un inconnu l'emploie. Enfin, inconnu... pas d'après lui, visiblement. « Je vous l'ai déjà dit, vous faites erreurs. Je ne vous connais pas. » La famille aux services de mes parents est la même depuis des années et n'a, pour ainsi dire, jamais changée. Je les ai toujours connu et je sais avec certitude qu'ils me connaissent depuis que je suis bébé. Pourtant, il y a du vrai dans ce qu'il raconte. J'ai toujours aimé les animaux et je ne comptais plus le temps passé à observer les papillons dans les jardins, en espérant que l'un d'entre eux viendrait se nicher sur ma main. Mais j'imagine qu'énormément de petites filles aiment faire ça et qu'il ne s'agit là que d'une simple coïncidence, rien de plus. « Je ne suis pas celle que vous pensez... » j'annonce en reculant d'un pas. « Et même si vos souvenirs sont beaux et que les partager avec vous aurait été un immense plaisir, ce ne sont pas les miens. » je poursuis, en essayant d'être le plus diplomate possible. J'ai promis à ma mère d'être irréprochable et parfaite, alors j'ai bien l'intention de lui faire honneur, et ce malgré la situation. Mais si je m'écoutais, j'aurais déjà fui en courant. « Et j’en suis profondément navrée, Kit. » Et j’ai la ferme intention d’en toucher deux mots à mon père. J’ignore qui cet homme a pu perdre, mais il ne fait aucun doute qu’elle était chère à ses yeux, pour qu’il en arrive à la voir en moi ou à croire que je suis elle, je ne sais pas. Pour tout avouer, je ne suis sûre de rien. Je n’arrive pas à cerner l’homme qui se tient devant moi, à comprendre ses réelles attentions… Pourtant, j’aurais juré que celui qui deviendrait mon époux, ne verrait que la fortune que j’aurais à lui apporter, le plaisir de s’élever au-dessus du reste de l’aristocratie, d’avoir un semblant de pouvoirs dans ce monde où ceux qui n’en possèdent pas, se font écraser sans la moindre pitié, mais ce que je peux lire dans ses yeux est différent. Il ne veut rien de tout ça, je le vois aussi clairement que j’observe les traits de son visage, à ce moment précis, et que mon regard se perd dans ses iris foncés. Et si seulement ses paroles faisaient sens en moi, je pourrais presque entendre la sincérité dans ses paroles et croire que je suis cette fille, dont il parle. Mais c’est insensé, pas vrai ? On n’oublie pas ces choses, et encore moins quelqu’un, surtout quand il semble avoir important dans notre vie.

Puis la voix synthétique du système d’alerte de la ville me tire de mes pensées, au même moment où l’image holographique d’un avis de recherche apparaît sous mes yeux, transmis par ma lentille. Et le portrait de l’homme qui se dresse devant moi, me noue l’estomac. Kit Anderson n’est pas celui qu’il prétend être et je comprends enfin d’où vient le malaise qui m’abrite depuis toujours. Sa présence, ses mots, tout devient limpides et, même si ça me tue de l’avouer, c’était très finement joué de sa part, de prendre la place du type censé devenir mon époux, pour m’atteindre, ou plutôt atteindre ma famille aussi facilement. Si je ne haïssais pas autant ceux de son espèce, je lui tirerais mon chapeau pour son ingéniosité et sa prise de risque. Mais, les battements de mon cœur s’accélère et comme j’ignore si celui qui se tient devant moi possède toujours les privilèges de l’Intérieur ou non, et qu’il est hors de question que je me laisse le temps de le découvrir, je me précipite en direction de la cheminée où se trouve, sur son rebord, un vieux sabre, que je m’empresse de dégainer et de diriger avec souplesse dans sa direction, les mains, toutefois, tremblantes. « Je ne sais pas ce que vous voulez, Kit, ou devrais-je dire Eliott, mais vous n’obtiendrez rien de moi, ni de ma famille. Et à votre place, je ne tenterais rien. Je sais me défendre et au moindre mouvements suspect, je n’hésiterais pas une seule seconde à vous ôter la vie de mes propres mains. » L’escrime et les cours de défenses font parties des quelques passe-temps cités plus haut, que mes parents feraient mieux de ne jamais découvrir, pour mon bien-être personnel.

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MessageSujet: Re: Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1) Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1)  EmptyJeu 24 Sep - 12:27

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Elle avait été ma seule et unique amie. Pendant de longues années, je ne m'étais reposé que sur sa présence et la chaleur qui brillait dans ses yeux. Ce petit bout de femme en devenir, noyé sous les rayons du soleil, son rire innocent vibrant dans l'air encore un bon moment après son passage. Ce regard céruléen qui avait toujours eu le don de me troubler, cette main minuscule qui s'était tendue tant de fois dans ma direction. Cette candeur qui avait adouci mes nuits, celles où le poids de mon statut me revenait en plein visage. Parce qu'il n'y avait pas un seul jour où je me rappelait que nous ne venions pas du même monde, même si nous habitions sous le même toit. Et il n'y aurait rien que je puisse faire pour m'élever à sa hauteur, pour me trouver digne d'être à ses côtés. Mais elle n'y avait jamais attention. Pour elle, je n'étais qu'Eliott, le garçon qui avait toujours été là, qui l'accompagnait jouer dehors. Le garçon à la casquette qui disparaît des fois pendant des heures, qui s'occupait des chevaux, qui nettoyait les vitres en équilibre précaire sur un escabeau. Le garçon qui escaladait le balcon pour venir se glisser dans sa chambre, le soir venu, pour rire et s'émerveiller devant des contes, sous le couvert de grands draps. Le garçon qui finissait toujours par revenir vers elle, avec une fleur à la main.  

Sauf que la vie en avait décidé autrement et que j'avais été arraché à ce quotidien, d'un seul coup. Sans prévenir, on m'avait enlevé tout ce que je connaissais, on m'avait éloigné d'elle, on m'avait jeté dans un monde hostile. Mais peu importe les années qui s'étaient succédées, peu importe la vengeance qui s'étaient insinuée dans le creux de mon coeur, son visage était toujours resté dans un coin de ma tête. Comme une image vive, impossible à oublier. Lorsque son nom avait sauté dans le creux de mes oreilles, c'était devenu comme une idée qui s'était accrochée et de laquelle je n'arrivais pas à me démêler. Je devais aller la voir. Avant que mes choix de vie et les responsabilités qui en avaient découlé ne nous séparent à nouveau.

Et je ne peux pas empêcher la pointe de douleur qui vient cisailler mon coeur à sa réaction. Je ne ressemblais plus au gamin qu'elle avait connu, en effet, mais je ne comprenais pas son indifférence. Pourtant, je reste impassible. Autant que j'en suis capable, en tout cas. Son comportement me faisait l'effet de celui d'une pure étrangère. Est-ce qu'elle ne me reconnaissait pas ? Toute cette méfiance, cette austérité. Elle me faisait penser à son père. Même si elle avait hérité de la beauté de sa mère. « Tu n'as jamais aimé qu'on t'appelle pas ton prénom entier. C'est la première chose que tu m'as dit. » je réponds, sans quitter ses iris des miens. J'allais lui faire retrouver la mémoire, j'allais la forcer à se souvenir. Parce qu'il y avait quelque chose qui clochait, définitivement. « Je ne pourrais jamais te confondre avec quelqu'un d'autre. » je rajoute, d'un ton ferme. Elle était unique. Et je la connaissais mieux que quiconque. Mais elle restée purement fermée, convaincue que je ne suis qu'un étranger. Alors je murmure à son intention, ressassant de vieux souvenirs, des habitudes que l'on avait en commun. Pourtant, ça ne semble pas suffire. Mon ventre se serre et cette situation me paraît de plus en plus insupportable. Et mon impression se renforce à chaque parole prononcée. Ce n'est pas qu'elle fait semblant de ne pas se souvenir. Elle ne se souvient pas. Comme si quelque chose l'en empêchait. Comme si l'on avait érigé une barrière autour de son esprit. Comme si on avait effacé ces tendres scènes de son enfance. Je fais un pas en avant, porté par un rugissement intérieur. Il fallait qu'elle se souvienne. Elle le devait. Parce que je n'avais oublié, moi. Pas une seule seconde. Peu importe le moyen. « Les souvenirs que tu as dans la tête, c'est ceux qui ne sont pas les tiens ! On t'a fait quelque chose, Neil ! Tu comprends ? J'en suis certain. » je rétorque, le cerveau fourmillant de suppositions. La plus évident se trouvait être la pire, mais je ne pouvais pas en démordre. C'était à cause de son père que nous avions été renvoyés et jetés comme des malpropres. C'était sûrement à cause de lui que je n'avais plus de place dans la mémoire de sa fille.

Une alarme retentit sans crier gare et je me fige. Merde. Le temps était compté et j'allais devoir déguerpir d'ici au plus vite si je voulais continuer à vivre. Je la vois se tendre et une image passer furtivement devant ses yeux. Bordel. Mon portrait-robot devait être apparu devant la rétine de tous les êtres allant et venant dans le manoir. Quelqu'un n'allait pas tarder à venir ici. Mais je ne voulais pas partir. Je ne voulais pas rester qu'une image fugace pour Neil. Un vague criminel. Un usurpateur. En deux temps trois mouvements, un sabre est dégainé dans ma direction, malgré le léger tremblement de sa main. « Je ne te veux aucun mal. » je souffle, en croisant son regard. Je reste parfaitement immobile, appuyer mon intention. Pourtant, elle me tire un sourire à sa réplique. Pleine d'arrogance, d'une assurance qui lui avait fait défaut quand elle était petite. Mais elle n'était jamais sortie de sa cage, elle n'avait jamais traîné dans les bois, dans la boue. Elle n'avait jamais eu à survivre, à se battre pour s'en sortir. Je n'avais pas peur de mourir pour ce en quoi je croyais. Je n'avais pas peur de souffrir, de saigner pour ramener un peu de justice en ce monde. D'un geste vif, je plaque mes paumes de part et d'autre de la lame du sabre, appuyant pour exercer une pression alors que je la soulève entre nous. Rapprochant mon corps du sien, avançant d'un pas après l'autre, le regard soudé sur son visage. Puis je viens rapidement enrouler ma main autour de la sienne sur le pommeau de l'arme, profitant de sa surprise pour reprendre l'avantage. « Mais je ne peux pas te laisser me faire arrêter. J'ai encore du travail qui m'attend, Neil. » je souffle, déviant la lame sur le côté. Puis un grand sourire éclaire mon visage, d'un seul coup. Il se trouvait que j'étais littéralement sur le terrain de jeu favori de mon enfance. Et qu'au jeu de cache-cache, j'avais toujours été extrêmement doué. « Malheureusement pour eux, je connais cet endroit comme ma poche. » Le moindre couloir, la plus petite porte. Les passages secrets. Les lattes qui grincent. Les aspérités dans les murs sur lesquels je m'étais habitué à grimper.

Puis je reviens à la brune, avec une certaine gravité. « Tu dois me croire. Je ne t'ai jamais menti, ni avant, ni maintenant. Je m'appelle Eliott. On travaillait ici, avant. Ces souvenirs, ils sont réels, ils sont simplement perdus quelque part. » je souffle, rapidement, avec une sorte de désespoir dans la voix. Je resserre légèrement la main qui couvre la sienne, penchant la tête sur le côté. « Tu étais mon quotidien, Neil. Et je n'ai jamais oublié. Tout m'a toujours ramené à toi. » je susurre, le coeur battant sourdement dans ma poitrine. Il ne me restait plus beaucoup de temps. Le danger se rapprochait, mais je ne pouvais pas partir comme ça. Je ne voulais pas rester un étranger à ses yeux.         
 
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MessageSujet: Re: Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1) Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1)  EmptyVen 25 Sep - 10:17

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Eliott & Neilina

J'ai  l'impression d'être dans un univers alternatif, dans un monde où plus rien ne fait sens. Et je sens mon cœur battre la chamade, je sens mon estomac se nouer sous les affirmations de cet homme. Parce qu'il n'avait pas tort sur un point. Je déteste qu'on m'appelle par mon prénom, mais les surnoms, c'est un luxe que je ne peux pas me permettre, au vu de mon rang. On m'a toujours appelé Neilina, que ça me plaise ou non. On ne plaisante pas, avec le protocole, dans la famille. Si quelqu'un, par erreur ou non, avait eu l'audace de me nommer autrement et ce devant mon père, je n'aurais jamais donné cher de sa peau. Il lui aurait fait comprendre le sens du mot respect. « Je n'ai jamais rien dit. On vient seulement de se rencontrer... » Et je ne suis pas folle, encore moins amnésique. Mais cette situation commence sincèrement à m'effrayer, alors je recule d'un pas, préférant mettre de la distance entre nous. « Pourtant, c'est le cas. » Si il ne me confond pas, si je suis bien celle dont il parle, je crains pour sa santé mentale. Parce que cette fille, qu'importe qui elle est ou qui il croit être, ce n'est pas moi. Et il lui faudra bien plus que quelques souvenirs, qui peuvent être inventé de toutes pièces pour me convaincre. Pourtant, j'aurais aimé qu'ils soient miens. J'aurais aimé avoir l'enfance de cette petite fille, partager avec lui ces simples moments, loin de toute l'effervescence de ma famille, loin des cours de bienséances et toutes ces choses barbantes qu'on m'enseigne depuis que je suis haute comme trois pommes. Oui, j'aurais aimé connaître cette innocence, avoir un ami sur qui compter et avec qui partager. Mais j'ai été élevé seule, et je n'ai jamais eu la chance de grandir avec quelqu'un d'autre que moi-même. Puis sans que je n'y sois préparée, il se rapproche de moi, brisant la distance que j'avais espérer instaurant, et n long frisson parcours mon échine. Je ferme les yeux, quelques secondes, le temps de remettre de l'ordre dans mon esprit. Quand mes paupières se rouvrent, mon regard croise le sien et je secoue la tête, tristement. « On ne m'a rien fait. » dis-je à vois basse. « Tout ça, ça n'a aucun sens. » Comment est-ce que ça pourrait en avoir un ? « Je n'aurais pas pu oublier, si tout ça était vrai. » Parce que c'est impossible, parce que ça n'a aucune logique. De toute façon, rien, dans cette entrevue n'a de logique.

L'alarme stridente du système d'alerte se déclenche, ne faisant qu'augmenter mon rythme cardiaque et le sentiment que rien de toute cette histoire n'est normale. Et mes soupçons ne font que se confirmer quand le portrait de l'intrus apparaît devant ma rétine. J'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds, que ma respiration se coupe subitement, me faisant suffoquer. Bon sang. Je n'attends pas qu'il mette un quelconque plan en action, et je me saisi du premier objet qui saura faire l'affaire pour me défendre. L'arme dorénavant pointée dans sa direction, prête à me défendre. Et il a beau m'assurer qu'il ne me veut aucun mal, ses mots sonnent comme un mensonge à mes oreilles. Qu'il en ait après moi ou qu'il en veuille à ma famille, c'est du pareil au même. « Je ne vous crois pas. » On m'a appris à toujours me méfier, et encore plus des hommes. Et malgré toute ma méfiance, il parvint à me surprendre. Je n'ai pas le temps de comprendre ce qui est entrain de se passer, que ma lame se retrouve dévier de sa cible, et son corps bien trop proche du mien. J'ai l'impression que mon cœur raté plusieurs battement, et respirer devient une véritable épreuve. Puis il y a ce contact, aussi simple soit-il, sa main posée sur la mienne, qui m'électrise tout le corps. Mais c'est à peine si j'ose bouger, tétanisée par cette soudaine proximité. « Ils savent que vous êtes là. Ils vous traqueront. » je commence, en essayant de contenir le tremblement dans ma voix. « Quoi que vous ayez prévu de faire, vous n'y parviendrez pas. » Je savais qu'à l'heure qu'il était, mon père avait dû mettre tous les gardes du palais sur le pied de guerre et que tout n'était plus qu'une question de minutes. Ils seraient là, d'un instant à l'autre. En revanche, ce que je ne comprenais pas, c'est que pouvait bien fabriquer Nero. Ce bon a rien à forcément reçu le même message d'alerte. Alors Diable, qu'était-il en train de faire ?!

Je l’écoute fanfaronner sur ses infaillible connaissances sur cet endroit et je fronce les sourcils. Il se croit donc plus malin que nos gardes... Dans le cas de Nero, ce n'était certes, pas bien compliqué. Je préfère ne pas relever et le laisser avoir cette aveugle confiance en lui. Puis ses iris se posent de nouveau sur moi, et je ne peux pas m'empêcher de me perdre dedans. Tu dois me croire. Pourquoi ? Comment ? Il est recherché par un pays tout entier, à l'intérieur de la ville, il n'est qu'un criminel, quelqu'un condamné à mourir. « Je ne peux pas. » je murmure dans un souffle alors qu'il poursuit. Je m'appelle Eliott. Et là, c'est mon monde tout entier qui bascule. Je me revois, âgée de trois ans tout au plus, un immense sourire illuminent mon visage. En face de moi, se tient un petit garçon de mon âge, la main tendu vers moi, prononçant avec exactitude ces quelques mots. Puis l'image s'estompe et je retire ma main d'un mouvement rapide, mon sabre retombant lourdement sur le parquet, alors que je recule, apeurée, déboussolée. Ça ne peut pas être réel. Il ne peut pas avoir raison. C'est bien trop insensé pour que ce soit la vérité. Et pourtant, j'ai l'impression que tout mon être me hurle qu'il est sincère et que je peux lui faire confiance. « Si je vous ai vraiment oublié, si on s'est connu et si tout ce que vous dites est vrai, vous allez devoir trouver le moyen de me le prouver. » Je ne peux pas me baser sur un souvenir sorti des tréfonds de ma mémoire, pas après avoir écouter quelqu'un remettre tout mon passé en doute. « Avec quelque chose de concret... » Et pas de simples paroles qui pourraient semer le doute chez n'importe qui.

Puis un bruit sourd retenti dans le couloir, me faisant sursauter. Les gardes ne sont plus très loin, et je me maudit intérieurement pour ce que je m'apprête à dire. Mais je dois prendre le risque, pour savoir, pour découvrir la vérité. « À l'intersection, prenez le chemin de droite. » j'annonce à voix basse. Si, comme il le dit si bien, la demeure n'a aucun secret pour lui, il devrait comprendre de quoi je veux parler. « Ça va être à toi de me croire, maintenant... »

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MessageSujet: Re: Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1) Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1)  EmptyDim 15 Nov - 14:02

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J'avais l'impression que peu importe ce que j'allais bien pouvoir dire, elle n'allait jamais me croire. Comme si nos longues années d'enfance n'existaient plus, comme si elles avaient été effacées d'un revers de manche. Comme si plus ne subsistait de ces instants que je chérissais précieusement, qui avaient été une force à laquelle me raccrocher quand je menaçais de me noyer. Mais ça n'avait pas la même saveur, si j'étais le seul à m'en souvenir, si j'étais l'unique possesseur de ces moments de paix et d'amitié. Je connaissais tant de choses à son propos, après autant de temps passé à ses côtés, après d'innombrables heures à l'observer, à me gorger de ses paroles remplies d'une profonde gaieté. Je me souvenais de notre première rencontre, où elle n'avait pas tardé à établir les choses, franchement, sans prendre de pincettes. "Neil. Je n'aime pas quand on m'appelle par mon prénom." m'avait-elle exprimé les sourcils froncés, ses petits poings juchés dans le creux de ses hanches. Puis j'avais appris tant d'autres choses, au fur et à mesure des jours passés à vagabonder dans le manoir. « C'est ce que tu t'entêtes à penser, rien de plus. On s'est rencontrés il y a bien longtemps. » je souffle, en passant une main le long de ma mâchoire, sans la quitter des yeux. Je vois la reculer d'un pas en arrière et ce simple geste provoque une douleur lancinante dans ma poitrine. J'ai le sentiment de faire face à un mur avec lequel je ne peux pas échanger. Il n'y a rien de la petite fille que j'ai connue, rien de celle pour laquelle je ressens une immense tendresse, encore aujourd'hui. Il n'y a que de la méfiance, des yeux remplis de suspicion et des paroles pareilles à de la glace pilée.

Comme si tout s'était volatilisé.

Et ça me conforte dans l'idée qui a germé au creux de ma tête, depuis de longues minutes. C'est invraisemblable et complètement dingue, mais je persiste à croire que c'est possible, même si découvrir la réalité allait certainement faire plus de mal qu'autre chose. J'étais presque certain que quelqu'un avait eu recours à des sombres manigances pour lui arracher ses souvenirs. Si elle avait le joué, feinté l'indifférence, j'aurais réussi à lui arracher des réactions propres à la Neilina que je connaissais. Mais là, il n'y avait rien. Rien du tout. Elle ne faisait pas semblant et c'était ce qui était le plus douloureux. Elle ne me reconnaissait vraiment pas. Je n'étais qu'un parfait étranger à ses yeux. Alors je m'empresse de lui exposer ma réflexion, pour me retrouvé à nouveau bloqué par un visage n'exprimant qu'une profonde résolution. « Ça n'a aucun sens pour toi parce que tu ne te souviens de rien ! Pourquoi est-ce que je me donnerais du mal à venir jusqu'ici pour t'en parler si ce n'était qu'un tissu de mensonges, hein ? Si j'avais voulu ta fortune, je n'aurais certainement pas pris le temps de venir te faire la causette, Neil. » je siffle, démoralisé par cette situation qui devenait de plus en plus complexe. « Tu l'as oublié parce qu'on t'y as obligé. Quelqu'un t'a fait quelque chose pour t'enlever tes souvenirs. J'en suis certain. » je rajoute, avec un grondement sur la fin.

J'avais un certain avis sur la question mais je ne savais pas si je voulais vraiment y croire. Parce que c'était douloureux d'imaginer qu'on puisse faire ça à un propre membre de sa famille sans son consentement.

La situation dérape au moment où la sonnerie d'alerte résonne dans le manoir. Et je sais qu'il ne me reste plus beaucoup de temps avec elle. J'ai beau lui dire que je ne lui cherche aucun mal, elle me défie, arme pointée dans ma direction et ça me tire un long soupir. D'autant plus qu'elle ne faisait pas le poids contre moi, petite fille de bonne famille qui n'a jamais eu à lever le moindre petit doigt pour obtenir ce qu'elle voulait contre un garçon d'une famille asservie qui avait fini par apprendre à survivre pour ne pas dépérir, qui avait fini le nez dans la boue après avoir été jeté dehors comme un malpropre, sans aucun moyen de subvenir à ses besoins. La lame est facilement déviée et je finis plus proche d'elle que je ne l'avais été depuis bien longtemps. Ma main glissée autour de la sienne, je l'observe avant de lui souffler qu'il est trop tôt pour me laisser attraper. J'ai encore beaucoup de choses à faire, une révolution à mettre en marche. Il y a un monde à faire basculer, des classes à rééquilibrer. « Pas s'ils n'arrivent pas à mettre la main dessus. » je souffle, avec un sourire amusé.

Aucune des pièces, aucun des couloirs ne m'étaient inconnus. Je connaissais le moindre petit recoin sombre, la plus petite fissure au mur. J'avais passé tellement de temps à errer dans cette immense maison qui avait un moment été la mienne. À lustrer l'argenterie, à nettoyer les tentures, à couper les rosiers qui étendaient leurs lianes dehors. À dépoussiérer des meubles, ranger la vaisselle après les repas, aider ma mère à laver les habits de Monsieur et Madame. Ce manoir n'avait aucun secret pour moi. Grappillant les quelques minutes qu'il me reste encore en sa compagnie, je me contente de laisser parler mon coeur, de lui confier la stricte vérité, lui demandant de me faire confiance. Je lui donne mon prénom. Le vrai. Pas l'identité factice inscrite sur le dossier qu'elle a reçu il y a quelques semaines. Ses yeux se troublent et ma gorge se serre, avant qu'elle ne recule hâtivement, comme brûlée. Et quand je retrouve ses iris céruléens, j'y vois une autre lueur, qui n'était pas présente avant. Vous allez devoir trouver un moyen de me le prouver. J'approche d'un pas, rempli de confiance, avec un doux sourire sur les lèvres. J'allais lui confier quelque chose dont même la Neilina de mon enfance n'était pas au courant. Quelque chose que j'avais préparé avant de devoir partir, quelque chose qui avait tenu au coeur d'un enfant rempli d'affection pour sa seule et unique amie. « Il y a une latte du parquet de ta chambre qui grince plus que les autres, non ? Près de la fenêtre, au niveau du rideau droit. Soulève doucement la planche et tu y trouveras une petite boîte. Dedans, il y a un cadeau que j'ai toujours voulu te faire et que je n'ai jamais osé te donner. Nos initiales sont gravés de l'autre côté. » je susurre, sans la quitter du regard, le coeur battant la chamade. « Et si ça ne suffit pas, je trouverais un moyen de te rendre tes souvenirs, Neil. » je termine, en inclinant légèrement la tête pour appuyer mes paroles.

Un bruit sourd retentit au loin et je sens qu'il est tant de filer. Les gardes risquent d'arriver d'un moment à l'autre et il faut que je disparaisse si je veux prendre de l'avance pour rejoindre la sortie de la propriété. L'annonce qui m'est faite à voix basse étire un nouveau sourire sur mes lèvres. « Je sais. Et je t'ai toujours fait confiance, que tu l'aies oublié ou non n'a rien changé. » je souffle, la tête penchée sur le côté. Puis je penche en avant, pris d'une subite impulsion, pressant ma bouche furtivement contre la sienne avant de reculer et de rejoindre la porte. Me retournant une dernière fois dans sa direction, la palpitant battant à tout rompre dans ma poitrine. « Ça au moins, tu t'en rappelleras. » je roucoule joyeusement avant de lui faire signe et de me volatiliser derrière la porte. Le reste n'est plus qu'une course contre la montre dans les dédales de couloirs. Et je souris en voyant que la porte que j'ai emprunté tant de fois est toujours accessible, menant au couloir secret réservé aux employés de la maison pour ne pas mêler aux convives lors des jours de réception. Je longe les pierres froides et humides avant de tourner à droite, atteignant les cuisines et poussant la porte arrière, donnant sur le potager. Si elle n'avait pas été réparée avec le temps, la palissade comprenait une planche amovible dont je me servais autrefois pour me balader en lisière de forêt afin de récupérer des herbes spécifiques.

Une fois à l'air libre et en sécurité malgré les cris que j'entends résonner dans le jardin, dissimulé par l'ombre d'un grand chêne, je laisse mes yeux se poser sur le manoir qui se tient là, imposant. Je vois des ombres se mouvoir rapidement pour encercler le bâtiment mais je ne pense même plus à ces instants de course-poursuite effrénée.

Tout ce à quoi je peux penser, c'est à la manière dont je vais pouvoir revoir Neilina. À comment pousser le destin à nous réunir de nouveau, aux recherches que j'allais devoir faire pour comprendre comment ses souvenirs lui avaient été enlevés. Parce que je comptais bien les lui faire retrouver.

Je voulais la récupérer. À tout prix. Je voulais la revoir sourire à nouveau.
         
 
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MessageSujet: Re: Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1) Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1)  EmptyDim 28 Fév - 16:41

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J'avais envie de crier, d'évacuer toute la peur et la frustration que cette situation me procurait. Je ne connaissais pas cet homme. Son visage n'avait rien de familier pour moi, bien au contraire. Toutes les affirmations qui pouvaient sortir de sa bouche me donnaient le tournis et je donnerais n'importe quoi pour qu'il cesse de parler, de faire comme si nous étions de vieilles connaissances alors que sa mémoire ne pouvait que lui faire défaut. Si nous nous étions rencontrés bien avant aujourd'hui, je m'en souviendrais, au moins vaguement. Là, j'avais beau chercher dans les tréfonds de ma mémoire, il ne me disait rien. Et j'avais l'étrange impression que plus j'essayais de me souvenir de lui, plus je me heurtais à un mur infranchissable. N'était-ce donc pas la preuve qu'il faisait erreur ? Je ne pouvais pas m'inventer des souvenirs sous prétexte que lui en possédait, c'était absurde. Et je n'étais pas non plus en train de m''entêter à croire le contraire de ce qu'il affirmait, à contrario de ce qu'il pouvait penser. Et j'ignorais ce qui m'effrayait le plus, en fin de compte. Qu'il ait des souvenirs de moi, de nous et que je ne partageais pas ou que je ne me souvienne de rien. Parce que plus les minutes passaient, plus je doutais. Pourtant le doute n'avait pas sa place ici. Tout ce qu'il s'acharnait à me dire depuis de longues minutes n'était qu'une sombre mascarade de sa part. « Je connais vos vraies motivations. Tout ça fait peut-être partie d'un plan. Les personnes  comme vous sont prêtes à tout pour parvenir à leur fin... » Et ce n’était pas parce que je ne partageais pas les idées de mon père ou de nos dirigeants que je soutenais celles des types comme lui, capable de tout pour détruire la société telle qu’on la connaissait. Elle n’était pas parfaite, elle avait de nombreux défauts, j’en avais bien conscience, mais tout n’était pas bon à jeter, comme la plupart semblaient le croire. « On ne m’a rien fait. » je réponds en maintenant son regard, avant de reprendre. « Vous ne savez rien. Vous êtes juste aveuglé par votre haine. » je souffle, le cœur battant à un rythme effréné dans ma poitrine. Ce n’était pas possible. On ne pouvait pas retirer les souvenirs de quelqu’un, ça relevait de la folie et d’une science que personne ne maîtrisait. Pas même les plus grands scientifiques de cette ville. « Taisez-vous. » Je refusais d’entendre un mot ou une spéculation de plus venant de sa part. « Vous êtes complètement fou… » je termine, à voix basse, avant que l’alarme d’alerte ne vienne entièrement couvrir mes mots.

Et la vérité sur son identité éclate au grand jour et je comprends finalement ce qu’il me veut, pourquoi il est là et quelles sont ses véritables intentions. Et si lui semble s’amuser de cette situation, ce n’est définitivement pas mon cas. Même si, contre toute attente, l’insécurité dans laquelle je me sentais quelques minutes auparavant avait fini par s’estomper, petit à petit. Je savais que je n’étais pas en danger et je n’expliquais pas la raison de ce ressenti, alors que je me trouvais face à l’un des hommes les plus recherchés dans le pays. J’étais persuadée qu’il ne me ferait aucun mal, qu’il ne poserait pas la moindre main sur moi. Peut-être que c’est ce que j’arrivais à lire dans ses iris foncés, peut-être que toutes ses paroles avaient finalement bien plus fait écho en mois que je ne le pensais. Puis son prénom, le vrai, pas celui qu’il s’était inventé pour se trouver en face de moi, en ce moment même, franchi la barrière de ses lèvres et mon univers tout entier explose. Je me retrouve assailli par des images que je ne comprends pas, que je n’explique pas, par un souvenir dont j’ignorais l’existence. J’ai soudainement la sensation de manquer d’air, d’étouffer. J’étais incapable d’expliquer ce qui venait de se produire, incapable d’en donner la raison, mais mon regard se reposer automatique sur le visage du dénommé Eliott. Je n’avais pas pu, consciemment, inventer tout ça, et ce malgré tout ce que j’avais pu entendre auparavant ou être manipulable à ce point. Je dégluti difficilement, acceptant l’optique qu’il pouvait être sincère. Mais pour le croire, j’allais avoir besoin de preuves. Des vraies preuves. Alors je l’écoute, mes sourcils se fronçant au fil de ses mots, hochant la tête quand il évoque le grincement, plus qu’agaçant de mon parquet au niveau de ma fenêtre. « Ok… » je me contente de répondre, dans un murmure, incapable de dire quoi que ce soit. Le simple fait qu’il connaisse ce détail me déboussolait, en plus de me laisser parfaitement perplexe. « J’aurais aimé me souvenir… » Je détourne le regard, secouant légèrement la tête, lassée par tout ça.

Puis des bruits de pas se font entendre dans le couloir et je sais que le garde seront bientôt là. Le plus étonnant restait qu’il ne l’était pas encore et que Nero n’avait toujours pas fait irruption, alors que ce gredin était supposé garder la porte. L’envie qu’il se fasse arrêter ayant disparu, je lui indique la position de l’un des couloirs réservés aux employés et que très rarement utilisés. « Alors j’espère pouvoir te rendre la pareille, et avoir confiance en toi. » Et mon corps tout entier se raidit avant que je n’ai le temps de comprendre ce qu’il se passe. Il y a cette soudaine proximité, ses lèvres qui s’écrasent contre le mienne, la violente décharge électrique qui vient ébranler tout mon être et l’envie presque insoutenable que cet instant dure une éternité. Mais la chaleur qui avait prit possession de mon âme disparaît et je l’observe reculer, sentant mes joues rougir alors qu’il reprend la parole une dernière fois, avant de s’éclipser derrière la porte. Et je reste plantée là, comme une idiote, le cœur et les pensées en vrac. « Je ne risque pas de l’oublier… » je chuchote plus pour moi-même, avant de me ressaisir et de courir en direction de la fenêtre que j’ouvre en grand. J’ai à peine le temps de m’en éloigner, que les portes battantes du Grand Salon s’ouvrent avec fracas, laissant apparaître les gardes, armés jusqu’aux dents, puis la silhouette de mon père, plus furieux que jamais. « Es-tu blessé ? » me demande-t-il alors qu’il s’approche, ses mains venant se poser sur mes bras, pour m’observer sous tous les angles. Je réponds négativement, mettant à profit mon incroyable talent d’actrice. « Où est-il ? » Le timbre de sa voix me tire un frisson et je lui indique d’un signe de tête l’ouverture donnant sur le balcon. « Il est passé par là… » Il se met à beugler des ordres à ses troupes, avant d’embrasser le sommet de mon crâne et de tourner les talons. Il s’arrête quelques secondes au niveau de Nero, qui daigne enfin nous rejoindre. « Raccompagnez-là dans sa chambre et veillez à ce que personne n’en s’en approche. »

Et je me retrouve escorté par ce bon à rien jusqu’à ma tour d’ivoire, lui lançant quelques regards suspicieux qu’il ignore purement et simplement. Il avance, le dos bien droit, ralentissant parfois l’allure pour me permettre de le rattraper, mais il reste mué dans un profond silence. Mais je n’ai pas la force, encore moins l’envie de l’interroger sur la raison de son retard ou de son absence. Je ne désirais plus qu’une seule chose, me retrouver seule et soulever cette fameuse latte de mon parquet, et ainsi découvrir si je m’étais fait balader ou non. Après de longues minutes à parcourir les couloirs de l’immense demeure familiale, à espérer secrètement qu’Eliott ait réussi à s’échapper sans se faire attraper, on arrive devant la porte de ma chambre que je m’empresse d’ouvrir, tandis que Nero se positionne sur le côté, pour monter la garde. Mais au moment où je referme le battant en bois, son pied vient la bloquer. « Je ne suis pas votre ennemi, Neilina. » Mais encore…? « Je tenais simplement à vous le dire. » J’acquiesce d’une hochement de tête avant de disparaître dans mes appartements. J’avais l’impression d’être noyée sous un ouragan d’informations, de ne plus savoir où donner de la tête. Tout autour de moi semblait voler en éclats. Je prends quelques minutes pour me remettre de mes émotions, faire le vide dans mon esprit, puis mes yeux se posent sur le sol, à l’endroit qu’Eliott avait fait allusion plus tôt. Je m’y approche, avant de me baisser et de retirer la planche, comme il me l’avait indiqué. Mon cœur rate plusieurs battements en découvrant, comme il me l’avait dit, une petite boîte poussiéreuse, signe qu’elle était là depuis de longues années. Je la récupère entre mes mains, soufflant délicatement dessus avant de l’ouvrir. A l’intérieur se trouve un pendentif en argent, représentant un papillon. Ses ailes sont légèrement bleutés et me rappellent ceux que j’aimais tant observer dans notre jardin, les journées d’été. Je le retire de son écrin, le tournant délicatement, l’un de mes doigts venant effleurer la gravure de nos initiales à l’arrière.

Il ne m’avait jamais menti, à aucun moment. Je l’avais véritablement occulté de ma mémoire. J’avais oublié le petit garçon avec qui j’avais tant partager et ça me faisait terriblement mal.

⁂⁂⁂

Une dizaine de jours s’est écoulées depuis l’incident et je n’ai jamais vu mes parents aussi tendus. Les gardes n’ont jamais réussi à arrêter Eliott, la traque continue et la ville toute entière semble être sur le pied de guerre. La sécurité a été renforcé, mais tout le monde semble dans le flou. Il n’a laissé aucune trace. De son intrusion, de son évasion. Rien. C’est comme si il s’était volatilisé, comme ça, d’un claquement de doigts. Je sais que la vérité est tout autre, même si j’ignore comment il a pu faire pour déjouer la sécurité mis en place dans la capitale. Au fond, je m’en fichais. Tout ce qui m’important, c’était de le revoir. Et de comprendre. Mais je n’avais aucune garantie qu’il ne revienne, surtout au vu du climat tendu qu’il avait laissé derrière lui. Mais j’avais tellement de questions à lui poser, tant de choses à lui demander. Je voulais entendre chacun des souvenirs qu’il gardait de nous, les partager avec lui, les vivre, et les retrouver. Et j’ignorais comment faire pour forcer le destin à le remettre sur ma route, pour le revoir sans risquer nos vies, à tous les deux. Parce que si on avait véritablement effacé ma mémoire, si on m’avait forcer à oublier chacun des moments passés en sa compagnie, il ne faisait aucun doute que nous faire surprendre tous les deux, nous mettait considérablement en danger. Mais je devais trouver le moyen de sortir, de passer de l’autre côté du mur sans être vu et reconnu. Il fallait que je fasse quelque chose, parce que si je restais les bras croisés plus longtemps, j’allais devenir folle. Mais un bruit sourd me tire de mes pensées et je me raidis. Je tends l’oreille, mais rien. Juste le silence de la nuit. Je suis pourtant certaine de ne pas avoir rêvé. « Qui est là ? » je demande à voix basse. « Je sais qu’il y a quelqu’un… » Et je jurerais presque voir une ombre dans le fond de la pièce.


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MessageSujet: Re: Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1) Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1)  EmptySam 10 Juil - 18:00

Long time no see
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Neilina & Eliott

« T'as fini de faire la girouette ? Tu me donnes le tournis, Fjeld. » Mon corps arrête son mouvement de va-et-vient, mes jambes parcourues par un tic nerveux. J'avais l'impression de sentir un courant électrique traverser mon corps tout entier, galoper le long de ma peau et fourmiller au bout de mes doigts. « La ferme, Tuck. » Ma voix n'est qu'un souffle et je passe une main lasse dans mes cheveux colorés avant de reprendre ma marche. J'avais besoin d'évacuer toute cette tension qui s'emmagasinait à l'intérieur de moi, cette appréhension et ces réflexions qui tournoyaient inlassablement dans ma tête. Une semaine. Sept jours s'étaient succédés depuis que je m'étais invité dans le manoir Duncan, depuis que j'avais retrouvé Neilina. Il n'y avait pas un instant qui passait sans que je ne pense à elle, à ses yeux remplis d'incompréhension. De doute. Et ça me faisait toujours aussi mal à la poitrine de comprendre qu'elle ne se souvenait pas, que ces moments innocents que je chérissais depuis tant d'années lui avaient été enlevés contre son gré. Je m'étais senti comme un étranger face à elle, à parler face à quelqu'un qui ne se remémorait rien des scènes que je décrivais et c'était le plus douloureux à mes yeux. Parce que c'était la seule chose qui m'avait permis de tenir jusqu'à maintenant, la force qui me maintenait debout. « T'attends quoi pour y aller ? » Mes yeux glissent en direction du mercenaire. L'un de ses sourcils est parfaitement arqué, disparaissant presque sous le fouillis de ses mèches sombres. Son oeil barré d'une cicatrice m'observait sans ciller, dans l'attente d'une réponse. « Aller où ? » je lâche, les lèvres plissées. Un soupir lui échappe et il finit par se redresser dans son fauteuil. « Aller où ? Voir ta princesse, nom d'un chien. C'est écrit partout sur ta tronche que t'en crèves d'envie, Eliott. » singe-t-il, l'air terriblement exaspéré. Touché. Et si ça ne tenais qu'à moi, j'aurais déjà retracé le chemin me menant jusqu'au mur pour aller la retrouver. Mais je ne pouvais pas agir de manière aussi impulsive. La sécurité avait été renforcée après mon passage dans la ville et le nombre de gardes s'était démultiplié. De plus, j'avais des responsabilités à tenir, ici. La Rébellion ne faisait qu'enfler et nous étions proches de notre but. Les choses se précisaient et je ne pouvais pas abandonner mon poste alors que nous venions d'entrer dans une phase cruciale. « Est-ce que tu as vu la quantité de gardes postés aux entrées ? C'est impossible de se frayer un chemin jusqu'au centre-ville. » je souffle, les lèvres teintées d'amertume. « Depuis quand ça t'effraie, chef ? Reprends-toi et va lui parler avant qu'il ne soit trop tard. » Ses mots sont justes et ça me fait mal de l'admettre. Je ne savais pas de quoi la vie était faite et les prochains jours allaient être décisifs concernant notre avenir. Nous avions posé des pions à des endroits stratégiques pour renverser la tendance et tout pouvait s'écrouler comme un château de cartes à n'importe quel moment. Je n'avais plus aucune certitude et je voulais au moins pouvoir la voir encore. Avec l'espoir que ça ne serait pas la dernière fois. « En plus, qu'est-ce qui te dit qu'on va passer par la porte ? » Mon visage pivote en direction de Tucker et je le regarde avec surprise. Le sien est orné d'un sourire oscillant entre malice et détermination, me rappelant que le destin avait décidé de mettre sur ma route des personnes incroyablement loyales.

Ma silhouette émerge du tunnel crasseux par lequel j'étais passé, découverte faite par mon bras-droit pendant un tour de reconnaissance dans la forêt. Je m'arrête à l'extrémité de celui-ci et j'attends de longues minutes pour guetter un signe de mouvement devant moi. Mais il n'y a rien de l'autre côté de la vigne vierge qui recouvre l'entrée du passage et je tente de glisser un oeil à l'extérieur, ma rétine éblouie par la lumière des spots qui s'alignent en haut du mur. Je rabats la capuche de ma cape sur ma tête, dissimulant mon visage et j'écarte les lianes pour me glisser en-dehors. Maintenant, tout se compliquait et je devais être profondément attentif à ce qui se trouvait autour de moi. Mes pas se font légers, presque inaudibles, souvenir des centaines de fois où j'avais arpenté le manoir discrètement pour rejoindre Neil dans sa chambre et observer les étoiles depuis son balcon. Je me fonds dans l'obscurité, je veille au moindre bruit. J'essaye de disparaître du paysage, de passer inaperçu. Et mon coeur traverse des pics en apercevant des sentinelles allant et venant, ici et là. Le chemin était parsemé de détours et j'ai l'impression que mon trajet s'allonge de plus en plus, au fil des minutes. Mais je finis par entrevoir les contours de la propriété des Duncan, en suivant la lisière de la forêt. J'observe l'édifice pendant de longues minutes, le souffle court et la tête remplie d'un miasme infernal. Je ne savais pas si ce que je faisais était vraiment bien, à cet instant. Parce que c'était mon instinct qui me parlait, à défaut d'écouter ma raison. Je m'exposais à de grands risques en venant jusqu'ici et j'entendais une sonnette d'alarme résonner à l'intérieur de mon crâne. Pourtant, tout me ramenait à cet endroit, inlassablement. Et à la fille qui s'y trouvait, celle qui n'avait jamais quitté mon esprit. Ni mon coeur. Je voulais la revoir. Et après une profonde inspiration, je continue mon périple dans les ombres, serpentant dans les fourrés pour atteindre la haie immense séparant le manoir du reste de la ville. Mes mouvements sont vifs, habitués à agir dans le noir et je retrouve l'endroit par lequel j'avais su m'enfuir, la dernière fois. Caché dans l'ombre d'un arbuste, je guette les allées et venues des gardes qui encerclent le périmètre. Ils allaient me donner du fil à retordre. Et je cogite pendant un certain temps, les yeux rivés sur eux. Jusqu'à entendre un craquement sourd sur ma gauche, attirant l'attention de l'escorte plantée autour de la bâtisse. Et un hululement terriblement significatif. Un rebelle. Mon coeur tambourine dans ma poitrine et je ne peux empêcher un sourire d'étirer mes lèvres. S'il y avait bien quelque chose pour nous différencier des gens de l'Intérieur, c'était l'entraide de nos membres les uns envers les autres. « Merci... » je murmure, profitant de la ruse pour foncer droit devant moi, usant des statues et du végétal pour me dissimuler et avancer jusqu'à la façade en pierre pâle. Usant de la structure en bois qui servait à soutenir les lianes des clématites pour me hisser jusqu'à l'étage supérieur, tout en veillant à ne pas être repéré. Il suffisait d'une seule erreur pour tout gâcher et je n'étais pas certain de pouvoir en réchapper aussi facilement que la première fois. Son père devait être bien plus vigilant, désormais et je devais être plus alerte que jamais.

Le balcon de la chambre de Neilina apparaît à ma hauteur et je l'enjambe pour poser mes pieds sur le marbre veiné de gris, la poitrine secouée de violentes pulsations. La fenêtre est entrouverte et je secoue légèrement la tête. Cette fille n'avait donc aucun sens  de la préservation. Avançant à pas de loup, je me glisse silencieusement dans l'interstice, rejoignant l'ombre d'un coin de la pièce que la lune ne saurait atteindre. On m'a toujours appris à être invisible, à ne gêner personne par ma présence. Et ça servait terriblement bien mes affaires, en fin de compte. La silhouette de la brune est tournée en direction de sa coiffeuse et j'ai tout le loisir de l'observer avant d'apparaître devant elle. Mais mon coude cogne contre une commode et je retiens de justesse un grondement de douleur, me figeant complètement dans l'obscurité. Qui est là ? Pendant un moment, je doute. Est-ce que c'était une bonne idée ? Est-ce qu'elle avait subitement changé d'avis à mon propos ? Est-ce que j'allais faire face à un accueil aussi glacial que celui de la dernière fois ? Est-ce que son père avait recommencé ses manigances ? Je n'ose plus faire un geste, me mordant douloureusement la lèvre inférieure. Sa voix résonne à nouveau et je ferme les yeux quelques secondes, inspirant pleinement avant de faire un pas en avant. Je passe des ténèbres à la lumière tamisée de sa chambre et je la vois faire un pas en arrière, subitement. Puis je me rappelle avoir caché mon visage dans ma capuche et je la rabats en arrière d'un mouvement vif. « Tout va bien. C'est moi. C'est Eliott. » je déclame, rapidement, en passant la main dans mes mèches bleues. Je lève les mains en signe de reddition, les yeux dardés sur elle. « Je voulais te voir. » Et je l'avais devant moi, aussi belle qu'à notre dernière rencontre. L'éclat brillant autour de son cou attire mon regard et un tendre sourire rehausse mon visage. « Tu l'as trouvé. » je murmure, en approchant dans sa direction. Mon bras se tend, fébrile et j'attends une quelconque réaction avant de glisser délicatement mes doigts autour du pendentif pour le soulever vers moi. J'avais dépensé le peu d'argent gagné dans ce bijou pour lui offrir, pour lui donner un souvenir impérissable de nos moments passés ensemble. « Je ne t'ai jamais menti, Neil. Ni par le passé, ni maintenant. » je rajoute, en relevant mes yeux dans les siens. Puis mes lèvres se plissent et je penche la tête sur le côté. « Je ne pourrais pas rester bien longtemps. Est-ce que tu as trouvé quelque chose par rapport à cette amnésie ? Son origine ? » Les hypothèses qui restaient en suspens dans un coin de ma tête n'avaient rien de glorieuses et j'osais espérer que je me trompais.

Parce que si elles s'avéraient vraies, nous étions tous les deux en danger.
 
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MessageSujet: Re: Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1) Long time no see for the lonely hearts. (Eilina UA #1)  EmptyMer 21 Juil - 22:12

Long time no see
for the lonely hearts
Eliott & Neilina

Quelqu'un t'a fait quelque chose pour t'enlever tes souvenirs. Ces quelques mots tournaient en boucle dans mon esprit, encore et encore, venaient hanter mon esprit, jour et nuit, sans que je n’arrive à m’en défaire. Je ne savais toujours pas quoi en penser. La simple idée que cette affirmation puisse être réelle m’en donnait le tournis. Le problème, c’est que ça faisait sens. Pourquoi est-ce que je ne me souvenais de rien, si ce n’était pas vrai ? Pourquoi est-ce que j’avais tout oublié de ce passé en commun avec Eliott alors que lui se souvenait ? Ce n’était pas possible. Et je refusais de croire que tout ce qui s’était passé ce jour-là n’étaient qu’une supercherie, qu’une histoire montée de toute pièce pour gagner ma confiance et m’attirer dans leur filet. Quelque chose en moi me hurlait que je pouvais me fier à lui et c’est ce que j’avais la ferme intention de faire. Mais avant tout, je devais essayer de déceler la vérité, de comprendre ce qui m’était arrivée pour que j’oublie. Je savais que les souvenirs que nous avions enfant pouvaient s’effacer, disparaître en grandissant, pour laisser la place à d’autres événements, mais on ne pouvait pas complètement oublier quelqu’un, pas quand celui-ci est supposé nous avoir marqué, de la plus intense des façons. Et à l’écouter parler de tout ce que nous avions vécu ensemble, c’est ce qui s’était passé, bien des années en arrière. Et ça me rendait folle de ne pas me rappeler, d’avoir cette horrible sensation que tout était vrai, sans réussir à effleurer, ne serait-ce que d’un seul doigt, ces souvenirs d’enfance. Et à chaque fois que j’essayais de les faire remonter à la surface, j’avais l’étrange impression de me heurter à un mur. Un mur impénétrable. Eliott avait raison. On m’avait fait quelque chose. J’ignorais encore quoi, mais je me faisais la promesse de le découvrir, même si j’avais bien conscience que la vérité risquerait de me faire mal.

Les jours suivants, je les avais passé à tendre l’oreille, à écouter chaque bruit de couloirs, chaque conversation entre mes parents ou entre eux et des proches. Rien ne devait m’échapper, même la plus petite des informations, parce que je savais qu’elle pouvait se montrer cruciale pour mes recherches. J’avais fini par surprendre une discussion entre mon père et son conseiller et je m’étais tapi dans l’ombre, pour les écouter. Leurs voix n’étaient que des simples murmures, mais le plus intriguant, et sans doute le plus important, était parvenu jusqu’à mes oreilles, grâce au silence de la nuit. Il était question d’un lieu, au milieu des bois, à quelques kilomètres au nord de notre manoir. De ce que j’avais compris, ils devaient impérativement le vider, avant de le condamner, définitivement. Je n’avais jamais eu connaissance de ce mystérieux endroit et cette découverte titillait suffisamment ma curiosité pour que je prenne la décision d’agir le soir-même. Ainsi, quand la lune s’était mis à briller, haut dans le ciel, j’avais profité d’un roulement dans la garde pour quitter mes appartements sans être vu, me glissant discrètement à l’extérieur avant de disparaître dans les couloirs pour atteindre la sortir. Une fois dehors, j’avais contourné les jardins, la capuche de ma longue cape rabattue sur ma tête, cette dernière restant baissée pour éviter qu’on me reconnaisse. Puis j’avais remontée le sentier jusqu’à l’orée de la forêt avant d’y pénétrer, le cœur battant à s’en rompre dans ma poitrine. J’avais marché pendant plus d’une heure sans savoir dans quelle direction avancer, sans avoir la certitude de trouver quoi que ce soit, et alors que je m’apprêtais à rebrousser chemin, c’est là que je l’ai vu. Un immense bunker, à peine visible sous les ronces et la mousse qui l’enveloppait presque entièrement, signe de ces longues années de loyaux services. En m’approchant, j’y avais découvert une porte blindée dont le système d’ouverture dépendait d’un tableau de digicode que je ne connaissais que trop bien. Cette technologie étant récente, cela signifiait que la bâtisse était encore fréquentée. Restait-il encore à savoir pour quoi ? Mais un craquement dans mon dos me tire de mes pensées et je me retourne subitement. Je me retrouve face à un Nero, sourcils froncés et le regard rempli d’interrogation. « Qu’est-ce que vous faites là ? » j’ose demander en croisant les bras sur ma poitrine. La vérité, c’est que je connaissais très bien la réponse. « Je vous ai suivi. » Surprenant. Depuis l’intrusion d’Eliott dans notre demeure, Nero se faisait un immense plaisir de me surveiller de près, ce qui avait le don de m’exaspérer. Et pour tout avouer, j’espérais, pour une fois, avoir réussi à me débarrasser de lui. Et au vu de son sourire satisfait, que l’obscurité de la nuit n’arrive même pas à cacher, je suis persuadée qu’il sait très bien que c’est ce que j’avais en tête. Au moins, il a gentillesse de ne faire aucun commentaire sur le sujet. « Qu’est-ce que c’est ? » finit-il par me demander, en indiquant du menton l’édifice qui se trouve dans mon dos. Je pivote légèrement sur le côté pour observer l’abri fortifié avant de reporter mon attention sur le garde. « J’aimerais bien le découvrir. » j’avoue à mi-mot avant de le voir s’avancer pour l’examiner à son tour. Je le laisse faire, n’osant prononcer le moindre mot. Je ne savais toujours pas si je pouvais me fier à lui ou si je devais continuer de me méfier de la moindre personne qui m’entourait. Je n’étais plus sûre de rien depuis quelques temps. Pourtant, ses mots résonnent encore en moi et je décide de lui accorder le bénéfice du doute. J’allais très vite savoir si il était réellement mon allier ou non. « Je pense que mon père cache quelque chose de très important à l’intérieur. Mais l’accès est bloqué et je n’ai aucune idée de comment le déverrouiller. » Il semble réfléchir quelques instants avant de s’approcher de la tablette électronique et d’y taper un code à quatre chiffres. Un bruit de mécanisme se fait alors entendre et la porte s’ouvre sous mes yeux stupéfaits. Je le rejoins d’un pas rapide, lui jetant des coups d’œil suspicieux. Il se contente de hausser les épaules et de me répondre d’un ton calme, presque dédaigneux. « J’ai simplement eu de la chance. » Mouais. « C’est votre date de naissance. » Ah. Très bien. Ok. J’aurais pu le trouver toute seule si Monsieur n’avait pas prit les devants. « Après vous, Neilina. » C’est limite si il ne s’incline pas pour me laisser passer. Est-ce que j’ai déjà dit à quel point je le déteste ? Oui ? Et bien je le répète. Je lui lance un regard noir avant de commencer à descendre les escaliers, la peur me nouant désormais les entrailles.

Ma main droite est posée contre le mur pour m’aider à me guider dans l’obscurité, avançant prudemment jusqu’à atteindre la dernière marche. Une fois en bas, je recherche un interrupteur, tâtonnant les alentours. Mes doigts finissent par en effleurer un que j’actionne aussitôt. Mes yeux se plissent à cause de la lumière qui s’émane maintenant d’innombrables rangées de néons et mon cœur rate plusieurs battement en découvrant la pièce qui se dresse devant moi. A mes côtés, Nero semble tout aussi subjugué que moi et je tourne légèrement la tête dans sa direction, dans l’attente d’un moindre commentaire de sa part, mais il reste obstinément muet, son regard se baladant dans chaque recoin qui s’offre à nous. « Où est-ce qu’on est ? » je fini par souffler en avançant de quelques pas. « On dirait un laboratoire. » Devant nous se trouve une immense salle entièrement blanche, séparé en deux pas une vitre en verre. Un côté est constitué d’une table opératoire, tandis que de l’autre se trouve de nombreuses machines à la pointe de la technologies, avec des boutons lumineux à en perdre la tête. Je n’ai jamais rien vu de tel et je me sens complètement perdu. Je ne comprends pas à quoi tout ce matériel peut servir, ce qu’il peut bien se passer ici, dans le plus grand des secrets. A moins que la réponse à ma perte de mémoire ne se trouve ici. Mais je n’ai pas le temps de faire un pas de plus que la main de Nero se referme sur mon bras. « Nous ne devrions pas être là. » Je le savais très bien, mais j’avais besoin de savoir… « Nous ferions mieux de rentrer avant que quelqu’un ne remarque votre disparition. Ou notre présence ici. » J’acquiesce à contre cœur, me faisant toutefois la promesse de revenir.

⁂⁂⁂

Je n’avais pas eu l’occasion de retourner dans cet étrange et je préférais attendre, laisser passer encore quelques jours que les choses continuent de se tasser. Le royaume tout entier était en effervescence depuis l’intrusion d’Eliot et mon père avait prit la décision de renforcer la garde. Alors rester sagement  à l’intérieur du manoir m’avait semblé, pour une fois, plus raisonnable. Et contre toute attente, Nero m’avait promis de se renseigner de son côté, pour tenter de résoudre ce mystère plus que troublant. J’en avais fait de même de mon côté, mais je n’avais obtenu aucune information. J’avais bien essayé de questionner mon père sur le sujet, un soir, alors que nous nous baladions tous les deux dans les jardins, mais sa réponse avait été catégorique. Il n’y avait rien dans les bois qui soit digne d’intérêt. Il m’avait d’ailleurs formellement interdit d’y mettre les pieds, pour une raison qu’il avait refusé de me donner. Soit disant qu’ils étaient dangereux et que m’y aventurer, c’était courir des risques inutiles. Mouais. Je n’étais pas dupe, ou en tout cas plus maintenant et j’avais bien senti dans le ton de sa voix qu’il me cachait quelque chose. Que ce que j’avais découvert quelques jours en arrière n’aurait jamais dû se retrouver dans mon champ de vision. Mais maintenant, j’en avais le cœur net. Il était l’un des responsables de mon amnésie et si il ne l’était pas, il était, en tout cas, au courant. Pourquoi me mentir de la sorte, sinon ? Alors que je connaissais chaque plan d’action et d’attaque de notre royaume. Et tout ça me tracassait. Énormément. Parce que j’avais toujours accordé une confiance aveugle envers mes parents, malgré nos différents et nos divergences de point de vue.  Aujourd’hui, je me sentais désespérément seule et je n’avais plus qu’une seule envie ; qu’Eliott revienne.

J’avais besoin de lui. Plus que jamais.

C’était sans doute pour cette raison que, chaque nuit, je laissais la porte de mon balcon entrouverte, dans l’espoir qu’il finisse par revenir, par me rejoindre et m’ôter ce poids qui m’accablait les épaules. Alors, quand j’aperçois une ombre dans le fond de la pièce, malgré toute ma méfiance, une part de moi se met à espérer que ce soit lui. Je n’ose pas bouger, guettant le moindre mouvement dans mon dos à l’aide du miroir qui se trouve devant moi, avant de me redresser, puis de me tourner, lentement. La silhouette fini par sortir de l’ombre et j’émets un mouvement de recule en découvrant que celle-ci est entièrement camouflée, sans aucun moyen de voir son visage. Tout va bien. C'est moi. C'est Eliott. Je laisse échapper un soupir de soulagement, mon visage s’illuminant d’un sourire à sa remarque. « Moi aussi. » Je n’aurais jamais cru dire ça un jour, mais c’était la stricte vérité. Puis mes yeux se baissent vers le médaillon, trouvé après son départ sous une des lattes de mon parquet, comme il me l’avait indiqué et je hoche la tête, en silence. Il n’avait jamais quitté le tour de mon cou depuis ce jour. Je le vois s’approcher, puis tendre le bras dans ma direction, son mouvement restant en suspens quelques instants, jusqu’à ce que je lui donne une autorisation silencieuse pour le tenir entre ses doigts. « Je sais. » je souffle avant de reprendre. « Enfin je te crois… » Parce que non, en fin de compte, je n’en savais rien et je n’en saurais sûrement jamais rien. Il était difficile, en temps normal, de savoir si on nous mentait ou non, mais ça l’était encore plus quand il nous manquait tout une partie de nos souvenirs, mais je le croyais. Ou en tout cas, j’avais envie de le croire. Sans doute parce qu’il ne me restait plus que ça. Lui, sa présence, ses souvenirs, c’étaient les seules choses auxquelles je pouvais me raccrocher, aujourd’hui. Et je me raidis légèrement à l’évocation de mon amnésie avant de confirmer d’un mouvement de tête. « J’ai peut-être quelque chose… » j’avoue en me dirigeant vers le tiroir de ma table de chevet. J’en sors une carte que je déplie sur mon lit. « Il y a une sorte de laboratoire dans la forêt, juste là. » je commence en lui indiquant le lieu du doigt. « Je n’ai pas eu le temps de le fouiller, mais je ne sais pas… j’ai eu un mauvais pré-sentiment, sur place. »  Et c’était peut de le dire. « Je ne sais pas si je pourrais y retourner… J’ai interrogé mon père, sans résultat et j’ai peur qu’il me fasse surveiller d’encore plus près, maintenant. » Même si, jusqu’à preuve du contraire, j’avais Nero de mon côté, je n’étais pas à l’abri de me faire suivre par n’importe quel autre garde. Mes yeux remontent jusqu’aux siens et ma main vient se poser sur la sienne, déclenchant une sorte de courant électrique le long de mon échine. « Tu es sûr de ne pas pouvoir resté… ? » Je n’avais aucune envie de le revoir partir. Pas aussi vite.


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